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Venezuela: le président Maduro investi pour un 3ème mandat, “un coup d’Etat” selon l’opposition

“Je le jure”: le président vénézuélien sortant Nicolas Maduro, fort du soutien de l’armée et d’une administration aux ordres, a prêté serment vendredi pour un troisième mandat de six ans lors d’une cérémonie qualifiée de “coup d’Etat” par l’opposition et dénoncée notamment par les Etats-Unis et l’Union européenne. “Je jure que ce nouveau mandat présidentiel sera celui de la paix, de la prospérité, de l’égalité et de la nouvelle démocratie”, a-t-il lancé devant le président de l’Assemblée Jorge Rodriguez qui a ensuite déclaré: “Vous êtes investi comme président constitutionnel”.Une fois autour du cou l’écharpe présidentielle et le grand “collier de la clef de l’Arche”, qui ouvre le sarcophage de Simon Bolivar, Maduro a insisté: “Dites ce que vous voulez, faites ce que vous voulez, mais cette investiture constitutionnelle (…) n’a pas pu être empêchée et est une grande victoire pour la démocratie vénézuélienne”.Nicolas Maduro a même plaisanté sur la présence de l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia qui revendique la victoire au scrutin présidentiel et avait promis de prêter serment en lieu et place du président sortant.Réagissant à un bruit qui a perturbé la cérémonie, M. Maduro a ironisé: “Quelqu’un est tombé ? Edmundo est arrivé ?”, avant de poursuivre : “Comme j’attends son arrivée, je suis un peu nerveux”. La cérémonie, initialement prévue à midi, a été avancée d’une heure et demie, sans préavis. Elle a duré deux heures environ. Nicolas Maduro est arrivé au Palais de l’Assemblée nationale vers 10H30 locales (14H30 GMT), passant entre une haie de soldats en tenue de gala. Il a longuement serré les deux mains du président cubain Miguel Diaz-Canel, l’un des rares chefs d’Etat présents avec le président nicaraguayen Daniel Ortega. La plupart des personnalités du pouvoir, dont le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello ou le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez, personnages-clefs dans la répression des troubles post-électoraux, étaient aussi là. “Un coup d’État a été accompli”, a réagi l’opposition dans un communiqué publié, dénonçant une “usurpation du pouvoir par Nicolas Maduro (…), soutenu par la force brute et ignorant la souveraineté populaire exprimée avec force le 28 juillet”. “C’est Edmundo Gonzalez Urrutia qui doit être investi aujourd’hui ou demain (…) La volonté du peuple se fera respecter”, conclut le texte.Alfredo Romero, le président de l’ONG Foro Penal qui documente les détentions politiques au Venezuela, a rapporté vendredi pendant la cérémonie avoir recensé depuis le début de l’année “49 arrestations à des fins politiques, dont 42 depuis le 7 janvier. Et cela continue”. Les alentours de l’Assemblée dans le centre de Caracas étaient quadrillés par les forces de l’ordre tandis que la télévision publique diffusait des images de centaines de partisans de M. Maduro défilant dans les rues. -“Simulacre”-Les Etats-Unis ont rapidement dénoncé un “simulacre” et imposé de nouvelles sanctions contre Caracas, portant notamment à 25 millions de dollars la récompense pour toute information permettant de traduire le dirigeant vénézuélien en justice.”Aujourd’hui, Nicolas Maduro a organisé une inauguration présidentielle illégitime au Venezuela dans une tentative désespérée de s’emparer du pouvoir”, a estimé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.Londres a qualifié Nicolas Maduro d'”illégitime” et a imposé des sanctions contre quinze personnes-clefs du pouvoir. M. Maduro n’a “aucune légitimité démocratique”, a réagi pour sa part la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. La cérémonie d’investiture intervient au lendemain de manifestations de l’opposition qui conteste la victoire du chef de l’État socialiste de 62 ans à l’élection du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d’arrestations.Après la cérémonie d’investiture, le Secrétaire général de l’ONU a demandé, selon son porte-parole, la libération de toutes les personnes “détenues arbitrairement”. Edmundo Gonzalez Urrutia a répété jeudi, en République dominicaine, qu’il était le “président élu”. Sans faire plier celui qui a succédé en 2013 à Hugo Chavez et dirige depuis le Venezuela d’une main de fer.- L’armée, pilier du pouvoir -Jeudi, le pouvoir avait appelé à une marche de soutien au président Maduro dans la capitale, alors que l’opposition avait organisé une manifestation au cours de laquelle sa cheffe, Maria Corina Machado, qui vit dans la clandestinité depuis le scrutin, est apparue pour la première fois en public depuis août. “Nous n’avons pas peur !”, ont scandé des milliers de manifestants. Une certaine confusion a marqué la fin de journée, quand l’opposition a annoncé la “violente” arrestation de sa cheffe Maria Corina Machado, puis sa libération.Le pouvoir a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant “une opération psychologique en vue de déclencher la violence au Venezuela”.Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur avec 52% des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d’un piratage informatique, une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.L’annonce du CNE avait provoqué dans tout le Venezuela des manifestations, durement réprimées. Bilan des troubles post-électoraux : 28 morts, plus de 200 blessés et 2.400 personnes arrêtées pour “terrorisme”.

Retraites, budget… négociations intenses, le PS pose ses exigences

A l’approche du discours de politique de générale de François Bayrou mardi, les tractations s’intensifient sur les retraites et le budget, les socialistes demandant une suspension de l’application de la mesure des 64 ans, le temps de sa renégociation, comme prix de leur non-censure.Depuis plusieurs jours, et à la fureur de Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé “leur servilité”, socialistes, Écologistes et communistes discutent avec le gouvernement, principalement Bercy, du projet de budget 2025 et de la réforme des retraites. Avec l’objectif de trouver “un chemin” qui leur permettrait de ne pas voter la motion de censure que les Insoumis ont l’intention de déposer après la déclaration de politique générale de François Bayrou mardi à l’Assemblée.Le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner a évoqué sur franceinfo, à défaut d’une abrogation de la réforme des retraites, une suspension de l’application du report progressif de l’âge de départ en retraite de 62 à 64 ans, pendant 6 mois, le temps d’une renégociation de la réforme avec les partenaires sociaux.”Cette négociation de six mois pourrait commencer très vite et, pendant ce temps là, nous demandons une suspension ou l’équivalent d’une suspension”, a dit M. Kanner.Il a ensuite précisé à l’AFP que cette durée de six mois résultait d’une réflexion personnelle, qui n’engageait pas le Parti socialiste. “Ce qu’on demande c’est la suspension, Patrick Kanner n’avait pas besoin de fixer un délai”, a précisé un responsable PS.    “Si nous sommes entendus, et c’est une question de jours, voire même d’heures, sur les propositions que nous avons faites, il n’y aura pas de censure portée par les socialistes”, a assuré M. Kanner.La négociation permettrait de “retravailler la mesure d’âge de 64 ans”, sur laquelle “j’ai senti quelques bougés au niveau du gouvernement” et d’intégrer des “évolutions positives” sur “les carrières longues, les métiers pénibles, les carrières hachées”, a-t-il ajouté.La réforme des retraites, entrée en vigueur depuis le 1er septembre 2023, instaure notamment un recul progressif de l’âge minimum de départ de 62 à 64 ans, au rythme de trois mois supplémentaires par génération.Mais ces discussions poussées avec le gouvernement mettent en fureur La France insoumise, qui accuse le PS de vouloir abandonner la retraite par répartition pour un système de retraite par points, cher à Emmanuel Macron, ce qu’a démenti le secrétaire général Pierre Jouvet, dénonçant une “fake news”.- discussion “jusqu’à lundi soir” -En attendant le discours de politique générale de François Bayrou mardi, les discussions se sont poursuivies toute la journée de vendredi à Bercy, notamment avec le Rassemblement national.”On reste un peu sur notre faim sur ces échanges avec les ministres, on ne voit pas bien où ils veulent aller”, a déclaré le vice-président du parti, Sébastien Chenu. Son collègue Jean-Philippe Tanguy a dénoncé “une escroquerie politique” de la gauche sur les retraites.”Jusqu’à lundi soir, chacun travaille pour trouver le plus petit dénominateur commun”, a relevé de son côté la ministre du Travail Catherine Vautrin sur CNews/Europe 1. Le ministre de l’Économie Éric Lombard et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin ont prévu une brève déclaration vendredi soir, à l’issue de leur série de rencontres avec les différents partis politiques.Ils seront ensuite reçus samedi soir par le Premier ministre, avec Mme Vautrin, selon une source au sein de l’exécutif.”L’ADN du macronisme, c’est le dépassement, l’attractivité du pays (…) pas l’âge de départ à la retraite”, plaide un conseiller gouvernemental, signe d’une inflexion au sein de l’exécutif.Le débat porte avant tout sur le coût d’une remise en cause de la réforme alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d’environ 50 milliards d’euros cette année.Selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse, abroger le recul de l’âge de la retraite coûterait 3,4 milliards d’euros en 2025 et près de 16 milliards en 2032. Le PS propose de mettre à contribution le Fonds de réserve des retraites créé à la fin des années 90, à hauteur de 2 à 3 milliards d’euros cette année. – Divergence entre gouvernement et députés macronistes ? -Le gouvernement ne doit pas non plus s’aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme en dépit des manifestations massives des opposants. “Notre position, c’est qu’on ne veut pas toucher à la réforme des retraites”, a répété l’ancien ministre du Budget Thomas Cazenave sur TF1.À côté des retraites, les socialistes ont mis d’autres questions sur la table, comme les suppressions de postes dans l’Éducation nationale ou la justice fiscale.Selon le journal L’Opinion, Amélie de Montchalin a évoqué devant eux la piste d’une taxation du patrimoine des plus riches. Joint par l’AFP, son cabinet n’a pas souhaité faire de commentaires.

Le rapprochement de Meloni avec Musk inquiète le fabricant d’Ariane 6

Le PDG d’Arianegroup, qui produit la fusée européenne Ariane 6, a dénoncé vendredi les “mouvements centrifuges” qui mettraient à mal la souveraineté spatiale de l’Europe, en réagissant au rapprochement entre la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le milliardaire américain Elon Musk. “Notre culture, c’est la souveraineté européenne. Il est clair que les mouvements un peu centrifuges qui peuvent exister en Europe, c’est quelque chose qui nous préoccupe”, a déclaré Martin Sion, le patron d’Arianegroup, société franco-allemande créée en 2015 et détenue à parts égales par Airbus et Safran. “La notion de préférence européenne doit être en haut de l’agenda des différents pays européens. Parce que s’il n’y a pas de marché européen, il n’y aura pas d’initiatives durables dans lesquelles il y a un développement avec de l’investissement privé”, a poursuivi Martin Sion lors d’une rencontre organisée par l’AJPAE, association des journalistes de l’aérospatial.”Lorsque des États européens prennent des décisions de lancer des satellites institutionnels sur des lanceurs non européens, c’est franchement quelque chose qui affaiblit notre activité”, a-t-il ajouté.Dans la foulée de la visite éclair de Mme Meloni samedi chez le président élu Donald Trump en Floride, des médias italiens avaient affirmé que le gouvernement était en pourparlers avancés avec SpaceX pour un contrat de 1,5 milliard d’euros visant à fournir à l’Italie des télécommunications sécurisées.Mme Meloni a nié jeudi avoir discuté avec Elon Musk d’un contrat de cybersécurité entre l’Italie et sa société SpaceX, mais reconnu que SpaceX avait présenté au gouvernement “une technologie permettant de communiquer en sécurité au niveau national mais surtout au niveau planétaire, ce qui pour nous signifie surtout garantir des communications en sécurité avec nos représentations diplomatiques et, par exemple, nos contingents militaires à l’étranger”.Face aux puissances spatiales comme les Etats-Unis et la Chine, “pour que l’Europe tienne son rang de puissance mondiale, à un moment, il va falloir retrouver le chemin de la coopération”, a souligné Martin Sion. Dans l’attente d’Ariane 6 dont le vol inaugural s’est déroulé avec succès en juillet, l’Europe avait été privée pendant un an d’accès à l’espace alors que les Soyouz russes n’étaient plus utilisés après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.Le prochain vol d’Ariane 6, son premier “opérationnel” avec le satellite d’observation militaire français CSO-3, initialement prévu en décembre, aura lieu “entre mi-février et fin mars”, a déclaré vendredi Caroline Arnoux, responsable d’Arianespace, filiale d’Arianegroup. 

Venezuela: le président Maduro, investi pour un 3ème mandat malgré la contestation de l’opposition

“Je le jure”: le président vénézuélien sortant Nicolas Maduro, fort du soutien de l’armée et d’une administration aux ordres, a prêté serment vendredi pour un troisième mandat de six ans malgré les accusations de l’opposition de fraudes électorales, un isolement sur la scène internationale et une situation économique épineuse.”Je jure que ce nouveau mandat présidentiel sera celui de la paix, de la prospérité, de l’égalité et de la nouvelle démocratie. Je le jure par l’histoire, je le jure sur ma vie. Je tiendrai parole!”, a-t-il lancé devant le président de l’Assemblée Jorge Rodriguez qui a ensuite déclaré: “Vous êtes investi comme président constitutionnel”.M. Maduro est arrivé au Palais de l’Assemblée nationale vers 10h30 locales (14H30 GMT), passant entre une haie de soldats en tenue de gala avant d’entrer dans le bâtiment où il a longuement serré les deux mains du président cubain Miguel Diaz-Canel, l’un des rares chefs d’Etat présents. La plupart des personnalités du pouvoir, dont le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello ou le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez, personnages-clefs dans la répression des troubles post-électoraux, étaient aussi là.La zone de l’Assemblée était quadrillée par les forces de l’ordre. Les autorités ont installé des podiums et des tentes qui doivent servir à faire la fête après l’investiture.Le pouvoir a fait fermer vendredi à l’aube la frontière avec la Colombie, invoquant un “complot international visant à troubler la paix des Vénézuéliens”.Cette annonce intervient au lendemain de manifestations de l’opposition qui conteste la victoire du chef de l’Etat socialiste de 62 ans à l’élection du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d’arrestations.Le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia assure avoir remporté ce scrutin et a répété jeudi, en République dominicaine, à une heure d’avion de Caracas, qu’il était le “président élu”. Sans faire plier celui qui a succédé en 2013 à Hugo Chavez et dirige depuis le Venezuela d’une main de fer.”El 10, juro con Maduro por el futuro !” (le 10, je prête serment avec Maduro pour l’avenir) : le slogan en rimes faciles à retenir a été placardé sur de nombreux murs pendant des semaines. Jeudi, le pouvoir a enfoncé le clou, avec une marche de soutien au président sortant qui a traversé une partie de la capitale.- “Enlèvement” ? -La manifestation de l’opposition a réuni des milliers de personnes qui criaient “nous n’avons pas peur !” ou tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “la liberté ne se mendie pas, elle se conquiert”.Elle a donné lieu à une certaine confusion en fin de journée quand l’opposition a annoncé la “violente” arrestation de sa cheffe Maria Corina Machado. Quelques dizaines de minutes plus tard, l’équipe de l’opposante annonçait sa libération : “En quittant le rassemblement, Maria Corina Machado (…) a été emmenée de force. Pendant son enlèvement, elle a été forcée d’enregistrer plusieurs vidéos et a été relâchée par la suite”.Le pouvoir a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant “une opération psychologique en vue de déclencher la violence au Venezuela”.La cheffe de l’opposition vivait dans la clandestinité depuis la présidentielle à laquelle elle n’avait pas pu se présenter parce que déclarée inéligible. Elle a soutenu la candidature de M. Gonzalez Urrutia, qui s’est quant à lui exilé en septembre.Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur avec 52% des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d’un piratage informatique, une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.L’annonce du CNE avait provoqué dans tout le Venezuela des manifestations, durement réprimées. Bilan des troubles post-électoraux : 28 morts, plus de 200 blessés et 2.400 personnes arrêtées pour “terrorisme”.Une vague d’arrestations a également eu lieu dans les jours qui ont précédé l’investiture du chef de l’Etat.- L’armée, pilier du pouvoir -Comme pendant les manifestations de 2014, 2017 et 2019, qui ont fait plus de 200 morts, M. Maduro a pu compter sur le soutien de l’armée, un pilier de son pouvoir, ainsi que sur une justice aux ordres.”Le secteur militaire est encore plus crucial qu’il ne l’était avant l’élection (…). Sans le contrôle des institutions militaires, le gouvernement se retrouverait avec un pouvoir extrêmement précaire”, explique Mariano de Alba, un analyste spécialiste des relations internationales travaillant à Londres.Le président socialiste, qui a promis au cours de sa campagne électorale une amélioration de la situation économique, devra trouver des solutions pour renouer avec la croissance, le Venezuela ayant enregistré une contraction de son PIB de 80% entre 2013 et 2023.Isolé sur le plan international, il lui sera difficile de faire lever les sanctions qu’il devra donc tenter de contourner afin que son pays puisse exploiter ses immenses réserves pétrolières sans avoir à les brader en raison de l’embargo.

Quand Emmanuel Macron déplore “l’ingratitude” à son égard

“Extrêmement blessé”, voire “meurtri”. Emmanuel Macron laisse filtrer en ce début d’année son sentiment d’être l’objet d’une certaine “ingratitude”, alors même qu’il semble déterminé à se faire entendre à nouveau après six mois en sourdine.Cet état d’esprit chagrin, c’est son épouse qui l’a dépeint cette semaine, interviewée à l’occasion du lancement annuel de l’opération “Pièces jaunes” pour les enfants et adolescents hospitalisés.”Parfois, ce qu’il entend, ça le meurtrit”, a dit Brigitte Macron sur TF1. “Je le sens extrêmement blessé”, a-t-elle renchéri sur RTL.En cause, la “violence” des critiques, nombreuses, contre son action, notamment sur les réseaux sociaux. “Comment peut-on assassiner verbalement des gens comme ça?”, a-t-elle lancé.Or, pour la Première dame, “s’il y a une chose qu’Emmanuel mérite, c’est le respect”, car “il travaille tout le temps” et “il met toute son intelligence, tout son cÅ“ur au service des Français”.Dans son discours devant les ambassadeurs de France lundi, Emmanuel Macron a lui-même déploré d’être parfois maltraité.”On a oublié de nous dire merci”: la phrase, qui a fait polémique, visait les pays sahéliens où la France est intervenue militairement “contre le terrorisme”. Mais le chef de l’État a ajouté une pique contre “l’ingratitude” par trop répandue à son goût, avant de compléter: “je suis bien placé pour le savoir”.”C’est de lui dont il parlait”, “c’est lui qu’il fallait remercier”, a raillé vendredi sur BFMTV le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy.”Moi, ce qui m’a meurtri”, a-t-il ajouté, c’est que Brigitte Macron “utilise l’opération des Pièces jaunes” pour “venir pleurnicher sur le sort d’Emmanuel Macron” qui “a multiplié les outrances contre les Français”.Selon plusieurs de ses interlocuteurs, le président a été affecté par une série d’articles du journal Le Monde publiés avant Noël et lui attribuant, ainsi qu’à son entourage, des propos controversés, aussitôt qualifiés de racistes, sexistes ou homophobes par ses opposants. L’Élysée a démenti en bloc.Selon un de ses proches, le locataire de l’Élysée a aussi été “sonné” par la “méchanceté” de François Bayrou, qui l’a menacé de rupture s’il ne le nommait pas à Matignon. Et qui a fini par obtenir le poste.- Impopularité record -Et puis, il y a la dissolution de l’Assemblée nationale, qui lui vaut des critiques jusque dans son camp.Sa popularité est au plus bas. Selon le dernier baromètre Elabe pour Les Échos, seuls 18% des Français interrogés lui font confiance “pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays”, le plus mauvais chiffre depuis son accession au pouvoir.”C’est surprenant de le voir baisser alors qu’il n’est plus totalement aux commandes”, dit à l’AFP Bernard Sananès, président de l’institut de sondages. “Mais plus l’instabilité politique persiste, plus le reproche de la dissolution lui est fait”.Après avoir longtemps défendu sa décision de dissoudre, Emmanuel Macron a fini par faire son mea culpa lors de ses vÅ“ux aux Français pour 2025.Avec une nuance: “pour le moment”, “à cette heure”, la dissolution a eu plus d’effets négatifs que de bénéfices, a-t-il expliqué.Les stratèges élyséens expliquent à qui veut l’entendre que le bilan devra se faire dans dix ans. Ils assurent qu’ils sont “en train de réécrire la politique des dix, quinze prochaines années”, rapporte une députée macroniste.Brigitte Macron ne dit pas autre chose lorsqu’elle glisse que “c’est l’Histoire qui donnera en fin de compte le sens de cette dissolution, s’il fallait la faire ou ne pas la faire”.Paradoxalement, ces états d’âme présidentiels filtrent à un moment où Emmanuel Macron semble vouloir revenir, autant que possible, en première ligne, après avoir été contraint à une posture plus en retrait par la défaite de son camp aux législatives anticipées.”Il a un état d’esprit combatif mais avec des leviers qui ne sont plus les mêmes”, en se concentrant sur l’Europe et l’international, dit un de ses ministres.Dans ses vÅ“ux, il a même fait des incursions sur la politique intérieure, faisant mine de fixer sa ligne économique au gouvernement ou laissant miroiter un ou des référendums en 2025.Les appels à la démission “lui donnent plus envie de tenir qu’autre chose”, sourit un ex-ministre.

Grande pompe et militaires pour la troisième investiture de Maduro

Le président vénézuélien sortant Nicolas Maduro, fort du soutien de l’armée et d’une administration aux ordres, doit prêter serment vendredi pour un troisième mandat de six ans malgré les accusations de l’opposition de fraudes électorales, un isolement sur la scène internationale et une situation économique épineuse.La zone autour de l’Assemblée nationale où doit avoir lieu la cérémonie à midi (16h00 GMT) est quadrillée par les forces de l’ordre, massivement déployées. Les autorités ont aussi installé plusieurs podiums et tentes qui doivent servir à faire la fête après l’investiture.Signe d’une certaine fébrilité du pouvoir, ce dernier a fait fermer vendredi à l’aube la frontière avec la Colombie, invoquant un “complot international visant à troubler la paix des Vénézuéliens”.Cette annonce intervient au lendemain de manifestations de l’opposition qui conteste la victoire du chef de l’Etat socialiste de 62 ans à l’élection du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d’arrestations.Le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia assure avoir remporté ce scrutin et a répété jeudi, en République dominicaine, à une heure d’avion de Caracas, qu’il était le “président élu”. Sans faire plier celui qui a succédé en 2013 à Hugo Chavez et dirige depuis le Venezuela d’une main de fer.”El 10, juro con Maduro por el futuro” (le 10, je prête serment avec Maduro pour l’avenir) : le slogan en rimes faciles à retenir a été placardé sur de nombreux murs pendant des semaines. Jeudi, le pouvoir a enfoncé le clou, avec une marche de soutien au président sortant qui a traversé une partie de la capitale.- “Enlèvement” ? -La manifestation de l’opposition a réuni des milliers de personnes qui criaient “nous n’avons pas peur !” ou tenant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “la liberté ne se mendie pas, elle se conquiert”.Elle a donné lieu à une certaine confusion en fin de journée quand l’opposition a annoncé la “violente” arrestation de sa cheffe Maria Corina Machado. Quelques dizaines de minutes plus tard, l’équipe de l’opposante annonçait sa libération : “En quittant le rassemblement, Maria Corina Machado (…) a été emmenée de force. Pendant son enlèvement, elle a été forcée d’enregistrer plusieurs vidéos et a été relâchée par la suite”.Le pouvoir a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant “une opération psychologique en vue de déclencher la violence au Venezuela”.La cheffe de l’opposition vivait dans la clandestinité depuis la présidentielle à laquelle elle n’avait pas pu se présenter parce que déclarée inéligible. Elle a soutenu la candidature de M. Gonzalez Urrutia, qui s’est quant à lui exilé en septembre.Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur avec 52% des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d’un piratage informatique, une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.L’annonce du CNE avait provoqué dans tout le Venezuela des manifestations, durement réprimées. Bilan des troubles post-électoraux : 28 morts, plus de 200 blessés et 2.400 personnes arrêtées pour “terrorisme”.Une vague d’arrestations a également eu lieu dans les jours qui ont précédé l’investiture du chef de l’Etat.- L’armée, pilier du pouvoir -Comme pendant les manifestations de 2014, 2017 et 2019, qui ont fait plus de 200 morts, M. Maduro a pu compter sur le soutien de l’armée, un pilier de son pouvoir, ainsi que sur une justice aux ordres.Il avait même activé un plan national sécuritaire comprenant toutes les forces de sécurité (armée, police, milices, paramilitaires, etc.) après avoir dit être la cible de nouveaux complots.”Le secteur militaire est encore plus crucial qu’il ne l’était avant l’élection (…). Sans le contrôle des institutions militaires, le gouvernement se retrouverait avec un pouvoir extrêmement précaire”, explique Mariano de Alba, un analyste spécialiste des relations internationales travaillant à Londres.Le président socialiste, qui a promis au cours de sa campagne électorale une amélioration de la situation économique, devra trouver des solutions pour renouer avec la croissance, le Venezuela ayant enregistré une contraction de son PIB de 80% entre 2013 et 2023.Isolé sur le plan international, il lui sera difficile de faire lever les sanctions qu’il devra donc tenter de contourner afin que son pays puisse exploiter ses immenses réserves pétrolières sans avoir à les brader en raison de l’embargo.Réagissant à la brève interpellation de Mme Machado, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a déploré jeudi “un nouvel acte inacceptable de répression”, estimant que “les aspiration légitimes à la liberté et à la démocratie du peuple vénézuélien doivent finalement devenir réalité”.Promettant d’agir dès le lendemain de son investiture, le chef de l’Etat vénézuélien a promis ces dernières semaines des révisions constitutionnelles qui comportent des dispositions que de nombreuses ONG jugent liberticides et à même de fragiliser la démocratie.

Le Venezuela boucle sa frontière avec la Colombie avant l’investiture de Maduro

Le Venezuela a fermé vendredi sa frontière avec la Colombie, invoquant un “complot international”, quelques heures avant l’investiture du président sortant Nicolas Maduro qui doit prêter serment pour un troisième mandat de six ans malgré les accusations portées par l’opposition de fraudes électorales.”Nous avons des informations concernant un complot international visant à troubler la paix des Vénézuéliens” et “nous allons ordonner, sur instructions du président Nicolas Maduro, la fermeture de la frontière avec la Colombie”, a déclaré Freddy Bernal, le gouverneur de l’Etat régional de Tachira, à la frontière avec ce pays.La fermeture est effective à partir de 05H00 (09H00 GMT) et jusqu’à lundi même heure, a-t-il précisé.Cette annonce intervient quelques heures avant la cérémonie d’investiture de M. Maduro, à la mi-journée, au lendemain de manifestations de l’opposition qui conteste la victoire du socialiste de 62 ans à la présidentielle du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d’arrestations.Le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia assure avoir remporté ce scrutin et a répété jeudi, de la République dominicaine, à une heure d’avion de Caracas, qu’il était le “président élu”. Sans faire plier celui qui a succédé en 2013 à Hugo Chavez et dirige depuis d’une main de fer le Venezuela.”El 10, juro con Maduro por el futuro” (le 10, je prête serment avec Maduro pour l’avenir) : le slogan en rimes faciles à retenir a été placardé sur de nombreux murs pendant des semaines. Jeudi, le pouvoir a enfoncé le clou, avec une marche de soutien au président sortant qui a traversé une partie de la capitale.- “Enlèvement” ? -La manifestation de l’opposition a réuni des milliers de personnes qui criaient “nous n’avons pas peur !” ou tenant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “la liberté ne se mendie pas, elle se conquiert”.Elle a donné lieu à une certaine confusion en fin de journée quand l’opposition a annoncé la “violente” arrestation de sa cheffe Maria Corina Machado. Quelques dizaines de minutes plus tard, l’équipe de l’opposante annonçait sa libération : “En quittant le rassemblement, Maria Corina Machado (…) a été emmenée de force. Pendant son enlèvement, elle a été forcée d’enregistrer plusieurs vidéos et a été relâchée par la suite”.Le pouvoir a démenti cette version des faits, le procureur général Tarek William Saab dénonçant “une opération psychologique en vue de déclencher la violence au Venezuela” et rappelant que Mme Machado était visée par une enquête pénale.La cheffe de l’opposition vivait dans la clandestinité depuis la présidentielle à laquelle elle n’avait pas pu se présenter parce que déclarée inéligible. Elle a soutenu la candidature de M. Gonzalez Urrutia, qui s’est exilé en septembre.Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé M. Maduro vainqueur avec 52% des voix mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d’un piratage informatique, une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.L’annonce du CNE avait provoqué des manifestations dans tout le Venezuela, durement réprimées. Les troubles post-électoraux se sont soldés par un bilan de 28 morts, de plus de 200 blessés et de 2.400 personnes arrêtées pour “terrorisme”.Une vague d’arrestations a également eu lieu dans les jours qui ont précédé l’investiture du chef de l’Etat.- L’armée, pilier du pouvoir -Comme pendant les manifestations de 2014, 2017 et 2019, qui ont fait plus de 200 morts, M. Maduro a pu compter sur le soutien de l’armée, un pilier de son pouvoir, ainsi que sur une justice aux ordres.Il avait même activé un plan national sécuritaire comprenant toutes les forces de sécurité (armée, police, milices, paramilitaires, etc.) après avoir dit être la cible de nouveaux complots.”Le secteur militaire est encore plus crucial qu’il ne l’était avant l’élection (…). Sans le contrôle des institutions militaires, le gouvernement se retrouverait avec un pouvoir extrêmement précaire”, explique Mariano de Alba, un analyste spécialiste des relations internationales travaillant à Londres.Le président socialiste, qui a promis au cours de sa campagne électorale une amélioration de la situation économique, devra trouver des solutions pour renouer avec la croissance, le Venezuela ayant enregistré une contraction de son PIB de 80% entre 2013 et 2023.Isolé sur le plan international, il lui sera difficile de faire lever les sanctions qu’il devra donc tenter de contourner afin d’exploiter les immenses réserves pétrolières du pays sans avoir à les brader en raison de l’embargo.La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a à cet égard déploré jeudi “un nouvel acte inacceptable de répression du régime” de M. Maduro, “dont nous ne reconnaissons pas la victoire électorale proclamée”, après l’interpellation la veille de Mme Machado.”Les aspiration légitimes à la liberté et à la démocratie du peuple vénézuélien doivent finalement devenir réalité”, a-t-elle encore dit.Le chef de l’Etat vénézuélien a par ailleurs promis des révisions constitutionnelles qui comportent des dispositions que de nombreuses ONG jugent liberticides et à même de fragiliser la démocratie. 

Retraites: FO se félicite de l’ouverture d’une discussion “par le bon bout”

Le secrétaire général de Force Ouvrière Frédéric Souillot a estimé qu'”on va enfin discuter retraites en prenant les choses par le bon bout” sans parler “de recul de l’âge de départ ni d’allongement de la durée de cotisation”, à l’issue d’un entretien avec François Bayrou.FO, qui réclame comme l’ensemble des syndicats l’abrogation de la réforme des retraites de 2023, était reçu par le Premier ministre dans le cadre des consultations qu’il mène avant sa déclaration de politique générale mardi, qui doit fixer les orientations de son gouvernement, notamment sur ce sujet épineux.Frédéric Souillot a souligné qu'”il n’y a pas d’équilibre financier” de la réforme de 2023 notamment parce qu'”encore aujourd’hui, 50% de ceux qui liquident leur retraite ne sont plus en emploi”, mais “ou à l’assurance chômage, ou en maladie professionnelle, et 18% d’entre eux sont au RSA”.En conséquence, “parlons de l’emploi des 55-64 ans”, a demandé le dirigeant syndical qui attend notamment la transposition dans la loi de l’accord sur l’emploi des seniors et la retraite progressive signé entre partenaires sociaux en novembre dernier.Le dialogue engagé par François Bayrou avec les partenaires sociaux “commence mal” sur la question des retraites, a jugé pour sa part un peu plus tôt le président de la CFE-CGC François Hommeril à l’issue de son entretien avec le chef du gouvernement.Le dirigeant du syndicat de l’encadrement reproche à M. Bayrou de “raisonner globalement, comme s’il n’y avait qu’un seul système” de retraite entre le secteur privé et celui du public, “qui n’est pas un régime par répartition”.D’après M. Hommeril, le Premier ministre estime en effet “que ce n’est pas à l’Etat de payer le coût, finalement, du régime des fonctionnaires”.Or, pour le dirigeant syndical, on ne peut pas “traiter de la même façon la question du régime de la sécurité sociale, de l’Agirc-Arrco (retraites complémentaires), des différents régimes séparés”. Il souligne que “la question est liée à l’engagement nécessaire de l’Etat à payer les pensions des fonctionnaires en retraite”.L’actuel chef du gouvernement avait rédigé en décembre 2022, lorsqu’il était Haut commissaire au Plan, une note selon laquelle “pour leurs fonctions publiques, l’État et les collectivités territoriales ou les hôpitaux, assument des cotisations en moyenne presque trois fois plus élevées que pour les employeurs du reste de l’économie française”.François Bayrou, qui a reçu la CFDT mardi et la CGT mercredi, a confirmé vouloir ouvrir des concertations sur la réforme des retraites sans “aucun tabou”, y compris sur l’âge légal de départ, que la réforme porte progressivement à 64 ans, selon ses propos rapportés par la numéro un de la CFDT Marylise Léon.Le Premier ministre a reçu en soirée Michel Picon, le président de l’organisation patronale U2P, qui s’est dit “rassuré” après l’entrevue auprès de l’AFP. Le dirigeant a indiqué qu'”il n’était pas dans ses intentions d’avoir une fiscalité supplémentaire” pour les petites entreprises représentées par l’U2P, a rapporté M. Picon. Il a assuré également qu’il n’y aurait pas d’abaissement des allègements de charges pour les petites entreprises, a ajouté le président de l’U2P, qui avait pointé la “fragilité” de celles-ci après des crises successives. Les deux hommes ont également abordé la question du coût du travail et de la baisse des aides à l’apprentissage, que l’U2P souhaite voir maintenues pour les petites entreprises.

Le PS à la recherche d’une victoire sur la réforme des retraites

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, tente d’arracher au gouvernement la suspension de la réforme des retraites en contrepartie d’une non-censure, ce qui lui permettrait d’obtenir une victoire pour la gauche mais compliquerait encore davantage sa relation avec LFI.Alors que le précédent Premier ministre, Michel Barnier, avait rapidement refusé toute évolution de cette réforme controversée et majoritairement dénoncée par les Français, M. Faure a désormais le sentiment d’une ouverture du côté du nouveau gouvernement Bayrou. “J’ai compris une chose simple, c’est qu’il n’y a pas de veto” de leur part, a-t-il dit jeudi matin sur TF1, “ce qui est un changement déjà en soi, parce que jusqu’ici il y avait toujours une espèce de mur qui tombait avec l’idée qu’on ne touchait à rien”.Il est vrai que le nouveau ministre de l’Economie, Eric Lombard, aux convictions de gauche, et qui est, de l’aveu de M. Faure, “un ami dans la vie”, semble privilégier le dialogue avec la gauche en vue de la préparation du projet de budget 2025 pour éviter une motion de censure. Le locataire de Bercy a aussi reconnu que, sur la réforme des retraites, il y avait “du grain à moudre”. “Nous allons regarder les curseurs que nous pouvons bouger”, a-t-il affirmé sur France Inter, y compris sur l’âge de départ repoussé de 62 à 64 ans en 2023. “On n’a pas dit qu’on n’y touchait pas”.Après une première rencontre lundi avec le ministre, le PS est revenu mercredi à la table des négociations, avec les Ecologistes et les communistes. Trois heures de discussions, et à la sortie, le sentiment que “c’est une vraie négociation”, pour Olivier Faure.L’absence de veto du gouvernement porte, selon lui, “sur l’ensemble” de la réforme, y compris sur l’âge de départ.- “la gauche du rien” -Le PS, qui martèle régulièrement son ambition de redevenir un parti de gouvernement, plaide à tout le moins pour une suspension de la réforme et l’organisation d’une conférence de financement “pendant plusieurs mois”, pour “changer de système”.M. Faure se veut pragmatique: à l’échéance de la décennie, “il faudra trouver 15 milliards (d’euros) par an” pour financer les retraites, rappelle-t-il.  Un document de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, révélé par le journal économique Les Echos en octobre, indiquait ainsi qu’abroger le recul progressif de l’âge de la retraite coûterait 3,4 milliards d’euros en 2025, et près de 16 milliards en 2032.Olivier Faure joue en tout cas son maintien à la tête du parti lors du prochain congrès du PS prévu dans l’année. “Ce que nous faisons en ce moment, c’est de voir s’il y a de bonnes raisons de ne pas censurer”, explique-t-il. Son partenaire au sein du Nouveau Front populaire, La France insoumise a de son côté déjà promis une motion de censure après la déclaration de politique générale de François Bayrou le 14 janvier.   La négociation en cours, à laquelle LFI refuse de participer, a déclenché la colère de Jean-Luc Mélenchon. Il a dénoncé mercredi soir sur X la “forfaiture” et la “servilité” des représentants socialistes, écologistes et communistes. LFI fustige aussi les “reniements” vis-à-vis du programme du Nouveau Front populaire. “La gauche du tout ou rien, c’est aujourd’hui la gauche du rien”, a regretté M. Faure, qui dit vouloir “arracher des victoires” et notamment une “inflexion” de la politique conduite depuis sept ans.”Il ne faut pas croire au père Noël. Jamais ce gouvernement ne reviendra sur la réforme des retraites”, a rétorqué le coordinateur insoumis Manuel Bompard auprès de l’AFP.Communistes et Ecologistes font également d’une abrogation, ou à tout le moins, d’une suspension de la réforme, le préalable à un accord avec le gouvernement. Mais “au vu des discussions que nous avons eues à ce stade, nous n’avons aucune raison de ne pas voter la censure”, a déclaré la cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain lors des journées parlementaires de son parti à Rennes. L’abandon de la réforme des retraites est selon elle “une condition nécessaire si ce gouvernement ne veut pas tomber, mais ce n’est pas un geste suffisant”, a-t-elle ajouté.  

Sarkozy, une vie politique pied au plancher désormais engluée dans les déboires judiciaires

L’ex-président Nicolas Sarkozy, dont le procès du présumé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 s’ouvre lundi, est un boulimique de la politique qui a encore récemment usé de toute son influence pour tenter d’empêcher son rival François Bayrou de rejoindre Matignon. Bien que condamné définitivement mi-décembre à un an sous bracelet dans l’affaire des écoutes, il est toujours considéré par une partie de la droite comme une référence et multiplie les rendez-vous dans ses bureaux où il reçoit à deux pas de l’Elysée, dans le quartier parisien de Miromesnil.Le tempo du ballet des amis et courtisans s’est même accéléré au cours des dernières semaines avant et après la censure du Premier ministre Michel Barnier, issu de la même famille politique que lui. Affichant une entente cordiale avec Emmanuel Macron qu’il rencontre régulièrement, tout en déplorant qu’il “ne l’écoute pas toujours”, il s’est rendu à l’Elysée le dimanche 8 décembre à la nuit tombée pour y dire tout le mal qu’il pensait de François Bayrou. “Il le déteste, c’est épidermique”, affirme un responsable LR qui, comme d’autres élus du parti, a rencontré récemment l’ancien patron de la droite, attribuant ses tentatives de torpiller François Bayrou à son choix de soutenir le socialiste François Hollande contre lui en 2012.Son influence sur son parti s’est confirmée en septembre lorsqu’il a appelé les siens à rejoindre l’exécutif dans une interview au Figaro, les incitant à renoncer au “pacte législatif” qu’ils défendaient pour rejoindre l’exécutif de Michel Barnier.- Revers judiciaires -Devant la justice, il enchaîne les revers. Le 18 décembre, il est devenu le premier ancien président à être condamné à de la prison ferme – dans ce cas sous bracelet électronique – son mentor Jacques Chirac s’étant vu infliger en 2011 deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la Ville de Paris. La décision de la Cour de cassation a été rendue deux semaines avant l’ouverture du procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, qui se tient du 6 janvier au 10 avril au tribunal de Paris, après une décennie d’investigations.”Je suis habitué à subir ce harcèlement depuis dix ans”, répète l’ex-président qui fête ses 70 ans en janvier. Après sa défaite de 2012, celui que les Français surnomment “Sarko” avait pourtant juré qu’on “n’entendrait plus parler de lui”.Mais ses démêlés judiciaires autant que sa vie médiatique, parfois aux côtés de son épouse, l’ex-mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni, ont fait mentir cette prédiction.Eternelle figure tutélaire de la droite, bien que contesté par certaines de ses figures, son évocation dans les meetings de son parti Les Républicains continue de déclencher des tonnerres d’applaudissements, de même que ses livres de souvenirs demeurent des succès d’édition.- “Petit Français de sang-mêlé” -Celui qui aime à se définir comme un “petit Français de sang-mêlé” – père hongrois, grand-père maternel juif grec – n’avait que 28 ans lorsqu’il remporte en 1983 la mairie de Neuilly, située dans le prolongement des beaux quartiers de l’ouest parisien.Doté d’un enthousiasme communicatif, d’une fougue verbale liée à une gestuelle débridée, Nicolas Sarkozy a eu le don de se faire autant aimer que détester, parfois par les mêmes, au long d’une carrière politique de quarante années à l’Assemblée nationale, dans plusieurs ministères ou à la présidence de l’UMP, l’ancien nom de LR.Un temps exclu du jeu à droite, il était redevenu incontournable lors de la campagne de réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, avant de défier ce dernier depuis les rangs du gouvernement, comme très populaire ministre de l’Intérieur, et de s’ouvrir les portes de l’Élysée en 2007.”Président bling-bling” pour certains, gestionnaire habile de la crise financière de 2008 pour d’autres, il avait été le premier président depuis Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) à être battu en sollicitant un second mandat en 2012.Mais les luttes fratricides à droite lui ouvrent la voie vers un premier retour. Dès 2013, un “Sarkothon” permet d’engranger 11 millions d’euros pour compenser l’invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel.”Moi, j’ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe”, affirmait-il en 2013. Pêché d’orgueil? En 2017, il est écarté d’une nouvelle course à l’Élysée par un vote des militants de son parti, qui lui préfèrent son ancien Premier ministre François Fillon.