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Programmation énergétique: un moratoire sur l’éolien et le solaire fait dérailler l’examen à l’Assemblée

Les députés ont achevé jeudi l’examen d’une proposition de loi sur le futur énergétique de la France, qui comporte désormais un moratoire immédiat sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque.Une mesure introduite par la droite et soutenue par l’extrême droite, qui a provoqué l’indignation du reste de l’hémicycle et du gouvernement.L’avenir du texte, qui acte par ailleurs une relance massive du nucléaire, est désormais incertain.Les députés doivent voter mardi en première lecture sur l’ensemble de cette proposition de loi dite Gremillet, issue du Sénat.Plusieurs députés insoumis ont interpellé le rapporteur macroniste du texte et le gouvernement, leur demandant d’appeler à le rejeter.Le moratoire adopté jeudi, “je le dis avec gravité, avec solennité, est parfaitement irresponsable”, et “dévastateur”, s’est désolé le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, déplorant le “signal” envoyé aux acteurs industriels.Ce moratoire est une “catastrophe économique”, a abondé le rapporteur du texte Antoine Armand (Renaissance), tout en rejetant la demande de retrait immédiat du texte formulée par la gauche. L’amendement du député LR Jérôme Nury, qui impliquerait la suspension de tout nouveau projet éolien ou photovoltaïque en cas de promulgation de la loi, a été adopté de justesse dans l’après-midi par la droite et l’extrême droite, face aux bancs dégarnis de la gauche et des groupes du bloc central (Renaissance, Horizons, MoDem).”L’absence majoritairement du bloc central et de la gauche a permis cette dérive”, a concédé le député socialiste Dominique Potier. Tout au long des débats, le Rassemblement national n’a eu de cesse de dénoncer l’éolien et le solaire comme des énergies coûteuses et “intermittentes”. Ce moratoire “est au cÅ“ur du projet de Marine Le Pen”, s’est félicité le député RN Jean-Philippe Tanguy. France Renouvelables, organisation professionnelle spécialisée, a elle dénoncé un amendement représentant “un des plus grands plans sociaux décidés à l’Assemblée” avec “en ligne directe la destruction de 80.000 emplois”.- Victoires du RN -Mercredi, le RN avait déjà engrangé une victoire avec l’introduction dans le texte du redémarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim, fermée en 2020. “Alors qu’une loi de programmation, c’est fait pour donner de la stabilité, de la perspective, on ne fait que mettre de l’instabilité”, a regretté jeudi le président du groupe des députés MoDem, Marc Fesneau. Le texte “est désormais une menace grave pour le climat”, a fustigé le groupe écologiste dans un communiqué, dénonçant une assemblée ayant sombré “dans l’absurde”. Cette proposition de loi avait été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée sous la pression du RN, qui en avait fait un motif de censure du gouvernement Bayrou. Elle est censée servir d’indicateur au gouvernement pour finaliser un décret fixant la nouvelle feuille de route énergétique de la France pour la période 2025-2035. Ce décret doit mettre le pays sur la voie de la neutralité carbone en 2050.Le gouvernement avait toutefois prévenu qu’il publierait ce décret avant la fin de l’été. Soit a priori avant l’adoption définitive de ce texte, qui doit revenir en deuxième lecture les 8 et 9 juillet au Sénat, où la droite est majoritaire.- “Clarification” -Le texte prévoit une relance massive du nucléaire, en maintenant la capacité installée de production d’électricité d’origine nucléaire (actuellement de 63 gigawatts), et en l’augmentant de 27 gigawatts d’ici 2050.Avec, pour cela, la construction de 14 nouveaux réacteurs engagée d’ici 2030 (la France en compte aujourd’hui 57). Sur les énergies renouvelables, le texte prévoit de porter, d’ici 2030, à 58% au moins la part d’énergie décarbonée de la consommation d’énergie en France, contre environ 40% actuellement. Un amendement socialiste adopté prévoit que sur les 560 térawattheures (TWh) d’électricité décarbonée qui devront être produits en 2030, “au moins 200” devront être “issus de sources renouvelables”.Une maigre victoire pour la gauche, qui n’a pas réussi à faire inscrire d’objectifs chiffrés par filière (éolien, hydraulique, solaire…). L’amendement socialiste a été adopté avec les voix de tous les groupes, y compris LR, contre l’extrême droite.Interpellant LR, à l’origine du moratoire voté ensuite, le député LFI Matthias Tavel a demandé: “Comment peut-on faire 200 térawattheure d’électricité renouvelable sans éolien (…) et sans photovoltaïque?”.M. Armand a lui aussi demandé une “clarification” aux députés LR sur la dissonance entre leurs deux votes.

Conflit ouvert entre Rachida Dati et l’audiovisuel public

Poussée de fièvre entre Rachida Dati et l’audiovisuel public. La passe d’armes mercredi sur le plateau de “C à vous” alourdit un climat déjà tendu entre la ministre et les médias placés sous sa tutelle, en plein débat sur son projet contesté de holding.Ulcérée par des questions sur les 299.000 euros qu’elle aurait perçus de GDF Suez en 2010-2011 sans les déclarer au Parlement européen, la ministre de la Culture a sorti les griffes et renvoyé son intervieweur, le journaliste Patrick Cohen, à des accusations de “management brutal” remontant aux années où il dirigeait la matinale de France Inter (2010-2017).”Vous pourriez (…) tomber sous le coup de ce délit (de harcèlement, ndlr)”, a-t-elle menacé. “Je peux saisir le tribunal”.France Télévisions a répliqué que “les mises en cause personnelles à l’encontre des journalistes ne sont pas acceptables”. Début mai, sur France Inter, la ministre avait cette fois ciblé la présidente de Radio France, l’accusant de “caricaturer” son projet de création de holding chapeautant différents médias de l’audiovisuel public.”Votre présidente Sibyle Veil (…) je l’ai appelée parce qu’il faut arrêter de caricaturer cette réforme en disant que c’est une réforme d’extrême droite”, a-t-elle lancé à l’antenne, après avoir qualifié France Inter, leader incontesté des audiences, de “club” pour CSP+ et retraités. “La ministre est prête à instaurer un climat délétère inédit avec l’audiovisuel public”, déplore auprès de l’AFP Valéry Lerouge, président de la société des journalistes de la rédaction nationale de France Télé.”On est inquiets parce qu’on a le sentiment que la ministre va utiliser tous les arguments y compris fallacieux pour discréditer les journalistes du service public”, estime-t-il.Mme Dati a récemment brocardé les “méthodes de voyous” des journalistes qui lui ont consacré une édition de “Complément d’enquête”, les accusant d’avoir tenté de soudoyer des membres de sa famille pour obtenir une interview, ce que le magazine dément.Après la diffusion de cette édition sur France 2, Le Canard enchaîné a d’ailleurs prêté à la ministre la volonté d’obtenir “le scalp” de la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci. “Je n’ai jamais dit quoi que ce soit ni appelé qui que ce soit”, a démenti la ministre dans Le Monde. “Comme souvent, je fais l’objet d’attaques ciblées et injustifiées de mes opposants politiques”.- “Elle ne lâche rien” -La ministre, qui lorgne la mairie de Paris en 2026, attire en tout cas la lumière et se démultiplie sur ses dossiers : démocratiser l’accès à la culture – son mantra depuis son entrée surprise au gouvernement début 2024 – et réformer l’audiovisuel public. Elle vient d’obtenir l’inscription du projet à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Sa combativité est “un indéniable atout”, affirme à l’AFP le sénateur centriste Laurent Lafon, dont la proposition de loi de réforme a été reprise par Mme Dati. “S’il n’y avait pas eu une ministre volontaire, on n’aurait pas eu cette inscription”, indique-t-il, tout en espérant que le débat se recentre “uniquement sur le cÅ“ur du texte” et pas sur une ministre mobilisée sur plusieurs fronts.Ciblée par ses opposants à Paris, Mme Dati doit aussi composer avec ses ennuis judiciaires. Le parquet national financier a récemment requis un procès pour corruption à son encontre dans l’affaire Carlos Ghosn, qui lui vaut d’être mise en examen depuis 2021.Mais au sein du gouvernement, ses appuis restent solides. “Elle ne lâche rien”, glisse un proche de François Bayrou. “Et quoi qu’il en soit le Premier ministre est d’accord sur la nécessité de reformer l’audiovisuel public”. Elle “fait plier tout le monde”, souffle un autre, qui prédit toutefois qu’elle ne disposera pas du temps suffisant pour faire adopter le texte.Au sein de l’audiovisuel public, les résistances sont fortes contre un projet présenté par Mme Dati comme un moyen de se “renforcer” face à la concurrence. Le principe d’une grève reconductible à partir du 26 juin a déjà été voté à Radio France.Selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), la ministre ne fait qu'”affaiblir le service public” en attaquant ses journalistes. “La réforme, c’est juste un trophée qu’elle veut obtenir”, estime son délégué général à France Télé, Serge Cimino.

Les conflits au sein des conseils municipaux, première cause de démission des maires

Les maires n’ont jamais autant démissionné qu’au cours du mandat actuel, quatre fois plus qu’entre 2008 et 2014, et leur décision de jeter l’éponge s’explique avant tout par des conflits au sein de leur conseil municipal, révèle une étude publiée jeudi.”Avec plus de 3.000 changements de maires depuis l’élection municipale de 2020, les démissions volontaires, au nombre de 2.189, ont atteint un niveau historique”, constate le chercheur au Cevipof et professeur à Sciences Po Martial Foucault dans l’enquête “Les démissions de maires: enquête sur un phénomène sans précédent”.”Entre septembre 2020 et mars 2025, ce sont en moyenne 40 démissions par mois enregistrées, soit plus d’une démission par jour” touchant 6% des maires élus en 2020, relève l’étude, réalisée pour l’Association des maires de France (AMF).Une montée en flèche que le politologue compare à la “grande démission” aux États-Unis, ce phénomène de départs massifs de salariés observé dans les entreprises après la crise du Covid.Élément nouveau dans le débat, ces démissions sont surtout causées par des tensions politiques au sein des conseils municipaux (31%), loin devant les passations de pouvoir anticipées (13,7%), les problèmes de santé (13,1%), le cumul des mandats (8,5%), la fatigue (5,1%), ainsi que les raisons personnelles (3,9%) ou professionnelles (3,4%).Les agressions jouent un rôle extrêmement mineur, malgré leur forte exposition médiatique.Ce choix de démissionner résulte donc principalement de “différends, disputes, conflits ou autres désaccords au sein du conseil municipal, tantôt avec des élus de l’opposition, tantôt, et c’est le cas le plus fréquent, au sein de la majorité”.Les tensions débouchent en général “sur des démissions de conseillers municipaux de l’opposition et/ou de la majorité”, ce qui nécessite “l’organisation d’élections anticipées à l’issue desquelles le maire est mis en minorité et démissionne, ou choisit de siéger comme conseiller municipal d’opposition”.Lorsque le conseil municipal perd le tiers ou plus de ses membres, de nouvelles élections doivent en effet être organisées dans un délai de trois mois.- “Crise de préparation” -“Ce n’est pas une crise des vocations mais une vraie crise de préparation à la fonction. Même si les personnes qui deviennent maires le sont après avoir été conseillers municipaux ou adjoints, la fonction de maire correspond à un autre rôle pour lequel ces derniers ne sont pas tous prêts”, commente Martial Foucault auprès de l’AFP.Parmi les éléments d’explication avancés, le politologue rappelle le contexte dans lequel l’élection municipale de 2020 s’est déroulée, en pleine crise du Covid. “Pendant de longs mois, les équipes n’ont pas pu se retrouver en présentiel (…) Cela a nécessairement interrompu une dynamique collective”, analyse-t-il.La remise en question de décisions prises par le maire revient aussi souvent dans les cas identifiés, les autres élus lui reprochant “une gestion trop solitaire des grands dossiers”, ce qui produit “des effets de désengagement ou de contestation”.Si les communes de moins de 500 habitants, plus nombreuses, sont les plus touchées (42%), les communes de 1.000 à 3.500 habitants enregistrent une vague de démissions “sans précédent”, avec un quart des maires démissionnaires.Les communes de plus de 10.000 habitants sont en revanche les plus exposées proportionnellement, au regard de leur plus faible nombre, de sorte que “plus la taille de la commune augmente, plus le risque de démission a progressé au cours de ce mandat”.Plus de la moitié des démissionnaires (53%) sont des maires nouvellement élus. Les démissions touchent autant les hommes que les femmes, mais “davantage les retraités âgés de 65 à 74 ans, les professions intellectuelles et les cadres supérieurs”.  Certains départements sont également plus concernés comme l’Isère, la Haute-Garonne, la Charente, l’Essonne, le Nord ou encore le Tarn-et-Garonne, sans qu’un facteur explicatif commun n’ait été repéré. L’enquête a été réalisée à partir des données du répertoire national des élus (RNE) publiées entre 2020 et 2025 par le ministère de l’Intérieur, d’articles de la presse quotidienne régionale et d’interviews des principaux acteurs concernés comme des associations départementales de maires.

Le non-consentement bientôt intégré à la définition pénale du viol

“Un pas décisif vers une véritable culture du consentement”: le Sénat a donné son accord mercredi soir à une modification hautement symbolique de la définition pénale du viol pour y intégrer la notion de non-consentement, actant l’émergence d’un consensus parlementaire sur ce débat juridique sensible.Quelques mois après le retentissant procès des viols de Mazan, durant lesquels le consentement avait pris une place centrale, le droit pénal pourrait prochainement se voir clarifié en comportant, noir sur blanc, cette notion.Le Sénat s’est en effet positionné très largement pour cette évolution substantielle du code pénal, avec une adoption à l’unanimité d’une proposition de loi transpartisane, malgré quelques abstentions venues notamment des rangs communistes.Initié par les députées Véronique Riotton (Renaissance) et Marie-Charlotte Garin (écologiste) après une longue mission d’information parlementaire, conforté par un avis très favorable du Conseil d’Etat, ce texte franchit une étape cruciale à la chambre haute, après son adoption en avril à l’Assemblée nationale.Seules quelques divergences mineures subsistent dans les rédactions adoptées par les députés et par les sénateurs, ouvrant la voie à une adoption définitive dès les prochaines semaines ou les prochains mois au Parlement, après convocation d’une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs priés d’aboutir à un texte commun.La ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, s’est satisfaite devant le Sénat d’un “pas décisif vers une véritable culture du consentement”. Une “avancée législative majeure”, a-t-elle ajouté, qui permettra de réaffirmer que “consentir, ce n’est pas dire non” mais “dire oui, un oui explicite, libre, sans contrainte ni ambiguïté”.- Consentement “libre”, “révocable” -Ce texte “répond à un tabou. Il brise le silence. Il nomme ce que des victimes ont vécu, dans l’incompréhension et parfois la solitude”, a pour sa part salué le garde des Sceaux Gérald Darmanin.La proposition de loi redéfinit dans le code pénal l’ensemble des agressions sexuelles, dont le viol, comme “tout acte sexuel non-consenti”.”Le consentement est libre et éclairé, spécifique, préalable et révocable” et “ne peut être déduit du seul silence ou de la seule absence de réaction de la victime”, prévoit ainsi le texte voté dans les deux chambres du Parlement.Enfin, il précise qu'”il n’y a pas de consentement si l’acte à caractère sexuel est commis avec violence, contrainte, menace ou surprise”, quatre modalités déjà présentes dans le code pénal.”Cela permet d’établir une loi claire, compréhensible par tous, qui préservera les acquis de notre droit pénal”, explique à l’AFP la sénatrice Les Républicains Elsa Schalck, désignée corapporteure sur ce texte.Ce consensus émergeant semblait pourtant loin d’être évident il y a encore quelques mois, face à d’importantes réticences de juristes, parlementaires et même de certaines associations féministes, malgré l’omniprésence de cette notion dans la jurisprudence. – “Pas une preuve impossible” -Principale craintes: le risque d’une inversion de la charge de la preuve qui obligeraient les plaignantes à devoir prouver qu’elles ne sont pas consentantes, ou encore la possible “contractualisation” des rapports sexuels induite par le texte. “Lors de leur procès, nombreux sont les hommes accusés de viol qui affirment ne pas savoir que l’acte sexuel qu’ils ont imposé n’était pas consenti (…) Ne risquons-nous pas ici de donner raison aux violeurs en légitimant leur ignorance ?”, s’est interrogée la sénatrice communiste Silvana Silvani.A l’inverse, plusieurs sénatrices socialistes ont tenté, sans succès, d’aller plus loin en intégrant par exemple le fait que le consentement ne peut être déduit de “l’échange d’une rémunération” ou d’un “contrat préalable”.Mais la grande majorité des élus a été rassurée par la rédaction proposée, issue notamment d’un avis du Conseil d’Etat rendu début mars. “Ce texte ne crée pas une preuve impossible. Il ne contractualise pas la sexualité, il ne remet en aucun cas en cause l’indispensable présomption d’innocence”, a insisté Gérald Darmanin au Sénat.Si cette loi venait prochainement à être définitivement adoptée, la France rejoindrait plusieurs pays ayant déjà introduit la notion de consentement ou de non-consentement à leur législation sur le viol, comme la Suède, l’Espagne ou plus récemment la Norvège.

Les députés approuvent une relance massive du nucléaire

Les députés ont approuvé mercredi une relance massive du nucléaire en adoptant un article clé d’une proposition de loi sur le futur énergétique de la France, dont l’examen doit se poursuivre jusqu’à vendredi.Un amendement du rapporteur du texte, Antoine Armand (Renaissance), a été adopté avec les voix notamment du Rassemblement national. Il rétablit cet article clé sur le nucléaire, qui avait été supprimé dans la confusion en commission.”Nous actons une relance d’une ambition inédite: maintien du parc existant, construction de 14 EPR, décision d’un réacteur de 4e génération”, s’est félicité auprès de l’AFP M. Armand, ex-ministre de l’Économie.La France a aujourd’hui une capacité installée de production d’électricité d’origine nucléaire de 63 gigawatts. Le texte, sur lequel un vote solennel est prévu mercredi, prévoit d’augmenter cette capacité de 27 gigawatts supplémentaires “à l’horizon 2050”. Pour cela, la construction d’au moins 10 gigawatts de nouvelles capacités – soit l’équivalent de six réacteurs nucléaires de type EPR2 – devra être “engagée au plus tard en 2026”. Et celle de 13 gigawatts supplémentaires, soit huit EPR2, être engagée “au plus tard en 2030″. Le gouvernement, qui porte un programme de construction de six EPR2 annoncé en 2022 par Emmanuel Macron, défendait lui un amendement légèrement différent, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci expliquant préférer repousser la décision sur les huit réacteurs supplémentaires à 2026.”Les sommes colossales que vous voulez à toutes forces investir dans cette énergie du passé (…), c’est tout l’argent qu’on n’investit pas dans l’énergie du futur, c’est-à-dire les énergies renouvelables”, s’est insurgée la députée insoumise Anne Stambach-Terrenoir. L’énergie nucléaire est “la plus décarbonée, la plus pilotable, la plus souveraine et financièrement la plus tenable”, a au contraire argumenté Jérôme Nury (LR). Le PS avait pour sa part proposé d’engager la construction de huit réacteurs d’ici 2035, avec des objectifs supplémentaires renvoyés à plus tard. Un compromis “balayé” par le rapporteur, a regretté le député PS Karim Benbrahim.- Victoires du RN -“Vous considérez que la bienveillance du Rassemblement national à l’égard de François Bayrou vaut plus qu’une politique énergétique exigeante”, a taclé ce député.Dans la foulée du vote sur l’article, après une courte suspension, les élus du RN, massivement présents autour de Marine Le Pen, ont engrangé une série de succès. Le rapport de force dans l’hémicycle était à leur avantage avec, face à eux, des bancs du bloc central et de la gauche bien plus dégarnis. Ainsi, l’Assemblée nationale a par exemple approuvé le redémarrage de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). Mise en service en 1977, la doyenne des centrales françaises avait été définitivement fermée en 2020. “Je l’avais promis, le groupe RN l’a fait voter par l’Assemblée nationale”, s’est félicitée sur X Marine Le Pen. D’autres amendements RN, qui prévoient par exemple d’augmenter la puissance des réacteurs du parc nucléaire existant, ont été adoptés. Il s’agit surtout pour l’extrême droite, farouche partisane du nucléaire, de victoires symboliques.Car, “ces amendements s’inscrivent dans des articles programmatiques qui n’ont pas de portée normative directe et pourront être réexaminés au cours de la navette” parlementaire, a souligné Antoine Armand. En effet, cette proposition de loi du sénateur Daniel Gremillet (LR), déjà adoptée en première lecture à la chambre haute, doit surtout inspirer le décret gouvernemental fixant la feuille de route énergétique du pays jusqu’en 2035.Le gouvernement veut publier ce décret “avant la fin de l’été”, donc avant la fin de l’examen parlementaire du texte, afin de permettre de “lancer des investissements”.C’est sous la pression du RN, qui en avait fait un motif de censure, que François Bayrou avait accepté d’inscrire ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée. 

Essais nucléaires: un pardon de la France permettra à la Polynésie de “récupérer son histoire”, plaide la commission d’enquête

Le pardon de la France à la Polynésie pour les essais nucléaires est “une demande des Polynésiens” pour tourner la page et combler les “blancs dans notre histoire”, a affirmé mercredi la députée Mereana Reid-Arbelot (GDR), rapporteure d’une commission d’enquête parlementaire qui propose d’inscrire ce geste dans la loi organique du territoire.”Ce n’est pas un pardon tourné vers le passé: on a besoin de récupérer notre histoire parce qu’on a beaucoup de blancs dans nos pages d’histoire”, a-t-elle déclaré à l’AFP, ajoutant que cette demande de pardon était “un retour de toutes les personnes qu’on a rencontrées en Polynésie” dans le cadre de la commission d’enquête.Ce pardon, proposé parmi les 45 recommandations rendues publiques mardi, serait intégré à la loi organique de 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie française.”Depuis l’arrêt des essais, on a eu quatre présidents de la République (…) Aucun n’a prononcé le mot, mais on ne souhaite pas attacher cette demande de pardon à un président en particulier”, a expliqué Mme Reid-Arbelot, estimant “intéressant que cette demande vienne de la représentation nationale, du peuple français”.Pour elle, cette reconnaissance doit aussi s’accompagner d’un travail sur la mémoire: “Il faut faire un travail historique d’envergure, un peu à l’image de la mission Stora” sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, dit-elle, plaidant pour que les avancées historiques puissent ensuite être enseignées.Autre recommandation phare: la suppression du seuil d’un millisievert, actuellement requis pour être indemnisé au titre des conséquences sanitaires des 193 essais nucléaires réalisés entre 1966 et 1996 en Polynésie française.”Rien ne justifie ce seuil: c’est un seuil de gestion” décidé par les autorités et le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen), estime la députée qui recommande de le supprimer et de “garder trois critères de date, de lieu et de pathologie” pour les indemnisations.Selon elle, depuis 1985 (les données antérieures sont manquantes), environ 13.500 personnes ont été exposées et atteintes d’une des 23 pathologies reconnues, mais seulement 1.206 ont été indemnisées à ce jour, pour un montant moyen de 71.000 euros.Une proposition de loi reprenant plusieurs recommandations inscrites dans le rapport est “en cours de rédaction”, précise Mme Reid-Arbelot, qui évoque aussi un toilettage de la loi Morin votée en 2010 pour faciliter les indemnisations et assure que les ministres auditionnés durant la commission d’enquête se sont montrés à l’écoute.

Municipales à Marseille: le RN Franck Allisio, premier à se lancer dans la bataille

Premier à se lancer officiellement dans la campagne des municipales 2026 à Marseille, Franck Allisio, député RN des Bouches-du-Rhône, a annoncé mercredi être “le candidat du Rassemblement national” et de ses “alliés” pour “remettre Marseille en ordre”.Une candidature, soutenue par Marine Le Pen et Jordan Bardella, visant à proposer “une véritable alternance” face aux “deux sortants qui co-dirigent Marseille” depuis respectivement cinq et 10 ans, le maire divers gauche Benoît Payan et la présidente divers droite de la métropole Aix-Marseille Provence Martine Vassal, a ajouté le délégué départemental du Rassemblement national (RN).”On sait très bien que la métropole a autant de pouvoir sur Marseille que le maire de Marseille, et on voit l’échec” auquel cela a conduit, a estimé Franck Allisio, également président du groupe RN au Conseil régional et visé à ce titre par une enquête pour détournement de biens publics.Ex-LR, le député RN, élu dans la 12e circonscription qui comprend notamment les villes de Marignane et de Vitrolles, a précisé vouloir remettre de l’ordre “au sens large, (…) partout dans notre quotidien”, que ce soit “dans nos rues, dans nos écoles, dans nos transports, dans les poubelles, dans la finance de la ville”. Un “ordre juste”, a-t-il complété, adoptant le slogan de Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle 2007.Le député de 44 ans, favorable à la réforme du mode de scrutin municipal pour Paris, Lyon et Marseille, qui doit passer devant la commission mixte paritaire le 24 juin, n’a pas précisé dans quel secteur de Marseille il se présenterait, estimant que cela “viendra bien après”.Aux élections municipales 2020, il avait été candidat dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille (6e secteur), sur la liste du leader RN d’alors, le sénateur Stéphane Ravier, qui avait ensuite rejoint le parti d’Éric Zemmour “Reconquête!” lors de la présidentielle de 2022, avant de créer son propre mouvement “Marseille d’abord”.Dans le cadre d’une quadrangulaire, la liste RN était arrivée en troisième position au second tour (21,18%), derrière le candidat de l’alliance de gauche Yannick Ohanessian (34,11%) et le maire de secteur sortant (LR) Julien Ravier (35,37%).- “Soit Payan, soit moi” -Interrogé sur un possible rapprochement avec Stéphane Ravier, figure la plus connue de l’extrême droite dans la région, Franck Allisio a rappelé que ce dernier avait été “élu et réélu sénateur par les voix des élus du RN en majorité”.”Il a fait ce qu’il a fait” et pour les prochaines municipales “il fera ce qu’il veut”, mais “je connais peu de gens qui se suicident deux fois”, a-t-il noté.De son côté, Stéphane Ravier, interrogé par l’AFP, a appelé à l’union. “J’en appelle à l’intelligence du camp national, à ranger les flingues” car “l’expérience nous a montré qu’on ne gagnait jamais seul une ville comme celle-là”.Une alliance avec Martine Vassal, qui soulignait récemment auprès de l’AFP son “travail sur l’union” de la droite, sans indiquer toutefois si elle serait candidate –comme lors des dernières municipales–, n’est pas non plus à l’ordre du jour, selon M. Allisio.”Très vite, j’ai vu qu’elle se rapprochait beaucoup plus de M. Payan que de nous, donc (…) je leur conseille de clarifier les choses et de se mettre ensemble. D’ailleurs je crois que M. Payan lui aussi tend la main à Mme Vassal”. Mais “le vrai match, c’est le second tour, c’est soit Payan, soit moi”, a-t-il assuré.Ex-PS devenu divers gauche, le maire de Marseille Benoît Payan n’a pas encore annoncé être candidat à sa succession, ce qui lui donnerait toutefois l’opportunité d’être cette fois directement élu. Maire depuis décembre 2020, il a seulement accédé à ce fauteuil après le retrait, officiellement “pour raisons de santé”, de l’élue écologiste Michèle Rubirola, porte drapeau de l’alliance de gauche qui avait remporté l’élection six mois plus tôt, après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin (LR).Mais la constitution d’une alliance à gauche reste plus incertaine que jamais, alors que La France insoumise, qui n’a pas fait partie de l’équation en 2020 mais a gagné depuis en poids politique, veut présenter une liste distincte. Liste à laquelle plusieurs élus écologistes de la majorité municipale pourraient se rallier, plutôt qu’à Benoît Payan.

Contrôle de migrants aux frontières dans les gares et bus: “4.000” forces de l’ordre mobilisées, annonce Retailleau

Quelque “4.000” forces de l’ordre seront mobilisées mercredi et jeudi lors d’opérations de contrôles nationales contre l’immigration illégale dans les gares et les bus, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.”Dans ces 48 heures, on va mobiliser 4.000 gendarmes, des policiers, des douaniers, des forces Sentinelle (armée, NDLR) pour interpeller des clandestins”, a détaillé Bruno Retailleau sur Cnews et Europe 1.”Depuis le début de l’année, nous en avons interpellé 47.000″, a affirmé Bruno Retailleau, qui a fait de la lutte contre l’immigration son thème de prédilection.Dans une note adressée notamment aux préfets et consultée par l’AFP, le ministre de l’Intérieur a donné des instructions pour que soit menée une opération nationale de contrôle “des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ”. Celui qui est aussi chef de file des Républicains a vanté dans ce document une “augmentation conséquente d’interception d’ESI (étrangers en situation irrégulière) ces dernières semaines (+28%)” et une “opération nationale de contrôle des flux”, menée les 20 et 21 mai et ayant débouché sur plus de 750 interpellations.Plusieurs syndicats (CGT, Solidaires et FSU) ainsi que le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) ont dénoncé “une opération xénophobe prenant pour bouc émissaire les plus précaires parmi les précaires”.Ces opérations “s’apparentent à des +rafles+”, ajoute leur communiqué, en déplorant une “escalade nauséabonde visant des travailleurs et travailleuses qui se rendent sur le lieu de travail et qui aujourd’hui et demain, un peu plus que d’habitude, le feront la peur au ventre”.  Mercredi, le ministre de l’Intérieur a déclaré avoir “réintroduit de façon beaucoup plus serrée qu’avant” le contrôle aux frontières, avec une “force frontière” composée de policiers, gendarmes, douaniers et militaires. “Ce que je veux dire, c’est que les clandestins ne sont pas les bienvenus en France de la façon la plus ferme et la plus définitive”, a-t-il lancé.

Ultime opération sauvetage pour le conclave des retraites

Pour éviter l’échec après presque quatre mois de concertation, le conclave des retraites initié par François Bayrou se donne une journée de plus pour conclure, le 23 juin, mais le patronat ne cache pas ses doutes, et l’opposition de gauche demande des comptes au Premier ministre.Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, s’est montrée la plus allante mercredi au lendemain d’une longue séance de négociation, à l’issue de laquelle les désaccords semblaient encore profonds.”La CFDT sera au rendez vous lundi”, a-t-elle indiqué à l’AFP. “Il y a des avancées sociales qu’on doit pouvoir concrétiser notamment pour les +essentiels+” que sont entre autres le sujet des femmes, a-t-elle poursuivi.Mais le patron du Medef Patrick Martin s’est dit plus tôt sur France 2 “très réservé” sur la présence de l’organisation patronale à l’ultime réunion, même s’il doit encore “consulter ses instances”.”Nous n’étions pas demandeurs que cette réforme soit réexaminée. A bas bruit, certains sont en train de la détricoter. Or, notre pays a besoin de travailler plus”, a-t-il estimé, s’opposant à des propositions syndicales qui vont “dans le sens d’une altération du financement” des retraites.”Si le patronat ne vient pas le 23, on saura qui a mis fin aux négociations et ce ne sera pas nous!”, a commenté auprès de l’AFP Cyril Chabanier, patron de la CFTC, qui assène encore: “quand Patrick Martin dit ce matin +on ne bougera pas+, c’est sûr qu’une dernière réunion ne servira à rien”.La CFE-CGC va “rester jusqu’au bout”, a assuré son président François Hommeril sur BFM Business, même si Christelle Thieffinne, négociatrice de ce syndicat, est “pessimiste” pour un accord.- “Lignes écarlates” – La CPME (patronat des petites et moyennes entreprises) devrait revenir lundi à la table des négociations, mais avec des “lignes rouges, voire écarlates”, avait de son côté prévenu Eric Chevée, son représentant, après la longue et infructueuse journée de négociations qui s’est prolongé tard dans la nuit de mardi à mercredi.Dans l’incapacité de se mettre d’accord sur un texte commun, les partenaires sociaux se sont séparés en convenant qu’il reviendrait à Jean-Jacques Marette, l’animateur des discussions, de proposer lundi un texte de synthèse, un “texte de la dernière chance” selon l’expression de Christelle Thieffinne.Parmi toutes les propositions qui pourraient être retenues pour dégager un accord, les mesures en faveur des femmes semblent les plus consensuelles, selon les participants à l’issue des discussions.Les femmes qui ont eu des enfants verraient leur retraite calculée sur les 24 meilleures années (1 enfant), ou 23 meilleures années (2 enfants), d’après les indications fournies par les participants.Sur la pénibilité, les termes de l’accord potentiel semblent plus confus. Pour répondre à une demande insistante de la CFDT, le patronat accepterait l’instauration d’un compte pénibilité, prenant en considération les manutentions manuelles de charge, les postures pénibles et les vibrations mécaniques. Mais le patronat privilégiera-t-il la reconversion au départ anticipé en retraite ?Sur l’âge de départ sans décote, l’accord se ferait autour d’un âge abaissé à 66 ans et demi contre 67 ans. L’âge de départ sans décote est l’âge auquel il est possible de partir sans pénalité, même si l’on n’a pas cotisé le nombre de trimestres exigés (172). Il semble acquis que le dispositif des carrières longues soit alors restreint et ne puisse plus bénéficier aux personnes ayant travaillé avant l’âge de 21 ans.- CSG, retraités -Pour parvenir à l’équilibre financier en 2030, la CSG serait augmentée pour les retraités aux revenus moyens ou supérieurs, et les retraites pourraient être sous-indexées de 0,8 point par rapport à l’inflation en 2026, et 0,4 point en 2027.La prime seniors, évoquée en début de semaine par François Bayrou, serait elle enterrée.La réussite ou non de ce conclave est un instant de vérité pour le Premier ministre, qui avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement.”A partir du moment où ce conclave n’aboutit pas sur l’abrogation de la réforme des retraites, nous déposerons une motion de censure”, a promis Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, mercredi sur RTL, même si LFI aura besoin de l’appui d’autres groupes à gauche pour pouvoir techniquement la déposer.”Il faut qu’on mette cette question des retraites derrière, ça fait depuis deux ans qu’on ne parle que de ça”, a plaidé Astrid Panosyan-Bouvet.L’idée de ce conclave était principalement de rendre moins impopulaire la réforme des retraites Borne de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans le départ à la retraite. Tout en visant l’équilibre financier, alors que le déficit du système est annoncé à 6,6 milliards d’euros en 2030.pgr-lby-grd-bat/alu/dsa

Nouvelle-Calédonie: le leader kanak Christian Tein appelle à une sortie “par le haut”

Le leader indépendantiste kanak Christian Tein, tout juste libéré après un an de détention provisoire, a espéré mercredi une sortie “par le haut” de la crise néo-calédonienne, réaffirmant avoir toujours eu une “démarche pacifique” et appelant la France à ne pas “galvauder sa parole”.”J’ai toujours contesté l’ensemble des charges qui me sont reprochées”, a insisté le président du FLNKS, dans sa première déclaration depuis sa sortie le 12 juin de la prison de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), lors d’une conférence de presse à Montpellier, en présence de ses avocats.Poursuivi dans le cadre de l’enquête sur les émeutes qui ont fait 14 morts en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, M. Tein, à l’époque chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), reste mis en examen pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs, a précisé Me Florian Medico. Il est également placé sous statut de témoin assisté pour complicité de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique et provocation directe au groupement armé suivi d’effets. Revenant sur son arrestation et son transfert en métropole, où il a passé “près d’un an à l’isolement”, M. Tein a pudiquement évoqué “un moment difficile à passer”, rappelant avoir été gardé à vue puis transféré “menotté”: “Ce n’était pas possible, au XXIe siècle, pour un grand pays de lumières tel que la France”, a-t-il observé, au sujet de son “premier voyage en métropole”.Revenant sur son combat politique, le leader kanak, 57 ans, chemise à fleurs, a expliqué avoir toujours agi dans “le cadre fixé par l’accord de Nouméa” de 1998, qui a transféré progressivement des compétences à la collectivité et permis l’organisation de trois référendums d’autodétermination entre 2018 et 2021.Mais si ces trois scrutins ont vu la victoire du non à l’indépendance, le dernier, boycotté par les indépendantistes, est resté contesté, aboutissant, avec la cristallisation des divisions entre loyalistes et indépendantistes autour d’un projet de réforme du corps électoral calédonien, à ces émeutes de mai 2024, qui ont fait deux milliards d’euros de dégâts.- “Un beau gâchis” -“C’est un beau gâchis”, “je suis terriblement triste pour mon pays”, a insisté le dirigeant kanak, élu à la tête du FLNKS durant sa détention: “J’étais, comme tout le monde, déconcerté”, a-t-il raconté, évoquant ce matin où il s’est réveillé “avec l’insurrection dans les quartiers de Nouméa”.Mais “il n’a jamais été question de sacrifier des vies”, a-t-il assuré, mettant en cause les “charges” des forces de l’ordre “contre les jeunes”: “Et puis malheureusement après ça, c’est un peu comme ce qui s’est passé dans vos quartiers, ça s’est enchaîné”.Interrogé sur son éventuelle participation aux discussions qu’Emmanuel Macron souhaite organiser début juillet à l’Élysée avec les responsables calédoniens, M. Tein a rappelé qu'”une convention du FLNKS est prévue le 28 juin, pour décider dans quel cadre les discussions doivent se poursuivre”.”Si je suis là tant mieux”, a-t-il reconnu, répétant que “jamais il ne s’est considéré être irremplaçable”. Mais “il faudra qu’on trouve les voies pour sortir par le haut. On ne peut pas répéter tous les 30 ans la même chose”, a poursuivi M. Tein, désireux, “avec le gouvernement français, de se projeter et de (…) fixer une voie vers la pleine souveraineté” pour le “caillou”. Appelant à la “désescalade” et à “ramener de la sérénité”, le leader indépendantiste a regretté, durant cette crise, “l’entêtement de certains membres du gouvernement à amener ce dossier dans le mur”, sans donner de noms: “La parole que la France elle donne, elle a de la valeur, mais j’ai l’impression que ces derniers temps on a galvaudé la parole de la France”, a-t-il accusé.Plus direct, Me Roux a rappelé lui les propos du ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, aujourd’hui ministre de la Justice, qui avait traité Christian Tein et ses camarades “de mafieux et de voyous”: “de telles injures étaient totalement inappropriées”. Une certitude en tous cas pour les avocats du militant kanak: le dossier judiciaire de leur client est “vide” et son innocence devra être “intégralement reconnue”. “Il n’y a pas besoin d’amnistie. Ils sont innocents”, a martelé Me Roux.