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Le monde consommera toujours plus de pétrole, au moins jusqu’en 2050, estime l’Opep

Le monde devrait consommer encore plus de pétrole pendant de nombreuses années, au moins jusqu’en 2050, a assuré jeudi le patron de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole en jugeant “irréalisable” une sortie “rapide” des énergies fossiles, à rebours des efforts requis pour lutter contre le réchauffement de la planète. Dans son édition 2025 de son rapport sur les perspectives de la demande pétrolière mondiale, l’Opep estime que la consommation de pétrole augmentera de 18,6% entre 2024 et 2050, de 103,7 millions de barils par jour (mb/j) à environ 123 mb/j. “Il n’y a aucun pic de demande de pétrole en vue”, dans cette période de prévision, a déclaré le secrétaire général du cartel, Haitham al-Ghais, pour souligner qu’il n’y aurait pas de baisse de la consommation de pétrole au cours des 25 prochaines d’années. Bien au contraire. L’Opep a revu en hausse ses propres projections issues de son rapport 2024 qui tablaient sur une progression de 17% entre 2023 et 2050, de 102,2 millions de barils par jour (mb/j) à 120,1 mb/j.Elles sont à contre-courant de toutes les préconisations des experts du climat qui prônent une sortie rapide des énergies fossiles que sont le charbon, le pétrole et le gaz, pour contenir le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, l’objectif le plus ambitieux des accords de Paris de 2015.Elles sont aussi en fort décalage avec les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie qui anticipe que la consommation de pétrole de la planète devrait connaître “une légère baisse” en 2030 après avoir atteint un plus haut l’année précédente, une première depuis 2020, année hors norme du Covid.Pour l’organisation emmenée par l’Arabie saoudite, “la réalité d’aujourd’hui est que le monde consomme plus de bois, de pétrole, de charbon, de gaz, en fait, toutes les énergies, que jamais auparavant”.”Ces dernières années, il est devenu de plus en plus évident pour de nombreux décideurs politiques que le récit d’une élimination rapide du pétrole et du gaz était perçu pour ce qu’elle était: irréalisable et de l’ordre du fantasme”, a souligné le secrétaire général de l’Opep, très critique sur le rythme de la transition énergétique.”De nombreuses politiques initiales de neutralité carbone ont promu des calendriers irréalistes ou n’ont guère tenu compte de la sécurité énergétique, de l’accessibilité financière ou de la faisabilité (de ces mesures). Cet état d’esprit est en train de changer”, a-t-il fait valoir.- le charbon en baisse -L’Opep estime que la demande globale d’énergies devrait augmenter de 23% d’ici à 2050, tirée par l’augmentation de la population mondiale qui devrait passer de 8,2 milliards d’habitants en 2024 à presque 9,7 milliards en 2050, l’urbanisation croissante, les appétits en électricité des centres de données et la nécessité de fournir de l’énergie aux personnes qui en sont dépourvues dans les pays en développement.A l’exception du charbon dont la part est annoncée en recul de 27% en 2024 à 14% en 2050, l’Opep prévoit une hausse de la demande de toutes les sources d’énergies. Le pétrole et le gaz resteront majoritaires pour représenter encore une part combinée de 54%, – respectivement 30 et 24% – dans la consommation énergétique en 2050 : encore loin devant les énergies renouvelables autres que l’hydroélectricité (principalement l’éolien et le solaire) dont la place sera pourtant en forte progression, passant de 3% en 2024 à 14% en 2050.La demande de brut sera principalement portée par les pays hors OCDE, avec l’Inde en tête, qui verra sa consommation de pétrole croître de 8,2 millions de barils par jour en moyenne sur 2024-2050. La consommation d’or noir commencera à baisser vers 2040 en Chine, 2e plus grand consommateur mondial de pétrole après les Etats-Unis, et à partir de 2030 dans les pays de l’OCDE (pays développés). Par secteur, l’aviation, le transport routier et la pétrochimie resteront les principaux moteurs de la demande pétrolière.Pour étancher cette soif de brut, l’Opep évalue les investissements nécessaires dans le secteur pétrolier à 18.200 milliards de dollars d’ici 2050, soit environ 700 milliards par an en moyenne.

Von der Leyen échappe largement à la censure, mais pas aux critiques

La motion de censure visant Ursula von der Leyen a été largement rejetée jeudi au Parlement européen à Strasbourg, mais la présidente de la Commission n’a pas échappé aux critiques de ses alliés de gauche et du centre quant à sa méthode.Initiée par l’extrême droite, la tentative de censure a été soutenue par 175 députés – loin du minimum requis de 361 voix –  et repoussée par 360 élus.Issue de la droite, Ursula von der Leyen conserve le soutien des alliés sociaux-démocrates, centristes et d’une partie des Verts, malgré les tensions en interne.”Merci”, a-t-elle réagi sur les réseaux sociaux. “À l’heure où la situation mondiale est instable et imprévisible, l’Union européenne a besoin de force”.Un an après les élections européennes, l’épisode a permis de faire le point sur les équilibres politiques à Strasbourg. Répartie dans trois groupes, l’extrême droite n’a pas unanimement censuré la cheffe de l’exécutif. Les Italiens du parti de Giorgia Meloni, plus conciliants avec Mme von der Leyen, n’ont pas pris part au scrutin.Au sein de la gauche radicale, une douzaine d’eurodéputés ont soutenu la motion, mais la majorité du groupe était absente pour éviter d’être associée à une initiative d’extrême droite.Première force dans l’hémicycle, la droite (PPE) a quant à elle fait bloc autour de la présidente de la Commission. “Nous constituons le facteur de stabilité du projet européen. Nous avons donné à la Commission européenne la force dont elle a besoin”, a revendiqué le président du groupe conservateur Manfred Weber.- Un “soutien pas acquis” -L’hémicycle n’a pas fait le plein, signe du peu de suspense autour de cette initiative vouée à l’échec, mais aussi, peut-être, des crispations au sein du camp dit “pro-européen”. Cette tentative de censure avait en effet donné lieu à un débat agité dans l’hémicycle lundi. Ursula von der Leyen avait essuyé les critiques de la gauche et du centre, qui lui reprochent sa gestion trop verticale et accusent le PPE de cultiver l’ambiguïté avec l’extrême droite pour mieux remettre en cause des lois environnementales.”Notre soutien à Ursula von der Leyen n’est pas acquis”, a répété la présidente des centristes, Valérie Hayer, jeudi. “Nous demandons la reprise en main de sa famille politique pour cesser les alliances avec l’extrême droite”.En votant contre la censure, les sociaux-démocrates ont eux aussi voulu dire “NON à l’extrême droite et à ses initiatives destructrices”, a réagi leur cheffe Iratxe Garcia Perez. Mais “nous exigeons un engagement réel du PPE en faveur d’une Europe sociale, juste et verte”, a-t-elle réclaméC’est un eurodéputé roumain d’extrême droite, Gheorghe Piperea (ECR), qui a initié la motion de censure pour fustiger notamment le manque de transparence de la cheffe de la Commission dans le “Pfizergate”.La dirigeante allemande n’a jamais rendu public un échange de SMS avec le PDG de Pfizer Albert Bourla pendant la pandémie de Covid, quand l’Union européenne négociait l’achat de vaccins auprès de ce laboratoire américain.L’affaire a valu à la Commission des plaintes de diverses associations et personnalités opposées aux vaccins, ainsi que du New York Times qui a cherché en vain à accéder aux messages en question.Gheorghe Piperea avait plus largement reproché à la Commission “d’ignorer le Parlement”, en raison d’une “concentration non démocratique des décisions entre les mains” de Mme von der Leyen.Absent lors du débat lundi, le président du groupe des Patriotes, le Français Jordan Bardella, était présent lors du vote et a fait signe à ses troupes d’extrême droite de soutenir la censure, afin de contester “abus de pouvoir”, “écologie punitive” et “ruine des agriculteurs”.Combative lors du débat, Ursula von der Leyen était montée au créneau contre les initiateurs de la motion de censure, des “extrémistes”, “antivaccins” et admirateurs “de Poutine”, avait-elle lancé.

La plateforme Booking épinglée en France pour “pratiques restrictives de concurrence”

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour “pratiques restrictives de concurrence” envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d’ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.Booking a jusqu’au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les “clauses et pratiques non conformes” dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d’une “astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d’euros”, précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).Cette décision s’appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking “comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français”.La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, “il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l’autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties”. Or, “le fait d’entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article”, note-t-elle.Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à “garantir l’accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible”, et à “notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales”.”La plateforme se doit d’indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l’importance relative de ces paramètres par rapport aux autres”, indique encore la DGCCRF.Et “en cas de suspension ou de résiliation du compte d’une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs”, ajoute l’administration.L’Umih, principale organisation professionnelle dans l’hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'”avancée significative” que constitue cette injonction, qui doit permettre “un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme”. Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l’AFP que “bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l’enquête”, l’entreprise s’emploie “activement à dissiper toutes les préoccupations”.Elle assure avoir “collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d’élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d’hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs”.

Comment encadrer l’IA? L’UE dévoile plusieurs pistes

La Commission européenne a dévoilé jeudi des recommandations pour encadrer les modèles d’intelligence artificielle les plus avancés, comme ChatGPT.L’objectif derrière ce code de conduite est notamment d’aider les entreprises à se conformer à la législation européenne très ambitieuse sur l’IA, dont les principales mesures entreront en vigueur au cours des prochaines semaines.Nombre d’entreprises sont vent debout contre cette législation, inédite au niveau mondial. Dans une lettre publiée début juillet, 46 dirigeants dont ceux d’Airbus, Mistral, Mercedes-Benz et Lufthansa ont appelé à la suspendre temporairement.Publié jeudi après plusieurs reports, ce code de conduite, élaboré avec des experts indépendants, met l’accent sur les questions de droits d’auteur. Il recommande notamment d’exclure de ses modèles les sites connus pour des actes répétés de piratage.Les géants de l’IA signataires s’engageraient également à vérifier en permanence que leurs conversations ne contiennent pas de propos injurieux ou violents.Ces recommandations sont pensées pour les modèles d’IA dits à usage général, comme ChatGPT d’OpenAI, Grok de la plateforme X ou Gemini de Google. Elles ne sont en aucun cas contraignantes. Les entreprises signataires bénéficieront toutefois d’une “charge administrative réduite” quand il s’agira de prouver qu’elles se conforment bien à la législation européenne sur l’IA, promet la Commission.

Tutelle du FMI: “nous n’en sommes pas là”, dit le gouverneur de la Banque de France

“Nous n’en sommes pas là”, a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d’une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l’annonce d’un grand plan d’économies par Matignon.Le Fonds monétaire international “intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s’en sortir tout seul. Nous n’en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c’est maintenant qu’il faut agir”, a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris. “Je redis avec un peu de gravité, avec toute l’indépendance de la Banque de France, qu’il y a là un sujet d’intérêt national”, a affirmé le gouverneur, selon qui “il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France”.”J’espère que nous n’avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux”, a-t-il poursuivi, précisant qu’il n’avait lui-même “jamais employé cette expression”, à propos du mot tutelle.La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque “qu’un jour, les institutions internationales décident pour nous”, après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d’une “tutelle” des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d’économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d’euros.”Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains”, a dit M. Villeroy de Galhau.Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d’autant que l’Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d’intervention d’urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).L’économiste en chef de l’institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que “la question pourrait se poser mais, j’ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n’était fait (…), s’il n’y avait aucune volonté d’infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu’à un moment donné, la question se poserait”, avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.

En Chine, la canicule accélère les ventes des usines de glace

Dans un hangar à la périphérie de Hangzhou, dans l’est de la Chine, des ouvriers utilisent des pinces géantes pour faire glisser des blocs de glace blanche sur un rail métallique, direction le camion frigorifique.Les ventes de glace ont explosé ces dernières semaines, stimulées par les vagues de chaleur qui balayent tout le pays à mesure que l’été s’installe, explique à l’AFP Sun Chao, propriétaire de l’usine de glace Feichao.Dans le monde entier, les vagues de chaleur gagnent en fréquence et en intensité en raison du changement climatique, et la Chine ne fait pas exception. 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le pays, et cette année s’annonce également caniculaire.La semaine dernière, les autorités chinoises ont mis en garde contre les risques pour la santé de la chaleur sur une grande partie du territoire de l’est de la Chine, dont la région de Zhejiang, où est située la ville de Hangzhou.”Au printemps, en automne et en hiver, une hausse de température de deux ou trois degrés n’a pas d’impact important sur nos ventes. Mais en été, lorsque les températures sont légèrement plus élevées, la différence est importante”, explique  Sun Chao.Feichao est une usine relativement petite qui vend de la glace à des marchés traditionnels, aux transporteurs de produits et aux organisateurs d’événements.Alors que le mercure a récemment dépassé les 40 degrés Celsius dans de nombreuses villes de Chine, de la glace comme celle de Feichao est utilisée pour refroidir d’immenses espaces en plein air.Dans la province voisine du Jiangsu, les organisateurs d’un match de football auquel assistait 60.000 spectateurs ont placé plus de 10.000 grands blocs de glace autour du stade, selon le quotidien d’Etat Global Times. – 300 à 400 tonnes par jour -Mercredi, au moment où l’AFP observait le chargement des camions de l’usine Feichao, un employé d’un magasin de fruits de mers avoisinant s’approche pour acheter deux blocs de glace – environ 3 euros chacun – et les transporter dans deux grands sacs en plastique.”En mai et juin, je peux vendre environ 100 tonnes par jour. En juillet, ce chiffre augmente et je peux vendre environ 300 à 400 tonnes”, relève Sun Chao.Cela fait plusieurs années que la Chine doit faire face en été à des conditions météorologiques extrêmes.En juin, les autorités ont émis des alertes à Pékin quand les températures dans la capitale ont atteint près de 40 degrés Celsius. Selon les médias d’État, 102 stations météorologiques à travers le pays avaient enregistré la journée de juin la plus chaude de leur histoire.Au cours du même mois, six personnes ont été tuées et plus de 80.000 évacuées en raison d’inondations dans la province de Guizhou, au sud. La Chine est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde, qui sont à l’origine du changement climatiques, de l’avis général des scientifiques. Toutefois, le pays mène également sur le plan des énergies renouvelables, développant ce secteur à un rythme plus rapide que n’importe quel autre pays.

Trump annonce des droits de douane de 50% sur le cuivre et cible le Brésil

Le Brésil et le cuivre sont les deux nouvelles cibles de l’offensive douanière de Donald Trump, le premier au nom de la défense de l’ex-président Jair Bolsonaro, jugé pour tentative de coup d’Etat, et le deuxième en vue de protéger la “sécurité nationale”.”J’annonce une surtaxe de 50% sur le cuivre, qui entrera en vigueur le 1er août 2025, après avoir reçu une évaluation approfondie en matière de sécurité nationale”, a déclaré mercredi le président américain sur son réseau social, faisant apparemment référence à une enquête du département du Commerce.”Le cuivre est le deuxième matériau le plus utilisé par le ministère de la Défense!” a-t-il tempêté, évoquant les besoins du pays pour fabriquer semi-conducteurs, avions, navires, munitions, centres de données et systèmes de défense anti-missiles, entre autres.Au nom du rééquilibrage des relations commerciales au profit des Etats-Unis, Donald Trump a imposé en avril une surtaxe plancher de 10% sur les importations, y compris si elles ne peuvent être produites sur place, mais avec des exemptions, notamment pour l’or, le cuivre, le pétrole et les médicaments.Il est revenu mardi sur ces exceptions, envisageant notamment une surtaxe de 200% sur les produits pharmaceutiques et de 50% sur le cuivre. La menace a fait s’envoler le cours du métal de près de 10% à New York mardi, dépassant son sommet historique. Sur le marché de Londres en revanche, la réaction a été plus modérée, avec +0,43% jeudi vers 09H00 GMT pour le cours du cuivre.Si les droits de douane sur le cuivre entrent en vigueur, les prix des produits fabriqués avec ce métal (réfrigérateurs, voitures, etc.) pourraient grimper, comme pour les autres produits surtaxés à l’importation.Les marchés semblent cependant pour l’instant peu inquiets de ces annonces. Les deux principales Bourses européennes, Francfort et Londres, ont franchi de nouveaux records jeudi matin, apparemment optimistes quant à l’issue des négociations imposées par Washington à ses partenaires, notamment celles en cours avec l’Union européenne.- Brésil -Le président américain a aussi annoncé mercredi une surtaxe de 50% sur les produits brésiliens, jusqu’ici épargnés, car les Etats-Unis dégagent un excédent commercial dans leurs échanges avec le géant sud-américain. Dans un courrier adressé à son homologue Luiz Inacio Lula da Silva, M. Trump affirme que ces droits de douane seront imposés en réponse aux poursuites lancées contre Jair Bolsonaro, jugé dans son pays pour tentative de coup d’Etat.”La manière dont le Brésil a traité l’ancien président Bolsonaro (…) est une honte internationale”, écrit M. Trump dans son courrier, estimant que les poursuites contre l’ex-dirigeant brésilien d’extrême droite sont “une chasse aux sorcières (qui) doit cesser immédiatement”.”Toute mesure de hausse des droits de douane de manière unilatérale aura une réponse à la lumière de la Loi brésilienne de réciprocité économique”, a rétorqué le président Lula dans un communiqué.- “Arbitraire”La Chine a, elle, critiqué jeudi la décision “arbitraire” du président américain sur le cuivre.”Nous nous sommes toujours opposés à l’élargissement excessif du concept de sécurité nationale”, invoqué par M. Trump pour motiver sa décision, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, pour qui “l’imposition arbitraire de droits de douane ne sert les intérêts d’aucune partie”.Depuis lundi, une vingtaine de pays ont reçu un courrier annonçant la surtaxe qui s’appliquera à compter du 1er août sur leurs produits entrant aux Etats-Unis.Lundi, quatorze pays, principalement asiatiques, avaient reçu une lettre, annonçant des surtaxes allant de 25% (Japon, Corée du Sud, Tunisie notamment) à 40% (Laos, Birmanie) en passant par 36% (Cambodge, Thaïlande). S’y sont ajoutés depuis Algérie, Libye, Irak, Sri Lanka, Moldavie, Brunei et Philippines, avec des taux entre 20% et 30%. – Pause prolongée -Donald Trump avait affirmé mardi qu’il comptait envoyer d’autres lettres cette semaine, notamment à l’UE.Un porte-parole de la Commission européenne a assuré mercredi que Bruxelles comptait parvenir à un accord avec les États-Unis “dans les prochains jours”.Les Européens espèrent éviter toute surtaxe (au-delà du plancher de 10%), avec des exemptions pour des secteurs-clés comme l’aéronautique, les cosmétiques et les boissons alcoolisées.Après un premier report, les nouvelles surtaxes devaient entrer en vigueur le 9 juillet. Mais M. Trump a signé lundi un décret pour repousser au 1er août.Dans ses lettres, M. Trump assure que toute riposte sera sanctionnée par une surtaxe additionnelle de même ampleur.Le président américain avait annoncé début avril des droits de douane punitifs allant jusque 50% sur les produits des pays ayant un excédent commercial avec les Etats-Unis, avant d’instaurer, face à la panique des marchés, une pause de 90 jours afin de négocier des accords bilatéraux.Pour l’heure, seuls deux ont été annoncés, avec le Royaume-Uni et le Vietnam, alors qu’un compromis a été paraphé avec la Chine.

Orly: couvre-feu plus strict mais pas de réduction du nombre de vols

Le gouvernement a annoncé jeudi avoir durci les conditions d’exploitation des vols nocturnes à l’aéroport de Paris-Orly pour réduire les nuisances sonores, sans aller jusqu’à abaisser leur nombre, comme le demandaient des écologistes et des riverains.Parmi les nouvelles mesures, “la mise en place d’un couvre-feu partiel, dès 22h00, pour les aéronefs les plus bruyants – seuls les aéronefs les plus vertueux pourront atterrir et décoller après 22h00”, a expliqué le ministère chargé des Transports dans un communiqué.Le gouvernement a également décidé une “limitation stricte des dérogations au couvre-feu, désormais limitées aux cas relevant de la sécurité, de la sûreté ou de l’ordre public”.Il a par ailleurs précisé que le couvre-feu nocturne serait “désormais fondé sur l’heure de départ du poste de stationnement (23h15), et non plus de l’heure de décollage (23h30)”.”Cette mesure, plus contraignante, tient compte du faible écart entre les deux horaires, généralement inférieur à 10 minutes et crée un référentiel plus clair”, selon le ministère.L’aéroport, le deuxième de France par la fréquentation après Charles-de-Gaulle, a accueilli 33,1 millions de passagers en 2024, soit 106,8% de son niveau de 2019, avant la crise sanitaire.Inauguré en 1961 et désormais enclavé dans un tissu urbain très dense, à une dizaine de kilomètres au sud de Paris, il a vu son nombre de décollages et atterrissages plafonné à 250.000 par an depuis 1994.Pour préserver le sommeil des riverains, il est en outre soumis à un strict couvre-feu entre 23h30 et 06h00 du matin.Son gestionnaire, le groupe ADP, prévoit d’ici à 2035 une hausse de 16% du nombre de voyageurs, mais une “stabilisation” du nombre de mouvements, à 229.000, fruit d’avions plus grands et mieux remplis.Selon le ministère, les mesures annoncées jeudi “constitue(nt) un compromis équilibré entre l’amélioration de la qualité de vie des riverains et le maintien des conditions d’activité de l’aéroport, structurant pour le développement économique et l’emploi sur le territoire”.En mars 2024, des centaines de militants écologistes et membres d’associations de riverains, notamment de la commune d’Orly (Val-de-Marne), s’étaient mobilisés dans toute la France contre les nuisances du trafic aérien, appelant à le plafonner.Outre les conséquences du secteur aérien sur le climat, ils avaient fait valoir, études sanitaires à l’appui, que le bruit des aéronefs affectait “directement et gravement la santé des populations survolées”.Jeudi, le gouvernement a promis “un plan national destiné à accroître le recours aux aides à l’insonorisation autour des grands aéroports français, aujourd’hui sous-utilisées”.

Poêles en Téflon “sûres”: Tefal et Seb attaqués en justice par des associations

Le groupe Seb et sa filiale Tefal sont visées par une plainte d’ONG qui les accusent de “pratiques commerciales trompeuses” pour avoir affirmé que leurs poêles en Téflon étaient “sûres”, ont annoncé les associations jeudi.La plainte, qui émane de France nature environnement (FNE), Générations futures et l’Association citoyenne et laïque des consommateurs (ACLC), porte sur une campagne publicitaire datant de 2024 ainsi que sur une communication figurant sur le site internet de la marque Tefal. Elle a été envoyée au parquet de Paris mercredi matin, a indiqué FNE à l’AFP.En “assurant que les revêtements antiadhésifs de ses poêles sont reconnus comme sûrs car contenant du PTFE (polytétrafluoroéthylène, autre nom du Téflon, ndlr) et non des PFOA”, des PFAS (ou polluants éternels) interdits, le groupe “omet de mentionner le risque de rejets dans l’environnement de substances en raison de l’utilisation de PTFE, tout au long du cycle de vie des produits ainsi que les risques sur la santé lors de l’utilisation des poêles de la marque”, font valoir les associations dans un communiqué.”Il est inadmissible de communiquer de cette manière alors que la santé des populations, particulièrement des travailleuses et travailleurs, et de l’environnement est en jeu”, s’insurge Anne Roques, juriste de FNE.Le groupe Seb a déclaré jeudi “prendre acte de cette nouvelle action” et rappelé que “les autorités sanitaires” ainsi que les “agences de santé du Canada et de l’Australie ont depuis des décennies confirmé la sécurité du PTFE”.Selon le site du ministère de la Santé français, “le PTFE fait en théorie partie des PFAS, mais sa stabilité et sa sécurité ont été confirmées, ce qui n’est pas le cas de la vaste majorité des PFAS”. Les associations arguent que le Centre international de recherche contre le cancer (Circ), une agence onusienne, a conclu à “l’insuffisance de données pour classifier le PTFE en tant que cancérogène, mais ne se prononce pas sur l’absence de cancérogénicité ni sur le fait que le PTFE est +sûr+”.Interrogé par l’AFP en avril 2024, le Circ n’avait pas souhaité commenter les affirmations de SEB sur l’innocuité du Téflon, “en raison de l’ancienneté” de ses évaluations.Le même mois, les députés avaient adopté une proposition de loi écologiste visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, excluant toutefois les ustensiles de cuisine, après une forte mobilisation des fabricants, notamment Tefal. Le texte définitif, promulgué en février 2025, conserve cette exclusion.

Modération des contenus: une étude met en doute l’efficacité des notes de contexte sur X

Présentées comme une alternative à la vérification des contenus (fact-checking), les notes de contexte proposées par les utilisateurs de X semblent inefficaces pour lutter contre la désinformation sur internet, selon une nouvelle étude américaine.Plus de 90% de ces notes de contexte ne sont en effet jamais publiées sur X, indique cette enquête publiée mercredi par l’ONG américaine Digital Democracy Institute of the Americas (DDIA, Institut pour la démocratie digitale des Amériques). Un constat qui risque de relancer les critiques sur le retrait de plusieurs réseaux sociaux de la modération et vérification des contenus, comme annoncé par Meta en janvier dernier. Sur X (ex-Twitter), les utilisateurs peuvent depuis plusieurs années proposer, en dessous d’une publication, un commentaire, ou “community note”, pour ajouter du contexte ou signaler une erreur factuelle.C’est ensuite aux autres utilisateurs, par un système de vote, de dire s’ils considèrent ce commentaire utile ou non. Si suffisamment de personnes votent en sa faveur, la note est rendue visible pour l’ensemble des internautes en-dessous de la publication d’origine.En étudiant 1,76 million de ces notes proposées entre janvier 2021 et mars 2025, le DDIA a conclu que “la vaste majorité des notes soumises – plus de 90% – ne parviennent jamais au public”.-Encore trop lent-“Pour un système promu comme rapide, facile à étendre et transparent, ces chiffres devraient soulever de graves inquiétudes”, souligne l’ONG américaine dans son étude.En 2023, 9,5% des notes soumises en anglais étaient publiées, contre seulement 4,9% début 2025, selon elle. La dynamique est cependant inverse pour les notes en langue espagnole (3,6% en 2023, 7,1% en 2025).Une grande partie des notes qui restent non-publiées le sont par manque de consensus lors de la phase de vote, tandis que d’autres ne sont même jamais proposées au vote, explique l’étude.L’augmentation du nombre de notes semble provoquer un “goulot d’étranglement” pour leur visibilité, “spécialement en anglais”, souligne l’enquête, estimant que “de nombreuses notes restent perdues dans les limbes, invisibles et non évaluées” par d’autres.Les enquêteurs du DDIA ont aussi montré que le plus gros fournisseur de notes en anglais n’est pas un être humain, mais un bot conçu pour signaler les arnaques sur les crypto-monnaies, qui a soumis plus de 43.000 notes entre 2021 et mars 2025. Seules 3,1% de ses notes ont été publiées.L’étude a cependant relevé du progrès dans le délai nécessaire pour qu’une note soit mise en ligne, passant d’une moyenne de plus de 100 jours en 2022 à 14 jours en 2025.-TikTok et Meta aussi-Ces “community notes”, lancées par X sous la direction de Linda Yaccarino, qui a démissionné mercredi, sont désormais envisagées par les concurrents TikTok et Meta.Le patron de Meta, Mark Zuckerberg a annoncé en janvier mettre fin à son programme de vérification des contenus par des journalistes aux Etats-Unis, assimilant cette pratique à de la “censure”, reprenant les termes du parti Républicain au pouvoir.Le volume de contenus nocifs, y compris haineux, a augmenté depuis lors sur ses plateformes (Facebook, Instagram, Threads…) aux Etats-Unis, selon une enquête publiée en juin par des organisations de défense des droits numériques et humains, notamment UltraViolet, GLAAD et All Out.L’Union européenne, qui s’est dotée d’un texte visant à endiguer les contenus illégaux et la désinformation sur internet (le DSA), pourrait avoir bientôt à trancher sur les obligations précises des réseaux sociaux à ce sujet.L’AFP participe dans  plus de 26 langues à un programme de vérification des faits développé par Facebook, qui rémunère plus de 80 médias à travers le monde.