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La constellation satellite d’Amazon va enfin prendre forme

Le géant américain de la vente en ligne Amazon s’apprête à lancer mercredi les premiers satellites de sa constellation Kuiper, qui vise à proposer une connexion internet très haut débit depuis l’espace et concurrencer Starlink d’Elon Musk.Les 27 premiers satellites de ce réseau, devant en compter à terme plus de 3.200, vont être lancés depuis la côte est américaine à bord d’une fusée Atlas V du groupe United Launch Alliance (ULA), qui regroupe Boeing et Lockheed Martin.Le décollage doit se tenir à compter de 19H00 locales (23H00GMT) depuis Cap Canaveral en Floride, a indiqué ULA, qui avait déjà assuré à l’automne 2023 le lancement de deux prototypes de satellites pour Amazon.Ces satellites seront lancés à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la Terre, où ils poseront les jalons de la constellation “Projet Kuiper”, un projet aux multiples enjeux commerciaux et technologiques mais aussi géopolitiques.Avec ce réseau de satellites opérant en orbite basse, l’entreprise Amazon du multimilliardaire Jeff Bezos ambitionne de proposer un accès internet à très haut débit à des particuliers, entreprises et acteurs gouvernementaux à tout point du globe, y compris dans des zones reculées et sur des terrains de guerre ou sinistrés.Un service qui devrait être mis en route courant 2025, a précisé Amazon. Son coût n’a pas encore été dévoilé, mais l’entreprise a assuré le vouloir “accessible” et en accord avec la recette qui a fait son succès: les prix cassés.- Longueur d’avance -Une promesse qui n’est pas sans rappeler celle de son concurrent Elon Musk. Avec sa constellation Starlink, l’homme le plus riche du monde domine ce marché en plein essor et dispose, comme dans le domaine des fusées où les deux Américains se font concurrence, d’une bonne longueur d’avance.Mise en route il y a déjà plusieurs années, Starlink dit disposer aujourd’hui de plus de 6.750 satellites en orbite et revendique plus de 5 millions d’abonnés.Ses services ont notamment été déployés ces dernières années sur les terrains de catastrophes naturelles, comme en septembre 2023 lors d’un séisme au Maroc, ou plus récemment après les incendies de janvier à Los Angeles. Mais aussi sur le front en Ukraine. Contrairement aux services de télécommunication satellitaire traditionnels qui reposent sur des engins moins nombreux et situés à plus de 35.000 km de la Terre, en orbite géostationnaire, ceux proposés par Elon Musk et bientôt Jeff Bezos fonctionnent en orbite basse, ce qui leur permet des échanges de données bien plus rapides.Et, leur architecture – des satellites communiquant avec des antennes au sol mobiles – permet de couvrir des zones où “le coût, la complexité et la géographie” rendent “difficile l’installation de solutions de connectivité traditionnelles basées au sol”, explique Amazon. Ce qui représente une part importante du globe, et… un marché tout aussi large dont l’entreprise espère devenir l’un des acteurs clés.- Souveraineté – Afin de rattraper son retard sur la concurrence, Amazon compte ainsi multiplier dans les prochains mois et années ses lancements de satellites, avec plus 80 vols commandés auprès de diverses entreprises spatiales dont ULA, mais aussi Blue Origin, la société spatiale de Jeff Bezos et même SpaceX, celle d’Elon Musk.Ces milliers de satellites seront progressivement dispatchés sur l’orbite terrestre basse, un espace déjà occupé par les engins de Starlink et mais aussi ceux d’un nombre grandissant d’acteurs, dont l’opérateur européen Eutelsat, qui a fusionné en 2023 avec OneWeb ou encore la Chine avec sa constellation Guowang.Une concurrence qui devrait continuer à croître et présente divers enjeux notamment en matière de sécurité dans l’espace, ces milliers de satellites faisant craindre un encombrement de l’orbite terrestre basse et de possibles collisions, mais aussi des perturbations des observations astronomiques.Et soulève également des questions de souveraineté. En la matière, le rôle politique accru joué par Elon Musk, devenu premier conseiller de Donald Trump, a récemment relancé les débats sur la nécessité de ne pas laisser le domaine de l’espace aux seules mains d’acteurs privés.Après avoir jeté le doute sur l’avenir du réseau Starlink en Ukraine, pourtant essentiel aux communications militaires, le richissime entrepreneur a assuré en mars qu’il maintiendrait son service, “malgré tous (s)es désaccords avec la politique de l’Ukraine”.

Wall Street en ordre dispersé au premier jour des nouveaux droits de douane américains

La Bourse de New York évolue en ordre dispersé mercredi à mi journée, quelque peu soulagée par les déclarations du ministre américain des Finances sur les droits de douane, malgré l’entrée en vigueur de la nouvelle vague de surtaxes imposées par Washington aux produits de dizaines de partenaires commerciaux et la réplique chinoise.Vers 14H15 GMT, le Dow Jones reculait de 0,10%, l’indice Nasdaq avançait de 1,14% et l’indice élargi S&P 500 gagnait 0,35%.Quelques minutes après l’ouverture, les indices américains ont brièvement bondi après les propos de Donald Trump qui a assuré “tout va bien se passer” et que “c’est le moment d’acheter”, sur son réseau social Truth.”Les marchés (sont) désorientés dans le brouillard de la guerre commerciale”, écrit dans une note Patrick O’Hare, de Briefing.com.D’un côté, le ministre américain des Finances Scott Bessent a assuré mercredi que les droits de douane imposés par Washington et effectifs depuis mercredi sont un “plafond” dès lors que les autres pays ne répliqueront pas.De l’autre, M. Bessent a estimé qu’il serait “suicidaire” pour les autres pays de se rapprocher de la Chine d’un point de vue commercial pour tenter de contrebalancer les effets des surtaxes américaines.La Chine a annoncé mercredi une hausse massive de ses droits de douane sur les produits américains, en représailles aux surtaxes instaurées par Washington, alimentant une nouvelle panique sur les marchés mondiaux et la crainte d’une guerre commerciale sans fin.Cette nouvelle escalade entre les deux grandes puissances mondiales est survenue quelques heures après l’entrée en vigueur à 04H00 GMT d’une nouvelle salve de droits de douane américains pour 60 pays. En ajoutant celles qui étaient déjà entrées en vigueur depuis janvier, le total des surtaxes atteint désormais 104% pour les produits “Made in China”, ce qui revient à en doubler les prix. Ce cycle de représailles, qui fait craindre une envolée de l’inflation et une chute de la consommation et de la croissance mondiale, fait souffler un nouveau vent de panique sur la majorité des marchés boursiers.”La situation générale des droits de douane est négative pour les actions”, résume auprès de l’AFP Karl Haeling, de LBBW.”Le plus gros problème est la volonté de l’administration Trump de poursuivre cette lutte commerciale d’une manière très perturbatrice”, estime l’analyste.En parallèle, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est nettement tendu, grimpant jusqu’à 4,50%, contre 4,29% à la clôture mardi. Vers 14H00 GMT, il s’établissait à 4,35%.Les bons du Trésor “n’ont plus le statut de valeur refuge” alors que “les acheteurs étrangers perdent confiance dans les Etats-Unis”, estime Karl Haeling.Pour Lawrence Gillum, de LPL Financial, “l’inflation statique, la patience de la Fed, les boycotts potentiels des acheteurs étrangers, le désendettement des fonds spéculatifs” font partie des raisons expliquant la hausse des rendements des bons du Trésor américain.Au tableau des valeurs, les laboratoires pharmaceutiques, à l’instar de Eli Lilly (-3,28%) et Pfizer (-2,77%), reculaient après que Donald Trump a promis mardi d’imposer “très bientôt” des droits de douane sur les produits pharmaceutiques, au deuxième rang du commerce mondial.Le géant de la grande distribution Walmart était recherché (+4,60%) malgré l’annonce d’une révision à la baisse de ses prévisions de bénéfice pour le premier trimestre en raison des incertitudes économiques entourant les droits de douane.La compagnie aérienne américaine Delta Air Lines grimpait (+7,27%) après avoir publié mercredi des résultats pour le premier trimestre conformes aux attentes des analystes, revoyant toutefois ses prévisions à la baisse pour le deuxième trimestre face à “un environnement de croissance ralentie”.

Peter Navarro, “Mr. Droits de douane” de Trump vilipendé par Musk

L’économiste américain Peter Navarro, architecte de la guerre douanière lancée par la Maison Blanche et publiquement qualifié de “crétin” par Elon Musk, est un fidèle de Donald Trump, qu’il a défendu jusqu’en prison. L’un des rares conseillers du premier mandat du président républicain à faire toujours partie de son cercle rapproché, Peter Navarro a contribué à façonner la doctrine protectionniste de Washington, notamment vis-à-vis de la Chine.Dès 2006, cet économiste formé à Harvard avait rassemblé ses idées dans un livre au ton guerrier, “The Coming China Wars” (“Les prochaines guerres de Chine”, non traduit). En 2011, un autre ouvrage qu’il a co-signé, “Death by China” arguait que Pékin violait le principe du commerce équitable en subventionnant illégalement ses exportations et en manipulant sa monnaie. La presse américaine a révélé que Peter Navarro, également professeur émérite à l’Université de Californie à Irvine, citait dans des livres un expert apparemment inventé de toutes pièces, Ron Vara, dont le nom est un anagramme du sien. Ces révélations ont été reprises mardi par Elon Musk, furieux des propos de Navarro sur le manque de pièces américaines dans les automobiles Tesla, dont il est propriétaire. “Navarro devrait demander à ce faux expert qu’il a inventé, Ron Vara”, a posté Musk sur son réseau X, traitant le conseiller de “crétin” et affirmant que, de tous les constructeurs, Tesla était celui avec “le plus de contenu américain”.- “Tenace” -Conseiller au commerce de Donald Trump pendant la campagne présidentielle de 2016, puis directeur du Bureau du commerce et de la politique manufacturière du président républicain, Navarro penche depuis longtemps pour des droits de douane imposés à tous les pays sans distinction.Pourfendeur des traités de libre-échange, il a poussé M. Trump à renégocier notamment ceux entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique (Aléna, remplacé en 2020 par l’Aceum) et entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.Il a également vigoureusement défendu les taxes imposées sur les importations américaines d’acier et d’aluminium sous le premier mandat du milliardaire, qui ont refait surface depuis son retour au pouvoir en janvier. “Au cours de mon premier mandat, rares sont ceux qui ont été plus efficaces ou tenaces que Peter pour faire respecter mes deux règles sacrées: achetez américain, embauchez américain”, a salué Donald Trump en décembre dernier.”Il m’a aidé à renégocier des accords commerciaux injustes […] et a mis en place chacune de mes actions douanières et commerciales RAPIDEMENT”, a-t-il ajouté au moment de renommer à ses côtés son fidèle conseiller économique, alors récemment sorti de prison.- Passage en prison -En janvier 2024, M. Navarro avait en effet été condamné à quatre mois d’emprisonnement pour avoir refusé de répondre à une convocation et de fournir des documents à la commission de la Chambre des représentants qui enquêtait sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. Avant de se constituer prisonnier, il avait dénoncé “l’instrumentalisation partisane du système judiciaire”, fustigeant “des foutus démocrates et des gens qui détestent Trump”.”Ils m’ont condamné, ils m’ont emprisonné. Mais devinez quoi! Ils ne m’ont pas brisé. Et ils ne briseront jamais Donald Trump”, avait-il lancé après sa libération, en juillet dernier.Fils d’un père saxophoniste et d’une mère secrétaire, il a d’abord été affilié au Parti démocrate. En 1992, il brigue la mairie de San Diego (Californie), échouant de peu face à la candidate républicaine.En 1996, il tente de se faire élire à la Chambre des représentants, et s’incline à nouveau face à un concurrent républicain. 

Droits de douane: une “guerre tarifaire néfaste pour tout le monde”, prévient le ministre français du Commerce extérieur

Une “guerre tarifaire” est “néfaste pour tout le monde”, a prévenu mercredi le ministre français délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, en visite en Indonésie, appelant à “continuer le travail de la dialogue” avec Washington.”Nous n’avons jamais souhaité une escalade dans l’augmentation des droits de douane. Nous pensons qu’une guerre tarifaire est néfaste pour tout le monde”, a déclaré le ministre français lors d’un point presse à l’issue d’une visite de deux jours à Jakarta. Le ministre poursuivra sa tournée jeudi aux Philippines, au Vietnam et l’achèvera dimanche au Japon.”Nous devons continuer sous la compétence de la Commission européenne le travail de dialogue et de négociation avec l’administration américaine pour arriver vers l’agenda le plus posiifif possible”, a-t-il encore martelé.”C’est toujours ce que nous avons défendu tout en disant que s’il devait y avoir des mesures de riposte face à une non volonté de désescalade, l’Europe devra savoir le faire. Mais ça n’a jamais été notre agenda et cela ne le sera jamais”, a encore indiqué M. Saint-Martin.Mardi, le président français Emmanuel Macron avait émis l’espoir que son homologue américain, Donald Trump, “revienne sur sa décision” sur les droits de douane imposés au reste du monde, et notamment à l’Union européenne.Pour M. Saint-Martin, venu préparer la visite d’Etat d’Emmanuel Macron fin mai dans le vaste archipel, la France et l’Indonésie “ont un avenir en commun avec des visions stratégiques qui convergent, autour de grandes thématique comme l’énergie, les transports ou l’agriculture”.La France, a-t-il poursuivi, “démontre tout l’intérêt qu’elle porte à son partenaire indonésien, depuis des années” mais aussi tout rédemment “depuis l’arrivée du nouveau président” Prabowo Subianto, au pouvoir depuis octobre dernier.

France: l’OFCE révise sa prévision de croissance à la baisse à 0,5% en 2025

La croissance française devrait atteindre 0,5% du PIB en 2025 et 1,1% du PIB en 2026, lestée par l’incertitude sur les plans nationaux et internationaux avec la hausse de taxes douanières américaines, selon les prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) mercredi.L’OFCE révise ainsi à la baisse sa prévision de croissance de l’automne 2024 de 0,3 point de pourcentage, une situation qui s’explique par l’incertitude politique intérieure, avec un contexte marqué par l’adoption d’une motion de censure à l’Assemblée nationale, et désormais par le péril d’un conflit commercial d’ampleur et durable, consécutif aux surtaxes douanières américaines. Si les incertitudes compliquent l’exercice de la prévision, il faut noter que “la croissance française a été plutôt résiliente ces deux dernières années”, en moyenne de 1,1% en 2023 et 2024, mais en 2025, la double incertitude coûte “0,6 point de PIB d’activité”, détaille Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.La raison: les deux moteurs qui ont tiré la croissance française vers le haut ces deux dernières années “sont amenés à être mis en difficulté”: à savoir le commerce extérieur, avec les surtaxations douanières, et les dépenses publiques, relève l’économiste.Avant même la tempête douanière déclenchée le 2 avril, les incertitudes internationales avaient conduit la Banque de France à réduire de 0,2 point à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025. Et le gouvernement se prépare à suivre le mouvement, possiblement le 15 avril lors d’une conférence sur les finances publiques.- chômage -Depuis mercredi, le président des Etats-Unis Donald Trump impose à des dizaines de pays une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux de plus de 100% à la Chine.L’Union européenne n’est pas épargnée et doit s’acquitter d’une surtaxe de 20% supplémentaire. La France demeure toutefois moins exposée au marché américain avec des conséquences à nuancer en comparaison d’autres pays. “Le poids des exportations vers les Etats-Unis rapportées à notre PIB, ce n’est que 1,7%. Ce n’est pas négligeable, mais ce n’est que 1,7%”, souligne Mathieu Plane. En France, la faible croissance conjuguée à la réduction des politiques de l’emploi et le haut niveau des faillites pourraient notamment se traduire par des destructions d’emplois en France à hauteur de 190.000 emplois sur la période 2025-2026, estime l’OFCE.Le taux de chômage passerait ainsi de 7,3% fin 2024 à 7,9% à la fin de l’année avant d’atteindre 8,5% au dernier trimestre 2026, prévoit le centre de recherches en économie de Sciences Po. La prévision de croissance économique du gouvernement pour 2025, actuellement à 0,9%, “peut changer”, sans remettre en cause l’objectif de ramener le déficit public à 5,4% du produit intérieur brut (PIB), avait déclaré mi-mars la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.Concernant les finances publiques, l’OFCE estime que le déficit public passerait “seulement de 5,8% du PIB à 5,5% du PIB en 2025” et 5,3% du PIB en 2026, tandis que la dette publique se creuserait de 113% du PIB en 2024 à 116,7% du PIB en 2026, note l’OFCE. 

Trump triple les droits de douanes sur les petits colis chinois

Le président américain Donald Trump a signé mardi un décret multipliant par trois les droits de douane sur les petits colis envoyés de Chine, un moteur de croissance des  géants du commerce électronique comme Shein ou Temu, les faisant passer de 30 à 90%.Dans le cadre du relèvement très fort de 84% des droits de douanes imposés aux marchandises chinoises mardi, le président américain a aussi relevé ces droits de douanes sur les petits colis qui doivent s’appliquer à partir du 2 mai, selon le décret publié mardi.Donald Trump avait signé le 2 avril un décret annulant l’exemption de droits de douane dont bénéficiaient ces colis d’une valeur maximale de 800 dollars, pour les taxer à 30% du montant déclaré, ou 25 dollars au minimum.Les Etats-Unis augmenteront le taux de 30 à 90% et le plancher de 25 à 75 dollars.Le président avait annoncé une première fois, début février, le rétablissement de droits de douane pour ces petits envois, avant de suspendre sa décision pour laisser le temps au gouvernement et à ses agences de se préparer.L’exemption s’inscrivait dans le cadre d’une loi adoptée par le Congrès américain en 1930, le US Tariff Act. Elle est appelée “de minimis”, en référence à l’adage latin “de minimis non curat praetor” (le magistrat ne se préoccupe pas de choses mineures).

La Chine tente d’immuniser son économie contre les surtaxes de Trump

La Chine veut protéger son économie des surtaxes américaines de 104%, en stimulant la consommation et en investissant dans des secteurs clés, mais reste très vulnérable à la tempête douanière déclenchée par Donald Trump, selon des analystes.Pékin a promis de s’opposer “jusqu’au bout” à la campagne de droits de douane de Washington et le Premier ministre Li Qiang a déclaré mardi que son pays était “pleinement confiant” dans la résilience de sa croissance économique.Qu’en sera-t-il dans les faits? Car même sans ces droits de douane américains, l’économie chinoise est souffrante depuis plusieurs années, avec un chômage élevé chez les jeunes et une crise immobilière persistante qui freinent la consommation.”L’économie chinoise est bien plus affaiblie que depuis le premier mandat de Trump et ne peut pas vraiment absorber le choc induit par ces surtaxes”, estime Henry Gao, expert en droit commercial à l’Université de gestion de Singapour.Le commerce extérieur a été l’année dernière un des rares indicateurs au vert de l’économie chinoise, avec les Etats-Unis comme premier destinataire des produits chinois.Les exportations du géant asiatique vers les Etats-Unis ont atteint près de 440 milliards de dollars en 2024, selon le ministère américain du Commerce – environ trois fois le montant des marchandises ayant emprunté le chemin inverse (144,6 milliards).L’électronique, les machines et les biens de consommation (textile, meubles, jouets) ont représenté l’essentiel de ces exportations.- “Opportunité stratégique” -Si elle est mieux préparée que lors du premier mandat de Donald Trump, la Chine devrait tout de même souffrir, juge Tang Yao, de l’école de commerce Guanghua de l’Université de Pékin.”Certains produits sont spécifiquement conçus pour les marchés américains ou européens. Les réorienter vers les consommateurs locaux n’aura qu’un effet limité”, prédit-il.La crise annoncée n’est toutefois pas perçue comme totalement négative par Pékin.Le Quotidien du Peuple, organe officiel du Parti communiste au pouvoir, a récemment qualifié les surtaxes américaines d'”opportunité stratégique”, notamment pour faire de la consommation le nouveau moteur de la croissance chinoise – à la place des exportations.L’Etat-parti chinois cherche à “faire de ces pressions structurelles externes un catalyseur pour lancer des réformes envisagées depuis déjà longtemps”, affirme Lizzi Lee, spécialiste de l’économie chinoise à l’Asia Society Policy Institute, organisation basée aux Etats-Unis.Pékin a également promis de riposter à toute nouvelle escalade américaine.Outre des droits de douane réciproques sur les produits américains, qui doivent entrer en vigueur jeudi, Pékin a annoncé des restrictions à l’exportation de terres rares – dont certaines utilisées dans l’imagerie magnétique et l’électronique grand public.Cette réponse pourrait dépasser le strict cadre des surtaxes douanières, car la Chine “affine ses méthodes de rétorsion”, explique Mme Lee.- Téléviseurs et voitures -Pékin pourrait aussi renforcer son soutien financier au secteur privé chinois, au moment où les entrepreneurs retrouvent les faveurs du président Xi Jinping, ajoute Raymond Yeung, économiste de la banque ANZ.Le gouvernement chinois appelle à davantage d’autonomie stratégique du pays dans le secteur des technologies, afin d’être moins tributaire des soubresauts géopolitiques. Il soutient ainsi des secteurs clés comme l’intelligence artificielle (IA) et les semi-conducteurs.Mais tout cela “ne signifie pas que l’économie chinoise pourra facilement surmonter les effets de ces surtaxes prohibitives”, nuance Frederic Neumann, économiste pour l’Asie chez HSBC.Selon l’expert, les efforts de Pékin pour compenser la baisse de la demande américaine pourrait prendre différentes formes: programmes de reprise d’appareils électroménagers ou encore primes à l’achat pour inciter les consommateurs à acheter des biens chinois – des téléviseurs aux voitures électriques.”En créant de la demande et des opportunités commerciales pour les partenaires asiatiques et européens de la Chine, le pays pourrait contribuer à sauver ce qui reste de l’ordre commercial libéral mondial”, estime M. Neumann.Reste à savoir si Pékin y parviendra.Pour Frederic Neumann, tout dépendra du succès ou non de la politique chinoise de relance de la consommation intérieure.”C’est désormais l’occasion pour la Chine de prendre les commandes de l’ordre économique mondial”, note-t-il.”Mais cela ne pourra se faire que si la demande intérieure augmente et si ce leadership chinois comble un vide laissé par les États-Unis”, souligne-t-il.

Le point sur la riposte de l’UE aux droits de douane de Trump

Elle espère toujours pouvoir négocier avec Washington, mais l’Union européenne a promis une réponse “ferme et proportionnée” aux différents droits de douane imposés par Donald Trump. Voici ce que l’on sait sur le projet de riposte de Bruxelles.Quelles mesures?A chaque salve, sa réponse. Au cours des derniers mois, l’Union européenne a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l’administration du président américain: – 25% sur l’acier et l’aluminium, mi-mars- 25% sur les automobiles, début avril- 20% sur tous les autres produits européens, le 9 avrilLe Vieux continent a organisé sa riposte autour d’une logique similaire.L’UE propose de répliquer d’abord aux taxes sur l’acier par des droits de douane de 25% sur des produits américains: les motos, le maquillage, la volaille, le soja… Un vote est organisé mercredi après-midi pour que les Etats membres approuvent cette liste. En cas de feu vert, la plus grande partie de ces taxes entreraient en vigueur mi-mai. D’autres, sur les amandes par exemple, n’entreraient en vigueur qu’en décembre.La riposte européenne sur l’automobile et les 20% pourrait, elle, être présentée en début de semaine prochaine. Mais le ton diffère parmi les Vingt-Sept sur le niveau de fermeté de la réponse. Parmi les questions en débat: l’idée de cibler, ou non la “tech” américaine.Pour frapper fort, la France et l’Allemagne évoquent aussi l’idée d’employer un outil jamais utilisé auparavant. Surnommé “instrument anti-coercition”, il a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques. Il permettrait notamment le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements.Mais là encore, les Etats membres sont divisés, certains craignant que cela ne provoque une escalade avec Washington.Quelles négociations?Bruxelles souhaite avant toute chose négocier avec les Etats-Unis.Le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a été dépêché par l’UE pour échanger avec ses homologues américains. Il s’est rendu deux fois à Washington et a eu un échange “franc” de deux heures vendredi avec Howard Lutnick et Jamieson Greer, deux responsables de l’administration Trump.L’UE a d’ores et déjà proposé aux Etats-Unis que les voitures et d’autres biens industriels ne soient pas taxés de part et d’autre de l’Atlantique.”Pas suffisant” pour Donald Trump qui exige aussi que l’Europe s’engage à acheter davantage de gaz naturel liquéfié américain. A Bruxelles, certains craignent toutefois de ne pas frapper à la bonne porte dans ses négociations.Selon plusieurs observateurs, le conseiller de Trump au Commerce, Peter Navarro, serait bien plus à la manoeuvre sur le dossier que les deux responsables avec qui Maros Sefcovic échange. Or l’UE n’a fait publiquement état d’aucun échange avec ce dernier.Quoi d’autre sur la table?Ce conseiller de Donald Trump se veut très critique des barrières dites “non tarifaires” en vigueur dans l’Union européenne: les réglementations sanitaires, les normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales telles que la TVA.”Si vous voulez négocier, parlez-nous de comment vous allez faire baisser vos barrières non tarifaires”, a déclaré Peter Navarro dans une interview lundi. “L’Europe a une TVA de 19%, nous ne pouvons pas rivaliser face à cela”, a-t-il dénoncé.Interrogée à ce sujet, la Commission européenne a indiqué mardi “ne pas partager l’analyse des Etats-Unis sur ce qui constitue une barrière non tarifaire”, sans donner beaucoup plus de détails.Les tractations continuent.

Pollution aux microplastiques: un compromis pour durcir la loi en Europe

Commission européenne, eurodéputés et Etats membres sont parvenus à un compromis dans la nuit de mardi à mercredi pour durcir la législation contre la pollution aux microplastiques qui envahissent fleuves, plages et océans. Cet accord devrait permettre d’adopter définitivement ce nouveau règlement d’ici quelques mois.L’UE entend endiguer en particulier la pollution liée aux fuites de granulés de plastique, des “pellets” aussi surnommés “larmes de sirènes”, qui mesurent jusqu’à 5 mm et qui une fois fondus constituent un matériau clé pour produire des composants et des objets plastiques.En pratique, les industriels qui produisent, transportent ou transforment ces granulés devront établir des plans d’évaluation des risques afin de contenir les fuites éventuelles et engager rapidement des opérations de nettoyage le cas échéant.Les grandes entreprises qui produisent ou transportent plus de 1.500 tonnes de microplastiques par an devront régulièrement obtenir une certification auprès d’un organisme indépendant, et risquent des sanctions en cas d’insuffisances.Pour les petites entreprises, ces obligations sont allégées: celles qui produisent plus de 1.500 tonnes devront obtenir une certification unique dans les cinq ans suivant l’entrée en vigueur de la loi, celles qui produisent moins n’auront qu’une simple auto-déclaration à remplir.L’intégration ou non des petites entreprises à cette loi était la principale pomme de discorde ces derniers jours.En pleine politique de “simplification” pour alléger les charges administratives des entreprises, la Commission voulait exempter les petites entreprises de certification. La France plaidait au contraire pour les y contraindre dès 1.000 tonnes de production annuelle.Un compromis a été trouvé avec un seuil relevé à 1.500 tonnes et des modalités différentes de certifications entre grandes et petites entreprises.Du côté des organisations environnementales, le collectif Rethink Plastic a salué le “leadership” de l’Union européenne dans la lutte contre la pollution aux microplastiques.Mais des “délais” et des “exemptions arbitraires” pour les petites entreprises “risquent de limiter l’impact” de la loi, regrette Amy Youngman, de l’Environmental Investigation Agency (EIA), l’une de ces ONG.Autre point sensible entre les Etats européens, le transport maritime a bien été intégré à ce règlement, malgré les réticences de certains pays comme Chypre, Malte, la Croatie ou la Grèce, dont l’économie est tournée vers la mer.D’après des estimations, entre 52.140 et 184.290 tonnes de granulés ont été perdues dans la nature en 2019 au sein de l’Union européenne.Et selon Bruxelles, le transport maritime représentait environ 38% de tous les pellets transportés dans l’UE en 2022.En cas de pollution, la persistance d’un granulé de plastique dans l’eau peut être mesurée sur des décennies car ces pellets ne sont pas biodégradables.