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Macron et Merz s’affichent en duo uni malgré des dissonances sur la défense

Face au compte-à-rebours pour les exportations européennes menacées de surtaxes américaines, Emmanuel Macron et Friedrich Merz ont affiché mercredi un front uni dans la réponse à Washington mais constaté de profondes divergences sur un important projet de défense européen.Les dirigeants des deux premières économies de l’UE se sont retrouvés pour un dîner de travail dans le nord de Berlin, une discussion de trois heures “très intense, très amicale et confiante”, selon la chancellerie allemande.Paris et Berlin mettent volontiers en avant le nouvel élan de leur relation liée à l’arrivée du conservateur Friedrich Merz à la chancellerie. C’était le premier déplacement du chef de l’Etat français en Allemagne depuis l’investiture de M. Merz début mai.Plat de résistance de la rencontre: les difficiles négociations commerciales avec l’administration de Donald Trump qui a fixé la date butoir du 1er août pour de possibles surtaxes de 30% sur les exportations européennes aux Etats-Unis.”Le moment ne saurait être mieux choisi” pour évoquer cette question, a souligné le chancelier selon qui “des décisions” imminentes pourraient être prises entre le négociateur en chef de l’Union européenne, Maros Sefcovic, qui défend la position des 27 membres de l’Union, et ses interlocuteurs américains. Alors que la France pousse Bruxelles à adopter une position ferme pour faire pression sur Washington, d’autres pays, comme l’Allemagne, insistent sur l’importance de la désescalade avec les Etats-Unis.Au final, le président français et le chancelier allemand “ont mis en évidence leur vision commune des négociations”, a affirmé le porte-parole de Friedrich Merz à l’issue de la rencontre.Tous deux “sont d’accord pour se réserver d’autres instruments de politique commerciale si les négociations n’aboutissent pas et sont également prêtes à élaborer de nouvelles mesures”, a-t-il ajouté.- Rendez-vous en août à Toulon -Constat de désaccord franco-allemand, en revanche, sur l’avion de combat du futur (Scaf), un projet phare pour la défense du continent, dont le développement patine, bien que Paris et Berlin veuillent être les moteurs du réarmement de l’Europe.Le groupe aéronautique Dassault, qui représente la France dans ce projet, a fait savoir qu’il doutait de l’avenir et de la viabilité du programme, qui est encore loin de toute phase de prototype.Dassaut réclame un “vrai leader” industriel, plutôt que l’architecture actuelle entre “trois +co-co-co+” partenaires, selon les propos cette semaine de Eric Trappier, le PDG du groupe. Côté allemand, le projet est porté par Airbus via sa branche Defense and Space. Le troisième partenaire est l’Espagne.Friedrich Merz insiste lui sur la nécessité de “respecter les accord conclus” sur le partage des tâches.Le Scaf a pour objectif de remplacer le Rafale en France et Eurofighter en Allemagne et en Espagne à l’horizon de 2040.Pour tenter d’éviter l’échec pur et simple du programme, les deux ministres de la Défense français et allemand ont été chargés “d’évaluer d’ici fin août les perspectives réalistes de poursuite de la coopération au sein du consortium et de soumettre des propositions pour le règlement des conflits existants”, a indiqué la chancellerie.Avec l’idée d’en tirer des conclusions lors du Conseil des ministres franco-allemand qui se déroulera les 28-29 août en France, à Toulon, dont la rade abrite une des deux grandes bases navales françaises.- Axe Berlin-Paris-Londres -Paris et Berlin n’ont pas non plus aplani toutes leurs divergences sur la politique énergétique, un sujet qui les divise de longue date, même si des rapprochements sont esquissés.La France insiste particulièrement sur le concept de “neutralité technologique” pour que le nucléaire fasse l’objet d’un traitement similaire à celui des énergies renouvelables dans la législation européenne. Le classement du nucléaire en énergie “verte” au niveau de l’UE a été par le passé un point de désaccord majeur entre Français et Allemands.En difficulté sur le plan intérieur, où sa coalition est confrontée à ses premières turbulences, le chancelier allemand continue de vouloir renforcer le poids de l’Allemagne sur la scène internationale.Très critique d’une Union européenne freinée par ses règles et ses querelles internes, il mise sur le renforcement d’un axe avec Paris et Londres, où il s’est rendu en juillet – comme Emmanuel Macron – pour faire avancer des initiatives communes.

La loi Duplomb “de toute façon sera promulguée”, dit Genevard

Le texte de la loi Duplomb “de toute façon sera promulgué” malgré une pétition signée par 1,8 million de personnes demandant son abrogation au nom de son impact environnemental, a déclaré mercredi la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.”Il y aura un débat (parlementaire) si la conférence des présidents de l’Assemblée nationale en décide. Et de toute façon le texte sera promulgué. Le président de la République le rappelait ce matin, à l’issue du conseil des ministres, qu’il est dans l’obligation de promulguer la loi”, a déclaré la ministre LR à l’occasion d’un déplacement dans le Val-d’Oise.Près de 1,8 million de citoyens, un record, ont signé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale contre la loi Duplomb, très décriée pour son impact environnemental. Cela pourrait déboucher sur un débat, sans vote, sur cette loi déjà adoptée par le Parlement.”Il n’a pas été question du tout d’une seconde délibération, ce qui me paraîtrait être extrêmement périlleux parce que là, d’abord, ça contreviendrait à ce que les parlementaires eux-mêmes ont voté. Et puis ensuite, on compromet possiblement l’issue d’une loi qui, je le rappelle, vise à lever les entraves qui pèsent sur le métier des agriculteurs”, a dit Mme Genevard.Plusieurs partis de gauche et associations environnementales demandent au président de la République d’exiger une “nouvelle délibération” du texte au Parlement, comme l’y autorise la Constitution.La loi du sénateur Les Républicains Laurent Duplomb, adoptée le 8 juillet, autorise notamment la réintroduction sous condition de l’acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.Ce produit, toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale des producteurs étrangers.”Sur ces 27 États membres (dans l’UE), il y a 26 États membres qui utilisent cette molécule, l’acétamipride. La France ne l’utilisait pas (…) Donc c’est une immense hypocrisie”, a fustigé pour sa part le ministre de l’Intérieur et patron des LR, Bruno Retailleau, qui participait au déplacement dans la région rurale du Vexin.

Un pied à l’Intérieur, un autre à l’extérieur: le “to be or not to be” de Retailleau

Il décrète la fin du macronisme, fustige la “diplomatie des bons sentiments” à l’égard de l’Algérie et entretient la menace de quitter le gouvernement: en enchaînant les déclarations controversées, Bruno Retailleau cherche à se démarquer du camp présidentiel avec 2027 en tête, sans renoncer à Beauvau pour autant.”Il est dans une optique où il ne veut pas apparaître comme membre du socle commun et ça n’aide pas”, déplore un ténor d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, agacé par les polémiques à répétition lancées par le ministre de l’Intérieur, un rival potentiel dans la course à l’Elysée.A la veille d’un entretien prévu jeudi à l’Elysée avec Emmanuel Macron, Bruno Retailleau, dont la popularité s’est érodée ces dernières semaines dans les sondages, s’est même permis de dénigrer “l’impuissance” du +en même temps+, postulat du chef de l’Etat qui revendique d’être à la fois de droite et de gauche.Il n’en fallait pas plus pour excéder les soutiens du président qui n’ont pas manqué de retourner cet argument contre le patron des Républicains. A l’image de la députée EPR Olivia Grégoire qui l’accuse à son tour de faire du +en même temps+, en voulant “être ministre d’un gouvernement ET vouloir être candidat de son parti”.”Je ne vois pas (…) ce que j’ai pu dire de nouveau que je n’aurais pas dit depuis déjà des mois”, s’est justifié le ministre lors d’un déplacement dans le Val d’Oise, estimant que le fait de respecter “à la fois la personne et la fonction présidentielle (..) ne faisait pas de lui un macroniste”.Après avoir qualifié le gouvernement “d’utilité publique”, où “chacun doit pouvoir (…) assumer sa propre différence politique”, il a nié des tensions mercredi avec le président lors du Conseil des ministres, en dépit d’informations de presse en ce sens.       – “Le goût du pouvoir” -Rester ou partir ? C’est le dilemme pour le ministre propulsé sur le devant de la scène depuis son arrivée à Beauvau en octobre dernier et qui entend profiter de cette tribune pour renforcer ses ambitions de porter les couleurs de la droite à la présidentielle.”Vous n’existez que si vous êtes au gouvernement”, observe un cadre de Renaissance pour qui Bruno Retailleau n’a pas vraiment le choix s’il entend se lancer dans la course à l’Elysée: “Il va rester… et se normaliser”, pronostique-t-il. C’est justement cette dilution dans le camp présidentiel que cherche à éviter le ministre de l’Intérieur: “Il a la volonté de continuer à dire ce qu’il pense sur tous les sujets”, prévient l’entourage du Vendéen, rappelant qu’il est entré au gouvernement “pour mener une politique de droite”. Et ce proche d’établir une autre différence, cette fois-ci entre les LR revenus aux affaires avec Michel Barnier l’an dernier et les “débauchés” par le chef de l’Etat avant la dissolution, recrutés “pour mener des politiques macronistes”. Un tacle appuyé contre des ministres comme Gérald Darmanin, Rachida Dati ou Bruno Le Maire.”Il y a une tension qui se voit de plus en plus”, reconnaît cette source, estimant qu’Emmanuel Macron “intervient” sur “tous les sujets” depuis l’arrivée de François Bayrou à Matignon.Et même si le gouvernement Bayrou devait tomber à l’automne sur le budget, le dilemme sur le maintien de Bruno Retailleau au gouvernement persisterait: une nomination du ministre de la Défense Sébastien Lecornu à Matignon “ne déplairait pas à LR qui pourrait mieux travailler avec lui qu’avec le centriste”, confie un cadre LR.C’est d’ailleurs l’opinion du dirigeant d’Horizons qui ne redoute pas une rupture avec LR: “Le bon côté de tout ça, c’est que les LR ont retrouvé le goût du pouvoir et ils n’ont pas envie de le quitter”. Rester au sein de l’exécutif n’est pourtant pas sans risque pour les ambitions élyséennes de Bruno Retailleau, dont le bilan est sans cesse attaqué par le Rassemblement national, qui le présente comme le “ministre de la parole”. Sur l’Algérie, par exemple, le Vendéen entend réitérer jeudi sa demande à Emmanuel Macron d’établir un “bras de fer” pour faire plier Alger, qui refuse d’accueillir les citoyens algériens sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). “L’Algérie, c’est effectivement un bon point de différentiation avec la macronie, mais ce dossier n’est pas forcément une réussite pour lui”, observe le cadre LR,

Des “dignitaires algériens” vont voir leurs conditions de déplacement réduites en France, selon le gouvernement

Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau est “en train” de restreindre les conditions de déplacement en France d’un “certain nombre de dignitaires algériens” après le refus d’Alger de reprendre 120 ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.”Les chiffres dont on dispose indiquent que 120 personnes OQTF, avec leurs papiers donc en règle (pour un retour en Algérie, ndlr), n’ont pas été reprises par les autorités algériennes”, a-t-elle déclaré lors du compte-rendu du Conseil des ministres, sans mention de date.Selon le quotidien Le Figaro, 53 Algériens expulsés ont été renvoyés en France sur la période allant de mars au 22 juillet, dont quatre ces derniers jours alors que Bruno Retailleau appelait de nouveau à durcir le ton vis-à-vis d’Alger.”Il ne vous a pas échappé que le ministre de l’Intérieur était de plus en plus allant pour prendre des dispositions plus fermes vis-à-vis notamment de la diplomatie algérienne”, a relevé Sophie Primas.”C’est ce qu’il est en train de faire, notamment sur un certain nombre de dignitaires algériens pour lesquels les conditions pour se déplacer en France vont être alourdies et plus difficiles”, a-t-elle souligné.”Nous sommes dans un rapport de force également avec l’Algérie sur cette question”, a-t-elle insisté, la France demandant aussi la libération de l’écrivain Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes.Bruno Retailleau s’en est de nouveau pris, dans une interview vendredi au Figaro, aux autorités algériennes, leur reprochant notamment la délivrance de passeports à “des clandestins”, et a alors affirmé son intention d’entraver la circulation des “membres de la nomenclatura” responsables de “dénigrement de la France”. Visant le président Emmanuel Macron, qui le recevra jeudi à l’Elysée, il a aussi affirmé que “la diplomatie des bons sentiments a(vait) échoué” et réclamé un changement de ton vis-à-vis d’Alger.

Loi Duplomb: Macron veut concilier “science” et “juste concurrence”

Emmanuel Macron a dit mercredi qu’il attendrait la décision du Conseil constitutionnel sur la loi Duplomb avant de s’exprimer face à la pétition demandant son abrogation, tout en appelant à concilier “science” et “juste concurrence” en matière environnementale, a rapporté la porte-parole du gouvernement.Lors du Conseil des ministres, le chef de l’Etat a confirmé vouloir “respecter le temps institutionnel” et donc qu’il “attendra les conclusions du Conseil constitutionnel”, qui doit se prononcer d’ici le 10 août, a déclaré Sophie Primas devant la presse.”Il a rappelé que notre action politique, quelle qu’elle soit, y compris sur ces sujets agricoles, doit être notamment guidée par la science et que nous devons en même temps défendre nos agriculteurs” pour faire exercer “une juste concurrence”, a-t-elle ajouté.”Tout ce qui nous désynchronise” rapport aux règles en vigueur dans les autres pays “nous pénalise”, a affirmé Emmanuel Macron, selon elle. “Il est très attentif à ce chemin de crête”, a assuré la porte-parole.Près de 1,8 million de citoyens, un record, ont signé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale contre la loi Duplomb, très décriée pour son impact environnemental. Cela pourrait déboucher sur un débat, sans vote, sur cette loi déjà adoptée par le Parlement.Mais plusieurs partis de gauche et associations environnementales demandent au président de la République d’exiger une “nouvelle délibération” du texte au Parlement, comme l’y autorise la Constitution.La loi du sénateur Les Républicains Laurent Duplomb, adoptée le 8 juillet, autorise notamment la réintroduction sous condition de l’acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe.Ce produit, toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale des producteurs étrangers.

Procès pour corruption: les magistrats répliquent vigoureusement à Dati

Après la violente charge de la ministre de la Culture Rachida Dati contre les magistrats qui ont ordonné qu’elle soit jugée notamment pour corruption, l’indignation gronde dans la profession, le président du tribunal judiciaire de Paris dénonçant “l’opprobre jetée publiquement” sur leur profession.Estimant que l’ex-Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, elle-même magistrate de formation, a “gravement mis en cause des magistrats” lors d’une intervention mardi soir sur le plateau de LCI, Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal judiciaire de Paris depuis quelques jours, a pris la défense des magistrats mis en cause.”Si toute personne peut librement apporter tout élément d’explication utile à l’appui de sa défense, au titre d’une prise de parole assurant le respect de sa présomption d’innocence, l’opprobre jetée publiquement sur des magistrats soumis au devoir de réserve et ne pouvant répondre à ces attaques, jette le discrédit sur l’autorité judiciaire et sape la confiance légitime des citoyens dans la justice”, a souligné le président du premier tribunal judiciaire de France.”Il doit être rappelé que tout justiciable a la possibilité de former un recours contre une décision de justice le concernant”, écrit le président du tribunal dans son communiqué.Mardi soir, Mme Dati avait dénoncé une “procédure émaillée d’incidents” et vilipendé des magistrats qui “marchent” sur les droits de la défense et perpétueraient des “atteintes graves” contre ces derniers.Elle a notamment mis en cause le procureur de la République financier qui, d’après elle, l’aurait assurée de son désaccord avec les charges portées contre elle lorsqu’il l’a “reçue deux heures trente dans son bureau” : “J’ai vu droit dans les yeux M. (Jean-François) Bohnert qui m’a dit que son parquet dysfonctionnait”.Dans un communiqué publié mercredi, M. Bohnert a rejeté les accusations de Mme Dati et réaffirmé son “total soutien” aux magistrats du parquet national financier (PNF).Ce n’est pas la première fois que des personnalités politiques mises en cause par la justice s’en prennent à des magistrats.Début juillet, le président du Rassemblement national Jordan Bardella avait dénoncé un “acharnement” après une perquisition au siège parisien du RN dans le cadre d’une enquête pour financement illicite des campagnes électorales du parti d’extrême droite en 2022 et 2024.- “Très dangereux” -“Transformer le juge en ennemi politique, c’est quand même très dangereux. C’est scier la branche sur laquelle on est tous assis”, a affirmé Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), interrogé par l’AFP.”Cette déclaration publique émanant d’une membre de l’exécutif est une atteinte intolérable à la séparation des pouvoirs et à l’indépendance de la justice”, a estimé de son côté Judith Allenbach, présidente du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), sollicitée par l’AFP.”Les potentielles atteintes aux droits de la défense se contestent par les voies légales et non en jetant le discrédit sur l’autorité judiciaire”, a souligné la magistrate.Mme Dati, 59 ans, sera jugée pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale, le Parlement européen.Elle est soupçonnée d’avoir illégalement fait du lobbying au Parlement européen au tournant des années 2010, en quête de décisions favorables à Renault et Carlos Ghosn, l’ex-patron de Renault-Nissan également mis en cause, et ce contre 900.000 euros.Les magistrats instructeurs estiment dans leur ordonnance signée mardi dont l’AFP a eu connaissance que ce qu’a fait Rachida Dati au Parlement européen “s’apparente à du lobbying”, ce qui “paraît incompatible tant avec son mandat qu’avec la profession d’avocat”.La convention d’honoraires aurait pu servir à masquer cette activité, répondant à des “mécanismes de dissimulation”, soulignent les juges.D’abord placée sous le statut plus favorable de témoin assisté, Mme Dati a été mise en examen en juillet 2021.”Nous allons faire appel dès aujourd’hui de cette décision”, ont déclaré à l’AFP deux des avocats de Mme Dati, Olivier Baratelli et Olivier Pardo, dont l’un des nombreux recours sur la prescription des faits qu’ils allèguent a encore été écarté mi-juillet.

Primas défend la liberté de Retailleau dans un “gouvernement d’assemblage”

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR) a défendu mercredi la liberté de Bruno Retailleau dans “un gouvernement d’assemblage” alors que le ministre de l’Intérieur a provoqué la colère du camp présidentiel en décrétant la fin du macronisme. “Nous (Les Républicains) sommes dans ce gouvernement qui est un gouvernement d’assemblage pour trouver une voie pour diriger la France dans l’année et demie qui vient, qui est une période extrêmement délicate d’un point de vue budgétaire et politique”, a déclaré Mme Primas sur TF1.”Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement” parce qu’il “n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie: il repose essentiellement sur un homme”, avait affirmé le patron des Républicains à l’hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles.”Ce type de prise de parole, ça sert à faire comprendre aux Français que nous sommes dans un cas de figure d’assemblage entre des partis qui veulent faire avancer la France mais que nous avons chacun nos convictions et que nous ne sommes pas un grand tout”, a insisté Mme Primas. Les Républicains sont “respectueux de toutes les formations politiques” mais “nous avons des convictions qui sont différentes”, a ajouté la ministre qui défend régulièrement la “polyphonie” gouvernementale. “Il n’y a rien de nouveau dans cette interview (…) J’ai l’impression que certains s’étonnent que des ministres de droite soient de droite”, a ironisé le secrétaire général des Républicains Othman Nasrou sur Franceinfo.”Nous avons des divergences avec Renaissance qui sont très importantes”, a-t-il insisté en renvoyant la balle vers Gabriel Attal qui a eu “des mots extrêmement durs envers la droite” qui est “presque une maladie honteuse” pour lui.Plusieurs ministres et figures du camp présidentiel ont vivement critiqué la forme et le fond des propos de M. Retailleau, qui doit par ailleurs rencontrer jeudi Emmanuel Macron à propos de leurs vues divergentes sur l’Algérie.”Agir ensemble exige du respect mutuel”, a ainsi répliqué la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne. “Ce sont des mots inutiles, blessants quand on est membre d’une coalition gouvernementale”, a renchéri sa collègue au Travail Astrid Panosyan-Bouvet sur BFMTV/RMC.Plusieurs macronistes ont demandé au ministre de partir s’il n’était pas content. “Si Bruno Retailleau est mal à l’aise avec le président de la République et son mouvement politique, il peut rendre son poste au gouvernement”, a commenté sur X le député Pieyre-Alexandre Anglade. Sur le fond, Mme Borne a maintenu sur X que le macronisme était “une idéologie ET un parti politique”.Pour le ministre aux Affaires européennes Benjamin Haddad, Bruno Retailleau se trompe car “ce que nous avons construit ces dernières années autour d’Emmanuel Macron n’est pas un accident” et répond “à une aspiration profonde des Français”.

Ruffin appelle à une “censure populaire” du gouvernement à la rentrée

Le député François Ruffin souhaite “une censure populaire” du gouvernement dans la rue à la rentrée “avant “la censure parlementaire” et défend son nouveau mouvement comme un “parti travailliste climatique”.”Au cÅ“ur de l’été, on a deux sujets qui agitent profondément le pays les jours fériés (…) et en même temps la loi Duplomb avec une pétition qui va atteindre sans doute les 2 millions de signatures”, a affirmé mercredi sur France inter M. Ruffin qui y voit le signe d’un “dérèglement politique”.”Il y a là un sujet profond, il y a un désaccord avec l’orientation choisie pour notre pays et je souhaite que, avant une censure parlementaire, il y ait une censure populaire”, a ajouté le député de la Somme qui siège au sein du groupe écologiste à l’Assemblée. Avec son nouveau mouvement Debout!, déclinaison nationale de son micro-parti Picardie Debout, François Ruffin, qui ne cache pas son envie de se présenter à la présidentielle, “veut représenter la France du travail, la France des Français qui vont au boulot et la France des Français qui aujourd’hui tiennent le pays debout”. “Notre pays tient profondément par le travail, le travail qui est fait par en bas. Je définis notre parti comme étant un parti travailliste et climatique parce que le changement climatique impose qu’on fasse beaucoup d’efforts et beaucoup de travail dans notre pays”, a-t-il fait valoir.

Le décret autorisant la retraite progressive dès 60 ans publié au JO

Le décret abaissant le droit à la retraite progressive à 60 ans contre 62 ans actuellement a été publié mercredi au Journal officiel avec une entrée en vigueur au 1er septembre.Sont concernés les assurés relevant du régime général, des régimes spéciaux et notamment du régime de la fonction publique de l’Etat, du régime des salariés et non-salariés agricoles et des régimes d’assurance vieillesse des professions libérales et des avocats, précise le décret. Ces dispositions “s’appliqueront aux pensions prenant effet à compter du 1er septembre 2025″, peut-on lire. Cette mesure est issue d’une série d’accords signés à l’automne 2024 entre le Medef, côté patronal, la CFDT et la CFTC, côté syndicats, dont l’un portait sur l’emploi des seniors et prévoyait notamment de favoriser les retraites progressives, peu répandues. Ce dispositif, qui devient donc accessible à partir de 60 ans, permet aux salariés de bénéficier d’une fraction de leur retraite tout en exerçant une activité professionnelle réduite, afin de continuer à améliorer leurs droits à la retraite. Pour en profiter, le salarié devra avoir cotisé pour la retraite pendant au moins 150 trimestres.”La fin de carrière ne doit plus être angoissante et strictement binaire – temps plein ou rien – mais au contraire s’adapter aux envies et besoins de chacun tout en favorisant le maintien dans l’emploi le plus longtemps possible”, a estimé auprès de l’AFP la ministre chargée du Travail et de l’Emploi Astrid Panosyan-Bouvet. “L’abaissement à 60 ans de l’âge d’accès à la retraite progressive constitue une avancée majeure en ce sens”, a-t-elle ajouté. 

Retailleau décrète la fin du macronisme et provoque la colère du camp présidentiel

En décrétant la fin du macronisme qui “alimente l’impuissance”, le patron des Républicains et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui doit être reçu jeudi par Emmanuel Macron, a hérissé mardi tout le camp présidentiel.”Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement” parce qu’il “n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie : il repose essentiellement sur un homme”, a affirmé Bruno Retailleau à l’hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs Actuelles.”Je ne crois pas au +en même temps+”, postulat d’Emmanuel Macron qui revendique d’être à la fois de droite et de gauche, “car il alimente l’impuissance”, ajoute le président de LR, dans un entretien mis en ligne mardi. Le ministre, qui doit rencontrer jeudi à l’Elysée le président de la République, redit que sa présence dans la coalition gouvernementale de la droite et du centre “n’est pas une adhésion au macronisme”, mais est animée par “l’intérêt général” et son refus que “la gauche mélenchonisée (accède) au pouvoir”. Au nom d’une “droite utile, mais pas docile”, il explique participer au gouvernement de François Bayrou non pas “pour faire de la figuration” mais “pour peser de tout le poids de (ses) convictions de droite”.La France insoumise est “la pire menace politique” par rapport au Rassemblement national, estime le ministre qui se rapproche souvent des propositions régaliennes du RN. Il appelle par conséquent à “assumer un cordon sanitaire” aux élections municipales de mars 2026 contre le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et estime que la droite devra être “au coeur d’un bataillon de choc le plus élargi possible”. “Nous ne pourrons pas gagner seuls”, affirme-t-il sans dire s’il veut s’allier avec le RN.- “Diviser” -Emmanuel Macron avait rappelé à l’ordre François Bayrou mais aussi Bruno Retailleau début juillet quand ce dernier s’était prononcé pour la fin des aides aux énergies renouvelables, provoquant la colère de sa collègue Renaissance de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Les ministres “doivent s’occuper des politiques qu’ils conduisent”, avait affirmé le chef de l’Etat, en appelant le Premier ministre à “discipliner la parole” de son gouvernement.Une recommandation qui pas vraiment entendue mardi soir, au regard de la levée de boucliers suscitée.La ministre Renaissance de l’Education Elisabeth Borne a accusé en retour le patron de la place Beauvau, sur le réseau X, de “tenter de diviser le socle commun” et ainsi d'”affaiblir les remparts contre les extrêmes”. “Agir ensemble exige du respect mutuel”, a ajouté l’ex-Première ministre, en affirmant que le macronisme était “une idéologie ET un parti politique”.Mme Pannier-Runacher est elle aussi montée au créneau pour défendre “le macronisme”, “choix de l’action face au populisme, du rassemblement face à la division. C’est ce qui a tenu le pays debout pendant les crises”, a-t-elle insisté.Le parti Renaissance a jugé sur le même réseau social “inacceptables” les propos de M. Retailleau pourtant ministre d’un “gouvernement de coalition”, ce qui confère aux yeux du mouvement “une responsabilité particulièrement lourde qui ne tolère ni les provocations, ni les petits calculs politiques”. “Le temps passé à diviser et à déclencher ces polémiques est du temps perdu pour l’action au service des Français”, insiste le mouvement présidentiel.”Le macronisme ne s’arrêtera pas. Ni aujourd’hui, ni dans 2 ans, ni après. (…) Personne ne l’effacera. Et il nous appartient de le porter et revendiquer avec Renaissance”, désormais dirigé par l’ex Premier ministre Gabriel Attal, a réagi aussi Aurore Bergé, une fidèle d’Emmanuel Macron, qui est aussi ministre de l’Egalité entre les hommes et les femmes.”Le macronisme est un projet politique dans lequel se sont reconnus et se reconnaissent encore de nombreux Français. Le manque de respect n’est pas la meilleure manière de bâtir un projet rassembleur pour le pays”, s’est insurgé également le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, un proche du chef de l’Etat.