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Parler à l’extrême droite ? Le dilemme des ONG écologistes à Bruxelles

La présence renforcée de l’extrême droite à la Commission et au Parlement européens embarrasse les ONG de défense de l’environnement, partagées entre leur volonté de peser à Bruxelles et leur combat contre toute forme de climatoscepticisme.Parler ou pas avec l’extrême droite ? La question agite les militants écologistes dans la nouvelle configuration bruxelloise. A la Commission, l’Italien Raffaele Fitto, membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, a obtenu une vice-présidence sur la cohésion des territoires et chapeaute les trois commissaires européens chargés de l’agriculture, de la pêche et des transports.Avant qu’il ne soit confirmé à son poste, des ONG avaient écrit – en vain – à la présidente Ursula von der Leyen pour qu’elle renonce à lui confier de tels dossiers. Las, elles doivent maintenant composer avec un interlocuteur difficilement contournable. Il va travailler sur des “sujets cruciaux pour la transition verte”, souligne Tycho Vandermaesen, du WWF, l’une des plus grandes organisations environnementales. Sa nomination a été “approuvée par la majorité des députés européens. (…) Nous ne pensons pas qu’il soit approprié de mettre son veto”, estime ce responsable associatif.L’ONG entend donc discuter avec Raffaele Fitto comme avec n’importe quel autre commissaire et “évaluera” son action en faveur de la transition.Chez Bloom, qui travaille sur la protection des océans, on a opté pour la position inverse. “On ne parle pas à l’extrême droite, on la combat”, prévient Claire Nouvian, la fondatrice de l’association. “On laisse tous ceux qui s’embourbent dans la légitimation de l’extrême droite face à leur conscience”.En pratique, cette ONG ne compte pas s’adresser à Raffaele Fitto mais aux autres commissaires seulement. Et suit la même règle au Parlement européen, où elle travaille avec les eurodéputés de “l’arc démocrate”, et pas avec les 187 parlementaires (sur 720) des trois groupes d’extrême droite, qui ferraillent régulièrement contre le “fardeau” des normes environnementales.Ces élus “refusent de reconnaître le changement climatique et remettent constamment en cause le consensus scientifique”, accuse Swann Bommier, un responsable de Bloom.- “Entre gens déjà convaincus” – Depuis les élections européennes du mois de juin, marquées par la poussée de l’extrême droite, les ONG redoutent un détricotage en règle du Pacte vert, adopté au cours de la précédente législature.Et elles espèrent peser dans une série de négociations à venir, dont l’objectif affiché par la Commission européenne d’abaisser de 90% les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne en 2040 par rapport à 1990.Chez l’ONG Surfrider, engagée elle aussi sur la préservation des océans, on se positionne avec prudence vis-à-vis de l’extrême droite. Pour un événement de sensibilisation au Parlement européen au mois d’octobre, l’association avait envoyé son invitation aux eurodéputés de gauche, du centre et de la droite mais aussi à ceux d’un des trois groupes d’extrême droite, ECR, considéré comme moins radical et avec lequel les forces politiques traditionnelles discutent de plus en plus.Membre d’ECR et de Fratelli d’Italia, l’eurodéputé Michele Picaro était allé au rendez-vous et en avait fait la publicité sur les réseaux sociaux, non sans crisper certains militants écologistes… La controverse à Bruxelles fait écho à une polémique en France au printemps 2023 quand le journaliste et militant écologiste Hugo Clément avait débattu avec le chef du Rassemblement national Jordan Bardella, au cours d’une soirée organisée par l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuellesDes militants lui avaient reproché de servir de caution verte au RN ou de parler “avec l’extrême droite, chez l’extrême droite”. Hugo Clément avait balayé une “vision de la politique affligeante”, qui conduit à “ne parler qu’entre gens déjà convaincus” par la cause écologiste. “Qu’on le veuille ou non, Marine Le Pen a recueilli 41% des suffrages exprimés lors de la dernière présidentielle. Cela représente 13 millions de citoyens. Ne pas leur parler n’est pas une option envisageable”, avait-il martelé.Le journaliste a récemment poursuivi sur cette ligne pour appeler à la libération du militant écologiste Paul Watson, une figure emblématique de la lutte contre la chasse à la baleine, en détention provisoire au Groenland.Sur les réseaux sociaux, Hugo Clément a félicité tous les élus qui ont soutenu Paul Watson, y compris le maire RN de Fréjus David Rachline. 

Macron nomme Bayrou à Matignon pour tenter de dénouer la crise politique

Emmanuel Macron a nommé vendredi François Bayrou Premier ministre, un défi immense pour le président du MoDem et premier allié du président, chargé de dénouer la crise politique majeure ouverte par la dissolution et aggravée par la censure de Michel Barnier.”Il y a un chemin à trouver qui réunisse les gens au lieu de les diviser. Je pense que la réconciliation est nécessaire”, a brièvement déclaré aux journalistes le nouveau Premier ministre qui devrait en dire davantage lors de la passation de pouvoirs prévue à 17H00. La nomination du dirigeant centriste est intervenue à la mi-journée, après une nouvelle matinée d’intenses spéculations et de bras de fer en coulisses. avait été reçu à 08H30 à l’Élysée pour un entretien de près de deux heures, suivi d’un long silence radio.A 73 ans, comme son prédécesseur Michel Barnier renversé le 4 décembre par l’Assemblée nationale lors d’une censure inédite depuis 1962, M. Bayrou devient le sixième locataire de Matignon depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017.Une tâche redoutable attend rue de Varenne le maire de Pau. Avec pour priorité le budget pour 2025, laissé en suspens par la censure. Dans un contexte de colère des agriculteurs et de multiplication des plans sociaux, le niveau du déficit et de la dette sera “une réalité qui s’imposera à tout gouvernement, quel qu’il soit”, a prévenu Michel Barnier.En attendant que ce nouveau budget soit adopté, un projet consensuel de loi spéciale permettant d’éviter une paralysie de l’Etat sera examiné lundi par l’Assemblée nationale.- “Gouvernement d’intérêt général” -Cette nomination intervient trois jours après une réunion inédite des dirigeants des partis, hors Rassemblement national et La France insoumise, sous l’égide du chef de l’État. Où se sont esquissés les contours d’un “accord de coopération démocratique”, selon la formule de M. Bayrou mardi: le gouvernement s’engagerait à ne pas recourir au 49.3 pour imposer ses lois, les opposants à ne pas le censurer, Emmanuel Macron évoquant de son côté son intention de ne pas dissoudre à nouveau l’Assemblée.Le nouveau Premier ministre, qui “s’est imposé” comme “le plus consensuel”, “aura pour mission de dialoguer” avec ces mêmes partis, des communistes à la droite, “afin de trouver les conditions de la stabilité et de l’action”, a déclaré l’entourage du président. Ce dernier l’a chargé de former un “gouvernement d’intérêt général”, “resserré”.Même si le centriste a régulièrement distillé des critiques contre la politique -trop à droite- et la pratique du pouvoir -trop personnelle- de son allié, ce ne sera donc pas une cohabitation, comme la gauche le réclame depuis les élections législatives. Comme prévu, le Nouveau Front populaire ne participera pas à ce gouvernement. Mais il se divise sur le degré de critiques envers François Bayrou.LFI déposera ainsi dès que possible une motion de censure, son coordinateur Manuel Bompard qualifiant ce choix de “nouveau bras d’honneur à la démocratie”. Pour prix de leur non-censure, les socialistes demandent de leur côté à François Bayrou à s’engager à renoncer au 49.3 et à procéder à une “réorientation de la politique gouvernementale”. Les communistes ont exprimé une position voisine.Entre les deux, la patronne des écologistes Marine Tondelier a listé ses exigences, dont la sortie du gouvernement de Bruno Retailleau, actuel ministre de l’Intérieur à la ligne très droitière. Son parti, Les Républicains, devrait quant à lui arrêter sa position dans l’après-midi. Côté RN, “il n’y aura pas de censure a priori”, a dit son président Jordan Bardella, même si Marine Le Pen a prévenu qu’un “prolongement du macronisme” avec François Bayrou “ne pourrait mener qu’à l’impasse”.- Autres noms jusqu’au bout -Le centriste a finalement été préféré à d’autres noms qui ont circulé jusqu’au bout, comme celui de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du ministre des Armées Sébastien Lecornu, de l’aile droite de la macronie.Jeudi, c’est le profil de l’ex-ministre de l’Industrie Roland Lescure, un macroniste social-libéral, qui a été poussé par le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, selon plusieurs sources proches des consultations. Mais la droite et le RN sont montés au créneau pour lui faire barrage.C’est une arrivée à Matignon aux allures de consécration particulière pour le lointain ministre de l’Éducation (1993-1997) depuis longtemps tourné vers la plus haute fonction: inlassable défenseur d’un centre indépendant, François Bayrou a été trois fois candidat à l’élection présidentielle de 2002 à 2012, sans parvenir au second tour (18,57% en 2007).Son alliance avec Emmanuel Macron en 2017 a dégagé la voie pour l’élection du plus jeune président de l’histoire de France, porteur d’un “en même temps” droite-gauche en phase avec son projet politique.Mais le Béarnais, nommé ministre de la Justice, n’est resté que 34 jours place Vendôme en 2017, empêché par l’ du MoDem, jugée en première instance sept ans plus tard, en février 2024. Si le parti a été lourdement condamné, François Bayrou a été relaxé, mais le parquet a fait appel.

Macron nomme Bayrou à Matignon, pour tenter de dénouer la crise politique

Emmanuel Macron a nommé vendredi François Bayrou Premier ministre, un défi immense pour le président du MoDem et premier allié du président, chargé de dénouer la crise politique majeure ouverte par la dissolution et aggravée par la censure de Michel Barnier.L’annonce de la nomination du président-fondateur du parti centriste est intervenue à la mi-journée, après une nouvelle matinée d’intenses spéculations. avait été reçu à 08H30 à l’Élysée pour un entretien de près de deux heures, suivi d’un long silence-radio.A 73 ans, comme son prédécesseur Michel Barnier renversé le 4 décembre par l’Assemblée nationale lors d’une censure inédite depuis 1962, M. Bayrou devient le sixième locataire de Matignon depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017. Et le 28e Premier ministre de la Ve République.Une tâche immense attend rue de Varenne le maire de Pau, premier allié de M. Macron en 2017. Avec pour priorité le budget pour 2025, le projet de budget de la Sécurité sociale ayant été mis en échec par la censure. Dans un contexte de colère des agriculteurs et de multiplication des plans sociaux, les niveaux des déficit et de la dette seront “une réalité qui s’imposera à tout gouvernement, quel qu’il soit”, a prévenu Michel Barnier.En attendant que ce nouveau budget soit adopté, un projet consensuel de “loi spéciale” permettant d’assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat sera examinée lundi par l’Assemblée nationale.La passation de pouvoirs est prévue dans l’après-midi.-“Gouvernement d’intérêt général”-Cette nomination intervient trois jours après une réunion inédite des dirigeants des partis, hors Rassemblement national et La France insoumise, sous l’égide du chef de l’État. Où se sont esquissés les contours d’un “accord de coopération démocratique”, selon la formule de M. Bayrou mardi: le gouvernement s’engagerait à ne pas recourir au 49.3 pour imposer ses lois, les opposants à ne pas le censure, Emmanuel Macron évoquant de son côté son intention de ne pas dissoudre à nouveau l’Assemblée.Le dirigeant centriste a finalement été préféré à d’autres noms qui ont circulé jusqu’au bout, comme celui de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, des ministres de l’aile droite de la macronie Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin.Jeudi, c’est le profil de l’ex-ministre de l’Industrie Roland Lescure, un macroniste social-libéral, qui a été poussé par le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, selon plusieurs sources proches des consultations. Mais la droite et le RN sont montés au créneau pour lui faire barrage.L’ancien chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, qui accompagne Emmanuel Macron depuis 2017, a lui carrément fait savoir qu’il avait “refusé” Matignon, jugeant que “ce ne serait sérieux” d’accepter à 77 ans.C’est une arrivée à Matignon aux allures de consécration particulière pour le lointain ministre de l’Éducation (1993-1997) depuis longtemps tourné vers la plus haute fonction: inlassable défenseur d’un centre indépendant, François Bayrou a été trois fois candidat à l’élection présidentielle de 2002 à 2012, sans parvenir au second tour (18,57% en 2007).Son alliance avec Emmanuel Macron en 2017 a dégagé la voie pour l’élection du plus jeune président de l’histoire, porteur d’un “en même temps” droite-gauche en phase avec son projet politique.Mais le Béarnais, nommé ministre de la Justice, n’est resté que 34 jours place Vendôme en 2017, empêché par l’affaire des assistants parlementaires du MoDem, jugée en première instance sept ans plus tard, en février 2024. Si le parti a été lourdement condamné, François Bayrou a été relaxé, mais le parquet a fait appel.Depuis 2017, le maire de Pau a régulièrement distillé des critiques contre la politique –trop à droite– et la pratique du pouvoir –trop personnelle– de son allié, sans jamais se départir de sa solidarité. -Pas de censure d’emblée ?-Peu après l’annonce de la nomination, le président du RN Jordan Bardella a assuré qu’il n’y aurait “pas de censure a priori”.M. Bayrou devrait en revanche subir une censure de la part de La France insoumise. “Faire tomber Bayrou sera faire tomber Macron”, a prévenu le coordinateur de LFI Manuel Bompard, qualifiant cette nomination de “nouveau bras d’honneur à la démocratie”.L’échec de M. Barnier, Premier ministre choisi en septembre par Emmanuel Macron alors que la gauche revendiquait Matignon, remet la pression sur le chef de l’État et le Premier ministre. La donne a-t-elle évolué? Si le Parti socialiste, et dans une moindre mesure les communistes et les Ecologistes, ont donné quelques gages de compromis, poussant leur alliance avec LFI au sein du Nouveau Front populaire au bord de la rupture, pas sûr qu’ils soutiennent franchement François Bayrou.Le centriste, qui plaide depuis des décennies pour des gouvernement Å“cuméniques, devrait tenter de conserver des ministres du parti Les Républicains côté droit, avec qui les relations sont historiquement tendues. Nicolas Sarkozy a notamment usé de son influence pour empêcher cette nomination à Matignon.M. Bayrou devrait également se tourner davantage vers la gauche, à défaut de convaincre les membres du Nouveau Front populaire de participer au gouvernement.Côté RN, le président du MoDem pourrait bénéficier du fait d’avoir apporté son parrainage à Marine Le Pen pour concourir à l’Elysée en 2022, dans un geste destiné à défendre le “pluralisme”.

François Bayrou, premier allié de Macron, Premier ministre à l’usure

Sept ans qu’il attendait d’être Premier ministre. François Bayrou, nommé vendredi successeur de Michel Barnier, parvient enfin, à 73 ans, au premier rôle au côté d’Emmanuel Macron, dont il avait grandement contribué à l’élection à l’Elysée.Une membre de l’entourage de cet infatigable défenseur d’un centre indépendant, actif depuis plus de quarante ans dans la vie politique française, l’assurait pourtant cet automne: Premier ministre, “François est convaincu qu’il ferait le job. Mais il est aussi convaincu, depuis cet été, qu’il ne sera jamais nommé”.”Jamais”, François Bayrou? Le maire de Pau n’avait pas vraiment mégoté en septembre pour convaincre ses troupes, dont une partie était très réticente, de soutenir Michel Barnier. Lui, le président-fondateur du MoDem, le grand pourfendeur des prétentions hégémoniques de la droite. Parce qu’il savait le Savoyard voué à l’échec? Depuis plus d’un mois en tout cas, en privé, il pronostiquait sa chute.Depuis 2017 et cette alliance avec Emmanuel Macron, déterminante sur la route vers l’Elysée, aucun Premier ministre n’a vraiment trouvé grâce aux yeux du Béarnais, à l’exception peut-être de Jean Castex. Édouard Philippe? Trop à droite. Élisabeth Borne? Pas taillée pour le rôle dans un tel contexte politique. Gabriel Attal? Trop jeune…Et tous sous la coupe d’un chef de l’État qui veut tout diriger, tout contrôler, flanqué de son inamovible secrétaire général Alexis Kohler, qui concentrait fort opportunément les critiques – les deux hommes se sont rencontrés récemment à Pau.Raison pour laquelle jusqu’à vendredi matin, François Bayrou bien que convaincu d’être l’homme de la situation, doutait encore de sa nomination.”J’ai toujours pensé que si un jour j’avais cette responsabilité, c’est que ça irait très mal. C’est à peu près les paroles de Clemenceau. Quand ils sont venus le chercher (en novembre 1917), il avait 76 ans et il a sauvé le pays”, expliquait le centriste devant quelques journalistes en 2022.- De Giscard à Macron -Un rôle à la mesure de ce triple candidat à la présidentielle (2002, 2007 et 2012), qui n’a jamais renoncé à ses ambitions nationales.Celles-ci ont bourgeonné dès les années 1970 quand ce natif de Bordères (Pyrénées-Atlantiques), fils d’agriculteurs – son père est mort d’un accident il y a un demi-siècle -, marié et père de six enfants, a fait ses premières armes en politique. D’abord comme militant pour le compte de Valéry Giscard d’Estaing, avant d’intégrer le cabinet du ministre Pierre Méhaignerie en 1979.Élu député des Pyrénées-Atlantiques en 1986, il devient ministre de l’Éducation nationale du gouvernement de cohabitation d’Édouard Balladur en 1993 et fut profondément marqué par François Mitterrand.”Un bègue aussi éloquent, un centriste aussi ferme, un catholique aussi laïque, François Bayrou sera un jour un redoutable candidat à l’élection présidentielle”, avait déclaré le vieux président socialiste au journaliste Alain Duhamel (Libération, 2012).Malgré son soutien à Édouard Balladur, François Bayrou demeure rue de Grenelle en 1995 après l’élection de Jacques Chirac. Immobilisme? Gestion sans vague avec les syndicats? Son lointain successeur Jean-Michel Blanquer n’a pas de mots assez durs contre la “vanité du personnage”: “le verbe plutôt que l’acte, l’apparence plutôt que la réalité, les joies de Narcisse plutôt que les travaux d’Hercule”.”Le centre n’est ni de gauche, ni de gauche”, avait également dit François Mitterrand. Maxime que François Bayrou s’acharne depuis à démentir en tentant de donner au centre son indépendance vis-à-vis de la droite.- A Matignon, “prendre des risques” -Au plan partisan, cet agrégé de lettres classiques, auteur d’une biographie d’Henri IV – dont le 13 décembre est l’anniversaire de naissance -, devint en 1994 président du Centre des démocrates sociaux (CDS), composante de l’UDF de Giscard dont il prend le contrôle en 1998.Son refus d’intégrer l’UMP en 2002 lui valut de premières défections dans la famille centriste. Pendant sa première campagne présidentielle, il gifle un enfant qui tente de lui faire les poches et gagne en notoriété, mais récolte moins de 7%.Nouveau faux pas en 2007 avec son refus de soutenir Nicolas Sarkozy entre les deux tours, alors qu’il venait de réunir 18,57% des voix au premier. Nouveaux départs. François Bayrou fonde alors le Mouvement démocrate (MoDem), qui débuta son existence par une longue traversée du désert, son soutien “personnel” à François Hollande face à Nicolas Sarkozy entre les deux tours de 2012 ne lui évitant pas la défaite aux législatives à Pau.Après avoir vu en Emmanuel Macron un digne représentant des “puissances de l’argent”, qu’il pourfend régulièrement, François Bayrou change son fusil d’épaule en 2017 et lui propose une alliance. Pari réussi: voilà le chantre du “en même temps” gauche-droite installé, à 39 ans, à l’Elysée. Nommé garde des Sceaux, François Bayrou quitte la Place Vendôme au bout de 34 jours, mis en cause dans l’affaire des assistants des députés européens MoDem. Si le parti a été lourdement condamné en février, son fondateur a été relaxé. Mais le parquet a fait appel. Insuffisant pour lui barrer la route de Matignon aux yeux d’Emmanuel Macron. “Entre-temps, la calomnie et les rumeurs auront fait des dégâts irréparables”, dénonçait-il en avril dans une claire allusion à Marielle de Sarnez, première de cordée de son aventure politique, emportée par une leucémie en 2021.Une perspective insuffisante aux yeux d’Emmanuel Macron pour lui barrer la route de Matignon. Comment compte-t-il à présent réussir là où Michel Barnier a échoué? Un gouvernement de large union, ouvert à plusieurs personnalités de gauche? En mettant en place la proportionnelle à l’Assemblée, qu’il réclamait à Emmanuel Macron depuis des années? Devant la perspective d’une crise de régime, “il faut prendre des risques. Vous ne pouvez pas rester dans l’ordinaire”, expliquait-il récemment à l’AFP.

Fausses accusations contre Garrido et Corbière: l’ex-président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde mis en examen

Nouveaux démêlés judiciaires pour l’ancien président de l’UDI: Jean-Christophe Lagarde a été mis en examen dans l’enquête à Paris sur un article du Point en juin 2022 accusant indûment l’ancienne députée LFI Raquel Garrido et son conjoint le député Alexis Corbière (ex-Insoumis) d’exploiter une femme de ménage sans papiers.M. Lagarde, ancien maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), a été mis en examen le 8 octobre pour “escroquerie en bande organisée et recel de biens provenant d’un vol”, a précisé le parquet de Paris, confirmant des sources proches du dossier.”Je ne comprends évidemment pas la mise en examen”, mais “d’une certaine façon je m’en réjouis parce que ça m’a permis enfin d’avoir accès au dossier et de comprendre ce qu’il y avait là-dedans”, a réagi auprès de l’AFP M. Lagarde, 57 ans.”Avec @alexiscorbiere nous saluons l’avancée de la procédure, qui devra in fine punir cette manipulation immonde et cette grave atteinte à la démocratie”, a posté Raquel Garrido sur X (ex-Twitter).L’avocat du couple Me Xavier Sauvignet a qualifié la mise en examen de “parfaitement logique au regard des indices recueillis”.”Mes clients estiment indispensable, depuis le début de cette enquête, que les véritables responsables de cette tentative de manipulation du public en période électorale, qui constitue une grave atteinte au fonctionnement de la démocratie, soient poursuivis et jugés”, a-t-il ajouté.L’affaire avait démarré en juin 2022, juste après le second tour des élections législatives, avec la publication sur le site internet du Point d’un article du journaliste Aziz Zemouri accusant indûment le couple d’avoir exploité une femme de ménage sans papiers. Raquel Garrido et Alexis Corbière avaient démenti ces accusations et porté plainte. Fait rarissime, l’article avait été retiré du site dès le lendemain et Le Point avait admis qu’il s’était “révélé faux” et “mensonger”. M. Zemouri avait également porté plainte.Le parquet avait ouvert une enquête préliminaire en juin 2022 puis une information judiciaire.- “Nuire” à Raquel Garrido -Depuis septembre 2022, Rudy Succar, un ancien chauffeur de M. Lagarde, présenté comme “une sorte d’homme de main” par une source proche du dossier, est mis en examen dans cette affaire.Il a reconnu devant les enquêteurs s’être fait passer pour la femme de ménage auprès du journaliste, assurant avoir “agi de sa propre initiative pour satisfaire son employeur” en “inventant cette histoire”.L’ancien chauffeur avait néanmoins relaté s’être “vu suggérer par l’ex-maire de Drancy de trouver une information susceptible de nuire” à Mme Garrido, qu’il affrontait dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis. “L’auteur des faits à cinq reprises, cinq auditions successives, a dit, affirmé et réaffirmé qu’il avait fait ça de sa propre initiative, que je n’ai jamais rien demandé”, a accusé Jean-Christophe Lagarde. Pour son conseil Me Gérard Zbili, les investigations confirment que l’ancien maire “n’est ni le concepteur, ni l’initiateur d’un procédé grossier dont on a peine à imaginer qu’il a pu avoir un quelconque bénéfice sur l’élection en cours”. M. Lagarde avait été battu par Mme Garrido après quatre mandats à la tête de cette circonscription (2002-2022).Un troisième protagoniste, un policier détaché à la mairie de Drancy, Anouar Bouhadjela, aussi appelé Noam Anouar, a lui aussi été mis en examen le 10 octobre.Les trois hommes avaient été placés en garde à vue en septembre 2022.Lors de sa garde à vue, M. Lagarde avait nié tout rôle dans cette affaire avant de reconnaître avoir été informé de cette histoire par M. Succar. Il avait ensuite transmis cette “bonne nouvelle” à M. Anouar.C’est Noam Anouar qui a ensuite transmis le tuyau frelaté à Aziz Zemouri, et selon les déclarations de ce dernier aux enquêteurs, insisté pour que l’article soit publié avant la fin des législatives.Ancien maire de Drancy (2001-2017), M. Lagarde a été condamné en décembre 2022 à deux ans d’inéligibilité pour avoir fourni un emploi fictif à sa belle-mère.Il a démissionné de son mandat d’adjoint de Drancy (70.000 habitants), dirigée depuis 2017 par son épouse, Aude Lavail-Lagarde.M. Lagarde avait quitté en octobre 2022 la présidence de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) qu’il occupait depuis 2014.sm-amb-gd-mk/meh/asl/djb

Entretien Bayrou-Macron terminé, nomination imminente du Premier ministre

La nomination du nouveau Premier ministre semblait imminente vendredi matin, avec une passation de pouvoir annoncée en fin de matinée à Matignon sans attendre l’officialisation du nom du successeur de Michel Barnier par l’Elysée où François Bayrou a été longuement reçu.Un tapis rouge a été déroulé dans la cour de l’hôtel du 57 rue de Varenne en vue d’une passation de pouvoir attendue en fin de matinée, selon des sources ministérielles.Mais de nom de Premier ministre, toujours pas à 10H30, alors que le président du Modem François Bayrou a été reçu pendant 1H45 à l’Elysée.Emmanuel Macron a-t-il reçu son allié historique pour lui annoncer sa nomination ou au contraire lui expliquer les raisons d’une non-nomination une nouvelle fois ?Le chef de l’Etat procrastine-t-il encore comme lorsqu’il avait mis 51 jours pour nommer Michel Barnier en remplacement de Gabriel Attal ? Est-il encore indécis, jouant avec les nerfs des responsables politiques et des principaux favoris pour le poste ?”Il conclut ses consultations”, disait jeudi soir à l’AFP son entourage. Mais l’attente est propice à la propagation d’informations non-vérifiées et à un climat délétère dans la classe politique marqué par les attaques contre les prétendants potentiels. L’un d’eux reconnaissait tard jeudi soir ne pas être fixé sur les choix du président.- “Dans la nasse” -“Ils sont dans la nasse”, il y a un “tir de barrage à chaque nom”, déplorait un proche d’Emmanuel Macron. “Personne n’est accordé autour du président”, ajoutait-il.Jeudi, c’est le nom de Roland Lescure, ex-ministre de l’Industrie et macroniste de la première heure, qui a fait irruption dans le débat.A 58 ans, le député des Français établis à l’étranger pour l’Amérique du Nord, plutôt marqué à gauche de la macronie, pourrait devenir un super-animateur à la tête d’un gouvernement de poids-lourds, à ce titre plus difficile à censurer.Plusieurs députés du Rassemblement national, dont les cadres Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy, ont marqué successivement sur X leur hostilité à sa nomination. “Roland Lescure ? Motion de censure”, a écrit la porte-parole du groupe lepéniste Laure Lavalette, avant d’effacer son message.Prenant l’hypothèse au “sérieux”, l’entourage du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a prévenu que ce serait un “gros problème” pour son parti, Les Républicains (LR), car Roland Lescure “porte une ligne inverse” sur l’immigration.L’équation politique reste infiniment complexe malgré le mouvement opéré par le parti socialiste. Le prochain chef du gouvernement devra créer les conditions de sa survie politique afin de ne pas subir le sort de Michel Barnier, renversé le 4 décembre par les députés lors d’une censure inédite depuis 1962, qui laisse le pays sans budget pour 2025.Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, comme la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, a proposé une formule: le renoncement à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire passer des textes en force au Parlement, si un Premier ministre de gauche était nommé. En contrepartie, une majorité de députés s’engagerait à ne pas le censurer.Cette formule a relancé l’option Bernard Cazeneuve, l’ex-Premier ministre de François Hollande et figure de la gauche modérée hostile à l’alliance avec La France insoumise (LFI).- Le Drian a refusé -Ce ne sera en tout cas pas l’ex-ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a confié à l’hebdomadaire breton Le Penthièvre avoir “refusé” le poste, s’estimant trop âgé à 77 ans.De fait, le président semble réticent à se tourner vers la gauche. Dès lors, les noms de l’inamovible ministre des Armées Sébastien Lecornu et de celle des Territoires Catherine Vautrin, tous deux passés de la droite à la macronie, sont aussi cités comme de possibles Premiers ministres.Mais plus encore que d’autres prétendants, ils se retrouveraient dans une situation politique similaire à celle de Michel Barnier, avec un fort risque de censure si la gauche et le Rassemblement national s’alliaient pour la circonstance.Quant au sortant, Michel Barnier entend rester actif dans le débat politique. Il va prendre un peu de repos en Savoie, avant de compléter un projet de livre sur les “leçons” qu’il a tirées de ses différents expériences politiques.Lors du dernier Conseil des ministres, il avait pointé sa “préoccupation” du déficit et de la dette “une réalité qui s’imposera à tout gouvernement, quel qu’il soit”. Il devait planter dans les jardins de la rue de Varenne un érable rouge pour respecter la tradition de tous les Premiers ministres.

Nomination imminente du Premier ministre, Bayrou à l’Elysée

La nomination du nouveau Premier ministre semblait imminente vendredi à 10 heures, avec une passation de pouvoir déjà annoncée en fin de matinée à Matignon sans attendre l’officialisation du nom du successeur de Michel Barnier par l’Elysée, où François Bayrou est reçu depuis 08H30.Un tapis rouge a été déroulé dans la cour de l’hôtel du 57 rue de Varenne en vue d’une passation attendue en fin de matinée, selon des sources ministérielles.Mais de nom de Premier ministre, toujours pas à 10H00 alors que le président du Modemen François Bayrou est depuis 08H30 à l’Elysée.Emmanuel Macron reçoit-il son allié historique pour lui annoncer sa nomination ou au contraire lui expliquer les raisons d’une non-nomination une nouvelle fois ?Le chef de l’Etat procrastine-t-il encore comme lorsqu’il avait mis 51 jours pour nommer Michel Barnier en remplacement de Gabriel Attal ? Est-il encore indécis, jouant avec les nerfs des responsables politiques et des principaux favoris pour le poste ?”Il conclut ses consultations”, disait jeudi soir à l’AFP son entourage. Mais l’attente est propice à la propagation d’informations non-vérifiées et à un climat délétère dans la classe politique marqué par les attaques contre les prétendants potentiels. L’un d’eux reconnaissait tard jeudi soir ne pas être fixé sur les choix du président.- “Dans la nasse” -“Ils sont dans la nasse”, il y a un “tir de barrage à chaque nom”, déplorait un proche d’Emmanuel Macron. “Personne n’est accordé autour du président”, ajoutait-il.Jeudi, c’est le nom de Roland Lescure, ex-ministre de l’Industrie et macroniste de la première heure, qui a fait irruption dans le débat.A 58 ans, le député des Français établis à l’étranger pour l’Amérique du Nord, plutôt marqué à gauche de la macronie, pourrait devenir un super-animateur à la tête d’un gouvernement de poids-lourds, à ce titre plus difficile à censurer.Plusieurs députés du Rassemblement national, dont les cadres Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy, ont marqué successivement sur X leur hostilité à sa nomination. “Roland Lescure ? Motion de censure”, a écrit la porte-parole du groupe lepéniste Laure Lavalette, avant d’effacer son message.Prenant l’hypothèse au “sérieux”, l’entourage du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a prévenu que ce serait un “gros problème” pour son parti, Les Républicains (LR), car Roland Lescure “porte une ligne inverse” sur l’immigration.L’équation politique reste infiniment complexe malgré le mouvement opéré par le parti socialiste. Le prochain chef du gouvernement devra créer les conditions de sa survie politique afin de ne pas subir le sort de Michel Barnier, renversé le 4 décembre par les députés lors d’une censure inédite depuis 1962, qui laisse le pays sans budget pour 2025.Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, comme la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, a proposé une formule: le renoncement à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire passer des textes en force au Parlement, si un Premier ministre de gauche était nommé. En contrepartie, une majorité de députés s’engagerait à ne pas le censurer.Cette formule a relancé l’option Bernard Cazeneuve, l’ex-Premier ministre de François Hollande et figure de la gauche modérée hostile à l’alliance avec La France insoumise (LFI).Ce ne sera en tout cas pas l’ex-ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a confié à l’hebdomadaire breton Le Penthièvre avoir “refusé” le poste, s’estimant trop âgé à 77 ans.De fait, le président semble réticent à se tourner vers la gauche. Dès lors, les noms de l’inamovible ministre des Armées Sébastien Lecornu et de celle des Territoires Catherine Vautrin, tous deux passés de la droite à la macronie, sont aussi cités comme de possibles Premiers ministres.Mais plus encore que d’autres prétendants, ils se retrouveraient dans une situation politique similaire à celle de Michel Barnier, avec un fort risque de censure si la gauche et le Rassemblement national s’alliaient pour la circonstance.Quant au sortant, Michel Barnier entend rester actif dans le débat politique. Il va prendre un peu de repos en Savoie, avant de compléter un projet de livre sur les “leçons” qu’il a tirées de ses différents expériences politiques.Lors du dernier Conseil des ministres, il avait pointé sa “préoccupation” du déficit et de la dette “une réalité qui s’imposera à tout gouvernement, quel qu’il soit”. Il devait planter dans les jardins de la rue de Varenne un érable rouge pour respecter la tradition de tous les Premiers ministres.

La promesse d’un Premier ministre vendredi matin, Bayrou reçu à l’Elysée

Enfin le dénouement ? Le président Emmanuel Macron a repoussé à vendredi matin le moment de désigner un Premier ministre, laissant prospérer rumeurs et spéculations entre le centriste François Bayrou, reçu tôt vendredi à l’Elysée, l’ex-socialiste Bernard Cazeneuve ou encore un candidat surprise commme l’ancien ministre Roland Lescure.François Bayrou, dont le nom revient avec insistance depuis plusieurs jours, est arrivé à 08H30 à l’Elysée pour s’entretenir avec le président.Mais on ne sait pas si Emmanuel Macron reçoit son allié historique pour lui annoncer sa nomination ou au contraire lui expliquer les raisons d’une non-nomination une nouvelle fois.De retour d’une visite éclair en Pologne, à peine arrivé sur le sol français, Emmanuel Macron a déçu les attentes jeudi soir et fait savoir que la nomination du nouvel hôte de Matignon pour succéder à Michel Barnier n’aurait lieu que le lendemain.Le délai de 48 heures qu’il avait lui-même fixé mardi dernier devant les chefs de parti n’aura donc pas été tenu.Le chef de l’Etat procrastine-t-il encore comme lorsqu’il avait mis 51 jours pour nommer Michel Barnier en remplacement de Gabriel Attal ? Est-il encore indécis, jouant avec les nerfs des responsables politiques et des principaux favoris pour le poste ?”Il conclut ses consultations”, disait jeudi soir à l’AFP son entourage. Mais l’attente est propice à la propagation d’informations non-vérifiées et à un climat délétère dans la classe politique, marqué par les attaques contre les prétendants potentiels. L’un d’eux reconnaissait tard jeudi soir ne pas être fixé sur les choix du président.- “Dans la nasse” -“Ils sont dans la nasse”, il y a un “tir de barrage à chaque nom”, déplorait un proche d’Emmanuel Macron. “Personne n’est accordé autour du président”, ajoutait-il.Jeudi, c’est le nom de Roland Lescure, ex-ministre de l’Industrie et macroniste de la première heure qui a fait irruption dans le débat.A 58 ans, le député des Français établis à l’étranger pour l’Amérique du Nord, plutôt marqué à gauche de la macronie, pourrait devenir un super-animateur à la tête d’un gouvernement de poids-lourds, à ce titre plus difficile à censurer.Plusieurs députés du Rassemblement national, dont les cadres Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy, ont marqué successivement sur X leur hostilité à sa nomination. “Roland Lescure ? Motion de censure”, a écrit la porte-parole du groupe lepéniste Laure Lavalette, avant d’effacer son message.Prenant l’hypothèse au “sérieux”, l’entourage du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a prévenu que ce serait un “gros problème” pour son parti, Les Républicains (LR), car Roland Lescure “porte une ligne inverse” sur l’immigration.L’équation politique reste infiniment complexe malgré le mouvement opéré par le parti socialiste. Le prochain chef du gouvernement devra créer les conditions de sa survie politique afin de ne pas subir le sort de Michel Barnier, renversé le 4 décembre par les députés lors d’une censure inédite depuis 1962, qui laisse le pays sans budget pour 2025.Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, comme la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, a proposé une formule: le renoncement à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire passer des textes en force au Parlement, si un Premier ministre de gauche était nommé. En contrepartie, une majorité de députés s’engagerait à ne pas le censurer.Cette formule a relancé l’option Bernard Cazeneuve, l’ex-Premier ministre de François Hollande et figure de la gauche modérée hostile à l’alliance avec La France insoumise (LFI).Ce ne sera en tout cas pas l’ex-ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a confié à l’hebdomadaire breton Le Penthièvre avoir “refusé” le poste, s’estimant trop âgé à 77 ans.De fait, le président semble réticent à se tourner vers la gauche. Dès lors, les noms de l’inamovible ministre des Armées Sébastien Lecornu et de celle des Territoires Catherine Vautrin, tous deux passés de la droite à la macronie, sont aussi cités comme de possibles Premiers ministres.Mais plus encore que d’autres prétendants, ils se retrouveraient dans une situation politique similaire à celle de Michel Barnier, avec un fort risque de censure si la gauche et le Rassemblement national s’alliaient pour la circonstance.

Le Drian dit avoir refusé le poste de Premier ministre

L’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a confié à l’hebdomadaire breton Le Penthièvre qu’il avait refusé le poste de Premier ministre pour lequel le président Emmanuel Macron poursuit vendredi ses consultations.”On me l’a proposé. Mais j’ai refusé. Dans deux ans et demi, j’aurai 80 ans, ce ne serait pas sérieux”, a justifié M. Le Drian, jeudi en marge d’une conférence organisée à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) sur le thème du “basculement du monde”. Président socialiste de la région Bretagne de 2004 à 2017, Jean-Yves Le Drian avait occupé les fonctions de ministre de la Défense du président François Hollande. Rallié à Emmanuel Macron, il avait ensuite été son premier ministre des Affaires étrangères. Il est actuellement son envoyé spécial pour le Liban.Le président Emmanuel Macron a repoussé à vendredi le moment de désigner un Premier ministre, et il a reçu dans la matinée à l’Elysée le président du MoDem François Bayrou pour de nouvelles consultations.

Nouveau Premier ministre: Bayrou reçu à 8H30 à l’Élysée

François Bayrou, un des choix possibles d’Emmanuel Macron pour Matignon, sera reçu vendredi à 08H30 à l’Elysée, a-t-on appris de sources proches des consultations.Le président du Modem s’est déjà entretenu au téléphone jeudi soir avec Emmanuel Macron qui a promis de nommer son nouveau Premier ministre vendredi matin.A ce stade, on ne sait pas si Emmanuel Macron reçoit François Bayrou, 73 ans, pour lui annoncer sa nomination au poste de Premier ministre ou au contraire lui expliquer les raisons d’une non-nomination une nouvelle fois.De retour d’une visite éclair en Pologne, à peine arrivé sur le sol français, Emmanuel Macron a déçu les attentes jeudi soir et fait savoir que la nomination du nouvel hôte de Matignon pour succéder à Michel Barnier n’aurait lieu que ce vendredi.Le délai de 48 heures qu’il avait lui même fixé mardi dernier devant les chefs de parti n’aura donc pas été tenu.