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Les députés approuvent la création d’un CHU en Corse

L’Assemblée nationale a approuvé mardi à l’unanimité une proposition de loi transpartisane visant à créer d’ici à 2030 un centre hospitalier universitaire (CHU) en Corse, dernière région de France encore privée d’une telle structure.Actuellement, faute de CHU dans l’île, des milliers de patients sont obligés chaque année d’aller se faire soigner sur le continent, ce qui induit surcoûts et “perte de chance” pour certains malades, a plaidé le rapporteur du texte, le député de Corse-du-Sud Paul-André Colombani (Liot), lui-même médecin.La Corse dispose aujourd’hui de deux hôpitaux principaux, à Ajaccio et à Bastia, mais de seulement quatre ou cinq filières de spécialités médicales sur les 40 nécessaires pour obtenir l’agrément en tant que CHU, a expliqué à l’AFP M. Colombani.La création d’un CHU permettrait en outre aux futurs médecins corses de se former entièrement dans l’île, ce qui les inciterait ensuite à y exercer, notamment les spécialistes, a-t-il poursuivi.La proposition de loi a été adoptée en première lecture par 142 voix contre une, et la députée en question a fait savoir ensuite qu’elle s’était trompée et qu’elle souhaitait voter pour.Cette réforme est une “revendication (…) portée de longue date par la famille nationaliste en Corse” et fait l’objet d’un “consensus total entre la population, les associations, l’université, les professionnels de santé et les élus de l’île”, a-t-il argué dans l’hémicycle.Consensuel à l’Assemblée nationale, le texte a de grandes chances d’être adopté dans les mêmes termes au Sénat, assure M. Colombani.”L’implantation d’un CHU n’est pas la seule solution”, a jugé pour sa part mardi devant les députés le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Patrick Hetzel. Cette “piste légitime” n’aboutira qu’à “moyen terme”, a-t-il ajouté, soulignant qu’en attendant il fallait surtout “faciliter les parcours de formation des étudiants” en médecine.

Macron dit qu’il ne peut “pas croire au vote d’une censure” du gouvernement Barnier

Le président français Emmanuel Macron a affirmé mardi qu’il ne pouvait “pas croire au vote d’une censure” du gouvernement de Michel Barnier, ajoutant faire “confiance à la cohérence des gens”.”Ma priorité, c’est la stabilité”, a déclaré le chef de l’Etat à des journalistes en marge de sa visite en Arabie saoudite.Selon lui, le Rassemblement national (RN, extrême droite) serait d’un “cynisme insoutenable” s’il votait la motion déposée par la gauche, “qui insulte ses électeurs”, tandis que le Parti socialiste, et notamment l’ex-président François Hollande, feraient preuve d’une “perte de repères complète” en votant la censure.Renverser le gouvernement serait “une dissolution des esprits”, “mais je n’y crois pas”, a encore dit Emmanuel Macron. Il s’est donc refusé à envisager publiquement les options pour remplacer Michel Barnier à Matignon, estimant que ce serait de la “politique fiction”.”Tout le monde va prendre ses responsabilités demain. Le gouvernement les a prises, je lui en avais donné l’autorisation”, a-t-il expliqué. “L’intérêt du pays est plus important que l’intérêt des partis.”Malgré les concessions faites par le Premier ministre sur les textes budgétaires pour 2025, le RN a affirmé lundi que le chef du gouvernement n’avait pas accédé à toutes ses revendications et annoncé qu’il voterait la censure, à l’issue d’un débat prévu mercredi après-midi à l’Assemblée. Les voix des députés d’extrême droite, additionnées à celles des élus de gauche, qui ont aussi déposé une motion de censure, devraient sauf coup de théâtre faire tomber le gouvernement Barnier.Michel Barnier, ainsi que l’attelage qui le soutient, composé du camp macroniste et de la droite, mettent en garde contre une “tempête” financière si le gouvernement chute sans avoir pu faire adopter le budget.”Il ne faut pas faire peur aux gens avec ces choses-là, on a une économie forte”, a répondu le président Macron depuis Ryad. “La France est un pays riche, solide, qui a fait beaucoup de réformes et qui les tient, qui a des institutions stables, une Constitution stable”, a-t-il fait valoir.Alors que plusieurs appels à la démission d’Emmanuel Macron ont émané ces derniers jours de La France insoumise (LFI, gauche radicale), mais aussi parfois du RN et même d’autres partis politiques, le chef de l’Etat a balayé cette hypothèse en assurant que “non”, il n’avait jamais songé à quitter l’Elysée avant la fin de son mandat en 2027.”Il sont la proie d’idées fixes”, a-t-il ironisé au sujet des dirigeants du RN et de LFI, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon. “Chacun doit être à la hauteur de ses responsabilités dans le moment que vit le pays”, a-t-il ajouté. Selon lui, “tout ça, c’est de la politique fiction, ça n’a pas de sens”, “c’est franchement pas à la hauteur de dire ces choses-là”.”Il se trouve que si je suis devant vous, c’est que j’ai été élu deux fois par le peuple français. J’en suis extrêmement fier et j’honorerai cette confiance avec toute l’énergie qui est la mienne jusqu’à la dernière seconde pour être utile au pays”, a martelé le président, qui affirme toujours n’avoir “aucun” regret d’avoir dissous l’Assemblée nationale.

Les universités dénoncent des restrictions budgétaires “intenables”

Les présidents d’université montent au créneau: ils se sont mobilisés d’une manière “inédite” mardi face aux restrictions budgétaires “intenables” demandées par le gouvernement après déjà, selon eux, plusieurs années de sous-financement.”C’est la première fois que j’assiste à un mouvement collectif de tous les présidents d’université”, assure Jean-Luc Dubois-Randé, président de Paris-Est Créteil, lors d’une conférence de presse mardi aux côtés d’une dizaine de présidents d’établissements du supérieur à Sorbonne Université.”Ce qui me frappe, c’est notre unité”, appuie Jean-François Huchet, président de l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales).Tous dénoncent des “chiffres qui circulent” les présentant en excédent de trésorerie, arguant que chaque euro de leur budget est déjà alloué, notamment à des projets de recherche spécifiques, et que l’on ne peut utiliser le fonds de roulement pour “payer les factures”.Christine Neau-Leduc, présidente de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne dénonce notamment un “problème structurel de sous-financement” et beaucoup d’efforts déjà réalisés pour faire face à une augmentation du nombre d’étudiants.”La situation est intenable” et les universités sont désormais obligées de fermer des formations, renchérit Caroline Rolland-Diamond de l’université Paris Nanterre.”La situation est dramatique”, a pour sa part jugé mardi matin le président de l’université lilloise Régis Bordet, lors d’une conférence de presse séparée, alors que son établissement est resté fermé en cette journée de mobilisation nationale.A Lille, “fin 2025, nous ne serons même plus à l’os, nous serons à la moelle osseuse (…) ce qui veut dire plus d’investissements en 2026-2027”, a-t-il pointé.Les présidents d’université se disent déterminés à poursuivre leur mouvement dans la durée même si l’éventualité de voir le gouvernement de Michel Barnier tomber cette semaine jette un voile d’incertitude sur la manière de le faire. – “Aucune visibilité” -“Comment investir dans une situation budgétaire totalement instable où on nous ajoute des nouvelles mesures? Nous n’avons aucune visibilité”, a regretté M. Bordet.En novembre, une délégation de présidents d’université alertait déjà sur le projet de loi de finance 2025 qu’elle qualifiait de “toujours plus contraint”. Ces restrictions budgétaires, affirmaient-ils, précipitent les universités “dans une situation extrêmement grave d’un point de vue financier”.Des organisations étudiantes se sont également mobilisées mardi, notamment à Paris. Le syndicat de l’Union étudiante de Paris 1 (SAP1) a mené une “action symbolique” avec des chaises vides pour alerter contre les conséquences des restrictions budgétaires.L’Union étudiante appelle à rejoindre jeudi le mouvement de grève dans la fonction publique, qui devrait être très suivi dans l’enseignement.Les présidents d’université présents à la conférence de presse de mardi estimaient que leurs établissements seraient probablement ouverts jeudi: “nous avons plutôt opté pour des assemblées”, souligne Annick Allaigre, présidente de Paris 8.Le ministre de l’Enseignement supérieur Patrick Hetzel a réagi à cette mobilisation en affirmant qu’une “révision en profondeur du système d’allocation des moyens alloués aux universités est indispensable”.Le communiqué de son ministère rappelle que dans le cadre d’”un effort de solidarité nationale demandé à l’ensemble des opérateurs publics”, des économies “de l’ordre de 350 millions d’euros” ont été demandées aux établissements d’enseignement supérieur.Le ministère considère que ces efforts “peuvent être absorbés en 2025 par une majorité des établissements” mais reconnait qu’une “dizaine” pourraient “rencontrer des difficultés financières accrues”. Il assure qu'”aucun établissement ne sera laissé sans solution”. 

“Je ne croyais pas qu’elle oserait”: entre Barnier et Le Pen, un bras de fer au parfum de censure

Cèdera, cèdera pas… Entre Michel Barnier et Marine Le Pen, la négociation sur le budget a pris ces derniers jours des airs de jeu de dupes, une partie de poker menteur jouée par médias interposés mais aussi de vive voix. Jusqu’à la censure ?- Dimanche: les lignes rouges -Fracture définitive ou réconciliation possible ? A la veille de l’examen définitif du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, le Premier ministre et la cheffe des députés du Rassemblement national lancent les grandes manoeuvres.La censure “n’est pas inéluctable” si Michel Barnier “accepte de négocier”, assure Marine Le Pen dans La Tribune Dimanche. La triple candidate à l’Elysée fixe ses lignes rouges: “Quitus sur la désindexation des pensions ou sur le non-déremboursement des médicaments.”Mais au même moment, le ministre du budget Laurent Saint-Martin semble affirmer dans Le Parisien que la négociation est terminée. “Revenir” sur l’accord trouvé entre sénateurs et députés sur ce budget, ce “serait s’asseoir sur le Parlement”, clame le ministre.Marine Le Pen s’agace: le gouvernement “a mis fin à la discussion”, lance-t-elle à l’AFP. Première semonce pour Michel Barnier… Mais il “reste ouvert au dialogue”, assure son entourage.En coulisses en effet, l’échange n’est pas rompu. Mais la figure de proue du RN l’assume auprès de proches: il faudrait un retournement “spectaculaire” de Matignon pour qu’elle change d’avis.- Lundi: le bras de fer -Les heures de Michel Barnier sont comptées et le Savoyard le sait. A Matignon, c’est le branle-bas de combat. Auprès de quelques ministres, la stratégie prend forme. Faut-il faire un dernier geste ? Une ultime concession ?L’exécutif dispose d’un mince atout: reculer sur le déremboursement des médicaments est d’ordre réglementaire, il peut le faire sans modifier son texte de loi.Fait rarissime, la cheffe de file RN est même citée nommément dans le communiqué d’annonce de Matignon.Les deux négociateurs s’appellent, pour la deuxième fois déjà. Toujours aucune certitude, ni dans un sens ni dans l’autre.Chacun se tourne alors vers ses troupes pour se décider: Marine Le Pen déjeune avec Jordan Bardella, Michel Barnier consulte les cadres de son “socle commun”.Soudain, Michel Barnier s’éclipse pour répondre à un appel décisif de la leader frontiste.Un participant raconte. “Quand il est revenu, il était différent. Il nous a dit à un moment cette phrase – je pense que ce n’était pas une phrase calculée, je pense vraiment qu’elle était spontanée -: +je ne croyais pas qu’elle oserait+”.Michel Barnier a compris que Marine Le Pen ne cèdera pas. Selon plusieurs proches, elle vient de lui demander de reculer également sur la désindexation des retraites. Fin de la partie: le chef du gouvernement estime avoir été “au bout du dialogue”.- Mardi: le grand déballage -Les positions semblent cristallisées. Le 49.3 est activé, les motions de censure déposées, et le RN promet de toutes les voter, quitte à s’allier avec la gauche.Dans un dernier effort, les ministres se démultiplient sur les plateaux TV, à la radio, dans la presse. “Irresponsabilité”, “bal des hypocrites”, “pays en danger”, “chaos”, “crise économique”… Les formules ne manquent pas pour tenter de faire infléchir le RN.La censure “rendra tout plus difficile et plus grave”, lance Michel Barnier devant les députés. A 20h00 au JT, c’est les Français qu’il s’apprête à prendre à témoin. En parallèle, les langues se délient. A mots couverts, les deux camp se rejettent la responsabilité de cet échec.Quand le RN reproche au chef du gouvernement de l’avoir reçue trop tard, l’entourage du Premier ministre assure que sa “porte était ouverte” et que la “garde rapprochée” de Marine Le Pen a “refusé à trois reprises des opportunités de rencontres”.Réplique immédiate du parti à la flamme: la première prise de contact venait d’eux, dit-on, et datait de plus d’un mois.Entre dépit et colère, le camp gouvernemental se prépare à la censure. Dans les couloirs du Parlement, certains espèrent encore un rebondissement de dernière minute. Fin de règne ou coup de tonnerre ? Il reste encore quelques heures.

Censure: Barnier sonne l’alarme, sa succession déjà dans les têtes

La censure “rendra tout plus difficile et plus grave”, a prévenu mardi Michel Barnier, à la veille du vote d’une motion par la gauche et l’extrême droite qui peut faire tomber son gouvernement et avive déjà les spéculations sur sa succession à Matignon.L’ambiance agitée dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale quand le Premier ministre s’est exprimé avait aussi un parfum de fin de règne au lendemain du déclenchement du 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale, qui a été suivi par le dépôt de plusieurs motions de censure.Baroud d’honneur ou tentative ultime d’éviter la chute ? Le chef du gouvernement en sursis s’est invité à 20H00 sur TF1 et France 2, où il répondra aux questions d’Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau en direct depuis Matignon, ont annoncé les deux chaînes.La conférence des présidents de groupe à l’Assemblée a fixé à mercredi 16 heures l’examen des motions de censure déposées par la gauche et le RN. Celle de la gauche, qui sera votée en premier, a toutes les chances d’être adoptée puisque le RN a annoncé la soutenir. En ajoutant leurs voix, la gauche et le RN peuvent réunir autour de 330 suffrages, largement au-delà des 288 requises.- “Trou noir ” -“Nous aurions probablement parfois pu faire mieux. Mais c’est aujourd’hui de votre responsabilité d’envoyer ce pays dans un trou noir”, a lancé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon aux députés, à l’unisson des ministres qui, dans les médias, ont multiplié les appels à la “responsabilité”.”Est-ce qu’on veut vraiment le chaos ? Est-ce qu’on veut une crise économique qui touchera les plus fragiles ?”, a mis en garde le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, faisant même “le pari qu’avec Michel Barnier, nous parviendrons à écarter la motion de censure”.Mais pour la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot, “la chute de Barnier est actée”.Nommé le 5 septembre, il aura tenu trois mois grâce au “soutien sans participation du RN” et, “ce qui le fera tomber, c’est justement que le RN aura cessé de le soutenir”, a souligné le député PS Arthur Delaporte.Lundi, le Premier ministre a engagé sans surprise la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), assurant avoir été “au bout du dialogue” avec les groupes politiques, y compris le Rassemblement national.- “Sans plan derrière” -Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux exigences du parti à la flamme n’auront toutefois pas suffi: “Censurer ce budget est, hélas, la seule manière que nous donne la Constitution pour protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif”, a justifié mardi Marine Le Pen sur X.”Je ne croyais pas qu’elle oserait”, a lâché le Premier ministre lundi après une conversation téléphonique avec la cheffe de file des députés RN bien décidée à voter la censure malgré les multiples concessions obtenues, a raconté mardi un président de groupe du bloc central.”C’est le RN qui a obtenu le plus de gains politiques”, mais Mme Le Pen “préfère les sacrifier sur le dos des Français” et “sans plan derrière”, déplore-t-on dans l’entourage de M. Barnier. Elle a “un agenda personnel”, ajoute-t-on de même source, dans une allusion au procès des assistants du RN au Parlement européen, où Marine Le Pen risque l’inéligibilité.L’adoption d’une telle motion serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.Si l’exécutif tombait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin. – Spéculations -Sur les marchés financiers, les taux d’intérêt auxquels emprunte la France se sont tendus face aux incertitudes. Mais la Bourse de Paris évoluait en hausse mardi, les investisseurs se focalisant pour le moment sur les avantages d’un statu quo budgétaire en cas de censure.L’Élysée n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle donne politique, alors qu’Emmanuel Macron est à Ryad pour une visite d’État de trois jours. Mais c’est bien le chef de l’État qui aura rapidement la main car, si le scénario d’une censure se confirme, il devra nommer un nouveau Premier ministre.Les spéculations vont déjà bon train sur les successeurs potentiels à Michel Barnier, du ministre des Armées Sébastien Lecornu au centriste François Bayrou dans le camp présidentiel.L’équation reste toutefois la même à l’Assemblée: aucune configuration ne semble promettre une majorité pour faire passer un budget pour 2025.Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure a appelé Emmanuel Macron à nommer un “Premier ministre de gauche” mais ouvert “au compromis” avec le bloc central, en se disant prêt à prendre ses responsabilités pour Matignon et en rejetant les appels à la démission du chef de l’Etat lancés par Jean-Luc-Mélenchon.ab-far-lum-are/jmt/dsa

La fonction publique lance le bras de fer avec le gouvernement en pleine crise politique

Les agents de la fonction publique se mobilisent jeudi pour une journée d’action et de grève à l’appel des syndicats, menaçant d’ouvrir un nouveau front social en pleine crise politique, alors que le gouvernement est en sursis.Après les cheminots et les agriculteurs, l’exécutif se prépare à un nouvel avis de tempête sociale au coeur d’une semaine à haut risque puisqu’il va devoir affronter mercredi les motions de censure déposées par la gauche et le Rassemblement national.Plusieurs dizaines de rassemblements sont prévus en France jeudi à l’appel d’une intersyndicale, notamment à Paris.Dans la capitale, le rendez-vous est donné près du ministère de l’Economie et des Finances en début d’après-midi, d’où un cortège doit rejoindre la place d’Italie. Selon le site de l’Unsa, l’un des syndicats, une cinquantaine de rassemblements sont recensés en France.Le syndicat majoritaire FSU-SNUIpp a annoncé que les professeurs des écoles “ont répondu à l’appel à la grève des organisations syndicales” avec près de “65% de grévistes annoncés” jeudi dans le “premier degré”. Et malgré la menace d’une censure du gouvernement mercredi, “on sera dans la mobilisation du 5 décembre”, a affirmé Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, dont l’organisation fait partie de l’intersyndicale.L’annonce fin octobre par le gouvernement d’un plan de lutte contre l'”absentéisme” des fonctionnaires, qui doit permettre de dégager 1,2 milliard d’euros d’économies, a progressivement tendu les relations entre les syndicats d’agents et le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, avant d’aboutir à une rupture du dialogue social.Les syndicats exigent notamment que le ministre renonce à trois mesures qui cristallisent la colère: le passage d’un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100% à 90% de la rémunération en cas d’arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d’une prime en soutien au pouvoir d’achat. Cet épisode survient dans une séquence politique tumultueuse après que Michel Barnier a engagé lundi la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi de finance de la sécurité sociale, provoquant le dépôt de motions de censure. A cette situation s’ajoute une incertitude budgétaire, le gouvernement étant toujours en quête de 60 milliards d’euros pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit à 5% du PIB en 2025, contre 6,1% en 2024.- “Acte fort” -Si Guillaume Kasbarian avait acté l’abandon d’une proposition contestée de fusion des catégories de fonctionnaires envisagée par son prédécesseur, il est resté inflexible sur les autres mesures. Des décisions “difficiles mais assumées”, destinées à “aligner” les secteurs publics et privé, et rendues indispensable par une situation des finances publiques délicate, défend son entourage.La mobilisation jeudi doit permettre de “poser un acte fort” après des “preuves d’hostilité à la fonction publique”, estime Benoît Teste, secrétaire général fonction publique de la FSU, un syndicat très implanté dans l’éducation qui devrait fortement se mobiliser.Plus de sept mois après le dernier mouvement social -peu suivi- des fonctionnaires, “on est parti sur quelque chose de bien plus gros jeudi”, assure Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA fonction publique, dont l’organisation a décidé mi-novembre de ne plus siéger dans les “instances de dialogues social présidées par le ministre”. Pour Solidaires, l’hypothèse d’une censure du gouvernement d’ici jeudi “ne changerait rien pour la manifestation et la grève”, car “si le gouvernement tombe, et cela reste sous réserve, cela permettra de montrer la détermination pour le prochain gouvernement à ce que les agents ne soient pas sacrifiés”, a estimé Gaëlle Martinez, secrétaire générale de Solidaires fonction publique à l’AFP. L’intersyndicale large -CGT, CFDT, UNSA, FSU, CFE-CGC, Solidaires et FA-FP- compte toutefois un absent de taille, Force ouvrière, premier syndicat représentatif dans l’ensemble de la fonction publique. Tout en soutenant les revendications, FO ne s’est pas associé à la mobilisation national du 5 décembre, disant privilégier une grève de trois jours reconductible les 10, 11 et 12 décembre, en “convergence” avec d’autres secteurs. Toutefois l’organisation participe localement à diverses mobilisations. 

Barnier ne pensait pas que Marine Le Pen “oserait” la censure

“Je ne croyais pas qu’elle oserait”, a lâché le Premier ministre Michel Barnier lundi après une conversation téléphonique avec Marine Le Pen bien décidée à voter la censure malgré les multiples concessions faites au RN, a raconté mardi un président de groupe du bloc central.”Jusqu’à hier, le Premier ministre ne croyait pas que le RN censurerait”, a expliqué cette source, alors que le parti d’extrême droite s’apprête à voter mercredi soir la motion de censure déposée par la gauche.Lors de la réunion des chefs de groupe du “socle commun” (Renaissance, MoDem, Horizons et LR), au cours de laquelle Michel Barnier a informé ses troupes de son intention d’utiliser le 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale sans vote, ce dernier s’est absenté pour répondre à Marine Le Pen. “Quand il est revenu, il était différent. Il nous a dit à un moment cette phrase – je pense que ce n’était pas une phrase calculée, je pense vraiment qu’elle était spontanée -, +je ne croyais pas qu’elle oserait+”, a raconté ce chef de groupe. Et paraphrasant Michel Barnier: “On voit bien qu’à chaque fois qu’on lâche quelque chose, elle demande quelque chose d’autre, et, qu’à un moment, il faut probablement s’arrêter”. Selon l’entourage du Premier ministre, celui-ci avait déjà échangé avec la leader frontiste dans la matinée pour lui annoncer qu’il allait lui céder sur les baisses de remboursement des médicaments. L’après-midi, “elle lui dit que finalement il faut les retraites en plus”, raconte-t-on de même source, à propos de l’indexation sur l’inflation d’une partie seulement des pensions. “Là, Le Pen se dédit”, souffle l’entourage du Premier ministre, puisque l’ancienne candidate à la présidentielle avait assuré dimanche que retraites ou médicaments, il fallait que le gouvernement cède sur une des deux économies. “Hier, c’était médicaments ou retraites, on leur donne les médicaments maintenant il faut aussi des retraites. Il y aura toujours quelque chose”, a lâché Michel Barnier selon le chef de groupe. “Il y a un choix qui a été fait (par le RN), de toute façon ils auraient trouvé un narratif pour le faire”, a-t-il concédé, toujours selon cette source.Autre signe de refus d’une main tendue: d’après l’entourage de Michel Barnier, “la garde rapprochée” de Marine Le Pen a refusé “à trois reprises des opportunités de rencontres” à Matignon.Une affirmation à laquelle le RN et l’entourage de Marine Le Pen ont immédiatement répliqué. “Non, on dément formellement” ces invitations, ont-ils insisté auprès de l’AFP.”La première prise de contact avec le cabinet de Michel Barnier a eu lieu le 8 novembre à notre demande”, a-t-on assuré de même source. “Après les premières discussions, il nous a été répondu que +l’agenda du Premier ministre était très tendu+ et qu’il serait difficile de recevoir Marine Le Pen. C’était il y a près d’un mois”.sl-are-sac-pab/sde/sla

“Lamentable”: à Strasbourg, des Français affligés par la situation politique

“Triste”, “lamentable”, “une catastrophe”: malgré l’ambiance festive au marché de Noël de Strasbourg, en Alsace, visiteurs et commerçants sont affligés par la situation politique française et redoutent de prochains mois difficiles. Au pied du sapin de 31 mètres de haut qui domine la place Kléber, Michèle Pierron, 74 ans, prend des photos avec son petit-fils Matteo Bredow, 22 ans.La situation politique, “c’est lamentable”, se désole la septuagénaire originaire de la région parisienne. A la veille de l’examen des motions de censure déposées par la gauche et le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), qui pourraient faire tomber le gouvernement du Premier ministre de centre droit Michel Barnier, “on est dans l’attente”, constate-t-elle.”Censurer, c’est une chose, mais derrière il faut proposer quelque chose de durable… Si on enlève le Premier ministre, qui met-on ensuite ?” remarque son petit-fils, étudiant en sciences politiques à Strasbourg.Il suggère de “nommer quelqu’un d’assez technique comme Thierry Breton”, l’ancien commissaire européen et ministre de l’Economie sous Jacques Chirac (2005-2007).Le jeune homme regrette en tout cas que la situation “participe à la défiance des Français envers la politique. C’est dommage”.- “Rien ne bouge” -“La situation politique est lamentable. On est la septième puissance mondiale et on a une instabilité politique depuis la dissolution, on n’a pas de budget et rien ne bouge…”, regrette Jean-Pierre, 78 ans, un verre de soupe à la main.”On est en train de saccager l’image du pays et pour remonter la pente, ça va être dur”, craint le retraité, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. “Pour les vieux comme moi, ça ne change pas grand chose mais je suis très inquiet pour les jeunes, pour le futur. On est dans une situation inextricable.””La solution serait qu’on ait des gens raisonnables, de tous bords politiques, qui mettent leur intérêt sous le mouchoir et se mettent d’accord pour mettre en place des mesures concrètes par rapport à la vie des Français”, suggère-t-il.”Il faut être raisonnable et mettre les égos de côté”, plaide aussi Christine Lerval, 68 ans, qui vend des accessoires douillets: chaussettes, chaussons et bonnets. Elle souhaiterait “qu’on laisse une chance au gouvernement en place”, estimant qu’il ne peut pas “faire de miracles”.En écho à la coalition de Michel Barnier, qui appelle les députés à ne pas faire chuter le gouvernement pour éviter un “chaos” politique et budgétaire, la vendeuse s’alarme des éventuelles conséquences: “Si le gouvernement est censuré, ça va être une catastrophe”.- “Un peu triste” -Si l’incertitude politique pèse sur le moral des Français, elle ne nuit en tout cas pas aux affaires, se félicitent les commerçants interrogés, qui écoulent bretzels, vin chaud ou encore produits artisanaux. Depuis son ouverture le 27 novembre, le marché ne désemplit pas.”On fait du chiffre d’affaires, c’est une période très faste de l’année”, se réjouit Christine Lerval.Beignets, gaufres, chocolats, sucreries… “Les Français se lâchent”, constate Emmanuel Parisot, 51 ans, confiseur. “Les gens pensent à autre chose, les problèmes politiques passent après”, assure-t-il, ajoutant qu’il y a aussi “beaucoup de touristes et ça ne les touche pas, tout ça”.Lui juge la situation française “un peu triste” et pointe du doigt un coupable: Emmanuel Macron. “Tout est de la responsabilité du président. Il a voulu faire une dissolution, et on ne sait pas où ça va nous mener”.”Ce qui est triste, c’est que je ne vois pas de responsable politique capable de relever le pays. Il n’y en a pas un qui sorte du lot”, selon le commerçant, pour qui “ça risque d’être difficile les prochains mois”.Face à la morosité ambiante, le confiseur invite à trouver un peu de réconfort dans les douceurs proposées sur son stand: “c’est fait pour ça!”.

La France est un “partenaire fiable”, martèle Macron depuis Ryad

Le président Emmanuel Macron a martelé mardi à Ryad que la France était un “partenaire fiable” pour accompagner la diversification économique de l’Arabie saoudite comme pour les investissements saoudiens en Europe, sans dire un mot sur l’instabilité politique en France.”Nous avons toujours été un partenaire fiable l’un envers l’autre (…) et nous voulons consolider ces investissements et partenariats”, a-t-il lancé lors d’un forum d’affaires franco-saoudien au deuxième jour de sa visite d’Etat en Arabie saoudite.Les entreprises françaises sont prêtes à accompagner le programme Vision 2030 d’ouverture et diversification du royaume, notamment dans les énergies renouvelables et l’intelligence artificielle, a-t-insisté. Plusieurs contrats ont été signés en ce sens, notamment par EDF pour la construction de centrales solaires et Veolia et Suez pour le traitement des déchets.Le géant pétrolier saoudien Aramco a aussi conclu des protocoles d’accord avec les start-up Pasqal sur la recherche quantique et Mistral IA dans l’intelligence artificielle. – “Porte d’entrée” -Le président français a aussi invité les investisseurs saoudiens à “faire plus en France”, jugeant que la marge était grande en la matière.”La France n’est pas seulement un marché de 68 millions d’habitants (..) elle est un point d’entrée pour le marché européen et pour (celui de) la francophonie”, a-t-il souligné.Le chef de l’Etat n’a fait aucune allusion à la situation politique en France où le gouvernement est en passe d’être renversé sur le budget et où l’incertitude grandit sur les engagements financiers du pays.Arrivé lundi soir à Ryad, Emmanuel Macron a signé avec le prince héritier et dirigeant de facto du pays Mohammed ben Salmane un partenariat stratégique destiné à renforcer la coopération tous azimuts, de la défense à l’économie du futur. Les deux dirigeants ont aussi “convenus de fournir tous les efforts pour contribuer à la désescalade” au Moyen-Orient, selon l’Elysée. Ils ont notamment appelé à l’élection d’un président au Liban – dont le pays est privé depuis plus de deux ans – après l’entrée en vigueur d’une trêve le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien Hezbollah. Le chef de l’Etat français était accompagné d’une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia…) et de start-up emblématiques de l’économie du futur.Après le succès des Jeux Olympiques d’été à Paris, il a proposé l’expertise de la France pour les grands événements qui seront accueillis en Arabie, dont l’Expo universelle en 2030 et le Mondial-2034 de foot, et qui visent à moderniser l’image du pays.L’Arabie saoudite s’est engagée à contribuer à hauteur de 50 millions d’euros à la rénovation du Centre Pompidou à Paris, en échange d’accords de coopération culturelle, a appris l’AFP auprès du ministère français de la Culture.- Exécutions record -La France est aussi un partenaire privilégié dans la mise en valeur du patrimoine archéologique d’Al-Ula, près de Médine (nord-ouest), dont le royaume entend faire un site touristique phare du Moyen-Orient et où le président terminera sa visite mercredi.MBS, un temps paria après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en Turquie en 2018, est revenu depuis au centre du jeu sur la scène internationale, échangeant avec Pékin comme Moscou et sur le point de retrouver un allié de poids en la personne de Donald Trump à Washington.Emmanuel Macron, l’un des premiers à lui avoir rendu visite quand il était encore ostracisé, espère aussi renforcer sa relation avec lui. Les deux dirigeants se retrouveront d’ailleurs pour un dîner en tête-à-tête mardi.Les droits humains restent néanmoins un point noir du jeune dirigeant, entre répression des dissidents et exécutions. Quatre nouvelles personnes ont été exécutées mardi, ce qui porte le nombre d’exécutions à 303 depuis le début de l’année, un record absolu.La France, forte de “l’excellence de sa relation” avec le Royaume, aborde régulièrement ces sujets auprès de ses interlocuteurs, assure l’Elysée alors que les ONG l’appellent à plus de mobilisation en la matière.Le président français, qui souhaite aussi associer l’Arabie à ses engagements sur les grands enjeux globaux, co-présidera par ailleurs un sommet dédié à la gestion durable de l’eau, le One Water Summit, en marge de la COP16 désertification, en fin d’après-midi à Ryad.

Coquerel (LFI) demande aux socialistes de revenir à la seule option d’un gouvernement NFP

Le député LFI Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, a appelé mardi les socialistes à faire bloc et à revenir à la seule option d’un gouvernement Nouveau Front populaire dans le cas où la motion de censure serait votée mercredi. “Si on veut avoir une chance qu’il y ait un gouvernement de gauche, il faut tous taper sur le même clou”, a déclaré à la presse M. Coquerel à l’Assemblée nationale. Gouvernement technique, accord de non-censure, “si on commence à proposer des options, des solutions différentes (…) on voit bien qu’on facilite le travail de M. Macron de ne pas nommer un gouvernement de gauche”, selon lui.”La seule chose qui peut nous unir, c’est de continuer à exiger un gouvernement qui porte le programme du Nouveau Front populaire”, a lancé M. Coquerel qui “conseille” à ses “camarades socialistes” de revenir à l’option NFP, “seule base commune que nous pouvons présenter en ce moment”.Les socialistes, dans un communiqué lundi soir, ont demandé la désignation “d’un Premier ministre partageant les valeurs de la gauche sur les chantiers prioritaires du Nouveau Front populaire”.Le président de la République doit “nommer un Premier ministre de gauche” qui “propose un projet de gauche mais avec le souci permanent du compromis”, a déclaré le Premier secrétaire du PS Olivier Faure mardi matin. La cheffe du groupe La France insoumise à l’Assemblée Mathilde Panot a rappelé mardi en conférence de presse la position de son groupe: “un gouvernement Nouveau Front populaire, avec le programme du Nouveau Front populaire, et ensuite (…) texte par texte, trouver des majorités” au Parlement. Elle a prévenu qu'”un accord de non-censure”, qui serait “de fait, une forme d’alliance gouvernementale avec les macronistes” était inenvisageable. “Dans le cas où il y aurait un tel accord, il y aurait alors une rupture avec le Nouveau Front populaire, et j’ose espérer que personne n’ira jusque-là”, a-t-elle rappelé. Le chef des députés socialistes Boris Vallaud avait dit la semaine dernière vouloir proposer à tous les partis, à l’exception du RN, “de poser la question des conditions d’une non-censure” si le gouvernement Barnier venait à être renversé.