AFP Politics

Mayotte: face à la détresse d’élèves, Borne promet de rétablir l’école “le plus vite possible”

Face à la détresse d’élèves qui ont tout perdu après le cyclone Chido, la ministre de l’Education Elisabeth Borne a promis jeudi à Mayotte de rétablir l’école “le plus vite possible” pour y accueillir les enfants toute la journée.”Il faut qu’on puisse accueillir les enfants toute la journée, on va travailler pour remettre le plus vite possible l’école”, a assuré la ministre, en visite de deux jours dans ce territoire français de l’océan Indien avec le ministre des Outre-mer, Manuel Valls.Lundi, 115.000 élèves ont commencé à reprendre le chemin de l’école dans ce  département ravagé le 14 décembre par le cyclone tropical Chido, qui a causé la mort d’au moins 39 personnes et des dégâts colossaux. Trois jours après cette rentrée dans des conditions dégradées, la ministre a notamment visité une école primaire à Labattoir. Là, le directeur de l’établissement, Michel Roche, a souligné la grande difficulté des élèves.- “Tout perdu” -Une enseignante a expliqué à la ministre avoir passé un mois sans électricité, un autre a décrit combien les élèves sont sans matériel, sans vêtement, qu’ils ont soif, que certains “ont tout perdu”, et qu’une enfant a vu son père mourir pendant le cyclone. “L’école est indispensable partout, mais ici, c’est un havre de paix, où il y a la collation”, a déclaré Mme Borne, soulignant le rôle crucial des établissements scolaires pour des enfants qui manquent de nourriture et d’eau.”Il est important qu’on puisse aller à l’école toute la journée”, a reconnu la ministre, interpellée par une élève qui lui demandait quand ils pourront revenir à l’école sans rotation.La ministre, soulignant les difficultés antérieures à Chido, assure que “le matériel de base” sera “redonné” aux élèves de Mayotte, département le plus jeune de France, où plus de la moitié de la population a moins de 18 ans.Un membre du rectorat lui a présenté la logistique de distribution de kits solaires. Quelque 130 palettes de matériel scolaire ont été reçues par fret aérien. Des kits (crayon, colle, stylo, cahier) vont être dispatchés sur trois pôles en Grande-Terre, l’île principale, où les écoles pourront venir les récupérer. En Petite-Terre, des kits ont déjà été distribués.- Démarrage prudent -Avant Chido, le système scolaire de Mayotte, département le plus pauvre de France où la moitié des habitants a moins de 18 ans et ne parle pas français, était déjà défaillant.Selon les plannings diffusés par le rectorat, les collégiens et lycéens sont accueillis un à deux jours en cette semaine de la rentrée. “Les solutions sont différentes, mais on accueille près de 75% des élèves dans le second degré, on est à 50-55% dans le premier degré. On a fait le choix de démarrer prudemment, y compris pour que les professeurs puissent être attentifs à la situation des élèves, puissent repérer (…) les élèves qui pourraient avoir été choqués psychologiquement”, a expliqué jeudi la ministre lors d’un point presse.”Il y a pour chaque élèves des cahiers, des crayons, des stylos (…), les fournitures arrivent et elles sont là”, a-t-elle ajouté. Elle évoque un nouvel approvisionnement “d’ici quelques semaines” par voie maritime. Répondant sur les effectifs et les rumeurs de départs de professeurs, la ministre a affirmé que “les professeurs sont à 95% présents dans le second degré”.La rentrée a par ailleurs été marquée lundi par un mouvement de grève à l’appel du syndicat FSU-SNUipp Mayotte.En 2022, un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) décrivait des établissements “saturés” et un bâti “dégradé requérant des travaux de rénovation importants”.

Budget de l’Etat: les parlementaires en conclave pour aboutir à un compromis

Une étape cruciale, mais ne préjugeant pas du sort final du texte: sept députés et sept sénateurs tentent jeudi de s’entendre sur une version commune du budget de l’État, examinée le cas échéant par les députés lundi, avec sans doute le premier 49.3 de François Bayrou, toujours menacé de censure. La commission mixte paritaire (CMP), qui a commencé ses travaux à 09H30 et pourrait si nécessaire les poursuivre vendredi, est dominée par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Une composition qui présage d’une issue favorable des débats, malgré des divergences de vue entre la droite et les macronistes.En cas d’accord, les conclusions de la CMP seront examinées dans l’hémicycle de l’Assemblée lundi et au Sénat jeudi 6 février. Faute de majorité à la chambre basse, le Premier ministre devrait faire usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, pour faire adopter le texte sans vote, s’exposant pour la deuxième fois à la censure des députés.Le négociateur PS de la CMP Philippe Brun a d’emblée mis la pression, en prévenant que faute “d’ouverture à gauche” jeudi, “il y aura censure” du gouvernement la semaine prochaine. Plus sibyllin, le patron des députés socialistes Boris Vallaud s’est contenté de dire: “Nous avons des propositions de réécriture et nous les défendrons”.- Le RN hausse le ton -Les négociations entre les gouvernement et le parti à la rose, engagés depuis plusieurs semaines, s’étaient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur “le sentiment de submersion” migratoire selon lui ressenti par les Français. Jeudi, le président du Sénat Gérard Larcher a appelé le groupe de Boris Vallaud à la “responsabilité”. “Est-ce qu’on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique ?”, a-t-il interrogé.Mais les socialistes ne sont pas les seuls mécontents. Selon plusieurs participants jeudi en CMP, le Rassemblement national a également haussé le ton, menaçant le gouvernement d’une censure s’il maintient d’ici lundi un article qui réforme la tarification de l’électricité en France avec un mécanisme de partage des revenus du nucléaire.Au sein du socle commun, un terrain d’entente semble néanmoins avoir été trouvé. Les deux chefs de file des discussions en CMP, le rapporteur général du Budget au Sénat Jean-François Husson (LR), et le représentant des députés Renaissance David Amiel, ont ainsi commencé à proposer leur version commune du projet de loi. Une copie susceptible de réduire le déficit à 5,4% du PIB comme souhaité par le gouvernement, au prix d’un effort budgétaire de 50 milliards d’euros.Parmi les premières mesures adoptées par ce conclave, selon plusieurs participants: la contribution différentielle demandée aux plus hauts revenus en 2025, censée rapporter environ deux milliards. La gauche espérait la voir étendue, voire pérennisée, mais n’a pas été entendue.- Accord sur l’AME ? -“Je vois difficilement comment (la CMP) ne serait pas conclusive”, a observé le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) sur TF1, déplorant de son côté “un budget plus austéritaire” que ne l’était celui de Michel Barnier, censuré début décembre.Parmi les sujets les plus clivants au sein du socle commun, l’Aide médicale d’Etat réservée aux étrangers en situation irrégulière, dont la droite souhaite voir les crédits diminuer de 200 millions d’euros (sur 1,3 milliard d’euros), contre l’avis de la ministre du Budget Amélie de Montchalin et de nombreux macronistes. Les socialistes en font même “une ligne rouge” absolue.La version commune proposée MM. Husson et Amiel devait acter cette réduction, selon des sources parlementaires, mais des arbitrages sont toujours envisageables jusqu’à la dernière minute.”Pour nous, un budget de l’AME auquel on ne touche pas, ce n’est juste pas possible”, a souligné mercredi un responsable des Républicains. “On ne peut pas avoir un Premier ministre qui nous parle de submersion migratoire mais qui n’en tire aucune conséquence.”L’AME, “c’est un des points difficiles”, a reconnu jeudi Jean-René Cazeneuve, membre Renaissance de la CMP en tant que suppléant. “J’espère qu’on trouvera un compromis”.”Il nous faut absolument un budget la semaine prochaine. C’est absolument vital pour notre pays, donc nous avons fait un certain nombre de sacrifices”, a-t-il ajouté, indiquant s’attendre à la CMP “la plus longue et la plus difficile de la Ve République”.

Budget de l’Etat: un conclave décisif entre députés et sénateurs à l’Assemblée jeudi

Une étape cruciale, mais ne préjugeant pas du sort final du texte: sept députés et sept sénateurs se retrouvent jeudi à l’Assemblée nationale pour tenter de s’entendre sur une version commune du budget de l’État, examinée le cas échéant par les députés lundi, avec sans doute le premier 49.3 de François Bayrou.La commission mixte paritaire (CMP), qui a commencé ses travaux à 09H30 et pourrait si nécessaire les poursuivre vendredi, est dominée par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Une composition qui présage d’une issue favorable des débats, malgré des divergences de vue entre la droite et les macronistes.Dans cette hypothèse, les conclusions de la CMP seront examinées dans l’hémicycle de l’Assemblée lundi et au Sénat mardi. Faute de majorité à la chambre basse, le Premier ministre devrait faire usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, pour faire adopter le texte sans vote. S’exposant pour la deuxième fois à la censure des députés.Le négociateur PS de la CMP Philippe Brun a d’emblée mis la pression, en prévenant que faute “d’ouverture à gauche” jeudi, “il y aura censure” du gouvernement la semaine prochaine. Plus sibyllin, le patron des députés socialistes Boris Vallaud s’est contenté de dire: “Nous avons des propositions de réécriture et nous les défendrons”.Les négociations entre les gouvernement et le parti à la rose, engagés depuis plusieurs semaines, s’étaient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur “le sentiment de submersion” migratoire selon lui ressenti par les Français. Jeudi, le président du Sénat Gérard Larcher a appelé le groupe de Boris Vallaud à la “responsabilité”. “Est-ce qu’on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique ?”, a-t-il interrogé.- Accord sur l’AME ? -Au sein du socle commun aussi, les discussions se sont poursuivies pour trouver un terrain d’entente. Les deux chefs de file des discussions en CMP, le rapporteur général du Budget au Sénat Jean-François Husson (LR), et le représentant des députés Renaissance David Amiel, ont multiplié ces derniers jours les rendez-vous pour accorder leurs points de vue.”Cela avance plutôt bien, il reste quelques ajustements, mais les choses sont bien engagées”, s’est félicité mercredi M. Husson auprès de l’AFP, escomptant que la copie issue de la CMP permette au gouvernement de réduire le déficit à 5,4% du PIB comme prévu, au prix d’un effort budgétaire de 50 milliards d’euros.”Je vois difficilement comment (la CMP) ne serait pas conclusive”, a observé le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) sur TF1, déplorant de son côté “un budget plus austéritaire” que ne l’était celui de Michel Barnier, censuré début décembre.Parmi les sujets les plus clivants au sein du socle commun, l’Aide médicale d’Etat réservée aux étrangers en situation irrégulière, dont la droite souhaite voir les crédits diminuer de 200 millions d’euros, contre l’avis de la ministre du Budget Amélie de Montchalin et de nombreux macronistes. Les socialistes en font même “une ligne rouge” absolue.In fine, la version commune proposée MM. Husson et Amiel devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.LR a fortement poussé en ce sens. “Pour nous, un budget de l’AME auquel on ne touche pas, ce n’est juste pas possible”, a souligné mercredi un responsable du parti. “On ne peut pas avoir un Premier ministre qui nous parle de submersion migratoire mais qui n’en tire aucune conséquence.”Le président de Renaissance Gabriel Attal, qui avait souhaité après la chute de Michel Barnier que la majorité sorte de la tutelle du Rassemblement national, a lui apporté mercredi son soutien à François Bayrou dans sa recherche d’un accord avec les socialistes.”Personne, aucun groupe politique n’est totalement satisfait par ce budget. C’est peut-être la preuve qu’il y a une forme de compromis”, a-t-il jugé.La droite mettant de son côté en garde contre des concessions excessives: “Un coup de pouce au Smic, ça ne répond pas au sujet”, a tranché le cadre cité plus haut.”On marchera sur un fil étroit, en tentant de pencher ni trop a gauche, pour éviter que la droite ne vote plus le texte, ni trop a droite car les socialistes le censureraient”, a prévenu mercredi la sénatrice Christine Lavarde, cheffe de file budget du groupe LR, et membre de la CMP.”Avec quand même une inconnue, le choix du RN”, “acteur clé du système”, relève-t-elle. Le RN n’a pour l’instant pas dévoilé sa position.

L’air de rien, Macron défend sa politique et son bilan

Un chef de l’Etat dans l’arène, vantant sa politique économique et son bilan : Emmanuel Macron, en retrait de la gouvernance du pays depuis la dissolution de l’Assemblée, a retrouvé mercredi des accents de président “qui gouverne” lors d’un déplacement dans le nord de la France.”J’entends parfois tous les débats qu’on a en ce moment. Moi je ne fais pas de politique. Je ne sais pas si c’est de droite ou de gauche. Je sais que ça marche”, a-t-il martelé en visitant un site du groupe Framatome, géant de la filière nucléaire, à Maubeuge (Nord).”La constance et la stabilité c’est ce qui permet de tenir”, a-t-il insisté comme en écho aux propos de Bernard Arnault, le PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, qui a dénoncé mardi l’augmentation prévue des impôts sur les entreprises françaises.Le patron de LVMH a jugé qu’il s’agissait d’une “taxe sur le made in France” qui “pousse à la délocalisation” et vanté en contrepoint la politique du président Donald Trump aux Etats-Unis.”Une politique qui aide les entreprises à investir, qui récompense le travail et qui aide à réinvestir et à innover c’est une politique qui permet de créer de l’emploi et d’industrialiser. Il y a pas de secret”, a insisté Emmanuel Macron.Le chef de l’Etat a raréfié ses prises de parole depuis la dissolution, se posant en “président qui préside” face à un “gouvernement qui gouverne”.- “Pas de fatalité” -Pour ce premier déplacement de terrain depuis septembre – alors qu’ils étaient quasi hebdomadaires du temps de “l’hyperprésidence” –  il a retrouvé sa tonalité d’avant, lorsqu’il déroulait toutes les annonces à l’échelle nationale, de l’éducation aux transports.Venu annoncer un nouveau plan de soutien de quelque 290 millions d’euros pour le développement du territoire déshérité de Sambre-Avesnois-Thiérache, à la frontière avec la Belgique, il a décliné les projets qui allaient être financés, de la santé à la création d’une brigade contre les violences intrafamiliales.”Vous démontrez que quand on s’accroche, quand on le veut, quand on se bat, quand on se donne les moyens et qu’on se fait confiance, il n’y a aucune fatalité. Il n’y a que des projets et des solutions qui avancent. C’est ce pour quoi nous nous battons”, a-t-il lancé à Aulnoye-Aymeries (Nord).Avec une scénographie qui rappelait celle des grands débats lors de la crise des Gilets jaunes, avec un président en verve, parlant debout, au milieu d’élus et responsables économiques.S’il a perdu la main sur la politique économique et sociale au profit du Premier ministre, Emmanuel Macron entend continuer à incarner des batailles emblématiques, comme celle pour une “nouvelle Renaissance” du Louvre, avec une série d’annonces mardi.Le président est “en charge à la fois de l’essentiel et puis du quotidien”, martèle l’Elysée.- RN en embuscade -Les deux premiers plans déroulés sous sa houlette sur ce territoire, à cheval entre le Nord et l’Aine, y ont fait reculer le chômage de 16,5% en 2017 à 12% en 2024 et relancé les créations d’entreprises avec quelque 2.500 par an contre 1.500 en 2018, se félicite l’Elysée.Ils ont permis de doubler le nombre de voies de la RN2, de construire un nouveau complexe hospitalier à Maubeuge, un commissariat à Aulnoye ou de réhabiliter 70.000 logements et nombre de friches industrielles.Sans enrayer pour autant la montée du Rassemblement national (RN) dans ce secteur aux législatives de 2022 et 2024. “C’est vrai que, aujourd’hui, les électeurs n’ont pas dit : +On est contents de cette politique, on revote pour elle+”, a concédé le chef de l’Etat dans une interview à plusieurs médias régionaux dont La Voix du Nord.”On le voit bien, les gens vont vers les extrêmes qui catalysent une colère, un ras-le-bol qui existe chez les gens, ce que j’entends”, a-t-il ajouté tout en appelant à “confronter” ce “discours décliniste”.Ironie de l’histoire, Emmanuel Macron était accompagné par le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pressenti un temps pour Matignon après la dissolution avant d’être recalé sur pression du RN.

Budget: Bayrou cherche à apaiser les socialistes, discussions toujours dans l’impasse

Sans se renier, François Bayrou a cherché mercredi à apaiser les socialistes, très remontés contre son emploi du terme “submersion” migratoire, à la veille d’une réunion décisive sur le budget, où la censure du gouvernement est en jeu.Mais les négociations budgétaires semblaient toujours dans l’impasse mercredi soir avec le Parti socialiste, qui cherche à obtenir des concessions en échange d’une non-censure. La veille, le PS avait annulé des discussions pour protester contre les propos du Premier ministre sur l’immigration.Sans se dédire de l’utilisation du terme de “submersion”, le Premier ministre a invité au Sénat les parlementaires à “reconstruire ensemble” un modèle d'”intégration” qu’il juge en “panne”, une proposition applaudie par plusieurs élus socialistes. Sa déclaration était lue par le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola.Le chef de file des sénateurs PS, Patrick Kanner, s’est dit pourtant “déçu” par la réponse de François Bayrou même s’il l’a jugée “nuancée”, en l’accusant de “servir la soupe à l’extrême droite”.”S’il veut encore (…) un accord ponctuel de non censure, je lui demande encore des efforts”, a affirmé M. Kanner. Le PS réclame que le gouvernement ne touche pas à l’Aide médicale d’Etat (AME) pour les sans papiers, dans le viseur de l’extrême droite, et d’autres concessions sur le pouvoir d’achat et l’écologie.Le budget de l’AME, qui permet aux immigrés sans titre de séjour régulier de se faire soigner, a été diminué de 200 millions d’euros par le Sénat à majorité de droite dans le projet de budget 2025 actuellement en discussion.- “Bataille de mots”-La porte-parole du gouvernement avait opposé auparavant une fin de non recevoir aux demandes socialistes, en les appelant à ne pas prendre en “otages” les finances publiques, “sujet numéro un pour notre pays”.”Les Français ne comprennent pas cette bataille de mots”, avait justifié Sophie Primas à l’issue du Conseil des ministres, alors qu’un sondage publié en fin d’après-midi semblait conforter la position de François Bayrou. Près de deux Français sur trois (64%) estiment que le Premier ministre a eu “raison” d’employer le terme de “submersion” migratoire, selon l’institut Elabe.Mme Primas a néanmoins assuré que des négociations étaient “en cours” entre les députés et sénateurs qui se réuniront jeudi en commission mixte paritaire (CMP) pour trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2025.- “Calculs” -Après les propos de M. Bayrou, les socialistes se placent désormais sur le terrain des valeurs.Certains députés PS “espéraient hier encore que (les propos sur la “submersion”, NDLR) soient une maladresse”, selon la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, mais François Bayrou “n’est pas un perdreau de l’année, il sait que reprendre les mots de l’extrême droite, c’est offrir une victoire à l’extrême droite”.”Quand l’essentiel est en jeu, on ne peut pas se permettre de faire des calculs” sur le budget et la stabilité, estime-t-elle.Le gouvernement a engagé des discussions avec les socialistes sur le budget pour essayer d’obtenir qu’ils ne votent pas la motion de censure que la France insoumise (LFI) déposera la semaine prochaine et qui devrait être débattue mercredi ou jeudi.A l’opposé, le Rassemblement national a estimé que les mots du Premier ministre n’étaient pas suffisants. “La parole ne soigne pas, ce sont les actes qui soignent”, a dit Marine Le Pen sur LCI.Dans l’expression de “submersion” migratoire, il n’y a “nulle tactique pour plaire ou déplaire à qui que ce soit” pour échapper à la censure, s’est défendu mercredi l’entourage du Premier ministre.”Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment” sur l’immigration, s’est justifié M. Bayrou.Outre les groupes politiques, les milieux économiques mettent la pression sur M. Bayrou. Le patron de LVMH, Bernard Arnault, a fustigé la taxation en préparation des grosses entreprises qui “pousse à la délocalisation”, et les artisans du bâtiment ont prévenu que leur secteur aurait “du mal à fonctionner” sans main d’oeuvre étrangère.Comme en écho, le président Emmanuel Macron a défendu mercredi soir ses politiques favorables aux entreprises lors d’un déplacement dans le Nord.”Une politique qui aide les entreprises à investir, qui récompense le travail (…), c’est une politique qui permet de créer de l’emploi et d’industrialiser. Il y a pas de secret”, a-t-il souligné, prônant la “stabilité”.

Le Pen assure que Bardella demeure celui qui a vocation à devenir Premier ministre au RN

Marine Le Pen a assuré mercredi sur LCI qu’elle n’entendait pas devenir Premier ministre si le RN devait obtenir une majorité lors de futures élections législatives, assurant que Jordan Bardella avait vocation à s’installer à Matignon.Dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné avait assuré que la triple candidate malheureuse à la présidentielle avait décidé, en cas de nouvelle dissolution et de victoire du RN, de diriger le gouvernement, ce dont elle se serait ouverte “auprès de sa garde rapprochée”, selon l’hebdomadaire.”Malgré les déclarations du Canard enchaîné, ça ne change pas”, a assuré Mme Le Pen. “J’ai toujours dit que ce serait Jordan Bardella qui serait Premier ministre. Ça n’a pas changé”, a-t-elle ajouté.”Nous travaillons depuis des années avec un objectif qui est clair: (pour moi), c’est l’objectif de la présidence de la République et (Jordan Bardella), c’est l’objectif de Matignon”, a encore appuyé la députée du Pas-de-Calais.”Il n’y a aucune difficulté là-dessus et je serai toujours à ses côtés. Nous formons une sorte de duo qui marche extrêmement bien. (…) Nous n’entendons pas changer cela pour des considérations, de quoi? D’égo personnel, de carriérisme, d’intérêts personnels?”, a-t-elle insisté.Interrogée par ailleurs quant à une éventuelle démission d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen a assuré qu’elle ne “la demande pas”, “parce que demander la démission du président de la République ne me paraît pas conforme à nos institutions”.”En revanche, je n’exclus pas du tout qu’Emmanuel Macron soit, à un moment donné ou à un autre, confronté à une forme d’obligation”, évoquant “une crise politique”, ou “une crise économique majeure”.”Tout mois subi par notre pays avec la politique – ou la non-politique – d’Emmanuel Macron est un mois où nous nous enfonçons dans les difficultés. Donc, moins ça dure et mieux on se porte”, a encore fait valoir Marine Le Pen.

Des juges du procès du RN menacés, une enquête ouverte

Une enquête a été ouverte sur des menaces de mort postées sur le site d’extrême droite Riposte laïque visant trois magistrats du procès contre le RN pour détournement de fonds européens, a indiqué mercredi le parquet de Paris, confirmant une information de Reuters.”Le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a ouvert une enquête pour les menaces de mort au préjudice de magistrats, proférées sur internet”, a précisé la même source.Le PNLH “se dessaisira, comme d’habitude, au profit des parquets compétents en raison des domiciles de mis en cause qui seraient identifiés”, a-t-on ajouté. Selon une source proche du dossier, l’enquête est menée par la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP).Les messages postés visent la magistrate qui a présidé ce procès qui s’est tenu du 30 septembre au 27 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris.Les menaces concernent également les deux procureurs qui ont requis contre les 25 prévenus, dont Marine Le Pen, des peines élevées assortie d’une inéligibilité avec exécution immédiate, mettant en péril les ambitions électorales de la cheffe de file du Rassemblement national (RN) pour 2027.Selon franceinfo, les menaces ont été publiées dans les commentaires sous des articles sur le procès et supprimés depuis.”S’en prendre nommément aux personnes qui incarnent l’institution judiciaire ne saurait être accepté”, a dénoncé le parquet. “Face à ces propos violents, il est rappelé qu’il est fondamental dans toute société démocratique que le débat judiciaire demeure encadré par la procédure pénale.”Pour la procureure générale de la cour d’appel de Paris, Marie-Suzanne Le Quéau, “on assiste à une dérive extrêmement inquiétante ces dernières années”.”Tous ceux qui exercent des fonctions d’autorité, (…) des magistrats mais je pense aussi aux policiers, aux gendarmes, aux enseignants, sont l’objet de plus en plus de menaces de mort et sont l’objet de propos totalement décomplexés”, a-t-elle développé mercredi matin sur France Inter. “Ce n’est pas une spécificité de ce procès, c’est une tendance bien plus générale et au demeurant fort inquiétante”, a précisé la procureure générale.Le RN, Marine Le Pen et 24 autres personnes dont le numéro 2 du parti Louis Aliot, le porte-parole Julien Odoul ou l’ex-trésorier Wallerand de Saint-Just, sont soupçonnés d’avoir détourné 4,5 millions d’euros entre 2004 et 2016 au préjudice du Parlement européen via des emplois fictifs d’assistants parlementaires. La décision sera rendue le 31 mars.

L’ancien ministre Alain Lambert condamné pour trafic d’influence passif

L’ancien ministre Alain Lambert a été condamné mercredi à Paris à deux ans de prison avec sursis pour trafic d’influence passif dans le cadre de l’installation d’un centre d’enfouissement de déchets dans l’Orne.Le tribunal correctionnel a assorti cette peine d’une amende de 100.000 euros et d’une peine de cinq ans d’inéligibilité.Son ancien directeur de cabinet, Alain Pelleray, qui était jugé à son côté, a lui été reconnu coupable de complicité de trafic d’influence passif et a été condamné à un an de prison avec sursis, à une amende de 50.000 euros et à une peine de trois ans d’inéligibilité.Il leur était notamment reproché d’avoir accepté divers avantages en échange de leur intervention dans le processus d’installation d’un centre d’enfouissement de déchets de la société Guy Dauphin environnement (GDE) à Nonant-le-Pin (Orne). Fin 2014, une plainte avait été déposée au parquet d’Argentan par les associations Sauvegarde des terres d’élevage et Nonant-environnement contre Alain Lambert, alors président du conseil général, et son directeur de cabinet, pour des faits d’atteinte à la probité, après la diffusion d’un reportage sur France 2. Entre 2009 et 2013, la société GDE aurait sollicité l’intervention de l’ancien ministre délégué au Budget (2002-2004) et d’Alain Pelleray pour contribuer à l’installation et à l’exploitation du site d’enfouissement. Le préfet avait refusé l’autorisation d’installation du centre, par arrêté. Saisi par la société GDE, le tribunal administratif de Caen avait finalement annulé cette décision.Le 20 juin 2011, un courrier de la ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, émis à la demande d’Alain Lambert après plusieurs échanges avec elle, enjoignait notamment le préfet à prendre les dispositions nécessaires à l’installation du centre.Alain Pelleray aurait lui modifié un courrier de la direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (DRIRE) par l’ajout d’un “avis favorable” au projet, alors que celui-ci n’indiquait initialement qu’une “absence d’incompatibilité”. En contrepartie, la société GDE aurait, entre autres, régulièrement convié M. Lambert à déjeuner ou dîner, lui aurait offert des chocolats, l’aurait invité à survoler le massif du Mont-Blanc en hélicoptère ou lui aurait proposé un poste au sein de son conseil de surveillance.  Le site d’exploitation avait ouvert en 2013, mais seulement pour trois jours en raison du blocage quasi-immédiat par un collectif de riverains.La Cour de Cassation avait confirmé en décembre 2016 la fermeture de la décharge ornaise, d’une capacité de traitement de 2,3 millions de tonnes. Pour les juges, ce centre de déchets présentait un “risque de pollution des eaux de surface” dans une zone mondialement connue pour l’élevage équin. 

Sans renier le terme “submersion”, Bayrou invite à “reconstruire” un modèle d’intégration

“Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment” quand ils disent leur “sentiment de submersion” migratoire, a estimé François Bayrou, dans des propos rapportés mercredi devant le Sénat, en exhortant les parlementaires à “reconstruire” un modèle d'”intégration” en “panne”. Revenant sur son utilisation du terme “submersion” migratoire, qui a fait hurler la gauche et provoqué la suspension de négociations délicates entre le gouvernement et les socialistes sur le budget, le Premier ministre a déploré qu'”on ne retien(ne) dans cette expression que le mot de submersion et non celui de sentiment”, selon des propos lus devant les sénateurs par le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.Le Premier ministre, absent car retenu par les obsèques de son ami journaliste Jean-François Kahn, répondait au chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner. Celui-ci a renouvelé la demande du PS qu’il “abandonne toute référence à la submersion migratoire” et qu’il soit “clair sur l’Aide médicale d’État” pour les sans-papiers, visée par l’extrême droite.”Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment. Mais si nous regardons les choses en face, nous serons en capacité de maîtriser et d’accueillir correctement ceux qui viennent dans notre pays, comme c’est notre devoir. La question, c’est la panne de l’intégration”, a ajouté M. Bayrou dans sa réponse, applaudie par plusieurs socialistes.”L’intégration a été la dynamique singulière de la société française. Elle est vécue par des millions de personnes et en particulier par tous ces Français dont les ancêtres viennent de pays voisins ou lointains”, a-t-il développé.Mais les “instruments” de cette intégration sont “dans la tourmente”, a estimé le chef du gouvernement en citant “le travail, la langue, les principes de la République, le principe de laïcité” soit “notre héritage commun, humaniste”. Il a invité les parlementaires à les “reconstruire ensemble”.”Si nous améliorons notre éducation, si nous sommes fiers de nos principes, si nous sommes aussi plus rigoureux et efficaces pour faire respecter la loi, alors l’intégration pourra être réussie”, a-t-il conclu.Après la séance au Sénat, Patrick Kanner s’est dit “déçu” par la réponse de M. Bayrou même s’il l’a jugée “nuancée”, considérant que le Premier ministre n’avait pas répondu à ses questions sur l’AME et l’abandon du terme “submersion”, et l’accusant de “servir la soupe à l’extrême droite”.”S’il veut encore (…) un accord ponctuel de non censure, je lui demande encore des efforts”, a-t-il ajouté alors que le PS réclame de nouvelles concessions sur le pouvoir d’achat et l’écologie.Un sondage a semblé conforter le Premier ministre: près de deux Français sur trois (64%) estiment que François Bayrou, a eu “raison” d’employer l’expression “submersion migratoire”, selon cette enquête Elabe pour BFMTV parue mercredi.

Budget: le PS veut des gages, le gouvernement dénonce une “prise d’otages” sur l’immigration

A la veille d’une réunion décisive sur le budget, où la censure du gouvernement est en jeu, les socialistes continuent de demander à François Bayrou de retirer ses propos sur “le sentiment de submersion” migratoire, mais le gouvernement les appelle à ne pas prendre en “otage” les finances publiques, “sujet numéro un pour notre pays”.”Nous souhaitons qu’il n’y ait aucune prise d’otage de quelque nature que ce soit sur le budget”, a déclaré mercredi Sophie Primas dans son compte-rendu à la presse du Conseil des ministres. “Les Français ne comprennent pas cette bataille de mots”, a-t-elle ajouté, après que les socialistes ont demandé à François Bayrou de retirer notamment ses propos sur la “submersion” migratoire. Le Premier ministre n’a “pas prévu (…) de s’exprimer sur ce qui lui est reproché. Il laisse aujourd’hui les partis travailler sur le budget”, a ajouté la représentante du gouvernement. Elle assure que les “négociations sont en cours” entre les députés et sénateurs qui se réuniront jeudi en commission mixte paritaire (CMP) pour essayer de trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2025.Le Parti socialiste, qui cherche à obtenir des concessions en échange d’une non-censure sur le budget, a annulé mardi une réunion prévue avec le gouvernement, après des propos de François Bayrou sur la “submersion” migratoire qui ont fait hurler toute la gauche.Le chef du gouvernement “a déraillé hier et nous l’appelons au sursaut”, “l’intérêt du pays, c’est qu'(il) retire ces mots qui blessent inutilement”, a déclaré mercredi le député socialiste Philippe Brun qui siège au sein de la CMP et évoque un “cataclysme” si la France n’avait pas de budget. – “Coût de l’immigration” -Le député a évoqué des demandes du PS sur le pouvoir d’achat, réclamant une augmentation “immédiate” du Smic mais aussi de la prime d’activité (complément de rémunération de l’État versé aux bas salaires, ndlr).La maire PS de Nantes Johanna Rolland a ajouté une autre condition sur Public Sénat: que François Bayrou dise “qu’il ne va pas toucher” à l’Aide médicale d’État, qui permet aux immigrés sans titre de séjour régulier de se faire soigner et dont le budget a été diminué de 200 millions d’euros par le Sénat à majorité de droite.Elle a aussi appelé les socialistes à “fermement réfléchir” à la censure, qu’elle voterait à ce stade si elle était députée.A l’extrême droite, le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu a tonné: le RN “ne s’achète pas avec des mots”.Alors que son parti veut réduire l’AME à une simple aide d’urgence vitale, il s’est demandé si “après les propos de François Bayrou” le gouvernement allait “s’attaquer au coût de l’immigration” et à la dépense, à ses yeux “exponentielle”, de l’AME. Dans l’expression polémique de “submersion” migratoire, il n’y a “nulle tactique pour plaire ou déplaire à qui que ce soit” pour échapper à la censure, s’est défendu mercredi l’entourage du Premier ministre. C’est “simplement l’expression d’une réalité, ce sentiment éprouvé par certains de nos concitoyens”.- “Pudeurs de gazelle” -“La question, c’est chaos ou pas chaos”, ajoute un dirigeant MoDem. Les socialistes “ont quand même eu des gages solides”. “Les gens n’en peuvent plus de ce chaos permanent”.Mais, concède-t-il, François Bayrou “aurait pu attendre huit jours”, après le budget, pour employer cette expression.”On joue l’avenir institutionnel du pays sur une querelle sémantique”, s’est inquiété le ministre (Horizons) de la Fonction publique Laurent Marcangeli, rejetant “la faute à ceux qui ont des pudeurs de gazelle sur un sujet qui est sérieux”.Les plus droitiers du gouvernement ont défendu la sortie de François Bayrou. Il “a justifié la politique que je souhaite mener”, s’est réjoui mardi Bruno Retailleau (LR, Intérieur). Au-delà de la question migratoire, et des groupes politiques, la pression sur François Bayrou est aussi venue du patron de LVMH Bernard Arnault, qui a fustigé la taxation en préparation des grosses entreprises qui “pousse à la délocalisation”.Mme Primas a assuré “comprendre la colère” de Bernard Arnault mais estimé que “chacun doit prendre part aux efforts”.Le gouvernement ne prévoit cependant d’appliquer cette surtaxe d’impôt sur les sociétés que pendant un an, au lieu des deux ans prévus dans le projet de budget du gouvernement Barnier.