AFP Politics

Municipales à Marseille: le RN Franck Allisio, premier à se lancer dans la bataille

Premier à se lancer officiellement dans la campagne des municipales 2026 à Marseille, Franck Allisio, député RN des Bouches-du-Rhône, a annoncé mercredi être “le candidat du Rassemblement national” et de ses “alliés” pour “remettre Marseille en ordre”.Une candidature, soutenue par Marine Le Pen et Jordan Bardella, visant à proposer “une véritable alternance” face aux “deux sortants qui co-dirigent Marseille” depuis respectivement cinq et 10 ans, le maire divers gauche Benoît Payan et la présidente divers droite de la métropole Aix-Marseille Provence Martine Vassal, a ajouté le délégué départemental du Rassemblement national (RN).”On sait très bien que la métropole a autant de pouvoir sur Marseille que le maire de Marseille, et on voit l’échec” auquel cela a conduit, a estimé Franck Allisio, également président du groupe RN au Conseil régional et visé à ce titre par une enquête pour détournement de biens publics.Ex-LR, le député RN, élu dans la 12e circonscription qui comprend notamment les villes de Marignane et de Vitrolles, a précisé vouloir remettre de l’ordre “au sens large, (…) partout dans notre quotidien”, que ce soit “dans nos rues, dans nos écoles, dans nos transports, dans les poubelles, dans la finance de la ville”. Un “ordre juste”, a-t-il complété, adoptant le slogan de Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle 2007.Le député de 44 ans, favorable à la réforme du mode de scrutin municipal pour Paris, Lyon et Marseille, qui doit passer devant la commission mixte paritaire le 24 juin, n’a pas précisé dans quel secteur de Marseille il se présenterait, estimant que cela “viendra bien après”.Aux élections municipales 2020, il avait été candidat dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille (6e secteur), sur la liste du leader RN d’alors, le sénateur Stéphane Ravier, qui avait ensuite rejoint le parti d’Éric Zemmour “Reconquête!” lors de la présidentielle de 2022, avant de créer son propre mouvement “Marseille d’abord”.Dans le cadre d’une quadrangulaire, la liste RN était arrivée en troisième position au second tour (21,18%), derrière le candidat de l’alliance de gauche Yannick Ohanessian (34,11%) et le maire de secteur sortant (LR) Julien Ravier (35,37%).- “Soit Payan, soit moi” -Interrogé sur un possible rapprochement avec Stéphane Ravier, figure la plus connue de l’extrême droite dans la région, Franck Allisio a rappelé que ce dernier avait été “élu et réélu sénateur par les voix des élus du RN en majorité”.”Il a fait ce qu’il a fait” et pour les prochaines municipales “il fera ce qu’il veut”, mais “je connais peu de gens qui se suicident deux fois”, a-t-il noté.De son côté, Stéphane Ravier, interrogé par l’AFP, a appelé à l’union. “J’en appelle à l’intelligence du camp national, à ranger les flingues” car “l’expérience nous a montré qu’on ne gagnait jamais seul une ville comme celle-là”.Une alliance avec Martine Vassal, qui soulignait récemment auprès de l’AFP son “travail sur l’union” de la droite, sans indiquer toutefois si elle serait candidate –comme lors des dernières municipales–, n’est pas non plus à l’ordre du jour, selon M. Allisio.”Très vite, j’ai vu qu’elle se rapprochait beaucoup plus de M. Payan que de nous, donc (…) je leur conseille de clarifier les choses et de se mettre ensemble. D’ailleurs je crois que M. Payan lui aussi tend la main à Mme Vassal”. Mais “le vrai match, c’est le second tour, c’est soit Payan, soit moi”, a-t-il assuré.Ex-PS devenu divers gauche, le maire de Marseille Benoît Payan n’a pas encore annoncé être candidat à sa succession, ce qui lui donnerait toutefois l’opportunité d’être cette fois directement élu. Maire depuis décembre 2020, il a seulement accédé à ce fauteuil après le retrait, officiellement “pour raisons de santé”, de l’élue écologiste Michèle Rubirola, porte drapeau de l’alliance de gauche qui avait remporté l’élection six mois plus tôt, après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin (LR).Mais la constitution d’une alliance à gauche reste plus incertaine que jamais, alors que La France insoumise, qui n’a pas fait partie de l’équation en 2020 mais a gagné depuis en poids politique, veut présenter une liste distincte. Liste à laquelle plusieurs élus écologistes de la majorité municipale pourraient se rallier, plutôt qu’à Benoît Payan.

Contrôle de migrants aux frontières dans les gares et bus: “4.000” forces de l’ordre mobilisées, annonce Retailleau

Quelque “4.000” forces de l’ordre seront mobilisées mercredi et jeudi lors d’opérations de contrôles nationales contre l’immigration illégale dans les gares et les bus, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.”Dans ces 48 heures, on va mobiliser 4.000 gendarmes, des policiers, des douaniers, des forces Sentinelle (armée, NDLR) pour interpeller des clandestins”, a détaillé Bruno Retailleau sur Cnews et Europe 1.”Depuis le début de l’année, nous en avons interpellé 47.000″, a affirmé Bruno Retailleau, qui a fait de la lutte contre l’immigration son thème de prédilection.Dans une note adressée notamment aux préfets et consultée par l’AFP, le ministre de l’Intérieur a donné des instructions pour que soit menée une opération nationale de contrôle “des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ”. Celui qui est aussi chef de file des Républicains a vanté dans ce document une “augmentation conséquente d’interception d’ESI (étrangers en situation irrégulière) ces dernières semaines (+28%)” et une “opération nationale de contrôle des flux”, menée les 20 et 21 mai et ayant débouché sur plus de 750 interpellations.Plusieurs syndicats (CGT, Solidaires et FSU) ainsi que le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) ont dénoncé “une opération xénophobe prenant pour bouc émissaire les plus précaires parmi les précaires”.Ces opérations “s’apparentent à des +rafles+”, ajoute leur communiqué, en déplorant une “escalade nauséabonde visant des travailleurs et travailleuses qui se rendent sur le lieu de travail et qui aujourd’hui et demain, un peu plus que d’habitude, le feront la peur au ventre”.  Mercredi, le ministre de l’Intérieur a déclaré avoir “réintroduit de façon beaucoup plus serrée qu’avant” le contrôle aux frontières, avec une “force frontière” composée de policiers, gendarmes, douaniers et militaires. “Ce que je veux dire, c’est que les clandestins ne sont pas les bienvenus en France de la façon la plus ferme et la plus définitive”, a-t-il lancé.

Ultime opération sauvetage pour le conclave des retraites

Pour éviter l’échec après presque quatre mois de concertation, le conclave des retraites initié par François Bayrou se donne une journée de plus pour conclure, le 23 juin, mais le patronat ne cache pas ses doutes, et l’opposition de gauche demande des comptes au Premier ministre.Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, s’est montrée la plus allante mercredi au lendemain d’une longue séance de négociation, à l’issue de laquelle les désaccords semblaient encore profonds.”La CFDT sera au rendez vous lundi”, a-t-elle indiqué à l’AFP. “Il y a des avancées sociales qu’on doit pouvoir concrétiser notamment pour les +essentiels+” que sont entre autres le sujet des femmes, a-t-elle poursuivi.Mais le patron du Medef Patrick Martin s’est dit plus tôt sur France 2 “très réservé” sur la présence de l’organisation patronale à l’ultime réunion, même s’il doit encore “consulter ses instances”.”Nous n’étions pas demandeurs que cette réforme soit réexaminée. A bas bruit, certains sont en train de la détricoter. Or, notre pays a besoin de travailler plus”, a-t-il estimé, s’opposant à des propositions syndicales qui vont “dans le sens d’une altération du financement” des retraites.”Si le patronat ne vient pas le 23, on saura qui a mis fin aux négociations et ce ne sera pas nous!”, a commenté auprès de l’AFP Cyril Chabanier, patron de la CFTC, qui assène encore: “quand Patrick Martin dit ce matin +on ne bougera pas+, c’est sûr qu’une dernière réunion ne servira à rien”.La CFE-CGC va “rester jusqu’au bout”, a assuré son président François Hommeril sur BFM Business, même si Christelle Thieffinne, négociatrice de ce syndicat, est “pessimiste” pour un accord.- “Lignes écarlates” – La CPME (patronat des petites et moyennes entreprises) devrait revenir lundi à la table des négociations, mais avec des “lignes rouges, voire écarlates”, avait de son côté prévenu Eric Chevée, son représentant, après la longue et infructueuse journée de négociations qui s’est prolongé tard dans la nuit de mardi à mercredi.Dans l’incapacité de se mettre d’accord sur un texte commun, les partenaires sociaux se sont séparés en convenant qu’il reviendrait à Jean-Jacques Marette, l’animateur des discussions, de proposer lundi un texte de synthèse, un “texte de la dernière chance” selon l’expression de Christelle Thieffinne.Parmi toutes les propositions qui pourraient être retenues pour dégager un accord, les mesures en faveur des femmes semblent les plus consensuelles, selon les participants à l’issue des discussions.Les femmes qui ont eu des enfants verraient leur retraite calculée sur les 24 meilleures années (1 enfant), ou 23 meilleures années (2 enfants), d’après les indications fournies par les participants.Sur la pénibilité, les termes de l’accord potentiel semblent plus confus. Pour répondre à une demande insistante de la CFDT, le patronat accepterait l’instauration d’un compte pénibilité, prenant en considération les manutentions manuelles de charge, les postures pénibles et les vibrations mécaniques. Mais le patronat privilégiera-t-il la reconversion au départ anticipé en retraite ?Sur l’âge de départ sans décote, l’accord se ferait autour d’un âge abaissé à 66 ans et demi contre 67 ans. L’âge de départ sans décote est l’âge auquel il est possible de partir sans pénalité, même si l’on n’a pas cotisé le nombre de trimestres exigés (172). Il semble acquis que le dispositif des carrières longues soit alors restreint et ne puisse plus bénéficier aux personnes ayant travaillé avant l’âge de 21 ans.- CSG, retraités -Pour parvenir à l’équilibre financier en 2030, la CSG serait augmentée pour les retraités aux revenus moyens ou supérieurs, et les retraites pourraient être sous-indexées de 0,8 point par rapport à l’inflation en 2026, et 0,4 point en 2027.La prime seniors, évoquée en début de semaine par François Bayrou, serait elle enterrée.La réussite ou non de ce conclave est un instant de vérité pour le Premier ministre, qui avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement.”A partir du moment où ce conclave n’aboutit pas sur l’abrogation de la réforme des retraites, nous déposerons une motion de censure”, a promis Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, mercredi sur RTL, même si LFI aura besoin de l’appui d’autres groupes à gauche pour pouvoir techniquement la déposer.”Il faut qu’on mette cette question des retraites derrière, ça fait depuis deux ans qu’on ne parle que de ça”, a plaidé Astrid Panosyan-Bouvet.L’idée de ce conclave était principalement de rendre moins impopulaire la réforme des retraites Borne de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans le départ à la retraite. Tout en visant l’équilibre financier, alors que le déficit du système est annoncé à 6,6 milliards d’euros en 2030.pgr-lby-grd-bat/alu/dsa

Nouvelle-Calédonie: le leader kanak Christian Tein appelle à une sortie “par le haut”

Le leader indépendantiste kanak Christian Tein, tout juste libéré après un an de détention provisoire, a espéré mercredi une sortie “par le haut” de la crise néo-calédonienne, réaffirmant avoir toujours eu une “démarche pacifique” et appelant la France à ne pas “galvauder sa parole”.”J’ai toujours contesté l’ensemble des charges qui me sont reprochées”, a insisté le président du FLNKS, dans sa première déclaration depuis sa sortie le 12 juin de la prison de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), lors d’une conférence de presse à Montpellier, en présence de ses avocats.Poursuivi dans le cadre de l’enquête sur les émeutes qui ont fait 14 morts en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, M. Tein, à l’époque chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), reste mis en examen pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs, a précisé Me Florian Medico. Il est également placé sous statut de témoin assisté pour complicité de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique et provocation directe au groupement armé suivi d’effets. Revenant sur son arrestation et son transfert en métropole, où il a passé “près d’un an à l’isolement”, M. Tein a pudiquement évoqué “un moment difficile à passer”, rappelant avoir été gardé à vue puis transféré “menotté”: “Ce n’était pas possible, au XXIe siècle, pour un grand pays de lumières tel que la France”, a-t-il observé, au sujet de son “premier voyage en métropole”.Revenant sur son combat politique, le leader kanak, 57 ans, chemise à fleurs, a expliqué avoir toujours agi dans “le cadre fixé par l’accord de Nouméa” de 1998, qui a transféré progressivement des compétences à la collectivité et permis l’organisation de trois référendums d’autodétermination entre 2018 et 2021.Mais si ces trois scrutins ont vu la victoire du non à l’indépendance, le dernier, boycotté par les indépendantistes, est resté contesté, aboutissant, avec la cristallisation des divisions entre loyalistes et indépendantistes autour d’un projet de réforme du corps électoral calédonien, à ces émeutes de mai 2024, qui ont fait deux milliards d’euros de dégâts.- “Un beau gâchis” -“C’est un beau gâchis”, “je suis terriblement triste pour mon pays”, a insisté le dirigeant kanak, élu à la tête du FLNKS durant sa détention: “J’étais, comme tout le monde, déconcerté”, a-t-il raconté, évoquant ce matin où il s’est réveillé “avec l’insurrection dans les quartiers de Nouméa”.Mais “il n’a jamais été question de sacrifier des vies”, a-t-il assuré, mettant en cause les “charges” des forces de l’ordre “contre les jeunes”: “Et puis malheureusement après ça, c’est un peu comme ce qui s’est passé dans vos quartiers, ça s’est enchaîné”.Interrogé sur son éventuelle participation aux discussions qu’Emmanuel Macron souhaite organiser début juillet à l’Élysée avec les responsables calédoniens, M. Tein a rappelé qu'”une convention du FLNKS est prévue le 28 juin, pour décider dans quel cadre les discussions doivent se poursuivre”.”Si je suis là tant mieux”, a-t-il reconnu, répétant que “jamais il ne s’est considéré être irremplaçable”. Mais “il faudra qu’on trouve les voies pour sortir par le haut. On ne peut pas répéter tous les 30 ans la même chose”, a poursuivi M. Tein, désireux, “avec le gouvernement français, de se projeter et de (…) fixer une voie vers la pleine souveraineté” pour le “caillou”. Appelant à la “désescalade” et à “ramener de la sérénité”, le leader indépendantiste a regretté, durant cette crise, “l’entêtement de certains membres du gouvernement à amener ce dossier dans le mur”, sans donner de noms: “La parole que la France elle donne, elle a de la valeur, mais j’ai l’impression que ces derniers temps on a galvaudé la parole de la France”, a-t-il accusé.Plus direct, Me Roux a rappelé lui les propos du ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, aujourd’hui ministre de la Justice, qui avait traité Christian Tein et ses camarades “de mafieux et de voyous”: “de telles injures étaient totalement inappropriées”. Une certitude en tous cas pour les avocats du militant kanak: le dossier judiciaire de leur client est “vide” et son innocence devra être “intégralement reconnue”. “Il n’y a pas besoin d’amnistie. Ils sont innocents”, a martelé Me Roux.

Fin de vie: opération déminage de Vautrin à Lille devant le secteur des soins palliatifs

La ministre de la Santé Catherine Vautrin a tenté mercredi de rassurer les professionnels de santé, inquiets et en colère, après la proposition de loi sur les soins palliatifs et celle sur la fin de vie, adoptées en première lecture fin mai à l’Assemblée nationale.La ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, invitée à Lille au congrès national de la Société française des soins palliatifs (Sfap) qui fédère quelque 6.000 soignants, infirmiers et médecins, y a souligné “l’importance (de) la lutte pour les soins palliatifs” tout en justifiant “l’aide à mourir”.”J’ai souhaité venir vous retrouver ce matin car je sais que si le diable avait un visage, peut-être serait-ce le mien”, a lancé Mme Vautrin à la tribune.Elle a rappelé les grandes lignes du plan voté pour les soins palliatifs et les crédits consacrés, “un milliard d’euros en dix ans” avec 100 millions d’euros actés pour 2025. Pour 2026 elle a promis de “travailler pour que ces crédits soient sacralisés”, que “tous les départements soient dotés” et que le personnel soit formé.Sur l’aide à mourir, Mme Vautrin a insisté sur la “clause de conscience”: “aucun d’entre vous ne sera obligé de pratiquer l’aide à mourir, c’est un sujet absolument indispensable”.Concernant le “délit d’incitation” à l’aide à mourir, écarté par les députés, et le “délit d’entrave”, retenu lui dans la proposition de loi, les discussions se poursuivent, a assuré Mme Vautrin, admettant que l’absence de délit d’incitation est “effectivement un élément de déséquilibre”. Sur le plan dédié aux soins palliatifs, “on n’a aucun retour sur l’utilisation de ces moyens” a regretté Claire Fourcade, la présidente de la Sfap, après l’intervention de la ministre. Et le texte sur l’aide à mourir “est porteur de beaucoup d’incertitudes et d’inquiétudes” dans le secteur, a rappelé Mme Fourcade. “Ce changement du message collectif va avoir une importance immense”, selon elle.Seul une personne en fin de vie sur deux a accès à des soins palliatifs en France, par manque de structures d’accueil, de personnel et de moyens.La proposition de loi adoptée le 27 mai à l’unanimité en première lecture à l’Assemblée nationale, en parallèle de celle créant un droit à l’aide à mourir, doit améliorer cette prise en charge, notamment en créant un droit opposable: autrement dit, une personne n’ayant pas accès aux soins palliatifs dans un certain délai pourrait saisir la justice administrative pour l’obtenir.Les deux textes sur la fin de vie doivent être examinées en première lecture au Sénat à l’automne.

A Paris, le président du Parlement ukrainien lance un “Appel du 18 Juin” à la France

Le président de la Rada, le Parlement ukrainien, Ruslan Stefanchouk, a adressé mercredi devant les sénateurs français un “Appel du 18 juin”, 85 ans après celui du général de Gaulle, exhortant la France à “défendre l’Ukraine avec autant d’acharnement que la Russie veut (la) détruire”.Invité par le Sénat français à prononcer une allocution solennelle dans l’hémicycle, le président de la Rada a longuement dressé un parallèle entre l’Appel de Charles de Gaulle en 1940 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine.”Je comprends à quel point son Appel du 18 juin aux Français et aux Alliés est aujourd’hui d’actualité”, a-t-il affirmé à la tribune du Sénat.”S’il sonnait aujourd’hui, il s’agirait d’un appel à la résilience, d’un appel à l’unité, d’un appel à la détermination profonde”, a ajouté le président du Parlement ukrainien face à un hémicycle quasiment rempli. “Votre histoire et la nôtre nous enseignent que la capitulation n’a jamais été une option”.Il a appelé la France à se positionner pour des “sanctions impitoyables” envers la Russie, estimant que “l’aide” demandée à la France était “d’importance vitale” pour l’Ukraine, non seulement pour sa “défense contre l’agression” mais aussi pour son “chemin vers l’Union européenne”.”J’aimerais que nos partenaires défendent l’Ukraine avec autant d’acharnement que la Russie veut détruire l’Ukraine”, “sans demi-action, sans demi-décision, mais pleinement, tous les jours et jusqu’au bout”, a-t-il encore interpellé.Les sénateurs, debout, ont longuement rendu hommage, par des applaudissements sur l’intégralité des bancs, au “courage et à la détermination du peuple ukrainien”. “L’Ukraine n’est pas seule”, a affirmé le président du Sénat Gérard Larcher lors de cette séance publique solennelle au Palais du Luxembourg. “Notre responsabilité est grande face à des autorités russes qui font le pari de la force, de la résignation ou de la lassitude. Nous vous démontrons que notre détermination à vous aider n’est en rien entamée”, a-t-il ajouté à l’adresse de M. Stefanchouk.Cette visite en France du président de la Rada a lieu après une attaque russe massive sur Kiev, survenue dans la nuit de lundi à mardi et dont le bilan s’est alourdi mercredi à 21 morts; et alors que le G7 s’est contenté mardi d’un soutien minimal lors d’un sommet au Canada chamboulé par le départ anticipé de Donald Trump en raison du conflit entre l’Iran et Israël.

Le Canard Enchaîné épingle Eric Lombard sur sa déclaration de patrimoine

Le Canard Enchaîné accuse le ministre de l’Economie Eric Lombard d’avoir “sous-évalué” son patrimoine dans un article à paraître mercredi, ce que le ministre récuse, reprochant au journal satirique de n’avoir pas “repris” les réponses “apportées en transparence” aux questions du Canard. Dans son édition à paraître mercredi, l’hebdomadaire évoque une maison dans le Morbihan achetée en 2004 pour 1,8 million d’euros et dans laquelle Eric Lombard a effectué des travaux pour un montant de plus d’un million d’euros, comme l’indique sa déclaration de patrimoine.”Vingt ans plus tard, étrangement, il assure que la bicoque ne vaut plus que… 600.000 euros”, s’étonne le journal, pour qui des agents immobiliers “estiment” que ce genre de propriété vaut “entre 3,5 et 4 millions d’euros”. Dans un communiqué envoyé mardi soir, Bercy publie les questions du Canard Enchaîné et les réponses apportées: concernant cette maison dans le Morbihan, “la différence résulte, d’une part, de ce qu’Eric Lombard ne détient que 50% du bien et, d’autre part, qu’il ne détient que l’usufruit”, a répondu le ministère au journal. Il précise qu’il ne s’agit pas “d’une dépréciation” et explique s’être conformé au “mode de calcul” de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).Le Canard Enchaîné s’interroge aussi sur un appartement acquis en 2020 par Eric Lombard. D’une superficie de 180 mètres carrés, il a été acheté 2,8 millions d’euros, d’après la déclaration de patrimoine du ministre, pour une valeur vénale indiquée de 1,4 million d’euros. Bercy répond, comme déjà indiqué sur le site de la HATVP, qu’Eric Lombard ne détient “que 50% du bien”, ce que Le Canard Enchaîné rapporte également. Malgré les réponses apportées par Bercy et partiellement reprises par l’hebdomadaire, celui-ci persiste et s’interroge sur “la sacrée différence avec les prix du marché” des biens immobiliers déclarés par Eric Lombard. Le dernier point abordé par Le Canard Enchaîné dans son article relève d”une société de conseil, Halmahera, dirigée par la femme du ministre: “elle (la société, NDLR) n’emploie qu’une seule personne et n’a aucun client mais dégage 6 millions de dividendes annuels”.”La société Halmahera n’a pas de clients car il s’agit d’une société d’investissement dont l’activité consiste en la détention de participations, lesquelles sont quasi exclusivement détenues via le groupement économique Greenstock”, fait savoir le ministère, précisant que “tant la société Halmahera qu’a fortiori ses actionnaires ne peuvent intervenir sur les décisions concernant les participations détenues par Greenstock”. 

Jadot appelle Tondelier à ne pas entretenir “l’ambiguïté d’une candidature unique de la gauche” avec Mélenchon en 2027

L’ex-candidat à la présidentielle des Ecologistes Yannick Jadot appelle la cheffe de son parti Marine Tondelier à “clarifier” le rapport des Verts avec Jean-Luc Mélenchon et à ne pas entretenir “l’ambiguïté d’une candidature unique à gauche en 2027″, dans un entretien à Libération mercredi.”Il faut clarifier notre rapport à Jean-Luc Mélenchon et dire clairement qu’on doit préparer l’élection présidentielle sans lui”, estime le sénateur. “Continuer à entretenir l’ambiguïté d’une candidature unique à gauche pour 2027, c’est construire la déception des électeurs de demain, et la défaite”. M. Jadot souligne qu’il y a aujourd’hui “une rupture sur les valeurs avec Jean-Luc Mélenchon” qui “justifie de ne pas cheminer ensemble”. Alors que Marine Tondelier continue “à refuser d’enterrer une candidature unique pour 2027”, il l’exhorte à parler “franchement” aux électeurs de gauche qui veulent l’union, et à “ne pas les baratiner”. “Sinon la tactique vis-à-vis de Mélenchon sera déceptive et démobilisatrice”.Yannick Jadot considère que sans clarification, “il n’y aura pas de projet rassembleur mais un seul mot d’ordre pour masquer nos différences : l’antifascisme”. “Un combat absolument central”, dit-il, “mais ce n’est pas un projet de reconquête des classes populaires et moyennes”.”Faire durer la confusion autour d’une formule magique +primaire+ nous fait perdre un temps précieux pour construire une candidature de gauche non-mélenchoniste”, considère l’ex-candidat à la présidentielle.Il affirme par ailleurs ne pas être hostile à une primaire, à laquelle il dit ne pas être lui-même candidat, mais refuse de faire “croire qu’une primaire rassemblant toute la gauche du NPA à François Hollande en passant par Jean-Luc Mélenchon est possible”. Quant aux municipales, alors que les Ecologistes n’excluent pas de nouer des accords avec LFI, M. Jadot souligne qu’ “il y a des endroits où ça fonctionne correctement”. Mais si, à Paris, “les Verts mènent à bien leur projet avec (la députée insoumise) Sophia Chikirou, dont les positions et les comportements sont en rupture avec nos valeurs, je le dis très clairement, ils ne feront pas simplement campagne sans moi mais contre moi”, prévient-il.Il promet aussi d’aller soutenir les maires socialistes de Nantes Johanna Rolland et de Montpellier Michael Delafosse, si les écologistes locaux s’allient avec LFI contre eux. “Ça ne me paraît pas sérieux, dans les villes où nous sommes dans des majorités municipales et où nous avons bien travaillé, de faire alliance avec l’opposition alors que par ailleurs nous voulons reconduire nos maires”, a-t-il ajouté.

La nuit tombe sur un “conclave” des retraites devenu labyrinthe

Entamé il y a trois mois et demi, le conclave sur les retraites entre partenaires sociaux, impulsé par François Bayrou, n’avait toujours pas trouvé d’issue mardi en fin de soirée, date butoir de la concertation.”J’ai abordé l’aspect cotisations et la partie patronale nous a dit +vous savez, augmenter les cotisations, c’est non+: donc en gros, on n’a pas à leur poser la question”, s’est désolée Christelle Thieffinne négociatrice de la CFE-CGC, venue parler à la presse en soirée.Ce fut le refrain de la journée: “la négociation n’a pas avancé”, a ainsi brossé peu avant midi, Yvan Ricordeau, représentant de la CFDT, qui a agité le spectre d’un échec.Entamées à 9h30, les discussions se sont arrêtées à 11h30, le temps d’un long déjeuner pour chaque camp. “L’après-midi, on a repris à 15h, on a parlé de pénibilité, puis à 16h, il y a eu une interruption de séance de deux heures à la demande du patronat et ils reviennent pour proposer… rien”, a encore regretté Mme Thieffinne. – Le patronat “plante la négo” -La concertation a repris vers 18h00. Avec une partie patronale qui “plante la négo”, selon l’accusation lancée par la même représentante de la CFE-CGC, qui a décrit une “ambiance tendue”.Le Medef ne s’est pas présenté devant la presse de la journée. La CFE-CGC refuse toutefois de quitter la concertation: “C’est à eux, la partie patronale, de nous dire qu’ils refusent d’avancer”.Des plateaux repas ont été servis aux participants, pour reprendre les travaux après 20h. Pour alléger la pression, le Premier ministre, François Bayrou, s’était dit prêt lundi à accorder “quelques jours de plus” aux cinq partenaires encore présents: CFDT, CFTC, CFE-CGC côté syndical, Medef et CPME côté patronal. Mais pour les syndicats, pas question d’aller au-delà de la date butoir de mardi si le patronat n’avance pas.Les syndicats veulent en particulier obtenir que la pénibilité et l’usure soient prises en compte pour pouvoir partir avant 64 ans, l’âge légal fixé par la réforme Borne de 2023.  Et les représentants des salariés accusent le patronat de privilégier la reconversion plutôt que les départs anticipés en cas d’usure professionnelle.Parmi les autres “points durs”, la CFTC a également mis comme “ligne rouge” – objectif impératif – le passage à 66 ans de l’âge de départ sans décote (contre 67 ans), également rejeté par le patronat.- Prime seniors “pas évoquée” -Les syndicats ont en tout cas enterré la proposition sortie du chapeau lundi par François Bayrou d’une “prime” pour inciter les salariés seniors à retarder leur départ à la retraite.”Ce n’est ni une demande d’une organisation syndicale, ni d’une organisation patronale. Elle n’a fait l’objet d’aucun chiffrage et d’aucune étude de faisabilité, et pour l’instant, elle n’a pas été évoquée”, a souligné Yvan Ricordeau à la mi-journée.Même si ça ne faisait pas grand mystère depuis le début, le Medef a entériné depuis le 10 juin qu’il ne bougerait pas sur l’âge de départ à 64 ans. Ce n’est pas forcément une fin de non-recevoir pour les syndicats. Tout dépendra de ce que le patronat lâchera en termes de carrière des femmes, de pénibilité, ou d’augmentation de cotisations sociales.”S’il y a un accord (au conclave), il y aura débat au Parlement, mais je ne remettrai pas en chantier s’il n’y a pas d’accord”, a rappelé mardi François Bayrou devant les députés. La fin du conclave est un instant de vérité pour le Premier ministre. Il s’était engagé au début du processus à présenter un éventuel accord – même partiel – devant le Parlement. L’idée de ce conclave était principalement de rendre moins impopulaire la réforme des retraites Borne de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans le départ à la retraite. Tout en visant l’équilibre financier, alors le déficit annoncé du système est de 6,6 milliards d’euros en 2030.FO avait claqué la porte dès la première réunion le 27 février, la CGT et l’U2P (organe patronal pour les artisans) avaient à leur tour quitté mi-mars ce processus prévu initialement pour s’achever le 28 mai.Le Premier ministre avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement.”Si le Parlement n’avait pas le dernier mot (sur les retraites), c’était la censure”, a rappelé devant la presse mardi le porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale, Arthur Delaporte. pgr-lby-boc-sl/alu/cbn

La France doit demander “pardon” à la Polynésie pour ses essais nucléaires, juge une commission d’enquête

La France doit demander “pardon” à la Polynésie française pour les essais nucléaires menés sur ses atolls, ont estimé les auteurs d’un rapport d’enquête parlementaire rendu public mardi, étape fondamentale pour une “réconciliation” avec ce territoire marqué par de lourdes conséquences sanitaires et environnementales. “L’enquête a nourri la conviction de la commission d’enquête selon laquelle une demande de pardon de la part de la France à la Polynésie française s’imposait. Cette demande n’est pas un simple symbole, ni une demande de repentance”, ont écrit les auteurs du rapport de la commission d’enquête relative aux conséquences des essais nucléaires menés dans cette collectivité ultramarine par la France entre 1966 et 1996.”Elle doit être une démarche sincère, étape fondamentale dans le cadre d’un processus de réconciliation entre la Polynésie française et l’État”, ont écrit le président de la commission, le député du Finistère Didier Le Gac (EPR), et la rapporteure Mereana Reid-Arbelot (GDR), députée polynésienne.Ils y voient un “acte sobre” pour “traiter ce pan de notre histoire dans l’apaisement”.Ce pardon doit être inscrit dans la loi organique de 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie, ont-ils proposé, estimant que c’est “au Parlement d’effectuer ce geste au nom de la Nation”.Ils recommandent notamment de mettre en place une commission d’historiens et de chercheurs pour “mener un travail de fond centré sur l’étude de toutes les archives concernant la politique d’expérimentation nucléaire française en Polynésie française”, qui aura vocation à constituer “l’assise historique d’une mémoire commune”.Pendant trois décennies, la France a procédé à 193 essais nucléaires en Polynésie sous l’égide du centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) et 17 autres en Algérie (1960-1966) qui ont permis de se doter de l’arme atomique. – “Biodiversité bouleversée” -Ces essais ont eu de lourdes conséquences sanitaires et environnementales, soulignent les auteurs, qui proposent également une batterie de recommandations sur la prise en charge et l’indemnisation des victimes ainsi que sur la reconnaissance des dommages environnementaux et leur réparation.”Les autorités ont estimé que la nécessité de préserver l’apparence de tirs sans risque et parfaitement maîtrisés devait prévaloir sur la protection sanitaire des populations en cas de retombées radioactives supérieures aux prévisions”, souligne notamment le document, alors que six décennies après le début de la campagne nucléaire, plusieurs centaines de Polynésiens attendent toujours une reconnaissance officielle des maladies qu’ils lient aux essais. La CPS, l’organisme de sécurité sociale locale, chiffre à plus d’un milliard d’euros le coût des pathologies radio-induites, et entend transmettre la facture à l’État.”La commission d’enquête parlementaire ouvre une nouvelle page pour la vérité et la justice dans la prise en compte des conséquences sanitaires, environnementales et sociales des essais nucléaires”, ont salué dans communiqué commun la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican) et l’Observatoire des armements.Ces organisations ont notamment appelé à l’application “au plus vite” des 45 recommandations du rapport, notamment celle qui propose de “supprimer l’exigence relative au seuil du millisievert”, une mesure utilisée pour évaluer l’impact de la radioactivité sur le corps humain, “mais dont la reconstitution n’a aucune valeur scientifique”. L’appréhension des conséquences sanitaires “est rendue particulièrement difficile en raison de la culture du secret qui a minimisé les risques radiologiques et leur impact avant, pendant et après les activités du CEP”, selon le rapport.Ses auteurs recommandent de réaliser une étude épidémiologique pour repérer une éventuelle “sur-incidence de certains types de pathologies”, notamment parce que les “dispositifs de radioprotection” n’ont “pas été mis en oeuvre ou alors, seulement de façon lacunaire, tardive et partielle”.Côté environnemental, la commission déplore les “conséquences durables” de ces essais, dont 46 étaient atmosphériques. “Si certaines des pollutions issues des activités du CEP ont pu être réparées et qu’une partie des espèces affectées ont trouvé un nouvel équilibre, la biodiversité a été bouleversée, des pollutions demeurent et se poursuivront sur le très long terme”, selon les auteurs.La rapporteure Mereana Reid-Arbelot espère voir émerger une proposition de loi permettant une meilleure indemnisation des victimes. Ces réparations, selon les auteurs, nécessiteront de “refonder” la loi de 2010 qui a créé le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen).