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L’Oréal et le festival, un partenariat qui le vaut bien

Maquillage, coiffure, égéries, tapis rouge: derrière le glamour des marques partenaires du Festival de Cannes se cache un business bien rodé qui peut rapporter gros en termes d’image et de ventes comme pour L’Oréal Paris, partenaire depuis 28 ans.L’Oréal Paris s’affiche partout sur la Croisette, à commencer au Martinez où la marque occupe un étage entier. Y sont installées des salles où une trentaine de maquilleurs et une quinzaine de coiffeurs auront en 15 jours réalisé 2.000 “mises en beauté” dont celles des ambassadrices de la marque telles Viola Davis, Jane Fonda ou encore Elle Fanning. “On n’a pas encore les batteries pour sèche-cheveux… Tant pis, on fera des chignons”, s’amuse samedi un coiffeur alors que règne un calme inhabituel, la faute à la coupure d’électricité qui touche la région. Pour le joaillier Chopard, également partenaire du festival, “c’est le luxe, la palme d’or” mais “pour L’Oréal Paris qui est une marque de grand public, s’associer à Cannes, c’est lui donner cette image de luxe, alors qu’elle n’est pas une marque de luxe”, explique à l’AFP Julie El Gouzzi, auteure de “Manuel du luxe”. Le Festival de Cannes, “est très riche en termes d’image”, abonde Laurence Lim, dirigeante de l’agence Cherry Blossoms Intercultural Branding, “c’est le glamour associé à la culture que n’ont pas du tout le Met Gala, les Oscars, etc.”. “Une féministe peut aussi être belle !”, déclare Jane Fonda à l’AFP. “Je me sens très à l’aise à Cannes avec L’Oréal Paris. C’est une marque que je respecte vraiment. L’année prochaine cela fera 20 ans que je suis avec eux”, a-t-elle ditMais surtout, le Festival de Cannes, “pour toutes les marques qui sont présentes, c’est un moment pour créer du contenu pour les réseaux sociaux”, selon Julie El Ghouzzi. “Ces 15 dernières années ce qui a changé, c’est la digitalisation de notre métier”, confirme à l’AFP Delphine Viguier-Hovasse, la patronne de L’Oréal Paris. – 5 milliards de vues -“Cannes, c’est 5 milliards d’occasions de voir L’Oréal Paris sur les réseaux sociaux”, dit-elle. Si une dizaine de personnes gèrent les réseaux sociaux pendant le festival, le travail a aussi été fait en amont.”Au moment où Alia Bhatt (actrice indienne égérie de L’Oréal, NDLR) a posé le pied sur le tapis rouge, le look, le rouge à lèvres, le fond de teint, la laque” utilisés pour la maquiller, “étaient mis en ligne sur le site indien de vente Nykaa”, explique la patronne de la marque. Une stratégie payante puisque “sur la journée d’Alia Bhatt, on a une progression de 80% des ventes de maquillage en Inde sur Nykaa”, selon elle. L’actrice a plus de 86 millions d’abonnés sur Instagram. En termes de Media Impact Value (MIV), un indicateur de Launchmetrics, qui attribue une valeur monétaire réelle aux stratégies marketing, le joaillier Chopard arrivait en tête lors du festival de Cannes en 2024 avec 32,3 millions de dollars de MIV, suivi de L’Oréal Paris (28,7 millions de dollars) et de Dior (26,8 milions de dollars). “Le risque”, pour les marques, dont L’Oréal Paris, “c’est l’importance de la croissance de la fierté nationale” notamment dans des pays comme la Chine et l’Inde, selon Laurence Kim, or “les célébrités sous les feux de la rampe au Festival de Cannes sont surtout américaines”. Et gare au faux pas comme lors du Met Gala de New York cette année qui a été “énormément critiqué en Inde parce que les célébrités de Bollywood qui étaient présentes ont été ignorées”.”Ce qui est important ce n’est pas ce qui se passe à Cannes, c’est la résonance de l’événement”, selon Alexis Perakis-Valat, directeur général de la division produits grand public.Le groupe L’Oréal, “a fait 50% de croissance l’année dernière sur les pays émergents (Amérique Latine, Moyen-Orient, Inde…)”, rappelle-t-il. En 2024, L’Oréal Paris a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 7 milliards d’euros, en hausse de 9,2%. Le groupe L’Oréal a réalisé plus de 43 milliards d’euros de ventes.

Transport des malades: les taxis n’excluent pas de nouvelles actions d’ici mardi

Les chauffeurs de taxis ont décidé de prolonger leur mobilisation et n’excluent pas de nouvelles actions d’ici mardi, date du début du réexamen du projet de réforme de la tarification des transports de patients annoncé par le Premier ministre.”Attendant des mesures concrètes, les taxis ont décidé le prolongement de leur mobilisation. Déterminée, la profession maintient les pôles de mobilisation et poursuit l’organisation d’actions et d’opérations escargot”, a déclaré l’intersyndicale dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche.A l’issue d’une rencontre avec les représentants des chauffeurs, François Bayrou a annoncé samedi soir le réexamen à partir de mardi de la convention qui prévoit une unification des tarifs pour le transport des malades, ainsi qu’un travail sur le respect des règles par les plateformes de VTC, deux revendications majeures des taxis.Dès samedi soir, certains, notamment parmi les taxis indépendants, avaient annoncé leur intention de rester dans la rue jusqu’à lundi, notamment Boulevard Raspail à Paris, près du ministère des Transports.”Les fédérations ont reçu un véritable accueil du Premier ministre. Il y a des choses qui vont être remises sur la table. Mais en attendant, les chauffeurs veulent maintenir la pression et se méfient. Ils attendent de voir le suivi des annonces”, a déclaré à l’AFP Dominique Buisson, de la Fédération nationale du taxi (FNDT).”Pour l’instant, il n’y a pas de blocage prévu ce dimanche à Roland-Garros ou ailleurs (gares, aéroports), mais cela peut changer. Ca se décide sur le terrain”, a-t-il ajouté.Les chauffeurs de taxis sont mobilisés depuis une semaine contre une convention qui va modifier leur rémunération pour le transport de malades. Le nouveau système entend reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).Le réexamen prévu dans les prochaines semaines devra toutefois se faire “sans changer la date d’application” du texte et la cible en matière d’économies, a précisé François Bayrou.

Royaume-Uni: la South Western Railway devient la première compagnie ferroviaire renationalisée

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l’Angleterre, est devenue dimanche la première à repasser dans le giron public dans le cadre de la campagne de renationalisation du rail du gouvernement travailliste britannique.Tous les opérateurs ferroviaires britanniques devraient être renationalisés d’ici la fin 2027. Cette réforme avait été annoncée dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet, après 14 ans de gouvernement conservateur. “La South Western Railway appartient désormais au secteur public. Et ce n’est qu’un début”, a écrit dimanche sur X le Premier ministre Keir Starmer. “Cela se traduira par un meilleur service, une billetterie plus simple, et des trains plus confortables”, a-t-il affirmé.La privatisation des opérateurs ferroviaires a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l’Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l’opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.Le nombre de passagers s’est accru dans un premier temps, tout comme les investissements. Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l’opinion publique. Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix. Selon des chiffres officiels, 4% des trains ont été annulés cette année au Royaume-Uni.”Aujourd’hui marque une nouvelle ère pour nos chemins de fer”, a dit la ministre des Transports Heidi Alexander, en montant dimanche matin à 06H14 (05H14 GMT) dans le premier train partant de la gare londonienne de Waterloo après la renationalisation de South Western Railway.  “Nous laissons derrière nous 30 années d’inefficacité, de trains en retard”, a-t-elle ajouté. – “L’intérêt des passagers” -Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.Quatre opérateurs sur quatorze en Angleterre sont repassés sous contrôle public ces dernières années en raison de leurs mauvaises performances. Mais l’idée était initialement de les gérer temporairement avant un retour au secteur privé.La majorité travailliste, au pouvoir depuis juillet, a approuvé fin novembre une loi qui impose de nationaliser les opérateurs privés à l’expiration de leurs contrats (voire plus tôt en cas de mauvaise gestion) pour les regrouper dans un organisme nommé “Great British Railways”.Le fait d’attendre la fin des contrats permet, selon le gouvernement, d’éviter de payer des compensations aux exploitants actuels. Ils expireront tous d’ici 2027.Les syndicats du secteur, qui ont lancé ces dernières années une vague de grèves sous la pression de la crise du pouvoir d’achat provoquée par l’inflation, ont salué la reprise en main par l’Etat.”Tout le monde dans le secteur ferroviaire sait que la privatisation (…) n’a pas fonctionné et ne fonctionne toujours pas”, a commenté Mick Whelan, secrétaire général du syndicat des conducteurs de trains Aslef, dans des déclarations publiées jeudi.Le retour de ces compagnies dans le giron public “garantira que les services soient gérés dans l’intérêt des passagers, et non des actionnaires”, mais résoudre “les problèmes structurels qui entravent le réseau ferroviaire (…) prendra du temps”, a prévenu la ministre Heidi Alexander.Le gouvernement avait annoncé en décembre que la première compagnie concernée serait South Western Railway. Suivront la société c2c le 20 juillet puis Greater Anglia le 12 octobre.Les opérations de South Western Railway sont désormais gérées par un nouvel opérateur public qui aura vocation à être intégré à Great British Railways une fois que l’entreprise sera créée.

Législatives au Suriname pour décider qui gérera la future manne pétrolière

Entre continuité autour de l’actuel président Chan Santokhi, ou retour de la domination du parti de l’ex-président récemment décédé Desi Bouterse, le Suriname va élire ses députés à l’Assemblée qui décidera du nouveau tandem présidentiel de ce petit pays pauvre d’Amérique du sud promis à des lendemains meilleurs grâce au pétrole. Cette ancienne colonie néerlandaise, minée depuis son indépendance en 1975 par des rebellions et coups d’Etat, dispose d’importantes réserves pétrolières off-shore découvertes récemment. Elles devraient offrir au pays, où 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, une importante manne financière à partir de 2028, quand débutera la production.Le président sortant Chan Santokhi, ancien policier puis ministre de la Justice, rendu célèbre pour sur la lutte contre la corruption et le trafic de drogue, vise un deuxième mandat.Auteur de réformes économiques impopulaires pour sortir du surendettement, il promet des investissements dans divers domaines grâce à l’or noir mais fait face à l’ombre de l’ancien président Desi Bouterse (2010-2020), qui avait dirigé le pays d’une main de fer après un coup d’Etat en 1980. Condamné aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne et au Suriname pour le meurtre d’opposants en 1982 lorsqu’il était chef de la junte, Bouterse est décédé en décembre dans la clandestinité. Sa figure reste toutefois célébrée, notamment parmi la classe populaire où son franc-parler faisait merveille.Les intentions de vote donnent un légère avance au camp du VHP, le parti de M. Santokhi, sur le NDP de Boutserse désormais dirigé par Ashwin Adhin, ex-vice-président, et Jennifer Simons, présidente de l’Assemblée nationale.Sur les 51 sièges du Parlement, le VHP en décrocherait entre 16 et 18, pas assez pour gouverner seul, et le NDP entre 14 et 16. Les deux partis affirment qu’ils ne feront pas alliance.Avec un corps électoral de 399.937 inscrits, la marge d’erreur est grande, et l’incertitude sur le score tout autant. L’ABOP de l’actuel vice-président et ancien chef rebelle Ronnie Brunswijk, également condamné pour trafic de cocaïne, et le NPS de Gregory Rusland pourraient faire office d’arbitres. Le NPS est le parti de l’ancien président Ronald Venetian, qui a dirigé le pays de 1991 à 1996 puis de 2000 à 2010.Sans compter les petits partis qui décrocheront un ou plusieurs sièges… qu’ils monnayeront pour une place dans le futur gouvernement.Les résultats ne seront que provisoires dimanche soir. Une fois qu’ils seront rendus officiels par l’autorité électorale, d’ici trois semaines, la nouvelle Assemblée nationale aura un mois pour se réunir et élire à la majorité des deux-tiers le président et le vice-président.- Plus de 700 candidats -Parmi les plus de 700 candidats des 14 partis en lice aux législatives figure Ingrid Bouterse-Waldring, la veuve de Desi Bouterse, sous le mandat duquel le Suriname était considéré comme un narco-Etat, selon des sources diplomatiques.  L’arrivée au pouvoir de M. Santokhi avait rassuré les marchés financiers et les institutions internationales, notamment le Fonds monétaire international qui avait accordé un prêt pour aider le pays à restructurer sa dette abyssale. Mais les survols non-autorisés d’avions, considérés transportant de la cocaïne notamment produite en Colombie, ont eux augmentés depuis 2020, selon les mêmes sources.Cette élection décidera quel parti prendra les rênes d’un pays aux finances assainies mais à sec en attendant les dividendes du pétrole avec l’exploitation d’un bloc offshore à 220.000 barils par jour. C’est beaucoup plus que les 5 à 6.000 aujourd’hui, et cette manne va transformer un Suriname en manque criant d’infrastructures, mais pas forcément assez pour devenir un nouvel eldorado, selon des spécialistes qui tempèrent l’euphorie.”Cet argent sera utilisé pour la diversification de notre économie”, a assuré à l’AFP M. Santokhi, citant agriculture, tourisme, santé, éducation et énergies vertes.Malgré l’exploitation d’énergies fossiles, il se dit certain que le pays néerlandophone, couvert à 90% de forêts et affecté par l’érosion côtière, continuera d’être l’un des rares au monde à absorber plus de dioxyde de carbone qu’il n’en émet. 

Transport des malades: les taxis rencontrent Bayrou, le projet retravaillé dès mardi

Le Premier ministre François Bayrou a annoncé samedi soir un réexamen du projet de réforme de la tarification du transports de patients par les taxis, à l’issue d’une rencontre avec les représentants des chauffeurs mobilisés depuis près d’une semaine contre la nouvelle convention.”Nous allons retravailler dans les semaines qui viennent le détail des décisions, des mesures et orientations qu’il faut prendre”, a-t-il déclaré au cours d’un point de presse à l’issue d’une réunion de trois heures au ministère des Transports, destinée à trouver une issue au conflit provoqué par ce projet.”Ce travail va être entrepris dès mardi”, tant sur la convention que sur le respect des règles par les plateformes de VTC, a indiqué M. Bayrou, précisant que les taxis participeraient “eux-mêmes à la mise au point” de ces règles dans des groupes de travail. Les réflexions à venir devront toutefois se faire “sans changer la date d’application” du texte et la cible en matière d’économies, a précisé M. Bayrou.Si les fédérations de taxis semblaient globalement satisfaites à la sortie, soulignant l’engagement à “revoir tous les points” litigieux de la convention et “des réunions avec des ministres” décisionnaires en plus des techniciens, la base s’est montrée beaucoup plus réservée, de nombreux manifestants se montrant même frustrés et pour certains déterminés à rester, lors d’une assemblée générale très tendue.”Je parle au nom des fédérations, on reste ! Mardi, on a rendez-vous, on ira au rendez-vous !”, a déclaré à la foule Abdel Grine, de la Fédération nationale des taxis indépendants (FNTI), après avoir consulté la base, dans un concert de pétards et une foule scandant “Taxis en colère !” ou “Tout ou rien !”.”0n peut comprendre la colère des chauffeurs. Pour l’instant, il va y avoir encore des échanges pour voir comment le mouvement évolue et sous quelle forme”, a déclaré Rachid Boudjema, président de l’Union nationale des taxis (UNT) à quelques journalistes à l’issue de l’AG, avant d’être pris à partie par un manifestant très remonté.”Cette réunion n’a abouti à rien du tout”, a déclaré Mohamed, taxi parisien de 52 ans qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, “très déçu”, mais pas prêt à “se taper une sixième nuit” sur place, compte tenu du coût de la grève.A l’inverse, Badr, 32 ans, qui a préféré aussi rester anonyme, s’est dit prêt à rester Boulevard Raspail, épicentre de la contestation parisienne, “jusqu’à ce que le gouvernement bouge”. “On avait un mot d’ordre très clair dès le départ, c’est tout ou rien et on n’a rien”, a-t-il conclu.- “Jusqu’au bout !” -Les chauffeurs de taxis avaient auparavant menacé de nouvelles actions de blocage notamment des aéroports parisiens et du premier tour dimanche du tournoi de tennis de Roland Garros. Dans la capitale, à 16H30, une demi-heure avant le début prévu de la rencontre, 1.200 véhicules taxis étaient stationnés boulevard Raspail, près du ministère, selon la police.Leur intersyndicale avait lancé une mobilisation lundi pour protester contre cette convention, qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système entend reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019). Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis. Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).

Normandie: mobilisation contre la fermeture d’un bureau de poste

Près de 200 personnes dont des représentants d’ONG, de syndicats, d’associations et de collectifs d’agents publics se sont réunies samedi dans une petite commune de Normandie contre la fermeture d’un bureau de poste et pour dénoncer un recul des services publics de proximité en zone rurale.Le rendez-vous était donné à Bény-Bocage, chef-lieu de la commune nouvelle de Souleuvre en Bocage, au sud-ouest de Caen, à l’initiative d’un collectif local de défense des services publics qui dénonce la fermeture d’un bureau de poste, “le dernier encore ouvert sur le territoire”, en octobre 2025.Il doit être remplacé par une agence postale communale qui sera située dans les locaux de la mairie, laquelle n’offrira pas un service équivalent à celui d’un bureau traditionnel, a notamment souligné Jean Ferrette, un habitant du village à l’origine de la mobilisation.Cet appel avait été relayé par une large coalition d’ONG, de syndicats, d’associations et de personnalités, à l’occasion d’une campagne nationale de défense des services publics, le Printemps des services publics, qui affiche le mot d’ordre suivant: “Les services publics, ça vaut le coût”.”Il s’agit du dernier bureau de poste encore ouvert sur les cinq qui existaient auparavant sur le territoire de Souleuvre en Bocage (…) Or la fermeture des services publics de proximité alimente un sentiment d’abandon, d’où tire en partie sa source le vote à l’extrême droite”, pouvait-on lire sur le site du Printemps des services publics.De son côté, la Poste a assuré à l’AFP maintenir sa présence dans le territoire et justifie la fermeture du bureau notamment par une fréquentation en chute de 70% depuis 2018. La Poste assure également maintenir le distributeur de billets “pour garantir l’accès à l’automate bancaire et les services associés (retrait d’espèce, situation d’avoir, consultations des dernières opérations…)”.Des représentants d’ATD Quart Monde, de Solidaires et de l’Union syndicale lycéenne, dont son président Manès Nadel, avaient fait le déplacement pour participer à une manifestation qui s’est achevée en milieu d’après-midi devant le bureau de poste. 

Liste des métiers en tension: des restaurateurs soulagés par cette “première étape”

“C’est un soulagement”: pour Laurent Frechet, qui gère un restaurant dans le centre de Paris, le Zango, la publication jeudi de la liste actualisée des métiers en tension, qui va permettre de régulariser des travailleurs étrangers, répond à une nécessité urgente dans la restauration, où le casse-tête du recrutement est permanent. “Les travailleurs étrangers sont indispensables pour faire tourner nos cuisines”, souligne ce gérant de restaurant, qui préside la branche restauration de l’organisation patronale sectorielle GNI.Établie région par région, la liste énumère les quelque 80 métiers en manque de main-d’Å“uvre en France, grâce auxquels les travailleurs étrangers peuvent prétendre à un titre de séjour en justifiant de 12 mois de bulletins de salaire au cours des 24 derniers mois et trois ans de résidence en France.Dans la restauration, les postes de cuisiniers, serveurs ou aides de cuisine sont notamment concernés.Restaurateur depuis 22 ans, Laurent Frechet explique avoir accompagné “entre six et sept” employés dans leur démarche de régularisation. “Mohamed, un salarié sri-lankais, a mis huit ans à m’avouer que les papiers qu’il m’avait présentés n’étaient pas les siens”, se remémore-t-il, “il a pu être régularisé et travaille toujours dans mon restaurant.”Même scénario pour Sangare Lamine (45 ans) qui, arrivé du Mali en 2002, a d’abord enchaîné les petits boulots, son irrégularité l’empêchant de rester trop longtemps à un même poste. “C’était très compliqué d’être régularisé car les fiches de paie ne suffisaient pas”, se rappelle-t-il auprès de l’AFP.En 2005, il commence comme plongeur à Zango et gravit les échelons. Jusqu’à arriver à la tête de la cuisine. Deux ans après, il est régularisé: “Laurent [Frechet] m’a aidé, il m’a fourni les documents [nécessaires] et m’a donné la chance de monter, jusqu’à devenir chef”, explique M. Lamine avec fierté.- “Ce n’est pas assez” -Didier Roeckel, propriétaire du restaurant La Couronne, à Scherwiller (Bas-Rhin), a lui aussi aidé un employé à renouveler ses papiers.”Les gens de bonne volonté qui veulent travailler sont les bienvenus dans notre métier. Il faut tout simplement faciliter les choses”, affirme-t-il.Son établissement de 170 couverts sur la route des vins d’Alsace compte 25 employés à temps plein et une trentaine d’extras.”Notre métier a toujours fait partie des métiers en tension, mais ce n’était pas reconnu, ce qui était un peu dommage”, souligne M. Roeckel.La nouvelle liste doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnationLa nouvelle liste doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnation – l’emploi d’une personne en situation irrégulière est passible de 30.000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement.Mais en ÃŽle-de-France, seul le métier de cuisinier y figure pour la restauration.”C’est incompréhensible”, s’étonne le propriétaire d’une grande brasserie parisienne près de la gare Saint-Lazare, à Paris. “On ne trouve pas de plongeurs ou de maîtres d’hôtel”, explique-t-il, installé sur une banquette chic de son établissement.”Donc l’inscription du métier de cuisinier sur la liste des métiers en tension est une avancée, mais ce n’est pas assez”, déplore ce gérant de près de 50 employés de dix nationalités différentes.Pour Benjamin Serra, co-gérant de sept restaurants italiens Prima répartis entre la côte basque et la région toulousaine et comptant 250 salariés, cette nouvelle liste “va dans le bon sens, mais ça ne va pas changer la donne.”D’autant que les métiers de la restauration exigent des compétences spécifiques, qu’il faut parfois transmettre aux nouveaux employés. “Est-ce que les gens qui arrivent sans papiers, est-ce que ces gens-là ont les compétences ? Est-ce qu’ils ont aussi le droit à la formation ? Ou est-ce qu’ils ont juste le droit de venir travailler ?”, s’interroge M. Serra. Selon France Travail, le besoin de main-d’oeuvre dans la restauration en 2025 est estimé à 336.000 emplois (CDI et CDD de plus de six mois) avec des “difficultés” de recrutement pour la moitié d’entre eux.Ayant déjà aidé un de ses employés, malien, à obtenir un titre de séjour au bout de plusieurs années de démarches, le restaurateur près de la gare Saint-Lazare salue tout de même la simplification du processus pour régulariser les travailleurs: “c’est déjà une bonne chose pour nous, et pour eux”.

Avec son usine des Hautes-Pyrénées, l’espagnol CAF s’impose sur le marché du tramway

Après avoir remporté plusieurs gros contrats en France, l’industriel ferroviaire espagnol CAF progresse sur le marché français des tramways, en concurrençant Alstom, grâce à son usine de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).”Quand on a des clients comme Marseille, Montpellier ou Tours, sur les tramways, on est désormais en première division. Donc il faut être au niveau de la première division des tramways en France”, a déclaré Alain Picard, le directeur de la filiale française du groupe espagnol.Après avoir connu des difficultés dans les années 1980 et 1990, CAF s’est relancé, d’abord en Amérique latine, a détaillé M. Picard, puis en Europe, où il réalise désormais la majeure partie de son chiffre d’affaires (11% en Espagne et 56% dans le reste du Vieux continent) qui s’établit pour 2024 à 4,2 milliards d’euros.En France, l’implantation du groupe Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles, dont le siège est à Beasain, au Pays basque espagnol, remonte à l’acquisition de l’usine de Bagnères-de-Bigorre entre 2008 et 2010.Ce site industriel, établi en 1862 par les menuiseries Soulé et depuis passé au secteur ferroviaire, est à l’époque moribond. En témoigne l’un de ses bâtiments qui semble aujourd’hui sur le point de s’effondrer — et va être détruit, confie Alain Picard.CAF a ensuite gagné quelques contrats importants: des rames de tramways à Nantes (2010), Besançon (2017) et Saint-Etienne (2017), les futurs Intercités Paris-Clermont et Paris-Toulouse (2019), la rénovation des trains du RER A (2020) et les nouveaux trains du RER B (avec Alstom).- “Persévérant” -Entre-temps, le groupe espagnol a encore accéléré en 2017 son développement en France, en acquérant pour 75 millions d’euros l’usine de Reichshoffen (Bas-Rhin), qu’Alstom devait céder pour obtenir le feu vert de Bruxelles à son rachat de Bombardier Transport.Le site alsacien, doté d’un bureau d’étude et d’environ 900 employés, est aujourd’hui l’une des trois “usines socles” de CAF, explique Alain Picard, avec celles de Beasain et Saragosse. Bagnères-de-Bigorre est quant à elle une “usine satellite” de celle de Saragosse, à quatre heures de route de là.Pour s’implanter en France, “il faut être persévérant”, ajoute le dirigeant. “Mais on y a cru et ce site revit.”CAF est désormais devenu le premier concurrent d’Alstom, qui jouit d’une position ultra dominante sur le marché ferroviaire français, mais a vu filer plusieurs contrats récents aux mains de son rival espagnol: Montpellier (224 millions) et Marseille (57 millions) en 2022, puis Tours en mars, dont le montant n’a pas été dévoilé.Ce succès s’accompagne toutefois d’une pression accrue: CAF accuse des retards de livraison, notamment concernant les rames du RER B et les trains Oxygène dédiés à la ligne Paris-Clermont de la SNCF.Le site de Bagnères doit donc suivre la cadence. “On nous a passé des commandes, il faut que les tramways que nous livrons le soient à temps et soient d’un niveau de qualité remarquable. Bagnères, c’est la vitrine du savoir-faire des tramways de CAF”, souligne M. Picard.Pour cela, le groupe basque a investi 10 millions d’euros sur le site de Bagnères-de-Bigorre et fait grimper les effectifs sur place de 80 à 223 employés en trois ans, afin de pouvoir multiplier les cadences par six.”Aujourd’hui, on monte en cadence, donc on est à un tramway à peu près par mois. On va passer, à la rentrée, à trois, quatre tramways par mois. Ce qui explique les investissements et les recrutements. Et là, ça va dépoter”, explique M. Picard.CAF attend désormais le résultat d’un appel d’offres de la ville de Grenoble et regarde sereinement vers l’avenir. “On est à peu près sûrs que les commandes repartiront après les municipales” de 2026, glisse Alain Picard.

Transport des malades: les taxis menacent de “durcir” le mouvement en cas d’échec de la réunion avec Bayrou

Les chauffeurs de taxis ont menacé de nouvelles actions de blocage, en attendant une réunion de leurs représentants samedi à 17H00 au ministère des Transports en présence de François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.”On demande le retrait immédiat de cette convention et on demande à retourner autour de la table des négociations”, a déclaré samedi sur France Info, Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale des taxis (FNDT), sans quoi de nouveaux blocages sont à prévoir.”A partir de lundi”, en l’absence d’avancées, les aéroports parisiens de Roissy et Orly “vont être bloqués par les taxis et puis nous allons aussi nous occuper de Roland-Garros”, a déclaré Mme Cordier, le premier tour du tournoi de tennis démarrant dimanche.Aux abords du ministère des Transports, épicentre de la contestation, près duquel ils ont passé la nuit, avec des dizaines, voire quelques centaines de collègues, de nombreux chauffeurs tablaient samedi sur un “durcissement” du mouvement, en cas d’impasse.”Il va falloir continuer à montrer notre mécontentement de façon pacifique, mais avec des blocages de plus en plus durs”, a estimé Noël, chauffeur lyonnais de 60 ans, dont 21 ans de taxi.Si la réunion “ne répond pas aux attentes de tous les artisans qui sont ici”, il est possible que ce durcissement “démarre très tôt, dès l’issue de la réunion”, a estimé, entre deux jets de pétards et concerts d’avertisseurs, Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT).L’intersyndicale des taxis a lancé une mobilisation lundi pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).D’après le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, “la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients”.Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis.Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.- Concurrence des VTC -Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu’il ne comptait “pas faire machine arrière”.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’AFP, le ministre de l’Intérieur met en exergue des “incidents récurrents” des derniers mois qui “démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC”.En cause, selon M. Retailleau, “des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique”.Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.

En Bretagne, une manifestation maritime et terrestre contre “l’empire Bolloré”

“Kenavo Bolloré !” Environ 300 personnes et une cinquantaine de bateaux ont manifesté samedi à terre et en mer dans le Finistère, fief du milliardaire Vincent Bolloré, accusé par les manifestants de véhiculer des idées d’extrême droite.Une flottille de bateaux devait initialement se diriger vers l’île du Loc’h, appartenant à la famille Bolloré, dans l’archipel des Glénan. Mais l’interdiction édictée par la préfecture maritime les en a dissuadés.Les voiliers et embarcations à moteur ont préféré converger vers le cap Coz, sur la commune de Fouesnant, non loin d’une autre propriété du milliardaire breton, à la pointe de Beg Meil.Drapeaux palestiniens, étendards oranges aux couleurs des Soulèvements de la Terre ou cerf-volant siglé “Kenavo Bolloré” ont envahi cette plage huppée de la côté bretonne.”Siamo tutti antifasciti” (“Nous sommes tous antifascistes”) ou “Tous féministes contre le carbo-fascime”, ont scandé les manifestants entre deux chants en hommage à la lutte centenaire des sardinières de Douarnenez (Finistère).”Bolloré, marionnettiste d’un monde fasciste”, ont affiché les militants sur la plage en lettre géantes, tandis qu’une banderole réclamait “moins de fachos, plus d’oiseaux”.”Le but de l’action est de montrer que Bolloré et ses idées d’extrême-droite n’ont pas leur place dans le Finistère”, a expliqué Marc (prénom d’emprunt), porte-parole des Soulèvement de la Terre.”On ne veut pas de néo-nazi qui garde les îles du Finistère”, a-t-il ajouté, en référence au militant d’ultra-droite Marc de Cacqueray-Valménier, qui aurait été embauché comme gardien de l’île du Loc’h, selon le site d’information lalettre.fr.Ancien responsable du groupuscule d’ultradroite “les Zouaves” dissous en janvier 2022, le militant de 26 ans a été condamné à deux reprises, en janvier 2022 et janvier 2025, à des peines de prison ferme pour violences contre des militants de SOS Racisme et contre un bar de la mouvance antifasciste.”M. Bolloré a racheté des médias pour véhiculer des idées d’extrême-droite et M. de Cacqueray en est le symbole”, a estimé Vincent Esnault, 53 ans, conseiller municipal d’opposition à Fouesnant.”L’empire médiatique Bolloré prône un fascisme décomplexé et diffuse des idées racistes, homophobes”, a abondé Rosalie (prénom d’emprunt), 27 ans, venue de Paris pour participer au week-end de mobilisation.Vendredi, un petit groupe de militantes a débarqué sur l’île du Loc’h pour y afficher des messages féministes, selon des photos diffusées par les organisateurs. “Wokes déterminées à couler Bolloré”, pouvait-on lire sur une des banderoles.