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“Nous n’abandonnerons jamais”: rassemblements en France pour les deux Français détenus en Iran depuis 3 ans

Plusieurs rassemblements ont eu lieu mercredi en France en soutien à Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran depuis trois ans jour pour jour, alors que le président Emmanuel Macron a assuré agir “sans relâche” pour faire libérer ces deux ressortissants.Professeure de lettres âgée de 40 ans, Cécile Kohler, originaire de l’est de la France, et son compagnon septuagénaire Jacques Paris avaient été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d’un voyage touristique en Iran.Accusés d'”espionnage” par les autorités iraniennes, considérés comme des “otages d’Etat” par Paris, ils sont officiellement les deux derniers Français emprisonnés en Iran, qui détient une vingtaine d’Occidentaux.Ils sont actuellement incarcérés dans la sinistre section 209, réservée aux prisonniers politiques, de la prison d’Evin de Téhéran.A Paris, quelque 200 personnes dont la soeur et les parents de Cécile Kohler, se sont réunis pour réclamer la libération des deux Français, très affectés psychologiquement.Leur détention “arbitraire” et l'”acharnement carcéral dont ils sont les victimes, qui plus est au regard de leur innocence complète et de l’absurdité flagrante des charges prononcées, sont d’une brutalité insupportable”, a déclaré Noémie Kohler, la soeur de Cécile.”Nous n’abandonnerons jamais” et “nous attendons aujourd’hui de la France qu’elle mette tout en œuvre pour obtenir leur libération”, a-t-elle ajouté, faisant part de son “désespoir” face à l’absence totale d'”avancée concrète” jusque-là.Au côté d’autres anciens détenus français en Iran, Olivier Grondeau, libéré le 17 mars après plus de deux ans dans les geôles iraniennes, a livré un témoignage longuement applaudi, appelant à une mobilisation maximum pour mettre la pression sur Téhéran.”J’étais là-bas, maintenant je suis ici. Je demande que Cécile et que Jacques, à partir de maintenant, on les voie. Qu’on allume la télé (…) et qu’on lise le nombre de jours de torture. 1095 jours aujourd’hui, 1096 demain”, a affirmé le jeune homme.”Des otages qu’on oublie, c’est exactement ce que souhaitent leurs ravisseurs”, a-t-il dit. “Le gouvernement iranien a peur qu’on prononce les mots qui décrivent la situation de Cécile et de Jacques (…) Les mots de bandeau sur les yeux, les mots d’interdiction de visite, d’aveux sous la contrainte, de justice aux ordres”.- “Tenir le coup” -Paris a promis de tout mettre en oeuvre pour leur libération, en vain jusque-là. Entre 2023 et 2025, au moins cinq Français ont été libérés, après des mois ou des années de détention, mais Cécile Kohler et Jacques Paris détiennent le triste record de trois années complètes d’incarcération, dont trois mois à l’isolement total.”Ils ont été arrêtés sans fondement” et sont “emprisonnés (…) dans des conditions inhumaines qui relèvent de la torture”, a dénoncé mercredi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot dans une vidéo postée sur X, exhortant une nouvelle fois les Français à ne pas se rendre en Iran “pour ne pas prendre le risque d’être eux-mêmes détenus arbitrairement”. Contraints à des “aveux forcés” diffusés sur la télévision d’Etat iranienne quelques mois après leur arrestation, les deux Français sont soumis à des conditions d’incarcération extrêmement dures. Lumière allumée 24 heures sur 24, 30 minutes de sortie deux ou trois fois par semaine, rares et courts appels sous haute surveillance à leurs proches, le dernier date du 14 avril.En trois ans, ils n’ont reçu que quatre visites consulaires, et quasiment aucune information ne filtre sur la procédure judiciaire.”Cécile et Jacques sont de plus en plus désespérés et y croient de moins en moins”, avait confié mardi Noémie Kohler à l’AFP, alors qu’ils n’ont pour ainsi dire aucun contact avec l’extérieur.Paris a annoncé son intention de porter plainte contre Téhéran devant la Cour internationale de justice pour “violation” de leurs droits “dans les prochains jours”, selon le Quai d’Orsay.Les chancelleries européennes accusent Téhéran de pratiquer la “diplomatie des otages” pour notamment peser dans les très sensibles discussions sur le nucléaire iranien, dans l’impasse depuis des années, et obtenir une levée des sanctions.Au total, une quarantaine de rassemblements étaient prévus dans l’Hexagone pour marquer cette date anniversaire. Environ 150 personnes se sont rassemblées à Strasbourg en soutien à Cécile Kohler, originaire d’Alsace et à Jacques Paris. Au sol, un cordon rouge matérialisait les 8m2 que se partagent plusieurs détenus.Ils étaient des dizaines aussi à Lille. “On espère que Cécile et Jacques sachent (…) qu’ils ont ce soutien-là et on sait que ça leur est précieux” pour “tenir le coup”, a expliqué Solène Jabaud, une participante.

Budget: ceux qui demandent de nouvelles dépenses “trahissent l’intérêt du pays”, estime Bayrou

Ceux qui demandent des “dépenses de l’Etat nouvelles” dans le budget, sur lequel le gouvernement entend faire 40 milliards d’euros d’économies, “trahissent l’intérêt du pays”, a tonné mercredi François Bayrou, en défendant son idée d’un référendum sur les finances publiques. “Ceux qui laissent faire ça (le déficit et la dette, NDLR) sont des irresponsables et ceux qui, chaque fois qu’ils montent à la tribune, le font pour demander des crédits nouveaux, (…) des dépenses de l’État nouvelles, ceux-là trahissent l’intérêt du pays”, a affirmé le Premier ministre devant le Sénat, lors de la séance des questions au gouvernement.Il répondait au chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner qui l’accusait de vouloir “tenir le plus longtemps possible à Matignon” sans “répondre aux vraies attentes des Français”, taclant un pouvoir “à court d’idées”. François Bayrou a justifié sa proposition de référendum sur la trajectoire budgétaire du pays, reçue avec prudence par l’Elysée. “Chacun est dans son rôle en évoquant des consultations sur des sujets qui sont des sujets cruciaux”, a estimé M. Bayrou, en rappelant que la tenue d’un référendum était une prérogative du chef de l’Etat.Le président Emmanuel Macron pourrait de son côté évoquer mardi sur TF1 d’autres types de consultations sur les “écrans pour les enfants” ou sur une “réforme territoriale”, a précisé la porte-parole du gouvernement (et sénatrice LR) Sophie Primas sur franceinfo, trouvant “un peu curieux” cette dernière proposition sur une “prérogative du Sénat”.Sur le budget, fait valoir M. Bayrou, “ce qui nous manque, c’est que les Français, l’opinion publique française (…) prennent conscience de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons”.”Il ne s’agit pas de faire adopter un budget par référendum”, ce qui serait “institutionnellement impossible” mais il “est tout à fait possible d’imaginer, et nous n’en sommes pas encore là, un texte cadre qui permette aux Français de prendre la pleine mesure de la situation”, a-t-il précisé, en répondant au sénateur Les Républicains Jean-François Husson, rapporteur général du budget.Il s’agirait d’un “cadre pluriannuel d’environ deux, trois ou quatre ans, le temps de revenir à l’équilibre financier”, a précisé Mme Primas.Le gouvernement de François Bayrou, qui est parvenu à faire adopter les budgets 2025 de l’Etat et de la sécurité sociale en début d’année, en échappant à une série de motions de censure, est désormais engagé dans la préparation du budget pour 2026. Il estime qu’il lui faut trouver 40 milliards d’euros pour respecter ses objectifs de réduction du déficit public, et entend présenter ses propositions d’ici au 14 juillet.

Wauquiez annonce la suspension des aides régionales à l’université Lyon 2

Le candidat à la présidence de LR Laurent Wauquiez a annoncé mercredi la suspension des subventions de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l’université Lyon 2 qu’il accuse de “dérive islamo-gauchiste”, s’attirant des comparaisons avec Donald Trump de la part de LFI.”Nous avons décidé avec le président de la région de supprimer toutes les aides à cette université”, a déclaré sur CNews/Europe 1 le chef de file des députés LR et ancien patron de la région devenu conseiller spécial de son successeur Fabrice Pannekoucke.Laurent Wauquiez a ensuite expliqué à l’AFP qu’il demande au ministère de l’Enseignement supérieur de mener une “mission d’inspection indépendante” pour déterminer “l’ampleur de la dérive islamo-gauchiste de cette université”.En attendant les résultats de cette mission, “on suspend toutes les coopérations” avec Lyon 2, “on refuse de fermer les yeux face à cette dérive grave”, a-t-il poursuivi, en assurant que des repas de rupture du jeûne du ramadan ou des “prières” avaient eu lieu dans l’établissement.Selon la région, ce moratoire financier se monte à “près de 19 millions d’euros”, et concerne principalement des paiements de projets immobiliers figurant dans le contrat de plan Etat-Région (CPER). Contactée par l’AFP, l’université, dans la tourmente depuis l’interruption d’un cours par des militants encagoulés le 1er avril, n’a pas souhaité commenter une décision dont elle dit ne “pas avoir été officiellement informée”.”Le Trumpisme vient de traverser l’Atlantique”, a réagi de son côté Jean-Luc Mélenchon. La “surenchère” de Laurent Wauquiez face au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qu’il affrontera lors d’un congrès LR les 17 et 18 mai, “vire à la police politique et à l’obscurantisme contre les universités”, a ajouté le leader de La France Insoumise sur X.L’opposition socialiste à la région, par la voix du vice-président du groupe Johann Cesa, a également dénoncé une décision “antirépublicaine”, “brutale, sans nuance”. La députée écologiste Marie-Charlotte Garin a jugé sur X que Laurent Wauquiez “inventait le délit d’opinion académique”.- “Intolérable” – En 2021, la région Auvergne-Rhône-Alpes avait déjà suspendu certains financements accordés à Sciences Po Grenoble, traversé par de vifs débats sur la notion d’islamophobie. L’université Lyon 2 est elle au coeur d’une intense polémique depuis l’irruption, il y a quelques semaines, d’un groupe de personnes au visage dissimulé lors d’un cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l’Irak et de la Syrie. Vivement pris à parti par des militants le taxant de “raciste” et “sioniste”, il avait quitté la salle.L’incident a suscité une condamnation unanime et le parquet, saisi par l’université qui a accordé une protection fonctionnelle à Fabrice Balanche, a ouvert une enquête pour “entrave à l’exercice de la fonction d’enseignant”.Depuis, l’universitaire a multiplié les interviews pour dénoncer “l’islamo-gauchisme” en vigueur selon lui à Lyon 2 et reprocher à sa direction un manque de soutien. Dans un entretien à la presse locale la présidente de Lyon 2, Isabelle von Bueltzingsloewen, a estimé que l’interruption de son cours était “intolérable” mais a dénoncé les “paroles complotistes, délétères pour l’université” de l’enseignant. Elle a ensuite fait l’objet de menaces de mort, qui ont poussé le parquet à ouvrir une deuxième enquête.Le 29 avril, le parquet a reçu un autre signalement concernant des propos laudateurs sur le mouvement libanais Hezbollah, considéré comme terroriste par Israël ou les Etats-Unis, attribués au vice-président Willy Beauvallet-Haddad. Une enquête pour “apologie du terrorisme” a été ouverte dans la foulée. M. Beauvallet a démissionné lundi de la vice-présidence pour “faire baisser la pression”. 

Dati annonce un retour en juin au Parlement de la réforme de l’audiovisuel public

La ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé mercredi un retour en juin devant le Parlement du projet de réforme de l’audiovisuel public.”La détermination du président de la République et du Premier ministre sont intactes”, a déclaré Mme Dati sur France Inter. “Je suis déterminée sur cette réforme” et n’y “renoncerai sûrement pas”, a-t-elle averti.Selon la ministre, le rapprochement des entreprises de l’audiovisuel public, Radio France et France Télévisions en tête, avec une présidence et un conseil d’administration uniques, doit permettre de protéger le service public face aux “groupes privés qui se constituent (et) peuvent être aussi des enjeux d’influence” et de “résister (aux) plateformes par des investissements massifs”.Mme Dati a aussi étrillé un service public qui ne toucherait, selon elle, “plus les jeunes (ni) les classes populaires”. “Ça devient un club pour les CSP+ (les catégories socioprofessionnelles les plus aisées, NDLR) et plus âgés”, a-t-elle jugé.Selon la direction des études de Radio France, qui s’appuie sur les données de Médiamétrie, le groupe public a toutefois gagné plus de 400.000 auditeurs de moins de 25 ans dans les dix dernières années et est le deuxième groupe le plus écouté par les CSP- (actifs et retraités), derrière le groupe NRJ.L’examen du projet de réforme, décrié par les syndicats qui y voient une attaque contre l’audiovisuel public, avait connu en avril un nouveau coup de frein, son examen dans l’hémicycle ayant été reporté sine die, quelques jours après un incident opposant Mme Dati à une fonctionnaire de l’Assemblée.Cette réforme “commence à faire consensus malgré aussi la caricature qu’on en fait”, a assuré la ministre mercredi. “Il faut arrêter de caricaturer cette réforme en disant que c’est une réforme d’extrême droite, voilà la manière dont Madame (Sibyle) Veil (la) présente”, a-t-elle ajouté, ciblant la patronne de Radio France.Accuser les opposants au projet de le caricaturer est “un comble venant d’une ministre qui utilise des arguments simplistes et parfois de purs mensonges”, a rétorqué le SNJ (Syndicat national des journalistes) de Radio France dans un communiqué.”Il est très inquiétant d’entendre Rachida Dati rabaisser les résultats de Radio France et donner libre cours à une rancœur personnelle”, a poursuivi le syndicat, en appelant la ministre à “retirer” son projet de réforme.Il vise à créer une holding, France Médias, chapeautant France Télévisions, Radio France et l’INA (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un ou d’une présidente. Le texte a été validé en première lecture au Sénat en 2023.Serpent de mer relancé par Mme Dati à son arrivée au ministère début 2024, le projet d’origine prévoyait une fusion des sociétés, dans une sorte de BBC à la française, mais il a été interrompu par la dissolution de l’Assemblée à l’été.

Wauquiez craint la “dilution” de la droite dans la macronie avec Retailleau

Le président des députés Les Républicains Laurent Wauquiez craint la “dilution” de la droite dans la macronie si Bruno Retailleau cumulait les fonctions de président des Républicains et de ministre, évoquant des “bruits” sur un rapprochement entre son rival et Édouard Philippe. “Avoir un ministre de l’Intérieur, c’est très utile et Bruno (Retailleau) le fait avec toute l’énergie qu’il essaie de mettre”, a affirmé sur CNews-Europe1 le député de Haute-Loire qui affrontera le Vendéen lors d’un congrès les 17 et 18 mai pour la présidence de LR.  “Je dis juste que cumuler (Beauvau) avec la présidence des Républicains, c’est prendre le risque d’une disparition de la voix de la droite et d’une dilution dans la macronie”, a-t-il prévenu, dans l’attaque la plus directe contre son rival depuis le début de la campagne. Ce risque de dilution dans la macronie, M. Wauquiez a assuré le percevoir dans “les bruits consistant à dire qu’il pourrait y avoir un rapprochement” avec Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre et candidat Horizons à la présidentielle, estimant que ces rumeurs “ne sont pas démenties avec clarté” par les deux camps.  “Pour moi et avec moi, ce ne sera jamais le cas et je n’en veux pas”, a assuré Laurent Wauquiez, qui a réitéré sa volonté d’incarner “la rupture” avec la macronie, tout en admettant son “estime” pour l’eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo.Interrogé sur une éventuelle alliance électorale avec le patron d’Horizons dans un entretien publié mercredi par Valeurs Actuelles, le ministre de l’Intérieur affirme “ne pas connaître le projet qu’Édouard Philippe souhaite porter”.”Est-ce un vrai projet de droite ? Pour le moment, il me semble qu’il défend plutôt l’idée d’un bloc central qui irait de la gauche démocrate à la droite conservatrice. Sans ligne claire, on est condamnés à l’impuissance”, ajoute-t-il. Un soutien de Bruno Retailleau a toutefois reconnu que la formation de l’ancien Premier ministre était “dans une opération séduction” à l’égard des élus LR, reconnaissant avoir lui-même eu récemment des contacts avec eux. “L’idéal, ce serait des primaires pour départager tout ça”, a ajouté cette source, écartant une entente avec d’autres partis de la macronie comme le MoDem. 

L’Assemblée exclut temporairement deux députés pour usage illicite de leurs frais de mandat

Épinglés pour avoir indument utilisé leurs frais de mandat, deux députés, l’Insoumis Andy Kerbrat et l’ex-RN Christine Engrand, ont été temporairement exclus mercredi de l’Assemblée nationale, la sanction la plus sévère prévue par le règlement.Les députés ont approuvé à l’unanimité dans l’hémicycle, du RN à LFI, la sanction proposée par le bureau de l’Assemblée nationale, sa plus haute instance exécutive. Il avait décidé, aussi à l’unanimité, de proposer “la plus haute sanction” du règlement: une privation partielle d’indemnité avec exclusion temporaire, une sanction rare, mais prononcée à plusieurs reprises ces dernières années.Les faits commis, “qui portent sur une utilisation gravement irrégulière de leurs frais de mandat, ne doivent pas jeter l’opprobre sur l’ensemble de la représentation nationale”, a appelé depuis le perchoir la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, saluant l'”unanimité” du vote.Ils sont exclus pour quinze jours de séances (avec interdiction de prendre part aux travaux) et seront privés durant deux mois de la moitié de leur indemnité parlementaire.- Drogue de synthèse et site de rencontres -Fin 2024, Mediapart a publié deux enquêtes selon lesquelles les deux élus avaient utilisé leur compte pour avance de frais de mandat, Andy Kerbrat, pour financer sa consommation de stupéfiants, ce qu’il nie, et Christine Engrand, pour diverses dépenses, dont un abonnement à un site de rencontres ou le gardiennage de chiens.C’est la première fois qu’une telle sanction est prononcée pour “manquement au code de déontologie”, selon Mme Braun-Pivet.En octobre, Andy Kerbrat, avait été contrôlé par la police dans le métro parisien en train d’acheter de la 3-MMC, une drogue de synthèse. Dans la foulée, Mediapart avait publié une enquête assurant qu’il avait utilisé son compte pour avance de frais de mandat (AFM) pour financer sa consommation.M. Kerbrat, depuis en arrêt maladie, avait confié se débattre avec une grave addiction, mais nie avoir utilisé ce compte pour sa consommation.”Je n’ai jamais utilisé mon enveloppe de frais de mandat pour financer mon addiction, jamais. Je suis sanctionné pour mauvaise gestion de l’AFM”, a-t-il insisté mercredi sur X, disant accepter cette décision. Les députés insoumis, au bureau puis dans l’hémicycle, ont approuvé la sanction. “On a une cohérence, il s’agit d’argent public et on doit le gérer correctement”, dit une source au groupe.”Nous sommes surpris que la présidente (Yaël Braun-Pivet) ait d’office choisi de faire voter la plus haute sanction”, souligne-t-on au groupe, qui estime qu’une sanction plus modeste -une privation d’indemnité sans exclusion temporaire initialement proposée par le vice-président Jérémie Iordanoff (écologiste)- était plus adaptée.Andy Kerbrat a remboursé de sa propre initiative 95% des dépenses. Sur la part restante, le déontologue a demandé des informations complémentaires, le député s’étant engagé à procéder aux remboursements éventuels.Christine Engrand (Pas-de-Calais), également épinglée par Mediapart, a été exclue définitivement du RN en mars. Selon le dernier rapport du déontologue, elle a remboursé les sommes concernées.Ces dernières années, plusieurs élus ont fait l’objet de mesures d’exclusion temporaire.L’ex-député Grégoire De Fournas (RN) avait lancé en 2022 “qu’il retourne en Afrique” lors d’une intervention du député LFI Carlos Martens Bilongo. Exclu pour avoir créé du tumulte dans l’hémicycle, l’élu RN avait alors nié tout caractère raciste à son intervention. En 2023, le député LFI Thomas Portes a été exclu après une séance houleuse sur les retraites, durant laquelle il avait refusé de s’excuser auprès du ministre du Travail Olivier Dussopt, après avoir posté une photo le montrant ceint de son écharpe tricolore, le pied sur un ballon à l’effigie du ministre. En 2024, l’insoumis Sébastien Delogu a fait l’objet de la même sanction après avoir brandi un drapeau palestinien dans l’hémicycle.

ArcelorMittal: Xavier Bertrand somme François Bayrou de venir à Dunkerque

“Qu’est-ce qu’il attend?” Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand a sommé mercredi le Premier ministre François Bayrou de se déplacer sur le site d’Arcelormittal à Dunkerque où près de 300 suppressions de postes sont annoncées sur un total de plus de 600 en France. “Il y a 636 postes qui sont supprimés, 636 familles dans lesquelles on se dit que demain +il y a plus de boulot, il faut en retrouver un+. Il attend quoi?”, s’est agacé le responsable LR sur franceinfo. Dunkerque, “c’est pas plus loin, c’est pas plus longtemps” qu’un trajet pour Pau, dont François Bayrou est resté maire, a-t-il insisté. Il a souhaité que le chef du gouvernement organise “une table ronde” réunissant “les organisations syndicales, les élus, les ministres concernés, l’Union européenne et ArcelorMittal” et qu'”à l’issue de cette réunion, on sache clairement ce que Mittal fait comme investissement et quand”. “Est-ce que vous restez?”, “est-ce que vous allez garder toute la production d’acier ? Est-ce que vous avez l’idée de garder les hauts-fourneaux ou de les fermer à terme?”, a-t-il développé, rappelant qu’au total 15.000 personnes sont concernées dans les Hauts-de-France, le Grand-Est et le sud de la France. Promettant de “continuer à (se) battre pour qu’on garde une production d’acier en France et en Europe”, il a défendu le principe de “limiter à 15% de la demande les importations” au niveau européen. “Si vous ne faites pas la limitation à 15% des importations, il n’y a aucune nationalisation qui tiendra la route”, a-t-il répondu aux élus, de gauche notamment, qui réclament que l’État entre au capital d’ArcelorMittal, une idée rejetée le gouvernement.Le sidérurgiste a annoncé récemment un plan d’économies pour tenter de regagner sa compétitivité en Europe avec le transfert d’activités support vers l’Inde portant sur 1.400 postes.En France, le plan ne vise pas uniquement les fonctions support. Il porte aussi sur la production, avec 636 suppressions de postes prévues.

“Filles et maths”: Borne annonce l’expérimentation de classes scientifiques à horaires aménagés en 4e et 3e

La ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne a annoncé mercredi l’expérimentation de classes scientifiques à horaires aménagés pour des collégiens de 4e et 3e, avec 50% de filles dans chacune, nouvelle mesure d’un plan “Filles et maths”.”Je veux créer des classes aménagées maths et sciences en 4e et 3e. Ces dispositifs existent aujourd’hui pour la musique ou le théâtre et l’objectif est de développer aussi la culture scientifique et technique”, a-t-elle déclaré sur France Inter. “On va expérimenter dans cinq académies dès la rentrée et on veut généraliser, avec au moins une classe de ce type dans chaque département, à la rentrée suivante”, a-t-elle précisé.L’expérimentation sera lancée dans les académies d’Amiens, de Bordeaux, de Martinique, de Nancy-Metz et de Normandie, avec la création d’une dizaine de classes, selon un communiqué du ministère détaillant le plan global.Ces classes permettraient “d’avoir des activités supplémentaires pour découvrir les sciences, les maths autrement avec des chercheurs, des partenaires, que les chefs d’établissements et les recteurs sont en train de rechercher” et “de pouvoir sensibiliser des jeunes à la recherche, à l’expérimentation dans les sciences”, a exposé l’ancienne Première ministre, diplômée de Polytechnique.La “pédagogie de projet permettra de développer l’appétence des élèves et notamment des filles pour les sciences”, a ajouté le communiqué.”Ces classes, le cahier des charges c’est qu’elles doivent accueillir 50% de filles”, a souligné Elisabeth Borne, parlant d'”une présence équilibrée de filles et de garçons” mais sans parler de quotas.Cette initiative s’inscrit dans un plan “filles et maths” de huit mesures visant à “mobiliser la communauté éducative et les parents” pour que “les jeunes filles prennent toute leur place dans les métiers des sciences de l’ingénieur et du numérique”.Le premier “pilier” prévoit de “former et sensibiliser” aux biais de genre et aux stéréotypes dans l’apprentissage des mathématiques tous les professeurs dès la rentrée 2025, du primaire au lycée. La ministre a aussi fixé mardi un objectif de 50% de filles dans la spécialité mathématiques en terminale en 2030, contre 42% actuellement, dans un entretien aux Echos dévoilant l’essentiel de son plan.Elle a repris par ailleurs à son compte “l’objectif” d’un rapport des inspections générales préconisant au moins 20% de filles dans chaque classe préparatoire scientifique en 2026 et 30% en 2030, sans utiliser là non plus le terme de quotas.

Meeting de protestation contre la dissolution de la Jeune Garde et d’Urgence Palestine

“Ni la Jeune Garde, ni Urgence Palestine ne méritent d’être dissous, mais le gouvernement, lui, mérite de l’être”, a lancé mardi Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting à Paris pour protester contre la volonté du ministre de l’Intérieur de supprimer ces deux groupes. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs autres villes de France.”Dans un pays libre, des opinions libres ne sont pas un crime, il faut le rappeler et le dire sans cesse”, a dénoncé le leader de La France insoumise, selon qui “il n’y a pas de reproche” contre les deux organisations visées.”La fronde du gouvernement est illégitime, les décisions sont excessives, brutales, sans aucun rapport avec la menace éventuelle qu’elles représenteraient”, a-t-il ajouté.Le triple candidat malheureux à la présidentielle s’est exprimé après le député Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde devenu député LFI en juillet 2024.”Que Bruno Retailleau et autres gesticulateurs d’extrême droite le mettent bien dans leur petite caboche, notre jeunesse est prête et sera au rendez-vous pour ce combat”, a mis en garde le parlementaire, devant plusieurs centaines de personnes réunies place de la Bataille-de-Stalingrad, dans le XIXe arrondissement.Olivier Besancenot (NPA), Elsa Faucillon (PCF), l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, Youlie Yamamoto (Attac), Les Soulèvements de la Terre – mouvement lui-même dissout avant que le Conseil d’Etat n’annule cette décision -, ainsi que plusieurs responsables écologistes ont également participé au rassemblement.A Lyon, où la Jeune Garde a été fondée en 2018, quelque 400 personnes se sont réunies pour protester contre sa dissolution.”Quand notre mouvement s’est créé, c’étaient huit locaux d’extrême droite implantés dans la ville. C’était plusieurs agressions racistes par semaine. Aujourd’hui, qu’est-ce qui reste ? Rien du tout. Voilà notre vrai bilan”, a défendu l’un de ses membres Zine-Eddine Messaoudi.”Ces militants font un vrai travail de terrain, ont aidé à faire reculer des agressions”, a abondé François Jandaud, secrétaire départemental du Rhône de la FSU.Pour Raphaël Arnault, cette procédure de dissolution annoncée par Bruno Retailleau a été décidée “sous ordre direct du Rassemblement national”.Le député RN Julien Odoul s’était en effet félicité de la décision du locataire de la place Beauvau, y voyant “le fruit de la pression constante exercée par le Rassemblement national” depuis décembre 2022.M. Retailleau a annoncé le 30 avril engager une procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l’ultradroite, après avoir lancé la veille celle du groupe “antifa” la Jeune Garde.Mardi après-midi, à M. Arnault qui l’interpellait lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre a rétorqué que la “Jeune Garde” était “un mouvement qui légitime le recours à la violence”.”Aucun élu ne devrait justifier la violence”, a-t-il ajouté, en promettant qu'”à chaque fois que les conditions seront réunies pour dissoudre les groupes violents, (il) le (fera)”.”On ne lutte pas contre le fascisme avec des méthodes de fascistes”, a encore appuyé le locataire de la place Beauvau.- “Référé-liberté” -Le collectif Urgence Palestine a pour sa part déploré “la criminalisation de la solidarité avec le peuple palestinien” alors que “le génocide s’intensifie à Gaza, que la faim tue, et à la veille d’un nouveau massacre annoncé de l’armée israélienne”. Son avocat, Me Elsa Marcel, a assuré qu’elle allait saisir le tribunal administratif d’une procédure d’urgence de “référé-liberté dès publication” du décret de dissolution, qui pourrait être pris lors du Conseil des ministres du 13 mai.Le collectif, créé au lendemain du 7 octobre 2023, dit rassembler “des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l’auto-détermination du peuple palestinien”.Urgence Palestine appelle à manifester le 17 mai, jour de commémoration de la Nakba, qui veut dire “catastrophe” en arabe et désigne l’exode massif qui a suivi la création de l’Etat d’Israël en 1948. Lundi, le gouvernement israélien a annoncé une nouvelle campagne militaire qui prévoit la “conquête” de la bande de Gaza et un déplacement massif de sa population à l’intérieur du territoire. Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, a affirmé mardi que la bande de Gaza serait “totalement détruite” après la guerre en cours.ldf-sl-sm-dfa-pab/sde/cbn

Un texte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur examiné à l’Assemblée

Une proposition de loi pour lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, adoptée à l’unanimité au Sénat, a commencé à être examinée mardi à l’Assemblée nationale, les députés affichant d’emblée leurs désaccords sur la question du mécanisme de sanctions envisagé.”Pas un seul étudiant ne doit hésiter à se rendre en cours parce qu’il craint d’être exposé à l’antisémitisme”, a martelé en ouverture des débats le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste.”Depuis le 7 octobre 2023, nous avons assisté à une augmentation alarmante des actes antisémites dans notre société et l’enseignement supérieur, malheureusement, n’a pas été épargné”, a-t-il ajouté.Le texte, porté par Pierre Henriet (Horizons) et Constance Le Grip (groupe macroniste Ensemble pour la République), entend notamment renforcer les dispositifs de prévention et de signalement, en rendant obligatoire au sein de chaque établissements des “référents” dédiés à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.Le texte d’origine prévoyait aussi dans son article 3, supprimé lors de son examen en commission, la création d’une “section disciplinaire commune” aux établissements d’une même région académique, présidée par un membre de la juridiction administrative. Le co-rapporteur Pierre Henriet entend défendre mardi la réintroduction par amendement de cette disposition, et affirme que cela permettrait aux chefs d’établissements d’externaliser le processus disciplinaire sur les dossiers les plus sensibles.Il a rappelé que neuf étudiants juifs sur dix disent avoir subi des actes ou remarques antisémites à l’université, selon un sondage de l’Union des étudiants juifs de France.- Procédure disciplinaire -“Le renforcement de la procédure disciplinaire est nécessaire”, ces démarches étant souvent “trop longues”, et “les actes antisémites, trop rarement sanctionnés”, a estimé la députée MoDem Géraldine Bannier. Mais la gauche est elle opposé à cet article 3. “La volonté de professionnaliser la justice disciplinaire par le recours à un juge administratif rompt avec la tradition des universités autonomes”, a fustigé le député écologiste Steevy Gustave.Le communiste Jean-Paul Lecoq a lui critiqué la liste des faits passibles d’une sanction disciplinaire ajoutée au code de l’éducation par le même article, comportant notamment “les faits susceptibles de porter atteinte à l’ordre, au bon fonctionnement de l’établissement”. Des dispositions qui risquent selon lui “de porter atteinte aux droits et à la liberté de manifestation des étudiants”. Marie Mesmeur, députée LFI et membre de la commission dans laquelle le texte a été étudié, a dénoncé auprès de l’AFP des mesures “liberticides” de “la droite et de l’extrême droite”.Mardi, plusieurs députés de droite ont en retour accusé la gauche de “détourner le regard” face à l’antisémitisme, selon les mots du député LR Alexandre Portier.Le texte inscrit par ailleurs une “sensibilisation obligatoire” à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme au sein des missions de formation des établissements.Le gouvernement a reçu il y a une semaine un rapport comportant des mesures contre l’antisémitisme, “déclinable” face aux autres formes de racisme, et qui insistait notamment sur la formation des personnels enseignants et des fonctionnaires.