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Budget, social: le gouvernement ouvre le dialogue, pas de “tabou” de Bayrou sur les retraites

Les partenaires sociaux à Matignon, les groupes parlementaires chez les ministres en charge du budget de l’État et de la Sécurité sociale: le gouvernement a affiché sa volonté de dialogue en démarrant une série de rendez-vous, le Premier ministre affirmant être “sans tabou” sur les retraites.A la numéro un de la CFDT Marylise Léon, reçue en fin d’après-midi, François Bayrou a assuré n’avoir “aucun tabou” sur tous les sujets liés aux retraites”, “y compris sur l’âge légal”, selon la responsable syndicale.Pour le premier syndicat, ce sujet “doit être rouvert avec tout ce qui peut être possible et imaginable en matière de financement”.Reçu avant elle, le président du Medef Patrick Martin a lui dit vouloir élargir la discussion sur les retraites au “financement de la protection sociale” par de la “capitalisation” ou de la “fiscalité”.Le président de la CPME François Asselin a souligné qu’il ne fallait pas “faire miroiter aux Français des promesses qu’on ne pourra jamais tenir”, faute de financement, et suggéré de concentrer les améliorations sur les métiers engendrant de l’usure professionnelle.Les rencontres avec les autres organisations se poursuivront jusqu’à lundi, à la veille du discours de politique générale du Premier ministre devant l’Assemblée nationale.Matignon avait indiqué que les échanges porteraient sur “l’actualité sociale” y compris “ce que le Premier ministre a mis sur la table” sur les retraites, mais ni Marylise Léon ni Patrick Martin n’ont apporté de précision sur ses intentions.François Bayrou avait proposé en décembre aux forces politiques de rouvrir une discussion, pendant neuf mois, sur la réforme controversée des retraites de 2023, sans la suspendre. Il avait affirmé croire qu’il pouvait y avoir une autre solution pour leur financement que le report de l’âge de 62 à 64 ans, évoquant un système “à points”.- “Méthode horizontale” -En prônant, selon Matignon, sa “méthode très horizontale”, il semble inscrire ses pas dans ceux de son prédécesseur, en matière de dialogue social. Mme Léon a estimé qu’il a fait preuve d’un “niveau d’écoute semblable” à Michel Barnier. Le maintien à son poste de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, désormais sous la tutelle de Catherine Vautrin, accrédite l’idée d’une continuité.De quoi quelque peu rassurer des partenaires sociaux qui, unanimes à l’exception de la CGT, avaient alerté le 17 décembre sur “l’instabilité dans laquelle a basculé notre pays”, qui fait “peser le risque d’une crise économique aux conséquences sociales dramatiques”.Éviter “l’instabilité” et le spectre d’une nouvelle censure, c’est l’objectif des rencontres entre les ministres en charge du budget de l’État et de la Sécurité sociale et les groupes parlementaires.Les socialistes, qui ont agité la menace d’une censure s’ils n’obtenaient pas des “concessions remarquables” du gouvernement, ont été reçu pendant deux heures par cinq ministres.A l’issue, le chef du groupe socialiste à l’Assemblée nationale Boris Vallaud a émis le souhait de pouvoir “construire la stabilité, dans la justice, avec des mesures utiles à la vie quotidienne des Français”.Son homologue au Sénat Patrick Kanner a toutefois ajouté qu’il “n’y aura(it) pas de stabilité avec les politiques publiques menées jusqu’à maintenant”, réclamant “des infléchissements”.- “Dialogue fécond”? -Avant de rencontrer les socialistes, le ministre de l’Economie Éric Lombard avait jugé qu’il y avait “plus de perspectives d’un dialogue fécond” avec les partis de gauche qu’avec le Rassemblement national, s’attirant les foudres de Marine Le Pen.Méthode, calendrier, mesures de fond: la ministre de la Santé et du Travail Catherine Vautrin a promis d'”examiner ensemble les points essentiels du texte de projet de loi de financement de la Sécurité sociale tel qu’il a été discuté par le Parlement à l’automne”.Début décembre, le gouvernement Barnier était tombé après l’adoption d’une motion de censure déposée par la gauche après déclenchement par le Premier ministre de l’article 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.”Nous, on repart des dernières propositions qu’on avait faites sur le PLFSS au moment de la commission mixte paritaire (CMP)”, a averti le député PS Jérôme Guedj auprès de l’AFP.”La sécurité sociale a un problème essentiellement de recettes. On a décidé d’une dépense nécessaire, l’augmentation de la rémunération des soignants, sans dégager de ressources pour financer cette dépense nouvelle. Aujourd’hui ça coute 14 milliards, le Ségur. Donc, c’est d’une conférence de financement de la sécu dont on a besoin, avec des recettes nouvelles”, selon l’élu de l’Essonne.grd-are-eva-boc-lby/alu/od/gvy

Décès de Le Pen: rassemblements d’opposants à travers la France

Plusieurs centaines d’opposants à Jean-Marie Le Pen se sont rassemblés mardi soir dans plusieurs villes de France pour célébrer, avec chants, fumigènes et feux d’artifice, le décès de cette figure historique de l’extrême droite.”Ce sale raciste est mort”, disait à Paris une pancarte brandie dans la foule de quelques centaines de personnes qui s’est formée en début de soirée place de la République, et où flottaient quelques drapeaux du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).”La jeunesse emmerde le Front national”, scandaient des participants dont certains étaient montés sur la statue centrale, alors que d’autres lançaient des slogans antifascistes, ont constaté des journalistes de l’AFP.Là comme à Lyon, quelques feux d’artifice ont été tirés.”Rien, absolument rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre. La mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité. Ces scènes de liesse sont tout simplement honteuses”, a commenté le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur X. A Lyon, jusqu’à 600 personnes, selon la préfecture, se sont réunies dans le centre-ville. Le rassemblement a eu lieu à l’initiative de l’ultragauche afin de “faire la fête” après la mort de Jean-Marie Le Pen, comme le dit l’appel lancé sur le compte Rebellyon sur X.Plusieurs tags injurieux ont été laissés sur les murs de la ville, notamment “Mort au con” et “Le Pen, tu dois cramer pour rentrer dans l’urne”.A Marseille, où entre 200 à 300 personnes se sont retrouvées sur le Vieux Port selon des journalistes de l’AFP sur place, l’ambiance était aussi festive, entre bouteilles de champagne, petits chapeaux de fête et cette pancarte: “Enfin”.”C’est la mort d’un personnage qu’on déteste, parce qu’il était misogyne, raciste, négationniste, antisémite et tout ça. Il faut célébrer quand les personnages aussi haineux meurent”, a expliqué à l’AFP Louise Delporte, une étudiante en sciences politiques de 20 ans.”C’est un symbole qui meurt et c’est vraiment bien de le savoir. Un symbole d’une extrême droite qui n’a plus aucun sens aujourd’hui. Malheureusement, elle existe encore et il faut rappeler qu’elle ne doit pas être vivante”, s’est de son côté réjoui Vivien Perez, un jeune musicien de 24 ans.Jean-Marie Le Pen, figure de l’extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, est mort mardi à l’âge de 96 ans en région parisienne, dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.Des manifestations monstres avaient été organisées à travers la France au printemps 2002 contre sa qualification au second tour de l’élection présidentielle qui l’avait opposé à Jacques Chirac.vid-epe-mla-vk-alc-al/bfa/gvy

Le Pen, un “visionnaire” pour le RN, un “être abject” pour la gauche, une “figure historique” pour l’exécutif

Un “visionnaire” et un “patriote” pour l’extrême droite, un “être abject, raciste et antisémite pour la gauche”, une “figure historique” pour l’exécutif, les réactions sont contrastées à la mort de Jean-Marie Le Pen. Le RN salue un “visionnaire” et un “patriote”L’extrême droite ne marque aucune distance avec le fondateur du Front national dans ses hommages.Jean-Marie Le Pen “a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté”, dans “l’armée française en Indochine et en Algérie”, ou en tant que “tribun du peuple”, a déclaré le président du Rassemblement national (ex-FN) Jordan Bardella.Son vice-président Sébastien Chenu a déploré la “disparition d’un immense patriote, visionnaire et d’une incarnation du courage” qui “a porté l’espoir de millions de Français”.Le parti a salué son fondateur qui “restera celui qui, dans les tempêtes, tint entre ses mains la petite flamme vacillante de la nation française et qui, par une volonté et une ténacité sans limite, fit du mouvement national une famille politique autonome, puissante et libre”.”Pars tranquille, je n’abandonnerai pas la mission”, a salué de son côté sa petite-fille Marion Maréchal. “Tu as suscité, tout au long de ta vie, des centaines de milliers de vocations. Tu as permis, longtemps seul contre tous, que des millions de Français soient de nouveau fiers d’eux-mêmes et de leur pays. Merci pour tout cela”, a ajouté l’eurodéputée, nièce de Marine Le Pen.Éric Zemmour (Reconquête) retient qu’il “fut parmi les premiers à alerter la France des menaces existentielles qui la guettaient”.”Au delà des polémiques, il aura marqué son temps par la force et la constance de ses convictions nationales”, a renchéri Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France).Éric Ciotti, qui s’est allié au RN lors des dernières législatives, a salué un “homme politique au parcours jalonné de zones d’ombres, mais aussi de courage, d’intuitions puissantes et de patriotisme sincère”. Seul à prendre ses distances, le maire de Béziers Robert Ménard estime que Jean-Marie Le Pen “tenait des propos inacceptables, insupportables”.L’exécutif évoque “une figure de la vie politique”Jean-Marie Le Pen, était une “figure historique de l’extrême droite” dont le “rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans (…) relève désormais du jugement de l’Histoire”, a ainsi écrit l’Élysée.Pour le Premier ministre François Bayrou, Jean-Marie Le Pen “aura été une figure de la vie politique française”, au-delà “des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond”.Jean-Marie Le Pen “aura incontestablement marqué son époque”, a relevé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, estimant qu’une “page de l’histoire politique française se tourne”.Pour la gauche, “le combat continue” contre les “idées racistes”La gauche s’indigne des hommages rendus à un “raciste”, un “antisémite” et un “tortionnaire”. “Le respect de la dignité des morts et du chagrin de leurs proches n’efface pas le droit de juger leurs actes. Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables. Le combat contre l’homme est fini. Celui contre la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme qu’il a répandus, continue”, a écrit le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.”Il est légitime de respecter le deuil de la famille de Jean Marie Le Pen. En revanche, il n’y a aucune bienveillance à accorder au passé d’un homme qui a torturé en Algérie et qui pensait que les chambres à gaz étaient un détail de l’histoire”, a réagi le premier secrétaire du PS Olivier Faure. “Hier, aujourd’hui et demain, nous ferons face aux idées de l’extrême droite”.”Les amis de Vichy et la torture en Algérie. Le FN fondé avec des Waffen SS, les +Durafour crématoire+ et les +points de détail de l’histoire+. Un fasciste d’un autre temps s’en est allé. Mais laisse derrière lui des héritiers, très actuels”, a relevé de son côté le député François Ruffin.Après la mort de l’ex-président du Front National, “restent ses idées nauséabondes. Combattons-les, sans relâche”, écrit le porte-parole du PCF Ian Brossat.Pour Philippe Poutou (NPA), “l’année 2025 ne commence pas trop mal avec cette bonne nouvelle de la mort de Le Pen, un raciste, un colonialiste, un facho, un tortionnaire, un assassin, un homophobe, …”

Décès de Le Pen: plusieurs rassemblements d’opposants à travers la France

Plusieurs centaines d’opposants à Jean-Marie Le Pen se sont rassemblés mardi soir dans plusieurs villes de France pour célébrer, avec chants, fumigènes et feux d’artifice, le décès de cette figure historique de l’extrême droite.”Ce sale raciste est mort”, disait à Paris une pancarte brandie dans la foule de quelques centaines de personnes qui s’est formée en début de soirée place de la République, et où flottaient quelques drapeaux du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).”La jeunesse emmerde le Front national”, scandaient des participants dont certains étaient montés sur la statue centrale, alors que d’autres lançaient des slogans antifascistes, ont constaté des journalistes de l’AFP.Là comme à Lyon, quelques feux d’artifice ont été tirés.”Rien, absolument rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre. La mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité. Ces scènes de liesse sont tout simplement honteuses”, a commenté le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur X. A Lyon, quelque 200 à 300 personnes se sont réunies vers 19H00 dans le centre-ville, a constaté un journaliste de l’AFP, à l’appel de l’ultragauche, afin de “faire la fête” après la mort de Jean-Marie Le Pen, comme le dit l’appel lancé sur le compte Rebellyon, sur X.A Marseille, où entre 200 à 300 personnes se sont retrouvées sur le Vieux Port selon des journalistes de l’AFP sur place, l’ambiance était aussi festive, entre bouteilles de champagne, petits chapeaux de fête et cette pancarte: “Enfin”.”C’est la mort d’un personnage qu’on déteste, parce qu’il était misogyne, raciste, négationniste, antisémite et tout ça. Il faut célébrer quand les personnages aussi haineux meurent”, a expliqué à l’AFP Louise Delporte, une étudiante en sciences politiques de 20 ans.”C’est un symbole qui meurt et c’est vraiment bien de le savoir. Un symbole d’une extrême droite qui n’a plus aucun sens aujourd’hui. Malheureusement, elle existe encore et il faut rappeler qu’elle ne doit pas être vivante”, s’est de son côté réjoui Vivien Perez, un jeune musicien de 24 ans.Jean-Marie Le Pen, figure de l’extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, est mort mardi à l’âge de 96 ans en région parisienne, dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.Des manifestations monstres avaient été organisées à travers la France au printemps 2002 contre sa qualification au second tour de l’élection présidentielle qui l’avait opposé à Jacques Chirac.vid-epe-mla-vk-alc-al/bfa/gvy

Le conjoint de la ministre des Sports continuera de commenter le rugby sur France TV

France Télévisions et le présentateur sportif Cédric Beaudou ont trouvé un accord pour que ce dernier continue de commenter le rugby à l’antenne, en évitant tout conflit d’intérêt éventuel avec sa conjointe, la nouvelle ministre des Sports Marie Barsacq.”D’un commun accord avec Cédric Beaudou, ce dernier restera à l’antenne et continuera de commenter le rugby. En revanche, il ne traitera pas de l’actualité politique et / ou activités du ministère des Sports. Il n’interviewera pas la ministre ni des représentants du ministère”, a indiqué le groupe public à l’AFP, confirmant une information de L’Equipe.Plusieurs journalistes, compagnes de responsables politiques pour la plupart, se sont mis en retrait ces dernières années du fait du mandat de leur conjoint ou le temps d’une campagne électorale.Au printemps dernier, France Inter avait décidé d’un commun accord une mise en retrait, le temps des élections européennes, de Léa Salamé, du fait de sa relation avec Raphaël Glucksmann, tête de liste de gauche.En janvier dernier, la cheffe du service politique du Monde, Ivanne Trippenbach, avait annoncé quitter cette fonction et changer de service à la suite de réactions suscitées par le fait que son conjoint soit un conseiller du Premier ministre d’alors, Gabriel Attal.En 2019, Isabelle Saporta avait démissionné de son poste de chroniqueuse à RTL après la révélation publique de sa relation avec l’écologiste Yannick Jadot et Franck Ballanger (Radio France) avait arrêté de couvrir l’actualité sportive après la nomination de sa compagne, Roxana Maracineanu, comme ministre des Sports.Des années auparavant, des journalistes comme Audrey Pulvar (alors en couple avec Arnaud Montebourg), Marie Drucker (avec François Baroin), Béatrice Schönberg (mariée à Jean-Louis Borloo) ou Anne Sinclair (alors épouse de Dominique Strauss-Kahn) ont dû mettre leur carrière, au moins en partie, entre parenthèses, du fait des activités politiques de leur conjoint.

Le Pen et l’ “Establishment” politique: 30 ans de relations tumultueuses

L’irruption de Jean-Marie Le Pen à partir des années 80 a longtemps déboussolé la classe politique française, partagée à droite entre tentation de l’alliance et cordon sanitaire, alors que le président socialiste François Mitterrand y a vu l’occasion de fracturer le camp de ses adversaires.”Avoir quatre pèlerins du FN (au conseil municipal de) Dreux”? “Cela n’a aucune espèce d’importance”. En septembre 1983, Jacques Chirac, patron du RPR, n’a rien à redire quant à l’alliance de la liste de son parti gaulliste avec celle du Front national dans l’entre-deux-tours d’une municipale partielle dans cette sous-préfecture d’Eure-et-Loire, où le petit parti d’extrême droite a créé la surprise quelques jours plus tôt en recueillant 16,72% des suffrages.A peine Simone Veil et Jacques Toubon avaient-ils été entendus en protestant contre un accord avec ces défenseurs de Pétain, et dont le chef, Jean-Marie Le Pen, qui ambitionne de réunir toutes les chapelles de l’extrême droite, n’est même pas parvenu à réunir les 500 signatures nécessaires pour se présenter à la présidentielle deux ans plus tôt.Mais ce qui apparaît pour beaucoup comme un épiphénomène provincial se révèle rapidement l’acte fondateur d’une épopée nationale.A l’Elysée, le socialiste François Mitterrand, qui accuse une inquiétante érosion de sa popularité depuis le “tournant de la rigueur” décidé six mois plus tôt, y voit immédiatement l’opportunité de diviser la droite.Car l’ancien député et ministre de la Quatrième République se rappelle de l’éloquence tribunitienne du benjamin de l’Assemblée nationale élu en 1956. Il lui offre, sur ordre passé aux dirigeants de la télévision publique, une invitation à la plus grande émission politique de l’époque: L’Heure de vérité, sur Antenne 2, promesse de plus de 10 millions de téléspectateurs.En février 1984, devant les caméras, l’interview se transforme en show: Jean-Marie Le Pen se lève et décrète une “minute de silence” en mémoire des victimes des goulags communistes, manière d’esquiver les questions quant à son rapport avec la Collaboration.Quatre mois plus tard, la liste Front national qu’il dirige pour les élections européennes recueille 10,95% des voix. A peine 50.000 suffrages de moins que le PCF.- Antiracisme -En 1986, afin d’atténuer la défaite annoncée du PS et de ses alliés aux élections législatives, François Mitterrand décide de faire élire les députés à la proportionnelle départementalisée. Encore une aubaine, pour le FN, que le système majoritaire à deux tours privait de tout espoir de victoire: au soir du 16 mars, Jean-Marie Le Pen et trente-quatre des siens entrent dans l’hémicycle.L’ascension du “diable de la République” accompagne en miroir la mue du PS, défait de ses idéaux de contestation de l’économie de marché, et dont le programme s’articule désormais principalement autour de l’antiracisme.Le nouveau Premier ministre, Jacques Chirac, regarde pour sa part avec méfiance ces trublions aussi radicaux que provocateurs, d’autant que, fort d’une majorité RPR-UDF absolue, il n’a pas besoin de leur soutien pour gouverner.Ce qui n’empêchera pas le maire de Paris de se faire immortaliser à l’été 1987 sur un cliché en train de serrer la main à Jean-Marie Le Pen, opportunément rencontré en maillot de bain sur une plage du Cap-d’Antibes (Alpes-Maritimes).La rencontre doit en appeler une autre, l’année suivante, lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle qui oppose le sortant Mitterrand au chef du gouvernement Chirac. Au premier tour Jean-Marie Le Pen a recueilli 14,39%, autant de voix nécessaires pour laisser espérer le gaulliste de renverser le match.Le rendez-vous n’a finalement débouché sur aucun accord, ni consigne de vote. – Un adversaire nommé Tapie -Mitterrand réélu, la droite se fixe alors une nouvelle ligne: le “cordon sanitaire” avec l’extrême droite, devenue d’autant plus infréquentable que Le Pen a commencé une série de saillies racistes et antisémites, comparant la Shoah à un “détail de l’Histoire” ou osant un jeu de mots avec le ministre Michel Durafour… “crématoire!”.Reste que le “système”, l'”Establishment” ou “la bande des quatre” (PS, PCF, RPR, UDF), tel qu’aime à les qualifier Jean-Marie Le Pen, semble désemparé face à l’irrésistible ascension électorale du Front national.Bernard Tapie, étiqueté mitterrandiste, surprend en apparaissant vainqueur d’un fameux débat télévisé consacré à l’immigration face au “menhir” en 1989.Aux régionales de 1992, le patron de l’OM, candidat en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, tente la diabolisation ultime: “Arrêtons de dire que Le Pen est un salaud mais que ses électeurs doivent être compris, qu’ils ont des problèmes difficiles. Si l’on juge que Le Pen est un salaud, alors ceux qui votent pour lui sont aussi des salauds.”Suffisant pour sauver l’honneur de la gauche (22,41%), mais pas pour dépasser la liste Le Pen, qui recueille 20.000 voix de plus.- Privé de débat en 2002 -Ce sont d’autres élections régionales, six ans plus tard, qui provoquent un séisme politique, alors que dans une dizaine de collectivités, les majorités à l’issue du scrutin ne sont que relatives. Si, en Franche-Comté et en Midi-Pyrénées, les candidats de droite élus à la tête de leur région malgré eux grâce aux voix des conseillers régionaux FN démissionnent dans la foulée, il en va autrement dans quatre autres régions.L’alliance de fait, condamnée par Jacques Chirac, fracture d’autant plus la droite que les sondages montrent une volonté croissante de ses électeurs de nouer des accords avec le parti de Jean-Marie Le Pen.Ce dernier tient son ultime revanche en 2002. Il se qualifie au second tour de la présidentielle. Jacques Chirac, piqué au vif, se veut intraitable: “J’appelle les Françaises et les Français à choisir massivement l’idéal républicain contre l’extrême droite” qui “divise, trie et rejette”, lance-t-il lors d’un meeting à quelques jours de l’échéance.Et le président sortant refuse à Jean-Marie Le Pen ce dont il a toujours rêvé: un débat d’entre-deux-tours télévisé, manière de nouer définitivement le cordon sanitaire contre l’extrême droite. Vingt ans plus tard, le lepénisme entend plus que jamais en finir avec cette diabolisation.

Mayotte: un projet de loi de reconstruction pour déroger “pendant deux ans” aux règles d’urbanisme

Le projet de loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte présenté mercredi en Conseil des ministres permettra de déroger aux règles d’urbanisme “pendant deux ans”, a appris l’AFP mardi auprès de Matignon.Ce texte doit être complété par un autre projet de “loi programme” pour les mesures de plus long terme, qui sera élaboré dans les trois mois à venir, pour aider l’archipel ultramarin à se relever après le passage dévastateur du cyclone Chido.Le texte de mercredi vise à déroger “pendant deux ans” aux règles d’urbanisme et des marchés publics, pour faciliter la reconstruction des écoles mais aussi des infrastructures et des logements. Pour les écoles, l’État pourra “se substituer” aux collectivités locales pendant trois ans, jusqu’au 31 décembre 2027.Le projet de loi portera aussi sur la création d’un établissement public, sur le modèle de celui créé pour la reconstruction de Notre-Dame, qui “va absorber” l’établissement public existant Efpam. Une personnalité doit être nommée à sa tête.Sur le foncier, alors que beaucoup de parcelles à Mayotte ne sont pas identifiées, le texte prévoit de pouvoir exproprier avant que le propriétaire puisse être identifié, et de l’indemniser au besoin a posteriori.Le texte contiendra aussi plusieurs mesures économiques qui resteront en vigueur “jusqu’à fin mars 2025”, comme la suspension du recouvrement des cotisations sociales des travailleurs indépendants, la prolongation des droits des assurés sociaux et des chômeurs, l’augmentation de la prise en charge au titre du chômage partiel, ou la défiscalisation des dons à hauteur de 75%.Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a confirmé en outre sur BFMTV le lancement d’un recensement de la population à Mayotte “avec l’Insee et les maires”, estimant que l’archipel compte “sans doute” 500.000 habitants au lieu des 320.000 officiels, en raison de l’immigration irrégulière, en provenance surtout des Comores voisines.Le projet de “loi programme” contiendra lui des mesures ayant trait à “la sécurité, à l’immigration et au développement économique”, a précisé le ministre.Il a aussi évoqué des mesures contre le “trafic” des reconnaissances de paternité, et un possible “durcissement” du droit du sol, déjà restreint à Mayotte, comme l’allongement de la durée de résidence régulière des parents pour que leurs enfants accèdent à la nationalité française. 

“Aucun tabou” de François Bayrou sur les retraites, selon Marylise Léon

François Bayrou n’a “aucun tabou” sur l’ensemble des sujets liés aux retraites, “y compris l’âge légal” de départ, a assuré mardi la numéro un de la CFDT Marylise Léon à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre.”Le Premier ministre nous a confirmé qu’il n’y aurait aucun tabou et que tous les sujets, tous les dossiers, toutes les thématiques afférentes aux retraites, y compris l’âge légal, étaient sur la table”, a déclaré la secrétaire générale du premier syndicat français, qui a répété que le recul de l’âge de départ à 64 ans, acté dans la réforme de 2023, était une mesure “totalement injuste”.”Le sujet doit être rouvert avec tout ce qui peut être possible et imaginable en matière de financement” et “la CFDT pose en incontournable à ces discussions d’ouvrir le sujet de la reconnaissance de la pénibilité”, a-t-elle détaillé.La dirigeante syndicale était reçue dans le cadre des rendez-vous du locataire de Matignon avec les partenaires sociaux et les groupes parlementaires avant son discours de politique générale prévu le 14 janvier.Concernant le financement de la protection sociale, Marylise Léon a estimé qu’il fallait regarder “les recettes moindres de la part des entreprises” en raison des “exonérations de cotisations” dont elles bénéficient.Dans la matinée, le président du Medef Patrick Martin avait lui jugé après son entretien avec le chef du gouvernement qu’il fallait élargir la discussion envisagée sur les retraites au “financement de la protection sociale” par de la “capitalisation” ou de la “fiscalité”.François Bayrou a fait selon la dirigeante syndicale preuve d’un “niveau d’écoute semblable” à celui de son prédécesseur Michel Barnier et il a “conscience d’un climat politique et démocratique très dégradé”.Concernant les mesures à prendre pour protéger l’emploi alors que les licenciements se multiplient dans les entreprises, Marylise Léon a dit espérer “un rendez-vous rapide avec la ministre en charge de ce dossier”, Astrid Panosyan-Bouvet.Selon un dossier distribué à la presse, la CFDT demande notamment au gouvernement de “renouveler le dispositif d’activité partielle de longue durée” activé pendant la pandémie, de créer des droits à la reconversion des salariés, ainsi qu’une révision de la loi Florange pour suspendre les fermetures de sites tant que tous les efforts nécessaires pour trouver un repreneur n’ont pas été entrepris.

Retraites: le Medef veut parler financement par “capitalisation” ou “fiscalité”

Le président du Medef Patrick Martin a souhaité mardi, après un entretien avec le Premier ministre François Bayrou, élargir la discussion envisagée sur les retraites au “financement de la protection sociale” par de la “capitalisation” ou de la “fiscalité”.”Saisissons cette opportunité (d’une discussion sur les retraites, NDLR) pour aller très au-delà d’un simple rafistolage avec le Premier ministre, a déclaré M. Martin, qui veut “poser beaucoup plus fondamentalement le sujet du niveau et du financement de [la] protection sociale, pas seulement des retraites”.”A partir de là, nous proposerions aux autres partenaires sociaux (…) que nous nous interrogions, par exemple, sur les régimes de retraite par capitalisation, le transfert d’une partie du coût de la protection sociale vers la fiscalité, la CSG, la TVA sociale”, a-t-il ajouté, en admettant avoir “compris” que “l’option de la TVA sociale était exclue à ce stade” par le gouvernement.M. Bayrou a proposé aux forces politiques de rouvrir une discussion, pendant neuf mois, sur la réforme controversée des retraites de 2023, sans la suspendre. Il a affirmé croire qu’il pouvait y avoir une autre solution pour leur financement que le report de 62 à 64 ans de l’âge de départ à la retraite, évoquant un système “à points”.”Il faut un PLF (projet de loi de finances, NDLR), il faut un PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) en naviguant entre des écueils qui sont assez rapprochés” pour “apporter au pays de la stabilité, de la visibilité” et “autant que possible de la confiance”, a plaidé M. Martin. Il s’est dit dans ce cadre “prêt à (…) une discussion sur l’aménagement de la dernière réforme des retraites” moyennant certaines “réserves”. “Il ne faut pas que (les entreprises) soient assommées d’impôts” ou de “charges sociales”, a-t-il dit. “Ces travaux ne doivent pas édulcorer le rendement financier de cette réforme” et “il ne faut pas que ça se traduise par un alourdissement du coût du travail” pour les entreprises, a-t-il développé.Le Medef a indiqué à l’AFP que M. Martin avait également “réaffirmé à François Bayrou qu’il n’y avait aucun accord du Medef sur une surtaxe de l’impôt sur les sociétés (dans le projet de loi de finances qui sera prochainement rediscuté au Parlement, NDLR), contrairement à ce qu’a annoncé Eric Lombard”, le ministre de l’Économie et des Finances, sur France Inter lundi.M. Lombard avait indiqué que les services de Bercy étudiaient les moyens techniques de réintégrer dans le nouveau PLF cette surtaxe prévue dans la version du gouvernement Barnier, appliquée aux seules grandes entreprises et censée rapporter huit milliards d’euros.A l’époque, avait rappelé le ministre, “ce mécanisme a été discuté avec les entreprises, notamment le Medef, et accepté comme un geste de solidarité”. “J’ai eu le président du Medef entre Noël et le jour de l’An, cet accord demeure”, avait assuré M. Lombard sur France Inter.Le Medef a démenti un tel accord auprès de l’AFP, rappelant que M. Martin, après avoir initialement consenti à un “effort de guerre” des grandes entreprises, sous conditions, avait déjà jugé que ces conditions n’étaient pas remplies, dans une interview au Parisien mi-novembre.Il avait qualifié alors le PLF de “récessif”, prévoyant trop de hausses d’impôts et pas assez de baisses de dépenses structurelles de l’Etat.

Macron sur Sansal, une “immixtion inacceptable dans une affaire intérieure”, selon Alger

Alger a rejeté mardi comme “une immixtion inacceptable dans une affaire interne algérienne” des déclarations du président français Emmanuel Macron sur l’Algérie, dans lesquelles il affirmait que ce pays “se déshonore” en maintenant en prison l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.”Des propos du président français qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère. Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés pour ce qu’ils sont, une immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne”, a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.”Ce que le président français présente indûment et faussement comme une affaire de liberté d’expression n’en est pas une au regard de la loi d’un Etat souverain et indépendant. Elle relève essentiellement d’une mise en cause de l’intégrité territoriale du pays, un délit punissable par la loi algérienne”, a ajouté le ministère algérien dans son communiqué.Lundi, Emmanuel Macron avait appelé Alger à la libération de M. Sansal.”L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est”, avait-t-il dit devant les ambassadeurs français réunis à l’Elysée.”Je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal”, avait-il ajouté. Ce “combattant de la liberté” est “détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens”, selon M. Macron.Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’Etat, après son interpellation à son arrivée à l’aéroport d’Alger, et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.L’auteur de “2084: la fin du monde”, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal, qui sanctionne “comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions”.