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Colère des taxis: le gouvernement va étudier leurs propositions

Faire des économies sans mécontenter les taxis: le gouvernement a proposé mercredi d’étudier, avec les représentants de la profession, de nouveaux calculs pour les conditions de rémunération du transport des patients, mais de nombreux professionnels restent méfiants.À l’issue d’une réunion avec les organisations de taxis, mobilisés depuis plusieurs semaines, le ministre de la Santé Yannick Neuder a assuré qu’il fallait “continuer à travailler ensemble pour trouver des solutions qui soient d’intérêt national”.Il a renvoyé à une nouvelle réunion dans 15 jours. D’ici là, l’Assurance maladie (CNAM) devra évaluer les propositions faites par les taxis.  Après des semaines de mobilisation pour demander une rencontre directe avec le gouvernement, les représentants des taxis se sont montrés plutôt satisfaits. “Le ministre a compris que le système proposé par les services de la CNAM n’était absolument pas viable pour les entreprises de taxi”, a souligné à l’issue de la réunion Rachid Boudjema, président de l’Union nationale des taxis.Il s’agit notamment de prendre en compte le retour au compteur (et non au forfait) pour la plupart des trajets, et la “marche lente” en cas de bouchons. “La grande avancée, c’est que ces propositions vont être chiffrées et voir si elles rentrent dans les objectifs budgétaires”, a indiqué Bilal Bouammar, de la Fédération des taxis indépendants, à l’issue de la réunion. “On est plus dans une négociation que dans l’imposition de mesure comme ça s’est fait pendant un an et demi (avec la CNAM)”, a-t-il relevé.Les taxis sont toutefois prêts à se mobiliser de nouveau en cas de nouvelle déception, car ils sont “pris à la gorge “, a indiqué M. Boudjema à l’AFP.La méfiance planait, en effet, devant le ministère de l’Économie, à Paris, où des centaines de manifestants venus de toute la France ont garé leur taxi, bloquant plusieurs rues.”Ils veulent gagner du temps. En juillet-août, vous pouvez bloquer Paris, ils n’en ont rien à foutre. On reste! Si on part, on ne reviendra plus”, a lancé un manifestant. – Economies -D’ici la prochaine réunion, “il va y avoir des actions sporadiques et incontrôlées”, a prévenu Gérôme Lassalle de l’association Elite Taxi.  La préfecture des Pyrénées-Atlantiques a d’ailleurs interdit mercredi soir une manifestation de 500 taxis attendue à compter de jeudi à Pau, ville du Premier ministre François Bayrou, en raison de “risques de troubles à l’ordre public”. Des taxis venus de plusieurs départements avaient bloqué la gare de Pau pendant deux semaines en mai.Mercredi, en région parisienne, un convoi venu de l’aéroport de Roissy a ralenti dans l’après-midi la circulation sur le périphérique.Les taxis protestent contre la nouvelle convention de l’Assurance maladie régissant le transport des malades en taxi, censée entrer en vigueur le 1er octobre.Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par la Sécurité sociale, puis un tarif kilométrique. Mais les taxis craignent, par exemple, que les temps d’attente lorsque le patient est en consultation à l’hôpital ne soient plus rémunérés.Le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis repose parfois aux deux tiers sur le transport des patients vers les hôpitaux ou à leurs rendez-vous médicaux, notamment dans les zones rurales ou les petites villes.L’Assurance maladie souhaite économiser de l’argent en développant des plateformes centralisant les demandes, pour rationaliser les allées et venues des taxis, permettre le transport partagé et éviter retours à vide ou longues périodes d’attente des véhicules.- Blocage -Entre 2019 et 2024, les dépenses de transport sanitaire ont explosé pour atteindre 6,74 milliards d’euros annuels, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, soit une augmentation de 45%.Pendant la deuxième quinzaine de mai, la profession avait déjà bloqué gares et aéroports et occupé certains axes, dans plusieurs villes de France, notamment sur le boulevard Raspail à Paris, à deux pas du quartier des ministères. Outre leurs griefs contre la convention avec l’Assurance maladie, les taxis dénoncent aussi les chauffeurs VTC, accusés de concurrence déloyale et de pratiquer la maraude – le fait de circuler à vide à la recherche de clients -, ce qui leur est interdit. Le gouvernement a affirmé qu’il allait accentuer les contrôles pour s’attaquer aux fraudeurs. Une célérité qui a mis en colère les chauffeurs VTC, reçus à leur tour le 3 juin au ministère des Transports. Ils ont eux aussi appelé à une semaine de mobilisation à partir de mardi.

Santé mentale et psychiatrie: le gouvernement dévoile son ordonnance

Plus d’adultes formés en milieu scolaire, une offre de soins plus lisible et graduée, davantage de soignants formés: le gouvernement a dévoilé mercredi un plan pour tenter de mieux repérer et soigner les troubles psychiques mais aussi de rendre plus attractive la psychiatrie.Dévoilées par le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins Yannick Neuder à l’issue d’un comité stratégique interministériel, cette trentaine de mesures sont annoncées mi-2025, année où la santé mentale est grande cause nationale, mais aussi au lendemain du meurtre d’une surveillante de collège par un élève de 14 ans, source d’un émoi national.Ce plan psychiatrie se veut le “point de départ” d'”un engagement durable”, selon Yannick Neuder. “On doit s’appuyer en priorité sur les moyens que l’on a”, a-t-il déclaré au Parisien, le ministère ne précisant pas si des fonds seraient débloqués.La grande cause nationale ne sera “pas qu’un slogan”, avait-il affirmé récemment, confronté aux critiques sur l’inaction de l’exécutif y compris au sein de la majorité.Environ un tiers des postes de praticiens hospitaliers sont vacants et le volume de lits a fait l’objet de réductions, tandis que le nombre de patients doublait ces vingt dernières années.Le premier axe du plan vise à favoriser les repérages et interventions précoces face aux troubles psychiques notamment des jeunes de 12-25 ans, reprenant certaines mesures annoncées mi-mai par la ministre de l’Education Elisabeth Borne, jugées “étriquées” par des syndicats.Dans les objectifs: former deux adultes repères dans chaque établissement du second degré et chaque circonscription du premier degré d’ici 2026, déployer un modèle national de repérage et d’intervention précoce ou former 100% des personnels de santé scolaire au repérage précoce.”Sans moyens financiers on ne voit pas bien comment ça peut fonctionner”, a déclaré à l’AFP Catherine Nave-Bekhti (CFDT Education), alors qu'”on manque cruellement d’infirmières, de médecins et de psychologues scolaires, d’assistantes sociales”.”On ne peut pas faire peser le poids de ce défi uniquement sur les personnels déjà en place”, a estimé Sophie Vénétitay (Snes-FSU).Il est aussi prévu de mobiliser les étudiants en santé du service sanitaire intervenant dans les établissements scolaires pour former les jeunes aux compétences psychosociales et de former 300.000 secouristes en santé mentale d’ici 2027 – un doublement.- “Mesurettes” -Le deuxième axe entend favoriser “une psychiatrie de proximité, lisible et accessible”, pour mieux traiter avant, pendant et après une crise aiguë.Entre autres mesures: un appui financier prioritaire aux centres médico-psychologiques proposant des créneaux de rendez-vous non programmés et des dispositifs de suivi intensif, et un renforcement de la régulation des urgences en psychiatrie pour orienter vers des soins adaptés.Aux urgences psychiatriques, le gouvernement souhaite des profils diversifiés dans les équipes (pair aidants, travailleurs sociaux…) et des formations aux alternatives à l’isolement et à la contention. En ville, il veut atteindre 12.000 psychologues conventionnés pour Mon Soutien Psy d’ici 2027 contre 6.000 aujourd’hui.Accès dégradé, pénurie de moyens, inégalités territoriales, droits fondamentaux bafoués: le Comité d’éthique a alerté fin janvier sur la crise de la psychiatrie et l’urgence d’un plan ambitieux.Pour “reconstruire” la psychiatrie, troisième axe de ses mesures, le gouvernement entend “renforcer la formation” des étudiants en médecine, avec un module en psychiatrie avancée dans chaque faculté couplé à un stage pratique. Le nombre d’internes en psychiatrie sera porté de 500 à 600 par an à partir de 2027. Comme le recommandait le rapport des députées Dubré-Chirat et Rousseau, une mission planchera sur les conditions de travail en psychiatrie, avant un plan d’action en 2026. Globalement, “on ne peut pas rattraper 10 ans d’atermoiements et d’attente en deux coups de cuillère à pot. On prend ces mesurettes, mais ça ne va pas résoudre quoi que ce soit”, a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Salvarelli (syndicat des psychiatres hospitaliers).”Il y a des grandes lignes, mais il manque des éléments financiers majeurs, un échéancier et quantité de mesures: il n’y a rien sur la prévention, le repérage précoce, la recherche et la question des jeunes qui revient régulièrement”, a estimé la psychiatre Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat National des Praticiens Hospitaliers (INPH).Les troubles psychiques touchent environ une personne sur trois et quelque deux millions de Français sont pris en charge en psychiatrie chaque année. La crise du Covid a accentué la dégradation de la santé mentale, notamment des jeunes.

Bateau pour Gaza: Rima Hassan et les autres militants français retenus en Israël vont être expulsés

Les quatre militants français pro-palestiniens encore retenus en Israël, dont l’eurodéputée  La France insoumise (LFI) Rima Hassan – qui a été brièvement placée à l’isolement selon une ONG – seront expulsés jeudi et vendredi, a annoncé la diplomatie française.”Merci à nos agents pour leur mobilisation admirable qui a permis cette issue rapide, en dépit du harcèlement et de la diffamation dont ils ont été l’objet”, a écrit sur X le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, alors que LFI accuse les autorités françaises “d’inaction insupportable” depuis l’arraisonnement “illégal” lundi par Israël d’un voilier vers Gaza avec 12 militants pro-palestiniens à bord.Le retour en France de Rima Hassan et d’un autre ressortissant français est prévu jeudi soir à Roissy-Charles-De-Gaulle, aéroport où arriveront vendredi soir deux autres militants qui naviguaient sur le bateau, a appris l’AFP de source aéroportuaire. Mais la nouvelle a été accueillie avec prudence et méfiance par le mouvement de gauche radicale La France insoumise, qui a fait de la défense de la cause palestinienne un de ses combats principaux et dénonce un “génocide” à Gaza. “Il se dit que Rima Hassan et ses coéquipiers prisonniers seraient expulsés demain. (…) Pour l’instant Rima Hassan est à l’isolement pour avoir écrit +Free Palestine+ sur le mur de sa cellule. On l’a croira libérée quand on la verra à Paris. D’ici-là on se mobilise et on méprise ses geôliers et leurs complices ici”, a écrit sur X le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon.Au total, 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, dont la Suédoise Greta Thunberg, étaient partis d’Italie le 1er juin à bord d’un voilier pour “briser le blocus israélien” de Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus de 20 mois d’une guerre déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur Israël.La marine israélienne a arraisonné le bateau lundi matin à environ 185 kilomètres à l’ouest de la côte de Gaza.Greta Thunberg a déjà été expulsée vers la Suède.- Passage à l’isolement – Parallèlement, l’ONG israélienne de défense des droits humains Adalah a indiqué mercredi que deux des militants pro-palestiniens arrêtés sur le voilier, dont Rima Hassan, avaient été placés à l’isolement.Contacté par l’AFP, le ministère des Affaires étrangères israélien n’a pas commenté ces informations. Sur son compte X, l’équipe de l’eurodéputée franco-palestinienne a indiqué qu’elle avait été placée en cellule d’isolement “après avoir écrit +Free Palestine+ sur les murs de sa cellule”. “Elle a entamé une grève de la faim en protestation”, a indiqué la même source. L’ONG Adalah a par la suite précisé que Rima Hassan avait été sortie de son isolement. Les militants de “la Flottille pour la liberté”, qui voulait notamment apporter un peu d’aide humanitaire aux habitants de la bande de Gaza, “sont rentrés illégalement en Israël” et “leur statut est un statut d’immigré illégal”, avait affirmé mercredi matin l’ambassadeur israélien à Paris Joshua Zarka.”Le but est de les mettre dans un avion vers la France le plus rapidement possible”, a-t-il encore dit.Jean-Luc Mélenchon, candidat putatif à la prochaine élection présidentielle, a demandé sa convocation par le Quai d’Orsay.Il en a également appelé à Emmanuel Macron, demandant au président d’intervenir pour la libération de Rima Hassan.Parallèlement, les trois dirigeants insoumis Mathilde Panot (cheffe de file des députés LFI), Manuel Bompard (coordinateur du mouvement) et Manon Aubry (co-présidente du groupe The Left au Parlement européen) ont envoyé un courrier pour réclamer “de toute urgence une audience auprès du Président de la République”. Interpellé par Mme Panot à l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a de son côté dénoncé “une instrumentalisation” de la situation à Gaza par LFI.”Et je crois, pour vous dire le fond de ce que je pense, que ceux qui ont lancé l’assaut du 7 octobre voulaient obtenir la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui”, a-t-il insisté, en faisant référence au Hamas.Deux des six Français qui avaient été arrêtés lundi ont déjà été expulsés. L’un d’entre eux, le médecin Baptiste André, a dénoncé lors de son arrivée mardi soir à Paris des “actes de maltraitance” de la part des services de l’immigration israéliens, notamment de la “privation de sommeil.  burs-leo/jmt/vk

L’âge de la retraite revient doublement dans le débat

L’âge de la retraite, fixé à 64 ans par la réforme Borne de 2023, continue de constituer un point de blocage majeur dans les discussions des partenaires sociaux sur les retraites, les syndicats estimant n’avoir toujours pas obtenu le “bougé” qu’ils réclament.Pour l’instant “aucune porte n’a été ouverte” par la partie patronale, a regretté Yvan Ricordeau, le négociateur de la CFDT, à l’issue d’une nouvelle réunion mercredi du conclave sur les retraites.Mardi, le Medef a officialisé son refus de tout retour en arrière sur l’âge légal de 64 ans, en proposant deux mesures visant à atténuer les effets de la réforme Borne : il propose de rendre plus favorable le calcul de la pension des femmes ayant eu des enfants, et un départ avancé d’un an pour certaines personnes en invalidité.Mais pour les syndicats, le compte n’y est pas encore, loin de là. Mardi prochain, jour de fin prévue des travaux, “ça va être très compliqué d’avoir 5 signatures”, a confirmé Pascale Coton, la négociatrice de la CFTC.”S’il n’y pas de bougé” du patronat sur l’âge, ainsi que sur le financement du système, et la prise en compte de la pénibilité, “ça va être compliqué” de parvenir à un accord mardi, a averti de son côté Yvan Ricordeau.La CFDT veut notamment obtenir que la pénibilité puisse être prise en compte pour obtenir un départ anticipé en retraite, une demande que pour l’instant le patronat se refuse à accepter.Sur le financement du régime des retraites, les syndicats reprochent au Medef de n’avoir fait aucune proposition pour que les entreprises contribuent au financement du retour à l’équilibre du système en 2030, objectif imposé par le Premier ministre François Bayrou.La marche est haute, puisque pour l’instant, un déficit de 6,5 milliards est prévu.Des propositions demandant des efforts aux retraités existent dans le “document martyr” qui recense les propositions faites pour parvenir à un accord, et qui a été rédigé par l’animateur des discussions, Jean-Jacques Marette.Le document mentionne par exemple des scénarios aboutissant à une augmentation de la CSG pour les retraités, ou bien à une sous-indexation des retraites par rapport à l’inflation.Mais s’il n’y a pas “d’effort partagé”, c’est à dire si les entreprises ne participent pas financièrement au retour à l’équilibre, “je n’ai pas de mandat pour signer”, a averti Pascale Coton.- “66,5 ans en 2070” -La question de l’âge était déjà revenue dans le débat public par un biais surprise. Le 6 juin, au lendemain d’une séance du conclave, plusieurs médias, dont l’AFP, ont eu connaissance d’une version de travail du rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR). Contrairement aux usages, ce texte, élaboré sous la houlette de Gilbert Cette, économiste et soutien d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle 2017, ne se contente pas de lister les leviers possibles. Le pré-rapport flèche ainsi une option: repousser l’âge du départ à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070.Cette piste est la seule “expansive”, augmentant la production de richesse du pays, selon ce document, contrairement aux autres voies – accroître les cotisations salariales ou patronales ou peser sur le niveau des retraites – jugées “récessives”, freinant la production de richesses.Les syndicats sont logiquement vent debout. Cette projection en 2070, “c’est une peau de banane lancée aux discussions” du conclave, juge Marylise Léon, évoquant une “sortie prématurée d’un rapport” qui n’est pas définitif.La CGT entend “modifier” cette “synthèse pas acceptable”, a également insisté sur franceinfo TV la semaine dernière Sophie Binet, sa secrétaire générale. Ce texte sera soumis jeudi aux 41 membres du COR: des partenaires sociaux, parlementaires, associations familiales et de retraités, administrations et “personnalités qualifiées” (statisticiens, économistes, etc.). Le COR parviendra-t-il à une rédaction consensuelle ?

Surveillante poignardée: les politiques à la recherche de réponses efficaces sans faire croire à “une solution magique”

Au-delà de l’interdiction immédiate de la vente de couteaux aux mineurs, la classe politique tente d’esquisser les bonnes réponses à l’agression mortelle d’une surveillante par un collégien de 14 ans, le camp présidentiel et la gauche prévenant que la réponse est multiple, la droite insistant sur “la sanction”.À l’instar de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, plusieurs responsables macronistes ont estimé qu’il fallait “agir tous azimuts”. “Il faut tout combiner (…) Les portiques ne sont pas une solution magique, le traitement psy n’est pas une solution magique, l’éducation des parents n’est pas une solution magique”, a-elle plaidé sur RTL.”Dans ce drame, il n’y a pas de bouc émissaire possible”, a renchéri la patronne des Écologistes Marine Tondelier sur franceinfo. “On ne peut pas dire c’est un migrant, c’est parce qu’il n’y a pas de forces de l’ordre car les gendarmes étaient là, c’est la justice laxiste puisque cet enfant n’avait jamais été connu… On est obligé de regarder la société en face”.Dans l’immédiat, le gouvernement va interdire la vente aux mineurs de “tout couteau qui peut constituer une arme”, une décision qui sera effective dans les 15 jours selon Matignon. Mais, “les couteaux, on y a accès dans sa cuisine”, a fait remarquer Mme Tondelier.François Bayrou veut aussi que le gouvernement travaille à “l’expérimentation” de portiques de détection d’armes, une piste qui laisse sceptique de nombreux responsables.Outre le danger créé par des attroupements à l’entrée des établissements, “on a des couteaux en céramique qui ne seront pas détectés”, a souligné la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne.Des contrôles aléatoires de sacs sont déjà en place depuis fin mars qui ont permis de saisir “près de 200 couteaux” et entraîné “567 conseils de discipline” selon Mme Borne mais “on ne peut pas organiser des fouilles tous les jours devant tous les établissements”, a-t-elle reconnu en plaidant “pour agir avec les collectivités” afin d’assurer la sécurité des écoles sans “en faire des bunkers”.- “le répressif ne suffit pas” -Surexposition aux écrans, banalisation de la violence… Emmanuel Macron s’est engagé à “interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans” en France si une telle mesure n’est pas appliquée à l’échelle de l’UE “d’ici quelques mois”. Des discussions sont en cours entre les 27 États membres sur la fixation d’un âge de majorité numérique, en-deçà duquel les enfants ne pourraient pas accéder aux réseaux sans consentement parental. Et, si l’ex-Premier ministre Gabriel Attal a fait plusieurs propositions sur la justice des mineurs, le patron des députés Renaissance a aussi reconnu que “le répressif ne suffit pas”. Il milite, comme la gauche, pour “faire de la santé mentale des enfants une priorité absolue”. Une position commune chez François Bayrou qui veut “qu’à la première alerte (…), il puisse y avoir examen, diagnostic et proposition de traitement”. Encore faudrait-il donner à l’éducation plus de moyens. “La médecine scolaire est en détresse, on le sait tous (…) mais il ne faut pas faire d’économies sur notre jeunesse”, a plaidé Mme Braun-Pivet.Le sujet des réseaux sociaux ne fait pas consensus à droite. “Tant qu’il n’y a aucun élément scientifique qui démontre cette nocivité (des réseaux sociaux), je suis contre l’interdiction”, a réagi le maire LR de Cannes David Lisnard sur Sud Radio.La droite se retrouve sur “la sanction” des mineurs et de leurs parents. “Dans les lycées, si vous arrivez avec une arme, vous devez avoir une amende pénale automatique” qui sera “prélevée sur les allocations familiales”, a plaidé la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse sur BFMTV/RMC.”Ce qu’il faut en France, c’est un choc d’autorité, c’est restaurer l’ordre, dans la rue et à l’école”, a renchéri Éric Ciotti, allié du RN, sur France 2, rappelant ses propositions sur “l’encadrement militaire pour les mineurs délinquants”.

Macron défend son bilan écologique, face aux reculs et aux critiques

Après quatre jours à tenter d’incarner le combat écologique sur la scène internationale, Emmanuel Macron a défendu bec et ongles mardi soir son bilan environnemental en France, souvent jugé insuffisant et maintenant détricoté y compris par certains dans son propre camp.Point d’orgue d’une séquence qui l’a vu en porte-parole de la cause des océans à Monaco puis à Nice, pour une conférence internationale de l’ONU qu’il coprésidait avec le Costa Rica: une émission télévisée sur France 2 mardi en prime time, présentée par Léa Salamé et Hugo Clément depuis la Promenade des Anglais.”Je n’ai pas de leçon à recevoir”, a martelé le chef de l’Etat face aux questions sur certains reculs, par exemple sur l’herbicide glyphosate qu’il avait promis d’interdire en 2017 avant d’y renoncer deux ans plus tard.”Ce que j’adore le plus, c’est les journalistes qui pendant huit ans ont dit +il n’a pas de bilan écologique+ et qui maintenant disent +il détricote son bilan écologique+”, s’est-il agacé.En début d’émission, Emmanuel Macron a plusieurs fois déploré d’être interrogé sur ces points controversés avant de parler des océans, thème de la soirée.Car là-dessus, son message est clair.”Nice, vraiment, est un succès”, a-t-il revendiqué.”Alors que les vents mauvais se sont remis à souffler pour écarter toutes les questions climatiques, environnementales ou de biodiversité de l’agenda international, jamais la communauté internationale n’avait mobilisé autant de chefs d’État et de gouvernement, autant de pays pour nos océans”, s’était-il félicité dès la veille en conférence de presse.- “Prédation” et “menace” -Depuis lundi, il a mis en avant les ratifications engrangées, et les engagements d’autres pays, qui permettront selon lui une entrée en vigueur au 1er janvier 2026 du traité de protection de la haute mer — un “exploit”, a-t-il estimé, mais qui devra être vérifié à l’automne.”Une marée d’espoir et un grand motif de célébration”, a salué Rebecca Hubbard, directrice de la High Seas Alliance, une organisation non gouvernementale.Sur l’autre avancée de la conférence, l’extension des aires marines protégées annoncées par plusieurs pays dont la France, l’accueil a été en revanche plus sceptique. Pour Nicolas Fournier de l’ONG américaine Oceana, le président “a fait naître l’espoir que le gouvernement français agisse enfin contre le chalutage de fond dans les aires marines protégées, mais ces annonces sont plus symboliques qu’efficaces”. “Vous êtes contente d’acheter votre poisson (…) à un prix abordable”, a répondu Emmanuel Macron à Léa Salamé qui le relançait sur ces critiques. “Les trois quarts des criées, elles sont alimentées par ce qui vient aussi du chalutage”, a-t-il insisté.Au-delà, le chef de l’Etat a mis en avant son volontarisme en matière de diplomatie climatique pour montrer qu’il “continue d’agir”, un an après la dissolution de l’Assemblée nationale qui l’a privé durablement de majorité et lui a fait perdre grand nombre de leviers sur la scène nationale.Replié sur ses prérogatives internationales et régaliennes, Emmanuel Macron a plusieurs fois ces derniers jours critiqué le désengagement américain en matière climatique. Alors qu’il se rend dimanche au Groenland, territoire autonome du Danemark convoité par Donald Trump, il a affirmé vouloir y éviter toute “prédation” et toute “menace”. Et il a redit au président américain, qui prévoit de lancer l’exploitation de métaux critiques au fond des eaux internationales du Pacifique, que “nous serions totalement fous” d’exploiter avant d’avoir la connaissance scientifique de ces “abysses”.Mais il a aussi égratigné des décisions prises par le Parlement ou le gouvernement français qui détricotent son bilan écologique déjà jugé insuffisant par de nombreux défenseurs de l’environnement.”On a aujourd’hui une remise en cause aussi de la priorité dans le débat public donnée au climat, y compris d’ailleurs en France”, a-t-il lancé à Nice, dénonçant une “énorme erreur”. Un “coup de gueule” réitéré mardi sur France 2, en appelant le gouvernement et le Parlement à ne “rien relâcher de l’effort”. En cause, la suspension des aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’, la fin des zones à faibles émissions (ZFE) qui restreignent la circulation des véhicules très polluants, ou encore le retour envisagé à l’usage de pesticides dangereux.Mais cette posture autoproclamée de “vigie” n’a toutefois pas convaincu.”Le président semble avoir honte de ses reculs écolos. Il peut. Où était-il quand l’écologie était sabrée dans le budget et quand ses députés votaient contre l’écologie?”, a critiqué lundi la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier.

Interdiction de vente de couteaux aux mineurs, portiques: l’exécutif accélère ses réponses après la mort d’une surveillante de collège

Interdiction “tout de suite” de la vente des couteaux aux mineurs et expérimentation des portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements: François Bayrou a annoncé mardi plusieurs mesures après l’agression mortelle d’une surveillante par un collégien, certaines étant accueillies avec scepticisme jusque dans son propre camp.Lors d’un entretien au JT de 20H sur TF1, le chef du gouvernement a expliqué vouloir “élargir la liste des armes” blanches interdites à la vente, alors que “pour l’instant, il n’y a que les poignards qui sont interdits”. A peine quelques minutes plus tard, cette fois sur France 2, Emmanuel Macron a lui-même annoncé qu'”un jeune de quinze ans ne pourra plus acheter un couteau sur internet”. “On va durcir les règles. Ça veut dire qu’on va mettre des sanctions massives, financières, des interdictions. On ne pourra plus vendre ces armes blanches”, a ajouté le chef de l’Etat, en pointant à nouveau la responsabilité des réseaux sociaux, dont il ambitionne de les interdire au moins de 15 ans, en prévenant: “Je nous donne quelques mois pour arriver à faire la mobilisation européenne. Sinon (…) on commence à le faire en France. On ne peut pas attendre”.Mis en cause, notamment par Marine Le Pen, pour avoir évoqué il y a quelques jours ceux qui “opèrent un +lavage de cerveau+ sur les dernier faits divers”, Emmanuel Macron s’est défendu, se plaçant aux côtés des victimes, mais appelant à “une forme de discipline collective” en s’attaquant “aux causes profondes”.- Pas le “bon message” -L’exécutif a entendu répondre dès les premières heures qui ont suivi le drame, à la hauteur de l’émotion qu’il a provoqué dans le pays.Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, en début d’après-midi, François Bayrou a ainsi prôné “l’expérimentation” de portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements scolaires.Mais le patron du parti macroniste Renaissance, Gabriel Attal, a dans la foulée, sur BFMTV, exprimé son scepticisme, en notant que ces portiques ne permettraient “absolument pas d’empêcher” l’introduction d’une arme blanche dans un établissement.Quant aux détecteurs de métaux, “j’ai un peu peur de la fausse bonne idée”. “Un collège, vous avez en moyenne 500 ou 600 élèves. Vous imaginez, ils arrivent tous à la même heure, ça fait des attroupements (…) à un moment où, avec le risque terroriste, on veut au contraire les limiter devant les établissements”, a poursuivi l’ancien Premier ministre.Edouard Philippe s’est également montré dubitatif à propos des portiques: “Je ne suis pas sûr que ça soit le bon message”, a-t-il lancé sur TMC.- “Santé mentale” -D’après une circulaire publiée le 27 mars, sur 6.200 contrôles à l’entrée des établissements scolaires, policiers et gendarmes ont saisi “près de 200 couteaux” et “567 conseils de discipline ont été réunis”.François Bayrou a dit souhaiter une “réponse sans faiblesse” du gouvernement face à cette “vague irrésistible” de port d’armes blanches parmi les mineurs, “en exigeant que lorsque ce port est constaté, il soit puni”, sans plus de détails.Il a également suggéré de “travailler à la question de la santé mentale des plus jeunes” pour que, “à la première alerte (…), il puisse y avoir examen, diagnostic et proposition de traitement ou en tout cas de prise de contrôle”.Le chef du gouvernement va confier une mission à la vice-présidente Horizons de l’Assemblée nationale, Naïma Moutchou, auteure d’un rapport à ce sujet, pour que ses propositions “soient matériellement et directement réalisées”.Missionnée par le chef du gouvernement après la mort fin avril d’une lycéenne de 15 ans dans une attaque au couteau dans un lycée de Nantes, Mme Moutchou recommande notamment le déploiement obligatoire de la vidéosurveillance à l’entrée et dans l’enceinte des établissements scolaires, et préconise d’interdire la vente de certains couteaux “extrêmement dangereux”.En début de soirée, Marine Le Pen a estimé devant plusieurs journalistes que “la vraie question que devrait se poser le Premier ministre, c’est combien de procédures pour port d’arme illégal ont été enclenchées dans les dernières années”, réclamant que les élèves surpris avec un couteau ne soient pas uniquement convoqués devant un conseil de discipline, mais “tout de suite (devant) le tribunal”.

Commission TikTok: face aux députés, les influenceurs pointent la responsabilité des plateformes

Cinq influenceurs aux contenus jugés problématiques par certains députés, auditionnés par la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs mardi, ont rejeté la responsabilité sur les parents et les plateformes, au cours d’échanges parfois tendus.Le créateur de contenus au discours masculiniste Alex Hitchens, les anciennes stars de téléréalité AD Laurent et le couple Julien et Manon Tanti, ainsi que l’influenceur Nasdas ont défilé pendant plus de trois heures devant les députés chargés de déterminer si le réseau social TikTok, propriété du groupe chinois Bytedance, représente un danger pour les plus jeunes.”Il faut interdire TikTok parce que cette plateforme est néfaste”, car “ce qui fonctionne le mieux, c’est le contenu qui choque”, a affirmé Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo, coach en séduction autoproclamé qui vend des formations en ligne, auditionné à distance.Interrogé sur des propos tenus dans ses vidéos, comme affirmer que les femmes “n’ont rien à faire dans la rue après 22H00”, ce vidéaste a accusé la commission de vouloir “isoler (s)on propos” avant de quitter brusquement l’audition.”Je n’ai jamais encouragé un public mineur à consommer du contenu inadapté”, s’est pour sa part défendu AD Laurent, reconnaissant partager dans ses vidéos en direct sur TikTok des liens vers les sites hébergeant son contenu pornographique.”Si des élèves de CE2 (…) accèdent à cette plateforme, c’est un problème de contrôle parental et de responsabilité de TikTok, pas de la mienne”, a-t-il insisté.Adrien Laurent, son vrai nom, comptait plus d’1,8 million d’abonnés avant de voir son compte banni mi-mai après un signalement de la ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes Aurore Bergé, l’accusant de véhiculer des contenus misogynes et virilistes.Connu pour ses distributions d’argent et de cadeaux dans son quartier de Perpignan, l’influenceur Nasdas, de son vrai nom Nasser Sari, a également mis en avant la responsabilité des parents dans la consommation de ses contenus.”Je regrette d’avoir fait en sorte que ces jeunes-là viennent et croient en moi au lieu de croire en leurs études”, a toutefois reconnu celui qui compte 3,7 millions d’abonnés sur TikTok et plus de 9 millions sur Snapchat.Revenant sur la récente annonce de son retrait des réseaux sociaux, il a affirmé avoir pris cette décision “il y a 3 mois”, regrettant une “course aux vues” et l’impact sur sa santé mentale.Les noms de ces figures des réseaux sont ressortis d’une consultation publique qui s’est achevée fin mai, réunissant plus de 30.000 réponses dont une grande part de jeunes, selon l’Assemblée nationale.Jeudi, ce sera au tour des représentants de TikTok de passer devant les députés, qui doivent rendre leur rapport en septembre.

MaPrimeRénov’ complétée avec “des centaines de millions d’euros” d’argent privé en 2025, selon la ministre du Logement

La ministre chargée du Logement Valérie Létard a assuré, mardi devant les députés, que le budget de 3,6 milliards d’euros pour 2025 de MaPrimeRénov’ serait “complété avec plusieurs centaines de millions d’euros de certificats d’économie d’énergie”, dispositif financé par les entreprises.Le doute règne autour du programme d’aides à la rénovation énergétique depuis l’annonce la semaine dernière par le gouvernement de la suspension cet été du guichet de demande d’aides MaPrimeRénov’. Mme Létard a rappelé que le gouvernement n’entendait pas supprimer MaPrimeRénov’ – “le budget est sanctuarisé avec 3,6 milliards d’euros” – et veut aller “plus loin”. “Nous allons même compléter, avec plusieurs centaines de millions d’euros de certificats d’économies d’énergie”, a-t-elle annoncé. Les certificats d’économies d’énergie (CEE) sont un dispositif basé sur le principe du pollueur-payeur, qui oblige les fournisseurs d’énergie à financer des actions de réduction de la consommation d’énergie et d’amélioration de l’efficacité énergétique.Le gouvernement prévoit de réorienter fortement ce système, qui représente une enveloppe colossale de 4 à 6 milliards d’euros chaque année, vers la décarbonation de la mobilité et l’amélioration de la performance énergétique des logements.Les CEE financent déjà 30% des aides pour la rénovation énergétique globale d’un logement et le gouvernement prévoit de porter cette part à 60%, selon le cabinet de Mme Létard. Un arrêté en ce sens “sera publié cette semaine et entrera en vigueur le lendemain de sa publication”, a précisé le ministère.Ce texte prévoit de doubler les CEE acquis par une entreprise pour le financement d’une rénovation énergétique globale, de les quadrupler s’il s’agit du logement d’un ménage aux ressources modestes et de le multiplier par cinq si le ménage est en situation de précarité énergétique.”Cette bascule n’est pas une baisse du budget de l’Etat pour le remplacer par autre chose. Les CEE viennent en plus du budget décidé par l’Etat – pas en substitution”, a assuré le ministère chargé du Logement. La ministre a, en outre, annoncé une réunion le 17 juin de “tous les acteurs du secteur pour travailler aux modalités de cette suspension temporaire”, avec pour objectif de réduire les “délais d’instruction qui pèsent trop sur les usagers et sur les entreprises” et de “construire les nouvelles modalités” de MaPrimeRénov’. Le dépôt de nouvelles demandes d’aides MaPrimeRénov’ sera suspendu du 1er juillet au 15 septembre, afin de gérer un trop grand nombre de demandes et de tentatives de fraudes. 

Lutte contre la “fast fashion”: le Sénat approuve un texte ciblant Shein

Un an après l’Assemblée nationale, le Sénat a adopté mardi une proposition de loi pour freiner l’essor de la “fast fashion”, cette “mode ultra éphémère” incarnée par le géant Shein et ses vêtements à bas coût expédiés par millions depuis la Chine.Le texte de la députée Horizons Anne-Cécile Violland, soutenu par le gouvernement, a été approuvé à l’unanimité.Pour être mis en Å“uvre, il doit désormais faire l’objet d’un accord députés-sénateurs lors d’une commission mixte paritaire (CMP) attendue à l’automne. Entre temps, la Commission européenne aura été notifiée et aura pu adresser des observations à la France sur ce dossier complexe.Pénalités pour les entreprises polluantes, publicité interdite, obligations pour les plateformes, influenceurs sanctionnés… La proposition de loi met en place toute une panoplie d’outils pour limiter un phénomène en pleine expansion, celui de la “fast fashion”, tantôt baptisée mode “ultra éphémère” voire “ultra express”, terme retenu par le Sénat.”C’est une étape majeure dans la lutte contre l’impact économique et écologique de la fast fashion et de l’ultra fast fashion, et un signal fort envoyé aux industriels, comme aux consommateurs”, a réagi la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher après l’adoption du texte.- “Loi anti-Shein” ? -Particulièrement visée par les sénateurs, la plateforme Shein. L’entreprise basée à Singapour se distingue des acteurs historiques de l’industrie textile par la multiplication de ses produits. Une déferlante de 7.220 nouvelles références par jour en moyenne, selon une analyse réalisée par l’AFP du 22 mai au 5 juin. Contre quelque 290 nouvelles références quotidiennes dans la catégorie “vêtements femmes”, et 50 dans celle “vêtements hommes”, du site de H&M, acteur traditionnel du secteur. L’ambition du Sénat comme du gouvernement est donc de cibler Shein plutôt que H&M, Zara ou Kiabi.”Nous avons tracé une ligne nette entre ceux que nous voulons réguler, l’ultra mode express (…) et ceux que nous voulons préserver: la mode accessible mais enracinée, qui emploie en France, qui structure nos territoires, qui crée du lien et soutient un tissu économique local”, a martelé mardi la sénatrice Les Républicains Sylvie Valente Le Hir, rapporteure sur le texte.Une distinction dénoncée par la coalition Stop Fast Fashion, un collectif d’associations parmi lesquelles Emmaüs, Max Havelaar, Zero Waste, Les Amis de la Terre, qui déplore “une véritable victoire idéologique et politique de la fast fashion dite +traditionnelle+” et espère que la CMP “change la donne”.Shein a de son côté pointé un texte qui “risque de faire peser la responsabilité de la durabilité sur les consommateurs, déjà confrontés à des pressions économiques, en réduisant davantage leur pouvoir d’achat”, après avoir déjà dénoncé ces derniers jours une “loi anti-Shein”.L’entreprise défend ouvertement son modèle, placardant des affiches “La mode est un droit, pas un privilège” ou organisant des rassemblements de consommateurs comme dimanche à Saint-Denis ou à Béziers.De leurs côtés, les principaux acteurs de la mode en France ont salué “un texte ambitieux”, priant les sénateurs “de ne pas céder au lobbying infernal de Shein” tentant de “saboter” le texte, dans une tribune envoyée mardi à l’AFP, également signée par le député européen Raphaël Glucksmann, le sénateur Yannick Jadot ou la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.- Pénalités -Si la loi entre en vigueur, la plateforme devra se plier à d’importantes obligations, comme celle de sensibiliser les consommateurs à “l’impact environnemental” de leurs vêtements. Elle devra également s’acquitter des “écocontributions” renforcées dans la loi, sur un principe de “bonus-malus” lié aux critères de “durabilité” des entreprises. Avec une pénalité qui atteindra au moins 10 euros par article en 2030.Initialement accusé par des associations environnementales et par une partie de la gauche d’avoir “détricoté” le texte, le Sénat a finalement voté une version assez large du dispositif, car ces pénalités s’appliqueront aussi aux acteurs européens – ou français – les moins durables.De plus, l’interdiction totale de la publicité pour la mode ultra éphémère a été rétablie après avoir été supprimée en commission, avec un volet de sanctions dédié aux influenceurs qui voudraient en faire la promotion. La conformité de ces mesures à la Constitution est néanmoins questionnée. Enfin, le Sénat a également adopté une disposition inattendue: l’instauration d’une taxe sur les petits colis livrés par des entreprises établies hors de l’Union européenne, comprise entre deux et quatre euros. Une façon d’élargir le spectre en visant notamment un autre géant asiatique du commerce en ligne, Temu.