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Altercation à l’Assemblée: le député MoDem Nicolas Turquois sanctionné

Le député MoDem Nicolas Turquois, à l’origine d’une vive altercation dans l’hémicycle lors du débat sur l’abrogation de la réforme des retraites fin novembre, a été sanctionné mercredi par le bureau de l’Assemblée nationale, selon plusieurs sources parlementaires.Le bureau de l’Assemblée, après avoir entendu le mis en cause, a choisi par 15 voix sur 22 de lui infliger un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal, la deuxième sanction possible sur une échelle de quatre (la quatrième étant la plus lourde).La décision a été prise par la plus haute instance exécutive de la chambre basse, qui réunit les vice-présidents, questeurs et secrétaires autour de la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet.Le 28 novembre, le député était monté dans les travées de l’hémicycle au cours d’une suspension de séance, se montrant menaçant envers son collègue socialiste Mickaël Bouloux, puis envers le député LFI Antoine Léaument, avant que des huissiers et le président de son groupe Marc Fesneau n’interviennent pour le calmer et lui faire quitter l’enceinte.L’incident avait eu lieu après une journée sous tension, marquée par d’incessantes invectives entre députés, rappels au règlement et suspensions de séance, durant laquelle le camp gouvernemental avait ralenti les débats sur l’abrogation de la réforme des retraites de 2023 afin d’éviter d’arriver à un vote.La sanction décidée mercredi par le bureau prévoit la privation pendant un mois du quart de l’indemnité parlementaire.Certains membres du bureau ont demandé une sanction plus lourde, mais celle-ci n’a pas été mise aux voix par la présidente, selon ces mêmes sources.Dans la foulée, le groupe La France insoumise a dénoncé “un deux poids, deux mesures” dans les sanctions, sur le réseau social X.”Pour avoir menacé physiquement deux députés en plein hémicycle, le récidiviste Nicolas Turquois a reçu une sanction inférieure à Sébastien Delogu qui avait brandi un drapeau palestinien”, s’est indigné le groupe.En mai dernier, ce député insoumis qui entendait interpeller le camp présidentiel sur la situation dans la bande de Gaza avait été exclu des travaux de l’Assemblée nationale pendant 15 jours, et privé de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois.

Feu vert du Parlement à Martin Ajdari comme président de l’Arcom

Le haut fonctionnaire Martin Ajdari, actuel directeur général adjoint de l’Opéra de Paris, sera bien le prochain président de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, après la validation mercredi de sa candidature par les parlementaires.Donnant leur feu vert à ce nom proposé par l’Élysée le 28 novembre, les commissions des Affaires culturelles de l’Assemblée et du Sénat ont approuvé sa nomination par 47 voix pour et 36 voix contre, après l’avoir respectivement entendu mercredi matin et mardi soir.À 56 ans, M. Ajdari succèdera à Roch-Olivier Maistre, qui quittera ses fonctions le 2 février.Dans le détail, la plus grande partie des sénateurs s’est opposée à sa nomination: 17 étaient contre, et 12 pour. Mais chez les députés, sa candidature a récolté 35 voix pour et 19 contre.Pour que M. Ajdari soit retoqué, il aurait fallu au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés.L’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a succédé à l’ancien Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avec des prérogatives élargies.Elle a notamment pour mission d’attribuer les fréquences télé et radio, de garantir le pluralisme à l’antenne, mais aussi de superviser le respect des obligations des plateformes en ligne établies en France.- “Plus régulateur que gendarme” -Directeur général adjoint de l’Opéra de Paris depuis janvier 2020, M. Ajdari a précédemment occupé plusieurs fonctions en lien avec l’audiovisuel.Il a notamment été directeur général délégué de Radio France à partir de 2004, puis directeur général délégué aux ressources et secrétaire général de France Télévisions (2010 à 2014).Il a ensuite dirigé le cabinet de la ministre de la Culture et de la Communication (Aurélie Filippetti puis Fleur Pellerin), avant de devenir directeur général des médias et des industries culturelles au sein de ce ministère (2015).Candidat à la présidence de Radio France en 2014, Martin Ajdari avait déjà été pressenti à la tête du CSA en 2019.Devant les députés, il a estimé que l’Arcom était “plus régulateur que gendarme”, et qu’elle avait un “rôle de premier plan” dans un “environnement ouvert et fragmenté” marqué par la puissance des géants américains du numérique.Il a été interrogé sur certains dossiers brûlants de l’Arcom, à commencer par la non-reconduction des fréquences télé de C8, la chaîne de l’animateur Cyril Hanouna, et de NRJ12.”Il n’y a pas un droit automatique à la reconduction”, a-t-il répondu.Des députés de gauche l’ont également interpellé sur ce qu’ils voient comme une “impuissance” de l’Arcom face aux médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, les télés CNews et C8 (groupe Canal+) et la radio Europe 1.Nombre de politiques de gauche accusent ces médias de promouvoir une idéologie d’extrême droite, ce dont ils se défendent.- La question des sanctions -“L’Arcom avertit beaucoup mais réprime rarement”, a ainsi asséné le député apparenté LFI Aymeric Caron.”Je ne peux pas me permettre de refaire une instruction à la place du régulateur”, a répondu M. Ajdari. “Lorsqu’il doit intervenir, le régulateur intervient”, a-t-il poursuivi, en soulignant que l’Arcom avait “pris des sanctions assez régulières”.”Il me semble que ces sanctions peuvent atteindre des sommes assez importantes et qu’elles sont prises sans trembler par l’Arcom”, a-t-il estimé.C8 a cumulé 7,6 millions d’euros d’amende en raison des dérapages de Cyril Hanouna dans ses émissions, dont Touche pas à mon poste.Mi-novembre, l’Arcom a infligé un total de 150.000 euros d’amende à CNews, dont 100.000 euros à cause d’une émission où l’avortement avait été qualifié de “première cause de mortalité dans le monde”.Au-delà du cas des médias détenus par M. Bolloré, Martin Ajdari a dit vouloir “réduire les asymétries de régulation entre acteurs du numérique et acteurs historiques, qui assurent 80% du financement de la création”.Les chaînes de télé traditionnelles s’estiment désavantagées par la règlementation française par rapport aux grandes plateformes américaines.

Les nuages s’amoncellent sur Bayrou qui doit finaliser son gouvernement

Le Premier ministre François Bayrou continue ses consultations mercredi en vue de former un gouvernement, une tâche qui se complique d’heure en heure entre les exigences de la gauche et du RN et la menace de LR de ne pas y rentrer. Mardi, l’allié historique d’Emmanuel Macron qui a enfin décroché Matignon après quarante ans de vie politique a essuyé un vent de critiques venues de toute part pour avoir choisi d’assister au Conseil municipal de Pau plutôt que se consacrer à la gestion de la crise à Mayotte dévasté par un cyclone. Mais aussi sur la manière dont il s’est justifié, en défendant le cumul des mandats puis en laissant entendre devant l’Assemblée nationale que Pau était “en France” alors que Mayotte est un département français.Mercredi, les tourments sont venus d’ailleurs. Alors que François Bayrou essaie de présenter une équipe resserrée d’environ 25 ministres avec des personnalités de gauche, du centre et de droite, selon des sources parlementaires, LR émet des conditions. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, pressenti pour rester place Beauvau, a estimé mercredi que les conditions “ne sont pas réunies” pour qu’il reste au gouvernement.  Parlant au nom de son parti, il a expliqué que LR “essaiera de voir dans les jours prochains si un certain nombre d’obstacles sont levés”. “Ce serait un comble que le gouvernement tire à gauche alors que la France, elle est à droite”, a prévenu Bruno Retailleau qui a rencontré le Premier ministre pendant une heure dans la matinée. Concernant la composition du gouvernement, le tir est également venu de l’extrême droite. Le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand ou l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne dans l’équipe, c’est non, pour la députée RN Laure Lavalette. Ils “n’incarnent pas la rupture” avec le macronisme souhaitée selon elle par les Français, a-t-elle justifié sur France Inter.- Menaces de censure -Au-delà, ce sont des menaces de plus en plus clairement énoncées de censure qui ont fait monter les enchères mercredi. “Si François Bayrou ne tient pas compte des erreurs qu’a pu commettre Michel Barnier, tant sur la forme que sur le fond, il se dirigera lui aussi vers les mêmes conséquences, c’est à dire tôt ou tard vers une censure”, a ainsi prévenu le vice-président du RN Sébastien Chenu. Soufflant le chaud et le froid sur le président du Modem, qui entretient des relations cordiales avec Marine Le Pen, le parti frontiste commence à hausser le ton sur la préparation du budget, sans vouloir par ailleurs “accabler” François Bayrou dans l’intense polémique autour de son aller-retour à Pau. Eric Ciotti (UDR, allié du RN) a insisté à sa sortie de Matignon mercredi sur la possibilité d’une censure “si demain, il y avait un budget” alourdissant la fiscalité des entreprises et des particuliers. Mais l’extrême droite n’est pas la seule mettre la pression sur Matignon. François Bayrou, “jour après jour, heure après heure, est en train d’écrire le récit de sa propre censure”, a ainsi estimé mercredi la patronne des Écologistes, Marine Tondelier, pour qui “les entrées en matière ratées, ça ne se rattrape pas”. “S’il vient pour nous proposer le même budget qu’avait proposé Monsieur Barnier, c’est à dire on change juste les personnes, mais on a les mêmes, les mêmes budgets, les mêmes difficultés pour les Français, nous censurons ce budget-là”, a insisté le communiste Fabien Roussel, dont le groupe envisage de voter la censure dès la déclaration de politique générale le 14 janvier.Plus modérée, Johanna Rolland, première secrétaire déléguée du PS, a réclamé sur BFMTV d’avoir “des interlocuteurs, des hommes et des femmes qui se mettent autour de la table et qui nous disent le chemin de compromis, pour aller vers une non-censure, qui peut être posée”.- A quand un gouvernement? -Au milieu de chacun de ses obstacles se pose une autre inconnue: quand François Bayrou sera-t-il en mesure de présenter son gouvernement ?”Il me semble que les échanges sont quand même très avancés”, a estimé le président des députés Modem Marc Fesneau, un très proche du Premier ministre, alors que ce dernier a rencontré Emmanuel Macron deux fois mardi à ce sujet.Une affirmation confirmée à l’AFP par une source proche de M. Bayrou, tout en reconnaissant que si la composante LR et Bruno Retailleau coince, “on s’engage mal”. Une nouvelle rencontre à l’Elysée est prévue mercredi après-midi. Auparavant M. Bayrou recevait son prédecesseur Gabriel Attal, désormais chef des députés macronistes.Quoiqu’il en soit, il n’y aura pas d’annonce de gouvernement a priori avant dimanche, le président de la République étant en déplacement à Bruxelles (conseil européen) mercredi, puis à Mayotte jeudi et enfin auprès des troupes françaises à Djibouti jusqu’à son retour dans l’hexagone dimanche matin.

Sa résidence secondaire dégradée, Mélenchon affirme que “cela finira mal”

“Je sais que cela finira mal” affirme le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, revenant dans une note de blog mercredi sur les “agressions” dont son parti est victime “depuis un an”, après l’effraction et la dégradation de sa résidence secondaire.   Une enquête a été ouverte à la suite de la “découverte d’une effraction et de dégradations au domicile secondaire” de Jean-Luc Mélenchon près de Montargis (Loiret), a-t-on appris mardi auprès du parquet. Jean-Luc Mélenchon s’avoue pessimiste: “Je sais que cela finira mal car notre diabolisation est faite pour cela”. La maison, “une longère au bord de la forêt”, que le triple candidat à la présidentielle dit avoir acquise “il y a 26 ans” et “retapé à la petite cuillère”, a notamment été dégradée par des graffitis évoquant une croix gammée ou indiquant “on ta trouver” (sic), “vive Marine” ou “nique les arabe” (sic), a-t-il précisé.Jean-Luc Mélenchon souligne que ces slogans outrageants “ressemblent au vocabulaire, aux tracts anonymes, aux messages téléphoniques des agressions que nous avons dû subir depuis un an”. “J’y retrouve le vocabulaire de ces racistes qui attaquent nos prises de position contre le génocide à Gaza. Oui, l’attaque est politique sinon pourquoi ces slogans ?”, ajoute-t-il.”Depuis un an nous avons tous le sentiment de n’être protégés ni par la justice, ni par la police”, insiste le dirigeant insoumis, en déplorant que “tout finit dans les sables mouvants du néant ou des non-lieux dans neuf cas sur dix”.L’ancien sénateur énumère “les téléphonistes harceleurs, les agressions physiques, les grapheurs souilleurs, tous impunis, les permanences parlementaires murées ou saccagées où la police ne relève pas les identités, où les procureurs ne poursuivent personne”, ou encore “ces tentatives d’assassinat que j’ai découvert dans la presse des mois après l’arrestation de leurs auteurs”.Les réactions politiques se sont multipliées mardi après l’annonce de ces dégradations: Marine Le Pen a notamment estimé que “de tels agissements doivent faire l’objet d’une condamnation exemplaire”.Le patron du PS Olivier Faure a déploré une “insupportable dégradation”, le maire LR de Cannes David Lisnard a affirmé que “tout cela est inadmissible et grave”.

Immigration à Mayotte: il faudra “être beaucoup plus dur vis-à-vis des Comores”, affirme Retailleau

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a jugé mercredi qu'”on ne pourra plus faire comme avant” en matière d’immigration à Mayotte promettant notamment d’être “beaucoup plus dur vis-à-vis des Comores”.”On sait très bien qu’il y a une politique comorienne qui consiste finalement à laisser partir (…) Il y a une forme, le mot est sans doute trop fort de guerre hybride si j’ose dire, en poussant des populations vers Mayotte pour susciter une sorte d’occupation clandestine”, a déclaré le ministre démissionnaire sur BFMTV interrogé sur la situation de l’archipel français dévasté par le passage meurtrier du cyclone Chido.M. Retailleau qui a suscité une vive polémique mardi alimentée notamment à gauche, pour ses propos sur la nécessité de légiférer sur l’immigration pour reconstruire Mayotte, a assumé ses déclarations. “Bien sûr c’est le moment”, a appuyé le ministre de l’Intérieur interrogé sur l’opportunité d’une telle prise de position quelques jours seulement après le passage du cyclone dévastateur.”Il y a la question de l’immigration irrégulière parce qu’on a laissé les Mahorais seuls devant leur malheur, avec cette immigration qui est totalement incontrôlée”, a mis en avant le ministre qui a ouvert la voie, comme son prédécesseur à Beauvau, à une remise en cause du droit du sol à Mayotte.”Il faut changer les règles”, a-t-il répété. “Dans la maternité de Mamoudzou, c’est la plus grande maternité française, un enfant né par heure et malheureusement 74 % de ces enfants, ce sont des mamans qui sont dans la clandestinité”, a expliqué le ministre.”Il suffit, même quand on est clandestin, d’accoucher dans ces conditions, pour que demain l’enfant à sa majorité devienne lui même français. C’est ça qu’il faut qu’on règle aussi”, a-t-il affirmé. A Mayotte, depuis la loi asile et immigration de 2018, le droit de la nationalité est déjà dérogatoire. Il faut prouver qu’au moins un de ses deux parents était en situation régulière depuis plus de trois mois lors de la naissance de l’enfant.M. Retailleau envisage de porter ce délai à “un an”.Outre un durcissement de la position de la France vis-à-vis des Comores,  Bruno Retailleau a évoqué une autre piste contre l’immigration illégale à Mayotte. “Il faudra aussi envisager des nouveaux moyens de lutte, notamment en utilisant un certain nombre d’outils modernes, de drones, etc. pour prévenir l’arrivée des kwassa kwassa”, ces petites barques à moteur utilisées par les migrants illégaux venus des Comores pour rallier l’île française de Mayotte.Plus largement, le ministre démissionnaire entend “modifier notre législation”. grd/rhl  

Condamnation définitive ou nouveau procès ? Nicolas Sarkozy fixé dans l’affaire Bismuth

Une première condamnation définitive ou un nouveau procès pour Nicolas Sarkozy ? La Cour de cassation se prononce mercredi vers 14H00 dans l’affaire des écoutes, une décision qui pourrait entraîner la pose d’un bracelet électronique pour l’ancien président de la République.Dans ce dossier aussi appelé Bismuth, si la haute juridiction rejetait les recours, Nicolas Sarkozy, 69 ans, serait définitivement condamné pour corruption et trafic d’influence à trois ans d’emprisonnement dont un an ferme sous bracelet électronique – une sanction sans précédent pour un ex-chef de l’État.Dans ce cas, cette peine, à laquelle s’ajoutent trois ans d’inéligibilité, serait appliquée: Nicolas Sarkozy serait alors convoqué – en principe dans un délai inférieur à un mois – devant un juge d’application des peines (JAP), qui fixerait les modalités de son bracelet, posé ultérieurement.Mais la Cour de cassation pourrait aussi ordonner un nouveau procès en annulant, en partie ou totalement, la décision de la cour d’appel de Paris.Cette échéance intervient alors que l’ancien locataire de l’Élysée doit comparaître à partir du 6 janvier, et pour quatre mois, au tribunal de Paris, dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007.Dans le dossier Bismuth, l’ex-chef de l’Etat avait été, le 17 mai 2023, une deuxième fois reconnu coupable d’avoir noué en 2014, au côté de son avocat historique Thierry Herzog, un “pacte de corruption” avec Gilbert Azibert, haut magistrat à la Cour de cassation, afin qu’il transmette des informations et tente d’influer sur un recours formé par Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Et ce, en échange d’un “coup de pouce” promis pour un poste honorifique à Monaco.Les trois hommes se sont vu infliger la même peine, avec pour l’avocat une interdiction de porter la robe noire pendant trois ans.Clamant leur innocence depuis l’origine, ils ont formé des pourvois, soulevant 20 arguments examinés lors d’une audience le 6 novembre, à l’issue de laquelle la décision a été mise en délibéré.- Décision constitutionnelle -Devant la Cour de cassation, qui contrôle la bonne application du droit et non le fond des dossiers, l’avocate générale a méthodiquement préconisé le rejet de chaque point de droit soulevé.Me Emmanuel Piwnica, avocat au conseil de Thierry Herzog, a fustigé une procédure qui “n’aurait jamais dû voir le jour”, parlant d’un dossier où “on ne compte plus les illégalités commises, les manquements, les atteintes aux droits fondamentaux”.La défense a insisté sur deux points principaux: d’abord, elle espère qu’une décision récente du Conseil constitutionnel, datée du 28 septembre 2023 et trouvant son origine dans l’affaire Fillon, pourra lui permettre d’obtenir un nouveau procès.Au nom des droits de la défense qui ne doivent pas être “théoriques et illusoires”, cette décision impose un réexamen par une nouvelle cour d’appel d’une demande d’annulation de toute la procédure, a plaidé Me Piwnica.Depuis des années, le camp Sarkozy estime en effet que le parquet national financier (PNF) lui a injustement “caché” une enquête parallèle, visant à débusquer une taupe qui aurait informé l’ancien président et son avocat qu’ils étaient sur écoute.Les avocats ont aussi contesté la légalité des écoutes au cÅ“ur du dossier, un sujet déjà maintes fois débattu dans cette affaire.Me Patrice Spinosi a invoqué un arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) du 16 juin 2016: “Nicolas Sarkozy ne peut pas être pénalement condamné sur le fondement d’échanges qu’il a eus avec son avocat” car ils ne peuvent pas être “utilisés contre lui”, a-t-il argué.En 2025, la Cour de cassation devra en outre trancher sur le pourvoi de l’ancien président contre sa condamnation à un an de prison dont six mois ferme dans l’affaire Bygmalion, concernant les dépenses excessives de sa campagne de 2012. 

Gouvernement: Fesneau (Modem) évoque des “échanges très avancés”

Le président des députés du Modem, Marc Fesneau, très proche du Premier ministre François Bayrou, a évoqué mercredi “des échanges très avancés” sur la composition du gouvernement, sans s’engager sur une date pour sa nomination. “Il me semble que les échanges sont quand même très avancés”, a déclaré le député sur TF1, interrogé sur les deux rencontres la veille entre François Bayrou et le président Emmanuel Macron.   Un nouveau gouvernement avant Noël ? “Je crois que c’est la volonté du président de la République et du Premier ministre d’avoir avant Noël”, a-t-il expliqué, rappelant qu'”on a vu ce que c’était d’attendre”, en référence au gouvernement de Gabriel Attal démissionnaire pendant deux mois cet été.”Il y a besoin que les équipes puissent se constituer dans les ministères avant Noël pour que, dès la rentrée, les choses puissent se mettre en ordre”, a-t-il tranché.Il a précisé que “l’objectif” du couple exécutif était “de partir de ce que nous avions constitué autour de Michel Barnier”, appelé le “socle commun”, qui allait des députés macronistes et alliés aux Républicains. “Et après, de regarder si on peut élargir avec des personnalités”, sans “rentrer dans la logique des débauchages”, tout en envisageant “des ouvertures à des personnalités qui viennent des horizons de la gauche”, a tâtonné Marc Fesneau. A propos de la réforme des retraites, que la gauche souhaiterait suspendre et revoir, il a évacué toute possibilité d’abrogation. “C’est très facile d’abroger mais quand on ne pose pas l’équation principale qui est celle du financement, c’est un problème”, a-t-il prévenu. Quant à une éventuelle future loi immigration, il a enfin estimé que “c’est une question d’abord de mise en Å“uvre des lois qui sont déployées depuis peu de temps” et de traduction en France du pacte asile immigration européen. 

Sous le feu des critiques, Bayrou promet de ne laisser aucun défi “sans réponse”

Critiqué de toutes parts pour avoir choisi d’aller à Pau en pleine crise à Mayotte, François Bayrou a promis mardi aux députés de ne laisser aucun défi “sans réponse”, mais sans s’avancer sur ses solutions en attendant de former un gouvernement “dans quelques jours”.Confronté à une intense polémique quatre jours à peine après son arrivée à Matignon, le Premier ministre a annoncé lors d’une émission spéciale consacrée à Mayotte mardi soir sur France 2 qu’il se rendrait sur l’île “dès l’instant” qu’Emmanuel Macron, attendu sur place jeudi, sera de retour dans l’Hexagone, et que “(s)on gouvernement sera formé”.Oui, mais quand ? Avant d’intervenir sur France 2, François Bayrou s’était rendu à l’Élysée pour la deuxième fois de la journée pour évoquer avec Emmanuel Macron la composition du gouvernement. Dans une journée ponctuée de nouvelles consultations des groupes politiques, qui se poursuivront mercredi à Matignon, et d’un premier contact animé avec l’Assemblée nationale.”J’espère qu’on va réussir à aller vite” et finaliser le gouvernement “dans quelques jours”, a affirmé M. Bayrou en milieu d’après-midi.Son intention est de présenter une équipe resserrée d’environ 25 ministres avec des personnalités de gauche, du centre et de droite, selon des sources parlementaires, avant de prononcer le 14 janvier sa déclaration de politique générale devant le Parlement.En attendant, il a répondu pour la première fois aux questions de l’Assemblée nationale. Et il a été interpellé sur son choix d’aller, la veille, présider le conseil municipal de sa ville de Pau, dont il entend demeurer maire, et de n’assister ainsi qu’en visioconférence à une réunion de crise sur Mayotte, dévastée par le passage du cyclone Chido.- La province et Paris -“Vous n’auriez pas dû vous rendre à Pau pour conserver un mandat, mais à la réunion de crise de l’Élysée pour assumer votre nouveau rôle”, a lancé la cheffe des députés La France insoumise, Mathilde Panot, quand son homologue socialiste, Boris Vallaud, lui a reproché d’en avoir en outre profité pour faire la promotion du “cumul des mandats”.Dans la matinée, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, avait même dit qu’elle aurait “préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne l’avion pour Mamoudzou”, chef-lieu de Mayotte. “Une séquence un peu baroque”, a jugé avec un ton relativement clément Marine Le Pen dans Le Parisien.François Bayrou s’est justifié en invoquant la nécessité de ne pas “séparer la province et le cercle des pouvoirs à Paris”, un de ses chevaux de bataille. “Pau, c’est en France (…) J’étais aussi à ma place de citoyen”, a-t-il plaidé.Il a aussi dit partager la gravité de la représentation nationale sur le drame de Mayotte, déplorant au passage qu’il n’y ait pas eu de “modèle de développement” adopté pour l’archipel “beaucoup plus tôt”.Au-delà, le nouveau locataire de Matignon a été assailli de questions sur la manière dont il entend gravir cet “Himalaya” de défis qu’il a évoqué lors de sa prise de fonctions vendredi.Pour le Rassemblement national, Laure Lavalette a dressé une liste de priorités, demandant notamment le vote d’une “loi d’urgence agricole” avant la fin de l’année.Le socialiste Boris Vallaud lui a adressé un “avertissement républicain solennel”, en réclamant des réponses sur le budget, les retraites, le pouvoir d’achat ou encore les services publics. “Serez-vous ouvert aux compromis?”, a-t-il demandé.”Il a l’air quand même un peu perdu” quand il “a dit +Pau c’est la France, ce n’est pas Paris+”, a jugé Cyrielle Chatelain pour Les Écologistes. “Il a semblé découvrir que Mayotte était un territoire français”, a abondé sa collègue Sandrine Rousseau.- “Trop flou” -François Bayrou, clamant son “respect” pour tous les députés quel que soit leur camp politique, s’est refusé à détailler ses solutions.”Je ne dissimulerai rien, je ne laisserai rien sans traitement et sans réponse”, s’est-il borné à répondre. De même, il s’est engagé à ne pas laisser “la situation budgétaire sans réponse”, alors que l’adoption d’une loi de finances pour 2025 est en jachère depuis la censure de son prédécesseur Michel Barnier.”Je n’ai jamais cru que c’était dans la fiscalité que se trouvait la réponse à tous les problèmes du pays”, a-t-il seulement précisé, évoquant de nécessaires “économies”, mais sans chiffrer ses intentions.En parallèle, les consultations des forces politiques, entamées lundi, se sont poursuivies à Matignon.En sortant, Les Écologistes ont estimé que M. Bayrou était déjà en train de “paver peu à peu le chemin de sa propre censure”. Quant à Laurent Wauquiez, le chef des députés Les Républicains, reçu lundi, il a demandé une nouvelle rencontre avec le chef du gouvernement, dont le projet est encore “trop flou” à ses yeux.A l’issue de leur entretien qualifié de “franc”, les communistes ont rapporté ne pas avoir reçu de réponse de M. Bayrou à leur demande de vote de confiance à l’issue de sa déclaration de politique générale. Ils décideront de le censurer en fonction “du contenu” de son discours.gbh-lum-are-fff-bpa/caz/ybl

Insultes envers le député Louis Boyard en 2022: Cyril Hanouna jugé en son absence à Paris

L’animateur de télévision Cyril Hanouna était jugé mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour des insultes proférées sur le plateau de son émission “Touche pas à mon poste” (TPMP) sur C8 à l’encontre du député LFI Louis Boyard, seul présent à l’audience. Poursuivi pour injures envers un député, Cyril Hanouna encourt une amende de 12.000 euros. Franck Appietto, en qualité de directeur général de C8, était jugé pour les mêmes faits. Le 23 novembre 2022, le député La France insoumise Louis Boyard avait déposé plainte avec constitution de partie civile contre l’animateur de C8, lui reprochant de l’avoir “insulté en direct pour avoir critiqué le propriétaire de sa chaîne” Vincent Bolloré. “Espèce d’abruti” ; “T’es un abruti” ; “Tocard, va” ; “Bouffon, va” ; “Toi, t’es une merde”: cinq déclarations de l’animateur dans la rubrique “Le quart d’heure sans filtre” de l’émission étaient pointées du doigt par Louis Boyard. Ancien chroniqueur de TPMP au cours de l’année 2021, Louis Boyard avait été invité le 10 novembre 2022 comme député dans un numéro consacré à l’accueil du bateau de sauvetage de migrants Ocean Viking. Il avait alors déclenché la colère de Cyril Hanouna en évoquant les “cinq personnes les plus riches” de France qui, selon lui, “appauvrissent l’Afrique”, citant le milliardaire Vincent Bolloré, actionnaire de sociétés en Afrique et propriétaire du groupe Canal+.”C’est le propos politique qui a été insulté”, parce qu'”en ma qualité de député, je pointais la responsabilité de (Vincent) Bolloré”, a insisté Louis Boyard à la barre du tribunal, estimant qu’il y avait eu de la part de l’animateur “une volonté de censure”. “J’ai senti de la haine” sur le plateau, a-t-il ajouté. La défense de Cyril Hanouna a elle pointé du doigt un “nouveau coup d’éclat” du député, demandant la relaxe de Cyril Hanouna qui avait “uniquement répondu aux invectives de monsieur Boyard”, a insisté Me Stéphane Hasbanian. “La séquence s’est passée exactement de la manière dont il (Louis Boyard) l’avait rêvé”, a quant à lui estimé l’avocat de Franck Appietto, Me Olivier Chappuis. En février 2023, saisi sur cette séquence d’une dizaine de minutes, l’Arcom avait sanctionné C8 d’une amende record de 3,5 millions d’euros.Le régulateur des médias avait estimé que ces propos portaient “atteinte aux droits de l’invité, au respect de son honneur et de sa réputation”, ajoutant que cette séquence traduisait “une méconnaissance par l’éditeur de son obligation de maîtrise de son antenne”.Le jugement sera rendu le 20 février 2025. 

Pour Marine Le Pen, “Emmanuel Macron, c’est fini ou presque”

La cheffe des députés Rassemblement national Marine Le Pen a raillé mardi “la fragilité d’Emmanuel Macron”, qu’elle croit “fini ou presque”, disant en ce sens se préparer à “une présidentielle anticipée, par précaution”, dans une interview au Parisien.”Emmanuel Macron, c’est fini ou presque. Mon propos n’a pas vocation à être cruel, c’est une réalité institutionnelle”, a déclaré Mme Le Pen.La triple candidate à l’élection présidentielle a illustré son propos en revenant sur la nomination de François Bayrou à Matignon, au prix d’un bras de fer du centriste avec le chef de l’Etat. “Une scène de ménage”, a-t-elle ironisé.Selon elle, M. Macron “a même perdu son pouvoir de nomination du Premier ministre, qui s’est nommé lui-même. Il ne lui reste pas grand-chose”, a-t-elle poursuivi, estimant que le chef de l’Etat avait même “perdu la main partout à l’international, il s’est fâché avec tout le monde”.A l’instar du leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon qui l’appelle de ses voeux, Mme Le Pen a dit se préparer à “une présidentielle anticipée, par précaution, compte tenu de la fragilité d’Emmanuel Macron, du peu de leviers institutionnels qu’il lui reste”. “Sa situation est très fragile”, a-t-elle insisté. “Les problématiques pourraient même venir de son propre bloc central, qui pourrait être en désaccord avec son Premier ministre, ou des marchés financiers. Il y a beaucoup de raisons qui pourraient pousser Emmanuel Macron à mettre fin à son mandat”, a encore plaidé la patronne des députés RN.Interrogée sur la polémique entourant le choix de M. Bayrou d’assister lundi soir au conseil municipal de Pau, dont il est maire, en plein crise à Mayotte, Mme Le Pen a jugé “la séquence un peu baroque”.”Je peux comprendre ce qui a pu le pousser à faire ça, l’idée étant de lancer un signal aux Français qu’il reste un élu local”, a-t-elle cependant nuancé.