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Aide à mourir : ses partisans saluent un “vote historique”, les opposants y voient une “transgression majeure”

L’approbation mardi par l’Assemblée du “droit à l’aide à mourir” a été saluée par ses partisans comme un “vote historique”, ses opposants, des soignants aux évêques, continuant de se dire “profondément inquiets des conséquences” de cette réforme sociétale. “L’heure est à la joie pour celles et ceux d’entre nous qui perçoivent l’espoir d’une fin de vie maîtrisée, épargnée des souffrances inapaisables et des agonies inutiles”, a salué Jonathan Denis, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) qui milite de longue date pour cette réforme. “Mais l’heure n’est pas au triomphalisme, tant le temps qui s’ouvre aujourd’hui, avant la promulgation de la loi, sera encore trop long pour celles et ceux qui souffrent”, a ajouté M. Denis cité dans un communiqué. Claire Thoury, membre du Conseil économique, sociale et environnemental (Cese) et présidente du Comité de Gouvernance de la Convention citoyenne qui a planché en amont sur la fin de vie, a salué “un moment historique sur le plan démocratique”.  Fers de lance du combat contre la proposition de loi sur le “droit à l’aide à mourir”, les soignants de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) ont déploré un “changement fondamental de la mission des soignants”.”Ce texte sur l’aide à mourir ne répond pas à des situations d’exception mais instaure une nouvelle norme du mourir”, a déclaré sa présidente, Claire Fourcade citée dans un communiqué. “Il s’inscrit dans un contexte actuel où l’offre de soin est terriblement déficiente, ce qui ne permet pas le libre choix”, a-t-elle ajouté. La Sfap a néanmoins salué l’adoption de la proposition de loi sur les soins palliatifs en jugeant qu’elle comporte des “innovations utiles”. Ces soignants jugent toutefois qu’elle ne répond pas aux défis posés par le manque de moyens ou de professionnels. Dans un communiqué distinct, la conférence des évêques de France (CEF) qui a l’instar des représentants des autres confessions, est opposée au texte sur le droit à mourir, a redit “sa vive inquiétude”.Les évêques français jugent que l’adoption définitif de ce texte législatif “mettrait profondément à mal le pacte social et le modèle de soins français”.Les ex-militants de la Famille pour tous devenus le syndicat de la Famille ont dénoncé “la suppression de l’interdit de tuer” perçue comme “une transgression majeure”. L’Assemblée nationale a voté en première lecture mardi en faveur du “droit à l’aide à mourir”, permettant à cette réforme en gestation depuis plusieurs années de franchir une étape décisive.Les députés avaient auparavant approuvé à l’unanimité, un texte sur les soins palliatifs.

“Cibler” la gauche : des députés dénoncent un propos de la ministre Genevard, une polémique “malhonnête”, répond-elle

Des députés de gauche ont accusé mardi la ministre de l’Agriculture d’avoir incité des agriculteurs à “cibler des élus de gauche”, mais Annie Genevard et son entourage réfutent tout appel à la violence, et évoquent une phrase “sortie de son contexte”.”+Ciblez les élus de gauche!+, cet appel honteux au ciblage d’élus de la République est celui de la ministre de l’Agriculture. Inadmissible dérive”, a publié sur le réseau social X le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.Lors des Questions au gouvernement mardi, le patron des députés PS Boris Vallaud a interpellé le Premier ministre François Bayrou, accusant sa ministre de l’Agriculture d’avoir appelé “les agriculteurs à cibler les élus de gauche : c’est-à-dire à la violence politique”.Dans leur viseur, des propos rapportés par La Dépêche du midi, selon laquelle Mme Genevard, lors d’un entretien informel avec des responsables professionnels agricoles du Tarn-et-Garonne, aurait déclaré : “Il faut cibler les élus de gauche”.”Ce qu’a dit la ministre de l’Agriculture, ce n’est pas de cibler. Elle a demandé aux agriculteurs d’expliquer à leurs élus quel était le texte”, a répondu François Bayrou dans l’hémicycle, démentant “qu’il y ait de la part du gouvernement la moindre pression sur les élus”, sous les protestations des députés de gauche.Plus tôt sur X, la ministre avait elle-même dénoncé une “polémique montée de toutes pièces”. “Faire croire à un appel à la violence est malhonnête. J’ai toujours appelé au respect et à la liberté de vote des parlementaires. Mon objectif était d’inciter les agriculteurs au dialogue avec leurs députés”, a-t-elle assuré.Clémence Guetté, vice-présidente LFI de l’Assemblée, a elle commenté l’article de La Dépêche en dénonçant un propos “irresponsable” de la ministre, “alors que des élus sont harcelés et leurs permanences dégradées par des militants violents”. Le député du groupe écologiste Benjamin Lucas a lui annoncé qu’il avait saisi la “procureure de la République”.Ces échanges ont eu lieu au lendemain du rejet tactique de la proposition de loi agricole dite Duplomb-Menonville, qui divise l’Assemblée notamment sur la question de la réintroduction dérogatoire de certains pesticides néonicotinoïdes. Les députés macronistes, LR et RN ont décidé de rejeter le texte, pour qu’il puisse poursuivre son chemin parlementaire, usant ainsi des procédures de l’Assemblée pour contourner la masse d’amendements écologistes et insoumis. Une stratégie défendue mardi par François Bayrou contre “une tentative de blocage” de la gauche et des écologistes “pour faire que ce texte ne puisse pas être examiné”.”Je pense qu’il faut que nous trouvions une manière d’organiser les dialogues et les débats de manière que le Parlement puisse pleinement jouer son rôle, qu’il ne soit pas entièrement bloqué par tel ou tel groupe”, a-t-il ajouté.L’examen de cette loi en commission à l’Assemblée s’est fait sous pression, plusieurs permanences de parlementaires ayant subi des dégradations.Dans un communiqué paru lundi, le préfet de Gironde a condamné des dégradations de permanences “entre samedi soir et ce lundi”, dénonçant “des actes inacceptables”.

Sabotages électriques: la surveillance va être étendue “à tous les lieux critiques”, dit Bayrou 

Le gouvernement va “étendre la surveillance à tous les lieux critiques” après des sabotages électriques qui ont provoqué un black-out massif à Cannes samedi, dernier jour du festival de cinéma, et atteint dimanche Nice où doit se tenir début juin une conférence de l’ONU sur les océans, a annoncé mardi François Bayrou.Ces sabotages sont “une mise en cause de l’ordre public extrêmement grave, destinée à impressionner, terrifier ceux qui organisent de tels événements”, a ajouté le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.Il a confirmé que ces sabotages avaient été revendiqués par un groupuscule d’extrême gauche, comme venait de le dire le chef de file des députés UDR Eric Ciotti, allié du Rassemblement national, qui l’interrogeait et a parlé d’actes “revendiqués par un groupuscule d’extrême gauche, d’ultragauche”.François Bayrou a souligné que la situation restait “risquée en raison de la multiplication et de la connaissance que ces groupuscules ont visiblement de l’organisation du réseau”. Le gouvernement va mener “un travail de surveillance”, de “renseignement” et de “sécurisation”. “Je ne veux pas prétendre devant vous que le risque serait annihilé. Le risque est présent, il est de notre devoir de le prévenir”, a-t-il conclu.Les enquêtes se poursuivaient lundi, après ces sabotages électriques, selon les trois parquets en charge de ces dossiers.Samedi, la coupure a touché jusqu’à 160.000 foyers dans la région de Cannes, où le festival et sa cérémonie de clôture ont été préservés grâce à un système d’alimentation autonome. Le courant n’a été rétabli qu’aux alentours de 15h20.La coupure avait été provoquée par l’incendie d’un poste électrique du gestionnaire du réseau RTE à Tanneron (Var) et la chute d’un pylône de ligne à haute tension dont trois des quatre piliers avaient été sciés à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes).Selon le parquet de Grasse, les enquêteurs doivent en particulier déterminer la validité d’une revendication publiée dimanche après-midi sur un site alternatif nantais et revendiquant l’attaque au nom de “deux bandes d’anarchistes”. Selon ce communiqué, l’attaque visait à perturber le festival de Cannes mais aussi le site cannois de Thales Alenia Space, qui produit des satellites à usage civil et militaire, plusieurs start-ups et l’aéroport de Nice.Cette supposée revendication ne visait en revanche pas les faits commis dimanche à Nice, a assuré le procureur de la ville, Damien Martinelli. Dans la nuit de samedi à dimanche, un incendie volontaire contre un transformateur électrique dans le quartier niçois des Moulins, un secteur gangréné par les trafics de stupéfiants, a privé d’électricité 45.000 foyers pendant quelques heures.

Mort à 90 ans de Jean Tiberi, dernier maire de droite de Paris

Les élus ont salué son engagement profond pour la ville lumière, malgré les affaires: l’ancien maire RPR de Paris Jean Tiberi, dernier édile de droite de la capitale de 1995 à 2001 et figure du 5e arrondissement, est décédé mardi à l’âge de 90 ans.”Paris, sa ville, lui rendra hommage. En sa mémoire, les drapeaux de tous les équipements municipaux seront mis en berne” le 3 juin, au premier jour du Conseil de Paris, a annoncé la maire Anne Hidalgo.L’édile socialiste a salué “la mémoire de cet homme qui a consacré une part immense de sa vie à Paris et au 5e arrondissement. Je garderai le souvenir d’un homme chaleureux, avec qui j’avais tissé des relations cordiales et respectueuses”, a-t-elle dit dans un message transmis à la presse.”Il a su porter haut les couleurs de la capitale”, a réagi sur le réseau X Rachida Dati, ministre de la Culture et candidate potentielle aux municipales de 2026. “Son souci constant de préserver la beauté de Paris ou encore le lancement du premier plan vélo, resteront un héritage précieux pour tous les Parisiens”, a estimé l’actuelle maire du 7e arrondissement. a pris en 1995 les rênes de Paris, succédant au premier maire de capitale, le RPR Jacques Chirac élu président de la République. Son mentor, dont il avait été le premier adjoint pendant plus de dix ans.Candidat dissident de la droite lors des municipales de 2001 face à Philippe Séguin, Jean Tiberi fut battu par le candidat du Parti socialiste Bertrand Delanoë, qui a fait basculer la ville à gauche.Sa carrière politique a été éclaboussée par les affaires, que les élus, dans leurs hommages, n’ont pas mentionnées.- “A sa manière” -Il avait ainsi été condamné en 2013 en appel, comme en première instance, à dix mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour l’inscription de faux électeurs sur les listes de sa mairie du 5e arrondissement de Paris en vue des élections municipales de 1995 et législatives de 1997. Son épouse Xavière, décrite comme “omniprésente” à la mairie du 5e, avait elle été condamnée à neuf mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende.Né à Paris d’ascendance corse, Jean Tiberi était entré au conseil municipal de la capitale en 1965. Député de Paris pendant plus de quatre décennies, de 1968 à 2012, il fut également le maire du 5e arrondissement durant 25 ans, de 1983 à 1995, puis de 2001 à 2014.Arrondissement “qu’il arpentait du matin au soir, du lundi au dimanche” et dont “il connaissait les habitants, les commerçants, les rues et les quartiers”, se souvient Anne Hidalgo.”Un maire engagé”, selon l’actuelle maire Horizons du 5e, Florence Berthout, qui a annoncé mardi la disparition de Jean Tiberi. “Un grand amoureux de son arrondissement” pour Paul Hatte, conseiller LR de Paris.De son bilan, Anne Hidalgo retient “les premières mesures visant à restreindre la circulation sur les berges de la Seine”.Paris lui doit également la réalisation de la Coulée verte, promenade plantée de Bastille à Vincennes, la passerelle Solférino et la création des parcs André-Citroën et de Bercy, “qui font aujourd’hui partie du patrimoine des Parisiennes et des Parisiens”, selon la maire PS aux commandes de la ville depuis plus de dix ans.Tombeur de la droite et successeur de Jean Tiberi à Paris, Bertrand Delanoë a salué auprès de l’AFP l’ancien maire qui a, “à sa manière, montré qu’il aimait cette ville et en particulier le 5e arrondissement”.”A sa façon”, a aussi commenté sur X le candidat à l’investiture socialiste pour les municipales de 2026 Emmanuel Grégoire, cette “figure singulière de la droite et de notre vie politique” aura “marqué l’histoire de notre capitale”.Son rival PS Rémi Féraud a salué via le même canal la mémoire d’un “ancien maire fidèle à Paris et au 5e arrondissement”.

Budget: Bayrou demande un “effort à tous les Français” et ouvre la porte à une TVA sociale

François Bayrou a demandé mardi un “effort à tous les Français” pour redresser les finances publiques en ouvrant la porte à une “TVA sociale” tout en restant évasif sur ses choix budgétaires pour trouver 40 milliards d’euros d’économies.”Au début du mois de juillet, je proposerai aux Français un plan de retour à l’équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années”, a rappelé le Premier ministre, interrogé pendant plus d’une heure sur BFMTV et RMC. Ce plan “va demander un effort à tous les Français”.Alors que le gouvernement cherche 40 milliards d’économies dans le prochain budget pour réduire le déficit et la dette, il n’a pas donné de pistes sur les orientations à venir. Il a juste promis qu’il ne “ciblerait pas une catégorie de Français à l’exclusion des autres” et n’a pas fermé la porte à une TVA sociale. Il a souhaité à ce sujet que les partenaires sociaux “puissent s’emparer” de cette question, car “le travail en France n’est pas récompensé comme il devrait l’être”.”Le pays est en situation de surendettement et, plus grave à mes yeux encore, (…) la France est un pays qui ne produit pas autant que ses voisins”, a ajouté le Premier ministre.- “Injuste” -François Bayrou répondait à une demande d’Emmanuel Macron qui avait souhaité le 13 mai sur TF1 la tenue “dans les prochaines semaines” d’une conférence sociale réunissant patronat et syndicats “sur le mode de financement de notre modèle social” qui “repose beaucoup trop sur le travail”. “Il faut aller chercher aussi de l’argent en dehors du seul travail. Donc, il y a la consommation, il y a d’autres choses”, avait dit le chef de l’Etat.La “TVA sociale” votée en 2012 et abrogée immédiatement ensuite par l’ex-président socialiste François Hollande consiste à compenser des baisses de cotisations pesant sur le travail par une augmentation de la TVA, pour en affecter une fraction à la Sécurité sociale.La Cour des comptes a averti lundi d’un risque de “crise de liquidité” de la Sécurité sociale en 2027, qui l’empêcherait de payer les prestations qu’elle doit aux assurés, en raison du dérapage “hors de contrôle” de ses dépenses.A gauche, le coordinateur national de La France insoumise Manuel Bompard a jugé “injuste” et “totalement inacceptable” l’idée d’une TVA sociale qui mettrait “à contribution davantage les plus pauvres parce que la consommation est une partie plus importante de leurs dépenses”.Les Français payent “déjà assez de taxes”, a abondé le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel, suggérant de “faire payer” les “milliardaires, les financiers, ces crapules (qui) ne servent à rien”.”François Bayrou a trahi la promesse de ne pas augmenter les impôts des Français”, a également dénoncé le député RN Thomas Ménagé. Même réticence côté syndical, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet jugeant que la TVA sociale était “le recyclage d’une vieille arnaque”.- “Surenchère” -Les efforts demandés par le Premier ministre ne manqueront pas d’alimenter la grogne, à commencer par celle des taxis, dont le gouvernement veut limiter les dépenses de transport sanitaire, qui contribuent à grever le budget de la Sécu. Celles-ci ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, un bond de 45% depuis 2019.Alors qu’ils sont reçus à nouveau mardi au ministère des Transports, François Bayrou a assuré que la réforme les concernant s’appliquerait bien début octobre et générerait même “davantage d’économies que prévu”.Plusieurs centaines de taxis occupaient encore mardi matin le boulevard Raspail à Paris. Avec ses déclarations, le Premier ministre “essaie de nous casser le moral”, a lancé Jérôme Lassalle, de l’association Elite Taxis.A propos de son idée de référendum sur les finances publiques, accueillie avec circonspection par Emmanuel Macron, François Bayrou a dit qu’il y “croyait”, désireux d’une “prise de conscience des Français”.Le 13 mai, le chef de l’Etat avait répondu “pourquoi pas” à cette idée de référendum s’il porte sur un “plan” de réformes économiques et sociales, en précisant que “la fiscalité, le budget” relevaient de la compétence du Parlement.A ses ministres et autres responsables du camp présidentiel qui rivalisent de propositions contre l’islam radical, François Bayrou a affirmé qu’il refusait de faire de l’islam “un sujet de fixation” et de “surenchère” régalienne, ciblant en particulier le patron de Renaissance Gabriel Attal et sa proposition d’interdire le port du voile pour les moins de 15 ans.are-bpa-far-tsz/sde/ktr

Jean Tiberi, dernier maire de droite de Paris éclaboussé par les affaires

L’ancien maire de Paris Jean Tiberi, dont le décès à 90 ans a été annoncé mardi, a connu une carrière politique à la longévité exceptionnelle, émaillée de démêlés judiciaires notamment dans l’affaire des faux électeurs.Longtemps considéré comme “insubmersible”, ce Corse de Paris est le dernier maire de droite en date de la capitale. Il a aussi été député pendant 44 ans et sans interruption depuis 1968, élu local pendant 49 années, notamment élu municipal à partir de 1965, maire du 5e arrondissement dès 1983, puis maire de Paris de 1995 à 2001.Sa carrière, d’abord lisse et heureuse, s’ancre dans le 5e arrondissement où il est né le 30 janvier 1935, “dans la même clinique que Jacques Chirac”, dont il sera le premier adjoint.Il sort de l’ombre en succédant à l’Hôtel de Ville à son mentor parti à l’Élysée. “J’ai été séduit par sa chaleur et son contact humain. C’est aussi notre mutuelle admiration pour Georges Pompidou qui nous a réunis”, racontait-il quelques années plus tard.A ce fauteuil prestigieux, Jean Tiberi (parfois surnommé “Titi”) est régulièrement dans le viseur de la justice: appartements de la Ville loués à ses enfants Dominique et Hélène, marchés publics de l’office HLM de Paris, procès des emplois fictifs de l’Essonne, enquêtes sur les listes électorales dans le 5e…C’est dans cette dernière affaire qu’il est condamné en 2013 en appel, comme en première instance, à dix mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour l’inscription de faux électeurs sur les listes de sa mairie du 5e arrondissement de Paris en vue des élections municipales de 1995 et législatives de 1997. Son épouse Xavière, décrite comme “omniprésente” à la mairie du 5e, avait elle été condamnée à neuf mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende.Le pourvoi des époux Tiberi est rejeté le 3 mars 2015, rendant ces condamnations définitives. – “Capacité de résistance” -“On ne peut pas comprendre ce que veut dire la marque Tiberi sur le 5e si on ne raisonne pas en termes de couple”, estimait il y a quelques années un élu de droite de la capitale. “Ils se sont réparti les rôles et elle lui a apporté cette capacité de résistance quand il a été lâché par tout le monde” au tournant des années 2000.Le couple fait d’ailleurs pendant des années les délices de la presse et des Guignols de Canal+, Le Canard enchaîné publiant un “journal de Xavière T.” émaillé de bons mots.”Il y avait une campagne de presse médiatique très forte, très longue, très dure contre moi”, affirmera Jean Tiberi en 2019 à Libération, en jugeant “particulièrement moche qu’on s’en prenne à mon épouse pour m’attaquer”.La fin de son mandat à la mairie de Paris est empoisonnée par les disputes au sein de sa majorité. En 1998, il mate un “putsch” fomenté au sein de son propre parti par l’ex-ministre Jacques Toubon. En octobre 2000, il est exclu du RPR, pour avoir présenté pour les municipales une candidature dissidente à celle de l’ancien président du parti Philippe Séguin. Dispersée, la droite perd son fleuron parisien, au profit de la gauche plurielle emmenée par Bertrand Delanoë.D’indéfectible fidèle à Jacques Chirac, Jean Tiberi est devenu encombrant.S’il retrouve en 2001 son fauteuil de maire du 5e, et est réélu en 2008, il tente vainement de passer le flambeau à son fils Dominique dans l’arrondissement en 2014.Magistrat de formation, lisse d’aspect, suave de manières, mais opiniâtre et madré, Jean Tiberi s’est parfois vu reprocher son absence de charisme et d’envergure internationale (il détestait l’avion).Il restera pourtant le maire qui a porté un coup d’arrêt à l’urbanisme brutal à Paris. A son crédit également, les premières pistes cyclables (il avait lancé le premier “plan vélo” en 1976) et le lancement d’un projet de tramway, des idées reprises avec succès par ses successeurs socialistes.

Budget: Bayrou va demander un “effort à tous les Français”

François Bayrou va présenter début juillet un “plan pluriannuel” de redressement des finances publiques qui “va demander un effort à tous les Français”, a-t-il expliqué mardi sur RMC et BFMTV.”Au début du mois de juillet, je proposerai aux Français un plan de retour à l’équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années” et ce plan “va demander un effort à tous les Français. Le plus juste possible, mais un effort suffisant pour que la France sorte de cette situation”, a déclaré le Premier ministre.Le chef du gouvernement n’a pas précisé les mesures envisagées. “Je ne ciblerai pas une catégorie de Français à l’exclusion des autres”, a-t-il assuré.M. Bayrou a dit cependant souhaiter que les partenaires sociaux “puissent s’emparer” de la question de la “TVA sociale”, consistant à compenser des baisses de cotisations pesant sur le travail par une augmentation de la TVA.”Je souhaite que les partenaires sociaux puissent s’emparer de cette question. Je souhaite que tous ceux qui ont la responsabilité du monde du travail, du monde de l’entreprise et du monde des salariés acceptent de poser ensemble cette question”, a-t-il déclaré, jugeant que “le travail en France n’est pas récompensé comme il devrait l’être”.Le 13 mai sur TF1, Emmanuel Macron avait dit souhaiter la tenue “dans les prochaines semaines” d’une conférence sociale “sur le mode de financement de notre modèle social” qui “repose beaucoup trop sur le travail”.”Depuis des décennies, on a laissé, tous courants politiques confondus, s’accumuler les déficits, on a laissé s’accumuler une montagne de dettes. Le pays est en situation de surendettement et, plus grave à mes yeux encore, si on peut dire, la France est un pays qui ne produit pas autant que ses voisins”, a également souligné François Bayrou.”Le gouvernement est prêt. Vous savez, j’avais évoqué l’idée d’un référendum (sur le redressement des finances publiques, ndlr) qui est une décision du président de la République” et “j’y crois”, a dit le Premier ministre, qui “cherche la prise de conscience des Français”.Le 13 mai, Emmanuel Macron avait répondu “pourquoi pas” à cette idée de référendum s’il porte sur un “plan” de réformes économiques et sociales, en précisant que “la fiscalité, le budget” relevaient de la compétence du Parlement.Le gouvernement cherche 40 milliards d’euros d’économie à réaliser pour l’année prochaine.

Déport d’Eric Lombard: un casse-tête inédit pour le gouvernement

Le passage d’Eric Lombard de la Caisse des dépôts au ministère de l’Économie a fait naitre son lot d’éventuels conflits d’intérêts, mais les modalités de ses déports ne devraient pas entraver ses marges de manÅ“uvre politiques, assure Bercy.Il s’agissait à la fois d’une équation inédite posée au gouvernement, d’un défi pour l’autorité de prévention des conflits d’intérêts, et d’une éventuelle menace pour l’autonomie politique du ministre.Un décret paru cinq mois après sa prise de fonction a acté dimanche les sujets dont Éric Lombard sera déchargé en formalisant son déport de la gestion d’une partie des activités du “groupe” de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) qu’il a dirigée entre 2017 et 2024. Un délai dans la publication du décret du Premier ministre qui n’est pas imputable à Éric Lombard, selon Jean Maïa, président de la Haute Autorité de transparence de la vie publique (HATVP). Cela traduit “l’absence de leviers” de la HATVP pour contraindre le calendrier de Matignon, analyse pour l’AFP Jean-François Kerléo, professeur de droit public.M. Lombard délègue essentiellement la charge des sujets liés à deux filiales de la Caisse dont il participait aux conseils d’administration: la banque d’investissement publique Bpifrance, détenue à parité par l’État et la CDC, et les sociétés du groupe la Poste, où la Caisse est majoritaire.En pratique, son cabinet assure qu’il avait pris ses distances avec ces entités dès sa prise de fonction le 23 décembre 2024, pour prévenir tout conflit d’intérêts.Car la mobilité d’Eric Lombard, 66 ans, a tout du cas d’école: jamais un haut fonctionnaire n’avait quitté sans transition le fauteuil de directeur général de la Caisse pour celui du ministère de l’Économie. Après un premier avis jugé “insuffisamment précis” par Bercy, la HATVP a rendu une seconde délibération (ce qui n’est pas inédit).Car pour ne pas empêcher Éric Lombard d’entretenir tout lien avec la Caisse, il a fallu discerner, parmi les activités de la CDC, les missions qu’il effectuait sur instruction du ministre de l’Économie de celles où il agissait pour le compte de la Caisse en tant que personnalité morale distincte de l’État.Résultat, il gardera la main sur l’épargne populaire, le livret A, la gestion des organismes de retraite, le financement du logement social, indique Bercy, mais s’abstiendra d’intervenir sur la nomination du directeur général ou la fixation de la subvention que la Caisse acquitte chaque année à l’État. – Rémanence d’intérêt -Pour les activités commerciales de la CDC, le nÅ“ud du problème, la HAVTP s’est penchée sur les rémanences d’intérêt et les éventuelles interférences avec l’exercice de son mandat ministériel.Quand Éric Lombard participait à un conseil d’administration de Bpifrance ou la Poste, il incarnait la vision d’un actionnaire (la Caisse) dont la personnalité morale se distingue de l’État, bien qu’elle en soit proche. Il peut arriver que les points de vue de l’État actionnaire et de la Caisse “ne soient pas strictement les mêmes”, exlique Bercy, une ligne de crête que le média l’Informé a illustrée en février. Éric Lombard avait participé fin décembre, peu avant sa nomination, à un conseil d’administration du groupe La Poste pendant lequel il avait réclamé à l’État le versement de plusieurs milliards d’euros correspondant aux pertes cumulées depuis 2017, écrivait le média. Un dossier que le même Éric Lombard aurait pu avoir à trancher quelques jours plus tard, une fois nommé ministre de l’Économie. La raison de son déport de La Poste? “Pas ce dossier spécifiquement”, répond Bercy. Mais “il avait pu prendre des positions sur des sujets, notamment financiers, liés à La Poste” qu’il n’est plus à même de trancher en tant que ministre.Pourtant, les enjeux ne manquent pas alors qu’une “loi postale” est attendue en 2025 avec des débats scrutés vue l’usure de l’activité courrier. “Dans la pratique, ça fonctionne (le déport, NDLR) depuis janvier”, “il y a toujours un décideur”, relativise Bercy.Le ministre devra également s’abstenir d’intervenir sur Bpifrance, un canal privilégié de l’État pour investir dans l’innovation. Mais c’est lui qui avait annoncé le 20 mars le lancement d’un fonds de 450 millions d’euros en faveur de la défense… par Bpifrance. Une décision “à l’initiative” de la banque d’investissement, qu’il a simplement “relayée”, évacue Bercy. 

Au procès Mimi Marchand, coup d’éclat de Piotr Pavlenski et décryptage de la presse people

Le procès de la papesse de la presse people Mimi Marchand, soupçonnée d’avoir fait chanter l’animatrice Karine Le Marchand, s’est ouvert lundi devant le tribunal de Paris sur un volet annexe, avec un coup d’éclat de l’artiste russe Piotr Pavlenski aussitôt expulsé de la salle d’audience.Piotr Pavlenski, concerné par cet autre volet, était arrivé en short et imperméable noirs, claquettes en plastique, bracelet électronique bien apparent à la cheville.Quand la présidente déclare l’audience ouverte, il se lève, au milieu du public.”Mesdames et Monsieur, je dois vous dire une chose”, lance d’une voix forte l’homme au crâne rasé et visage émacié. “Mimi Marchand doit être complétement relaxée, il n’y a pas de préjudice, pas d’infraction dans cette affaire qui concerne du porno politique”, poursuit-il pendant que le tribunal et plusieurs policiers lui ordonnent de se taire.En vain: ils finissent par l’attraper par les bras et le traînent hors de la salle. A l’extérieur, il est plaqué au sol par quatre policiers, puis embarqué. Aucune procédure n’a été ouverte à son encontre, a précisé le parquet sollicité par l’AFP.Une scène qui ressemble étrangement à celle qui vaut sa venue ici: dans le volet annexe du procès, des policiers sont jugés notamment pour violation du secret professionnel pour avoir donné en 2020 “l’info” de la possible interpellation “du Russe” au célèbre paparazzo Sébastien Valiela. Les photos de Piotr Pavlenski, plaqué au sol en pleine rue, menotté dans le dos, avaient été vendues 15.000 euros à Paris Match via Michèle – dite Mimi – Marchand et son agence Bestimage, et s’étaient retrouvées en Une du magazine.Dans ce volet, contrairement à ce que semble penser Piotr Pavlenski, Mimi Marchand a bénéficié d’un non-lieu. Pas concernées, Mimi Marchand et Karine Le Marchand ont rapidement quitté le tribunal et reviendront mardi.Piotr Pavlenski, 41 ans, connu pour des performances extrêmes en Russie et réfugié en France depuis 2017, avait été arrêté par les policiers deux jours après la diffusion sur son site “Pornopolitique” de vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, qui avaient précipité la chute du candidat LREM à la mairie de Paris.- “Rien de mal” -L’artiste et activiste avait été condamné à six mois de prison sous bracelet électronique et n’avait pas fait appel, expliquant que son “oeuvre d’art +Pornopolitique+ se terminait avec la condamnation du juge” – pas tout à fait visiblement, vu la séquence du jour.Il n’avait pas souhaité porter plainte pour la diffusion des images de lui menotté – pourtant interdites en France -, se disant “content” que “Mimi Marchand ait organisé et coordonné les journalistes et policiers” pour filmer son interpellation.Le paparazzo Sébastien Valiela, 54 ans, comparait pour recel de violation du secret professionnel. La présidente s’indigne qu’il ne soit pas “choqué” qu’un policier donne des informations sur une affaire en cours à des journalistes – une pratique courante dans les faits. “Je fais rien de mal, je fais mon travail”, se défend-t-il. “J’ai Mimi Marchand qui me dit être dans le bureau de Laurent Nunez” (à l’époque bras droit du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, aujourd’hui préfet de police de Paris, ndlr), et “on m’explique qu’au ministère ils trouvent ça très bien”.La présidente veut connaître l’organisation de son travail, à l’époque principalement pour la presse people via Bestimage.”C’est familial, Mimi est un peu la mère de tout le monde”, décrit le paparazzo connu pour avoir photographié Mazarine Pingeot avec François Mitterrand en 1994 et qui a réalisé les clichés volés de François Hollande et Julie Gayet en 2014. Il détaille les “commandes” des magazines ou les “trucs arrangeants” pour les nombreux amis célèbres de Mimi Marchand : “il y en a qui ont besoin pour une raison X ou Y d’être dans la presse, de passer un message ou de faire croire quelque chose, et on fait des photos qui ont l’air volées”, explique-t-il. Des “fausses paparazzades” qu'”on appelle dans le jargon l’actualité heureuse”.”Et les tromperies ?”, demande la présidente en référence à la “fameuse photo” de M. Hollande. “Votre fait d’armes… c’est pas une commande rassurez-moi ?”. “Le scooter ? Ah non, c’est pas eux qui m’ont appelé”.  

Le maire écologiste Grégory Doucet défend son bilan devant les Lyonnais

Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a lancé lundi une série de débats publics pour “rendre des compte” à ses administrés, assurant Å“uvrer pour améliorer leur cadre de vie et leur santé face aux doléances récurrentes sur les embouteillages provoqués par les travaux, le “tout cyclisme” et le déclin du petit commerce.”Il y a des nuisances, oui, mais elles étaient nécessaires pour une transformation majeure de la ville (…) dans un contexte de transformation du climat à une vitesse considérable”, a plaidé l’édile de 51 ans, qui briguera un second mandat en 2026.Inconnu en politique avant de ravir la ville en 2020 à la tête d’une coalition EELV-LFI-PS-PCF, Grégory Doucet a inauguré devant 400 personnes une série de neuf “rencontres”, une par arrondissement. Des débats publics qu’il présente comme un “exercice de transparence” sur son bilan, quand l’opposition dénonce une “campagne électorale déguisée”, financée par l'”argent public” à dix mois des municipales.”Non, ce n’est pas une campagne, c’est un exercice de redevabilité (…), le devoir démocratique auquel doit se plier tout élu”, a martelé M. Doucet devant la presse avant d’entrer dans une salle comble majoritairement acquise à sa cause dans le 8e arrondissement, en grande partie composé de quartiers populaires. -“On détruit du bitume”-Ailleurs, le maire pourrait subir de plus rudes apostrophes, notamment de commerçants, riverains et automobilistes en colère. Au diapason de l’opposition macroniste et des droites, ils pestent chaque jour contre l'”insécurité”, les nombreux chantiers et leurs embouteillages, les zones à 30 km/h, à faible émission ou à trafic limité, la piétonnisation d’une partie du centre-ville… et les incivilités de certains cyclistes et trottinettistes.La même petite musique qu’entendue depuis dix ans dans le Paris d’Anne Hidalgo alliée aux Verts et, depuis 2020, dans les autres grandes villes remportées par les écologistes: Bordeaux, Strasbourg et Grenoble, entre autres.”La majorité des chantiers vont bientôt s’achever”, à l’automne, a-t-il promis. “On a hâte, comme vous”, a encore lancé Grégory Doucet, avant de s’enorgueillir des “10.000 arbres plantés”. “On a gagné 14 hectares de nature en cinq ans, le bitume a cessé de progresser et on en détruit même pour des espaces verts”, s’est-il réjoui, chaudement applaudi par le public.La mairie vante une baisse de “11% des particules fines” et “22% de consommation d’énergie en moins” depuis 2020.A ceux qui l’accusent de “tuer” le petit commerce notamment en piétonnisant “à outrance”, il a rétorqué Å“uvrer “à donner envie aux gens de se déplacer chez leurs commerçants plutôt que de cliquer sur leur ordinateur”, allusion à l’e-commerce qui condamne, à Lyon comme ailleurs, bien des boutiques à baisser le rideau.- Plus de mixité -La mairie souligne aussi la note maximale (AA) de l’agence de notation financière Morningstar DBRS, qui saluait en mars les “solides performances financières” de Lyon, son “endettement très modéré” et sa “gestion budgétaire de qualité”. Mais les débats, très policés, ont surtout tourné lundi soir autour d’une nécessaire augmentation des logements, notamment sociaux, et “plus grande mixité”.Ces rencontres sont lancées alors que la candidature de M. Doucet a pu apparaître fragilisée: d’une part par une garde à vue de 8 heures le 30 avril, dans une enquête sur 24 agents municipaux affectés “illégalement” à des “missions politiques” selon la Chambre Régionale des Comptes. D’autre part par une candidature de plus en plus probable de Jean-Michel Aulas, l’ex-patron du club de foot Olympique lyonnais, en passe de rassembler derrière lui la macronie et LR.M. Doucet affirme qu’il s’agissait bien de “vrais emplois (…) d’agents administratifs”, déjà présents sous la mandature de ses prédécesseurs.Quant à la possible candidature de M. Aulas, 310e fortune de France selon le magazine Challenges, il y a encore loin des urnes à la mairie: dans un récent sondage Elabe-BFM, l’homme d’affaires ne devancerait l’actuel patron de la ville d’une courte tête au premier tour (24% contre 22%) que dans le cas d’une gauche et d’une opposition toutes deux divisées. Dans toutes les autres hypothèses, le maire sortant le précède de 4 à 9 points.