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“Dialogue de sourds” aux négociations plastiques de Genève

Les négociations à Genève en vue d’établir le premier traité mondial de lutte contre la pollution plastique sont bloquées par des pays pétroliers qui refusent toute contrainte sur la production de plastique vierge, rapportent à l’AFP plusieurs sources impliquées dans les tractations.”On est dans un dialogue de sourds, avec très peu de pistes pour atterrir” ou faire des avancées dans la négociation, a indiqué une source diplomatique appartenant à un pays de la coalition dite “ambitieuse”, qui souhaite imposer dans le texte des objectifs de réduction de production.En face, un groupe de pays essentiellement pétroliers s’y oppose fermement.Ce projet de traité “juridiquement contraignant” est destiné à permettre de réguler au niveau mondial la production, la consommation et la fin de vie du plastique, alors que chaque année 22 millions de tonnes de déchets plastique sont rejetées dans l’environnement, empoisonnant les sols, les océans et la biodiversité, et pénétrant jusqu’aux tissus humains.Quelque 184 pays sur les 193 que compte l’ONU participent à ce nouveau round de négociations, décidé après l’échec de la dernière session fin 2024 à Busan, en Corée du Sud.- “Les positions se cristallisent” -“Les positions se cristallisent” confirme à l’AFP une autre source, observateur de la société civile qui a assisté à plusieurs sessions à huis clos de négociation.Les documents soumis par les délégations montrent que l’Arabie Saoudite, les pays arabes, la Russie et l’Iran, qui disent “partager les mêmes idées” dans un groupe baptisé “like minded”, refusent toute mesure contraignante sur la production.Cette position est ardemment défendue depuis Busan. Ces pays souhaitent que le traité ne couvre pas l’origine pétrolière du plastique, pour se concentrer uniquement sur l’aval lorsqu’il est devenu un déchet (financement de la collecte, du tri et du recyclage, notamment, dans les pays en développement), alors que la résolution initiale pour lancer les négociations porte sur “tout le cycle de vie” du plastique.Si le texte ne doit être qu’une aide aux pays en développement pour qu’ils gèrent mieux leurs déchets, “on n’a pas besoin d’un traité international pour le faire”, juge la source diplomatique selon laquelle “on est sur un bras de fer avec des pays prêts à ce qu’il n’y ait pas de traité” du tout.Aucun consensus non plus n’émerge sur un autre point dur, l’article 3 du futur traité: l’établissement d’une liste de substances chimiques jugées potentiellement dangereuses pour l’environnement ou la santé humaine: additifs, colorants, polluants dits “éternels” (PFAS), phtalates, à laquelle les industriels de la chimie ont également déclaré leur opposition.- “Pas de liste” -“Certains ne veulent pas de liste du tout, ou alors que chaque pays puisse faire sa propre liste de produits dangereux, ce qui peut déjà être fait et sans besoin de traité international”, relève la même source, qui se dit par ailleurs étonnée “de l’absence d’ouverture de la Chine”.La Chine est le premier pays producteur mondial de plastique, fabricant à elle seule 34% des quatre polymères parmi les plus répandus (polyéthylène (PE), polypropylène (PP),  polyéthylène téréphtalate (PET) et polystyrène), selon le cabinet de conseil environnemental britannique Eunomia.Le premier producteur mondial de plastique est le groupe public chinois Sinopec qui fabrique à lui tout seul 5,4% de ces quatre molécules.”Ce qui s’est passé durant les deux premiers jours de négociation n’est pas très surprenant”, les positions sont les mêmes qu’à Busan, analyse pour l’AFP Rachel Radvany de l’ONG CIEL, basée à Washington et à Genève et qui apporte un soutien juridique aux pays en développement. “Les parties devraient trouver un terrain d’entente moyen, entre ceux qui ont une grande ambition et ceux qui n’en n’ont pas du tout, mais rien ne bouge d’en bas”, ajoute Cate Bonacini, de la même ONG.Une résolution possible serait de “passer par un vote” sur le texte, estime l’observateur issu d’une ONG.Mais cela irait à l’encontre des traditions, la plupart des grands traités (eau, accidents industriels, pollution de l’air…), sauf celui sur les ventes d’armes, ayant été adopté selon les règles de l’ONU par consensus.En cas d’impasse en fin de négociation, un pays peut le proposer et “le comité est alors légalement obligé” de procéder au vote, dit à l’AFP Eirik Lindebjerg, du WWF. 

Prêt-à-porter en crise: après Jennyfer, Groupe Beaumanoir reprend partiellement Naf Naf

Un sauvetage en demi-teinte: Groupe Beaumanoir vient de reprendre partiellement l’enseigne Naf Naf, qui était en redressement judiciaire, sauvant près de la moitié des 600 employés et conservant une dizaine de boutiques sur une centaine, mais pour les exploiter sous ses autres marques.De fait, les magasins du plus malin des trois petits cochons vont disparaître dans l’immédiat, même si Groupe Beaumanoir, qui a racheté la marque, ne s’interdit pas de “donner un nouveau souffle” à Naf Naf dans un avenir plus ou moins proche.Mercredi, les vendeuses et clientes de ses magasins parisiens se préparaient déjà à l’inéluctable. “Naf Naf vous dit au revoir”, pouvait-on alors lire sur plusieurs affichettes placardées sur les vitrines. Dans un climat de déstockage morose, portants dégarnis et cartons entassés, les employées dénonçaient auprès de l’AFP des directions successives qui “n’écoutent pas” et qui “reproduisent les mêmes erreurs”.De fait, la marque “Au Grand Méchant Look” a connu trois redressements judiciaires successifs, dont le dernier en mai en raison de difficultés de trésorerie.Cinq candidats dont deux sérieux s’étaient alors positionnés pour reprendre en partie Naf Naf: le groupe Amoniss, propriétaire de Pimkie, et Groupe Beaumanoir (Caroll, Bonobo, Cache Cache, Morgan, Sarenza, etc).L’offre d’Amoniss – qui proposait de reprendre 185 salariés et d’en reclasser 26 – a été rejetée jeudi par le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le groupe étant “en plan de sauvegarde depuis octobre 2024” et présentant de ce fait “une fragilité financière”, selon la décision que l’AFP a consultée.- Beaumanoir s’étoffe – Ainsi Groupe Beaumanoir a-t-il remporté la mise puisque jouissant d'”une situation financière solide”, a estimé la justice qui a détaillé : “des fonds propres positifs à hauteur de 365 millions d’euros” et “une trésorerie de 187 millions d’euros”.Dans le détail, Groupe Beaumanoir reprend 55 salariés et propose un reclassement à 253 d’entre eux, a rappelé le tribunal dans sa décision. Et entend exploiter 12 des 102 boutiques existantes, sous ses propres marques, dont Caroll.Le groupe familial français fondé par Roland Beaumanoir s’est dit “fier” jeudi dans un communiqué d’avoir racheté Naf Naf, marque “audacieuse et féminine, véritable phénomène de mode des années 90, bien connue pour ses slogans cultes et son style pop coloré” et qui “bénéficie d’une image positive forte ancrée dans le coeur des Français”.Groupe Beaumanoir, qui distribue 13 marques dans 40 pays et 2.700 magasins, et qui emploie près de 15.000 personnes, selon son site, avait déjà racheté partiellement la marque chérie des ados Jennyfer en juin, sauvant un tiers des quelque 1.000 emplois alors menacés.En juin 2024, le groupe basé à Saint-Malo avait également annoncé acquérir les activités et l’exploitation des marques américaines de Boardriders (Quiksilver, Billabong, Roxy, DC Shoes, Element, RVCA) en Europe de l’Ouest.Il étoffe donc son portefeuille déjà bien garni avec Naf Naf, marque française lancée en 1973 par deux frères, Gérard et Patrick Pariente, en hommage au “petit cochon le plus fort et le plus malin des trois”. Celle-ci acquiert une certaine notoriété en 1983 lorsque sa combinaison en toile de coton déclinée en plusieurs couleurs se vend alors à plus de 3 millions d’exemplaires.Un succès commercial qui prend de l’ampleur dans les années 1990 lorsque la marque lance des campagnes publicitaires très remarquées, avec pour slogan “Le Grand Méchant Look”.

Sous pression de l’opinion, le Conseil constitutionnel se prononce sur la loi Duplomb

La loi Duplomb passera-t-elle le crible du Conseil constitutionnel? Les Sages doivent rendre jeudi leurs conclusions très attendues sur la réintroduction sous conditions d’un pesticide interdit, ainsi que sur trois autres textes, notamment la réforme du scrutin municipal à Paris, Lyon et Marseille.Sur la loi agricole, la décision de l’institution, attendue à partir de 18H00, sera particulièrement scrutée. Elle enverra un signal tant sur le débat environnemental et sanitaire provoqué par le texte, que sur le droit parlementaire lié aux conditions de son examen.Présentée comme une réponse aux grandes manifestations agricoles de 2024, la loi Duplomb a été l’objet d’un fort mouvement de contestation malgré l’été, poussé par les défenseurs de l’environnement. Une pétition réclamant son abrogation a réuni plus de 2,1 millions de signatures.Un rassemblement est prévu à partir de 16H00 devant le Conseil constitutionnel à l’initiative du collectif opposé à cette loi et représentant les signataires de la pétition.  En cause notamment: la réintroduction à titre dérogatoire d’un pesticide de la famille des néonicotinoïdes. Nocif pour la biodiversité, mais toujours autorisé ailleurs en Europe, le retour de l’acétamipride est réclamé par certains producteurs de betteraves et de noisettes. Pour les parlementaires de gauche, qui ont saisi les Sages, le texte est contraire à la Charte de l’environnement, à valeur constitutionnelle. Notamment son principe de précaution, ainsi que le “droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé”.La gauche condamne également la procédure utilisée à l’Assemblée pour faire adopter le texte. Ses défenseurs l’avaient rejeté d’emblée pour contourner les quelque 3.500 amendements déposés – dont beaucoup par les écologistes et les Insoumis – empêchant leur examen dans l’hémicycle. “Il faut déconstruire ce message qui consiste à penser qu’on ne voulait pas le débat”, a assuré jeudi sur franceinfo le député écologiste Benoît Biteau. La gauche voulait “même saisir l’opportunité de ce texte pour un vrai débat sur l’agriculture”, a-t-il expliqué, rappelant que ce qui “menace” la souveraineté alimentaire de la France, “c’est l’effondrement de la biodiversité, c’est le dérèglement climatique, c’est pas la suppression d’une molécule ou d’une autre”. Mais difficile, même pour les experts en droit, de deviner quelles interprétations le Conseil constitutionnel, présidé par Richard Ferrand, privilégiera.La jurisprudence n’est à première vue pas favorable aux requérants. L’institution s’est déjà prononcée par le passé sur l’utilisation au Sénat d’une procédure de rejet équivalente – sans censurer.”Les échanges internes” des membres de l’institution de l’époque néanmoins “révèlent une gêne constante face à ces manœuvres procédurales”, a relevé dans une tribune l’ancien ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, appelant à protéger le droit d’amendement, affirmé dans la Constitution.Sur le fond, les Sages avaient aussi validé en 2020 une dérogation à l’utilisation des néonicotinoïdes – mais temporaire, et tout en reconnaissant leurs “incidences sur la biodiversité” et “risques pour la santé humaine”. Dans la loi Duplomb, la dérogation est prévue en cas de “menace grave compromettant la production agricole”, mais sans limite de temps – seule une clause de revoyure est prévue après trois ans. – Promulgation? -La FNSEA, puissant syndicat agricole dont est issu le sénateur LR Laurent Duplomb, n’a pas voulu s’exprimer avant la décision. Pour Véronique Le Floc’h, présidente du deuxième syndicat Coordination rurale, une censure sur l’acétamipride serait hypocrite: “Il aurait fallu que l’Etat donne des vrais moyens pour trouver des alternatives” face aux ravageurs. Mais pour la Confédération paysanne, troisième syndicat, la loi Duplomb répond “à des intérêts très particuliers d’une filière”, et non à la “colère agricole” de 2024 et aux problématiques de revenu des agriculteurs.De nombreuses sociétés savantes ont appelé le Conseil constitutionnel à censurer la loi, rappelant la “présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides” et “certains cancers” ou autres pathologies. Les parlementaires requérants visent aussi d’autres mesures du texte, adopté début juillet avec les voix de la coalition gouvernementale et de l’extrême droite. Entre autres: la facilitation des procédures d’autorisation de construction pour certains ouvrages de stockage d’eau.En cas de validation de la loi jeudi, les regards se tourneront vers Emmanuel Macron, qui aura quinze jours pour la promulguer… ou demander une deuxième délibération au Parlement, comme le pressent les contempteurs de la loi.- “PLM” -Autre texte aux forts enjeux politiques examiné par le Conseil: la réforme dite “PLM”. Elle instaure deux scrutins dans les trois plus grandes villes de France: l’un pour élire les conseillers d’arrondissement ou de secteur, l’autre pour ceux du conseil municipal, sur une circonscription unique.Les Sages ont été saisis par des députés et sénateurs de gauche, ainsi que les sénateurs Les Républicains.Le PS parisien pointe une réforme conçue pour favoriser la ministre de la Culture Rachida Dati (LR), et augmenter ses chances de ravir la mairie de Paris en 2026.Les Sages doivent également se prononcer jeudi sur la loi de “refondation” de Mayotte, notamment ses nombreuses mesures migratoires, ainsi que sur l’allongement de la rétention administrative pour certains étrangers.

Les nouveaux droits de douane américains entrent en vigueur pour des dizaines d’économies

Les nouveaux droits de douane américains sur les produits en provenance de dizaines d’économies sont devenus effectifs jeudi, esquissant le nouvel ordre commercial mondial voulu par Donald Trump.Ces surtaxes, entrées en vigueur à 04H01 GMT, une semaine après la signature du décret par le président américain, viennent remplacer, pour les économies concernées, celle de 10% appliquée depuis avril sur quasiment tous les produits entrant aux Etats-Unis.Il s’agit, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les Etats-Unis et ses partenaires, qui “profitent” d’après lui de la première puissance économique.”Il est minuit !!! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les Etats-Unis d’Amérique”, a-t-il claironné sur son réseau Truth Social quelques minutes après l’échéance. Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15% et 41%. L’Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud, qui comptent parmi les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, sont désormais concernés par un taux d’au moins 15%.Avant l’entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant dans le pays était de 18,4%, le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l’Université Yale.Cette hausse devrait porter ce taux à près de 20%, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Cela en ferait le plus élevé depuis le début des années 1930, selon le Budget Lab.Et de nouvelles annonces devraient suivre, puisque le locataire de la Maison Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés.Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100%, a-t-il précisé mercredi.- Sept accords -Certains pays ont tenté jusqu’au dernier moment de faire revenir les Américains sur leur décision, à l’image de la Suisse, frappée par un taux punitif de 39%. La présidente helvète Karin Keller-Sutter et son ministre de l’Economie, Guy Parmelin, sont rentrés jeudi matin après d’ultimes négociations à Washington.Le gouvernement suisse a annoncé jeudi la tenue d’une “séance extraordinaire en début d’après-midi” de son Conseil fédéral.Pour l’heure, alors que le gouvernement américain assurait que “des dizaines d’accords” seraient signés ces derniers mois, tout juste sept se sont matérialisés, notamment avec l’Union européenne, le Japon ou le Royaume-Uni.Il s’agit le plus souvent de pré-accords, devant être formalisés, accompagnés de promesses d’investissements massifs aux Etats-Unis.Rare exception, le Mexique a échappé aux nouvelles hausses. Le président Trump a prolongé de 90 jours les conditions douanières dont il bénéficie actuellement, à savoir 25% sur les produits entrant aux Etats-Unis en dehors de l’accord de libre-échange nord-américain.La trêve dans la guerre commerciale avec la Chine reste également en vigueur, les deux premières économies mondiales s’étant accordées le mois dernier sur le maintien d’une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations: les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois sont fixés temporairement à 30%, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10%.En revanche, l’heure n’est pas à la détente avec le Canada, qui a vu le 1er août augmenter la surtaxe appliquée sur ses produits, à 35%.Le Premier ministre canadien, Mark Carney, en a cependant relativisé l’impact, estimant que plus de 85% des exportations vers son voisin n’étaient pas concernées.- Recomposition -L’administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé la semaine dernière un décret imposant 50% de surtaxe douanière au Brésil, entré en vigueur mercredi. Là encore, les nombreuses exceptions font que moins de 35% des produits sont concernés, selon Brasilia.Cette surtaxe fait office pour Donald Trump de représailles contre les poursuites visant l’ex-président Jair Bolsonaro, son allié d’extrême droite, accusé d’avoir tenté un coup d’Etat après sa défaite à l’élection de 2022.L’Inde doit composer avec des droits de douane de 25%, qui passeront dans trois semaines à 50% sur certains produits, Donald Trump lui reprochant le manque d’ouverture de son économie et ses achats de pétrole russe sous sanction.Le Premier ministre Narendra Modi s’est dit prêt jeudi à payer “personnellement le prix” de la défense de l’Inde: “Nous ne compromettrons pas les intérêts de nos agriculteurs, de notre secteur laitier, de nos pêcheurs”, a-t-il déclaré à New Delhi.Les pays commencent à s’adapter à l’offensive douanière: le Brésil, qui a déposé plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), veut aider ses entreprises à diversifier leurs débouchés.Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d’une économie largement endettée.L’impact des droits de douane continue cependant d’inquiéter les économistes, qui les voient nourrir l’inflation (+2,6% en juin), avec le risque de ralentir la croissance, qui ne devrait pas dépasser 1% en rythme annualisé au second semestre, selon les prévisions.

Prêt-à-porter: Naf Naf repris partiellement par Groupe Beaumanoir (décision du tribunal)

L’enseigne iconique des années 90 de prêt-à-porter féminin Naf Naf, qui était en redressement judiciaire, a été partiellement reprise jeudi par Groupe Beaumanoir (Caroll, Bonobo, Cache Cache, Morgan, Sarenza, etc.), selon une décision de justice consultée par l’AFP.Le groupe a proposé de reprendre la marque Naf Naf et environ 300 salariés sur les quelque 600 que compte actuellement l’enseigne, selon le même document, ainsi que 12 boutiques sur les 102 existantes, mais pour les exploiter sous ses propres marques.Naf Naf avait été placé en redressement judiciaire en mai dernier en raison de “difficultés de trésorerie”, avait alors constaté le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) dans sa décision.Sur les cinq candidats, deux sérieux s’étaient alors positionnés pour reprendre en partie Naf Naf: le groupe Amoniss, propriétaire de Pimkie, et Groupe Beaumanoir.Amoniss proposait de reprendre 185 salariés et d’en reclasser 26, peut-on lire dans la décision.Mais jeudi, le tribunal a rejeté son offre, Amoniss étant “en plan de sauvegarde depuis octobre 2024” et présentant de ce fait “une fragilité financière” tandis que Groupe Beaumanoir jouit d'”une situation financière solide”, a estimé la justice qui a détaillé : “des fonds propres positifs à hauteur de 365 millions d’euros” et “une trésorerie de 187 millions d’euros”.Dans le détail, Groupe Beaumanoir reprend 55 salariés et propose un reclassement à 253 d’entre eux.L’enseigne “Au Grand Méchant Look” est en difficulté depuis des années et a connu trois redressements judiciaires successifs.En juin 2024, après un précédent redressement judiciaire, le repreneur turc Migiboy Tekstil s’était engagé à sauver 90% des emplois et conserver une centaine de boutiques en propre. A l’époque, la société avait offert plus de 1,5 million d’euros pour reprendre l’enseigne française.Ce faisant, l’entreprise turque avait sauvé 521 emplois sur 586 et une centaine de boutiques en France, et repris les filiales en Espagne, en Italie et en Belgique. 

La Bourse de Paris en petite hausse en dépit de l’entrée en vigueur des droits de douane US

La Bourse de Paris évoluait en légère hausse jeudi, soutenue par l’espoir d’une baisse de taux de la Fed en septembre, à l’entame d’une séance marquée par l’entrée en vigueur de droits de douane américains.Le CAC 40 prenait 0,14% vers 09H45, heure de Paris, soit 10,95 points à 7,645,98 points. L’indice vedette a gagné 13,99 points (+0,18%) et s’est établi à 7.635,03 points à la clôture mercredi.”Les espoirs d’une possible baisse des taux par la Réserve fédérale (Fed) stimulent l’optimisme sur le marché boursier alors que les nouvelles taxes douanières de Donald Trump, qui changent le paysage du commerce mondial, sont entrées en vigueur jeudi”, commente Patrick Munnelly, spécialiste en stratégie de marchés et associé de Tickmill Group. En effet, l’impact des droits de douane inquiète les économistes, qui les voient peser aux Etats-Unis sur l’inflation, avec le risque de voir la croissance ralentir.Depuis la publication vendredi de données décevantes sur le chômage aux Etats-Unis en juillet et une forte révision des données des mois de mai et juin, les investisseurs accordent désormais 95% de probabilité au scénario d’une baisse des taux de la Fed en septembre.De plus, “le sentiment des investisseurs s’est amélioré après l’annonce de Trump que les entreprises fabriquant des produits aux États-Unis pourraient bénéficier d’exemptions des droits de douane imminents, apaisant les craintes de perturbations des chaînes d’approvisionnement”, poursuit-il dans une note.Cette annonce coïncidait avec celle de Tim Cook, PDG d’Apple, d’augmenter de 100 milliards de dollars ses investissements prévus aux Etats-Unis, lesquels s’élèveront au total à 600 milliards sur quatre ans.Parmi les valeurs du secteur des semi-conducteurs de la cote parisienne, STMicroelectronics baissait de 1,67% à 20,86 euros vers 09H40, Soitec prenait 0,71% à 36,49 euros, X-Fab Silicon Foundries cédait 23,09% à 6,89 euros.A l’agenda de la séance, la réunion de politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE) est attendue, le marché anticipant “une baisse de taux de 0,25 point de pourcentage à 4,00 %”, soulignent les économistes de Deutsche Bank.Du côté des indicateurs, les investisseurs digèrent la publication de l’indice mesurant la production mensuelle de l’industrie allemande, qui a atteint en juin son plus bas niveau depuis mai 2020. De mai à juin, la production industrielle a chuté de 1,9%, tandis que les analystes sondés par Factset anticipaient un recul plus modéré, de 0,5%. Au contraire, les exportations ont grappillé 0,8%, légèrement mieux que ce que prédisait Factset (+0,5%).Valneva bonditLe laboratoire franco-autrichien spécialisé dans les vaccins bondissait de 5,19% à 3,65 euros vers 09H40 après avoir annoncé la levée de la suspension de l’agence de santé américaine Food and Drug Administration (FDA) du vaccin anti-chikungunya du groupe.

Les Bourses européennes ouvrent en ordre dispersé

Les Bourses européennes ont ouvert en ordre dispersé jeudi, prudentes à l’entame d’une séance marquée par l’entrée en vigueur de droits de douane américains.La Bourse de Paris prenait 0,27% dans les premiers échanges, Francfort grappillait 0,11% tandis que Londres, où le marché attend d’être fixé jeudi sur la décision de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, reculait de 0,23%.

Puces taxées à 100%: l’Asie sous pression pour investir aux Etats-Unis

L’Asie digérait jeudi l’annonce de Donald Trump de taxer à 100% les semi-conducteurs et d’accroître la pression sur les entreprises pour produire aux Etats-Unis: de quoi épargner potentiellement Apple, qui dévoile des investissements massifs, mais aussi le géant taïwanais des puces TSMC.Si les ventes de semi-conducteurs s’envolent à des niveaux record avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA), une épée de Damoclès menaçait le secteur depuis avril avec une enquête de Washington concernant la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de ces composants cruciaux.Or, le président américain a annoncé mercredi qu’il comptait taxer “autour de 100%” les puces importées aux Etats-Unis, sans indiquer de calendrier.”C’est une bonne nouvelle pour les entreprises qui produisent aux Etats-Unis (…) Si vous vous êtes engagé à y fabriquer ou si vous êtes en train de le faire, vous ne paierez rien”, a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche.A ses côtés, Tim Cook, le patron du géant électronique Apple – très gourmand en puces pour ses iPhones -, a justement promis mercredi 100 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans le pays.Les puces sont de longue date dans le viseur de Donald Trump, qui avait accusé Taïwan d’avoir “volé” l’industrie américaine des semi-conducteurs.Or, le mastodonte taïwanais du secteur TSMC, qui produit l’essentiel des semi-conducteurs les plus sophistiqués, utilisés aussi bien par Apple que par les équipements d’intelligence artificielle de pointe de Nvidia, pourrait lui aussi être relativement épargné.Soucieux d’amadouer Washington, il avait annoncé début mars investir 100 milliards de dollars aux États-Unis pour y construire des usines.Etant donné qu’il est “le principal exportateur de Taïwan, et qu’il dispose d’usines aux Etats-Unis, TSMC est exempté”, a déclaré jeudi Liu Chin-ching, directeur du Conseil national de développement taïwanais.L’enjeu est massif: Taïwan a exporté pour 7,4 milliards de dollars de semi-conducteurs vers les Etats-Unis en 2024.-“Orientation stratégique”-Signe d’un marché soulagé, TSMC s’envolait à la mi-journée de presque 5% à la Bourse de Taipei.Le Sud-Coréen Samsung Electronics, associé à Texas Instruments pour construire des usines de puces aux Etats-Unis, grimpait lui de 1,96% vers 04H30 GMT. Son compatriote SK Hynix gagnait 0,9%.La Corée du Sud, qui a exporté l’an dernier pour 10,7 milliards de dollars de puces aux Etats-Unis, a assuré jeudi compter sur le “traitement de la nation la plus favorisée” pour voir ses firmes exemptées.La surtaxe “aurait évidemment un impact sur l’orientation stratégique future des entreprises de semi-conducteurs”, explique à l’AFP Arisa Liu, chercheuse à l’Institut de recherche économique de Taïwan.”Les États-Unis étant le premier acteur mondial de l’IA et du calcul haute performance associé, cela concernera au premier chef les entreprises impliquées dans les procédés avancés” en particulier TSMC, ajoute-t-elle, tout en reconnaissant que “l’avenir reste très incertain” et que le renchérissement des coûts de production pourrait poser problème.Mais pour l’heure, avec des investissements en cours, “on n’en est pas encore à la production visée de TSMC aux Etats-Unis (…) et c’est encore pire pour Samsung, qui ne fait que commencer la production, et SK Hynix qui n’y a pas d’activité”, rappelle cependant à l’AFP Alicia Garcia-Herrero, économiste de Natixis.- “Indispensables” -Les menaces de Donald Trump ont d’ailleurs bousculé jeudi les valeurs technologiques japonaises: Tokyo Electron, fabricant majeur d’équipements pour la production de puces, chutait de 2,73%. Le fabricant de semi-conducteurs Renesas plongeait de 3,44%.Les PME japonaises du secteur, elles, “pourraient vaciller dans un premier temps (…) mais de nombreux équipements japonais sont indispensables à la plupart des fabricants de puces qui cherchent à accroître leur production américaine”, tempérait cependant Andrew Jackson, analyste de Ortus Advisors, cité par Bloomberg.Les Etats-Unis pourraient exempter “les puces haut de gamme et machines de lithographie”, mais un niveau de 100% “donnerait le coup de grâce aux producteurs de puces bas de gamme, en Malaisie, par exemple, ou aux exportateurs chinois de puces bon marché”, ajoute-t-elle.La politique américaine pourrait toutefois avoir un effet paradoxal, avertit Chiang Min-yen, du Research Institute for Democracy, Society, and Emerging Technology à Taïwan.Les fabricants de puces historiques n’ayant pas les poches aussi profondes que TSMC pour investir aux Etats-Unis pourraient voir leur production déstabilisée par ces surtaxes “au risque de favoriser la concurrence déloyale chinoise”, redoute-t-il.Avec pour danger de “se voir à terme de dépendre davantage des puces chinoises, ce qui nuirait à notre cybersécurité”, estime-t-il.burs-jug/ep/vmt

Les orchidées de Taïwan face au couperet douanier de Trump

Donald Trump ne lui a pas fait de fleur: Lee Tsang-yu, horticulteur taïwanais, a vu les surtaxes sur ses orchidées expédiées vers les Etats-Unis passer à 20%, en raison de la guerre commerciale initiée par Washington.Ce sexagénaire, qui a déjà traversé plusieurs crises, ne se décourage pas pour autant: il travaille à développer de nouveaux marchés, en Thaïlande notamment, et à étendre ses activités au Vietnam, en Indonésie et au Brésil, tout en réduisant la voilure pour les Etats-Unis.Même si “les Etats-Unis représentent un marché tellement énorme que nous ne pouvons pas nous en retirer, et nous ne le ferons pas”, concède-t-il.Sa société, Charming Agriculture, exploite quatre serres de la taille d’un terrain de rugby à Houbi, un district de Tainan, dans le sud-ouest de l’île.Avec plus de 300 cultivateurs recensés, Taïwan figure parmi les plus grands producteurs mondiaux d’orchidées.Les exportations de ce produit ont atteint 6,1 milliards de dollars de Taïwan (plus de 175 millions d’euros) en 2024, dont un tiers vers les Etats-Unis, son plus gros marché, selon les données officielles.Jusqu’à présent, la plupart des producteurs ont absorbé le coût des droits de douane de 10% imposés par Trump à presque tous ses partenaires commerciaux en avril, explique Ahby Tseng, 53 ans, secrétaire général de l’Association des producteurs d’orchidées de Taïwan.Mais “personne ne peut supporter” la totalité des droits de douane de 20% imposés par M. Trump à Taïwan la semaine dernière pour une entrée en vigueur jeudi, ajoute-t-il.Le gouvernement taïwanais a présenté comme “temporaires” ces surtaxes et espère toujours négocier des conditions plus favorables pour son économie, très dépendante des exportations de semi-conducteurs – sur lesquels Donald Trump a annoncé mercredi vouloir imposer 100% de droits de douane.- Baisse de la demande -Aucun compromis n’a été annoncé pour l’instant et la potion est d’autant plus amère pour les producteurs d’orchidées que les droits de douane américains ne s’élèvent qu’à 15% pour les produits importés des Pays-Bas, principal concurrent de Taïwan sur ce secteur.La différence de cinq points de pourcentage fait qu’il est “très difficile de répercuter immédiatement le coût sur les consommateurs, car ceux-ci peuvent choisir de ne pas acheter ou d’acheter d’autres types de fleurs”, affirme M. Tseng.Stocker des orchidées dans un entrepôt n’est pas non plus une option, étant donné que les plantes “continuent de pousser”.Si les droits de douane le préoccupent, M. Lee s’inquiète encore plus de la baisse de la consommation aux Etats-Unis en raison de la situation économique.Selon lui, “tout est devenu plus cher” en Amérique: “Depuis fin mai, nous avons déjà réduit nos expéditions de 15%. Avant cela, les Etats-Unis représentaient 45% de nos exportations.”L’horticulteur veut croire que les orchidées de Taïwan continueront de séduire les consommateurs, avec leurs fleurs qui selon lui durent plus longtemps que celles des Pays-Bas.Et il espère que les barrières douanières américaines finiront pas s’abaisser: “Trump ne sera pas président à jamais”.

Chine: le commerce extérieur solide en juillet, déjouant les prévisions

Le commerce extérieur chinois a bondi en juillet par rapport à l’an passé, selon des données des douanes publiées jeudi, déjouant les prévisions des économistes en pleine trêve dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington.Les deux premières économies mondiales se sont accordées le mois dernier sur le maintien d’une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations commerciales.Celle-ci fixe temporairement les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois à 30%, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10%.Dans ce contexte incertain, les exportations chinoises ont bondi en juillet (+7,2% sur un an), selon les statistiques officielles, dépassant la prévision d’économistes sondés par l’agence Bloomberg (5,6%).Les importations ont également grimpé de 4,1% sur un an, alors que les prévisions de l’agence Bloomberg tablaient sur une contraction.Mais la trêve tarifaire entre Pékin et Washington doit prendre fin mardi, date à laquelle les droits de douane pourraient revenir à des niveaux plus élevés.Et le doute persiste sur la capacité des deux puissances à s’entendre sur une trêve plus durable.Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, avait déclaré fin juillet après la dernière série de négociations à Stockholm que Donald Trump aurait le “dernier mot” sur toute extension de cette pause tarifaire.Le président américain s’est félicité de l’entrée en vigueur jeudi à 04H00 GMT de nouveaux droits de douane frappant des dizaines de partenaires commerciaux — dont une taxe spectaculaire de 35% sur le Canada.- Baisse attendue -Washington a notamment conditionné la poursuite des négociations avec Pékin à la livraison de terres rares par la Chine, après que celle-ci a imposé des restrictions à l’exportation de ces matériaux indispensables à l’industrie énergétique, électronique et de l’armement.Signe positif, les données des douanes chinoises publiées jeudi indiquent que les expéditions de terres rares sont restées solides en juillet, malgré une légère diminution après un pic en juin.L’absence d’accord entre les deux puissances pourrait peser lourdement sur le commerce de la deuxième économie mondiale.Les expéditions chinoises vers les Etats-Unis ont déjà chuté de 6,1% entre juin et juillet, selon les douanes chinoises, après avoir été un temps dopées par la constitution de stocks par crainte de nouveaux droits de douane.Le rebond des exportations observée en juillet a en réalité été porté par le commerce avec l’Europe et l’Asie, indiquent les données des douanes chinoises.Les exportations chinoises vers l’Union européenne ont ainsi grimpé de 9,2% sur un an en juillet, et de 16,2% vers les pays d’Asie du Sud-Est, d’après ces chiffres.La croissance des exportations chinoises “pourrait ralentir dans les mois à venir, la constitution anticipée de stocks pour échapper aux tarifs américains s’estompant”, anticipe Zhiwei Zhang, économiste en chef chez Pinpoint Asset Management.Les expéditions chinoises pourraient aussi être rapidement touchées par de nouveaux droits de douane américains sur les produits cherchant à contourner les tarifs via des pays tiers – notamment en Asie.”La grande question est de savoir dans quelle mesure les exportations chinoises ralentiront et comment cela se répercutera sur le reste de l’économie”, note Zhiwei Zhang.L’Etat-parti chinois s’est fixé l’objectif ambitieux d’une croissance “d’environ 5%” du PIB en 2025.Outre la guerre commerciale, le géant asiatique doit également faire face à une longue crise immobilière qui pèse sur le moral des consommateurs et les finances des collectivités locales.La croissance des importations en juillet “pourrait refléter une constitution de stocks pour certaines matières premières plutôt qu’un redémarrage plus général de la demande intérieure”, nuance ainsi Zichun Huang, économiste chez Capital Economics.Des données publiées la semaine dernière avaient indiqué un recul plus marqué que prévu de la production manufacturière, signe de difficultés persistantes.