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Droits de douane: une “guerre tarifaire néfaste pour tout le monde”, prévient le ministre français du Commerce extérieur

Une “guerre tarifaire” est “néfaste pour tout le monde”, a prévenu mercredi le ministre français délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, en visite en Indonésie, appelant à “continuer le travail de la dialogue” avec Washington.”Nous n’avons jamais souhaité une escalade dans l’augmentation des droits de douane. Nous pensons qu’une guerre tarifaire est néfaste pour tout le monde”, a déclaré le ministre français lors d’un point presse à l’issue d’une visite de deux jours à Jakarta. Le ministre poursuivra sa tournée jeudi aux Philippines, au Vietnam et l’achèvera dimanche au Japon.”Nous devons continuer sous la compétence de la Commission européenne le travail de dialogue et de négociation avec l’administration américaine pour arriver vers l’agenda le plus posiifif possible”, a-t-il encore martelé.”C’est toujours ce que nous avons défendu tout en disant que s’il devait y avoir des mesures de riposte face à une non volonté de désescalade, l’Europe devra savoir le faire. Mais ça n’a jamais été notre agenda et cela ne le sera jamais”, a encore indiqué M. Saint-Martin.Mardi, le président français Emmanuel Macron avait émis l’espoir que son homologue américain, Donald Trump, “revienne sur sa décision” sur les droits de douane imposés au reste du monde, et notamment à l’Union européenne.Pour M. Saint-Martin, venu préparer la visite d’Etat d’Emmanuel Macron fin mai dans le vaste archipel, la France et l’Indonésie “ont un avenir en commun avec des visions stratégiques qui convergent, autour de grandes thématique comme l’énergie, les transports ou l’agriculture”.La France, a-t-il poursuivi, “démontre tout l’intérêt qu’elle porte à son partenaire indonésien, depuis des années” mais aussi tout rédemment “depuis l’arrivée du nouveau président” Prabowo Subianto, au pouvoir depuis octobre dernier.

France: l’OFCE révise sa prévision de croissance à la baisse à 0,5% en 2025

La croissance française devrait atteindre 0,5% du PIB en 2025 et 1,1% du PIB en 2026, lestée par l’incertitude sur les plans nationaux et internationaux avec la hausse de taxes douanières américaines, selon les prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) mercredi.L’OFCE révise ainsi à la baisse sa prévision de croissance de l’automne 2024 de 0,3 point de pourcentage, une situation qui s’explique par l’incertitude politique intérieure, avec un contexte marqué par l’adoption d’une motion de censure à l’Assemblée nationale, et désormais par le péril d’un conflit commercial d’ampleur et durable, consécutif aux surtaxes douanières américaines. Si les incertitudes compliquent l’exercice de la prévision, il faut noter que “la croissance française a été plutôt résiliente ces deux dernières années”, en moyenne de 1,1% en 2023 et 2024, mais en 2025, la double incertitude coûte “0,6 point de PIB d’activité”, détaille Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.La raison: les deux moteurs qui ont tiré la croissance française vers le haut ces deux dernières années “sont amenés à être mis en difficulté”: à savoir le commerce extérieur, avec les surtaxations douanières, et les dépenses publiques, relève l’économiste.Avant même la tempête douanière déclenchée le 2 avril, les incertitudes internationales avaient conduit la Banque de France à réduire de 0,2 point à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025. Et le gouvernement se prépare à suivre le mouvement, possiblement le 15 avril lors d’une conférence sur les finances publiques.- chômage -Depuis mercredi, le président des Etats-Unis Donald Trump impose à des dizaines de pays une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux de plus de 100% à la Chine.L’Union européenne n’est pas épargnée et doit s’acquitter d’une surtaxe de 20% supplémentaire. La France demeure toutefois moins exposée au marché américain avec des conséquences à nuancer en comparaison d’autres pays. “Le poids des exportations vers les Etats-Unis rapportées à notre PIB, ce n’est que 1,7%. Ce n’est pas négligeable, mais ce n’est que 1,7%”, souligne Mathieu Plane. En France, la faible croissance conjuguée à la réduction des politiques de l’emploi et le haut niveau des faillites pourraient notamment se traduire par des destructions d’emplois en France à hauteur de 190.000 emplois sur la période 2025-2026, estime l’OFCE.Le taux de chômage passerait ainsi de 7,3% fin 2024 à 7,9% à la fin de l’année avant d’atteindre 8,5% au dernier trimestre 2026, prévoit le centre de recherches en économie de Sciences Po. La prévision de croissance économique du gouvernement pour 2025, actuellement à 0,9%, “peut changer”, sans remettre en cause l’objectif de ramener le déficit public à 5,4% du produit intérieur brut (PIB), avait déclaré mi-mars la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.Concernant les finances publiques, l’OFCE estime que le déficit public passerait “seulement de 5,8% du PIB à 5,5% du PIB en 2025” et 5,3% du PIB en 2026, tandis que la dette publique se creuserait de 113% du PIB en 2024 à 116,7% du PIB en 2026, note l’OFCE. 

Trump triple les droits de douanes sur les petits colis chinois

Le président américain Donald Trump a signé mardi un décret multipliant par trois les droits de douane sur les petits colis envoyés de Chine, un moteur de croissance des  géants du commerce électronique comme Shein ou Temu, les faisant passer de 30 à 90%.Dans le cadre du relèvement très fort de 84% des droits de douanes imposés aux marchandises chinoises mardi, le président américain a aussi relevé ces droits de douanes sur les petits colis qui doivent s’appliquer à partir du 2 mai, selon le décret publié mardi.Donald Trump avait signé le 2 avril un décret annulant l’exemption de droits de douane dont bénéficiaient ces colis d’une valeur maximale de 800 dollars, pour les taxer à 30% du montant déclaré, ou 25 dollars au minimum.Les Etats-Unis augmenteront le taux de 30 à 90% et le plancher de 25 à 75 dollars.Le président avait annoncé une première fois, début février, le rétablissement de droits de douane pour ces petits envois, avant de suspendre sa décision pour laisser le temps au gouvernement et à ses agences de se préparer.L’exemption s’inscrivait dans le cadre d’une loi adoptée par le Congrès américain en 1930, le US Tariff Act. Elle est appelée “de minimis”, en référence à l’adage latin “de minimis non curat praetor” (le magistrat ne se préoccupe pas de choses mineures).

La Chine tente d’immuniser son économie contre les surtaxes de Trump

La Chine veut protéger son économie des surtaxes américaines de 104%, en stimulant la consommation et en investissant dans des secteurs clés, mais reste très vulnérable à la tempête douanière déclenchée par Donald Trump, selon des analystes.Pékin a promis de s’opposer “jusqu’au bout” à la campagne de droits de douane de Washington et le Premier ministre Li Qiang a déclaré mardi que son pays était “pleinement confiant” dans la résilience de sa croissance économique.Qu’en sera-t-il dans les faits? Car même sans ces droits de douane américains, l’économie chinoise est souffrante depuis plusieurs années, avec un chômage élevé chez les jeunes et une crise immobilière persistante qui freinent la consommation.”L’économie chinoise est bien plus affaiblie que depuis le premier mandat de Trump et ne peut pas vraiment absorber le choc induit par ces surtaxes”, estime Henry Gao, expert en droit commercial à l’Université de gestion de Singapour.Le commerce extérieur a été l’année dernière un des rares indicateurs au vert de l’économie chinoise, avec les Etats-Unis comme premier destinataire des produits chinois.Les exportations du géant asiatique vers les Etats-Unis ont atteint près de 440 milliards de dollars en 2024, selon le ministère américain du Commerce – environ trois fois le montant des marchandises ayant emprunté le chemin inverse (144,6 milliards).L’électronique, les machines et les biens de consommation (textile, meubles, jouets) ont représenté l’essentiel de ces exportations.- “Opportunité stratégique” -Si elle est mieux préparée que lors du premier mandat de Donald Trump, la Chine devrait tout de même souffrir, juge Tang Yao, de l’école de commerce Guanghua de l’Université de Pékin.”Certains produits sont spécifiquement conçus pour les marchés américains ou européens. Les réorienter vers les consommateurs locaux n’aura qu’un effet limité”, prédit-il.La crise annoncée n’est toutefois pas perçue comme totalement négative par Pékin.Le Quotidien du Peuple, organe officiel du Parti communiste au pouvoir, a récemment qualifié les surtaxes américaines d'”opportunité stratégique”, notamment pour faire de la consommation le nouveau moteur de la croissance chinoise – à la place des exportations.L’Etat-parti chinois cherche à “faire de ces pressions structurelles externes un catalyseur pour lancer des réformes envisagées depuis déjà longtemps”, affirme Lizzi Lee, spécialiste de l’économie chinoise à l’Asia Society Policy Institute, organisation basée aux Etats-Unis.Pékin a également promis de riposter à toute nouvelle escalade américaine.Outre des droits de douane réciproques sur les produits américains, qui doivent entrer en vigueur jeudi, Pékin a annoncé des restrictions à l’exportation de terres rares – dont certaines utilisées dans l’imagerie magnétique et l’électronique grand public.Cette réponse pourrait dépasser le strict cadre des surtaxes douanières, car la Chine “affine ses méthodes de rétorsion”, explique Mme Lee.- Téléviseurs et voitures -Pékin pourrait aussi renforcer son soutien financier au secteur privé chinois, au moment où les entrepreneurs retrouvent les faveurs du président Xi Jinping, ajoute Raymond Yeung, économiste de la banque ANZ.Le gouvernement chinois appelle à davantage d’autonomie stratégique du pays dans le secteur des technologies, afin d’être moins tributaire des soubresauts géopolitiques. Il soutient ainsi des secteurs clés comme l’intelligence artificielle (IA) et les semi-conducteurs.Mais tout cela “ne signifie pas que l’économie chinoise pourra facilement surmonter les effets de ces surtaxes prohibitives”, nuance Frederic Neumann, économiste pour l’Asie chez HSBC.Selon l’expert, les efforts de Pékin pour compenser la baisse de la demande américaine pourrait prendre différentes formes: programmes de reprise d’appareils électroménagers ou encore primes à l’achat pour inciter les consommateurs à acheter des biens chinois – des téléviseurs aux voitures électriques.”En créant de la demande et des opportunités commerciales pour les partenaires asiatiques et européens de la Chine, le pays pourrait contribuer à sauver ce qui reste de l’ordre commercial libéral mondial”, estime M. Neumann.Reste à savoir si Pékin y parviendra.Pour Frederic Neumann, tout dépendra du succès ou non de la politique chinoise de relance de la consommation intérieure.”C’est désormais l’occasion pour la Chine de prendre les commandes de l’ordre économique mondial”, note-t-il.”Mais cela ne pourra se faire que si la demande intérieure augmente et si ce leadership chinois comble un vide laissé par les États-Unis”, souligne-t-il.

Le point sur la riposte de l’UE aux droits de douane de Trump

Elle espère toujours pouvoir négocier avec Washington, mais l’Union européenne a promis une réponse “ferme et proportionnée” aux différents droits de douane imposés par Donald Trump. Voici ce que l’on sait sur le projet de riposte de Bruxelles.Quelles mesures?A chaque salve, sa réponse. Au cours des derniers mois, l’Union européenne a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l’administration du président américain: – 25% sur l’acier et l’aluminium, mi-mars- 25% sur les automobiles, début avril- 20% sur tous les autres produits européens, le 9 avrilLe Vieux continent a organisé sa riposte autour d’une logique similaire.L’UE propose de répliquer d’abord aux taxes sur l’acier par des droits de douane de 25% sur des produits américains: les motos, le maquillage, la volaille, le soja… Un vote est organisé mercredi après-midi pour que les Etats membres approuvent cette liste. En cas de feu vert, la plus grande partie de ces taxes entreraient en vigueur mi-mai. D’autres, sur les amandes par exemple, n’entreraient en vigueur qu’en décembre.La riposte européenne sur l’automobile et les 20% pourrait, elle, être présentée en début de semaine prochaine. Mais le ton diffère parmi les Vingt-Sept sur le niveau de fermeté de la réponse. Parmi les questions en débat: l’idée de cibler, ou non la “tech” américaine.Pour frapper fort, la France et l’Allemagne évoquent aussi l’idée d’employer un outil jamais utilisé auparavant. Surnommé “instrument anti-coercition”, il a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques. Il permettrait notamment le gel de l’accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements.Mais là encore, les Etats membres sont divisés, certains craignant que cela ne provoque une escalade avec Washington.Quelles négociations?Bruxelles souhaite avant toute chose négocier avec les Etats-Unis.Le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a été dépêché par l’UE pour échanger avec ses homologues américains. Il s’est rendu deux fois à Washington et a eu un échange “franc” de deux heures vendredi avec Howard Lutnick et Jamieson Greer, deux responsables de l’administration Trump.L’UE a d’ores et déjà proposé aux Etats-Unis que les voitures et d’autres biens industriels ne soient pas taxés de part et d’autre de l’Atlantique.”Pas suffisant” pour Donald Trump qui exige aussi que l’Europe s’engage à acheter davantage de gaz naturel liquéfié américain. A Bruxelles, certains craignent toutefois de ne pas frapper à la bonne porte dans ses négociations.Selon plusieurs observateurs, le conseiller de Trump au Commerce, Peter Navarro, serait bien plus à la manoeuvre sur le dossier que les deux responsables avec qui Maros Sefcovic échange. Or l’UE n’a fait publiquement état d’aucun échange avec ce dernier.Quoi d’autre sur la table?Ce conseiller de Donald Trump se veut très critique des barrières dites “non tarifaires” en vigueur dans l’Union européenne: les réglementations sanitaires, les normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales telles que la TVA.”Si vous voulez négocier, parlez-nous de comment vous allez faire baisser vos barrières non tarifaires”, a déclaré Peter Navarro dans une interview lundi. “L’Europe a une TVA de 19%, nous ne pouvons pas rivaliser face à cela”, a-t-il dénoncé.Interrogée à ce sujet, la Commission européenne a indiqué mardi “ne pas partager l’analyse des Etats-Unis sur ce qui constitue une barrière non tarifaire”, sans donner beaucoup plus de détails.Les tractations continuent.

Pollution aux microplastiques: un compromis pour durcir la loi en Europe

Commission européenne, eurodéputés et Etats membres sont parvenus à un compromis dans la nuit de mardi à mercredi pour durcir la législation contre la pollution aux microplastiques qui envahissent fleuves, plages et océans. Cet accord devrait permettre d’adopter définitivement ce nouveau règlement d’ici quelques mois.L’UE entend endiguer en particulier la pollution liée aux fuites de granulés de plastique, des “pellets” aussi surnommés “larmes de sirènes”, qui mesurent jusqu’à 5 mm et qui une fois fondus constituent un matériau clé pour produire des composants et des objets plastiques.En pratique, les industriels qui produisent, transportent ou transforment ces granulés devront établir des plans d’évaluation des risques afin de contenir les fuites éventuelles et engager rapidement des opérations de nettoyage le cas échéant.Les grandes entreprises qui produisent ou transportent plus de 1.500 tonnes de microplastiques par an devront régulièrement obtenir une certification auprès d’un organisme indépendant, et risquent des sanctions en cas d’insuffisances.Pour les petites entreprises, ces obligations sont allégées: celles qui produisent plus de 1.500 tonnes devront obtenir une certification unique dans les cinq ans suivant l’entrée en vigueur de la loi, celles qui produisent moins n’auront qu’une simple auto-déclaration à remplir.L’intégration ou non des petites entreprises à cette loi était la principale pomme de discorde ces derniers jours.En pleine politique de “simplification” pour alléger les charges administratives des entreprises, la Commission voulait exempter les petites entreprises de certification. La France plaidait au contraire pour les y contraindre dès 1.000 tonnes de production annuelle.Un compromis a été trouvé avec un seuil relevé à 1.500 tonnes et des modalités différentes de certifications entre grandes et petites entreprises.Du côté des organisations environnementales, le collectif Rethink Plastic a salué le “leadership” de l’Union européenne dans la lutte contre la pollution aux microplastiques.Mais des “délais” et des “exemptions arbitraires” pour les petites entreprises “risquent de limiter l’impact” de la loi, regrette Amy Youngman, de l’Environmental Investigation Agency (EIA), l’une de ces ONG.Autre point sensible entre les Etats européens, le transport maritime a bien été intégré à ce règlement, malgré les réticences de certains pays comme Chypre, Malte, la Croatie ou la Grèce, dont l’économie est tournée vers la mer.D’après des estimations, entre 52.140 et 184.290 tonnes de granulés ont été perdues dans la nature en 2019 au sein de l’Union européenne.Et selon Bruxelles, le transport maritime représentait environ 38% de tous les pellets transportés dans l’UE en 2022.En cas de pollution, la persistance d’un granulé de plastique dans l’eau peut être mesurée sur des décennies car ces pellets ne sont pas biodégradables.

Désendettement de la France: le gouvernement va dépenser 5 milliards d’euros en moins

La ministre française des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé mercredi un effort supplémentaire de réduction de la dépense, de 5 milliards d’euros, pour “tenir” les objectifs de désendettement du gouvernement, dont une partie pourrait être réallouée au secteur défense.”Il y a 5 milliards d’euros d’efforts de plus sur la dépense que nous allons faire dans les toutes prochaines semaines, pour que nous puissions tenir la ligne, tenir ce chemin de désendettement, parce que c’est la seule condition pour qu’aujourd’hui, demain, on arrête d’augmenter la dette et que nous nous redonnions des marges”, a déclaré la ministre au micro de RMC.”C’est un effort supplémentaire de réduction de la dépense de 5 milliards, on va dépenser 5 milliards d’euros en moins”, a précisé Amélie de Montchalin à l’AFP.”Comme la croissance baisse, comme on a moins de recettes et comme certains ministères ont de nouveaux besoins, si on veut tenir la cible de déficit, il faut qu’il y ait 5 milliards de dépenses qu’on avait prévu de faire, qu’on ne va pas faire à l’endroit où on voulait les faire, soit parce qu’elles n’auront pas lieu du tout, soit parce qu’on les aura réallouées”, a-t-elle détaillé.”Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable. C’est la manière de faire face quoi qu’il arrive à ce monde instable”, a déclaré Amélie de Montchalin sur RMC.Elle a notamment souligné l’importance pour le gouvernement d’avoir “les moyens de soutenir l’Ukraine, de réarmer notre pays”: “dans ces 5 milliards, il y a une partie qui va aller à nos dépenses essentielles de défense”, a indiqué la ministre.Mme de Montchalin avait indiqué lundi que 9,1 milliards d’euros avaient été mis en réserve. C’est “comme quand un ménage met de côté pour les jours difficiles […] Nous avons mis 9 milliards d’euros de réserve de côté, on va en prendre 5.Une conférence sur les finances publiques est prévue le 15 avril afin d’identifier les risques de dérapage et prendre des mesures correctives éventuelles.Le gouvernement entend réduire le déficit public à 5,4% en 2025, après 5,8% l’an dernier, avec l’ambition de passer sous le maximum européen de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2029.Avant même la tempête douanière déclenchée le 2 avril, les incertitudes internationales ont conduit la Banque de France à réduire de 0,2 point à 0,7% sa prévision de croissance pour 2025.A la question de la journaliste de RMC “est-ce que vous maintenez la volonté et la promesse de ramener le déficit à 5,4% du PIB en 2025 contre 5,8% l’an dernier, et est-ce que vous espérez toujours que l’on puisse atteindre ou passer dessous les 3% d’ici 2029?”, Amélie de Montchalin a répondu “oui”.Evoquant “la maladie endémique du déficit”, elle a souligné que sa “doctrine, partagée par le ministre de l’Economie Eric Lombard, est “le quoi qu’il arrive: que notre pays puisse faire face ensemble à ses priorités existentielles, la défense, la santé, l’éducation”.

Le Japon ouvre davantage ses réserves stratégiques de riz pour contrer l’envolée des prix

Le Japon va continuer àdébloquer ses réserves stratégiques de riz jusqu’en juillet pour tenter d’enrayer l’envolée des prix, a annoncé le ministre nippon de l’Agriculture mercredi.”Afin de stabiliser les prix du riz qui ont flambé, le gouvernement va écouler sa réserve chaque mois jusqu’à cet été”, lorsque la nouvelle récolte de riz entrera sur le marché, a indiqué le ministre Taku Eto.Après une multiplication des prix quasiment par deux en un an, le gouvernement a commencé le mois dernier à mettre aux enchères son stock stratégique de riz pour la première fois depuis la constitution de la réserve en 1995.Cette flambée des prix découle de facteurs complexes, dont une demande accrue – avec les achats paniques déclenchés en août par un avertissement au “mégaséisme”, et la mauvaise récolte 2023 (consommée l’an dernier) pénalisée par de fortes chaleurs, ce qui a réduit l’offre.Facteur aggravant du problème, certains négociants ont tenté de faire du profit en attendant le moment opportun pour vendre leurs stocks de riz, selon les autorités.Le gouvernement a pour l’heure sorti quelque 210.000 tonnes de sa réserve.La prochaine vente aux enchères, de 100.000 tonnes, doit avoir lieu la semaine du 21 avril.Le prix au détail de cinq kilogrammes de riz était la semaine dernière de 4.206 yens (26,2 euros), en hausse de 104,5% par rapport à la même semaine l’an dernier.Le gouvernement japonais a également annoncé en mars vouloir multiplier par huit les exportations de cette céréale, pour atteindre 350.000 tonnes d’ici 2030.Le nouvel objectif d’exportations est à inscrire au sein d’une politique nationale de longue date visant à renforcer les exportations de cette denrée et rendre la riziculture plus efficace à mesure que vieillit la population du pays.La Maison Blanche a elle-même mobilisé l’exemple du riz nippon en annonçant des droits de douane additionnels de 24% sur les produits japonais entrant aux Etats-Unis, en vigueur depuis mercredi. Selon Washington, le Japon applique une taxe commerciale de 700% sur les importations de riz américains – une affirmation jugée “incompréhensible” par le ministre Taku Eto.La consommation de riz nippon a quasiment été divisée par deux ces 60 dernières années au gré des changements d’habitudes alimentaires, qui laissent de nos jours davantage de place au pain ou aux nouilles.

Guerre commerciale: les marchés mondiaux de nouveau en proie à la panique

La panique s’empare à nouveau des marchés mondiaux mercredi en pleine escalade des tensions commerciales, Donald Trump imposant depuis mercredi de nouvelles surtaxes à 60 pays, dont un taux colossal total de 104% contre la Chine.”La dernière colère douanière de Trump frappe comme une boule de démolition macroéconomique, réduisant à néant ce qu’il restait d’appétit pour le risque et plongeant à nouveau les marchés dans un mode de panique totale”, commente Stephen Innes, analyste chez SPI AM.Le président des Etats-Unis Donald Trump impose depuis mercredi matin à des dizaines de partenaires commerciaux une nouvelle salve de droits de douane à l’importation, dont un taux monumental pour la Chine.La Maison Blanche a rendu public un décret présidentiel “amendé” faisant grimper de “34%” à “84%” la taxation qui sera perçue par Washington sur les importations en provenance de Pékin. Cela porte à 104% le taux total imposé à la Chine depuis 04H00 GMT.”Les deux premières économies mondiales sont désormais coincées dans une guerre commerciale, et aucune des deux nations ne semble prête à céder”, note Susannah Streeter, responsable des marchés financiers, Hargreaves Lansdown.”Alors que le monde attend de savoir quel côté pliera en premier”, poursuit-elle, les Bourses asiatiques plongent de concert. La Bourse de Taïwan a clôturé en dégringolade de 5,8%, et à Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé sur une chute de 3,93%.La situation est plus nuancée en Chine, avec l’indice Hang Seng à Hong Kong qui perdait 0,38% dans les derniers échanges, quand l’indice composite de Shanghai prenait 1,31% et celui de Shenzhen 1,22%, soutenus par les banques et firmes d’investissements étatiques aiguillonnées par Pékin.En Europe, vers 07H15 GMT, la Bourse de Paris dévissait de 2,40%, Francfort de 2,44%, Londres de 2,34% et Milan de 2,85%. La Bourse suisse lâchait 3,62%.Ventes paniques sur le marché de la detteLa volatilité extrême et la nervosité s’est aussi emparée du marché des obligations d’Etat, ces morceaux de dettes d’un pays avec différents horizons de remboursement.”Les marchés obligataires américains connaissent une vente massive incroyable”, souligne Jim Reid, “la preuve qu’ils perdent leur statut traditionnel de valeur refuge”.Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux va baisser. Ils cherchent en revanche à être mieux rémunérés lorsqu’ils jugent la dette d’un Etat plus risquée.Aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans des bons du Trésor a grimpé à 4,38% vers 07H15 GMT, contre 4,29% mardi en clôture.Ces derniers jours, les obligations d’Etat étaient plébiscitées car perçues comme plus sûres avec un rendement garanti pour les investisseurs. Mais les récents “mouvements suggèrent que certaines positions sont abandonnées pour couvrir des pertes ailleurs sur les marchés”, estime Susannah Streeter.Le même phénomène avait été observé pour l’or, considéré comme la valeur refuge par excellence en temps de crise, qui avait décroché de son sommet historique atteint début avril, les investisseurs ayant été contraints de liquider leurs positions pour essuyer leurs pertes sur d’autres marchés.Face au chaos de la guerre commerciale, les achats d’or reprenaient toutefois mercredi, l’once d’or gagnant 1,84% à 3.038,20 dollars vers 07H15 GMT.Focus sur le yuanLe yuan offshore, qui circule en dehors de Chine continentale, a touché mardi son plus bas jamais enregistré face au billet vert depuis l’ouverture des échanges en 2010, à 7,4290 yuans pour un dollar.Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, la Chine pourrait “laisser le yuan se déprécier pour absorber une partie du coût des droits de douane” de Donald Trump.”Cela aggrave les craintes que les États-Unis et la Chine ne finissent par se retrouver dans une spirale d’escalade” des tensions, affirme Jim Reid, économiste pour la Deutsche Bank.Mme Ozkardeskaya s’attend à “des baisses de taux, des injections de liquidités et d’autres mesures qui s’enchaîneront les unes après les autres”.La Banque centrale indienne a d’ailleurs abaissé mercredi ses taux d’intérêt, espérant ainsi stimuler son économie dans la tempête de la guerre commerciale.Le pétrole pris dans la tourmenteLes prix du pétrole n’échappent pas à la tourmente, les deux références mondiales du brut ayant dégringolé d’environ 18% depuis le début du mois, évoluant désormais à leur plus bas niveau en plus de quatre ans.Vers 07H15 GMT, le Brent de la mer du Nord cédait 2,57% à 61,20 dollars le baril, quand son équivalent américain, le WTI perdait 2,88% à 57,86 dollars le baril.De quoi refléter “le scepticisme quant à une désescalade à court terme”, note John Plassard, de Mirabaud.

Le fisc américain va partager des données avec les services de l’immigration

Les autorités fiscales américaines ont conclu un accord avec les services de l’immigration en vue de leur fournir des informations sensibles sur les contribuables, ce qui pourrait faciliter l’expulsion de migrants, selon des documents judiciaires.Cet accord représente une victoire pour le gouvernement de Donald Trump qui a lancé une politique radicale de lutte contre l’immigration depuis son retour au pouvoir en janvier.Le fisc américain (IRS) permet à des millions de migrants clandestins de payer leurs impôts, ce qui est perçu par les intéressés comme un moyen de renforcer leur quête de papiers et contribue à alimenter le budget fédéral.Le service des impôts dispose de données telles que l’adresse, les revenus et les situations familiales des contribuables, qui sont strictement protégées par la loi fédérale. Mais aux termes de l’accord conclu lundi, selon les documents judiciaires, la police fédérale de l’immigration (ICE) peut réclamer à l’IRS des informations sur les personnes sur lesquelles elle enquête ou qui ont déjà reçu l’ordre de quitter le territoire.Le ministère de la sécurité intérieure (DHS), qui coiffe ICE, peut “légalement demander des informations relatives aux individus faisant l’objet d’une enquête pénale et l’IRS est tenu de les fournir”, selon ces documents.Dans ces circonstances, le Washington Post révèle mardi que la directrice par interim du fisc américain Melanie Krause a décidé de quitter l’IRS.Interrogé par l’AFP, le ministère des Finances s’est limité à confirmer son départ. “Melanie Krause a dirigé l’IRS au cours d’une période de transformation extraordinaire. Nous lui souhaitons du succès dans ses prochaines fonctions”, écrit une porte-parole.Melanie Krause était la troisième dirigeante du fisc américain depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.D’après les médias américains, des organisations de défense des droits des migrants avaient saisi la justice le mois dernier pour empêcher l’IRS de livrer des informations sensibles à ICE. Ce sont les documents judiciaires fournis par l’administration américaine dans le cadre de cette procédure qui ont révélé l’existence de l’accord.”Si l’accord reste en place, il fournira une feuille de route aux forces fédérales de maintien de l’ordre pour accéder à des informations confidentielles sans obtenir de décision judiciaire comme le prévoit la loi”, a réagi sur CNN Nandan Joshi, avocat de l’association Public Citizen.