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Les centres communaux d’action sociale ne seront pas facultatifs, annonce Rebsamen

Les communes de plus de 1.500 habitants auront toujours l’obligation d’avoir un centre communal d’action sociale (CCAS), a annoncé mardi le ministre de l’Aménagement du territoire François Rebsamen.Interrogé à l’Assemblée nationale sur les velléités du gouvernement de supprimer cette obligation faite aux communes de plus de 1.500 habitants afin de moderniser l’action publique, François Rebsamen a annoncé que le gouvernement renonçait finalement à cette mesure.”Devant les craintes exprimées (…), je vous annonce qu’aucun amendement du gouvernement ne sera déposé à propos des PPL (propositions de loi, ndlr) de simplification qui sont en cours de navette en ce moment. Cette liberté ne sera pas confiée aux collectivités et nous ne supprimerons pas les CCAS”, a déclaré le ministre.Lors du “Roquelaure de la simplification” organisé fin avril, le ministère de l’Aménagement du territoire, également chargé des collectivités, avait annoncé la possibilité pour les maires de choisir “librement s’ils doivent mettre en place, ou non, un CCAS”.”Ce qui avait été envisagé (…) c’est de donner aux élus locaux un maximum de liberté dans leur mode de gestion, donc de renforcer en quelque sorte la libre administration des collectivités locales”, a reconnu François Rebsamen, indiquant qu’il n’a “jamais été question de supprimer” les CCAS. “Le social, c’est le cÅ“ur des compétences des communes (…) Les pauvres sont en difficulté en France. Il appartient aux communes de les aider avec le soutien de l’État”, a-t-il ajouté.Cette annonce intervient alors que le Sénat examine une proposition de loi visant à “renforcer et sécuriser le pouvoir préfectoral de dérogation afin d’adapter les normes aux territoires”.Un amendement gouvernemental à l’article 4 bis prévoyait initialement de permettre aux préfets d’autoriser les communes à ne pas créer de CCAS.Une “ligne rouge” pour l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), qui représente 9.600 communes. L’organisation avait appelé à une “mobilisation massive” ce mardi, dénonçant “une attaque directe contre un pilier bicentenaire du service public de proximité (…) souvent le seul rempart contre l’isolement et la précarité”.”Avec 14 % de pauvres en France, dont 20 % des mères isolées et 10 % des seniors, c’est d’un renforcement des moyens dont les CCAS ont besoin”, avaient expliqué samedi les principales associations du bloc communal dans une tribune publiée dans Ouest-France.Selon l’Unccas, la France compte quelque 15.000 CCAS et CIAS (centre intercommunal d’action sociale) dont le rôle est de lutter contre l’exclusion et soutenir les plus fragiles.

Surveillante tuée: l’exécutif sous pression, attaqué à droite

Après le meurtre d’une surveillante mardi à l’entrée d’un collège en Haute-Marne, l’exécutif promet de s’attaquer “au fléau” des armes blanches mais est critiqué à droite sur son “apathie” contre la violence, en particulier le chef de l’Etat accusé d’avoir minimisé ces faits divers.  L’ensemble de la classe politique s’est dite “horrifiée” par cette agression dans un lieu censé être “protecteur”. Répondant à une question de la cheffe de file du RN Marine Le Pen dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a dit sa volonté de “durcir la réglementation” en vue d’une interdiction “effective” de certains couteaux qui ne sont pas considérés comme des armes.Le Premier ministre, qui sera l’invité du 20H de TF1 mardi, a également fait part de son souhait que le gouvernement travaille à “l’expérimentation” de portiques de détection d’armes à l’entrée des établissements scolaires.”Alors qu’elle veillait sur nos enfants, une assistante d’éducation a perdu la vie, victime d’un déferlement de violence insensé (…) La Nation est en deuil et le gouvernement mobilisé pour faire reculer le crime”, a déploré pour sa part le président Emmanuel Macron.La surveillante, âgée de 31 ans, a été tuée lors d’un contrôle de sac devant un collège. L’auteur des coups de couteau, un élève de 14 ans, a été aussitôt interpellé et placé en garde à vue. “Comme mère, comme citoyenne, je sais ce que l’on attend de l’École: qu’elle soit un lieu sûr, exigeant, protecteur”, a réagi la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, avant une minute de silence à l’Assemblée lors de la séance des questions au gouvernement.Une émotion largement partagée à gauche, où le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a notamment appelé à “veiller à la santé mentale” des jeunes, en particulier des jeunes garçons, qui “s’enfoncent” dans la violence.- “Déni” -Mais le chef de l’Etat a été immédiatement critiqué à droite pour avoir dénoncé la tendance de certains politiques à surexploiter chaque fait divers à des fins politiciennes.Dans un entretien à la presse quotidienne régionale ce week-end, consacré à l’écologie, le président avait vitupéré ceux qui “voudraient faire oublier le combat pour le climat” et “préfèrent, pendant ce temps-là, +brainwasher+ (opérer un lavage de cerveau, NDLR) sur l’invasion du pays et les derniers faits divers”.”Hier, vous dénonciez +ceux qui brainwashent sur les derniers faits divers+. Les Français subissent à la fois la violence d’en bas et le mépris d’en haut: on ne peut plus tolérer cette alliance insupportable de la sauvagerie sur le terrain et du déni à la tête de l’État”, a attaqué le président du Rassemblement national Jordan Bardella, tandis que Marine Le Pen s’indignait d’une “banalisation de l’ultraviolence, encouragée par l’apathie des pouvoirs publics”.”Voilà où mènent le laxisme et l’absence de fermeté”, a renchéri le chef des députés LR Laurent Wauquiez.Sur le sujet plus global de la violence, l’exécutif est apparu divisé ces derniers jours. Après les violences en marge des célébrations de la victoire du PSG, la ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, avait ainsi exhorté à “éviter la surenchère de mesures éculées” après “chaque actualité dramatique” et à “apporter avec sang-froid des réponses efficaces et réalistes”.Des critiques visant les nombreuses propositions sécuritaires émanant du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau et de son collègue à la Justice, Gérald Darmanin. François Bayrou a indiqué qu’il entendait s’appuyer sur un récent rapport de la vice-présidente Horizons de l’Assemblée Naïma Moutchou, missionnée après la mort fin avril d’une lycéenne de 15 ans dans une attaque au couteau dans un lycée de Nantes.La détention d’armes blanches par des mineurs est devenue “un phénomène” en France qui concerne “n’importe quel territoire” et des profils variés, avait déploré Mme Moutchou. “Cela représente 3.000 jeunes par an qu’on interpelle avec une arme blanche”, avait-elle détaillé.Elle recommande le déploiement obligatoire de la vidéosurveillance à l’entrée des établissements scolaires, se dit favorable à la pause numérique dans les établissements scolaires, soit l’interdiction des téléphones portables, et préconise d’interdire la vente de certains couteaux “extrêmement dangereux”.

Le gouvernement acte la relance de la filière nucléaire en France

Le gouvernement a signé mardi le contrat de filière nucléaire pour la période 2025-2028 qui acte la relance de l’atome en France et le programme EPR2 de construction de six nouveaux réacteurs de grande puissance à horizon 2038.Il y a une ambition “de se projeter dans les prochaines décennies”, a déclaré Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Energie, lors de la signature du contrat en marge des “Journées Perspectives” de la filière à Massy (Essonne).Et “il y a l’enjeu de la performance industrielle”, a-t-il ajouté, évoquant la nécessité de “maîtriser les coûts” de la filière nucléaire en en “maîtrisant les délais”.Le ministre de l’Economie Eric Lombard, également présent, a pour sa part souligné l’importance du nucléaire “pour la transformation écologique” et la “compétitivité” de la France. “C’est un élément de compétitivité de notre industrie pour (…) les décennies qui viennent”, a-t-il dit.Ce contrat de filière 2025-2028 répond à l’ambition exprimée par le président de la République, Emmanuel Macron, qui avait annoncé en février 2022 lors du discours de Belfort un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres.Le programme EPR2 prévoit la construction de six nouveaux dont une première paire à Penly (Seine-Maritime), puis à Gravelines (Nord) et au Bugey (Ain). Initialement, il visait une entrée en service en 2035 pour le premier réacteur, mais le calendrier a été repoussé à 2038.Le contrat signé mardi n’aborde pas le financement du programme, pour lequel l’Etat s’est engagé jusque-là sur un prêt à taux préférentiel couvrant 50% au moins du devis.EDF est en train de travailler sur le chiffrage et doit boucler le cadrage du programme d’ici la fin de cette année pour une décision d’investissement fin 2026.- Améliorer le taux de féminisation -Aux conditions de 2020, le coût du programme estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 s’élève désormais à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF fin 2023.En France, le financement du programme serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’Etat de 100 euros maximum du mégawattheure, c’est-à-dire que si l’électricité d’EDF est vendue sur les marchés au-delà, EDF doit verser des recettes à l’Etat; en-dessous, c’est l’Etat qui compense EDF.Le contrat de filière porte également sur les projets de mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), avec de premières mises en service au début de la décennie 2030, selon Bercy, ainsi que sur l’exploitation des réacteurs actuels et le respect des exigences applicables en matière de sûreté nucléaire.La relance du nucléaire, qui devra être inscrite dans la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), consacre la rupture avec la précédente adoptée en 2020, qui prévoyait notamment la fermeture de 14 réacteurs, dont les deux de Fessenheim.Les contrats de filière sont des engagements réciproques de la filière et de l’État. Ils sont aussi signés par les organisations syndicales et les représentants de la filière.Le contrat signé mardi est orienté autour de 4 axes: l’exigence opérationnelle, c’est-à-dire la maîtrise des coûts et des délais, l’emploi et les compétences alors que la filière aura besoin de 100.000 recrutements en 10 ans, la recherche et développement et enfin autour de la transition écologique, la gestion des déchets ou encore l’adaptation au changement climatique. La filière veut notamment améliorer son taux de féminisation qui, avec 24% de femmes, est en-deçà de celui de l’industrie en général (30%), a souligné Hélène Badia, la présidente de l’Université des métiers du nucléaire (UMN). “Il y a encore énormément de travail sur le sujet de la féminisation”, a-t-elle déclaré.

Bateau pour Gaza: deux Français ont accepté leur expulsion d’Israël, quatre ont refusé

Deux militants français arrêtés par les autorités israéliennes à bord d’un bateau qui tentait d’arriver à Gaza ont accepté leur expulsion d’Israël et quatre autres, dont l’eurodéputée de la gauche radicale Rima Hassan, ont refusé, a indiqué mardi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.”A ce jour, deux d’entre eux ont accepté de signer les papiers les expulsant du territoire israélien et leur permettant de rentrer dans notre pays. Quatre l’ont refusé”, a déclaré à la presse M. Barrot, précisant que Mme Hassan faisait partie de ceux ayant décliné.Selon la diplomatie israélienne, ces derniers seront “traduits devant une autorité judiciaire pour autoriser leur expulsion”, selon un post sur X.Les deux ressortissants ayant signé un document autorisant leur expulsion sont un journaliste pour la chaîne qatarie Al Jazeera, Omar Faiad, et un médecin, Baptiste André, a précisé une source diplomatique française.M. Barrot, qui s’exprimait depuis Nice en marge de la conférence de l’ONU sur les océans, a également dénoncé “les manÅ“uvres de désinformation” d'”un certain nombre de responsables politiques”, alors que la gauche radicale en France s’est emparée de l’affaire, dénonçant des “arrestations illégales”.Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement LFI (la France insoumise, dont fait partie Rima Hassan) a notamment fustigé la “nullité des services français” en affirmant que les familles des ressortissants retenus en Israël n’avaient eu “aucune nouvelle” dans les premières heures suivant l’interpellation.”Les agents de notre ambassade sur place (…) exercent leur mission avec beaucoup de professionnalisme, de dévouement et de courage dans des conditions extrêmement difficiles”, a souligné M. Barrot.Outre les deux militants français ayant accepté de signer les papiers permettant leur expulsion, la militante suédoise Greta Thunberg a quitté Israël mardi à bord d’un avion pour la Suède via la France.Au total, 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, étaient partis d’Italie le 1er juin à bord d’un voilier pour “briser le blocus israélien” de Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus de 20 mois d’une guerre déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur Israël.La marine israélienne a arraisonné le bateau lundi matin à environ 185 kilomètres à l’ouest de la côte de Gaza. Il a été affrété par la Coalition de la flottille pour la liberté, un mouvement international non violent de soutien aux Palestiniens lancé en 2010, combinant aide humanitaire et protestation politique contre le blocus du territoire palestinien.

Le gouvernement annonce une session extraordinaire du Parlement du 1er au 11 juillet

Le gouvernement a annoncé mardi la tenue d’une session extraordinaire du Parlement du 1er au 11 juillet, lors de laquelle sera notamment programmé l’examen de la réforme de l’audiovisuel public, selon des sources parlementaires.L’examen de cette réforme controversée, qui prévoit le rapprochement des entreprises de l’audiovisuel public, Radio France et France Télévisions en tête, a été reporté à plusieurs reprises. En avril, son examen avait été reporté quelques jours en commission après un incident opposant la ministre de la Culture Rachida Dati à une fonctionnaire de l’Assemblée.Le gouvernement envisage également une autre session extraordinaire à partir du 22 septembre, qui pourrait comprendre l’examen d’un texte sur la proportionnelle aux législatives, sous réserves des conclusions des consultations menées par le Premier ministre avec les forces politiques.Concernant celle de juillet, le gouvernement souhaite aussi inscrire l’examen à l’Assemblée d’une proposition de loi, déjà adoptée par le Sénat, sur la création d’un statut de l’élu local, visant à tenter d’enrayer la crise des vocations.Également au programme: une proposition de loi de la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio, visant à “faciliter le maintien en rétention” des étrangers condamnés pour des faits graves, comme des viols ou des violences. Déjà adopté au Sénat, ce texte est fustigé par la gauche.L’exécutif défendra aussi son projet de loi portant notamment sur la transposition de l’accord sur l’emploi des séniors, négocié en novembre entre partenaires sociaux. Le gouvernement prévoit par ailleurs une série de votes sur des textes qui seront issus de commissions mixtes paritaires entre députés et sénateurs, dans l’optique d’adoptions définitives.Parmi ces textes figure la très clivante loi agricole Duplomb-Menonville, qui porte notamment une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d’un pesticide néonicotinoïde. Ainsi qu’une proposition de loi sur la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, et la simplification du droit à l’urbanisme. Selon la Constitution, il revient au président de la République, à la demande du Premier ministre ou d’une majorité à l’Assemblée, de signer le décret ouvrant une session extraordinaire, sur un ordre du jour déterminé. Le Parlement a siégé chaque juillet depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 (l’an dernier faisant exception avec la dissolution).

Comprendre la polémique autour de Shein, emblème de l'”ultra fast fashion”

Symbole des dérives sociales et environnementales de la mode éphémère à petit prix, Shein est visée par plusieurs initiatives en Europe et aux Etats-Unis, et notamment par une proposition de loi en France qui sera votée mardi au Sénat.- Qu’est-ce que Shein ?Fondée en Chine en 2012 et désormais basée à Singapour, Shein est principalement une marque de vêtements et d’accessoires, vendus uniquement en ligne. L’enseigne se démarque par ses prix extrêmement bas, la profusion des références et son marketing agressif. L’entreprise emploie 16.000 personnes dans le monde et a réalisé 23 milliards de dollars (20 milliards d’euros) de chiffre d’affaires en 2022 selon The Wall Street Journal. Ses principaux marchés se trouvent en Europe et aux Etats-Unis. Elle ne vend pas en Chine, même si l’essentiel de ses produits y est fabriqué via ses 7.000 fournisseurs. Lancée en France en 2015, Shein n’y connaît une ascension fulgurante que depuis quelques années. En 2024, la marque y représentait 3% des dépenses d’habillement et de chaussures en valeur (contre moins de 2% en 2021) – une proportion énorme sur un marché très fragmenté. Si l’on faisait “l’hypothèse de prix moyens à 10 euros pour Shein, le distributeur serait le leader en termes de volumes vendus”, souligne l’Institut français de la mode.  – Que lui reproche-t-on ?Son catalogue pléthorique – “470.000 modèles disponibles en temps réel”, selon l’ONG Les Amis de la Terre – est dénoncé par les associations environnementales qui l’accusent d’inciter à la surconsommation de produits qui finissent en déchets. Leur acheminement aussi pose problème. Le fret aérien représente 99,8% des volumes transportés. Résultat: l’essor de l’activité de Shein s’est traduit par une “hausse de 80% des émissions de carbone entre 2022 et 2023” de l’entreprise, rappelle Paris Good Fashion, qui regroupe ONG, marques et fédérations prônant une mode plus durable. Shein est également accusée d’avoir recours à des sous-traitants sous-payés, soumis à de mauvaises conditions de travail.Le monde du commerce a ses griefs aussi, estimant que le mastodonte asiatique ne respecte pas les normes européennes – sur les grandes plateformes asiatiques, 94% de produits sont non conformes dont 66% dangereux, avait estimé récemment le gouvernement français. Par ailleurs, envoyant ses produits de Chine via de petits colis ainsi exemptés de droits de douane, Shein crée une “concurrence déloyale” vis-à-vis des entreprises européennes. Et trompe le consommateur par de fausses réductions et des informations trompeuses pour inciter à acheter, dénonce l’Union européenne.- Que répond Shein ?L’entreprise ne dévoile pas de chiffres sur ses volumes mais vante son modèle de production “à la demande” qui, selon elle, réduit “le gaspillage de matériel et de stocks invendus”. Elle rappelle par ailleurs que son “objectif de neutralité carbone d’ici 2050” a été validé par la Science Based Targets initiative (SBTi), un organisme certifiant les stratégies climat des entreprises. Concernant les conditions de travail dans les usines, Shein a mis en place un “code de conduite conforme à la Convention de l’Organisation internationale du travail”, a affirmé à l’AFP son président exécutif Donald Tang. La marque assure que sa chaîne d’approvisionnement fait régulièrement l’objet d’audits indépendants. Shein a récemment déclaré investir en 2025 “13 millions d’euros pour la sécurité et la conformité des produits” et avoir élargi ses partenariats “avec 15 agences de test reconnues au niveau international, dont Bureau Veritas”.Enfin, la société déclare travailler “de manière constructive” avec les autorités européennes “pour démontrer (son) engagement à respecter les lois et réglementations”.- Que risque-t-elle ?L’essor de Shein est déjà freiné aux Etats-Unis depuis l’instauration en mai de droits de douane de 120% sur les colis venant de vendeurs asiatiques tels Temu, Shein ou AliExpress, ramenés ensuite à 54%.En France, le Sénat doit voter mardi une loi visant l'”ultra fast fashion”, qui prévoit notamment une interdiction de publicité, des pénalités financières, une obligation de sensibilisation des consommateurs à l’impact environnemental de leurs vêtements, etc.Insuffisant pour les principales fédérations du commerce françaises, qui ont demandé début juin le déréférencement de la plateforme.Enfin, la Commission européenne a proposé en mai d’imposer des frais de 2 euros sur chaque petit colis entrant sur le Vieux Continent, dont l’immense majorité provient de Chine. 

En meeting dans le Loiret, le RN et ses alliés unis contre Bruxelles et derrière Marine Le Pen

Un an après leur percée aux élections européennes, le Rassemblement national et ses alliés continentaux se sont retrouvés en meeting près de Montargis, pour afficher leur unité contre les institutions de Bruxelles et leur soutien indéfectible à Marine Le Pen, dont la candidature à la présidentielle est en suspens.Soudés et offensifs, ils ont dénoncé la décision de justice qui pourrait empêcher Mme Le Pen de se présenter en 2027. “Ni ici, ni nulle part en Europe, nous les laisserons interdire aux peuples de choisir leurs dirigeants”, a lancé celle-ci aux quelques milliers de partisans galvanisés, venus l’acclamer dans une cour de ferme de Mormant-sur-Vernisson.Soleil de plomb, odeur de friture et marée de drapeaux bleu blanc rouge de rigueur, la triple candidate à la présidentielle, affirmant que “l’on veut (lui) interdire, en violant tous les principes du droit (…) de se présenter” à nouveau, a lancé une lourde charge contre une Union européenne qualifiée “d’empire marchand, wokiste, ultralibéral”, accusée de “mettre son énergie dans un projet de guerre programmée”Son jeune dauphin Jordan Bardella a dénoncé à l’unisson un “monstre bureaucratique gouverné par des technocrates” et son “pacte européen pour les migrations (…) qui force la France à répartir les migrants dans nos villes et nos villages”.Gros succès à l’applaudimètre, et démonstration de loyauté entre la patronne du RN et son probable remplaçant si la cour d’appel devait confirmer l’an prochain l’inéligibilité de Marine Le Pen.Une harmonie scellée au pied de l’estrade par un bain de foule commun. Pour mieux faire taire les rumeurs de rivalité naissante entre le populaire président du parti à la flamme et son aînée?- “Deep state” et grand remplacement -En tout cas, c’est bien Marine Le Pen qui était à l’honneur dans toutes les interventions. “Une combattante courageuse, (qui) ne vous trahit jamais (et) suit toujours la loi de l’honneur”, a salué Viktor Orban.Le Premier ministre hongrois a au passage embrassé la théorie complotiste du grand remplacement, comparant la politique migratoire européenne à “un échange organisé de populations pour remplacer le socle culturel” du Vieux continent.Avec la même véhémence, Matteo Salvini a pointé “une invasion de clandestins, principalement islamistes”, selon lui “financée et organisée dans le silence de Bruxelles”. Quitte à “essayer de bloquer” ceux qui s’y opposent “avec tous les moyens possibles”.Mais “ils vont échouer” car “la victoire appartient aux plus tenaces” et “nous sommes du bon côté de l’Histoire”, a ajouté en français le vice-président du Conseil des ministres italien.Dans la langue de Molière également, le tchèque Andrej Babis a fustigé un “deep state” (état profond) mêlant “bureaucratie européenne, médias traditionnels (et) activistes progressistes”, tandis que le flamand Tom Van Grieken a harangué la foule en affirmant que “Marine Le Pen fait trembler le système” et que “si la France se lève, l’Europe suivra”.”Elle sera présidente, ils ne pourront pas l’empêcher. La France a besoin que Marine arrive et l’Europe a besoin que la France revienne”, a martelé l’espagnol Santiago Abascal.Pour l’occasion, le président du parti Vox et de l’alliance des Patriotes (forte de 85 eurodéputés sur 720), a annoncé que la Française avait été unanimement désignée présidente d’honneur du mouvement européen.- “Construire la résistance” -Consécration symbolique, un an jour pour jour après la victoire sans appel du RN au scrutin européen, avec 31,37% des suffrages, score record qui avait propulsé M. Bardella aux portes de Matignon à la faveur de la dissolution.Mais cet élan s’était fracassé sur un casting hasardeux de candidats et un “front républicain”, limitant le contingent du RN à 120 députés, très loin des 289 nécessaires pour gouverner seul.Un coup d’arrêt qui n’a pas entravé l’ascension du nouveau champion de l’extrême droite, dont l’autobiographie atteint des chiffres de vente aussi élevés que sa cote dans les sondages. Propulsé dans le cercle fermé des “présidentiables”, mais encore avec le statut de “plan B” de Mme Le Pen, au risque d’instiller un poison lent dans les entourages des deux leaders.A gauche, leurs opposant ne font toutefois aucune différence. Devant quelques milliers de personnes réunies à Montargis pour une contre-manifestation, l’eurodéputée LFI Manon Aubry a vu dans le rassemblement voisin “le pire de l’extrême droite européenne raciste et xénophobe” et exhorté à “construire la résistance” face à des rivaux politiques qui ne sont “pas les bienvenus”.Côte-à-côte, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et celle de la CFDT, Marylise Léon, ont également appelé à “ne pas laisser faire l’extrême droite”.

Immigration: devant les militants RN, Orban dénonce “un échange organisé de populations pour remplacer le socle culturel de l’Europe”

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a comparé la politique migratoire européenne à “un échange organisé de populations pour remplacer le socle culturel” du continent, dans un discours musclé devant des militants de l’extrême droite européenne réunis dans le Loiret, à l’invitation du Rassemblement national.Se targuant d’avoir su “repousser les migrants” dans son pays, quitte à encourir des sanctions de Bruxelles, M. Orban a clamé devant plusieurs milliers de personnes: “Nous ne les laisserons pas détruire nos villes, violer nos filles et nos femmes, tuer des citoyens pacifiques”.Dans ce discours prononcé en hongrois et traduit en direct en français pour les militants présents à Mormant-sur-Vernisson, le Premier ministre hongrois a clairement ciblé l’UE, assumant son rôle de “brebis galeuse de l’Union européenne”, de “cauchemar de Bruxelles”.Il a exhorté le Rassemblement national à s’imposer dans les prochaines échéances électorales: “Sans vous, nous ne pourrons pas occuper Bruxelles (…) Nous ne pourrons pas sauver la Hongrie de la guillotine bruxelloise”, a lancé Viktor Orban.Il s’est exprimé au milieu de nombreux dirigeants européens d’extrême droite, parmi lesquels le vice-président du Conseil des ministres italien Matteo Salvini, le leader du parti espagnol Vox, Santiago Abascal, ainsi que les dirigeants des partis alliés tchèque, Andrej Babis, grec, Afroditi Latinopoulou, polonais, Krzysztof Bosak, estonien, Martin Helme, et belge, Tom Van Grieken. Le dirigeant d’extrême droite néerlandais Geert Wilders a lui adressé un message vidéo enregistré.Dans la même veine que M. Orban sur l’immigration, Matteo Salvini a insisté sur la “menace” pesant sur l’Europe: “La menace pour nos enfants est une invasion de clandestins, principalement islamistes, financés et organisés dans le silence de Bruxelles”, a-t-il affirmé à la tribune, appelant les “patriotes” européens à “travailler ensemble” pour “reprendre en main le destin et l’avenir de l’Europe”.Santiago Abascal a de son côté plaidé pour “redevenir souverains de décider qui entre sur notre territoire, souverains pour accompagner les familles européennes, pas pour les remplacer”.Marine Le Pen puis Jordan Bardella devaient de leur côté s’exprimer en clôture de cet événement, baptisé la “Fête de la victoire”, un an après les élections européennes lors desquelles le RN est arrivé en tête.

Le Sénat se penche sur une réforme du sport pro, scrutée par le foot français

Très sévère sur la gestion économique du football professionnel français, le Sénat examine mardi une proposition de loi pour réformer l’organisation du sport pro, une initiative prise au sérieux par le gouvernement et surveillée par les acteurs du foot.A peine retombé de son petit nuage après le sacre du Paris Saint-Germain en Ligue des champions, le monde hexagonal du ballon rond est dans le viseur des sénateurs Laurent Lafon (UDI) et Michel Savin (Les Républicains) à la chambre haute.Leur texte de loi, examiné en première lecture dans l’après-midi, entend améliorer la “gouvernance” du sport professionnel français, avec un objectif: répondre aux “dysfonctionnements profonds” observés ces dernières années dans le football professionnel, traversé notamment par plusieurs crises de ses droits audiovisuels.La proposition de loi a été bâtie à la suite d’une commission d’enquête sénatoriale de 2024. Celle-ci avait durement épinglé la gestion de la Ligue de football professionnel (LFP), et notamment les contours du contrat signé en 2022 avec le fonds d’investissement CVC Capital Partners, qui avait apporté 1,5 milliard d’euros au football professionnel français contre environ 13% de ses recettes commerciales à vie.”Des erreurs stratégiques se sont accumulées depuis plusieurs années”, affirme Laurent Lafon, qui s’inquiète d’une “dilution du pouvoir”, d’un “manque de transparence” et de décisions successives ayant abouti “à une situation plus que préoccupante”.Pour y remédier, les sénateurs proposent diverses mesures. L’une d’elles bouleverserait durablement l’organisation du sport pro français: il s’agirait pour les fédérations de faciliter la possibilité de retirer aux ligues – qui organisent les compétitions de clubs – leur “subdélégation de service public”, en cas de “manquement à l’intérêt général de la discipline”.- Redistribution, piratage -La mesure a suscité d’importantes levées de bouclier à la LFP et au sein des autres ligues, qui l’ont accueillie comme un “droit de vie ou de mort” attribué aux fédérations… En réponse à ces craintes, le dispositif a été amoindri en commission ces derniers jours, avec de nombreux aménagements ajoutés comme un “avis préalable du ministre des Sports” et un “préavis de six mois”.Dans une tribune publiée dans les Echos, les Ligues professionnelles ont appelé les sénateurs à “sécuriser et conforter les ligues dans leur action, préserver leur périmètre de compétences et leur autonomie d’action”.Le texte tient également compte des propositions émanant des États généraux du football professionnel tenus en avril, dont notamment la possibilité pour “les fédérations de créer une seconde ligue professionnelle pour la gestion du sport professionnel féminin”.Ou encore la précision que “l’écart maximum de distribution des revenus, liés notamment aux droits TV soit de 1 à 3, à l’intérieur d’un même championnat” alors qu’il est, selon le rapporteur au Sénat Michel Savin, de 1 à 5 actuellement entre les clubs du championnat de France de football. Outre un volet sur le piratage, les débats tourneront aussi autour de la rémunération des dirigeants, avec une mesure qui fait parler: le plafonnement du salaire des dirigeants de Ligue. Les émoluments touchés par le patron du foot pro français Vincent Labrune avaient beaucoup interpellé la commission d’enquête sénatoriale au moment de ses travaux. Le gouvernement, lui, s’oppose à cette mesure.Egalement visé par cette proposition de loi, le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi: patron de beIN, qui diffuse le foot français, et membre du Conseil d’administration de la LFP, il ne pourrait plus cumuler les deux fonctions si la loi était promulguée.Cette hypothèse semble encore très lointaine, car rien n’assure à ce stade que le texte pourra être inscrit à l’Assemblée nationale par la suite. Néanmoins, le gouvernement a déposé une douzaine d’amendements sur ce texte, signe de son intérêt pour la démarche.

Bateau pour Gaza intercepté: la gauche française dénonce le “silence” des dirigeants européens

Plusieurs responsables de la gauche française ont dénoncé lundi le “silence” des dirigeants européens dont Emmanuel Macron après l’interception dans la nuit par les autorités israéliennes du bateau Madleen qui tentait de rallier Gaza.”Ce que vient de faire le gouvernement israélien est illégal au regard du droit international à plusieurs égards. D’abord parce qu’ils ont été arrêtés en eaux internationales (…) Ensuite, parce que ma collègue Rima Hassan bénéficie de l’immunité parlementaire”, a développé l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry sur BFMTV et RMC.Le voilier avec à son bord 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais dont l’activiste Greta Thunberg et l’eurodéputée Insoumise Rima Hassan, a été dérouté dans la nuit de dimanche à lundi par les autorités israéliennes, qui ont invité ses passagers à “retourner dans leurs pays”.”Toutes les communications ont été coupées”, a noté Manon Aubry, affirmant n’avoir eu aucun contact avec sa collègue parlementaire depuis le milieu de la nuit.Elle a appelé le président français Emmanuel Macron, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola et celle de la Commission européenne Ursula von der Leyen à passer à “l’action” pour “demander la libération la plus rapide possible de l’équipage de la Flottille de la liberté, faute de quoi ils auront aussi à rendre des comptes de leur complicité”. Elle a également fustigé “le silence complice et lâche de ceux qui ne font rien face à ce génocide, face à cette arrestation illégale”.LFI a appelé à une manifestation à Paris lundi à 18H00, place de la République, pour demander la “libération” de l’équipage et la poursuite de la mission humanitaire.”Même sans images et en brouillant Internet, le monde entier regarde ce que le suprémaciste Netanyahu fait à l’équipage en toute illégalité”, a pour sa part réagi sur X Mathilde Panot, la cheffe des députés Insoumis à l’Assemblée nationale, tout en interpellant Emmanuel Macron et le Premier ministre François Bayrou. Autre voix de la gauche française à s’exprimer, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a appelé à “une mobilisation populaire internationale” pour “amener les États à s’engager pour leur protection et leur libération”.”L’équipage a atteint son but. Il doit maintenant faire l’objet d’un soutien des états européens. Le silence des gouvernements serait une faute”, a réagi pour sa part le patron du Parti socialiste Olivier Faure sur X.”Le gouvernement israélien ajoute l’indignité à l’inhumanité”, a ajouté le chef du Parti communiste Fabien Roussel.Le ministère israélien des Affaires étrangères a assuré que le voilier faisait route “en toute sécurité vers les côtes d’Israël”, publiant des images montrant une distribution de sandwiches et d’eau aux passagers du bateau, équipés de gilets de sauvetage.