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Macron retrouve l’arme de la dissolution, mais il ne semble pas prêt à la dégaîner

Emmanuel Macron retrouve la semaine prochaine le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Mais après l’échec de la précédente dissolution, qui a plombé sa fin de règne, il assure vouloir éviter d’y recourir sauf en cas de blocage du pays.”S’il devait dissoudre à nouveau, ce serait d’abord perçu comme un énorme aveu d’échec total de ce second mandat”, dit à l’AFP le politologue Bruno Cautrès.Le 9 juin 2024, au soir d’élections européennes largement remportées par l’extrême droite, le chef de l’Etat annonçait la convocation de législatives anticipées, à la surprise générale. Un mois plus tard, le résultat du scrutin était sans appel: un Parlement éclaté, sans aucune majorité, qui inaugurait l’une des plus graves crises politiques de la Ve République et condamnait le pays à un mélange d’instabilité et d’immobilisme.L’article 12 de la Constitution prévoit qu’il “ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit” des élections anticipées. Le président de la République, qui exhorte en vain depuis douze mois les députés à “travailler ensemble”, n’a donc pu brandir cette menace pour les y inciter.Mais lorsque l’intention de dissoudre à nouveau à l’automne prochain lui a été prêtée fin avril, Emmanuel Macron a démenti formellement avoir même “envisagé une telle chose”.”Mon souhait, c’est qu’il n’y ait pas d’autre dissolution”, a-t-il nuancé début juin. “Mais mon habitude n’est pas de me priver d’un pouvoir constitutionnel”, a-t-il prévenu, n’excluant pas de dissoudre “si des formations politiques décidaient (…) de bloquer le pays”.”Les Français veulent que tout le monde travaille ensemble et qu’on ait des résultats concrets pour que la vie des gens s’améliore”, a-t-il encore botté en touche vendredi. – “Roulette russe” -Le souvenir de l’an dernier est cuisant.A l’époque, le président misait sur les divisions de la gauche et l’impréparation des adversaires pour “prendre tout le monde de court” et “gagner”, comme l’avait expliqué son entourage.Plusieurs de ses interlocuteurs ont aussi rapporté qu’il était prêt à prendre le risque d’une victoire du Rassemblement national et d’une cohabitation avec Jordan Bardella à Matignon, vue comme un possible antidote à l’accession de Marine Le Pen à l’Elysée en 2027. Or aucun de ces scénarios ne s’est réalisé, et la “clarification” prédite par M. Macron a laissé la place à une Assemblée coupée en trois blocs, plus ou moins friables, et un pays quasi-ingouvernable.Dissoudre à nouveau pourrait donc permettre de sortir de l’impasse, d’autant que le gouvernement de François Bayrou est menacé d’une censure à l’automne sur le budget comme celle qui a fait tomber Michel Barnier un an plus tôt.”Le problème, c’est que si on fait une dissolution et qu’on en arrive à la même situation de non-majorité, là, ça va devenir très, très compliqué”, soupire une ministre.Or rien n’indique, dans les sondages, que l’issue du scrutin serait sensiblement différente. “Si ça redonnait les mêmes résultats”, “je ne vois pas comment le chef de l’Etat échapperait à la très forte pression pour qu’il démissionne”, explique Bruno Cautrès.”Il a goûté une fois à la roulette russe. Il a compris”, estime le politologue.Un opposant de gauche résume ainsi l’équation présidentielle: “Rater une dissolution, c’est déjà beaucoup. En rater deux… faut partir monsieur”. Emmanuel Macron a d’ailleurs esquissé, par petites touches, un mea culpa, reconnaissant que sa décision n’avait pas été “comprise” par les Français et n’avait pas “permis de clarifier les choses”.Parmi ses alliés, même ceux qui déplorent l’immobilisme actuel, peu lui conseilleraient de récidiver.”Il vaut mieux un an et demi où il ne se passe pas grand-chose qu’un truc qui explose. Je pense que personne n’a intérêt à l’aventure”, souffle un proche d’Edouard Philippe (Horizons), candidat déclaré à la prochaine présidentielle.Dans l’opposition, à gauche comme à l’extrême droite, les partis assurent se préparer à un éventuel retour aux urnes prématuré, qu’ils appellent plus ou moins ouvertement de leurs voeux.Le RN, en tête des intentions de vote réclame cette nouvelle dissolution. C’est “l’intérêt des Français”, a encore dit Marine Le Pen jeudi, même si elle a ajouté douter que le président “fasse ce choix”, “compte tenu du très faible bénéfice” qu’il “pourrait en tirer”.Mais pour Bruno Cautrès, quels que soient les affichages, “tout le monde a plutôt intérêt à jouer 2027”.

Harcèlement moral: peine confirmée en appel pour l’ex-députée Laetitia Avia

La cour d’appel de Paris a confirmé vendredi la peine prononcée en première instance à l’encontre de l’ancienne députée LREM Laetitia Avia, de six mois d’emprisonnement avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour le harcèlement moral de cinq assistants parlementaires.La cour d’appel a estimé que l’ancienne députée de Paris redevenue avocate après sa défaite aux législatives en 2022, aujourd’hui âgée de 39 ans, avait commis une faute civile concernant un assistant parlementaire pour lequel elle avait été relaxée en première instance et revu à la hausse les dommages et intérêts à verser aux parties civiles.Dans un article de Mediapart publié en mai 2020, cinq anciens assistants parlementaires accusaient celle qui était alors députée de faire subir à ses collaborateurs humiliations, harcèlements et abus de pouvoir. Les témoignages évoquaient également des propos jugés sexistes, racistes ou homophobes que tenait Laetitia Avia dans des échanges avec son équipe.La députée, macroniste de la première heure, portait alors au Parlement un projet de loi contre la haine en ligne, qui a été censuré en grande partie le mois suivant par le Conseil constitutionnel.Après plusieurs plaintes, une enquête avait été ouverte en juillet 2020 et, deux ans plus tard, l’élue avait été citée à comparaître devant le tribunal.Lors du procès en première instance, sept anciens salariés, qui n’avaient pas tous porté plainte, avaient longuement témoigné, décrivant la “violence verbale” et “l’agressivité” de leur ancienne patronne, parfois via des remarques et surnoms sur leurs origines.

Municipales à Paris: les ministres Dati et Haddad lancent l’union des LR et macronistes

Candidate à Paris, la ministre de la Culture Rachida Dati a plaidé vendredi pour l’union de la droite et des macronistes dans la capitale en vue des municipales, aux côtés de son collègue Renaissance Benjamin Haddad, dont le parti n’a toutefois pas officiellement arrêté une position sur le sujet.”Les Parisiens ont envie d’alternance, ils veulent que ça change. Alors si on perd demain, ce sera de notre faute car on se sera saboté”, a lancé Mme Dati devant quelques dizaines de militants LR et Renaissance réunis au petit matin dans un café du XVIe arrondissement.”On a une responsabilité d’union. On a un socle idéologique commun”, a-t-elle insisté.A ses côtés, le ministre des Affaires européennes, Benjamin Haddad, acquiesce, martelant deux mots, “rassemblement” et “unité”, et dénonçant “le sectarisme”.A neuf mois des municipales, il n’est cependant pas acquis que les macronistes se rangent d’un bloc derrière Mme Dati. Même si cette ex-ministre de Nicolas Sarkozy jure “loyauté et reconnaissance” éternelles à Emmanuel Macron, qu’elle a rejoint début 2024, subsistent des séquelles de la campagne au couteau en 2020 contre la candidate du camp présidentiel Agnès Buzyn. Sans compter les affaires judiciaires qui lestent la candidature de Mme Dati, même si celle-ci a affirmé crânement vendredi être “très tranquille” sur le sujet et n’avoir “peur de rien”.”Rachida (Dati) est une warrior (combattante, NDLR)”, observe M. Haddad pour qui celle qui a été élue à trois reprises maire du VIIe arrondissement “est la mieux placée” pour 2026.Renaissance n’a cependant pas encore tranché sa stratégie pour Paris, alors qu’une frange des militants, notamment dans le noyau historique, pourrait soutenir le candidat Horizons Pierre-Yves Bournazel, qui a lancé sa campagne début juin. Une décision doit être prise d’ici à la fin de l’été sur le sujet.Mais flotte l’idée que Mme Dati a déjà obtenu l’aval de M. Macron: dans des extraits sonores diffusés début juin par France 2, la ministre de la Culture affirme à des élus parisiens LR avoir eu “l’assurance” du président d’être le “candidat unique” à Paris.Vendredi, Mme Dati a affirmé “parler et voir très régulièrement” le patron de Renaissance Gabriel Attal. “On n’a aucun intérêt à s’entraver”, a-t-elle insisté. La ministre a plutôt réservé ses banderilles pour un autre LR: le sénateur Francis Szpiner, candidat à l’investiture des LR pour les municipales. “Il est fébrile”, “dans l’attaque et la surréaction”, a raillé Mme Dati.

La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian candidate à sa réélection

La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Ecologistes) a annoncé jeudi qu’elle sera candidate aux élections municipales de 2026 pour “continuer à se battre pour faire face à l’urgence écologique et sociale”.”J’ai voulu confirmer cette envie que j’ai de me représenter comme maire pour un second mandat même si je ne vais pas rentrer en campagne tout de suite”, a déclaré Mme Barseghian à l’AFP.L’annonce a été faite jeudi lors d’une soirée organisée par les groupes de la majorité municipale “autour du bilan de ces cinq dernières années”, qui “a été l’occasion de rappeler les réalisations qui ont été menées et aussi l’importance de continuer à se battre pour faire face à l’urgence écologique et sociale”, a-t-elle expliqué, confirmant une information du journal local les Dernières nouvelles d’Alsace.Parmi les projets qu’elle souhaite poursuivre, la maire a cité la relance du projet d’extension du tramway vers le nord, après le rejet du premier projet par la commission d’enquête publique; la transformation d’ampleur de la gare, ou encore la vaste rénovation de l’opéra, au coût estimé à 120 millions d’euros.”Je constate aussi les besoins qui sont criants en matière d’urgence climatique, on l’a vu encore ces derniers jours avec la canicule, il faut qu’on accélère sur la rénovation des logements, la rénovation des bâtiments publics, autant de choses qui me motivent à aller de l’avant”, a-t-elle ajouté.En 2020, Jeanne Barseghian est devenue à l’âge de 39 ans la première écologiste à diriger la capitale alsacienne, succédant au socialiste Roland Ries.Alors qu’elle conduit aujourd’hui une majorité plurielle, Jeanne Barseghian se dit “convaincue qu’un rassemblement des forces de gauche écologiste et citoyenne fait sens à Strasbourg”.”Je plaide pour un rassemblement large et qui prenne aussi en compte la dimension citoyenne” a indiqué Mme Barseghian.Ses opposants politiques se sont empressés de réagir, à l’instar du coprésident du groupe Centristes et Progressistes, Pierre Jakubowicz, qui a fustigé son bilan “qui aura dégradé le vivre ensemble, la qualité et le cadre de vie, la solidarité et la sécurité, le rayonnement et l’attractivité de Strasbourg”.”En annonçant sa candidature, la maire de Strasbourg offre aux Strasbourgeois l’occasion d’exprimer, par les urnes, le désaveu massif d’un mandat marqué par l’inaction, les divisions et les renoncements”, tacle pour sa part Renaissance dans un communiqué.

Les députés approuvent la création d’un CDI pour les plus de 60 ans

Les députés ont approuvé jeudi des mesures visant à faciliter l’embauche des plus de 60 ans, avec notamment la création d’un CDI senior, lors de l’examen d’un projet de loi transposant plusieurs accords trouvés entre syndicats et patronat.Le texte a été approuvé par 57 voix contre neuf, seule La France insoumise ayant rejeté le texte. Le reste de la gauche a majoritairement voté pour avec quelques abstentions. Le RN a aussi voté pour.”Ce texte incarne la réussite de la démocratie sociale. Pilier du dialogue républicain, elle permet d’obtenir des avancées acceptées par tous”, s’est félicité dans un communiqué la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.L’emploi des seniors en France “est l’un de nos points faibles”, a reconnu la ministre en ouverture des débats, rappelant un taux d’emploi des plus de 60 ans de 38%, contre 61% en Allemagne et 70% en Suède.Ce sous-emploi constitue “une injustice, un gâchis humain et un gâchis économique que nous ne pouvons plus accepter ou permettre”, a déclaré la ministre.A la tribune, les députés de gauche, mais aussi du Rassemblement national, n’ont pas manqué de rappeler “le passage en force” de la réforme des retraites de 2023, selon les mots de la députée Sophie Taillé-Polian (groupe écologiste et social).L’élue a fustigé la “politique contradictoire du gouvernement” consistant à reculer “l’âge de départ à la retraite” à 64 ans “sans pour autant” s’être “préoccupé vraiment de la précarité des seniors en situation d’exclusion sur le marché du travail”.Le projet de loi, déjà adopté au Sénat, prévoit notamment la création d’un CDI senior baptisé “contrat de valorisation de l’expérience” (CVE), à titre expérimental les cinq prochaines années suivant la promulgation de la loi. Destiné à faciliter l’embauche des demandeurs d’emploi d’au moins 60 ans, voire dès 57 ans en cas d’accord de branche, ce contrat donnera de la latitude aux employeurs, qui pourront décider d’une mise à la retraite lorsque le salarié a droit à un taux plein, et bénéficieront d’exonérations sur l’indemnité de mise à la retraite. Actuellement les employeurs ne peuvent mettre à la retraite d’office les salariés qu’à l’âge de 70 ans.La France insoumise, ne participera “pas au réenchantement de la mise au travail forcée de nos aînés”, a taclé la députée Ségolène Amiot, estimant que ce contrat est de la poudre aux yeux qui cache un “nouveau cadeau au patronat, une nouvelle exonération de cotisations”.La mesure a été adoptée sans modification.- Reconversion facilitée -Les députés ont aussi voté pour rendre obligatoire une négociation au moins tous les quatre ans, autour de l’emploi et du travail “des salariés expérimentés”, à la fois au sein des branches professionnelles et pour les entreprises de plus de 300 salariés.La gauche a tenté, sans y parvenir, de rendre obligatoire cette négociation pour les entreprises de plus de 50 salariés.Le projet de loi prévoit également l’entrée en vigueur d’une petite évolution dans l’assurance chômage: les primo-accédants devront avoir travaillé cinq mois, au lieu de six, pour pouvoir avoir droit à leur allocation chômage.Un accord supprimant la limite de trois mandats successifs pour les élus du Comité social et économique (CSE), répondant à une revendication syndicale, a également été approuvé.Le gouvernement a enfin obtenu obtenu un vote positif de l’Assemblée nationale pour des amendements introduits mercredi soir, transposant un accord trouvé entre la majorité des syndicats et l’ensemble des organisations patronales le 25 juin, destiné à faciliter l’utilisation des dispositifs de reconversion professionnelle.Avec cet accord, le compte personnel de formation (CPF) pourra désormais être mobilisé, à hauteur de 50%, et avec l’accord du salarié, pour financer une période de reconversion lorsqu’elle celle-ci est proposée par l’employeur.boc-are-cma-sl/jmt/gvy

Prison avec sursis et inéligibilité requises contre le patron du département des Alpes-Maritimes

Le parquet a requis jeudi 18 mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité, mais sans exécution provisoire, contre Charles Ange Ginésy, président LR du conseil départemental des Alpes-Maritimes, jugé depuis mardi à Marseille pour favoritisme.Le procureur a également réclamé contre l’élu une amende de 35.000 euros dont 5.000 euros avec sursis.”Je suis parfaitement innocent des faits qui me sont reprochés par le parquet. Je pense en avoir fait la démonstration au cours de l’ensemble des auditions menées devant la 6e chambre du Tribunal correctionnel de Marseille”, a réagi Charles Ange Ginésy dans un communiqué.L’élu se voit reprocher la signature, le 17 mai 2017, d’un bail assorti d’un montant de travaux de plus de 508.000 euros pour héberger à Valbonne (Alpes-Maritimes) la soixantaine de salariés du Syndicat mixte d’ingénierie pour les collectivités et territoires innovants des Alpes et de la Méditerranée (SICTIAM), qu’il présidait.Selon le parquet, une partie de ces travaux, pour un montant de 331.000 euros, attribués au propriétaire des locaux, auraient dû faire l’objet d’un marché public avec une mise en concurrence.La défense de M. Ginésy, qui plaide la relaxe, soutient de son côté que la réglementation permet de déroger aux règles de la commande publique pour confier au propriétaire des murs, en l’occurrence un promoteur immobilier azuréen, le soin de mener des travaux d’aménagement dans ses propres locaux.Evoquant “la confiance totale” qu’il accordait à la direction du SICTIAM, Charles Ange Ginésy a expliqué à l’audience que “pour (lui), la commande publique était respectée et tout allait être fait dans les règles de l’art”. “Je ne suis pas à la manÅ“uvre de l’opérationnel et je n’avais pas besoin d’être au courant du moindre boulon”, a-t-il ajouté. Des tensions sont apparues à l’audience entre M. Ginésy et les deux hauts fonctionnaires territoriaux qui dirigeaient le SICTIAM et ont assuré l’avoir informé des détails de la procédure de location de nouveaux locaux livrés brut de décoffrage.Une peine d’un an de prison avec sursis, une amende de  25.000 euros dont 5.000 euros avec sursis et deux ans d’inéligibilité ont été réclamés contre chacun de ces deux directeurs du SICTIAM  qui se voient aussi reprocher des entorses dans la passation de trois marchés de conseil dans le cadre de l’application du schéma départemental de déploiement de la fibre optique.L’une de ces dirigeants a estimé être “victime d’une affaire politique au plus haut niveau régional”. L’enquête avait démarré dans le sillage d’un article 40 du président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur sur la base d’un rapport d’inspection du SICTIAM qu’il avait missionné. En revanche, l’office anti-fraude de la commission européenne indiquait en mai 2022 n’avoir relevé aucune irrégularité portant atteinte aux intérêts de l’UE, autre financeur du SICTIAM.

Une commission parlementaire déplore “l’absence de vision” de l’Etat sur le coût des agences

Une commission d’enquête du Sénat pointe jeudi un “archipel” d’agences et d’opérateurs mal connus de l’Etat lui-même et déplore son “absence de vision” sur les coûts réels de ces structures, sans écarter la faisabilité d’économies de plusieurs milliards d’euros, mais pas à “missions constantes”.Les travaux de cette commission étaient particulièrement scrutés alors que les annonces de François Bayrou le 15 juillet doivent poser les bases de débats budgétaires qui s’annoncent périlleux.Aux termes de ces travaux, les sénateurs ont dressé un panorama de 434 opérateurs, 317 organismes consultatifs et 1.153 organismes publics nationaux, un “archipel aux frontières floues” dont les contours précis ne sont pas précisément connus par l’Etat, selon le rapport de la commission d’enquête.Ses conclusions, adoptées largement mais sans le soutien des sénateurs socialistes et écologistes, rejoignent en partie les constats du Premier ministre lors de son discours de politique générale sur le dédale que constitue selon lui le millier d’agences et d’opérateurs en France.”Les agences sont le symptôme d’un État qui ne se pilote plus lui-même”, a lancé Christine Lavarde (Les Républicains) lors d’une conférence de presse.Le rapport dénonce notamment les carences dans “la capacité de pilotage” de certains de ces opérateurs par le pouvoir exécutif, et recommande de renforcer la tutelle de l’Etat, notamment par l’intermédiaire des préfets.  Et “au risque de décevoir ceux qui voyaient dans ce travail des milliards d’économies, vous aurez beau chercher, vous ne trouverez pas. Donc pas de serpe, pas de hache”, a lancé le président communiste de la commission, Pierre Barros.- “Milliards possibles” -Une allusion aux déclarations de la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, qui avait déclaré vouloir réaliser 2 à 3 milliards d’euros d’économies en supprimant ou fusionnant un tiers des opérateurs d’ici 2027, hors universités. “Tous ceux qui annoncent des milliards d’économies en parlant des agences mentent un peu aux Français”, car “ce n’est pas la coquille qui fait le coût de l’action publique, ce sont les actions que porte cette coquille”, a déclaré Mme Lavarde.Selon le rapport, la ministre “n’a pas été en mesure de préciser à la commission d’enquête la façon dont ce calcul avait été réalisé”.Les sénateurs jugent toutefois que des économies seraient envisageables par une “meilleure organisation” des opérateurs, notamment par la mutualisation de certaines “fonctions supports”: la paye, le recrutement, la gestion des carrières, etc.Mais selon le rapport, par ces seules réorganisations, sur une trajectoire de 2 ou 3 ans et en adoptant une approche “très volontariste”, on pourrait seulement parvenir à des économies à hauteur de 540 millions d’euros. Une goutte d’eau en comparaison des 40 milliards d’euros d’économies que le gouvernement espère pour son budget 2026.Saluant une contribution “utile et rigoureuse”, Bercy a toutefois indiqué à l’AFP que le rapport “ne saurait, à lui seul, refléter l’ensemble des économies réalisables” dans le champ des agences et opérateurs, et maintient que les 2 à 3 milliards d’euros d’économies “sont à la fois atteignables et nécessaires”. Le gouvernement “va au-delà de ce périmètre” de la seule réorganisation, et se penche notamment sur “les interventions des opérateurs qui se superposent parfois aux actions de l’État et des collectivités”, ajoute Bercy.Le rapport soumet en outre une soixantaine de recommandations pour améliorer la “lisibilité de l’action publique” et “faire parler l’Etat d’une seule voix”.Le Sénat propose ainsi de “créer une vraie base de données budgétaires pour pouvoir suivre ces agences”, l’exercice d’une tutelle unique sur chaque opérateur, ou d’imposer un “moratoire” sur la création de nouvelles entités avec une méthode “au cas par cas”, distinguant les cas de “fusion”, “réinternalisation” de missions ou encore de “mutualisation”.La commission a proposé la suppression de certains organismes comme l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), l’Agence bio et l’Agence nationale du sport (ANS), mais sans abandonner les politiques publiques qu’elles mettent en oeuvre, notamment en les réintégrant dans le champ des ministères.”Supprimer l’Agence Bio, c’est supprimer l’unique opérateur d’État 100% dédié à ce mode de production stratégique”, a réagi le président de l’Agence Bio, Jean Verdier.Quant à l’idée de supprimer l’ANCT, l’Association des maires ruraux a dénoncé une recommandation “déconcertante et malvenue”.

Procédure contre symbole: tensions autour d’une statue de Jeanne d’Arc à Nice

La justice se prononcera mi-juillet sur le sort d’une monumentale statue de Jeanne d’Arc, érigée à l’automne à Nice et devenue un point de crispation, entre symbole national et respect du code de la commande publique.Au départ, c’est d’abord l’histoire d’un parking souterrain construit devant l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, dans un quartier résidentiel près du centre-ville par la régie Parcs d’Azur, organisme public dépendant de la métropole.Compte tenu de l’emplacement, la métropole a choisi d’agrémenter le parc aménagé en surface d’une statue de la Pucelle.Une commande de 170.000 euros, pour la statue d’une figure religieuse récemment adoptée par l’extrême droite, confiée à l’Atelier Missor, dont les rêves de statues en titane ont récemment attiré un compliment d’Elon Musk sur X…L’initiative a provoqué des réticences à gauche, d’autant qu’elle est portée par Gaël Nofri, président de Parcs d’Azur, adjoint au maire Christian Estrosi (Horizons) mais passé par le Front national.Installée à l’automne 2024, lors de l’inauguration du stationnement, la statue en bronze doré à l’or fin montre une Jeanne jeune et ardente, en armure et à cheval, brandissant une épée qu’elle tient par la lame. Un geste d’apaisement selon Missor, une manière détournée de brandir une croix selon ses détracteurs.Au-delà des symboles, c’est un doute beaucoup plus prosaïque sur la légalité du marché public qui a poussé l’ancien préfet Hugues Moutouh, admirateur revendiqué de Jeanne d’Arc, à saisir le tribunal administratif.La décision est tombée en janvier: faute de mise en concurrence, le marché a été annulé et ordre a été donné de démonter la statue.”Je ne céderai rien. Les déboulonneurs de notre grand destin national peuvent passer leur chemin”, a promis M. Estrosi.”Si on déboulonne la statue de Jeanne d’Arc, c’est comme si on la brûlait une deuxième fois!”, a lancé Missor sur les réseaux sociaux, accusant “la bureaucratie, avec la complicité d’intellectuels de gauche et de profs des Beaux-Arts” de créer “un monde gris et triste”.- “Mieux que toutes les récupérations” -Saisie par la régie Parcs d’Azur et par Missor, la cour administrative d’appel de Marseille s’est penchée jeudi sur le dossier.En première instance, la régie avait argué avoir suivi une disposition du code de la commande publique, pouvant s’appliquer notamment aux oeuvres d’art, permettant de se passer de mise en concurrence lorsqu’un seul opérateur est en mesure de réaliser la commande. Mais le besoin identifié en l’espèce “est celui d’une statue de Jeanne d’Arc et non d’une statue de Jeanne d’Arc d’un artiste particulier”, a argué le rapporteur public jeudi, rappelant qu’au moment où la maîtrise d’ouvrage a été confiée à la régie Parcs d’Azur en avril 2022, “aucun nom d’artiste spécifique” n’a été donné et que l’Atelier Missor – créé en janvier 2021 – ne jouissait alors “d’aucune notoriété”.Rien ne prouvait qu’aucun autre atelier n’était capable de réaliser une grande statue en bronze de Jeanne d’Arc, a estimé le tribunal administratif de Nice en première instance.Selon Me Carine Chaix, avocate de l’atelier Missor, pour justifier l’absence de mise en concurrence dans le cadre d’une commande d’oeuvre d’art, “il n’y a plus d’autre critère que le fait que ce soit une oeuvre d’art ou une performance artistique unique”.”Au moment de la commande, l’Atelier Missor était connu et identifié par le président de la régie qui était tombé en admiration devant (leurs) bustes de Jeanne d’Arc. Ce style de l’Atelier Missor (lui) a immédiatement plu, c’est ce style qu’il est venu chercher”, a-t-elle ajouté lors de l’audience jeudi.Si l’annulation du marché est confirmée dans quinze jours, quand la cour administrative d’appel doit rendre son arrêt, la solution pourrait venir d’une cagnotte ouverte en janvier pour racheter la statue. Rapidement montée à plus de 52.000 euros, elle plafonne depuis plusieurs mois, mais pourrait être relancée en cas de décision contraire. La toute jeune statue a en effet déjà ses admirateurs. Elle est devenue un point de ralliement du RN et de Reconquête! et le 1er mai, plusieurs dizaines de jeunes identitaires du groupuscule niçois Aquila Popularis s’y sont donné rendez-vous.”Jeanne n’est pas un souvenir, elle est un ordre. Français, niçois, défends ton héritage !”, ont-ils lancé sur les réseaux sociaux.Mais M. Estrosi a lui aussi organisé une cérémonie quelques semaines plus tard devant la statue, avec porte-drapeaux et marseillaise: “Notre Jeanne d’Arc est apaisée et forte à la fois. Elle rassemble et vaut infiniment mieux que toutes les récupérations”. 

La lutte contre les violences faites aux femmes, une cause “mal dotée”, selon le Sénat

“Une grande cause encore mal dotée” : cinq mois après un bilan au vitriol de la Cour des comptes sur la politique d’égalité femmes-hommes, un rapport du Sénat épingle les montants “dérisoires” alloués à la lutte contre les violences faites aux femmes. Les crédits du programme alloué à l’égalité entre les femmes et les hommes ont certes “presque triplé entre 2020 et 2024 mais ils ne représentent qu’un peu plus de 100 millions d’euros”, a souligné jeudi le sénateur LR Arnaud Bazin lors de la présentation à la presse du rapport de la commission des finances.”Il s’agit d’un montant, disons-le, dérisoire, a fortiori lorsqu’on le rapporte au coût des violences pour la société, que plusieurs études ont chiffré à au moins 3,6 milliards d’euros par an”, a-t-il ajouté aux côtés du co-rapporteur et sénateur communiste Pierre Barros. Les financements en provenance des collectivités territoriales et des fonds européens “pourraient eux être davantage mobilisés” tout comme les fonds privés. Au-delà de la question des financements, la politique de lutte contre les violences faites aux femmes “semble manquer de boussole stratégique”, peut-on lire dans le rapport, qui déplore une “superposition de divers plans” et l’absence d’évaluation des dispositifs actuels.Dans un contexte budgétaire contraint, les sénateurs suggèrent “en priorité” d’élargir la lutte contre les violences faites aux femmes aux violences hors du couple, de développer la prévention, de faciliter la sortie de prostitution ou encore de renforcer l’accompagnement des femmes qui quittent leur conjoint violent. Ce rapport parlementaire survient après la publication fin janvier d’un rapport de la Cour des comptes qui ne mâchait pas ses mots contre la politique de l’État en faveur de l’égalité femmes-hommes. Les magistrats financiers avaient épinglé un portage politique “en trompe-l’oeil”, un pilotage “défaillant” ainsi que des “actions redondantes”.Selon les derniers chiffres officiels publiés fin novembre, quelque 271.000 victimes de violences conjugales, à 85% des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023 et 96 féminicides conjugaux ont été recensés. Plus de 110.000 victimes de violences sexuelles (viols, agressions sexuelles, atteintes sexuelles, harcèlement sexuel, voyeurisme, exhibition sexuelle, exploitation sexuelle…) ont été enregistrées la même année. Dans 85% des cas, la victime était une femme. 

Le RN visé par de nouvelles accusations d’irrégularités au Parlement européen

A peine sorti du premier procès des assistants parlementaires européens, le Rassemblement national est de nouveau soupçonné de diverses irrégularités financières avec ses alliés d’extrême droite à Bruxelles, selon un rapport dévoilé jeudi par plusieurs médias dont Le Monde.Défaut d’appels d’offres, surfacturations et dons à des associations: le RN est encore accusé d’avoir enfreint les règles du Parlement européen.Avec ses partenaires de l’ex-groupe Identité et Démocratie (ID), le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella est en effet suspecté d’avoir “indûment dépensé” plus de 4,3 millions d’euros entre 2019 et 2024, selon un rapport de la direction des affaires financières de l’institution bruxelloise.Si la formation française n’a exercé, durant cette période, ni la présidence ni le secrétariat général de cette coalition (à l’époque dominée par la Ligue du Nord italienne), la majeure partie de cette somme a bénéficié à deux sociétés liées à des proches de Mme Le Pen: son ancien conseiller Frédéric Chatillon et son épouse Sighild Blanc.D’après ce document, dévoilé par Le Monde ainsi que par l’émission de télévision allemande Kontraste, le magazine Die Zeit et l’hebdomadaire autrichien Falter, l’agence de communication e-Politic a ainsi perçu 1,7 million d’euros après un appel d’offres “purement formel” et entaché de “graves problèmes de conformité” selon les inspecteurs bruxellois, qui estiment par conséquent que “toutes ces dépenses (…) sont irrégulières”.Même chose pour l’entreprise Unanime, qui a empoché plus de 1,4 million d’euros pour des travaux d’impression, de surcroît sous-traités à moindre coût, avec une marge évaluée à 260.000 euros.- Sympathies et subventions -Des méthodes qui rappellent l’affaire dite “des kits de campagne”, dans laquelle M. Chatillon, Mme Blanc et des membres de l’ex-Front national avaient été condamnés pour escroquerie et abus de biens sociaux, pour des faits remontant aux législatives de 2012.Installé depuis à Rome et officiellement plus en “relation commerciale” avec le parti à la flamme, M. Chatillon n’a donc pas coupé tous les ponts avec la formation de Marine Le Pen, son amie depuis les bancs de l’université.L’ancien patron du GUD (Groupe Union Défense), syndicat d’extrême droite dissous en 2024, a pourtant été publiquement désavoué par la triple candidate à la présidentielle, en raison de son soutien affiché à une manifestation d’un groupuscule d’ultradroite à Paris.Des sympathies qui transparaissent aussi dans un autre volet du rapport du Parlement européen, consacré aux multiples dons du RN et ses alliés à des associations n’ayant “aucun lien” avec leurs activités politiques à Bruxelles.Entre refuges pour animaux et amicale de sapeurs-pompiers, ces subventions ont également profité à une organisation catholique identitaire pour la restauration d’une paroisse ou à des activités anti-avortement en Allemagne.Au total, plus de 700.000 euros ont ainsi été distribués en cinq ans à des structures souvent liées à des proches d’eurodéputés d’extrême droite, ou situées dans leur région d’élection.- “Guerre de tranchées” -Contacté par l’AFP, le Parlement européen a indiqué qu’il était “pour le moment prématuré de donner quelconque commentaire” sur ce rapport, qui doit encore passer devant plusieurs instances avant d’être approuvé.L’ancien secrétaire général du groupe Identité et Démocratie, le Belge Philip Claeys, ne s’est en revanche pas privé de dénoncer auprès du Monde des “allégations incorrectes”, assurant que “tous les paiements effectués dans les cinq dernières années ont été dûment facturés, justifiés et contrôlés”.Président des Patriotes pour l’Europe – qui a succédé à ID – Jordan Bardella n’a pour sa part “pas prévu de réaction à ce stade”, a fait savoir son entourage à l’AFP.Marine Le Pen, elle, a affirmé jeudi matin sur RTL ne pas avoir eu connaissance du sujet: “Je ne sais pas ce qu’il en est, je n’ai pas regardé ce dossier”.Mais “il peut y avoir des désaccords administratifs avec le Parlement européen” et “on va essayer, encore une fois, de les résoudre”, a-t-elle ajouté, avant de qualifier l’institution d'”organe politique (qui) mène à l’égard de son opposition une guerre de tranchées” et lui “cherche des noises matin, midi et soir, en toutes circonstances”.Une allusion notamment à l’affaire des assistants parlementaires européens, qui lui a valu fin mars une condamnation la rendant inéligible à toute élection – présidentielle ou législative – au moins jusqu’à son procès en appel prévu d’ici l’été 2026.