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Municipales: les maires toujours enclins à se représenter, malgré les obstacles

Malgré le sentiment d’un manque de reconnaissance de l’État et l’exigence croissante de leurs concitoyens, les maires sortants n’envisagent pas de ranger l’écharpe aux élections municipales de 2026, à l’exception des élus des petites communes, plus indécis.Selon l’enquête présentée mardi sur “les intentions des maires sortants”, réalisée auprès de plus de 5.000 d’entre eux, 42% souhaitent se représenter en mars 2026, un taux “conforme aux mandats précédents” à la même période, tandis que 28% renoncent et que 30% sont indécis.”Le climat autour des démissions aurait pu laisser penser qu’il y a un mouvement de ras-le-bol. Ce mouvement n’est pas à écarter (…) mais l’enquête montre qu’au-delà des difficultés, il y a vraiment l’envie de servir, d’être utile”, explique à l’AFP l’auteur de l’étude Martial Foucault, professeur à Sciences Po.”Depuis 2014, nous avons un renouvellement des municipalités à hauteur de 40%, donc nous aurons très certainement en mars prochain 65% ou 66% de maires qui vont se représenter, 5 à 6% d’entre eux qui vont perdre les élections et 60% qui seront élus”, a-t-il détaillé lors d’une conférence de presse.S’il n’y a pas de “renoncement généralisé”, il règne en revanche un “climat d’incertitude, accentué par les crises”, les élus de 2020 ayant été confrontés tour à tour à la pandémie de Covid-19, à la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine puis à une rare instabilité politique doublée d’une crise budgétaire.”Les élus locaux font preuve d’un réel mérite civique face à leurs responsabilités, quitte à y laisser un peu de leur santé (physique et morale)”, souligne néanmoins la note.Moins la commune est grande et moins la volonté de se réengager est importante: seuls 37% des maires des communes de moins de 500 habitants souhaitent ainsi se représenter contre 70% des maires de communes de plus de 9.000 habitants.Un écart “révélateur de moyens inégaux, de charges administratives vécues comme écrasantes, mais aussi d’un isolement plus pesant dans les petites communes”, selon la synthèse, qui évoque aussi l’âge avancé de certains élus comme facteur de renoncement.   – “Fragilité” -Si près d’un maire sur deux est aujourd’hui retraité, seuls 33% des maires retraités envisagent de se représenter, contre 53% des actifs.Un “signal d’alerte”, selon le politologue, “compte tenu des contraintes fortes liées à la conciliation d’une vie professionnelle et d’un mandat de maire”.Parmi les causes de renoncement, les maires “heureux” sont presque trois fois plus nombreux à se déclarer être candidats que les maires “malheureux”.Les raisons institutionnelles les plus citées sont le manque de ressources financières (17%) et l’exigence trop forte des citoyens (15%), tandis que le “sens du devoir accompli” (20%) et le “sentiment d’insécurité personnelle et de surexposition face aux comportements des citoyens” (19%) arrivent en tête des raisons personnelles évoquées.”La relation avec les concitoyens est plus tendue, c’est-à-dire que la discussion, les remarques, la manière de se comporter est plus violente symboliquement que par le passé”, souligne Martial Foucault.Quelque 61% des répondants déclarent avoir subi des incivilités, un chiffre en baisse de huit points par rapport à 2023, tandis que les agressions physiques sont stables (7%) et que les attaques sur les réseaux sociaux concernent 25% d’entre eux.Jean-Claude Girard, maire d’Ouges (Côte-d’Or), a témoigné avoir été “attaqué à coups de barre de fer” en mai 2021. “J’attends toujours la date du procès en appel”, a-t-il déploré en évoquant un “sentiment d’abandon”.En moyenne, les maires disent travailler 32 heures par semaine, contre 27 heures en 2023. Les dossiers jugés “les plus ardus” concernent l’urbanisme.Les cérémonies font partie des moments les plus agréables (84%) mais le mandat reste malgré tout “usant”, les maires souffrant notamment d’un “manque de reconnaissance ou de considération de la part de l’exécutif”.”Nous ne sommes pas au bord du gouffre, c’est une surprise, mais il y a quand même une fragilité”, a réagi Guy Geoffroy, vice-président de l’Association des maires de France.”On doit pouvoir améliorer la situation en donnant encore plus envie à des jeunes de s’engager”, a relevé le ministre de l’Aménagement du territoire François Rebsamen, promettant l’inscription du texte sur le statut de l’élu “fin mai début juin” à l’Assemblée nationale.L’enquête, réalisée en partenariat avec le ministère de l’Aménagement du territoire et six associations d’élus, a été administrée en ligne auprès de plus de 5.200 maires entre le 3 et le 31 mars. 

CDG Express: La Courneuve demande de protéger ses habitants des nuisances sonores

Le maire de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) a appelé mardi les autorités à “respecter” et “protéger” les habitants de la commune en construisant un mur antibruit le long des voies du CDG Express qui doit entrer en circulation en 2027.”Les Courneuviens demandent d’être respectés, écoutés, protégés”, a déclaré le maire communiste Gilles Poux lors d’une conférence de presse, à quelques mètres des rails sur lesquels circule actuellement le RER B, rejoint dans deux ans par le CDG Express.Long de 32 km, le CDG Express promet de relier sans arrêt et en 20 minutes la Gare de l’Est, à Paris, et l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, avec un train circulant tous les quarts d’heure dans chaque sens, de 5h00 à minuit.”Nous ne voulons pas du CDG Express. Est-ce qu’il y avait urgence?”, a lancé l’élu, évoquant les urgences “écologiques, sanitaires et budgétaires”.Surtout, il a dénoncé le “mépris des couches populaires” qui “vont subir au quotidien les nuisances vibratoires”.Son discours était régulièrement interrompu par un fort bruit de train, émanant des enceintes installées par la mairie. “Entre 95 et 105 décibels, c’est le bruit d’un marteau-piqueur”, a commenté le maire, relevant que ce seuil était classé comme dangereux. La mairie demande l’édification d’un mur antibruit de 700 mètres longeant les voies situées sur des zones résidentielles. Il a aussi demandé à être reçu par le préfet de région pour aborder ce sujet. En cas d’absence de retour des autorités, il ne s’empêche pas le recours à des actions symboliques. Gilles Poux a fait son discours devant un amas de longues traverses en bois et a annoncé sa “détermination à les mettre sur les voies pour que les trains ne passent pas si nécessaire”. “Il n’y aura pas de trains qui traverseront La Courneuve à 140 km/h tant que les protections sonores ne seront pas engagées”, a-t-il insisté.Pour Moïse Mahouahoua, Courneuvien installé depuis 1983 à proximité des voies, “lorsque d’autres trains viendront, ça sera très difficile à vivre”.”Très souvent l’été on est dehors”, raconte-t-il en désignant la terrasse de sa maison. “Quand on cause et que le train passe, il faut demander à l’interlocuteur de répéter. Ce bruit, on ne veut pas que ça s’intensifie”, témoigne ce retraité du ministère des Transports, âgé de 85 ans. Le projet est piloté par le gestionnaire d’infrastructure CDG Express, entité détenue à parts égales par Groupe ADP (Aéroports de Paris), SNCF Réseau et la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts).

Paris adopte son troisième plan biodiversité en misant sur les haies

Des kilomètres de haies, plus de zones de réserves dans les bois et des berges de Seine plus “végétales”: le Conseil Paris a adopté mardi le plan biodiversité 2025-2030 de la ville, destiné à enrayer le déclin de la faune sauvage, mais sans financement, regrette l’opposition.”Chaque parc, square, rue et toit végétalisés doivent devenir des refuges pour la faune et la flore”, a affirmé la maire socialiste Anne Hidalgo en présentant le projet.Ce troisième plan du genre depuis 2011 “s’inscrit dans un contexte de régression des politiques nationales de protection de la nature”, a affirmé Christophe Nadjowski, adjoint à l’Hôtel de ville en charge des espaces verts, s’en prenant notamment à la loi d’orientation agricole “qui autorise la destruction d’espèces protégées”.Plus de 3.400 espèces sauvages sont observées à Paris, soit 600 de plus que lors du précédent bilan des données naturalistes de 2020, a indiqué l’élu qui a fait valoir la politique “zéro produit phytosanitaire” engagée par la ville il y a 15 ans.”La biodiversité à Paris se porte mieux, en témoigne la présence de renards roux au cimetière du Père-Lachaise, ou de moules d’eau douce dans la Seine”, a décrit Christophe Nadjowski. Plusieurs espèces connaissent néanmoins un effondrement, comme les moineaux domestiques dont plus de 70% de la population a disparu en 20 ans.Le plan biodiversité prévoit une dizaine de mesures, à commencer par le renforcement de la place des haies, habitats propices à la petite faune. Objectif: déployer, d’ici 2030, au moins 500 mètres linéaires de haies diverses dans les arrondissements centraux, voire “plusieurs kilomètres” dans les arrondissements périphériques.Cent nouveaux quartiers avec aménagements dédiés à certaines espèces comme le hérisson d’Europe ou la chauve-souris, devraient voir le jour, sur le modèle des “quartiers moineaux” créés avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO).La mairie promet aussi de “retrouver des berges naturelles sur la Seine”, axe de déplacement majeur pour les oiseaux, avec la désimperméabilisation et la végétalisation des berges “partout où c’est possible”.  D’ici 2030, les parcs et jardins de moins d’un hectare devraient tous disposer d’une mare, selon le plan qui intègre par ailleurs le résultat de la votation citoyenne du 23 mars dernier sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 nouvelles rues.Les bois de Boulogne et de Vincennes, principaux réservoirs de biodiversité de la capitale, devraient disposer de 10% d’espaces de réserves supplémentaires, pour réduire le morcellement des habitats naturels par le trafic routier. La ville va aussi mesurer l'”empreinte biodiversité” de ses achats.Autant de “belles intentions” pour les élus d’opposition qui ont déploré “l’absence de budget et de planification” de cet “énième plan”. Valérie Montandon (LR), du groupe de Rachida Dati, a pointé “l’incohérence flagrante” de la mairie qui “autorise les festivals de grande ampleur au coeur du bois de Vincennes”.La sénatrice LR Agnès Evren, co-présidente du premier groupe d’opposition, a également fustigé la “contradiction” de la mairie qui “multiplie la surdensification minéralisée à coup de construction de tours comme la Tour Triangle”.

Le Parlement durcit les conditions du droit du sol à Mayotte

Le Parlement a définitivement adopté mardi, par un ultime vote à l’Assemblée, un texte très contesté pour durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, archipel dévasté par le cyclone Chido et en proie à une forte pression migratoire.Adopté au Sénat jeudi après un accord sur la version finale entre députés et sénateurs, le texte porté par Les Républicains, et soutenu par le gouvernement, a passé sans difficulté son dernier obstacle à la chambre basse, avec des voix de la coalition gouvernementale et des députés d’extrême droite.La gauche est vent debout contre cette proposition qui ne réglera selon elle rien à la surpopulation liée à l’immigration en provenance des Comores, tout en portant atteinte au principe d’égalité devant la loi. Elle a déjà promis de saisir le Conseil constitutionnel en espérant le voir censuré.”Les causes des migrations sont multiples, mais les perspectives d’accès à la nationalité française constituent un facteur indéniable d’attraction pour l’immigration irrégulière” dans l’archipel, a justifié le député Philippe Gosselin (LR), auteur du texte, tout en estimant qu’il ne serait pas “suffisant”.Il a promis “d’élargir” le débat sur l’ordre et la sécurité à Mayotte dans le cadre d’un vaste projet de loi pour “refonder” Mayotte, attendu en mai au Sénat puis par la suite à l’Assemblée.”Mayotte est en passe de devenir le laboratoire des idées de l’extrême droite”, a rétorqué Dominique Voynet (Écologiste), affirmant que le texte “présage de la fin du droit du sol en France”.”Son impact sur la vie de nos compatriotes mahorais ou sur le déferlement migratoire (…) sera minime”, a jugé la présidente du groupe RN Marine Le Pen, estimant que “la première urgence (…) consisterait à supprimer purement et simplement le droit du sol (…) sur l’ensemble du territoire national”.Elle a également appelé le gouvernement à dévoiler sa feuille de route pour “rendre à Mayotte les moyens et la dignité qu’elle mérite”.- Dérogation au droit du sol -Dans le détail, la proposition de loi renforce une dérogation spécifique au droit du sol qui existe à Mayotte depuis 2018. Actuellement, les enfants nés dans l’archipel doivent avoir un parent résidant régulièrement sur le sol français depuis au moins trois mois au moment de leur naissance, pour obtenir plus tard la nationalité française.Avec ce texte, les deux parents devront résider régulièrement en France depuis au moins un an. Une exception a été aménagée pour les familles monoparentales. Le texte a été élaboré avant le passage du cyclone Chido qui a ravagé le 14 décembre le département le plus pauvre de France, faisant au moins 40 morts et exacerbant les maux dont souffrait déjà l’archipel: pauvreté, habitat indigne, manque d’écoles et d’hôpitaux, etc..Mais le cyclone a également ravivé la sensible question migratoire et les demandes appuyées des élus locaux.Environ 320.000 personnes s’entassent sur ce territoire d’un peu plus de 300 km2, dont près de la moitié sont des étrangers, estime l’Insee. Selon une enquête menée en 2016, environ “la moitié des étrangers” étaient alors “en situation irrégulière”.- “Cheval de Troie” -Le texte permettra de “renforcer la cohésion sociale à Mayotte”, a appuyé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas devant les députés.Un leurre pour la gauche, et une “attaque fondamentale à l’identité française”, selon les mots d’Aurélien Taché, pour qui le texte est “un cheval de Troie” pour “rouvrir le débat sur le droit du sol au niveau national”.”À gauche, vous profitez que Mayotte soit à terre après la pire catastrophe climatique de notre pays en vous disant qu’il est temps d’achever notre île”, lui a rétorqué Estelle Youssouffa, députée de ce département (groupe centriste Liot), accusant par ailleurs le gouvernement Bayrou d’attendre pour lancer les grands travaux de reconstruction.Lors de l’adoption en première lecture à l’Assemblée, le ministre de la Justice Gérald Darmanin s’était empressé de déclarer être favorable à l’ouverture d’un tel débat.Des voix contraires s’étaient élevées dans le gouvernement, notamment celle de la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne.François Bayrou avait déclaré vouloir un débat plus large, sur “qu’est-ce qu’être Français?”, dont il a confié l’organisation le 1er avril au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Entre Paris et Pau, Bayrou veut “garder les pieds sur terre” face aux incertitudes

Premier ministre à Paris, maire à Pau, François Bayrou se rend chaque semaine dans sa ville pour “garder les pieds sur terre” et sans doute espérer gagner les municipales, alors que son bail à Matignon reste très précaire et les procès en immobilisme récurrents.”Pau, les Pyrénées, c’est chez moi, c’est là où j’habite. Quand je vois des gens qui s’étonnent que je rentre chez moi le dimanche, je me dis que ce monde est détraqué”, se défend-il dans un entretien au Parisien réalisé… en visio depuis Pau un vendredi après-midi.Car François Bayrou tenait à participer le même jour en soirée au conseil de l’agglomération qu’il préside toujours.”Pour moi, garder les pieds sur terre est absolument essentiel. Autrement, à Paris, on perd la tête. Donc, oui, une fois par semaine, je m’évade des cercles de pouvoir pour retrouver les gens normaux”, fait valoir le locataire de Matignon, partisan pour cette raison du cumul des mandats.Accueil des nouveaux habitants, match de rugby, inauguration d’un centre technique municipal lundi, après un aller-retour à Paris dimanche pour participer au rassemblement de Renaissance, celui qui est maire de Pau depuis 2014 reste “profondément attaché à sa ville” et “il veille à être présent et engagé”, témoigne une proche.- “En campagne” -Il avait pourtant été très critiqué en décembre juste après sa nomination à Matignon lorsqu’il avait assisté en visio depuis la ville des Pyrénées-Atlantiques à une réunion sur Mayotte – dévasté par un ouragan – afin de participer au conseil municipal dans la foulée.Même scénario le 24 mars: il a introduit le matin en visio une conférence de partis centristes européens sur l’Ukraine pour pouvoir être présent le soir au conseil municipal.Contrairement à ses prédécesseurs Édouard Philippe ou Jean Castex, élus en province comme lui, qui ont fait venir femme et enfants à Paris quand ils ont été nommés rue de Varenne, c’est François Bayrou qui rejoint chaque semaine son épouse à Bordères, son village natal, où ont grandi ses six enfants désormais adultes. Ce qui l’oblige parfois à jongler avec les horaires des vols commerciaux qu’il préfère emprunter.A Pau, François Bayrou “est dans un univers qu’il connaît et qui le ménage”, souligne l’opposant socialiste Jérôme Marbot. Pourtant les polémiques nationales l’ont rattrapé lors du dernier conseil municipal, qui a duré cinq heures, avec des échanges houleux notamment sur le scandale des violences au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram.Pour plusieurs élus, François Bayrou “est clairement en campagne” pour les élections municipales de l’an prochain, même s’il n’a pas encore dit publiquement qu’il serait candidat.- “Inconfortable” -“Pau, c’est une porte de sortie”, ajoute l’opposant écologiste Jean-François Blanco, alors que le Premier ministre dévisse dans les sondages et qu’il doit bâtir – privé de majorité et menacé de censure – un budget encore plus contraint que le précédent, intégrant réduction du déficit, effort militaire et hausse des droits de douane.Or pour cet élu, “les deux fonctions sont incompatibles, il y en a forcément une qui est sacrifiée”. En tout cas, concourir à un mandat local tout en pilotant le gouvernement “c’est inconfortable”, reconnaît un ancien Premier ministre.Certes “on ne peut pas lui faire le reproche de s’être éloigné de ses racines”, admet M. Marbot, quand M. Bayrou évoque les origines béarnaises du…roi du Danemark avec lequel il doit déjeuner peu après.Mais la double casquette, “ce n’est satisfaisant sur aucun plan. Il n’assume pas son mandat de maire correctement et ce n’est pas non plus satisfaisant pour ses fonctions de Premier ministre qui demandent d’être 150% à la tâche compte tenu des crises et des enjeux”, estime-t-il.Sur le plan national, les séminaires gouvernementaux sans ordre du jour laissent les ministres sur leur faim, selon des participants. François Bayrou “se laisse un peu vivre” depuis l’adoption du budget, juge un député Renaissance qui attend davantage d'”impulsion”.Jusqu’à “excéder” Emmanuel Macron, qui a “dû lui-même présider la réunion sur les droits de douane” après les décisions de Donald Trump, observe un autre élu du même parti.Une ministre temporise: François Bayrou reste “très impliqué” quand il mène ses réunions à Matignon.  

Les députés LFI brandissent les images d’enfants palestiniens dans l’hémicycle

Les députés La France insoumise ont brandi mardi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale des affiches montrant les visages d’enfants palestiniens, déclenchant les huées du RN et de LR. La présidente de l’institution, Yaël Braun-Pivet, qui présidait la séance des questions aux gouvernement, a rappelé qu’il était “interdit de brandir des affiches” dans l’hémicycle et a indiqué qu’elle saisirait le bureau de l’Assemblée, sa plus haute instance exécutive, dont une réunion est prévue mercredi matin.La scène s’est produite durant une question du député Aymeric Caron (LFI) sur la situation à Gaza. “Jamais dans l’histoire récente, des enfants n’ont été massacrés en si grand nombre”, a-t-il déclaré. “Et comme nos enfants, ils ont un nom, ils ont un visage, ils ont une vie à vivre”, a-t-il poursuivi, en brandissant une affiche montrant l’image d’une jeune fille “tuée dans son sommeil par un bombardement sur sa tente”. Il a ensuite été imité par les autres députés LFI, portant chacun des affiches avec d’autres visages d’enfants.”Dans cet hémicycle, les complices sont nombreux”, avait également accusé peu avant Aymeric Caron. “Vous laissez tout passer, c’est un scandale”, s’est insurgé le député RN Kévin Pfeffer, en direction de Yaël Braun-Pivet.Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a pris la parole en réponse à M. Caron: “Que d’outrances et de caricatures.” “La France a toujours porté cette voix de dialogue et de paix, tandis que vous, monsieur le député, tandis que votre groupe n’a cessé d’instrumentaliser ce sujet si tragique à des fins politiques, n’a cessé de souffler sur les braises de l’antisémitisme”, a-t-il déclaré. 

Parole à la défense de Nicolas Sarkozy, au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen

Ils vont soutenir la relaxe de Nicolas Sarkozy avant que le tribunal ne se retire pour délibérer: au bout de trois mois d’audiences, les avocats de l’ancien président ont commencé à plaider mardi après-midi, au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen. La défense “vous démontrera qu’il n’y a aucun pacte de corruption”, a débuté à la barre Me Jean-Michel Darrois, à quelques mètres de l’ex-chef de l’Etat, 70 ans, ainsi que des trois anciens ministres poursuivis, Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth.La salle d’audience est pleine comme un oeuf pour cette journée qui marque l’épilogue d’un procès inédit où sont jugés depuis le 6 janvier le 6e président de la Ve République (2007-2012) ainsi que 11 autres prévenus, dont trois anciens ministres. Au premier rang se sont assis l’épouse de Nicolas Sarkozy, l’auteure-interprète Carla Bruni, ainsi que ses fils Jean et Pierre Sarkozy.Après les plaidoiries, les prévenus auront, s’ils le souhaitent, la parole en dernier, puis le tribunal annoncera la date à laquelle il rendra son jugement – pas avant plusieurs mois.Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir noué en 2005, via ses plus proches collaborateurs, un “pacte de corruption” avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, afin qu’il finance sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.Et ce, selon l’accusation, en échange de contreparties diplomatiques, économiques et juridiques, en particulier un soutien au retour de la Libye sur la scène internationale après des années d’embargo lié aux attentats commis par le régime.Au rythme de trois après-midis par semaine, le tribunal présidé par Nathalie Gavarino a patiemment examiné chacun des indices rassemblés par les juges d’instruction pendant une décennie d’investigations très complexes, questionnant témoins et prévenus souvent jusque tard dans la soirée.A l’issue de trois journées de réquisitoire, le parquet national financier (PNF) a requis sept ans d’emprisonnement, 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Nicolas Sarkozy.Afin de “satisfaire ses ambitions politiques dévorantes”, l’ancien locataire de l’Elysée a noué “un pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années”, a affirmé l’un des procureurs.- “Outrance” -Pour les trois parquetiers, Nicolas Sarkozy est le “véritable commanditaire” de ce pacte mis en œuvre par ses plus proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui ont adopté l’attitude “d’hommes de mains” en protégeant leur chef jusque dans la salle d’audience.Immédiatement, Nicolas Sarkozy a dénoncé “la fausseté et la violence des accusations et l’outrance de la peine réclamée”, qui ne visent selon lui qu’à “masquer la faiblesse des charges alléguées”. Il a ajouté vouloir “croire dans la sagesse du tribunal”.Sa défense affirme qu’aucun des flux financiers détaillés par l’accusation n’a pu alimenter la campagne, dans laquelle selon eux aucun argent liquide d’origine libyenne n’a été identifié.Ses avocats estiment que ces accusations ont été construites rétrospectivement par les Libyens afin de se venger de l’intervention internationale menée notamment par Nicolas Sarkozy et qui a abouti à la mort de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Ils assurent que les contreparties alléguées n’existent pas, soit parce que le ministre puis président n’aurait fait que poursuivre des politiques antérieures, soit parce qu’il n’aurait pas pu, de par ses fonctions, influer sur les processus bilatéraux en cause.Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes ou Bismuth, M. Sarkozy s’est vu poser le 7 février un bracelet électronique à la cheville.Ce procès a aussi vu à la barre trois anciens ministres.Le ministère public a requis six ans de prison et 100.000 euros d’amende contre Claude Guéant, trois ans de prison et 150.000 euros d’amende contre Brice Hortefeux, un an de prison aménagé sous bracelet contre le trésorier de la campagne Eric Woerth.Lundi, leurs conseils ont plaidé contre le “roman” imaginé par le parquet financier, estimant que “le plausible” ne “suffit pas” pour condamner et dépeignant un dossier fait d'”extrapolation” et “pataugeage”, un “château de cartes” ne demandant qu’à s’écrouler.

Le maire d’Istanbul fait citoyen d’honneur de la ville de Paris

Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, arrêté le 19 mars en Turquie, a été élevé au rang de citoyen d’honneur de la ville de Paris, “capitale des droits humains qui se tient à ses côtés”, a annoncé Anne Hidalgo.”Ekrem Imamoglu est aujourd’hui injustement empêché de représenter son parti et de porter la voix de millions de Turcs. Privé de sa liberté et de ses droits fondamentaux, il doit pouvoir compter sur le soutien plein et entier de Paris”, a déclaré la maire socialiste devant le Conseil de Paris qui a voté la citoyenneté d’honneur à l’unanimité.Ce soutien unanime “donnera de la force pour résister à notre collègue et ami qui a les valeurs démocratiques chevillées au corps” et “permettra peut-être au pouvoir actuel turc d’entendre les voix de la raison démocratique”, a ajouté Anne Hidalgo.Le 19 mars, des maires de plusieurs capitales ou grandes villes européennes dont Paris, Rome, Amsterdam et Bruxelles avaient appelé à la libération d’Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, investi depuis comme candidat de son parti à la prochaine présidentielle.

Saint-Avold: l’Assemblée approuve définitivement la conversion de la centrale

L’Assemblée a approuvé définitivement lundi un texte de loi pour permettre la conversion au biogaz de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), une des deux dernières centrales à charbon en activité en France, occasion pour le gouvernement de renouveler sa promesse d’un débat au Parlement sur la trajectoire énergétique du pays.Les députés ont adopté à l’unanimité, et à l’identique, un texte approuvé par le Sénat le 25 mars, très attendus par les élus locaux et les salariés dépendant de la centrale, dont certains étaient présents en tribune. En tout, quelque 500 emplois directs et indirects sont concernés.Les écologistes se sont abstenus, soulignant que voter pour un projet qui continue d’utiliser des énergies fossiles n’était “pas un exercice facile”.Le texte entend lever une barrière législative à un projet de conversion au gaz naturel et au biogaz, dans lequel le propriétaire du site, GazelEnergie, est prêt à s’engager. Cela viendrait concrétiser l’annonce d’Emmanuel Macron, qui avait promis en 2023 la conversion de cette centrale d’ici 2027.Grosse émettrice de gaz à effet de serre, la centrale de Saint-Avold est l’une des deux dernières centrales à charbon de France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique), dont EDF a annoncé en septembre la fermeture sèche. Elle assure un rôle de sécurisation de l’approvisionnement en hiver lors des périodes de pointe.Le texte prévoit un “plan de conversion” de l’installation de Cordemais, après un travail transpartisan des sénateurs de Loire-Atlantique.Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a salué dans son propos introductif une proposition de loi “indispensable au lancement du projet de conversion de la centrale de Saint-Avold”. Mais il a souligné au-delà de ce site “l’ardente nécessité” de donner une visibilité aux acteurs de la transition énergétique en promouvant la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).”C’est la raison pour laquelle nous souhaitons adopter, publier rapidement la nouvelle PPE sous la forme d’un décret, comme il est prévu par la loi. Nous souhaitons également adopter ce texte en respectant le dialogue avec le Parlement”, a-t-il dit.”Ce dialogue, je m’y engage et le Premier ministre s’y est également engagé. Il nous permettra d’intégrer les ajustements nécessaires qui feront suite aux débats que nous aurons ici au Parlement”, a-t-il ajouté.La présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé (LFI), a pour sa part redit la nécessité pour que les choix énergétiques soient “acceptables” qu’ils soient “débattus, votés par le Parlement”.”Nous avons besoin d’une loi votée par les représentants du peuple pour fixer notre vision”, a également estimé le communiste Julien Brugerolles.

Au Caire, Macron, Sissi et Abdallah II font front commun sur Gaza face au plan Trump

Emmanuel Macron, Abdel Fattah al-Sissi et Abdallah II ont dit lundi au Caire leur rejet de tout déplacement des Palestiniens face aux ambitions de Donald Trump, mais ont aussi donné des gages aux Etats-Unis en jugeant que la gouvernance à Gaza devait relever “uniquement” d’une Autorité palestinienne “renforcée”.Le président français a d’ailleurs organisé durant sa visite en Egypte un appel avec M. Trump, son homologue égyptien et le roi de Jordanie au sujet de Gaza, a annoncé l’Elysée.Dans un communiqué commun après leur sommet tripartite, les dirigeants français, égyptien et jordanien, qui rejettent donc tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien, ont également appelé à “un retour immédiat au cessez-le-feu”.Le roi de Jordanie a rejoint lundi Abdel Fattah al-Sissi et Emmanuel Macron, arrivé dimanche dans la capitale égyptienne pour une visite essentiellement consacrée à la guerre à Gaza.Avec cette rencontre, la diplomatie française entend afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, doit être reçu lundi à la Maison Blanche.Début février, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la “Riviera du Moyen-Orient”. Pour cela, ses habitants pourraient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.- Gouvernance -Emmanuel Macron, Abdel Fattah al-Sissi et Abdallah II “ont exprimé leur rejet de tout déplacement des Palestiniens de leurs terres ou de toute annexion de territoire palestinien”.Ils ont aussi “souligné que la gouvernance ainsi que le maintien de l’ordre et de la sécurité à Gaza, ainsi que dans tous les territoires palestiniens, devaient relever uniquement de l’autorité d’une Autorité palestinienne renforcée, avec un fort soutien régional et international”.Plus tôt, lors d’une conférence de presse, les présidents français et égyptien avaient tour à tour appelé à une reprise de l’aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont la quasi-totalité ont été déplacés au moins une fois par les combats dans le territoire assiégé.Emmanuel Macron a “salué les efforts inlassables déployés par l’Égypte” en tant que co-médiateur pour la trêve et la libération des otages encore retenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.Des déplacements de populations et une annexion de Gaza comme de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, seraient “une violation du droit international”, “une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d’Israël”, a dit Emmanuel Macron.Il a aussi exprimé le soutien de la France au plan arabe, qualifié de “voie réaliste à la reconstruction de Gaza”, conçu comme une réponse au plan Trump. Cette initiative, préparée par l’Egypte, prévoit de ne pas déplacer les Gazaouis.  Paris estime toutefois qu’il faut “encore renforcer” ce plan, notamment sur “la sécurité” et la “gouvernance” du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l’Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige Gaza depuis 2007.”Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël”, a insisté Emmanuel Macron.- Fret humanitaire -Le président français organise en juin à l’ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le “moment opportun” que la France attend pour éventuellement reconnaître un Etat palestinien.Mardi, M. Macron se rendra, accompagné de son homologue égyptien, dans la ville d’al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de passage de Rafah par lequel est censée transiter l’aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis un mois.Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à “la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza”, selon la présidence française.Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l’aide, il va rencontrer des personnels d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien mais aussi probablement des “bénéficiaires” palestiniens de l’action humanitaire, selon la même source.Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques ont été signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.