AFP Politics

Organisation des élections: LFI mène la charge contre les instituts de sondage

Interdire les sondages avant de connaître la liste définitive des candidats, les encadrer strictement pour éviter qu’ils n’influent sur le vote: La France insoumise (LFI) a de nouveau poussé ses pions vendredi contre les instituts d’opinion à la faveur d’un rapport d’une commission parlementaire sur l’organisation des élections.Le rapport de la commission d’enquête, qui a auditionné 120 personnes, est divisé en trois parties distinctes: la position de son président, Thomas Cazenave (Renaissance), celle du rapporteur Antoine Léaument (LFI) et enfin celle des autres groupes participant aux travaux.C’est le député Antoine Léaument, proche de Jean-Luc Mélenchon, qui s’est chargé de poursuivre la charge des Insoumis contre les instituts de sondages.Le macroniste Thomas Cazenave a ainsi relevé devant des journalistes 115 recommandations “très politiques” du rapporteur. Selon l’entourage de ce dernier, le rapport a néanmoins été adopté par la commission grâce aux voix de la gauche, du groupe indépendant Liot et à l’abstention des centristes. Traumatisés par l’échec de leur leader au seuil du 2e tour des présidentielles de 2017 (600.000 voix) et 2022 (400.000 voix), les troupes de Jean-Luc Mélenchon n’ont eu de cesse de dénoncer un biais défavorable chez les sondeurs. Ils “peuvent commettre de très lourdes erreurs, qui ne sont pas sans effet sur les choix électoraux”, constate Antoine Léaument qui demande l’interdiction pure et simple des sondages “avant que la liste définitive des candidats ou des listes en lice à une élection ne soit connue”, soit quelques semaines avant l’élection. Parmi ses recommandations également, figure l’interdiction des sondages d’intentions de vote au deuxième tour d’une élection avant de connaître l’issue du premier.Il critique notamment la capacité des instituts – dont onze ont été auditionnés en table ronde, puis quatre en face à face – à “constituer des échantillons réellement représentatifs de la population française, en particulier sur le plan politique”.  “Rien ne m’a convaincu dans les auditions, longues, que nous avons faites qu’il y avait un biais des sondeurs”, a contredit Thomas Cazenave. “Il y a une grande diversité chez les sondeurs, il y a finalement une grande concurrence, il y a des techniques professionnelles, il y a une commission des sondages qui les vérifie”, a-t-il argumenté. Les deux députés se rejoignent davantage sur la question des ingérences étrangères et sur la volonté de “renforcer les moyens humains, techniques et financiers alloués aux services institutionnels chargés de la lutte contre les ingérences étrangères, en particulier Viginum”, selon la recommandation du rapporteur. “Il faudra aussi probablement aller plus loin dans la coopération avec les plateformes et les réseaux sociaux pour détecter de manière très rapide les manipulations à l’Å“uvre, les faux comptes relais de fausses informations”, a abondé M. Cazenave. Ce dernier a enfin souhaité “la poursuite de nos travaux” sur les “initiatives para-politiques”, en citant le projet Pericles du milliardaire ultra-conservateur Pierre-Edouard Stérin qui a refusé à deux reprises d’honorer sa convocation devant la commission.Une idée partagée par Antoine Léaument, qui réclame la mise en place d’une nouvelle commission d’enquête parlementaire sur ce sujet et “plus largement sur les tentatives d’ingérences financières dans les élections”. parl-lum/hr/rhl

Le PS annonce la victoire de Faure au poste de premier secrétaire, résultats serrés

Le psychodrame a finalement été évité: après une nuit agitée et une bataille de chiffres entre les deux concurrents, le Parti socialiste a annoncé, vendredi matin, qu’Olivier Faure avait remporté 50,9% des suffrages exprimés contre 49,1% pour le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol et était donc “réélu”, sur le fil, au poste de premier secrétaire.”Jeudi 5 juin, à l’issue d’un scrutin serré, Olivier Faure a été réélu premier secrétaire du Parti socialiste”, a annoncé le PS dans un communiqué, précisant que le résultat était “reconnu par tous”.”Toutes mes félicitations à Olivier Faure, à ses soutiens”, a d’ailleurs réagi Nicolas Mayer-Rossignol, en remerciant les quelque 12.000 militants, “près de la moitié” des votants, souligne-t-il, l’ayant choisi.Les résultats définitifs seront ratifiés lors du congrès prévu à Nancy (Meurthe-et-Moselle) du 13 au 15 juin.”Merci aux militantes et militants qui me renouvellent leur confiance”, a pour sa part écrit sur X Olivier Faure, après sa victoire serrée. “Dès demain, nous poursuivrons le travail commencé en 2018 pour amplifier la dynamique, avec un parti socialiste ancré au coeur de la gauche”, a-t-il ajouté, en saluant son concurrent et ses soutiens.Deux ans après le congrès de Marseille, qui avait vu les deux mêmes candidats se disputer la victoire pendant plusieurs jours, sur fond d’accusations de fraudes, la nuit de jeudi à vendredi avait donné lieu à une querelle de chiffres, donnant une nouvelle fois l’image d’un parti profondément divisé.- “Vote clair” -Le camp d’Olivier Faure avait rapidement revendiqué la victoire, mais celui de son concurrent a dans un premier temps jugé l’écart de voix trop serré pour que quiconque puisse revendiquer être en tête.”Le résultat final sera de toute façon très serré”, avaient ajouté les partisans du maire de Rouen, y voyant “un désaveu” pour la direction sortante.Finalement le premier secrétaire sortant l’emporte de “quelques centaines de voix”, a indiqué la maire de Nantes Johanna Rolland sur Public Sénat, se félicitant de ce “vote clair” en faveur de “la ligne stratégique de l’union de la gauche et des écologistes”.”Il faut maintenant rassembler l’ensemble des socialistes”, a souligné sur franceinfo le président du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.Olivier Faure était déjà arrivé en tête du premier tour, le 27 mai, avec 42,21% des voix, devant le maire de Rouen Nicolas (40,38%) et Boris Vallaud le chef des députés socialistes (17,41%), qui n’a pas pu se maintenir au second tour.Les deux finalistes s’affrontaient notamment sur leur stratégie pour la présidentielle.Olivier Faure est partisan d’une large union de la gauche non-mélenchoniste pour 2027, allant du leader de Place publique Raphaël Glucksmann à l’ex-député LFI François Ruffin, en vue d’une candidature commune. Nicolas Mayer-Rossignol, qui a déploré jeudi un PS victime d'”un affaiblissement et d’un rétrécissement”, prône, lui, pour 2027 la construction d'”un grand parti” réunissant les socialistes et ceux qui gravitent autour, comme Raphaël Glucksmann ou Bernard Cazeneuve.- “Aucun regret” -Boris Vallaud, en phase avec la ligne stratégique du premier secrétaire sortant, avait indiqué qu’il voterait pour lui à titre personnel, mais sans “chèque en blanc” ni consigne de vote à ses troupes, partagées entre les deux camps.Le troisième homme a d’ailleurs félicité vendredi matin à la fois M. Faure “pour sa victoire et réélection” et M. Mayer-Rossignol “pour son résultat”, les appelant à se “mettre au travail ensemble”.Une gageure, tant le maire de Rouen a rassemblé autour de lui une coalition d’anti-Faure -il récuse ce terme-, de la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy à la présidente d’Occitanie Carole Delga, en passant par le député de l’Eure Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane.Tous accusent Olivier Faure d’une gestion “clanique” du parti, et d'”ambiguïté” vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise, même si le premier secrétaire sortant s’est détaché depuis plusieurs mois de celui avec qui il avait fait alliance en 2022 avec la Nupes et en 2024 avec le Nouveau Front populaire.”Je n’ai aucun regret sur ce que nous avons fait” a répondu Olivier Faure, soulignant que lorsque que le NFP est arrivé en tête des législatives anticipées en 2024, “Nicolas Mayer-Rossignol ne le considérait pas comme une ineptie”.Son rival lui reproche aussi de se servir du congrès comme d’un tremplin pour la présidentielle. “Ce congrès n’a pas vocation à désigner un candidat pour 2027”, répond Olivier Faure. Même si certains de ses proches l’imaginent déjà candidat.

Olivier Faure, patron du PS insubmersible, mais contesté

Longtemps accusé d’avoir voulu effacer le Parti socialiste, dont il conserve la tête, Olivier Faure est passé en sept ans de la figure de discret apparatchik au patron indéboulonnable, potentiel présidentiable, mais plus que jamais honni par une partie des pontes du parti.A 56 ans, ce fervent partisan de l’union de la gauche s’est imposé face au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, avec 50,9% des voix, selon des résultats provisoires.Ce flegmatique, indissociable de sa cigarette électronique, appelle à une candidature commune de la gauche non mélenchoniste en 2027, de Glucksmann à Ruffin, mais balaye toute ambition personnelle. “Si je suis la solution, je ne me déroberai pas. Si un autre présente de meilleures garanties de victoire, alors je me rangerai derrière lui”.L’homme au phrasé rapide, quitte parfois à sacrifier quelques syllabes, avance quand même ses pions: en mai, il se prête au jeu de l’autobiographie, dévoilant, dans “Je reviens te chercher”, son histoire de “Français de sang mêlé”, né en 1968 à La Tronche (Isère) d’une mère infirmière vietnamienne et d’un père d’extrême droite, fonctionnaire du Trésor public.”Je ne suis pas né avec l’idée d’un destin. Je n’ai jamais imaginé un plan de carrière qui m’aurait conduit à diriger le Parti socialiste”, raconte celui qui a adhéré au PS à 16 ans et travaillé aux côtés de Martine Aubry, François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Ce père de quatre enfants, que tous s’accordent à décrire comme un fin tacticien, se targue d’avoir remis le parti “au coeur de la gauche”, après avoir pris, en 2018, la tête d’un PS moribond après la fin du quinquennat Hollande. Il raconte souvent avoir été marqué par cette période où les socialistes étaient “expulsés des manifestations” et traités de “sociaux-traitres”. – “Les éléphants ne me font plus mal” -Dès lors, l’objectif de ce juriste de formation sera de défendre le rassemblement de la gauche. Longtemps envers et contre tous. Et notamment face aux “éléphants du PS”, et au premier d’entre eux, l’ex-président François Hollande, qui a peu goûté “l’inventaire” de son quinquennat lancé par celui qui a été son directeur adjoint au sein du parti de 2000 à 2007.Quant à Anne Hidalgo, elle rend Olivier Faure en partie responsable de son échec historique à la présidentielle de 2022 (1,7%), l’accusant d’avoir manqué d’entrain à la soutenir. “A force de me taper dessus, les éléphants ont fini par ne plus me faire mal”, répond l’intéressé. “Plus jamais je ne me laisserai marcher sur les pieds”. En 2022, il devient l’un des artisans de l’alliance Nupes avec La France insoumise, accusé par une partie du PS d’avoir vendu son âme au “diable” Mélenchon. Il rompt avec le mouvement après de nombreux désaccords, notamment sur l’attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre 2023, contre Israël.Aux européennes, face au refus des Ecologistes de faire liste commune, il confirme le leader de Place publique Raphaël Glucksmann pour mener la liste socialiste, comme en 2019. Ce dernier arrive en tête de la gauche.Un résultat qui permet, dans la précipitation de la dissolution, la création du Nouveau Front populaire, un rééquilibrage vers le PS au détriment de LFI.Olivier Faure propose alors à ses partenaires de gauche sa candidature comme Premier ministre. Ils refusent.Après avoir appuyé la censure du gouvernement Barnier fin 2024, il fait ensuite opérer à son parti une mue réformiste, acceptant de discuter avec le nouveau locataire de Matignon, François Bayrou, et refusant de le censurer sur le budget, malgré la pression de ses alliés.- Coalition anti-Faure -Au PS, il attise aussi les rancoeurs: une coalition “anti-Faure” formée autour de Nicolas Mayer-Rossignol, lui reproche le “flou” de sa relation avec LFI, le faible nombre d’adhérents -40.000, le plus bas jamais enregistré- , un manque de considération pour les grands élus. Même le patron des députés Boris Vallaud, pourtant sur sa ligne stratégique, a pris le risque de l’affronter au congrès, déplorant un manque de travail interne. Avant de le rallier au second tour.Olivier Faure reste imperturbable. “Il est calme et serein dans la tempête, il encaisse”, souligne la députée Dieynaba Diop. “Une force tranquille”, abonde son bras droit Pierre Jouvet. Il met en avant un premier secrétaire qui a doublé le nombre de députés socialistes depuis 2017 et triplé celui des eurodéputés depuis 2019. “Nous sommes de nouveau là, visibles, au coeur de la gauche, forts de nouvelles générations de militants et d’élus”, assure Olivier Faure dans son livre.

Retraites: l’Assemblée appelle à abroger la réforme, la CGT dans la rue

Plus de deux ans après la promulgation de la réforme des retraites, l’Assemblée nationale a appelé jeudi à son abrogation lors d’un premier vote à portée symbolique sur le sujet dans l’hémicycle, tandis que la CGT a tenté de remobiliser la rue contre une loi qui reste très impopulaire.A quelques jours de la fin des travaux du “conclave” entre partenaires sociaux sur les retraites, les députés ont adopté une proposition de résolution déposée par le groupe GDR (communistes et ultra-marins), lors d’une journée dédiée à ses textes.A la tribune, le président du groupe Stéphane Peu (PCF) a dénoncé le passage de l’âge légal de départ à 64 ans, adopté à l’époque sans vote, grâce à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. “La plus grande blessure démocratique depuis la négation du vote des Français lors du référendum de 2005”, a-t-il lancé.Adoptée par 198 voix contre 35, avec celles de la gauche, du Rassemblement national et d’une partie du groupe centriste Liot, la résolution n’aura aucune valeur normative. Mais les communistes espèrent en faire un levier politique pour ranimer la contestation.Dans la rue, la CGT avait prévu 165 points de rassemblement ce jeudi, mais ses habituels partenaires de Solidaires et de la FSU n’ont pas relayé leur appel. Depuis Strasbourg, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a salué un “grand événement” à l’Assemblée, qui montre que “quand la démocratie parle, elle défait cette réforme”, dont elle a de nouveau demandé l’abrogation. – “Aucune légitimité” -Le vote de l’Assemblée est “une preuve supplémentaire que cette réforme n’a aucune légitimité, ni populaire, ni parlementaire”, a déclaré le groupe Insoumis dans un communiqué.Le chef du groupe communiste, qui a commencé son discours devant un hémicycle quasiment vide, a exigé du gouvernement qu’il respecte le vote de la résolution, en abrogeant la réforme ou en convoquant un référendum.”La démographie et l’allongement de la durée de vie constituent des contraintes qui conditionnent les recettes et les dépenses de notre système de retraite. Que vous le vouliez ou non”, a rétorqué Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail. Le texte “affirme l’impérieuse nécessité d’aboutir à l’abrogation des mesures les plus régressives” de la loi du 14 avril 2023, à savoir “le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’augmentation de la durée de cotisation portée à 43 annuités dès 2027″.”Une simple pétition de principe”, a critiqué Théo Bernhardt (RN), reprochant à la gauche de ne pas avoir soutenu les initiatives de son groupe pour une abrogation.Le RN mais aussi le groupe Liot et les Insoumis ont mené différentes initiatives parlementaires pour tenter d’obtenir un vote, sans succès. La dernière en date étant celle de LFI, fin novembre: la proposition de loi des Insoumis n’avait pu aboutir, victime de l’obstruction du camp gouvernemental.- Et la censure ? -Le sujet des retraites a retrouvé une actualité en janvier, à la faveur du compromis noué entre le Premier ministre François Bayrou et le groupe PS à l’Assemblée.Ces derniers ont accepté de ne pas censurer son gouvernement, contre un ensemble de promesses, dont la remise en chantier de la réforme des retraites.Mais l’enthousiasme a rapidement fait place à la déception. Après avoir appelé à des discussions “sans totem ni tabou”, le Premier ministre a successivement imposé l’objectif d’un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans. Les syndicats FO et CGT ont claqué la porte dès le début des discussions.Les organisations restant autour de la table, qui se retrouvaient jeudi après-midi, prévoient de clore leurs travaux le 17 juin. La réunion s’est terminée sans avancée concrète.Quant aux députés socialistes, ils agitent de nouveau la menace d’une censure du gouvernement Bayrou, si ce dernier ne soumet pas au Parlement un éventuel accord entre les partenaires sociaux.Les communistes ont obtenu jeudi l’adoption de plusieurs autres textes, sur le logement dans les Outre-mer (adoption définitive), pour le versement d’allocations familiales dès le premier enfant (première lecture), ou encore pour la création d’une commission d’enquête sur les carences de la justice dans les Outre-mer.sl-sac-av-boc/alu/hdz/alh

Congrès du PS: entre Faure et Mayer-Rossignol, les militants à l’heure du choix

Les militants du Parti socialiste tranchent jeudi le duel incertain entre les deux prétendants au poste de premier secrétaire, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, le premier partant légèrement favori depuis que Boris Vallaud, le troisième homme, a fait savoir qu’il voterait à titre personnel pour lui.Après le congrès de Marseille en 2023, qui a fracturé le congrès entre les pro et les anti-Nupes, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se retrouvent pour un nouveau duel, cette fois sur leur stratégie pour la présidentielle.Les adhérents (40.000, et 24.701 votants au premier tour) votent dans les sections depuis 17H00 et jusqu’à 22H00, pour un résultat attendu tard dans la nuit.A Lille, Rachid, 73 ans et militant depuis 42 ans, a voté Olivier Faure, comme au premier tour. “Les premiers accords qu’on a faits avec LFI, on a bien fait, sinon on aurait disparu”, estime-t-il.Dans cette fédération du Nord qui compte 1.845 adhérents, le sénateur Patrick Kanner, proche de Nicolas Mayer-Rossignol, déplore un parti devenu “famélique. Je n’ai pas envie de jouer en Ligue 2. Il faut un coup de boost!”.Avantage Faure? L’incertitude demeure mais le député de Seine-et-Marne, qui tient les rênes du parti depuis 2018, est arrivé en tête du premier tour (42,21%) devant le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (40,38%).M. Faure, partisan d’une large union de la gauche non-mélenchoniste pour la présidentielle de 2027, du leader de Place publique Raphaël Glucksmann à l’ex-député LFI François Ruffin, en vue d’une candidature commune, bénéficie du soutien du chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, qui votera pour lui à titre personnel et se dit en phase avec cette ligne stratégique.Le député des Landes, qui a obtenu 17,41% des voix la semaine dernière, n’a pas, pour ce second tour, donné de consigne de vote à ses troupes, partagées entre pro-Faure et pro-Mayer-Rossignol.Et il a prévenu que son choix n’était “ni un chèque en blanc ni une ardoise magique” pour Olivier Faure, à qui il reproche un manque de travail interne et la division du parti.M. Vallaud dit avoir obtenu “des engagements fermes” du premier secrétaire pour instaurer une gouvernance élargie et reprendre plusieurs de ses propositions, comme la création d’un institut de formation.”Boris Vallaud disait qu’il voulait le changement, et il choisit Faure. Où est la cohérence?”, s’est interrogé un opposant au premier secrétaire.- “Aucun regret” -Mardi soir, M. Faure a dit craindre “la démobilisation”, appelant ses partisans à “continuer de convaincre” les militants.Pour la députée Dieynaba Diop, une de ses proches, “il faut que ce soit tranché de manière nette, pour qu’il n’y ait pas de contestation possible”, comme ce fut le cas à Marseille, où les deux camps se sont déchirés pendant plusieurs jours, sur fond d’accusations de fraude.Nicolas Mayer-Rossignol assure, lui, que le résultat sera “serré”, et appelle les militants qui n’ont pas voté au premier tour à choisir “le changement”.Celui qui a déploré jeudi sur franceinfo un PS victime d'”un affaiblissement et d’un rétrécissement”, prône pour 2027 “un grand parti socialiste” réunissant les socialistes et ceux qui gravitent autour, comme Raphaël Glucksmann ou Bernard Cazeneuve.Le maire de Rouen a rassemblé autour de lui une coalition d’anti-Faure -il récuse ce terme-, de la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy à la présidente d’Occitanie Carole Delga, en passant par le député de l’Eure Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane.Tous accusent Olivier Faure d’une gestion “clanique” du parti, et d'”ambiguïté” vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise, même si le premier secrétaire sortant s’est détaché depuis plusieurs mois de celui avec qui il avait fait alliance en 2022 avec la Nupes et en 2024 avec le Nouveau Front populaire.”Je n’ai aucun regret sur ce que nous avons fait” a répondu Olivier Faure, soulignant que lorsque que le NFP est arrivé en tête des législatives anticipées en 2024, “Nicolas Mayer-Rossignol ne le considérait pas comme une ineptie”.Son rival lui reproche aussi de se servir du congrès comme d’un tremplin pour la présidentielle. “Ce congrès n’a pas vocation à désigner un candidat pour 2027”, répond Olivier Faure. Même si certains de ses proches l’imaginent déjà candidat.

Nouvelle-Calédonie: Valls écarte les risques d'”explosion” du gouvernement

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a écarté jeudi les risques d'”explosion” du gouvernement sur le dossier calédonien, assurant que “le risque, c’est l’explosion sociale, économique et de violences” sur le territoire français du Pacifique si aucun accord n’est trouvé.”Le risque, ce n’est pas l’explosion du gouvernement. Le risque, c’est l’explosion sociale, économique et de violences en Nouvelle-Calédonie s’il n’y a pas un accord”, a-t-il affirmé sur BFM TV, en réponse à une question sur d’éventuelles dissensions entre sa vision et d’autres sensibilités au sein du gouvernement.Manuel Valls a répété avoir la confiance du Premier ministre François Bayrou et du président Emmanuel Macron, en dépit de l’initiative de ce dernier, qui souhaite réunir à Paris à partir de la mi-juin divers représentants calédoniens pour aboutir à un accord.”Si je n’avais pas la confiance du Premier ministre, si je ne travaillais pas avec le président de la République (…), je ne serais pas devant vous. Je ne continuerais pas à m’exprimer”, a-t-il dit, assurant qu’ils étaient tous “alignés sur l’idée qu’il faut un accord politique pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie”.Concernant la proposition de rencontre d’Emmanuel Macron, “nous sommes en train de le préparer mais s’il doit y avoir un rendez-vous, il faut qu’il soit bien organisé et bien préparé et il faut qu’il y ait les bases d’un accord”, a indiqué le ministre des Outre-mer, prônant la “discrétion” dans le dossier.L’Elysée avait annoncé fin mai qu’elle inviterait à Paris “les parties prenantes de la Nouvelle-Calédonie (…) afin de clarifier les sujets économiques, politiques et institutionnels en vue de parvenir à un accord partagé sur l’avenir de l’archipel”, après l’échec des négociations menées début mai par Manuel Valls, qui avait toutefois réussi à remettre pour la première fois depuis 2019 toutes les forces politiques calédoniennes autour de la table.La frange dure des non-indépendantistes estime que le projet de “souveraineté avec la France” présenté par Manuel Valls, qui prévoyait une “double nationalité, française de droit et calédonienne”, ainsi qu’un “transfert et une délégation immédiate des compétences régaliennes”, équivalait à “l’indépendance” du territoire océanien.Cette frange, dont font partie le député Renaissance Nicolas Metzdorf, reçu à l’Elysée le 23 mai, et l’ancienne secrétaire d’Etat Sonia Backès, considère depuis Manuel Valls comme disqualifié pour continuer les discussions.

Dati aurait perçu 299.000 euros d’honoraires de GDF Suez en 2010-2011, selon deux médias

Une enquête conjointe de deux médias met au jour des documents d’un cabinet d’avocats suggérant que Rachida Dati aurait perçu 299.000 euros d'”honoraires” non-déclarés de GDF Suez en 2010-2011 quand elle était eurodéputée et avocate, ce qu’elle réfute.Le magazine Complément d’enquête, qui sera diffusé jeudi soir sur France 2, et Le Nouvel Observateur mettent ces versements en regard de “prises de position favorables au secteur gazier” de Rachida Dati quand elle siégeait au Parlement européen(2009-2019). La ministre de la Culture, par ailleurs mise en examen pour corruption passive dans l’affaire Carlos Ghosn, a toujours récusé tout lien contractuel avec le groupe gazier français, rebaptisé Engie en 2015, et nié tout conflit d’intérêts. “Madame Dati a donné toutes ses explications et n’a jamais été l’avocate de GDF Suez”, ont insisté mercredi auprès de l’AFP ses avocats, Mes Olivier Baratelli et Olivier Pardo. Brossant le portrait de Mme Dati en “bulldozer” de la politique, le Complément d’enquête que l’AFP a visionné mercredi révèle l’existence de documents qui ne sont à l’heure actuelle pas aux mains de la justice et prouveraient que Mme Dati a été rémunérée par le géant français. Ces documents proviennent de la comptabilité d’un cabinet d’avocats liquidé en 2019 et font apparaître l’encaissement de deux virements de 149.500 euros chacun provenant de GDF Suez et datés de juillet 2010 et février 2011.A chaque fois, quelques semaines après ces opérations, ces mêmes sommes ont été décaissées par le cabinet au profit de Rachida Dati avec la mention “Dati honoraires GDF Suez”, selon les documents dévoilés par les deux médias.Contacté par l’AFP, Engie n’a pas donné suite dans l’immédiat. Mme Dati a plusieurs fois été questionnée sur ses liens avec GDF Suez, notamment par les juges en charge de l’affaire Ghosn.Fin 2013, l’eurodéputée centriste Corinne Lepage s’était étonnée du soutien apporté par Rachida Dati à la revendication de grands groupes énergétiques, dont GDF Suez, pour l’arrêt des subventions aux renouvelables.Interrogée dans Complément d’enquête, Mme Lepage confirme avoir été aussi surprise par les amendements déposés par Mme Dati à Strasbourg en faveur des groupes gaziers. Dans l’affaire Ghosn, l’ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy est mis en examen depuis 2021 en raison de 900.000 euros d’honoraires d’avocats qu’elle aurait perçus entre 2010 et 2012, d’une filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan. La justice cherche à savoir si ces revenus ont pu masquer des activités de lobbying, interdites aux eurodéputés. Mme Dati réfute toute irrégularité.

L’Assemblée rejette la motion de censure LFI contre Bayrou

Sans surprise et dans un hémicycle clairsemé, l’Assemblée nationale a rejeté mercredi une motion de censure déposée par LFI contre le Premier ministre François Bayrou et son gouvernement, les deux camps s’accusant de manoeuvres au Parlement.En l’absence de soutiens suffisants, et notamment des voix PS et du RN, la septième motion de censure contre François Bayrou n’a obtenu que 116 voix sur 289 nécessaires pour faire chuter le gouvernement.Elle aura surtout offert le terrain pour un match retour sur une proposition de loi agricole clivante.”Il y a bientôt un an que le résultat des urnes est bafoué par le président de la République”, a lancé depuis la tribune la députée insoumise Mathilde Hignet. Elle a accusé le gouvernement et ses soutiens de faire “alliance une fois de plus avec l’extrême droite sur l’un des textes les plus rétrogrades pour notre environnement”.Les députés écologistes, et une partie du groupe GDR (communiste et ultramarin) ont voté pour, la députée Sophie Taillé-Polian, dénonçant une “loi poison”. Dans le viseur: un coup tactique du bloc central, soutenu par l’alliance entre le RN et les ciottistes, concernant la loi agricole dite Duplomb-Menonville.Le texte, clivant, porte notamment une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d’un pesticide néonicotinoïdes. Ecologistes et insoumis avaient répondu dans l’hémicycle en déposant une multitude d’amendements (quelque 1.500 écologistes et 800 LFI). Invoquant une “obstruction”, les députés favorables à l’essentiel de la loi ont choisi de  rejeter eux-mêmes le texte de manière préventive, pour sauter l’étape de l’Assemblée, et l’envoyer directement devant une commission mixte réunissant sept députés et sept sénateurs.”Le gouvernement n’est pas à l’origine de ce texte. Il n’est pas à l’origine de son adoption. Il n’est pas à l’origine de la motion de rejet, mais il est coupable”, a ironisé depuis la tribune François Bayrou, estimant que “c’est la première fois que l’Assemblée nationale est invitée à voter contre l’Assemblée nationale”.- PS et RN renvoient à plus tard -Plus offensif ensuite le chef du gouvernement a accusé les Insoumis de se livrer à une “tactique méthodique et constante, permanente de l’obstruction, du blocage, c’est à dire, au bout du compte, de l’immobilisme” au Parlement.Le chef du gouvernement a également défendu la loi Duplomb-Menonville, dont “plusieurs mesures sont vitales pour notre agriculture”. Quant au Parlement, il a appelé à en revoir le fonctionnement, et privilégier l’examen de plusieurs textes de loi en même temps, que les députés voteraient ensuite “lors de séance plénière concentrée sur une demi journée par exemple, comme cela se passe au Parlement européen”.Comme prévu le RN n’a pas soutenu la motion de censure, qui “n’aura aucun résultat au bénéfice des Français” selon son vice-président Sébastien Chenu. “Votre tour viendra, monsieur le Premier ministre, plus vite que celui que vous réservez aux Français”, a-t-il cependant lancé à l’adresse de François Bayrou, l’accusant entre autres de “préparer un budget (pour la France en 2026) sans toucher au tabou de l’immigration”.Pour le PS, Mélanie Thomin a déploré une Assemblée “bâillonnée” par la tactique sur la loi Duplomb. Mais “nous ne voulons pas voter une motion de censure contre le Parlement”, a-t-elle confirmé, alors qu’une seule élue a au final voté cette motion. Le PS renvoie une éventuelle censure aux suites données par le gouvernement au conclave sur les retraites.Jeudi matin les oppositions auront l’occasion de remettre le sujet sur la table, avec un vote attendu sur une proposition de résolution communiste qui appelle à revenir sur le passage de l’âge de départ à 64 ans. Ce serait le premier véritable vote sur le sujet dans l’hémicycle, mais le texte n’aurait pas de valeur contraignante.

Pensions alimentaires : des associations féministes dénoncent une “injustice fiscale criante”

Des associations féministes ont exhorté mercredi, à la veille de la fin de la période de déclarations des revenus 2024, à défiscaliser les pensions alimentaires, jugeant que la situation actuelle constituait une “injustice fiscale criante” pour les femmes. Mise en place après un divorce ou une séparation, la pension alimentaire est une contribution financière versée par l’un des parents à l’autre pour participer aux frais liés à “l’entretien et à l’éducation de l’enfant” (nourriture, vêtements, transport, frais de logement, loisirs, cantine…).  Cette pension, considérée comme un transfert de revenus, est ajoutée aux ressources du parent ayant la garde de l’enfant à titre principal – et à l’inverse déduite des ressources de l’autre parent – pour le calcul de l’impôt sur le revenu. Elle est également prise en compte dans les barèmes des prestations sociales (RSA, prime d’activité, prestations familiales et aides au logement).Ce système se fait aux dépens des femmes qui représentent plus de 90% des quelque 900.000 parents percevant une pension alimentaire chaque année, dénoncent une dizaine d’associations féministes (Fondation des femmes, Osez le féminisme, la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles…), qui ont lancé une pétition réclamant une révision de cette fiscalité. “Défiscaliser les pensions est une mesure de justice”, souligne la Fondation des femmes dans un communiqué. Il s’agit d'”une mesure simple, compréhensible et attendue, qui allégerait la charge financière des mères, éviterait les erreurs de déclaration, et reconnaîtrait enfin que cette somme appartient à l’enfant.”Un amendement socialiste, visant à défiscaliser la pension alimentaire reçue par le parent ayant la garde de l’enfant et à supprimer l’avantage fiscal dont bénéficie celui qui la verse, avait été approuvé en octobre 2024 par les députés sous le gouvernement Barnier mais n’avait pas été retenu dans le budget final pour 2025 voté sous le gouvernement Bayrou.  “Cette avancée avait suscité un réel espoir pour les familles monoparentales qui ne doit pas rester lettre morte, il est temps de rouvrir la discussion”, estime la Fondation des femmes.

Marine Le Pen: la justice confirme la déchéance de son mandat de conseillère départementale

Le tribunal administratif de Lille a confirmé mercredi la démission d’office de Marine Le Pen de son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais, déboutant l’élue qui contestait cette déchéance liée à sa condamnation en mars pour détournement de fonds publics.Mais l’avocat de la patronne des députés Rassemblement National, Thomas Laval, a immédiatement annoncé qu’elle faisait appel de cette décision, un appel qui suspend la démission d’office. Le tribunal a jugé que le code électoral impose “au préfet de déclarer démissionnaire d’office l’élu départemental déclaré inéligible par le juge pénal, par un jugement assorti de l’exécution provisoire”, explique la juridiction dans un communiqué. Il a également rejeté la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par l’avocat de la cheffe de file de l’extrême droite. Celui-ci estimait que la démission d’office prévue en cas de peine d’inéligibilité non définitive mais exécutoire provisoirement pourrait porter atteinte à la liberté des électeurs et à d’autres principes constitutionnels.Le tribunal administratif a souligné que ces dispositions législatives ont déjà été jugées conformes à la Constitution par une décision du Conseil constitutionnel du 28 mars 2025, portant sur les conseillers municipaux, soumis aux mêmes règles que les conseillers départementaux. Dans une déclaration transmise à la presse, l’avocat de Marine Le Pen déplore une décision qui “la prive de représenter les électeurs du canton d’Hénin-Beaumont 2”, alors “même qu’elle est encore aujourd’hui présumée innocente des faits qu’on lui reproche”.Mme le Pen a fait appel de sa condamnation fin mars par le tribunal correctionnel de Paris à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme, et à une inéligibilité immédiate de cinq ans.”Le mécanisme de la démission d’office pour une peine d’inéligibilité non-définitive, viole plusieurs principes fondamentaux dans un État de droit, comme le principe de la contradiction, ainsi que plusieurs engagements internationaux de la France”, selon Me Laval.Mme Le Pen a été condamnée le 31 mars à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans le dossier des assistants d’eurodéputés de son parti. Elle conserve selon la jurisprudence son mandat de députée du Pas-de-Calais, mais a été démise en avril de son mandat de conseillère départementale. Le tribunal avait estimé qu’elle était au “cÅ“ur” d’un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016. Le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions d’euros.