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Sarkozy, une vie politique pied au plancher désormais engluée dans les déboires judiciaires

L’ex-président Nicolas Sarkozy, dont le procès du présumé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 s’ouvre lundi, est un boulimique de la politique qui a encore récemment usé de toute son influence pour tenter d’empêcher son rival François Bayrou de rejoindre Matignon. Bien que condamné définitivement mi-décembre à un an sous bracelet dans l’affaire des écoutes, il est toujours considéré par une partie de la droite comme une référence et multiplie les rendez-vous dans ses bureaux où il reçoit à deux pas de l’Elysée, dans le quartier parisien de Miromesnil.Le tempo du ballet des amis et courtisans s’est même accéléré au cours des dernières semaines avant et après la censure du Premier ministre Michel Barnier, issu de la même famille politique que lui. Affichant une entente cordiale avec Emmanuel Macron qu’il rencontre régulièrement, tout en déplorant qu’il “ne l’écoute pas toujours”, il s’est rendu à l’Elysée le dimanche 8 décembre à la nuit tombée pour y dire tout le mal qu’il pensait de François Bayrou. “Il le déteste, c’est épidermique”, affirme un responsable LR qui, comme d’autres élus du parti, a rencontré récemment l’ancien patron de la droite, attribuant ses tentatives de torpiller François Bayrou à son choix de soutenir le socialiste François Hollande contre lui en 2012.Son influence sur son parti s’est confirmée en septembre lorsqu’il a appelé les siens à rejoindre l’exécutif dans une interview au Figaro, les incitant à renoncer au “pacte législatif” qu’ils défendaient pour rejoindre l’exécutif de Michel Barnier.- Revers judiciaires -Devant la justice, il enchaîne les revers. Le 18 décembre, il est devenu le premier ancien président à être condamné à de la prison ferme – dans ce cas sous bracelet électronique – son mentor Jacques Chirac s’étant vu infliger en 2011 deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la Ville de Paris. La décision de la Cour de cassation a été rendue deux semaines avant l’ouverture du procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, qui se tient du 6 janvier au 10 avril au tribunal de Paris, après une décennie d’investigations.”Je suis habitué à subir ce harcèlement depuis dix ans”, répète l’ex-président qui fête ses 70 ans en janvier. Après sa défaite de 2012, celui que les Français surnomment “Sarko” avait pourtant juré qu’on “n’entendrait plus parler de lui”.Mais ses démêlés judiciaires autant que sa vie médiatique, parfois aux côtés de son épouse, l’ex-mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni, ont fait mentir cette prédiction.Eternelle figure tutélaire de la droite, bien que contesté par certaines de ses figures, son évocation dans les meetings de son parti Les Républicains continue de déclencher des tonnerres d’applaudissements, de même que ses livres de souvenirs demeurent des succès d’édition.- “Petit Français de sang-mêlé” -Celui qui aime à se définir comme un “petit Français de sang-mêlé” – père hongrois, grand-père maternel juif grec – n’avait que 28 ans lorsqu’il remporte en 1983 la mairie de Neuilly, située dans le prolongement des beaux quartiers de l’ouest parisien.Doté d’un enthousiasme communicatif, d’une fougue verbale liée à une gestuelle débridée, Nicolas Sarkozy a eu le don de se faire autant aimer que détester, parfois par les mêmes, au long d’une carrière politique de quarante années à l’Assemblée nationale, dans plusieurs ministères ou à la présidence de l’UMP, l’ancien nom de LR.Un temps exclu du jeu à droite, il était redevenu incontournable lors de la campagne de réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, avant de défier ce dernier depuis les rangs du gouvernement, comme très populaire ministre de l’Intérieur, et de s’ouvrir les portes de l’Élysée en 2007.”Président bling-bling” pour certains, gestionnaire habile de la crise financière de 2008 pour d’autres, il avait été le premier président depuis Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) à être battu en sollicitant un second mandat en 2012.Mais les luttes fratricides à droite lui ouvrent la voie vers un premier retour. Dès 2013, un “Sarkothon” permet d’engranger 11 millions d’euros pour compenser l’invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel.”Moi, j’ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe”, affirmait-il en 2013. Pêché d’orgueil? En 2017, il est écarté d’une nouvelle course à l’Élysée par un vote des militants de son parti, qui lui préfèrent son ancien Premier ministre François Fillon.

“Pas un centime” d’argent libyen dans sa campagne, jure Sarkozy à son procès

“Pas un centime” d’argent libyen: Nicolas Sarkozy a juré pour sa première prise de parole devant le tribunal au procès des soupçons de financement libyen de sa campagne 2007 qu’il n’avait “rien” à se reprocher, et qu’il n’y avait “rien” dans le dossier.Premier à prendre la parole à la barre, l’ancien président commence par déclamer, solennel: “Dix années de calomnie, 48 heures de garde à vue, 60 heures d’interrogatoire”.Au total, dit-il, “10 ans d’enquête” où “on a fait le tour de la Terre” pour entendre divers témoins et chercher des preuves. Et au final, “on a trouvé quoi ? Rien”, s’emporte-t-il plusieurs fois.”Rien, me concernant”, précise l’ex-chef de l’Etat, qui est jugé au côté de 11 personnes, dont les trois anciens ministres Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth. Ce dernier est absent à l’audience du jour.Avec l’aide des deux premiers, ses proches, Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir passé en 2005 un “pacte de corruption” secret avec le richissime dictateur libyen Mouammar Kadhafi, pour qu’il finance sa campagne victorieuse à la présidentielle de 2007.En costume sombre, chemise blanche et cravate noire, il s’exprime d’une voix forte pendant une quinzaine de minutes, faisant de grands gestes et prenant à témoin son auditoire.- “Escrocs” -Il se replonge, des tremolos dans la voix, dans le contexte général de l’époque: ses discussions “avec Barack Obama”, l’ancien président américain, sa “fierté” d’avoir “sauvé” les infirmières bulgares en 2007, puis l’intervention militaire en Libye votée à l’ONU.Pour lui, il y a trois “catégories d’escrocs” dans ce dossier: d’abord les anciens du “clan Kadhafi”, qui ont été les premiers à évoquer l’hypothèse d’un financement libyen juste avant la chute de Kadhafi en 2011, chassé par des rebelles notamment soutenus par la France qu’il dirigeait. Il attaque ensuite “ceux qui ont fabriqué” la note libyenne évoquant un accord de financement à hauteur de 50 millions d’euros, publiée par Mediapart, pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle 2012 -“Quelle étrange coïncidence !”. Un “faux grossier”, martèle-t-il encore.Et enfin le sulfureux intermédiaire libanais Ziad Takieddine -prévenu au procès mais en fuite- et ses “16 versions” au cours de l’enquête. “Je ne sais pas pourquoi cet individu me poursuit d’une haine tenace.””L’argent de la corruption est le grand absent de ce procès et pour une raison simple: il n’y a pas d’argent de la corruption car il n’y a pas eu de corruption du candidat”, insiste l’ancien chef de l’Etat. “Y a de quoi avoir la colère”, justifie-t-il entre deux envolées.Jugé jusqu’au 10 avril pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, M. Sarkozy encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à cinq ans.- “Colère” -L’ex-locataire de l’Elysée (2007-2012), 69 ans, assure à la présidente du tribunal Nathalie Gavarino qu’il répondra “à toutes les questions”. “Comme je l’ai toujours fait, j’ai toujours assumé mes responsabilités et je compte bien le faire pendant ces quatre mois” d’audience, ajoute celui qui débute ici son cinquième procès en cinq ans.”Je veux deux choses, la vérité et le droit, si ce n’est pas un gros mot, le droit”, grince-t-il.”Je n’ai aucun compte à régler et certainement pas avec l’institution dont je sais pourtant qu’une partie m’a violemment combattu lorsque j’étais président. Naïf ou enthousiaste, je fais confiance”, assure enfin Nicolas Sarkozy, qui a régulièrement nommément mis en cause des magistrats dans les multiples procédures judiciaires le visant.Brice Hortefeux se lève à son tour. “Après 12 ans d’enquête”, assure-t-il en écho, “il n’y a rien. Je vous le dis avec une grande lassitude et une grande colère, rien ne justifie que je sois ici devant vous”.L’ancien bras droit du chef de l’Etat, Claude Guéant, promet lui de se “défendre pied à pied”. “Je l’ai dit cent fois, je le redis aujourd’hui, je n’ai jamais bénéficié d’argent libyen, je n’ai jamais sollicité d’argent libyen, je n’ai jamais vu circuler d’argent libyen”, dit l’octogénaire. “Le pacte corruptif n’a jamais existé.”

Zemmour et Knafo invités à l’investiture de Trump le 20 janvier

Le président de Reconquête!, Eric Zemmour, et l’eurodéputée Sarah Knafo, se rendront à la cérémonie d’investiture du républicain Donald Trump le 20 janvier à Washington, a indiqué jeudi le parti d’extrême droite à l’AFP.L’eurodéputée qui a suivi un séminaire l’été dernier au Claremont Institute, un groupe de réflexion conservateur proche de Donald Trump, a confirmé auprès de l’AFP l’invitation transmise aux dirigeants de Reconquête!Sarah Knafo, qui prend Donald Trump comme modèle pour la droite conservatrice française, a notamment assisté à l’un des derniers meetings de la campagne du président élu, en Pennsylvanie.Elle le présente comme le “candidat de l’identité nationale et de la paix”, celui qui “défend la liberté d’expression aux côtés d’Elon Musk contre tous les censeurs”.L’entourage de Marine Le Pen avait indiqué mercredi à l’AFP qu’aucune invitation à la cérémonie d’investiture n’avait pour l’instant été reçue par les dirigeants du Rassemblement national.

Négociations du budget: Mélenchon dénonce la “forfaiture” et la “servilité” du PS, des Ecologistes et du PCF

Le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a dénoncé la “forfaiture” contre l’alliance du Nouveau Front populaire et la “servilité” des représentants socialistes, Ecologistes et communistes qui négocient mercredi soir avec le gouvernement autour du budget.”Cette façon de négocier dans le dos du NFP et contre son programme est une forfaiture d’un irrespect total pour notre alliance”, a écrit sur X M. Mélenchon. “La petite gauche traditionnelle n’a rien à offrir et ses négociateurs sont juste ridicules de servilité”, a-t-il ajouté.”Aucun accord de non censure du PS et de EELV ne nous concernera jamais”, a encore insisté le chef de file des Insoumis, alors que le gouvernement cherche une voie de passage, notamment à gauche, pour bâtir un budget qui ne suscite pas l’adoption d’une nouvelle motion de censure.Les Insoumis ont pour l’heure refusé d’entamer les concertations avec le ministre de l’Economie Eric Lombard et celle des Comptes publics Amélie de Montchalin, préférant attendre la déclaration de politique générale du Premier ministre François Bayrou le 14 janvier. Ils fustigent depuis plusieurs jours la position de leurs alliés de gauche qui, eux, ont accepté de telles discussions.”Si vous votez le budget vous êtes dans le soutien du gouvernement”, a fait valoir le coordinateur de LFI Manuel Bompard mercredi soir.”Je commence à sentir le retour d’une détestation populaire du PS à un niveau post-Hollande. Olivier Faure a eu la chance d’avoir la Nupes, ça a permis au PS de revenir en manifestation. Attention, je les mets en garde, les sifflets pourraient revenir plus vite que prévus”, a-t-il encore glissé à quelques journalistes, en marge d’un meeting du député Louis Boyard.

Sophie Binet réclame l’abrogation de la réforme des retraites à Bayrou

La numéro un de la CGT Sophie Binet a demandé mercredi soir au chef du gouvernement François Bayrou d’abroger la réforme des retraites et d’organiser une “table ronde” sur les licenciements qui se multiplient.”La CGT a redit son exigence d’abrogation de cette réforme (des retraites)”, a déclaré Sophie Binet à la sortie d’un entretien avec François Bayrou. Elle a également plaidé pour que soit “immédiatement bloquée l’application” de cette réforme. “Nous lui avons demandé d’organiser une conférence de financement” avec “les acteurs sociaux, le gouvernement et les parlementaires”, a-t-elle poursuivi.Le Premier ministre “nous a annoncé qu’il souhaitait ouvrir des discussions dans un délai rapide” et dit comprendre que “6 mois ou 9 mois (de concertation, Ndlr), c’était un délai trop long”, a-t-elle rapporté.Sophie Binet a estimé que “pour que ce gouvernement puisse s’inscrire dans la durée, il fallait qu’il réponde aux urgences sociales autour de cinq priorités”.Parmi celles-ci, elle a pointé “la question de l’emploi et de l’industrie” et rappelé la liste des 300 plans sociaux en cours depuis l’automne et qui menacent jusqu’à 300.000 emplois.”Je lui ai demandé qu’une table ronde soit organisée immédiatement à Matignon sous sa présidence avec l’ensemble des acteurs sociaux pour prendre des mesures d’urgence” et demandé “un moratoire sur les licenciements”, a déclaré Mme Binet.”La première revendication des salariés c’est toujours la question des salaires”, a poursuivi Mme Binet, qui demande au Premier ministre “d’annoncer un coup de pouce au Smic”.Enfin, elle a plaidé pour l’organisation d'”une conférence sociale avec tous les acteurs sociaux de Mayotte pour travailler sur la reconstruction” de l’île dévastée par le cyclone Chido en décembre.Le Premier ministre François Bayrou reçoit depuis mardi les partenaires sociaux, avec en toile de fond le sujet épineux de la très contestée réforme des retraites de 2023. Des rencontres organisées avant son discours de politique générale, mardi, qui doit donner le cap de son mandat.A cette occasion, “nous lui demandons d’envoyer des signaux très forts qui montrent sa volonté de répondre immédiatement aux urgences sociales, environnementales et économiques”, a prévenu Sophie Binet.Jeudi, seront reçus les leaders de la CFE-CGC François Hommeril, de FO Frédéric Souillot et le président de l’U2P (entreprises de proximité) Michel Picon.Le patron de la CFTC, Cyril Chabanier, sera reçu le lundi suivant.

Binet (CGT) réclame l’abrogation de la réforme des retraites à Bayrou

La numéro un de la CGT Sophie Binet a demandé mercredi soir au chef du gouvernement François Bayrou d’abroger la réforme des retraites et d’organiser une “table ronde” sur les licenciements qui se multiplient.”La CGT a redit son exigence d’abrogation de cette réforme (des retraites)”, a déclaré Sophie Binet à la sortie d’un entretien avec François Bayrou. Elle a également plaidé pour que soit “immédiatement bloquée l’application” de cette réforme. “Nous lui avons demandé d’organiser une conférence de financement” avec “les acteurs sociaux, le gouvernement et les parlementaires”, a-t-elle poursuivi.Le Premier ministre “nous a annoncé qu’il souhaitait ouvrir des discussions dans un délai rapide” et dit comprendre que “6 mois ou 9 mois (de concertation, Ndlr), c’était un délai trop long”, a-t-elle rapporté.Sophie Binet a estimé que “pour que ce gouvernement puisse s’inscrire dans la durée, il fallait qu’il réponde aux urgences sociales autour de cinq priorités”.Parmi celles-ci, elle a pointé “la question de l’emploi et de l’industrie” et rappelé la liste des 300 plans sociaux en cours depuis l’automne et qui menacent jusqu’à 300.000 emplois.”Je lui ai demandé qu’une table ronde soit organisée immédiatement à Matignon sous sa présidence avec l’ensemble des acteurs sociaux pour prendre des mesures d’urgence” et demandé “un moratoire sur les licenciements”, a déclaré Mme Binet.”La première revendication des salariés c’est toujours la question des salaires”, a poursuivi Mme Binet, qui demande au Premier ministre “d’annoncer un coup de pouce au Smic”.Enfin, elle a plaidé pour l’organisation d'”une conférence sociale avec tous les acteurs sociaux de Mayotte pour travailler sur la reconstruction” de l’île dévastée par le cyclone Chido en décembre.Le Premier ministre François Bayrou reçoit depuis mardi les partenaires sociaux, avec en toile de fond le sujet épineux de la très contestée réforme des retraites de 2023. Des rencontres organisées avant son discours de politique générale, mardi, qui doit donner le cap de son mandat.A cette occasion, “nous lui demandons d’envoyer des signaux très forts qui montrent sa volonté de répondre immédiatement aux urgences sociales, environnementales et économiques”, a prévenu Sophie Binet.Jeudi, seront reçus les leaders de la CFE-CGC François Hommeril, de FO Frédéric Souillot et le président de l’U2P (entreprises de proximité) Michel Picon.Le patron de la CFTC, Cyril Chabanier, sera reçu le lundi suivant.

Le Pen inhumé samedi, cérémonie d’hommage à Paris: le RN enterre “le guerrier” et la hache

“Un âge vénérable avait pris le guerrier mais nous avait rendu notre père”: par un sobre hommage à Jean-Marie Le Pen, sa fille Marine a tourné mercredi la page d’une relation tumultueuse, sans un mot, comme les autres responsables du RN, sur les scandales qui ont jalonné le parcours du fondateur de son parti.”Beaucoup de gens qu’il aime l’attendent là-haut. Beaucoup de gens qui l’aiment le pleurent ici-bas. Bon vent, bonne mer Papa!”, a écrit sur X la triple candidate à la présidentielle, 24 heures après le décès de son père à l’âge de 96 ans.La cheffe de file des députés RN a appris la nouvelle mardi après-midi par la presse en revenant d’un déplacement à Mayotte.”On était dans l’avion, à Nairobi où on a fait une escale technique”, et c’est là “que les journalistes présents dans le vol nous ont informés du décès”, a expliqué le vice-président du Rassemblement national Louis Aliot.Une photo de la scène, dans laquelle apparaît Marine Le Pen en pleurs dans l’avion, a été diffusée, puis retirée, par Paris Match mercredi soir, provoquant l’indignation du RN. “Une indignité sans commune mesure”, s’est ainsi ému le patron du parti Jordan Bardella.Les relations entre Jean-Marie et Marine Le Pen s’étaient dégradées au fil des ans après l’accession en 2011 de la fille à la tête du Front national (FN), parti co-fondé et dirigé 39 ans par le père, dont il avait fini par être exclu en 2015 à la suite de nouvelles déclarations antisémites.Les liens avaient été renoués en juin 2018 à l’occasion du 90e anniversaire du patriarche. En janvier 2022, Marine Le Pen avait ainsi indiqué qu’en cas de victoire à la présidentielle, son premier coup de téléphone serait pour lui.- Obsèques intimes en Bretagne, cérémonie à Paris -Les obsèques de Jean-Marie Le Pen auront lieu samedi dans sa ville natale de La Trinité-sur-Mer (Morbihan), “dans la plus stricte intimité familiale”, ont indiqué ses proches.Il doit être inhumé dans le caveau où reposent ses parents.Une autre cérémonie, “religieuse et d’hommage”, aura lieu le 16 janvier à 11H00 en l’église Notre Dame du Val-de-Grâce à Paris, rattachée au diocèse aux Armées françaises. Cette messe, décidée par Marine Le Pen et ses sÅ“urs Marie-Caroline et Yann, sera ouverte au public.Les deux événements devraient rester propices au recueillement, a estimé Louis Aliot, malgré les manifestations d’opposants dans plusieurs villes mardi soir pour célébrer la mort de l’ex-tribun d’extrême droite.”Ils ne vont pas venir manifester à un enterrement. Et s’ils le font, je suppose que l’Etat veillera à les maintenir loin”, a déclaré le maire de Perpignan.”Mort, même l’ennemi a droit au respect”, a réagi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, reprenant la formule utilisée par… Jean-Marie Le Pen lors de la mort de Jacques Chirac. “Je n’ai aucune sympathie” pour Jean-Marie Le Pen “mais je ne fais pas partie des gens qui dansent sur la tombe des autres”, a pour sa part déploré l’ancien Premier ministre Edouard Philippe sur France 5.Des “scènes de liesse honteuses” pour le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau mais qui n’ont “pas choqué” Mathilde Panot. La patronne des députés LFI a critiqué ceux qui se “disent Charlie le matin” et sont “choqués d’une jeunesse qui continue +d’emmerder le Front national+ le soir”.Jean-Marie Le Pen était “un tortionnaire en Algérie, qui a insulté des personnes de confession juive, musulmane, un homme multicondamné”, a-t-elle rappelé.- Réhabilitation posthume -Autant d’aspects passés sous silence dans les hommages rendus par les différents responsables du RN.”Immense patriote, visionnaire” pour Sébastien Chenu, “tribun du peuple” pour Jean-Philippe Tanguy, communiqué dithyrambique du parti de Jordan Bardella sur celui qui “tint entre ses mains la petite flamme vacillante de la nation française”…Cette réhabilitation posthume au sein de sa famille politique, “c’est assez normal car le RN de 2025 en est là parce qu’il y a eu le FN avant”, explique à l’AFP Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite. “Ils ne peuvent pas dire autre chose, c’est une réalité historique, l’ascension et la consolidation du parti sont dues à Jean-Marie Le Pen qui a imposé l’immigration dans le débat. Et au sein du parti, il reste des gens, certes de moins en moins nombreux, qui ont milité avant 2011”, souligne-t-il.Cette réhabilitation, dénoncée par les adversaires du RN comme une preuve que le parti ne s’est dédiabolisé qu’en apparence, peut-elle avoir un impact politique ? “Non, Jean-Marie Le Pen avait disparu du paysage politique. Pour les jeunes militants, c’est une histoire close, ils viennent pour Marine Le Pen et Jordan Bardella. Et les électeurs du RN n’entendent pas cet argument, ça ne fonctionne pas”, répond M. Camus.

En fin de mandat au Conseil constitutionnel, Fabius met en garde contre “une véritable crise démocratique”

Laurent Fabius a mis en garde mercredi, pour ses derniers vÅ“ux à Emmanuel Macron en tant que président du Conseil constitutionnel, contre un “malaise” qui est en passe de se muer en “véritable crise démocratique”, appelant à ne pas faire de la Constitution un bouc-émissaire.”Avec d’autres j’ai depuis longtemps appelé l’attention sur ce qu’il était convenu d’appeler un +malaise démocratique français+”, a dit l’ex-Premier ministre lors d’une cérémonie à l’Élysée, selon le texte de son discours mis en ligne par son institution.”Or voici que ce malaise menace de devenir, s’il ne l’est pas déjà, une véritable crise démocratique”, a-t-il ajouté, évoquant un contexte qui mêle “incertitude, inquiétude, lassitude, instabilité, agressivité, extrémités”.”Comme président du Conseil constitutionnel, il ne m’appartient évidemment pas de détailler les remèdes à cette crise profonde, mais je veux mettre en garde contre un risque qui grandit: plutôt que chercher du côté des comportements adoptés et des politiques pratiquées, imputer cette crise à notre Constitution et, dès lors, remettre celle-ci en cause”, a poursuivi Laurent Fabius, qui quittera ses fonctions dans deux mois au terme de son mandat de neuf ans.Pour lui, “ce n’est pas parce que certaines pratiques institutionnelles sont contestées, voire contestables, qu’on doit mettre en cause les institutions elles-mêmes”. Et la volonté de modifier la loi fondamentale par endroits “n’autorise pas à récuser l’ensemble de nos institutions démocratiques”.La dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’État, en juin, a été critiquée de toutes parts, suscitant jusqu’à un mea culpa présidentiel. Les élections qui ont suivi ont amené à une Assemblée fracturée en trois blocs, sans majorité identifiée à ce jour, ce qui a relancé les interrogations sur l’adéquation des institutions à cette nouvelle donne politique.De la même manière, l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter une loi sans vote tout en engageant la responsabilité du gouvernement, est de plus en plus décrié.”Face aux fracas des mutations brutales de cette fin de quart de siècle, n’oublions pas le puissant atout que représente notre Constitution. Depuis 66 ans et le général de Gaulle, rompant avec l’instabilité précédente, la stabilité adaptative de notre loi des lois nous a permis de surmonter de multiples et graves épreuves”, a lancé Laurent Fabius dans ce discours aux allures de testament constitutionnel. “L’oublier serait une faute. La stabilité n’est pas le contraire du mouvement, mais la condition de sa possibilité.”

Macron est parfois “meurtri” par “ce qu’il entend”, il mérite “le respect”, dit son épouse

Emmanuel Macron est parfois “meurtri” par “ce qu’il entend”, alors qu’il “mérite” le “respect”, a déclaré son épouse Brigitte Macron dans une interview diffusée mercredi par TF1.Lors de cet entretien réalisé à l’occasion du lancement annuel de l’opération “Pièces jaunes”, elle a été interrogée sur le chef de l’Etat, son rapport aux Français, la dissolution ou encore sa volonté d’aller au bout de son mandat.A-t-il changé? “Changé, non. Disons que parfois, ce qu’il entend, ça le meurtrit. C’est très difficile. Mais il ne le dit pas. Il garde pour lui. Avant, il parlait beaucoup plus facilement. Maintenant il ne le dit pas. Et ça je le comprends. Parce que s’il y a une chose qu’Emmanuel mérite, c’est le respect”, a affirmé Brigitte Macron au journal de 13 heures.La dissolution de l’Assemblée nationale, sur laquelle le président a fait son mea culpa lors de ses voeux du Nouvel An? “Je pense que c’est l’Histoire qui donnera en fin de compte le sens de cette dissolution, s’il fallait la faire ou ne pas la faire (…) Il faut voir un petit peu la suite. Je pense qu’on est trop, pardon sur cette expression, le nez dans le guidon”, a répondu son épouse.”C’est pas à moi de dire ce que j’en pense, je ne l’ai jamais dit, je ne le dirai jamais”, a-t-elle insisté.Pour autant, elle a ajouté penser que la dissolution faisait partie des “facteurs” d'”anxiété” qui compliquent la vie des Français, qu’elle dit sentir “angoissés” et “un petit peu perdus”.”Ils ont besoin de sens” car “le quotidien est très difficile”, a estimé Brigitte Macron. “Là où on parle le mieux de la France, c’est quand je voyage: à l’étranger, la France paraît un pays de cocagne où on a la santé, on a l’éducation, on est aidé, on a tout”, a-t-elle rapporté.Priée de dire si le chef de l’Etat pourra aller au bout de son mandat, elle a balayé à son tour toute hypothèse de démission. “Il a dit qu’il allait jusqu’au bout parce que c’est la mission que lui avaient donnée les Français. Et il a tellement à cÅ“ur les Français (…). Il est soucieux absolument de tout et il met toute son intelligence, tout son cÅ“ur au service des Français”, a-t-elle assuré.

Jean-Marie Le Pen, bâtisseur de l’extrême droite française moderne, est mort

Jean-Marie Le Pen, figure de l’extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, est mort mardi à l’âge de 96 ans à Garches (Hauts-de-Seine), dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.”Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi à 12H00″, a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP.”Engagé sous l’uniforme de l’armée française en Indochine et en Algérie, tribun du peuple à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, il a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté”, a salué sur X le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. Marine Le Pen, qui se trouvait lors de l’annonce de la mort de son père dans un avion qui la ramenait en métropole de Mayotte où elle s’était rendue après le passage dévastateur du cyclone Chido, a atterri à Paris peu après 23H00. A l’aéroport Charles-de-Gaulle, l’un de ses conseillers a indiqué à des journalistes qui attendaient la leader d’extrême droite qu’elle avait déjà quitté les lieux, sans avoir été aperçue. Sa sÅ“ur, Marie-Caroline Le Pen, candidate malheureuse aux législatives de juillet, et épouse de Philippe Olivier, l’un des principaux conseillers politiques de Marine Le Pen, a pour sa part réagi sur X : “De ce chagrin, tu ne pourras pas me consoler. À Dieu Papa.”Marion Maréchal, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, a aussi publié un long message dans lequel elle assure qu’elle “n’abandonnera pas la mission”. “Tu as suscité, tout au long de ta vie, des centaines de milliers de vocations”, a poursuivi l’eurodéputée.Mardi soir, plusieurs centaines d’opposants se sont rassemblés dans certaines villes de France pour célébrer, avec chants, fumigènes et feux d’artifice, le décès de cette figure historique de l’extrême droite.”La jeunesse emmerde le Front national”, ont scandé des manifestants Place de la République à Paris.A Marseille, où entre 200 à 300 personnes se sont retrouvées sur le Vieux Port, l’ambiance était festive, entre bouteilles de champagne, petits chapeaux de fête et cette pancarte: “Enfin”.Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a condamné sur X des “scènes de liesse honteuses”, relevant que “la mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité” et non qu'”on danse sur un cadavre”.Celui qui était le plus jeune député lors de son élection en 1956 à l’Assemblée nationale -il était le dernier député de la IVe République encore en vie- doit, selon ses volontés, être inhumé à La Trinité-sur-Mer (Morbihan), où reposent ses parents.Sa mort a été annoncée alors qu’une partie de la classe politique était réunie à Paris devant l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, dix ans après les attentats de janvier 2015. – Multiples condamnations -L’Elysée a estimé dans un communiqué que Jean-Marie Le Pen était une “figure historique de l’extrême droite” française dont le “rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans (…) relève désormais du jugement de l’Histoire”.Le Premier ministre, François Bayrou, a reconnu “une figure de la vie politique française”, au-delà “des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond”.Des propos jugés trop laudatifs par plusieurs responsables de gauche.”C’était un raciste. Un antisémite. Un colonialiste. Un nostalgique du régime de Vichy. Un antiféministe… Un multirécidiviste qui a fondé le FN avec des SS. Pas une figure de la vie politique française”, a commenté le secrétaire général du Parti socialiste Pierre Jouvet.Jean-Marie Le Pen a en effet multiplié tout au long de sa carrière les déclarations sulfureuses et provocations verbales. Il a été plusieurs fois condamné, notamment pour contestation de crime contre l’humanité.”La fin de la vie de Jean-Marie Le Pen ne doit pas marquer le début de sa réhabilitation”, a commenté Yonathan Arfi, président du Crif.Le fondateur du Front national, devenu Rassemblement national, s’était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine avait repris la présidence du parti.Affaibli par plusieurs accidents de santé, une expertise médicale avait constaté en juin “une profonde détérioration” de son état physique et psychique, estimant qu’il n’était pas en mesure ni “d’être présent”, ni de “préparer sa défense” au procès des assistants des eurodéputés FN qui s’est tenu cet automne à Paris.Mi-novembre, il avait été hospitalisé puis admis dans une structure à Garches, non loin de son domicile de Rueil-Malmaison.Fidèle compagnon de route, Bruno Gollnisch, ex-député FN, a indiqué à l’AFP qu’il lui avait rendu visite il y a une dizaine de jours. “Nous avions plaisanté, il avait toute sa tête et récitait du Victor Hugo. Mais la communication n’était pas toujours très facile, il voyait et entendait de plus en plus difficilement”.- Front républicain -Tribun hors-pair, provocateur sulfureux obsédé par l’immigration et les juifs, patriarche contrarié par les siens, le Breton qui aimait à être surnommé “le menhir” avait sorti l’extrême droite française de sa marginalité au cours d’une carrière politique qui a marqué la Ve République.Le plus emblématique de ses succès restera inachevé. Le 21 avril 2002, à 73 ans et pour sa quatrième candidature à l’Élysée, il crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection présidentielle.Le triomphe a son revers: pendant quinze jours, des millions de personnes défilent contre le racisme et son incarnation politique. Surtout, Jean-Marie Le Pen permet la réélection facile de son ennemi juré, Jacques Chirac.Vingt-deux ans plus tard, alors que le RN venait de triompher aux élections européennes, une providentielle dissolution décidée par Emmanuel Macron laissait entrevoir la possibilité que Marine Le Pen emmène l’extrême droite au pouvoir, un rêve auquel il s’était finalement mis à croire mais qui s’est encore fracassé sur un “front républicain”.Jean-Marie Le Pen, après avoir été marié avec Pierrette Lalanne, la mère de ses filles Marie-Caroline, Yann (elle-même mère de l’eurodéputée Marion Maréchal) et Marine, avait épousé en secondes noces Jany Paschos.Dans un communiqué, le RN a évoqué la mémoire de “celui qui, dans les tempêtes, tint entre ses mains la petite flamme vacillante de la nation française”.Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a pour sa part estimé que “le combat contre l’homme est fini” mais “celui contre la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme qu’il a répandus, continue”. Plusieurs responsables de gauche ont aussi appelé à poursuivre “sans relâche” la lutte contre l’extrême droite.