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Patrice Faure succède à Laurent Nuñez à la tête de la préfecture de police de Paris

Patrice Faure, un fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, a été nommé mercredi à la tête de la préfecture de police de Paris où il succède à Laurent Nuñez, assurant ainsi au chef de l’Etat le maintien d’une ligne directe avec la “PP”.La nomination en Conseil des ministres de l’actuel directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à l’Elysée, sur proposition du ministre de l’Intérieur, fait partie de celles qui sont décidées par le chef de l’Etat, compte tenu de la sensibilité du poste.Cette nomination était urgente, depuis celle de son prédécesseur, Laurent Nuñez, également proche du président Macron, comme ministre de l’Intérieur.”Homme d’expérience ayant occupé des responsabilités majeures en territoire métropolitain comme ultra-marin, je lui adresse mes plus sincères félicitations”, a écrit dans un message sur X le ministre de l’Intérieur.”À la tête de la préfecture de police que je connais bien, il aura à poursuivre ce qui a collectivement été bâti pour renforcer la sécurité des Parisiens et des habitants de l’agglomération parisienne”, a-t-il poursuivi en l’assurant de “toute (sa) confiance et (son) plein soutien”.Agé de 58 ans, Patrice Faure a une carrière éclectique, militaire puis au sein de la haute fonction publique. Il a été notamment haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, préfet de Guyane mais aussi en poste, en début de carrière, à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Il connaît en outre la PP, où il a occupé une direction en 2016.- Première priorité -Son arrivée à la tête de cette forteresse de 43.000 agents située sur l’île de la Cité, entre Notre-Dame et le palais de justice, intervient quelques jours seulement après le vol spectaculaire dimanche au Musée du Louvre de joyaux de la Couronne.Incontestablement, la résolution de ce cambriolage au retentissement planétaire, dont le préjudice a été estimé à 88 millions d’euros, sera sa première priorité.En outre, ce cambriolage en plein jour, une demi-heure après l’ouverture du musée, a déclenché une vive polémique politique et relancé le débat sur la sécurité des établissements culturels français.Une centaine d’enquêteurs sont mobilisés sur cette affaire dont la prestigieuse police judiciaire de la PP, qui dispose également d’une direction du renseignement autonome, ce qui en fait un “Etat dans l’Etat”.Avec la nomination de Patrice Faure, Emmanuel Macron est assuré d’avoir une ligne directe avec l’homme le mieux renseigné de la capitale, comme c’était le cas avec son prédécesseur.Issu d’un milieu modeste, titulaire d’un CAP de pâtisserie, qu’il complètera avec une maîtrise en histoire et en mathématiques, M. Faure a d’abord choisi la carrière militaire. Avant de rejoindre la haute fonction publique par l’Outre-mer et d’occuper des postes sensibles.Son style risque de surprendre à la PP par rapport à un Laurent Nuñez affable et tout en rondeur dans son expression, qui avait conquis l’ensemble des élus parisiens, tous bords politiques confondus, à commencer par la maire socialiste Anne Hidalgo.Un des anciens collaborateurs du nouveau “PP” a évoqué auprès de l’AFP “un vrai franc-parler mais pas un franc-parler qui cherche à provoquer: un franc-parler de sincérité”.Il peut aussi être grivois et très direct. “Il préfère le pragmatisme au manuel du corps des préfets”, dit de lui Rodolphe Alexandre, ancien président de la Guyane (2010-2021), qui voit en lui un “homme de culture” et un “grand serviteur de l’Etat”, “convaincu sans doctrine de ses missions régaliennes”.Deux autres préfets expérimentés, Bertrand Gaume (Hauts-de-France) et Georges-François Leclerc (Paca), étaient sur les rangs. Mais la proximité étroite de ce père de six enfants avec le chef de l’État a fait la différence, sans surprise.

Trains de nuit, TGV: Jean Castex convainc le Parlement pour piloter la SNCF

Relance des trains de nuit, développement du TGV, modernisation du réseau… Se dépeignant en usager amoureux des trains, Jean Castex a obtenu mercredi le feu vert du Parlement pour prendre la tête de la SNCF, où il devra résoudre une équation financière et technique délicate.Choisi fin septembre par Emmanuel Macron pour succéder au cheminot de carrière Jean-Pierre Farandou, depuis nommé au gouvernement, l’ex-Premier ministre et actuel patron de la RATP a souligné devant les députés mercredi le besoin massif d’investissement pour maintenir et développer le réseau ferré vieillissant, bousculé par l’arrivée de la concurrence et les conséquences du réchauffement climatique.M. Castex a salué les déclarations du Premier ministre Sébastien Lecornu qui, dans sa déclaration de politique générale, a maintenu à l’agenda du gouvernement le projet de loi-cadre issu de la conférence Ambition France Transports pilotée par le gouvernement Bayrou, qui prévoit “une affectation de ressources au secteur ferroviaire”.”Les défis sont nombreux: il y a le fameux mur d’investissement pour moderniser le réseau, la montagne de l’ouverture à la concurrence et le choc de la transition écologique”, a-t-il résumé, évoquant aussi le “choc capacitaire”. “Aujourd’hui on ne peut pas prendre tout le monde dans les trains car on manque d’offre”, a-t-il expliqué.Sa candidature a recueilli au total 60 votes favorables sur 83 votants dans les commissions du Développement durable des deux assemblées (34 à l’Assemblée nationale et 26 au Sénat, avec 5 votes contre à l’Assemblée et 2 au Sénat ainsi que 10 abstentions à l’Assemblée et 6 au Sénat). – “Faire groupe” -Sans détailler sa feuille de route, M. Castex a décliné quelques slogans: “plus de trains, et mieux de trains”, “attirer plus de gens dans les trains”, “gagner la bataille des infrastructures pour moderniser le réseau”. Confronté à l’arrivée d’une concurrence sur les lignes à grande vitesse du sud de la France, en particulier avec la compagnie italienne Trenitalia ou des projets privés français en cours de développement, qui ont conduit la filiale SNCF Voyageurs à lancer une profonde réorganisation interne, l’ex-Premier ministre a insisté sur la nécessité de “faire groupe” face au morcellement et à la perte d’identité que risque le groupe SNCF dans ses réorganisations. “Ça va beaucoup me mobiliser”, a-t-il dit.Concernant le besoin d’investissement pour améliorer le réseau et la signalisation, l’Etat devra mettre la main à la poche en attendant l’arrivée, après 2032, d’une contribution du secteur autoroutier. Mais “ce ne sont pas des dépenses à fonds perdus”, a-t-il promis, car “si on ne fait rien”, les perturbations “vont s’accroître” et le réseau “va se dégrader”.”Pour la régénération du réseau, (…) on passe d’un flux de 3 milliards d’euros par an à quatre et demi. L’entreprise publique, je vous le confirme ce matin, y apportera sa part”, a-t-il déclaré. – “Augmenter le rôle” des usagers -Pour résoudre l’équation financière serrée, M. Castex compte sur sa méthode basée sur “le dialogue, l’écoute”, avec “la communauté cheminote, les territoires”, le gouvernement et les usagers, dont il compte “augmenter le rôle”.Amoureux des trains, l’ancien Premier ministre avait déjà postulé à la tête de la SNCF en 2019. M. Farandou, qui vient de rejoindre le gouvernement Lecornu comme ministre du Travail, lui avait alors été préféré.Comme devant le Sénat la semaine dernière, M. Castex a répété son intérêt pour les trains de nuit, dont il veut “améliorer au maximum la gestion et l’attractivité”, malgré les problèmes qu’ils rencontrent. Il a souligné qu’il allait “se battre pour le fret”.”Je ne sais pas si c’est faisable, mais j’ai lu qu’on pourrait expérimenter de faire circuler sur la LGV la nuit des trains de nuit, parce que les lignes traditionnelles sont impactées par les travaux” nocturnes, a-t-il relevé.Outre la fermeture annoncée du train de nuit Paris-Berlin, qui sera l’un de ses “premiers sujets”, M. Castex a aussi indiqué qu’un de ses premiers déplacements serait probablement consacré à la ligne sinistrée Paris-Clermont-Ferrand, qui cumule aléas, annulations, et retards, par manque d’investissement chronique depuis des années.

Les ministres LR “confirment s’être mis en retrait de toute fonction” au sein du parti

Les ministres membres des Républicains (LR) “confirment” dans un communiqué transmis à l’AFP “s’être mis en retrait de toute fonction” au sein du parti dont le président, Bruno Retailleau, entend leur infliger une “sanction”, voire prononcer leur exclusion.”Suite à leur décision de participer au gouvernement, les ministres membres des Républicains confirment s’être mis en retrait de toute fonction au sein du parti (…) auquel ils réaffirment leur attachement”, écrivent Annie Genevard (Agriculture), Rachida Dati (Culture), Philippe Tabarot (Transports), Vincent Jeanbrun (Logement), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Commerce extérieur).LR réunit mercredi (18h00) son bureau politique et Bruno Retailleau a indiqué au Figaro qu’il entendait annoncer “une sanction” contre les ministres ayant bravé la consigne du parti.Selon les statuts du parti, la perte de qualité d’adhérent est décidée par le secrétaire général, Othman Nasrou, proche de M. Retailleau.M. Nasrou a récemment adressé une lettre, consultée par l’AFP, aux intéressés, leur demandant de “faire parvenir (leurs) observations” avant mercredi midi. LR vit un nouvel épisode de crise interne depuis la formation du premier gouvernement de Sébastien Lecornu. Reconduit au ministère de l’Intérieur, mais insatisfait de la composition gouvernementale, M. Retailleau l’a immédiatement fait savoir publiquement, et Sébastien Lecornu a annoncé la démission de son gouvernement quelques heures à peine après l’avoir formé.Le bureau politique du parti de droite, dans une réunion houleuse, a ensuite prôné la non-participation au deuxième gouvernement Lecornu, une position confirmée par un vote des adhérents, mais contraire à celle des députés du groupe présidé par Laurent Wauquiez.Dans la foulée de l’annonce du gouvernement Lecornu 2, le parti a annoncé l’exclusion des ministres LR, dans l’attente d’une décision définitive.Sur BFMTV mardi soir, M. Wauquiez a appelé son parti à “retrouver de l’apaisement” et à “ne pas exclure tout le monde”.Bruno Retailleau, largement élu à la tête du parti au mois de mai, entend cependant signifier une “sanction” aux ministres concernés. Le président du Sénat Gérard Larcher s’est de son côté dit favorable à un report de l’exclusion, “une bonne position” selon M. Wauquiez.La décision de M. Retailleau de contester la composition du gouvernement Lecornu 1, prise “sur un tweet, sans nous en parler”, “bien sûr que ça a été difficile”, a glissé M. Wauquiez mercredi soir.Bruno Retailleau a par ailleurs jugé auprès du Figaro que le projet de budget du gouvernement, “en l’état”, était “invotable” pour la droite, qui ne doit s’interdire “aucun débat, y compris celui de la censure”.

La situation de l’école est “extrêmement inquiétante”, selon le ministre de l’Education  

Le nouveau ministre de l’Education nationale Edouard Geffray a jugé mercredi la situation de l’école “extrêmement inquiétante” à la fois “en termes de niveau”, d'”inégalités sociales et scolaires” et de “santé” notamment psychique des élèves, ses trois “priorités”.Interrogé sur France Inter – sa première interview comme ministre – sur environ 4.000 suppressions de postes d’enseignants pourtant prévues dans le PLF 2026, le ministre a répondu qu’il y a “des endroits où aujourd’hui en France, malheureusement, il n’y a plus d’enfants” et “où effectivement on est obligé de supprimer des postes”. Il a rappelé que selon les projections, il y aura 1 million d’élèves de maternelle et de primaire en moins en France entre 2018 et 2028 et que si le gouvernement avait suivi l’évolution démographique, on “aurait dû retirer 8.000 ou 9.000 postes”.Le ministre a par ailleurs insisté sur le fait qu'”à la rentrée de 2026, si on parle en moyenne, on aura 21 enfants par classe dans le premier degré”, le chiffre le plus bas d’élèves par classe jamais connu en France.Interpellé également sur le ralentissement des postes d’AESH, les accompagnants d’élèves en situation de handicap, dont 1.200 recrutements sont prévus dans le PLF 2026 contre 2.000 l’an dernier, malgré un manque dans les classes, M. Geffray a admis que le gouvernement “a évidemment des contraintes budgétaires” mais aussi “des contraintes de vivier” et d'”attractivité” pour cette profession peu rémunérée.”Des sujets sur lesquels je vais me pencher au cours des prochains mois”, a-t-il promis.Sur la question de la qualité pédagogique, il a rappelé qu’une réforme de cette formation et du recrutement des enseignants entrait en vigueur.Celle-ci va ramener les concours enseignants à bac+3 au lieu de bac+5, les étudiants étant ensuite élèves fonctionnaires pendant un an puis fonctionnaires stagiaires un an. Le projet de loi de finances 2026 (PLF) prévoit plus de 8.000 postes de fonctionnaires stagiaires, qui sont rémunérés. Il faut par ailleurs “changer de braquet sur la formation continue”, à la traîne en France, a conclu le ministre.

L’impossible retraite d’Emmanuel Macron

En semant la confusion sur la suspension de la réforme des retraites, après avoir laissé “carte blanche” à son Premier ministre, Emmanuel Macron a pris le risque de raviver le débat, illustrant sa difficulté à rester en retrait pour achever son deuxième quinquennat.Charm-el-Cheikh (Egypte) la semaine dernière pour un sommet sur l’avenir de Gaza, Portoroz et Ljubljana cette semaine, pour un sommet des pays du sud de l’UE et une visite bilatérale en Slovénie: Emmanuel Macron poursuit sa tâche intense sur la scène internationale, rôle premier du chef de l’État.Difficile, pour autant, d’échapper aux questions nationales dans un contexte d’instabilité politique inédite. A commencer par la si symbolique suspension de la réforme des retraites, annoncée par Sébastien Lecornu pour éviter la censure immédiate de l’Assemblée.Or le président n’a pas changé d’avis car “les faits sont têtus”: la réforme de 2023 “était nécessaire”. Quant au “choix pour apaiser le débat actuel” de son Premier ministre, il ne signifie “ni l’abrogation, ni la suspension” de la réforme mais seulement “le décalage d’une échéance”, celle du relèvement progressif de l’âge légal de départ, a-t-il expliqué depuis la Slovénie.Pas de “suspension” ? Le mot fut érigé en condition par le Parti socialiste. Il a été explicitement formulé par le Premier ministre la semaine dernière lors de sa déclaration de politique générale. Et répété mardi à l’Assemblée après la sortie présidentielle, M. Lecornu expliquant être allé “plus loin” que le président qui, souligne également son entourage, évoquait uniquement la mesure sur l’âge légal de départ.Dans cet imbroglio, la sortie du président est vue comme une heureuse clarification pour La France insoumise. “Emmanuel Macron dévoile l’arnaque”, tempête la présidente des députés LFI, Mathilde Panot. -Rester “dans le jeu”-En nourrissant ses oppositions, le président semble avoir inscrit un but contre son camp. Pourquoi ? Emmanuel Macron “fait ça pour être encore dans le jeu”, soupire un dirigeant socialiste.”Il essaie de continuer à exister alors même que tout le monde a déjà tourné la page”, renchérit sur Sud Radio le député RN Thomas Ménagé, quand le patron de l’UDR Eric Ciotti raille sur TF1 une supposée “maladie de tout contrôler et de tout diriger”.”C’est son tempérament, son caractère”, “du Macron dans le texte”, résume sobrement un conseiller gouvernemental fidèle au président. Le côté “je me mêle de tout” du chef de l’Etat, ajoute un cadre d’un parti allié.L’épisode illustre la difficulté pour M. Macron de demeurer en retrait dans une situation de grande précarité politique, et à 18 mois encore de la fin de son bail présidentiel. Sans majorité à l’Assemblée, avec un parti (Renaissance) et un groupe de députés (EPR) passés aux mains d’un Gabriel Attal chaque jour de plus en plus distant, le président se replie sur ses prérogatives constitutionnelles – nommer un Premier ministre, dissoudre l’Assemblée – pour exercer un pouvoir de plus en plus ténu. Une situation forcément frustrante pour celui qui eut tous les leviers en mains à son arrivée en 2017.Depuis la dissolution en 2024, les solutions élyséennes de “socle commun” avec la droite, désormais rebaptisé “plateforme de stabilité”, n’ont empêché ni la censure de Michel Barnier, ni la confiance refusée à François Bayrou. Elles ont même généré un couac majeur avec le gouvernement le plus éphémère de l’histoire de la Ve République, dit Lecornu 1.Incité à “partager le pouvoir” par Gabriel Attal, et même, fait inédit, au départ anticipé par un autre de ses anciens Premiers ministres, Édouard Philippe, Emmanuel Macron a opté pour renommer Sébastien Lecornu. Après lui avoir confié une mission auprès des partis “refusant la dissolution” qu’il a finalement reçus lui-même à l’Élysée, et conservé la haute main sur la formation du gouvernement. De quoi alimenter l’idée que décidément, ce président n’aime guère ses Premiers ministres, y compris ceux piochés parmi ses lieutenants.”Vous avez un Sébastien Lecornu, Premier ministre, qui déjà est dans un numéro de funambule en train d’avancer sur sa corde raide. Et il y a un président de la République qui lui agite la corde”, métaphorise le député de gauche François Ruffin sur BFMTV.Mais l’entourage du président récuse tout “coin” entre le chef de l’Etat et celui du gouvernement. Opposer les deux, “c’est vieux comme le monde”, minimise sur France 2 la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Budget: le gouvernement défait sur la taxation des retraites

Le gouvernement a subi un nouveau revers mardi lors de l’examen de son projet de budget à l’Assemblée nationale: la commission des Finances a rejeté la suppression d’un avantage fiscal pour les retraités censée générer d’importantes économies.Le coût de cette suppression s’élèverait à 1,2 milliard, selon le rapporteur général du Budget Philippe Juvin (LR) mardi soir. Au total selon une “évaluation très globale, très imparfaite” faite en milieu d’après-midi, les modifications apportées par les députés depuis le début des débats en commission lundi grèveraient de 9 milliards d’euros le budget de l’Etat, a-t-il précisé.Tous ces votes devront toutefois être confirmés dans l’hémicycle, où les députés repartiront de la copie initiale du gouvernement, à partir de vendredi.La “niche fiscale” des retraités est l’un des points les plus sensibles du projet de loi de finances (PLF): le remplacement de l’abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités sur leur pension par un forfait de 2.000 euros.Cette mesure aurait pour effet de légèrement réduire l’impôt sur le revenu de certains retraités les plus modestes, et d’augmenter celui des autres, tout en permettant des économies. Elle s’inscrit dans un plan d’effort global d’une trentaine de milliards d’euros pour 2026. Mais elle a suscité une vive opposition au sein de la commission des Finances, où une large majorité des groupes s’est prononcée contre, de la France insoumise au Rassemblement national, en passant par les socialistes et Les Républicains.Le député LR Corentin Le Fur a dénoncé “l’acharnement” contre les retraités, rappelant qu’ils sont déjà largement mis à contribution avec le gel de leur pension prévu dans le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), dont l’examen en commission doit commencer jeudi.- “Par pur électoralisme” -Seul à défendre la mesure au sein de la commission, le député et ancien ministre macroniste Guillaume Kasbarian a mis en avant “d’autres avantages fiscaux” des retraités, rappelant leur taux d’épargne record. L’élu a dénoncé une “classe politique”, qui “par pur électoralisme”, “refuse de toucher au moindre sujet qui concerne les retraités”.Plus tôt en commission, les députés se sont opposés à la suppression d’autres avantages fiscaux, ceux concernant par exemple deux biocarburants: le Superéthanol-E85 et le B100 (biogazole à base de colza).Autre mesure de nature à creuser le déficit de l’Etat, adoptée mardi après-midi: un amendement de Philippe Brun (PS) proposant de réduire l’impôt des sociétés des PME.En début de soirée, plusieurs amendements créant de nouvelles recettes ont été adoptés à l’initiative de la gauche: l’un d’Aurélien Le Coq (LFI) pérennise la “surtaxe tonnage” qui avait été créée l’année dernière, visant principalement l’armateur CMA-CGM.Egalement adoptés, des amendements identiques visant à mettre en place une contribution exceptionnelle sur les “super-dividendes” versés par les entreprises, inspirés d’un dispositif proposé par le député Jean-Paul Mattei (MoDem) en 2022.De vifs débats ont animé la soirée, autour de la question du Crédit impôt recherche (CIR), une niche fiscale coûtant plus de 7 milliards d’euros, à l’efficacité contestée. A notamment été adopté un amendement de Christine Pirès-Beaune (PS) qui modifie le mode de calcul du CIR pour les grands groupes possédant plusieurs filiales, en plafonnant le dispositif par groupe et non par filiale, une mesure qui rapporterait selon elle 960 millions d’euros.Un autre de l’écologiste Charles Fournier conditionnerait le bénéfice du CIR au respect de deux critères fondamentaux: le maintien de l’emploi sur le territoire national, et la protection des emplois liés directement aux projets ayant bénéficié du crédit d’impôt.Ces mesures suffiront-elles à convaincre la gauche de laisser passer le projet de budget ? Rien n’est moins sûr. “Si la copie n’est pas corrigée pour protéger les Français de ce qui est en train de se produire, le choix des milliardaires contre les gens ordinaires, nous serions amenés à avoir un jugement extrêmement sévère”, a menacé le premier secrétaire du PS Olivier Faure, après l’échec d’un vote sur la taxe Zucman.Les groupes de la coalition gouvernementale font aussi entendre leurs exigences, à l’instar de la Droite républicaine de Laurent Wauquiez, qui ne votera pas “automatiquement” le budget, a prévenu ce dernier. Il serait même en l’état “invotable pour la droite”, dixit le patron de LR Bruno Retailleau qui appelle dans Le Figaro à ne s’interdire “aucun débat, y compris celui de la censure”. Les députés Renaissance souhaitent eux rééquilibrer le budget avec moins de hausses d’impôts et plus de baisses de dépenses, même s’ils vantent leur “attitude raisonnable et constructive”.

Nicolas Sarkozy est en prison, une première historique

L’ancien président Nicolas Sarkozy a été incarcéré mardi, près d’un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l’histoire de la République.Il va y rester “un minimum de trois semaines ou d’un mois”, a dit son avocat Christophe Ingrain devant les portes de la prison parisienne de la Santé. La cour d’appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée après l’incarcération. “Une première journée en prison c’est terrible, mais il l’a surmontée”, a déclaré en début de soirée son autre avocat, Jean-Michel Darrois, après une première visite à son client au parloir où l’épouse de l’ancien chef de l’Etat, Carla Bruni, s’est également rendue.   Le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont dormi en prison après avoir quitté le pouvoir. Mais ce n’était arrivé à aucun ancien chef d’Etat de l’Union européenne.Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été incarcéré au quartier de l’isolement de la prison, et deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de la sienne.”Il n’est pas question de prendre le moindre risque concernant la sécurité d’un ancien président”, a expliqué une source proche du dossier.Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l’ouest parisien vers 09H15, l’ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé, après avoir été suivi par une noria de motos. – “Libérez Sarkozy !” -“Oh bienvenue Sarkozy!”, “Y’a Sarkozy!”, ont crié ses codétenus. “Il est rentré, il a salué les personnes qui l’attendaient pour exécuter les formalités de la détention” au greffe, a raconté son avocat. Avant de monter dans sa voiture, Nicolas Sarkozy, accompagné de Carla Bruni, avait salué ses partisans, qui ont entonné la “Marseillaise”. “Libérez Nicolas !”, a scandé la foule. L’ex-président a enlacé ses proches, serré des mains et fait poster un message sur ses réseaux sociaux: “La vérité triomphera”, “ce n’est pas un ancien président de la République que l’on enferme ce matin, c’est un innocent”. Nicolas Sarkozy bénéficiera-t-il en détention de dérogations ? L’ancien président “n’a rien demandé, pas de traitement de faveur” en ce moment “très dur”, a insisté Me Ingrain. Son confrère Darrois a précisé qu’il était installé dans une cellule de 9 m2, taille standard à la Santé.Selon son conseil, Nicolas Sarkozy aura “une heure de sortie par jour dans une cour grillagée, seul”, le reste du temps il sera “enfermé en cellule”, sans contact avec les autres détenus. Il bénéficiera de “trois droits de visite par semaine de sa famille”. L’ex-chef de l’Etat compte aussi écrire sur cette expérience. Se comparant à l’innocent emprisonné le plus célèbre de l’histoire de France, Alfred Dreyfus, il a confié entrer en prison avec une biographie de Jésus et “Le Comte de Monte-Cristo”, roman d’un homme qui se venge après une condamnation injuste.- “La haine” -Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné à cinq ans de prison l’ancien président, reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs rencontrer à Tripoli un dignitaire du régime de Mouammar Kadhafi pour discuter d’un financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007, alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Nicolas Sarkozy a fait appel et un nouveau procès devrait être organisé avant l’été.Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison qui avait suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la “gravité exceptionnelle” des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par “la haine”.Ce critère de la gravité des faits de nature à “troubler l’ordre public” ne pourra pas être retenu dans l’examen de la mise en liberté de Nicolas Sarkozy, replacé par son appel dans la situation d’un innocent présumé. Son maintien en détention n’est désormais possible que si elle est l'”unique moyen” de conserver les preuves, d’empêcher des pressions, des concertations entre auteurs, de prévenir une fuite ou une récidive, ou de le protéger. Sinon, Nicolas Sarkozy devra être remis en liberté sous contrôle judiciaire, le cas échéant en l’assignant à résidence avec un bracelet.- “Pression sur la justice” -Ancienne figure tutélaire de la droite française, toujours régulièrement consulté par ses chefs, Nicolas Sarkozy a reçu le soutien de son camp, prompt à s’offusquer du mandat de dépôt avec exécution provisoire.Prononcé de manière routinière, bien que plus rarement dans les dossiers économiques et financiers, il serait attentatoire à la présomption d’innocence, puisqu’il entraîne une détention sans recours possible et sans attendre l’appel.Même si l’incarcération de Nicolas Sarkozy s’est faite sur la base d’une mesure pénale votée en 2019 à l’initiative de sa majorité, le président de la République Emmanuel Macron a jugé le “débat légitime dans une démocratie, parce que tout le monde souhaite qu’il puisse y avoir des voies d’appel et de recours”.Vendredi, il avait reçu Nicolas Sarkozy. Un rendez-vous qui relève de la “pression sur la justice”, a accusé le patron du PS, Olivier Faure.Fustigée à droite, cette incarcération avait toutefois été estimée “juste” par une majorité des personnes interrogées (61%) dans un sondage réalisé fin septembre.Proche de Nicolas Sarkozy, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a lui défendu sa volonté d’aller le voir en prison, un “devoir de vigilance” pour “s’assurer de la sécurité” de l’ex-chef de l’Etat. Cela “n’atteint en rien à l’indépendance des magistrats”, a-t-il assuré.  Le ministre répondait au plus haut procureur de France, Rémy Heitz, pour qui une telle visite serait de nature à poser un “obstacle à la sérénité” de la justice et à porter “atteinte à (cette) indépendance”.

Réforme des retraites, santé à la diète: les ministres face aux députés sur l’inflammable budget de la Sécu

Le gouvernement a défendu mardi à l’Assemblée nationale un projet de budget de la Sécurité sociale inflammable, après la promesse de Sébastien Lecornu d’y inscrire dès jeudi “la suspension de la réforme des retraites” en contradiction avec une sortie d’Emmanuel Macron susceptible de raviver des tensions.Une brochette de ministres (Stéphanie Rist pour la Santé et ses collègues des Comptes publics, du Travail et des Solidarités, de l’Autonomie et du Handicap) est venue répondre, en commission des Affaires sociales, à une série de questions et critiques sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et ses économies massives pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026 (23 milliards en 2025).”C’est une copie de départ”, “le débat est ouvert”, “on est prêts à avoir des contre-propositions” et la version finale “sera bien différente”, ont-ils répété, sur plusieurs sujets, cherchant à déminer le terrain tout en affirmant la nécessité de maîtriser les dépenses, et “responsabiliser” tous les acteurs, professionnels, industriels comme assurés sociaux.Noeud politique majeur du texte: l’emblématique et impopulaire réforme des retraites de 2023. Une heure auparavant, le Premier ministre avait annoncé un Conseil des ministres jeudi pour ajouter la “suspension de la réforme des retraites” au PLFSS, comme le demandaient une partie de la gauche et le RN.Sébastien Lecornu s’est engagé à ne pas utiliser l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter ce texte de près de 680 milliards d’euros de dépenses. Mais vu les fractures au Parlement et les délais serrés (50 jours), le vote est loin d’être garanti.Sur plusieurs bancs, gauche en tête, plusieurs voix ont déploré l’exceptionnelle rigueur financière du texte.L’exécutif y limite la hausse des dépenses d’Assurance maladie à 1,6%, alors qu’elles progressent naturellement chaque année d’environ 4%. Et table sur sept milliards d’économies en santé.A l’hôpital, c’est “la pire cure d’économies depuis les années 2010”, selon les fédérations hospitalières.- “Vous n’aimez pas les gens” -Plusieurs mesures ciblent les assurés sociaux: nouvelle hausse des franchises (reste à charge des patients sur des consultations et médicaments), moindre remboursement chez le dentiste ou pour la délivrance de dispositifs médicaux, gel des pensions et de l’ensemble des prestations sociales…”Vous n’aimez pas les gens”, “les retraités”, “les malades”, a fustigé le député Hendrik Davi (groupe écologiste et social) déplorant la réduction prévue de la durée d’indemnisation des arrêts de travail pour les personnes en affection longue durée dite “non exonérante”, comme “les caissières et ouvriers du bâtiment atteints de troubles musculo-squelettiques”.”Il y a un effort démesuré, disproportionné sur les assurés sociaux” a aussi dénoncé le socialiste Jérome Guedj, qui entend proposer “des mesures alternatives” d’économies mais surtout “de recettes”, via notamment des taxes “comportementales” (alcool, tabac, produits sucrés…)”Voulons-nous continuer à générer des recettes au delà notre croissance pour financer une hausse des dépenses très largement supérieure à notre prospérité économique ? (…) C’est un débat fondamental”, a répondu la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.Concernant les franchises médicales -ou “forfait de responsabilité” selon Mme Rist-, la mesure préserve “18 millions de Français les plus fragiles” et représente en moyenne “42 euros supplémentaires par personne” et par an, ou “75 euros” pour un malade chronique (ALD).Pour le RN, la désindexation des pensions est “une ligne rouge”.Parmi les autres irritants, une taxation supplémentaire des complémentaires santé, une hausse des cotisations patronales sur les tickets restaurants et oeuvres des CSE, ou une surcotisation sur les dépassements d’honoraires des médecins.A droite, des députés se sont inquiétés d’une nouvelle réduction des allègements généraux de cotisations sociales, dont le paramétrage est encore flou, ou d’une baisse annoncée des prix des médicaments qui sont déjà en France “les plus bas d’Europe”.Ils ont surtout critiqué la suspension de la réforme des retraites, promettant des débats houleux à l’issue incertaine.”Le piège se referme sur le PS”, a réagi Manuel Bompard (LFI). Pour obtenir cette suspension, “il devra voter le budget de la sécurité sociale avec toutes les horreurs qu’il contient”. Le président de la République Emmanuel Macron, lui, a remis de l’huile sur le feu. “Ni abrogation ni suspension”, seulement un “décalage” dans le temps: depuis la Slovénie, il a contredit son Premier ministre. Il a aussi évoqué un hypothétique référendum, en cas d’accord entre partenaires sociaux sur le financement des retraites. Sur ce sujet, la conférence sociale annoncée débutera fin novembre.

Ministres LR: Retailleau promet une “sanction”, Wauquiez appelle à “l’apaisement”

Le patron des Républicains Bruno Retailleau a promis mardi une “sanction” contre les ministres de son parti entrés au gouvernement Lecornu 2, une ligne ferme qui divise en interne, à l’image de Laurent Wauquiez qui a appelé à “retrouver de l’apaisement” et à “ne pas exclure tout le monde”.Alors que le parti de droite doit réunir mercredi en fin d’après-midi un bureau politique pour statuer sur le cas des six ministres concernés, Bruno Retailleau a dit au Figaro considérer qu’ils “ne sont plus LR”.”Ils ne peuvent pas être la caution de notre famille politique au gouvernement, c’est pourquoi il doit y avoir – et il y aura – une sanction. Pas dans deux mois ou dans deux ans, mais dès ce mercredi soir lors du bureau politique”, a-t-il martelé.Sont visés Annie Genevard (Agriculture), Rachida Dati (Culture), Vincent Jeanbrun (Logement), Philippe Tabarot (Transports), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Commerce extérieur et attractivité). Le secrétaire général des Républicains, Othman Nasrou, leur a adressé une lettre, consultée par l’AFP, leur demandant de “faire parvenir (leurs) observations” sur leur décision de participation au gouvernement avant mercredi midi. Mais la conduite à tenir divise en interne.”Ça suffit. Il faut qu’on retrouve de l’apaisement. On ne va pas se mettre à exclure tout le monde”, a ainsi déclaré le chef de députés LR Laurent Wauquiez sur BFMTV.Le président du Sénat Gérard Larcher s’est dit également favorable dimanche à un report de l’exclusion, “une bonne position”, selon M. Wauquiez pour qui “il faut tourner la page et se concentrer sur l’avenir”.Car le parti a étalé ses divisions durant les récents épisodes de chaos gouvernemental: si le patron du parti Bruno Retailleau a défendu une ligne prônant de ne pas entrer au gouvernement – faisant voler en éclats la coalition au pouvoir – les députés LR étaient eux favorables à une participation.La décision de M. Retailleau de contester la composition du gouvernement Lecornu 1, prise “sur un tweet, sans nous en parler”, “bien sûr que ça a été difficile”, a glissé M. Wauquiez “Ça a été quinze jours catastrophiques, j’en ai parfaitement conscience”, a admis le député de Haute-Loire, soulignant la “très mauvaise image projetée par la droite”.”C’était la pire image de la politique, c’est-à-dire la tambouille, les places, les postes”, a-t-il insisté.

Feu vert du Parlement à Marie-Ange Debon comme PDG de La Poste

Marie-Ange Debon, actuelle présidente de Keolis, va devenir la première femme PDG de La Poste, sa nomination, proposée par l’Elysée, ayant reçu mardi le feu vert du Parlement, devant lequel elle a promis une feuille de route “construite autour de la confiance”.Patronne depuis août 2020 de Keolis, filiale de la SNCF spécialisée dans les transports publics, Marie-Ange Debon, 60 ans, est passée au gril des commissions des affaires économiques du Sénat et de l’Assemblée nationale.”Je suis une convaincue de la transparence, du dialogue et du collectif”, a fait valoir cette diplômée d’HEC et de l’ENA. Sa nomination pour cinq ans comme PDG du mastodonte public a recueilli 33 votes pour, 36 contre, et 8 votes blancs ou nuls. Validée – la somme des votes négatifs exprimés n’excèdent pas les trois cinquièmes des suffrages -, elle sera entérinée par décret au Journal officiel. Ancienne directrice générale adjointe du géant des services à l’environnement Suez, également passée par la Cour des Comptes comme magistrate, Marie-Ange Debon succèdera à Philippe Wahl, contraint de passer le flambeau après douze ans pour raison d’âge. Avec la lourde tâche de maintenir financièrement à flot un groupe employant 230.000 postiers et soumis depuis plusieurs années à la baisse drastique des volumes de courrier.L’entreprise aux 34,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (en 2024) souffre aussi de la “sous-compensation” de ses missions de service public (distribution du courrier et de la presse, aménagement du territoire, accessibilité bancaire) par l’Etat, qui “pèse sur ses capacités à investir sur de nouveaux métiers”, comme l’a rappelé Marie-Ange Debon, y voyant le “premier défi” à relever. “C’est une question de survie à court ou moyen terme”, a-t-elle lancé. “Il faudra travailler dans le temps à la fois pour voir comment on peut améliorer les compensations”, a-t-elle poursuivi, rappelant le rôle des parlementaires lors des débats sur le budget “où il semble que les compensations” vont à nouveau baisser.Il faudra aussi “évidemment” se pencher “sur le périmètre de ces missions, pour voir en bonne intelligence collective comment on peut procéder à des évolutions”, a-t-elle ajouté.- Colis chinois -Détenue à 66% par la Caisse des dépôts et à 34% par l’Etat, La Poste a récemment fait polémique en renforçant son partenariat avec Temu, plateforme de bazar du géant chinois PDD Holdings. Abondamment interrogée sur le sujet, Marie-Ange Debon a souligné que ce partenariat prolongeait un accord existant par souci de “visibilité”, rappelant au passage qu”à peu près un tiers des produits industriels en Europe viennent de Chine”.Accusées notamment de concurrence déloyale, de pollution et de travail indigne, les plateformes asiatiques à prix discount comme Shein et Temu représentent 22% des colis acheminés par La Poste, indiquait en octobre 2024 le groupe qui ne peut pas refuser de distribuer leurs produits.En outre, les plus grandes plateformes comme l’américaine Amazon et la chinoise Alibaba “ont commencé à internaliser la distribution avec leurs propres moyens logistiques”, une “source d’inquiétude” pour La Poste où, de “manière contre-intuitive”, se constate “une baisse des colis chinois ces derniers mois”, a justifié Marie-Ange Debon.Alors que le projet de budget 2026 du gouvernement prévoit une taxe sur les petits colis livrés par des entreprises établies hors de l’Union européenne, notamment de Chine, Marie-Ange Debon estime que les fabricants et “importateurs chinois vont assez aisément” la “détourner” en ayant recours à “des containers” ou “des palettes”. “La Poste n’est qu’un des maillons de l’ensemble de la situation”, qui doit se traiter à l’échelle européenne et de l’Organisation mondiale du commerce, a-t-elle insisté devant les députés, estimant qu’il fallait “peut-être rouvrir” le sujet des “droits de douane”.Questionnée sur la rémunération des dirigeants de La Banque postale, Stéphane Dedeyan, et de sa filiale CNP Assurances, Marie-Aude Thépaut, qui dépassent les 450.000 euros imposés aux patrons d’entreprises publiques, selon le quotidien La Lettre, Marie-Ange Debon a répondu que ce plafond ne s’appliquait pas à ces sociétés, qui ne sont pas des “filiales directes de l’Etat”, et défendu la nécessité “d’attirer des talents et de les conserver”.