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Gel des retraites: protéger les “petites pensions” coûterait 500 millions d’euros

Protéger les “toutes petites retraites” (moins de 1.200 euros mensuels) du gel de six mois des pensions prévu dans le budget 2025 coûterait 500 millions d’euros, soit un impact “pas extrêmement élevé”, a estimé mercredi le directeur général de la Cnav, Renaud Villard.Parmi les mesures prévues pour réduire le déficit public en 2025, le gouvernement a décidé de décaler de six mois la revalorisation des pensions de retraite, indexée sur l’inflation, qui intervient habituellement au 1er janvier.Devant la fronde des parlementaires comme des syndicats, l’exécutif s’est finalement dit prêt à “protéger” les “petites retraites”. “Ce sera au débat parlementaire de fixer le seuil, par exemple de 1.200 euros (…) en dessous duquel les retraités pourraient avoir une compensation de ce décalage”, avait commenté, le ministre du budget Laurent Saint-Martin, fin octobre dans Le Parisien.Comme prévu initialement, le décalage de six mois doit permettre d’économiser environ “4 milliards d’euros, tous régimes” de retraite compris, dont “2,4 milliards pour le régime général”, a rappelé mardi le directeur général de la Caisse nationale d’Assurance vieillesse (Cnav), Renaud Villard. Il était auditionné par la Commission des Affaires sociales, dans le cadre de l’examen au parlement du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).Si le législateur décide d’épargner les “toutes petites retraites”, “la perte (serait) de l’ordre de 10 à 15%” de ce montant, donc “pas extrêmement élevée”, a-t-il poursuivi.L’impact “dépend du seuil” qui sera choisi pour déterminer ce qu’est une “petite retraite”: tous régimes de base inclus, cela coûterait 300 millions d’euros pour protéger les retraites inférieures ou égales à 1.050 euros, ou 500 millions d’euros pour les retraites de moins de 1.200 euros, selon les estimations de la Cnav.Toutefois, revaloriser uniquement ces “petites pensions” au 1er janvier n’est pas possible techniquement, car la mesure demande des calculs complexes, et le coup de pouce ne pourra être effectué que “rétroactivement”, a précisé M. Villard.Si ce choix est fait, les retraités à faibles pensions bénéficieront donc, au 1er juillet d’un “rappel”, c’est-à-dire un rattrapage de la somme que l’Assurance retraite n’a “pas été en capacité technique” de verser pendant six mois, a-t-il dit.

Victoire de Trump: le RN salue sobrement, appel au sursaut européen dans le reste de la classe politique

Le Rassemblement national a salué sobrement mercredi le choix “clair” de la “démocratie américaine” tandis que le reste de la classe politique – à l’exception de LFI –  a appelé à un sursaut européen en réponse au retour de Donald Trump au pouvoir. “La démocratie américaine s’est clairement exprimée et les Américains se sont donné en toute liberté le président qu’ils ont choisi”, a réagi sur X Marine Le Pen. La triple candidate à la présidentielle qui, contrairement à 2016 et 2020, n’avait pas fait ouvertement campagne pour Donald Trump, s’est contentée d’adresser ses “voeux de succès” au futur président américain. De son côté, Jordan Bardella a adressé ses “félicitations à Donald Trump” tout en appelant “à repenser notre rapport à la puissance et à l’autonomie stratégique”. “Puisque Donald Trump nous invite à nous défendre par nous-mêmes, prenons-le au mot”, écrit-il.Plus enthousiaste, leur allié Eric Ciotti, qui était un des rares partisans au Parlement de Donald Trump, a salué sur X “une magnifique victoire du peuple américain contre un système”, y voyant “un chemin pour les droites en France comme en Europe”.Tout comme le fondateur de Reconquête! Eric Zemmour se réjouissant que les Américains aient fait “le choix de la civilisation contre le wokisme, la décroissance et la déconstruction de leur identité”.Dans le reste de la classe politique, qui ne soutenait pas Donald Trump, c’est la nécessité d’une Europe plus forte et plus autonome face aux Etats-Unis qui domine.”Nous devons nous préparer à nous armer économiquement et militairement pour relever les défis qui attendent désormais une Europe qui ne pourra plus s’en remettre automatiquement aux États-Unis”, a réagi ainsi la LR Valérie Pécresse.Dans la lignée des réactions gouvernementales, les macronistes, à l’image du vice-président de l’Assemblée Roland Lescure, ont estimé que l’Europe avait “un devoir de rassemblement et de réveil collectif”.Même appel à l’UE chez les socialistes.”Le moment n’est pas aux larmes. Il est à la réaction. Il n’est pas aux leçons de morale mais à l’affirmation d’un projet pour la France et l’Union européenne. L’Union européenne n’est pas le 51e Etat américain”, a commenté le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.L’élection de Trump “est l’un de ces moments de bascule qui façonnent l’histoire”, a réagi l’eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann pour qui “nous sommes désormais, en Europe, seuls face à notre destin”.Une analyse réfutée par LFI selon qui la défaite de Kamala Harris s’explique avant tout par un projet pas assez à gauche.  “On ne bat pas l’extrême droite réactionnaire sans un projet alternatif clair. On ne mobilise pas le peuple sur une ligne néolibérale et sans ruptures sociales et géopolitiques”, a estimé Manuel Bompard, appelant à méditer ces leçons pour éviter de nouvelles gueules de bois électorales.Difficile cependant à gauche d’évacuer la désillusion générale.”Nos démocraties sont minées par les fakes news, la violence, les injures, la remise en cause permanente de l’État de droit. Donald Trump y prend toute sa part. Cette nouvelle élection restera tristement gravée dans nos mémoires”, a déploré la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo.Résumant la consternation générale à gauche, la patronne des écologistes Marine Tondelier a souhaité “courage aux Américaines et aux Américains” et “courage à nous toutes et tous” face “à cet enfer qui se profile”.

Nouvelle-Calédonie: le report des élections provinciales en voie d’être entériné au Parlement

Les députés devraient, sauf surprise, entériner mercredi le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie jusqu’en novembre 2025. Une décision jugée crucial par Paris et Nouméa pour la reprise du dialogue après l’embrasement de l’archipel au printemps. La Nouvelle-Calédonie s’apprête à obtenir un délai d’un an pour préparer plus sereinement le renouvellement des assemblées de ses provinces et de son Congrès, qui devaient initialement se tenir avant le 15 décembre 2024. Le vote dans l’hémicycle se tient trois jours avant l’arrivée sur l’archipel des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, pour une mission de concertation. Le scrutin – crucial dans un territoire où les provinces exercent de nombreuses compétences – avait déjà été décalé une première fois en mars, avant que la réforme constitutionnelle examinée au printemps ne déclenche les pires émeutes depuis 40 ans dans l’archipel.Dans une volonté d’apaisement, Michel Barnier avait abandonné la réforme et s’était engagé à reporter les élections, lors de sa déclaration de politique générale début octobre.Pressé par le temps, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de s’appuyer sur un texte d’opposition – d’initiative socialiste -, une loi organique devant impérativement entrer en vigueur avant le 17 novembre pour faire aboutir ce report du scrutin, qui devra se tenir avant la fin novembre 2025.  Si elle veut tenir ce délai serré, l’Assemblée devra la voter sans apporter de modification au texte adopté à l’unanimité au Sénat il y a deux semaines, sauf convocation in extremis d’une commission mixte paritaire. – Participer “de l’apaisement” -Une adoption dite “conforme”, voulue par les deux co-rapporteurs du texte, Florent Boudié (EPR, ex Renaissance) et Arthur Delaporte (PS).Ce texte, “utilisé par le gouvernement pour tenter de réparer une partie des dégâts que sa stratégie délétère a contribué à produire”, sera, “je l’espère, votée conforme et à l’unanimité”, a déclaré M. Delaporte mardi à la presse. Avec M. Boudié, “nous sommes mus par le même objectif, que l’Assemblée participe à l’apaisement”, et que ce texte “donne du temps au temps” pour permettre à tous “de se remettre autour de la table”, a-t-il précisé auprès de l’AFP.Signal positif pour le gouvernement, les élus du Congrès de Nouvelle-Calédonie ont voté en octobre, à la quasi-unanimité, un avis en faveur de ce report.Seule éventuelle ombre au tableau pour une adoption sans retouche: deux amendements du groupe LFI, pourtant retirés en commission, qui seront tout de même débattus dans l’hémicycle. Le député à l’origine des amendements, Bastien Lachaud, se veut toutefois rassurant: il souhaite surtout “demander des explications et des garanties au gouvernement” sur ses objectifs et la situation “des prisonniers politiques Kanak”.- Réforme sensible du corps électoral – “Est-ce que le gouvernement veut le report pour gagner du temps et avoir un accord (institutionnel), et donc des élections dans un nouveau cadre ? Ou est-ce qu’il s’agit d’avoir une élection avant d’avoir une discussion” sur la réforme institutionnelle, s’est-il demandé.Car si le texte à l’Assemblée est consensuel, il laisse de côté la sensible question de l’élargissement du corps électoral propre au scrutin provincial – gelé depuis 2007 – au risque selon les indépendantistes de marginaliser le peuple autochtone kanak. Ce dossier était au coeur de la réforme constitutionnelle, finalement abandonnée, à l’origine des émeutes qui ont fait 13 morts et plusieurs milliards d’euros de dégâts.A ce jour, seuls les natifs du “Caillou” et les résidents arrivés avant 1998 peuvent participer à ce scrutin local, une situation jugée antidémocratique par le camp loyaliste. Cette dérogation aux principes d’égalité du suffrage est jugée “excessive” par le Conseil d’Etat, faisant peser le risque d’annulation du prochain scrutin.D’où l’urgence d’une reprise du dialogue, en vue d’un accord institutionnel global. C’est tout l’objet de la mission de concertation qui sera menée trois jours après le vote, du 9 au 14 novembre, par les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. Avec un objectif, “voir comment nous pouvons rouvrir le dialogue avec toutes les parties pour essayer de déterminer une feuille de route”, a détaillé fin octobre Mme Braun-Pivet à l’AFP.

Procès du RN: pour Marine Le Pen, aucun “système” mais beaucoup de “sentiments”

De la “fiction”, des malentendus, énormément de “mensonges” mais “aucun système”. De retour à la barre mardi pour un dernier interrogatoire, Marine Le Pen s’est à nouveau défendue d’avoir détourné l’argent de l’Europe au profit de son parti.Très vite au cours d’une tirade introductive d’une heure, elle fait part de son “sentiment”, après ce mois de procès où le tribunal correctionnel de Paris a disséqué ce fameux “système” – le mot met Marine Le Pen hors d’elle – qui aurait permis au Rassemblement national (ex-FN) de “soulager les finances” du parti entre 2004 et 2016.”A maintes reprises, votre opinion était déjà faite, nos arguments évacués (…) ça m’a un peu déstabilisée”, assure la triple candidate à la présidentielle.Après avoir été interrogée en tant qu’eurodéputée mi-octobre, Marine Le Pen est cette fois à la barre avec sa deuxième “casquette”, présidente du parti, dont elle a pris la tête après son père Jean-Marie Le Pen en 2011, pour répondre cette fois de complicité de détournement de fonds publics.”Si on a la conviction qu’il y a un système, que tout est suspect, évidemment que vous allez trouver quelque chose”, soutient celle qui déroule son argumentation, réécrivant parfois le dossier, éludant les points qui fâchent. “On tourne autour d’une dizaine de mails, de SMS, dont on considère qu’ils sont mal rédigés, suspects, maladroits. Mais ça reste une dizaine de mails sur des dizaines de milliers”, argue la cheffe de file de l’extrême droite.- “Je me défends !” -Quand elle récupère la parole, la présidente Bénédicte de Perthuis fait projeter ces courriers un par un. Marine Le Pen a une explication pour tous. Celui où le comptable évoque “un passage” d’un assistant parlementaire d’un député “sur” un autre ? “Il a mal compris”. Ces “transferts” d’assistants demandés pour que Marine Le Pen puisse embaucher un expert ? “Mal compris” encore.Celui où sa sÅ“ur Yann Le Pen demande si “ce n’est pas risqué que Marine Le Pen me prenne sur” son contrat ? – “Elle avait un problème” avec le fait “d’être sous la direction de sa petite sÅ“ur”.Le ton monte régulièrement, quand elle sent que la présidente n’est pas convaincue. “Vous caricaturez mon propos un petit peu quand même !”, “on va de fiction en fiction”, “je me défends, j’ai le droit ! On est au pénal, on risque des peines extrêmement lourdes !”.”L’objectif, c’est de faire disparaitre un mouvement politique”, grince, en regagnant son siège après une suspension d’audience, celle qui encourt une peine de prison, une lourde amende et une peine d’inéligibilité qui pourrait mettre à mal ses ambitions présidentielles pour 2027.A la barre, elle le martèle plusieurs fois: “jamais” il n’y a eu d'”instruction” pour “vider” les enveloppes des eurodéputés afin de payer des assistants parlementaires “fictifs” qui travaillaient en réalité pour le parti, comme en est convaincue l’accusation.”Jamais je n’ai dit à un député: +toi, tu vas prendre untel+, c’est faux, c’est un mensonge”, assure-t-elle. Tout juste admet-elle avoir eu un “droit de veto” sur les “gens politiquement toxiques”, les “nuisibles” ou les “incompétents notoires”.Le Parlement européen avait fait une première estimation de son préjudice financier à trois millions d’euros, mais l’a revu à 4,5 millions au cours du procès. – “Furax” -La présidente évoque ensuite une fameuse réunion de l’été 2014, à Bruxelles, où Marine Le Pen aurait annoncé à la vingtaine de nouveaux députés européens qu’ils n’auraient le droit qu’à un seul assistant parlementaire, et que le reste de leur enveloppe serait pour le Front national.”C’est un mensonge éhonté”, une “ignominie”, colportée par des gens “furax” animés par la “vengeance”, balaie la prévenue.”Ce que Marine (Le Pen) nous demande équivaut à ce qu’on signe pour des emplois fictifs”, écrivait peu après cette réunion un eurodéputé réfractaire au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. “Je comprends les raisons de Marine, mais on va se faire allumer”.”Je crois bien que Marine sait tout cela…”, avait répondu par mail Wallerand de Saint-Just. “C’est de l’ironie”, s’insurge Marine Le Pen. “C’est la lecture littérale d’un mail” où il est rappelé les règles du Parlement européen. “J’aurais préféré qu’il lui réponde: +tu es dingue, va te faire voir+ !”A 23H00, l’échange se tend à nouveau, toujours au sujet de cette réunion. “Vous avez deux déclarations contradictoires”, s’emporte la prévenue, furieuse, qui a “le sentiment” que la présidente ne retiendra pas celle en sa faveur.”Vous avez beaucoup de sentiments, nous on n’est pas là pour faire du sentiment”, rétorque la présidente. L’audience reprend mercredi avec la suite de l’interrogatoire de Marine Le Pen.

Les députés s’efforcent de faire monter la pression sur l’accord UE-Mercosur

Proposition de résolution européenne, tribune, conférence de presse, tentative d’inscription d’un texte dans la niche LFI: les députés multiplient les initiatives pour encourager le gouvernement à s’opposer de tout son poids à la conclusion de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur.Mardi soir, une proposition de résolution européenne signée par plus de soixante-dix députés a été adoptée en commission des Affaires européennes, à l’unanimité moins les abstentions.”Nous engageons (…) le gouvernement français à peser de tout son poids (…) avec les partenaires qui en sont convaincus pour récuser cet accord (…) contraire à la trajectoire climatique, (…) aux intérêts de nos producteurs, à notre souveraineté alimentaire”, a déclaré en commission son promoteur, le député Dominique Potier.Les négociations avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie) ont repris ces derniers mois sous l’impulsion de pays européens dont l’Allemagne ou l’Espagne. La perspective d’une conclusion provoque la colère des syndicats agricoles français, qui annoncent une nouvelle mobilisation pour la mi-novembre.Le texte de M. Potier formule cinq propositions, dont le renforcement de l’inscription dans les textes européens de “mesures miroirs” obligeant les exportateurs vers l’Union européenne à respecter les cahiers des charges européens en matière de sécurité sanitaire et environnementale.- Irrecevable-Plus tôt dans la journée, M. Potier avait participé avec six autres députés de la majorité, de gauche et du groupe centriste Liot, à une conférence de presse destinée à faire la promotion d’une tribune publiée lundi, dans laquelle plus de 200 députés d’un arc allant des écologistes à LR ont appelé le gouvernement à bloquer la conclusion de l’accord de libre-échange.”Ce que nous demandons, ce sont des normes égales pour tous, puisqu’on nous demande à nous agriculteurs (…) de respecter des normes environnementales et sanitaires strictes”, a dit la députée Renaissance Sandrine Le Feur, présidente de la commission du Développement durable à l’Assemblée et elle-même agricultrice, se félicitant de cette démarche “transpartisane”.Les députés ont à l’unisson enjoint au président de la République de tout faire pour obtenir une “minorité de blocage” au sein de l’UE pour s’opposer à l’adoption du texte.Le député LFI François Ruffin s’est cependant montré sceptique sur la volonté réelle du chef de l’Etat d’y parvenir. “Je crois que dans la durée Emmanuel Macron est un partisan du libre échange. Je crois qu’il donne des gages parce qu’il y a une opinion publique qui est très défavorable (…) mais qu’en vérité, il ne mettra pas tout son pouvoir dans la balance pour aller contre ce qui est le fond de ce qu’il fait et pense depuis 20 ans”, a-t-il dit.Les députés de La France insoumise n’ont pas signé la tribune de leurs collègues. Ils “n’ont pas souhaité se joindre” car ils voulaient modifier le texte, ce qui paraissait “difficile” alors qu’il y avait “déjà plus de 200 signatures”, a expliqué le président du groupe communiste, André Chassaigne.Les Insoumis ont de leur côté tenté d’inscrire à l’ordre du jour de leur “niche” parlementaire, le 28 novembre, une proposition de résolution sur le même thème.Mais elle ne sera pas débattue à l’Assemblée, le gouvernement l’ayant jugée irrecevable, a annoncé mardi la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot, qui a dénoncé un “abus de pouvoir” et dit étudier les “recours possibles”.Le gouvernement avait déjà jugé irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire que le groupe RN souhaitait voir débattre lors de sa “niche” du 31 octobre. Le président du RN Jordan Bardella a appelé sur X mardi soir la France à adresser un “+non+ clair et définitif” à l’UE.

Dati défend un budget de la culture axé sur le patrimoine et la liberté de création

Rallonge budgétaire de 300 millions d’euros pour le patrimoine, plan sur la liberté de création: Rachida Dati a défendu mardi son budget 2025 devant la commission de la Culture du Sénat, renouvelant aussi sa proposition controversée de faire payer l’entrée à Notre-Dame de Paris.La ministre de la Culture a d’abord profité de cette audition pour annoncer le dépôt d’un amendement gouvernemental proposant une rallonge de 300 millions d’euros pour le patrimoine, censé être discuté le 13 novembre devant cette même commission.”A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle”, a justifié Rachida Dati, évoquant l’état “alarmant” du patrimoine. Selon elle, 20% des 45.000 monuments historiques en France sont en “mauvais état” et 5% d’entre eux (2.000) sont même “en péril” et “risquent de disparaître”.Si l’amendement était adopté par le Parlement, cette somme viendrait s’ajouter au 1,2 milliard d’euros que représente le patrimoine dans un budget Culture de 4,45 milliards d’euros prévus dans le projet de loi de finances.”Très concrètement, cet amendement permettra un effort supplémentaire de 55 millions d’euros pour les monuments historiques en régions”, a poursuivi la ministre.Son ministère a précisé que cette aide bénéficierait par exemple à la tour Saint-Nicolas de La Rochelle, qui menace de s’effondrer.Selon Mme Dati, l’amendement permettra aussi de débloquer “une enveloppe de 23 millions d’euros pour les musées dans les territoires, avec une attention spécifique pour les petits musées dans la ruralité”.Enfin, “il permettra d’autres équipements en régions, comme les centres de conservation et d’étude archéologiques”, a-t-elle ajouté.Selon elle, “une attention particulière” sera portée “pour les besoins les plus impérieux de nos grands établissements”: Centre Pompidou à Paris, Château et domaine de Versailles, Fontainebleau et Chambord.- Liberté de création -La ministre a également réitéré sa volonté de mettre en place une “tarification de l’entrée de Notre-Dame-de-Paris, qui pourrait dégager 75 millions d’euros pour financer la restauration du patrimoine religieux en régions”, sans préciser si elle envisageait cette mesure comme permanente ou temporaire.Elle a spécifié que, “si le diocèse (de Paris, NDLR) est d’accord”, cette entrée payante pourrait être collectée par le Centre des monuments nationaux pour être redistribuée au diocèse et aux territoires, “sans toucher à la loi de 1905” de séparation de l’Eglise et de l’Etat.Fin octobre, le diocèse avait insisté sur le principe de “gratuité du droit d’entrée dans les églises et les cathédrales”, défendu par l’Église catholique en France, alors que Notre-Dame de Paris compte parmi les édifices les plus visités en Europe, avec 12 millions de personnes en 2017 et “14 à 15 millions” attendues après sa réouverture prévue le 7 décembre.Rachida Dati a aussi de nouveau proposé des “tarifs différenciés pour les grands opérateurs (musées et sites touristiques, NDLR) recevant plus de 60% de public étranger”.Elle a, en outre, annoncé vouloir rendre plus concrète l’utilisation de l’argent récolté par la souscription lancée par Emmanuel Macron en 2023 pour aider les petites communes à préserver leurs édifices religieux en péril, qui vise à récolter 200 millions d’euros en quatre ans. D’ici à la fin du mois, “un plan qui concernera la liberté de création” sera par ailleurs présenté, alors que plusieurs acteurs du spectacle vivant se sont inquiétés ces dernières semaines de voir des pièces de théâtre ne trouvant pas de diffuseur lors de tournées, en raison de sujets prétendument trop sensibles ou polémiques.Autre annonce: la reprise d’une mission sur le “modèle économique du spectacle vivant” et la pérennité de son financement, sans davantage de détails à ce stade.

Procès du RN: aucun “système” de détournement de fonds publics, soutient Marine Le Pen

Aucun “système” de détournement de fonds au RN: après un mois de procès, Marine Le Pen a commencé à s’expliquer mardi en fin d’après-midi sur l’utilisation, frauduleuse selon l’accusation, de l’argent européen par le parti.En tailleur noir et bottines, elle a rejoint la barre du tribunal correctionnel de Paris peu avant 18H00, après avoir secoué la tête en désaccord depuis le début de l’après-midi, assise sur un banc, pendant que l’ex-trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, était interrogé.”Depuis” le début du procès, “on tourne autour d’une dizaine de mails, de SMS, dont on considère qu’ils sont mal rédigés, suspects, maladroits. Mais ça reste une dizaine de mails sur des dizaines de milliers”, démarre la cheffe de file de l’extrême droite, dès que la présidente lui donne la parole.Dans une longue tirade de plus d’une heure, la triple candidate à la présidentielle déroule alors son argumentation, réécrivant parfois le dossier, éludant les points qui fâchent. En 2014, avec 23 députés européens fraichement élus et sans groupe parlementaire, le FN était obligé de “mutualiser” le travail de ses assistants, argue la prévenue. D’ailleurs, la “centralisation” fait partie de la “culture du Front National”, ajoute-t-elle.Pour autant, cela ne signifie pas que les enveloppes des eurodéputés RN, 21.000 euros par mois, étaient gérées par la direction du parti afin en particulier de payer des assistants parlementaires “fictifs” qui travaillaient en réalité pour le parti comme en est convaincue l’accusation, insiste-t-elle.Interrogatoire après interrogatoire, contrat par contrat, le tribunal dissèque depuis le 30 septembre ce fameux “système” – le mot met Marine Le Pen hors d’elle – qui aurait permis au Rassemblement national (ex-FN) de “soulager les finances” du parti entre 2004 et 2016.Le Parlement européen a fait une première estimation de son préjudice financier à trois millions d’euros, mais prévenu qu’elle pourrait évoluer.- “Déstabilisée” -Les huit autres ex-eurodéputés frontistes et douze de leurs assistants parlementaires, jugés à ses côtés pour détournement de fonds publics et recel de ce délit, ont tous juré avoir travaillé dans les règles. Même si les collaborateurs occupaient des fonctions particulièrement prenantes en France, comme garde du corps ou assistant personnel de Jean-Marie Le Pen.”Le fait d’être assistant parlementaire, ça ne dit rien du contenu du travail. Ca va aller de la secrétaire au rédacteur de discours, du juriste au graphique, du garde du corps à celui qui tient la permanence”, affirme Marine Le Pen. “Il y a autant de tâches possibles que d’assistants parlementaires !”Après avoir comparu en tant qu’eurodéputée, elle est interrogée avec sa deuxième “casquette”, présidente du parti, dont elle a pris la tête après son père Jean-Marie Le Pen en 2011, pour répondre cette fois de complicité de détournement de fonds publics. “Jamais je n’ai dit à un député: +toi, tu vas prendre untel+, c’est faux, c’est un mensonge”, assure-t-elle au cours de son monologue. Tout juste admet-elle avoir un “droit de veto” sur les “gens politiquement toxiques”, les “nuisibles” ou les “incompétents notoires”.”Si on a la conviction qu’il y a un système, que tout est suspect, évidemment que vous allez trouver quelque chose”, lance-t-elle au tribunal – qui n’a toujours pas posé une question. Avant de partager son “sentiment” de ce mois d’audience: “à maintes reprises, votre opinion était déjà faite, nos arguments évacués (…) ça m’a un peu déstabilisée”.Le tribunal, qui poursuivait son interrogatoire dans la soirée, devrait notamment la questionner sur deux réunions à l’été 2014, à Bruxelles puis à Strasbourg. Elle y aurait selon plusieurs témoignages annoncé aux nouveaux députés européens qu’ils n’auraient le droit qu’à un seul assistant parlementaire, et que le reste de leur enveloppe serait pour le Front national.”Ce que Marine (Le Pen) nous demande équivaut à ce qu’on signe pour des emplois fictifs”, écrivait peu après un eurodéputé réfractaire au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. “Je comprends les raisons de Marine, mais on va se faire allumer car on regardera, c’est sûr, nos utilisations à la loupe avec un groupe si important” (23 députés contre 3 auparavant), notait-il aussi.”Je crois bien que Marine sait tout cela…”, avait répondu Wallerand de Saint-Just. “Vous n’êtes pas obligés de me croire mais je suis persuadé que jamais Marine Le Pen n’aurait proposé quelque chose d’illégal aux députés qui viennent d’être d’élus”, a assuré ce dernier à la barre.Le procès est prévu jusqu’au 27 novembre. 

Macron propose au Kazakhstan l’aide française sur le nucléaire civil

Emmanuel Macron a affirmé mardi avoir “des préoccupations communes” sur l’Ukraine avec le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev, reçu en visite d’Etat à Paris mais aussi allié de Moscou, et a proposé l’aide de la France à Astana dans le développement du nucléaire civil.Un an après le déplacement du président français au Kazakhstan, les deux hommes se sont retrouvés à l’Elysée avec la volonté commune de renforcer le “partenariat stratégique” entre la France et le pays d’Asie centrale, allié économique et militaire de la Russie avec laquelle il partage plus de 7.500 kilomètres de frontière. Emmanuel Macron a évoqué des “convergences profondes sur les grands défis internationaux”.Dans une déclaration conjointe, les deux présidents ont ainsi “souligné leur attachement indéfectible au droit international et aux principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, en particulier le respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’inviolabilité des frontières internationalement reconnues de tous les États, ainsi que le règlement pacifique des différends”.Le Français a souligné que cela s’appliquait à la guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion russe en 2022. “Ce qui est en jeu en effet en Ukraine est bien la primauté du droit international sur le droit du plus fort et emporte aussi des conséquences lourdes pour la sûreté nucléaire, la sécurité alimentaire ou le respect des droits humains. Et je sais à cet égard nos préoccupations communes, notre vision commune”, a-t-il insisté.Kassym-Jomart Tokaïev s’est borné à affirmer devant la presse, d’une manière générale, qu’il était “nécessaire de résoudre” les conflits en cours “par la voie pacifique et politico-diplomatique”.Plusieurs accords et contrats ont été conclus, dont un par le groupe français Alstom, présent depuis 2010 au Kazakhstan, pour fournir des locomotives électriques.Initiée l’an dernier à Astana, une feuille de route sur un partenariat stratégique sur les minerais critiques pour la période 2024-2026 a aussi été signée.Le président français a par ailleurs proposé la “disponibilité” et le “savoir-faire” de la France et de ses entreprises au Kazakhstan pour “avancer” vers le développement de l’énergie nucléaire, après un référendum qui vient d’ouvrir la voie à la construction de la première centrale de ce pays, premier producteur mondial d’uranium – et 3e fournisseur d’uranium naturel à l’UE – mais manquant d’électricité.Orano, le spécialiste français du cycle du combustible nucléaire, et son homologue local Kazatomprom ont à cette occasion “signé un protocole d’entente qui porte sur la formation nucléaire”, a indiqué le groupe. “Cette annonce vient renforcer la coopération entre les deux partenaires dans le domaine de l’énergie nucléaire dans la continuité de la signature d’un protocole de coopération signé en 2022 dans l’industrie de l’uranium”, a précisé Orano.Alors que l’immigration est un des principaux dossiers du gouvernement français, les deux pays ont également signé un accord “sur la réadmission” par le Kazakhstan de ses ressortissants expulsés de France, “avec des dispositions et délais procéduraux très favorables”, selon l’Elysée qui souligne qu’il s’agit de la première entente de ce type avec un Etat d’Asie centrale.

Chanson anti-Darmanin: prison ferme requise en appel contre un militant écolo

Le parquet de la cour d’appel de Nancy a requis mardi, à l’encontre d’un militant écologiste poursuivi pour avoir relayé sur Youtube une chanson visant Gérald Darmanin, 140 heures de travaux d’intérêt général ou six mois d’emprisonnement ferme s’il n’exécute pas un stage de citoyenneté.Loïc Schneider est poursuivi pour avoir relayé le 5 novembre 2022 sur Youtube une chanson visant le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin. Il avait été relaxé en première instance par le tribunal correctionnel de Nancy en décembre 2023 mais le parquet avait fait appel.”De drôles de réquisitions puisque le procureur n’a pas demandé à mon client s’il acceptait ou non d’effectuer les TIG”, a relevé son avocat Christophe Sgro, qui a plaidé la confirmation du jugement de première instance.”Cette chanson appartient au genre de la satire, qui par définition procède par exagération ou provocation, mais elle mène aussi à des débats d’intérêt général on ne peut plus sérieux: la dissolution du bloc lorrain, les comportements sexistes de M. Darmanin qui restent discutables à mon sens et le problème des violences policières contre les manifestants, en particulier les gilets jaunes”, a estimé Me Sgro.La décision sera rendue le 14 janvier prochain.La chanson, qui interpellait directement et grossièrement Gérald Darmanin, suggérait de “dissoudre” le ministre, dont elle évoquait “le cercueil”.”En la matière, la jurisprudence de CEDH (Cour européenne des droits de l’Homme, ndlr) est très claire sur ce sujet: lorsqu’il s’agit de critiquer un homme politique, la liberté d’expression doit être entendue de manière extrêmement large”, a ajouté l’avocat. Le jeune homme est accusé de menace de crime ou de délit contre les personnes ou les biens à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique.En première instance, le tribunal avait notamment relevé que Loïc Schneider n’était pas l’auteur des propos incriminés.Loïc Schneider a déjà été condamné à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Niort pour sa participation à une manifestation contre le projet de méga-bassine à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) en octobre 2022, ainsi qu’à trois ans de prison pour des violences commises lors d’une manifestation contre le G20 en Allemagne en 2017.

Assemblée: la proposition LFI d’une résolution sur l’accord UE-Mercosur jugée irrecevable

Une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser l’accord entre l’UE et le Mercosur ne sera pas débattue à l’Assemblée lors de la journée annuelle réservée à LFI, le gouvernement l’ayant jugée irrecevable, a annoncé mardi la cheffe du groupe insoumis Mathilde Panot.”Je suis assez furieuse de constater que la résolution Mercosur que nous voulions présenter en premier lors de notre niche a été jugée irrecevable”, a déclaré Mme Panot lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. Les textes proposés par LFI seront examinés le 28 novembre.Il a été jugé que le texte donne “des injonctions au gouvernement”, alors que “le titre de la résolution” est “invitant le gouvernement”, s’est défendue Mme Panot, qui a dénoncé un “abus de pouvoir” et dit étudier les “recours possibles”.Le gouvernement a jugé irrecevable le texte, lors de la conférence des présidents mardi matin à l’Assemblée, selon une source parlementaire. Tout comme il avait jugé irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire que le groupe RN souhaitait voir débattre lors de sa “niche”, le 31 octobre. Marine Le Pen, la cheffe du groupe RN, avait alors déploré que la “représentation nationale” ne puisse pas “débattre à l’Assemblée nationale de ce traité, qui continue d’être négocié en sous-main par la Commission européenne avec l’assentiment du président de la République”. – “Sans justification” -Pour Mme Panot, “il est absolument scandaleux que dans notre hémicycle, pour la deuxième fois, le gouvernement décide, sans aucune justification, de nous empêcher de discuter et de voter sur le traité de libre-échange Mercosur et sur l’ensemble des traités de libre-échange”.Plus de 200 députés de gauche comme de droite, de l’ex-Insoumis François Ruffin, en passant par le socialiste François Hollande, jusqu’au LR Olivier Marleix, ont appelé lundi dans une tribune le gouvernement à bloquer la conclusion de l’accord de libre-échange attendu entre l’UE et les pays du Mercosur, qui selon eux “trahit” l’ambition européenne.Au cours d’une conférence de presse mardi à l’Assemblée, plusieurs d’entre eux ont de nouveau enjoint au président de la République de tout faire pour obtenir une minorité de blocage au sein de l’UE pour s’opposer à l’adoption européenne du texte.Le député LFI François Ruffin soupçonne cependant le chef de l’Etat d’une forme d’ambiguïté sur le sujet. “Je crois que dans la durée Emmanuel Macron est un partisan du libre échange. Je crois qu’il donne des gages parce qu’il y a une opinion publique qui est très défavorable (…) mais qu’en vérité, il ne mettra pas tout son pouvoir dans la balance pour aller contre ce qui est le fond de ce qu’il fait et pense depuis 20 ans”, a-t-il dit.Les négociations avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie) ont repris ces derniers mois sous l’impulsion de pays européens dont l’Allemagne ou l’Espagne. La perspective d’une conclusion provoque la colère des syndicats agricoles français, qui annoncent une nouvelle mobilisation pour la mi-novembre.