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Budget de la Sécu: la Santé largement épargnée par les mesures d’économie, indique Neuder

Le budget de la Sécu pour 2025 ne comprendra pas 5 milliards d’économies sur la santé comme dans l’ancienne version, rejetée par le Parlement en décembre, mais plutôt des “centaines de millions”, a estimé vendredi le ministre de la Santé, souhaitant préserver ce secteur.Dans cette nouvelle mouture du budget de la Sécurité sociale, il n’y aura “pas cinq milliards d’économies, (…) parce que ce n’est pas sur un budget que vous résorbez les déficits de la Sécurité sociale. Et nous avons besoin de réformer notre système de santé”, a déclaré le ministre de la Santé Yannick Neuder sur France info. Il n’y aura “pas d’économies sur le dos de la santé des Français. (…) Ça ne veut pas dire qu’on ne va pas réformer le système”, a insisté Yannick Neuder.Mais “on ne peut pas dire pas d’économies du tout”, a-t-il poursuivi, car le gouvernement travaille sur “des mesures d’efficience” pour améliorer l’efficacité du système de santé, pour éviter par exemple les examens redondants, “décomplexifier les parcours de soins” ou “trouver des solutions plus rapides” pour les patients qui attendent un rendez-vous.Les économies se compteront-elles en milliards ou en centaines de millions ? “Je crois que c’est plutôt en centaines de millions. Il faut arrêter les fantasmes, parce que dans le budget de la Sécurité sociale, je rappelle qu’il y a cinq branches”, dont “la branche retraite”, “un poids certain” dans le budget, a-t-il répondu.Le ministre a rappelé que ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) était un “point de départ”, qui pourra être modifié par les parlementaires.L’examen du texte doit commencer à l’Assemblée nationale le 3 février.François Bayrou avait déjà annoncé mardi l’abandon de mesures envisagées à l’automne: la baisse du taux de remboursement, par l’Assurance maladie, des médicaments et des consultations médicales, pour les transférer aux complémentaires santé. Matignon a aussi promis une hausse de 3,3% des dépenses de l’Assurance maladie, contre 2,6% inscrits dans le texte rejeté en décembre.Interrogé sur le sort d’une autre mesure un temps envisagée, l’augmentation du nombre de jours de carence en cas d’arrêt maladie pour les fonctionnaires, Yannick Neuder n’a pas répondu. “C’est au ministre de la Fonction publique de mener ces discussions-là”, mais le personnel soignant hospitalier, qui fait partie des fonctionnaires, est aujourd’hui “soumis à de fortes tensions”, et ce n’est “pas forcément le meilleur moment pour envisager ces sujets-là”, a-t-il jugé.

Aurore Bergé veut publier un répertoire des professionnels pratiquant l’IVG

Aurore Bergé, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, s’est dite favorable vendredi sur Sud Radio à la publication d’un répertoire des professionnels pratiquant l’interruption volontaire de grossesse (IVG).”C’est déjà (dans) la loi. Il faut qu’on garantisse tout simplement son application, parce qu’une femme qui veut avorter, elle doit pouvoir savoir comment faire le plus proche possible d’elle”, a-t-elle déclaré, cinquante ans après la promulgation de loi dépénalisant l’IVG.Si cette loi n’est aujourd’hui pas appliquée c’est parce que certains professionnels de santé “se font menacer et harceler parce qu’ils pratiquent” des IVG, a expliqué la ministre.”L’entrave à l’avortement, ce sont aussi des militants anti-choix, anti-droits qui continuent à taguer des lieux qui pratiquent l’IVG, à menacer des associations. Malheureusement, il y a encore ça”, a-t-elle regretté.La ministre a aussi cité des obstacles “techniques” qui compliquent encore une cartographie complète de ces médecins ou sage-femmes.”Est-ce que ce sera une carte ? une liste ? En tout cas, l’idée, c’est de (…) donner accès à l’information”, a déclaré Mme Bergé, promettant l’application prochaine de cette disposition contenue dans la loi.Elle a par ailleurs dit soutenir la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, qui appelle, avec un collectif, à la réhabilitation des femmes condamnées pour avoir avorté avant la fameuse loi portée par Simone Veil.”C’est une démarche symbolique qui est extrêmement importante. Quand on se replonge plus de 50 ans en arrière, on se replonge dans des souffrances qui étaient épouvantables, (…) c’était la clandestinité, c’était le secret, c’était la honte, c’était s’exposer à la mort, c’était s’exposer à de la prison”, a rappelé Aurore Bergé.

“En colère”, la présidente de l’Office de la biodiversité réclame le soutien du gouvernement

“Nous en avons assez”: Sylvie Gustave-dit-Duflo, présidente du conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité (OFB), se dit “en colère” face aux attaques visant l’établissement public.Dans un entretien à l’AFP, la responsable politique, également vice-présidente de la Région Guadeloupe, demande au gouvernement de “soutenir” l’OFB et ses agents.QUESTION: François Bayrou évoquant la “faute” des agents de l’OFB, Laurent Wauquiez réclamant sa suppression… Comment réagissez-vous aux débats de ces derniers jours?REPONSE: “Nous en avons assez de ce qui se passe depuis plus d’un an et demi à l’encontre de l’OFB et des agents. Lorsque les agents de l’OFB vont au contact des agriculteurs, c’est pour exercer des missions de contrôle et assurer la qualité des sols, de l’air, de l’eau… Et on sait bien aujourd’hui que préserver la planète c’est préserver notre santé, nos modes de vie. Et aujourd’hui l’établissement et les agents sont pris à partie parce qu’ils exercent ces missions.Seuls 7,5% des contrôles annuels exercés par l’OFB ont un rapport avec le monde agricole. La probabilité pour qu’une exploitation agricole soit contrôlée par les 1.700 inspecteurs de l’environnement, c’est (une fois tous les) 120 ans.Lorsque le Premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute.(…)Aujourd’hui je demande à ce gouvernement de nous soutenir, de nous appuyer et de reconnaître les missions que nous exerçons”.Q: Que ressentez-vous?R: “Je suis une présidente qui est très en colère puisqu’en 2023 nos agents ont subi l’incendie du siège de Brest; depuis 2024 et la crise agricole c’est plus de 55 agressions vis-à-vis de l’établissement et des agents; on a même eu un agent qui voit sa vie mise en danger parce qu’on lui a déboulonné les pneus de sa voiture.Et nous avons des réactions timides de nos ministères (de tutelle, Agriculture et Environnement). Où est-ce qu’on a déjà vu une police attaquée de la sorte sans que les autorités compétentes prennent sa défense?”Q: Un syndicaliste a comparé les demandes de certains agriculteurs à des “dealers” demandant “aux policiers de ne plus venir dans les cités”. Comprenez-vous l’émoi qu’ont pu susciter ces propos?R: “Je regrette et je condamne la récente déclaration de ce responsable syndical. Non les agriculteurs ne sont pas des dealers. Mais la déclaration isolée d’un syndicaliste ne doit pas non plus remettre en cause ses collègues, 1.700 autres inspecteurs de l’environnement et 3.000 collègues pour l’ensemble de l’OFB. On doit chercher des voies d’apaisement et de non-instrumentalisation. Nous avons des propositions sur la table pour faire avancer le contrôle auprès des agriculteurs. Et ces propositions, notamment la caméra piéton, c’est un travail qui doit être discuté avec nos ministères de tutelle.Les petites phrases, les tweets trop rapides, ont des conséquences et participent à l’hystérisation du débat. J’aimerais que nos deux ministres défendent davantage encore l’établissement et aillent à la rencontre de nos agents pour mieux les connaître…”Q : Le Premier ministre a critiqué les contrôles “une arme à la ceinture” dans les fermes. Y a-t-il une autre façon de faire?R: “Qu’un gendarme ou un policier soit armé, c’est intégré dans la conscience collective. Mais la police de l’environnement est une jeune police. Nos inspecteurs sont habilités à ce port d’arme et lorsqu’ils exercent des contrôles, ils le font dans le cadre des missions : soit une procédure administrative diligentée par le préfet, soit dans le cadre d’une procédure judiciaire diligentée par le procureur. On ne sait jamais à qui l’on a affaire dès lors qu’on est dans une mission de contrôle.Nous avons commencé à travailler avec nos deux ministères de tutelle pour un port d’arme discret. Néanmoins on ne peut pas désarmer la police de l’environnement. Tous les troisièmes jeudis de septembre, je m’incline devant la stèle des agents qui sont tombés dans l’exercice de leur fonction.La police de l’environnement c’est encore une fois 7,5% de contrôles agricoles. Pour tout le reste – du braconnage, la lutte contre le trafic illégal d’animaux – nous avons affaire à des gens qui peuvent être dangereux”.

Macron est arrivé au Liban pour soutenir ses nouveaux dirigeants

Le président français Emmanuel Macron est arrivé vendredi matin à Beyrouth pour apporter son soutien aux nouveaux dirigeants du Liban et à leurs efforts pour former un gouvernement capable d’ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire du pays.Sa visite express de 12 heures coïncide avec celle du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, arrivé jeudi soir à Beyrouth, et il est possible que les deux hommes se voient sur place, selon une source diplomatique française. La France est impliquée dans la surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre à la guerre entre Israël et le Hezbollah.Ce déplacement du président français vise à “aider” son homologue Joseph Aoun, élu il y a une semaine après deux ans de vacance à ce poste, et le Premier ministre désigné Nawaf Salam “à consolider la souveraineté du Liban, à assurer sa prospérité et à maintenir son unité”, a déclaré l’Elysée.”Il y a maintenant un président légitime, fort, et qui bénéficie de la confiance de toute la région”, s’est félicité Emmanuel Macron dans une interview accordée au quotidien libanais indépendant L’Orient-Le Jour.Son entourage se félicite du tournant dans ce pays qui a pour Paris, ancienne puissance mandataire, “une valeur symbolique et une valeur stratégique particulière dans le Moyen-Orient d’aujourd’hui”.La diplomatie française y voit une “victoire”, car Nawaf Salam, un juge international respecté, était son candidat mais butait, jusqu’ici, sur les réserves du Hezbollah.Le mouvement armé pro-iranien, incontournable au Liban, a critiqué sa nomination et a refusé de prendre part aux consultations, non contraignantes, menées par Nawaf Salam pour la formation de son cabinet.”La France a toujours demandé au Hezbollah de déposer les armes, d’adhérer à un projet strictement libanais et de devenir un acteur politique responsable”, a souligné Emmanuel Macron dans l’interview au quotidien libanais.- “Diplomatie régionale” -L’Elysée a indiqué jeudi qu’Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane avaient apporté “tout leur soutien” à la formation d’un “gouvernement fort” lors d’un entretien téléphonique.Un tel gouvernement devrait être “capable de rassembler la diversité du peuple libanais, d’assurer le respect du cessez-le-feu entre Israël et le Liban et de mener les réformes nécessaires à la prospérité, à la stabilité et à la souveraineté du pays”, a ajouté la présidence française.Emmanuel Macron a souligné dans l’interview que Paris et Ryad avaient “travaillé ensemble” sur le Liban, ajoutant que “l’élection de Joseph Aoun et la désignation de Nawaf Salam sont aussi le fruit de ce travail de diplomatie régionale”.Selon Ziad Majed, professeur à l’université américaine de Paris, plusieurs facteurs ont contribué au déblocage: “la guerre dévastatrice” entre Israël et le Hezbollah, “l’affaiblissement” de celui-ci par l’armée israélienne, “la crise économique qui dure”. Mais aussi la chute de Bachar al-Assad en Syrie, allié de l’Iran, et “une crainte de l’arrivée de Donald Trump” à la Maison Blanche, avec son “soutien à Israël”.Emmanuel Macron doit échanger dans la matinée avec le chef d’état-major de la force de paix de l’ONU (Finul), le général Jean-Jacques Fatinet, ainsi qu’avec les chefs du mécanisme mis en place sous la houlette de la France et des Etats-Unis pour vérifier l’application du cessez-le-feu arraché par les deux puissances entre l’armée israélienne et le Hezbollah.Le président français va plaider pour “compléter dans le temps imparti par l’accord de cessez-le-feu”, c’est-à-dire d’ici au 26 janvier, le retrait de l’armée israélienne du sud du Liban et le déploiement de l’armée libanaise. Il pourrait aussi revenir sur l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages annoncé mercredi soir entre Israël et le Hamas à Gaza.L’Elysée promet par ailleurs des “gestes symboliques” pour mobiliser la communauté internationale au chevet du Liban, après une conférence d’aide organisée à Paris en octobre.

La France et l’Angola appellent à la reprise du dialogue au “plus haut niveau” entre Kinshasa et Kigali

Les présidents français Emmanuel Macron et angolais Joao Lourenço ont appelé jeudi à la reprise des discussions “au plus haut niveau” entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, en conflit dans l’est de la RDC.”La priorité doit aller au dialogue et à la recherche d’une paix durable. Ensemble nous appelons solennellement à la reprise des discussions au plus haut niveau”, a déclaré Emmanuel Macron au début de la visite d’Etat en France de son homologue angolais.”L’Angola est en train d’assumer son rôle de médiateur afin d’essayer de mettre fin à ce conflit”, a renchéri Joao Lourenço, très impliqué dans la recherche d’une issue à ce conflit et qui va prendre en février la présidence tournante de l’Union africaine(UA).Depuis novembre 2021, le mouvement M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, s’est emparé de vastes pans de territoire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), riche en ressources naturelles et déchiré depuis 30 ans par des conflits.En décembre, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame devaient se rencontrer à Luanda pour des pourparlers de paix mais les deux parties n’ont pas réussi à s’accorder sur les termes, aboutissant à l’annulation en dernière minute du sommet.Emmanuel Macron soutient les efforts de médiation du président Lourenço sur la crise dans les Grands Lacs, en parlant aussi aux deux protagonistes du conflit.Les présidents français et angolais ont aussi insisté sur leur volonté de développer les échanges bilatéraux, qui s’est traduite par la signature de contrats et d’investissements à hauteur de 430 millions d’euros à l’occasion de cette visite, a précisé Emmanuel Macron.Le groupe français Suez, déjà présent en Angola, a signé une déclaration d’intention pour renforcer l’accès à l’eau potable dans la capitale, Luanda. La Société générale a signé le contrat de financement pour l’acquisition par l’Angola d’un satellite d’observation de la terre ainsi que pour le renforcement de la coopération entre Météo France International et l’Institut national pour la météorologie et la géophysique.L’Agence française de Développement a signé une déclaration d’intention pour la réalisation d’un projet d’irrigation, avec un prêt de 100 millions d’euros à la clé. Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Luanda en mars 2023, les deux pays avaient conclu un partenariat destiné à développer la filière agricole et agroalimentaire en Angola, important producteur de pétrole qui ambitionne de diversifier son économie.Le président Lourenço a manifesté “l’intérêt” de son pays à renforcer la coopération avec la France dans l’agriculture, le tourisme, la santé, l’enseignement supérieur, les ressources en minerais, le pétrole et le gaz. Les deux pays se sont aussi engagés à renforcer leur coopération dans la lutte contre l’immigration illégale et le terrorisme ainsi que leur partenariat de recherche, pour la mobilité d’étudiants et pour l’enseignement du français en Angola.La France, en net recul dans son ancien pré-carré colonial, notamment au Sahel, ambitionne de développer ses relations avec l’Afrique anglophone et lusophone.

Au tribunal, l’étrange dîner de Claude Guéant avec le beau-frère de Kadhafi

Et au restaurant, qu’est-ce qu’il se passe ? “Nous prenons un repas ensemble”. Le tribunal a dû jeudi arracher phrase par phrase les explications de l’ex-directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, sur son improbable dîner en Libye avec le beau-frère de Kadhafi.Cela faisait plusieurs audiences qu’on tournait autour du pot, et même la présidente avait fini par s’impatienter: “le tribunal aimerait bien un jour arriver à mettre un pied à Tripoli”.C’est chose faite peu après. A la barre, Claude Guéant, 80 ans vendredi, pose sa silhouette frêle sur une chaise rouge à côté de la barre pour raconter comment il s’est retrouvé “seul” en Libye pour “préparer” une visite de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur dont il était à l’époque directeur de cabinet.L’ex-président est soupçonné d’avoir passé un “pacte de corruption” avec Mouammar Kadhafi pour que le richissime dictateur finance sa campagne présidentielle 2007, avec l’aide de ses très proches Claude Guéant et Brice Hortefeux, jugés à ses côtés.A Tripoli début octobre 2005, l’intermédiaire Ziad Takieddine (coprévenu mais en fuite) passe le prendre un soir: “Je vais vous faire rencontrer quelqu’un de très important du régime”.Claude Guéant ne pose aucune question, ne prévient pas l’ambassadeur. “Vous ne craignez pas la mauvaise surprise ?” “Et si vous aviez eu un accident de voiture ?”, demande, interloquée, la présidente Nathalie Gavarino.”J’aurais dû mais je ne l’ai pas fait, j’étais dans un climat de confiance, je n’avais aucune raison de suspecter le traquenard. Et c’est comme ça qu’à ma grande stupéfaction, je me suis retrouvé avec M. Senoussi”, continue M. Guéant, difficilement audible.Pendant l’enquête, Nicolas Sarkozy avait dit avoir été mis en garde “par tous les services de l’Intérieur” d’une rencontre avec Abdallah Senoussi, chef des renseignements militaires libyen mais surtout condamné en son absence en France à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989, qui a coûté la vie à 170 personnes dont 54 Français. Une vingtaine de proches sont parties civiles au procès.- “Bavardages” -Claude Guéant soutient que lui n’avait jamais été alerté. Est-ce qu’il fait le lien ? “Oui bien sûr”. “170 morts, réclusion criminelle à perpétuité ?”. “Oui bien sûr”, répète Claude Guéant dans un filet de voix. – J’étais obligé de rester, je n’allais pas provoquer un incident diplomatique. – Au restaurant, qu’est-ce qu’il se passe ?- Nous prenons un repas ensemble.- D’accord, mais ce n’est pas vraiment ça la question…- Nous avons évidemment bavardé, nous avons abordé les relations entre la France et la Libye et leur avenir”. Ne craint-il pas d’être pris en photo, qu’on le fasse chanter ? Ou que Ziad Takieddine “traduise mal”, par exemple “est-ce que vous pouvez nous donner de l’argent pour la campagne présidentielle ?”, demande la magistrate.Le prévenu bredouille. Elle demande plus frontalement: “est-ce que vous avez abordé avec lui la question du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy ?”. “Non Madame”, dit-il plus assuré.Et ont-ils parlé de la situation judiciaire d’Abdallah Senoussi ? Selon l’accusation, il y avait parmi les contreparties au financement de campagne la promesse d’un coup de pouce à Senoussi, qui rêvait de faire lever son mandat d’arrêt international.Claude Guéant concède que le sujet a probablement été abordé. “La seule réponse que j’ai pu apporter c’est: +je vais étudier la question+” – mais il n’en fera rien ensuite, jure-t-il.L’interrogatoire est visiblement pénible pour Claude Guéant, que le tribunal laissera partir avant la fin des questions au vu de son indéniable état de “fatigue”.De retour à Paris après son voyage libyen, il affirme avoir gardé pour lui cet étrange dîner. “Je n’avais pas envie de dire à mon ministre que je m’étais fait berner”.Le procureur financier n’en croit pas un mot. “Rien ne va dans la description de ce qu’il se passe, rien n’est logique”, balaie Quentin Dandoy. “Sauf si le but était d’évoquer autre chose”.Deux mois après à Tripoli, Brice Hortefeux, alors ministre des collectivités territoriales, était tombé à son tour dans le même “piège” de la rencontre surprise avec Abdallah Senoussi. 

En refusant de voter la motion de censure, le PS fait sa mue

Le Parti socialiste a fait sa mue réformiste dans la douleur en refusant jeudi de voter la censure du gouvernement, un changement incarné de manière inattendue par son Premier secrétaire Olivier Faure, jusqu’alors plus intransigeant.Après de houleux débats au sein du groupe des députés socialistes, et de son bureau national, le Parti socialiste a décidé, non sans difficulté, de ne pas voter la motion de censure défendue par La France insoumise, des écologistes et des communistes. Une position aussitôt conspuée par le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé sur X le PS d’avoir “capitulé” et “fracturé le Nouveau Front populaire”.  C’est de fait la première fois depuis la création du NFP, en juin dernier, que les socialistes ne votent pas une motion de censure avec le reste de la gauche. Durant la précédente alliance de gauche Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), ils avaient également voté une fois, en novembre 2022, à l’inverse de leurs partenaires.En acceptant d’entrer en négociations avec un gouvernement de centre-droit, Olivier Faure, qui a été l’un des artisans de la Nupes puis du Nouveau Front populaire, avec La France Insoumise, a surpris.Pour lui, après avoir censuré le gouvernement précédent de Michel Barnier, qui selon lui “n’a jamais ouvert de négociation” et “n’a négocié sa survie qu’avec l’extrême droite”, le PS avait la responsabilité de tout faire pour éviter une période d’instabilité politique supplémentaire.”Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire parce qu’elle peut conduire à la pire des politiques, c’est-à-dire l’arrivée de l’extrême droite” au pouvoir, a-t-il argumenté dans l’hémicycle.Le Premier secrétaire du PS, qui n’a jamais caché son ambition de voir le PS redevenir un parti de gouvernement et sa volonté d’écarter le procès en irresponsabilité qu’on lui fait depuis l’accord avec LFI, a revendiqué “l’honneur d’avoir évité aux Français” un budget plus dur pour leur pouvoir d’achat. Au nom d’une “gauche qui propose, qui avance (et) qui fait céder le gouvernement”, a-t-il appuyé. – Parti tiraillé -“Il n’y a pas de revirement, pas de changement”, assure à l’AFP le secrétaire général du PS Pierre Jouvet, rappelant que le PS était “dans l’optique d’améliorer la vie des Français”.Le sujet a clairement tiraillé le parti. La décision “n’était pas évidente mais a été prise dans un sens de responsabilité pour les Français”, ajoute M. Jouvet. Au sein des députés, dont beaucoup viennent de territoires ruraux, souvent plus réticents au “bruit et la fureur” de Jean-Luc Mélenchon, un grand nombre étaient enclins, comme l’ex-chef de l’Etat François Hollande, à ne pas voter la motion. Marine Tondelier, la cheffe des Ecologistes, résume: “A chaque tweet de Mélenchon (menaçant les socialistes, ndlr), ça a eu l’effet inverse”.Mais huit députés socialistes (sur 66) ont finalement fait le choix de la voter. Et la position d’Olivier Faure, comme celle du chef des députés PS Boris Vallaud, tous deux en première ligne dans les négociations avec le gouvernement, a évolué au fil des discussions, jusqu’à les rendre, dans la dernière ligne droite, davantage partisans d’une censure. Car Olivier Faure sait aussi qu’il joue gros et qu’il risque de voir rapidement revenir l’accusation de parti “social-traître” qui avait plombé la fin du quinquennat Hollande.Au sein du groupe LFI, le député Aurélien Taché, affirme déjà que “c’est plus la peine que les socialistes remettent un pied en manif”, au risque de se faire invectiver. Et Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a indiqué sur BFMTV que son parti réunirait ses instance prochainement pour “tirer les conséquences” de la décision socialiste. Olivier Faure, qui doit faire face à un congrès prévu courant 2025, a prévenu que le PS restait “dans l’opposition” et n’accordait pas “sa confiance au gouvernement”, n’excluant pas de voter la prochaine censure lors du budget, afin de peser pour faire avancer ses exigences dans le cadre de la poursuite des négociations avec l’exécutif.Si les engagements écrits du Premier ministre n’étaient pas tenus dans le budget, “nous déposerons, nous le groupe socialiste, une motion de censure”, a mis en garde la députée Dieynaba Diop devant la presse. 

La mairie de Paris va quitter le réseau social X

La ville de Paris va quitter le 20 janvier le réseau social X du milliardaire américain Elon Musk, où elle compte 2,2 millions d’abonnés, face à la “dérive” de la plateforme dont la maire Anne Hidalgo s’était retirée à titre personnel en 2023.”Par le biais de ses algorithmes, la toxicité croissante de X (ex-Twitter) empêche tout débat public équilibré et serein”, a déclaré jeudi à l’AFP Patrick Bloche, premier adjoint à la maire socialiste. “Depuis peu, X est soupçonné d’ingérence dans la vie démocratique de certains États”, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni, justifie dans un communiqué la mairie, collectivité la plus suivie de France avec 2,2 millions d’abonnés sur le réseau où elle était active depuis 2009.”Face à cette dérive qui sape les fondements de la démocratie”, la ville de Paris quittera X le 20 janvier, jour de l’investiture du président américain élu Donald Trump qui a nommé Elon Musk, son fervent soutien, à la tête d’un ministère de “l’efficacité gouvernementale”.Plusieurs institutions et médias, français et européens, ont décidé de quitter X ces dernières semaines. En France, si certains responsables politiques à gauche s’interrogent, peu s’en sont retirés. En novembre 2023, Anne Hidalgo a été la première personnalité politique française à cesser son activité sur ce réseau où elle était suivie par 1,5 million de personnes. “Ca a été un sacrifice pas évident, car elle a perdu beaucoup d’audience” en migrant sur d’autres plateformes, a commenté Patrick Bloche.L’élu PS quittera lui-même X et souhaite que d’autres membres de l’exécutif municipal le suivent, “dans le cadre de la démarche citoyenne portée par #HelloQuitteX”.”Je ne crois pas à une stratégie de retrait unilatérale. Que X pose problème, c’est une évidence, mais quitter le navire pour laisser les seules voix réactionnaires s’y exprimer, je n’en vois pas l’efficacité”, a commenté auprès de l’AFP le sénateur Ian Brossat, co-président du groupe communiste au Conseil de Paris, qui fait partie de la majorité municipale.L’élu LR David Alphand, co-président du groupe d’opposition Changer Paris avec Rachida Dati, a dénoncé sur X un “grave recul qui met en lumière le repli idéologique de la gauche parisienne” et “va dégrader la qualité de l’information apportée aux Parisiens”. 

Militants SOS Racisme agressés: prison ferme sous bracelet pour l’ex-dirigeant des “Zouaves”

L’ex-dirigeant du groupuscule d’ultradroite les “Zouaves Paris” Marc de Cacqueray-Valmenier a été condamné jeudi à Bobigny à neuf mois de prison ferme aménageables en détention à domicile sous bracelet, pour violences contre des militants de SOS Racisme lors d’un meeting d’Eric Zemmour en 2021.Le tribunal correctionnel de Bobigny a retenu que les “Zouaves Paris” avaient agi comme “un service d’ordre officieux” de la réunion publique de promotion du président du parti Reconquête!, alors candidat d’extrême droite à la présidentielle de 2022. Ayant visionné l’ensemble des vidéos, il a constaté que les membres du groupe avaient été remerciés, à la fin du meeting, pour “avoir fait le job” et qu’ils étaient partis en scandant “tout le monde déteste les antifas”.Marc de Cacqueray-Valmenier, 26 ans, avait admis sa présence au meeting, tout en affirmant n’avoir pas participé aux violences. “Malgré vos dénégations, les faits (sont) établis”, lui a déclaré le président Jean-Baptiste Acchiardi. Le condamné a dix jours pour faire appel. Ses avocats n’ont souhaité faire aucune déclaration.Le tribunal a appuyé sa décision sur l'”identification initiale par les services de renseignement” de Marc de Cacqueray-Valmenier parmi les agresseurs, ainsi que sur sa “reconnaissance formelle” par plusieurs victimes. Le président a glissé que le prévenu avait “ôté à plusieurs reprises le cache cou” qui dissimulait son visage.Le 5 décembre 2021, lors du premier meeting de campagne d’Éric Zemmour à Villepinte (Seine-Saint-Denis), douze militants de SOS Racisme étaient montés sur des chaises pour exhiber sur leur tee-shirt chacun une lettre de la phrase “non au racisme”, également scandée. Ils avaient alors été agressés à coups de poing, de pied ou de mobilier jeté sur eux.Dans la foulée, le gouvernement avait annoncé en janvier 2022 la dissolution des “Zouaves Paris”, groupe informel apparu en 2017, accusé d’être à l’origine de nombreux “agissements violents” ou de diffuser “régulièrement des images reprenant les symboles de l’idéologie nazie”. – Interdiction de détenir une arme -Conformément aux réquisitions, Marc de Cacqueray-Valmenier a été condamné à 18 mois d’emprisonnement dont neuf avec sursis probatoire pendant deux ans. Pour la partie ferme de neuf mois, il pourra solliciter un aménagement en détention à domicile sous surveillance électronique. Un deuxième prévenu pour violence en réunion, un apprenti âgé de 18 ans au moment des faits, a été condamné à neuf mois d’emprisonnement avec sursis. Il leur est interdit de détenir une arme pendant cinq ans.Le tribunal a estimé que le “mobile politique des violences” était corroboré par de nombreux éléments.”C’est une affaire importante car il s’agit de violence politique. Les paroles de haine mènent à des actes de violence”, a ensuite insisté auprès de l’AFP l’avocat des parties civiles Sacha Ghozlan.Le président de l’association, Dominique Sopo, s’est dit “satisfait”, tout en soulignant que le banc des prévenus avait été “assez vide” alors que le déferlement de violences était le fait de dizaines d’agresseurs. Pour lui, “l’enquête n’a pas été à la hauteur, car de nombreux visages filmés par les nombreuses caméras étaient parfaitement identifiables”.”Ca nous inquiète que des gens comme ça soient encore dans la rue”, a commenté Sacha, 21 ans, qui avait eu “une côte fêlée, une épaule luxée”. Lucie, 29 ans, qui avait reçu “une chaise sur la tête et de nombreux coups de ceinture”, a conclu: “J’espère qu’il ne va plus recommencer ce genre de choses”.Marc de Cacqueray-Valmenier avait été condamné, en janvier 2022 à Paris, à un an de prison ferme aménagée en détention à domicile sous bracelet électronique pour violence en réunion sans incapacité, lors d’une expédition dans un bar de la mouvance antifasciste à Paris.

L’Etat condamné pour faute dans l’affaire à l’origine du procès Dupond-Moretti

Il y a bien eu “faute” de l’Etat dans l’affaire qui avait valu un procès inédit à l’ex-garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, a estimé la justice administrative, condamnant l’Etat à indemniser deux magistrats du PNF pour les avoir “publiquement” et nommément mis en cause.Jugé par la Cour de justice de la République (CJR) pour prise illégale d’intérêts dans cette affaire en novembre 2023, Eric Dupond-Moretti avait été relaxé.Le tribunal administratif a condamné l’Etat à verser en réparation des préjudices subis 12.000 euros à Patrice Amar et 15.000 euros à Ulrika Delaunay-Weiss, qui a depuis quitté le parquet national financier. Avec l’ex-cheffe du PNF Eliane Houlette, ils avaient tous trois été visés en septembre 2020 par des enquêtes administratives ouvertes par Eric Dupond-Moretti fraîchement nommé ministre, alors qu’il avait eu des différends avec eux quand il était avocat. L’ouverture de ces enquêtes avait été annoncée dans un communiqué de presse où leurs noms figuraient, choquant le monde de la magistrature qui avait déjà mal accueilli la nomination de l’avocat le plus connu de France, notoirement peu tendre avec eux.Le conflit d’intérêt dénoncé dès le départ par les syndicats lui vaudra ce procès inédit pour un ministre de la Justice en exercice. En parallèle, les trois magistrats visés avaient finalement été blanchis de toute faute disciplinaire.Dans sa décision, le tribunal administratif met en avant que le communiqué et les justifications du ministre en public et dans les médias “étaient matériellement inexacts”, mettaient “en cause leur éthique professionnelle” et avaient ainsi “porté atteinte à la réputation professionnelle des intéressés”. Ils étaient donc “constitutifs d’une faute de nature à engager la responsabilité de l’Etat”.Au cours du procès, les deux magistrats avaient décrit l’impact sur leur vie personnelle et professionnelle. “On livre nos trois noms à la presse, c’est un immeuble qui s’effondre sur ma tête”, “pendant des semaines j’étais incapable de faire quoi que ce soit. J’étais comme un zombie”, s’était remémorée Ulrika Delaunay-Weiss. “Le ministre a vengé l’avocat”, avait-elle conclu.- “Lettre d’excuses” -“Plus de quatre ans après les faits, une décision de justice sanctionne enfin les graves fautes commises par Eric Dupond-Moretti”, s’est réjouie Me Marie Lhéritier, avocate des deux magistrats “dans le viseur” du garde des Sceaux.La décision du tribunal administratif “tiendra donc lieu de lettre d’excuses d’Eric Dupond-Moretti”, a-t-elle ajouté.Sollicité, le ministère de la Justice n’a pour l’heure pas réagi.Dans une décision inhabituelle en matière de prise illégale d’intérêts, la CJR (composée de magistrats professionnels et de parlementaires) avait estimé qu’Eric Dupond-Moretti s’était bien placé en situation de conflit d’intérêts, mais qu’il ne pouvait être reconnu coupable faute d’élément “intentionnel”.Resté à l’écart de la vie publique depuis son départ de la place Vendôme en septembre, il remontera bientôt sur les planches où il avait déjà joué sa vie d’avocat, cette fois pour raconter celle du ministre dans une pièce intitulée “J’ai dit oui”.En juin 2020, alors qu’Eric Dupond-Moretti était encore avocat, on avait appris que le PNF avait fait éplucher ses factures téléphoniques détaillées (fadettes) et celles d’autres avocats, pour tenter de débusquer une éventuelle taupe qui aurait informé l’ex-président Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute dans l’affaire de corruption dite “Paul Bismuth”.Eric Dupond-Moretti avait dénoncé une “enquête barbouzarde”, un basculement dans “la République des juges”, et porté plainte.Face à l'”émoi”, la ministre de la Justice d’alors, Nicole Belloubet, avait lancé une “inspection de fonctionnement” sur l’enquête du PNF. Entre temps, en juillet 2020 et à la surprise générale, Eric Dupond-Moretti avait été nommé ministre de la Justice. Malgré les alertes d’un risque “évident” de conflit d’intérêts par les syndicats de magistrats, c’est lui qui avait reçu les conclusions de l’inspection.Le rapport ne pointait aucune faute disciplinaire mais le ministre, sur “recommandation” de son administration, avait ordonné une enquête administrative pour rechercher d’éventuels manquements individuels, contre la cheffe du PNF Eliane Houlette, et contre Patrice Amar et Ulrika Weiss-Delaunay, chargés de l’enquête sur les fadettes.