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Mort à 90 ans de Jean Tiberi, dernier maire de droite de Paris

Les élus ont salué son engagement profond pour la ville lumière, malgré les affaires: l’ancien maire RPR de Paris Jean Tiberi, dernier édile de droite de la capitale de 1995 à 2001 et figure du 5e arrondissement, est décédé mardi à l’âge de 90 ans.”Paris, sa ville, lui rendra hommage. En sa mémoire, les drapeaux de tous les équipements municipaux seront mis en berne” le 3 juin, au premier jour du Conseil de Paris, a annoncé la maire Anne Hidalgo.L’édile socialiste a salué “la mémoire de cet homme qui a consacré une part immense de sa vie à Paris et au 5e arrondissement. Je garderai le souvenir d’un homme chaleureux, avec qui j’avais tissé des relations cordiales et respectueuses”, a-t-elle dit dans un message transmis à la presse.”Il a su porter haut les couleurs de la capitale”, a réagi sur le réseau X Rachida Dati, ministre de la Culture et candidate potentielle aux municipales de 2026. “Son souci constant de préserver la beauté de Paris ou encore le lancement du premier plan vélo, resteront un héritage précieux pour tous les Parisiens”, a estimé l’actuelle maire du 7e arrondissement. a pris en 1995 les rênes de Paris, succédant au premier maire de capitale, le RPR Jacques Chirac élu président de la République. Son mentor, dont il avait été le premier adjoint pendant plus de dix ans.Candidat dissident de la droite lors des municipales de 2001 face à Philippe Séguin, Jean Tiberi fut battu par le candidat du Parti socialiste Bertrand Delanoë, qui a fait basculer la ville à gauche.Sa carrière politique a été éclaboussée par les affaires, que les élus, dans leurs hommages, n’ont pas mentionnées.- “A sa manière” -Il avait ainsi été condamné en 2013 en appel, comme en première instance, à dix mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour l’inscription de faux électeurs sur les listes de sa mairie du 5e arrondissement de Paris en vue des élections municipales de 1995 et législatives de 1997. Son épouse Xavière, décrite comme “omniprésente” à la mairie du 5e, avait elle été condamnée à neuf mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende.Né à Paris d’ascendance corse, Jean Tiberi était entré au conseil municipal de la capitale en 1965. Député de Paris pendant plus de quatre décennies, de 1968 à 2012, il fut également le maire du 5e arrondissement durant 25 ans, de 1983 à 1995, puis de 2001 à 2014.Arrondissement “qu’il arpentait du matin au soir, du lundi au dimanche” et dont “il connaissait les habitants, les commerçants, les rues et les quartiers”, se souvient Anne Hidalgo.”Un maire engagé”, selon l’actuelle maire Horizons du 5e, Florence Berthout, qui a annoncé mardi la disparition de Jean Tiberi. “Un grand amoureux de son arrondissement” pour Paul Hatte, conseiller LR de Paris.De son bilan, Anne Hidalgo retient “les premières mesures visant à restreindre la circulation sur les berges de la Seine”.Paris lui doit également la réalisation de la Coulée verte, promenade plantée de Bastille à Vincennes, la passerelle Solférino et la création des parcs André-Citroën et de Bercy, “qui font aujourd’hui partie du patrimoine des Parisiennes et des Parisiens”, selon la maire PS aux commandes de la ville depuis plus de dix ans.Tombeur de la droite et successeur de Jean Tiberi à Paris, Bertrand Delanoë a salué auprès de l’AFP l’ancien maire qui a, “à sa manière, montré qu’il aimait cette ville et en particulier le 5e arrondissement”.”A sa façon”, a aussi commenté sur X le candidat à l’investiture socialiste pour les municipales de 2026 Emmanuel Grégoire, cette “figure singulière de la droite et de notre vie politique” aura “marqué l’histoire de notre capitale”.Son rival PS Rémi Féraud a salué via le même canal la mémoire d’un “ancien maire fidèle à Paris et au 5e arrondissement”.

Budget: Bayrou demande un “effort à tous les Français” et ouvre la porte à une TVA sociale

François Bayrou a demandé mardi un “effort à tous les Français” pour redresser les finances publiques en ouvrant la porte à une “TVA sociale” tout en restant évasif sur ses choix budgétaires pour trouver 40 milliards d’euros d’économies.”Au début du mois de juillet, je proposerai aux Français un plan de retour à l’équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années”, a rappelé le Premier ministre, interrogé pendant plus d’une heure sur BFMTV et RMC. Ce plan “va demander un effort à tous les Français”.Alors que le gouvernement cherche 40 milliards d’économies dans le prochain budget pour réduire le déficit et la dette, il n’a pas donné de pistes sur les orientations à venir. Il a juste promis qu’il ne “ciblerait pas une catégorie de Français à l’exclusion des autres” et n’a pas fermé la porte à une TVA sociale. Il a souhaité à ce sujet que les partenaires sociaux “puissent s’emparer” de cette question, car “le travail en France n’est pas récompensé comme il devrait l’être”.”Le pays est en situation de surendettement et, plus grave à mes yeux encore, (…) la France est un pays qui ne produit pas autant que ses voisins”, a ajouté le Premier ministre.- “Injuste” -François Bayrou répondait à une demande d’Emmanuel Macron qui avait souhaité le 13 mai sur TF1 la tenue “dans les prochaines semaines” d’une conférence sociale réunissant patronat et syndicats “sur le mode de financement de notre modèle social” qui “repose beaucoup trop sur le travail”. “Il faut aller chercher aussi de l’argent en dehors du seul travail. Donc, il y a la consommation, il y a d’autres choses”, avait dit le chef de l’Etat.La “TVA sociale” votée en 2012 et abrogée immédiatement ensuite par l’ex-président socialiste François Hollande consiste à compenser des baisses de cotisations pesant sur le travail par une augmentation de la TVA, pour en affecter une fraction à la Sécurité sociale.La Cour des comptes a averti lundi d’un risque de “crise de liquidité” de la Sécurité sociale en 2027, qui l’empêcherait de payer les prestations qu’elle doit aux assurés, en raison du dérapage “hors de contrôle” de ses dépenses.A gauche, le coordinateur national de La France insoumise Manuel Bompard a jugé “injuste” et “totalement inacceptable” l’idée d’une TVA sociale qui mettrait “à contribution davantage les plus pauvres parce que la consommation est une partie plus importante de leurs dépenses”.Les Français payent “déjà assez de taxes”, a abondé le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel, suggérant de “faire payer” les “milliardaires, les financiers, ces crapules (qui) ne servent à rien”.”François Bayrou a trahi la promesse de ne pas augmenter les impôts des Français”, a également dénoncé le député RN Thomas Ménagé. Même réticence côté syndical, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet jugeant que la TVA sociale était “le recyclage d’une vieille arnaque”.- “Surenchère” -Les efforts demandés par le Premier ministre ne manqueront pas d’alimenter la grogne, à commencer par celle des taxis, dont le gouvernement veut limiter les dépenses de transport sanitaire, qui contribuent à grever le budget de la Sécu. Celles-ci ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, un bond de 45% depuis 2019.Alors qu’ils sont reçus à nouveau mardi au ministère des Transports, François Bayrou a assuré que la réforme les concernant s’appliquerait bien début octobre et générerait même “davantage d’économies que prévu”.Plusieurs centaines de taxis occupaient encore mardi matin le boulevard Raspail à Paris. Avec ses déclarations, le Premier ministre “essaie de nous casser le moral”, a lancé Jérôme Lassalle, de l’association Elite Taxis.A propos de son idée de référendum sur les finances publiques, accueillie avec circonspection par Emmanuel Macron, François Bayrou a dit qu’il y “croyait”, désireux d’une “prise de conscience des Français”.Le 13 mai, le chef de l’Etat avait répondu “pourquoi pas” à cette idée de référendum s’il porte sur un “plan” de réformes économiques et sociales, en précisant que “la fiscalité, le budget” relevaient de la compétence du Parlement.A ses ministres et autres responsables du camp présidentiel qui rivalisent de propositions contre l’islam radical, François Bayrou a affirmé qu’il refusait de faire de l’islam “un sujet de fixation” et de “surenchère” régalienne, ciblant en particulier le patron de Renaissance Gabriel Attal et sa proposition d’interdire le port du voile pour les moins de 15 ans.are-bpa-far-tsz/sde/ktr

Jean Tiberi, dernier maire de droite de Paris éclaboussé par les affaires

L’ancien maire de Paris Jean Tiberi, dont le décès à 90 ans a été annoncé mardi, a connu une carrière politique à la longévité exceptionnelle, émaillée de démêlés judiciaires notamment dans l’affaire des faux électeurs.Longtemps considéré comme “insubmersible”, ce Corse de Paris est le dernier maire de droite en date de la capitale. Il a aussi été député pendant 44 ans et sans interruption depuis 1968, élu local pendant 49 années, notamment élu municipal à partir de 1965, maire du 5e arrondissement dès 1983, puis maire de Paris de 1995 à 2001.Sa carrière, d’abord lisse et heureuse, s’ancre dans le 5e arrondissement où il est né le 30 janvier 1935, “dans la même clinique que Jacques Chirac”, dont il sera le premier adjoint.Il sort de l’ombre en succédant à l’Hôtel de Ville à son mentor parti à l’Élysée. “J’ai été séduit par sa chaleur et son contact humain. C’est aussi notre mutuelle admiration pour Georges Pompidou qui nous a réunis”, racontait-il quelques années plus tard.A ce fauteuil prestigieux, Jean Tiberi (parfois surnommé “Titi”) est régulièrement dans le viseur de la justice: appartements de la Ville loués à ses enfants Dominique et Hélène, marchés publics de l’office HLM de Paris, procès des emplois fictifs de l’Essonne, enquêtes sur les listes électorales dans le 5e…C’est dans cette dernière affaire qu’il est condamné en 2013 en appel, comme en première instance, à dix mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour l’inscription de faux électeurs sur les listes de sa mairie du 5e arrondissement de Paris en vue des élections municipales de 1995 et législatives de 1997. Son épouse Xavière, décrite comme “omniprésente” à la mairie du 5e, avait elle été condamnée à neuf mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende.Le pourvoi des époux Tiberi est rejeté le 3 mars 2015, rendant ces condamnations définitives. – “Capacité de résistance” -“On ne peut pas comprendre ce que veut dire la marque Tiberi sur le 5e si on ne raisonne pas en termes de couple”, estimait il y a quelques années un élu de droite de la capitale. “Ils se sont réparti les rôles et elle lui a apporté cette capacité de résistance quand il a été lâché par tout le monde” au tournant des années 2000.Le couple fait d’ailleurs pendant des années les délices de la presse et des Guignols de Canal+, Le Canard enchaîné publiant un “journal de Xavière T.” émaillé de bons mots.”Il y avait une campagne de presse médiatique très forte, très longue, très dure contre moi”, affirmera Jean Tiberi en 2019 à Libération, en jugeant “particulièrement moche qu’on s’en prenne à mon épouse pour m’attaquer”.La fin de son mandat à la mairie de Paris est empoisonnée par les disputes au sein de sa majorité. En 1998, il mate un “putsch” fomenté au sein de son propre parti par l’ex-ministre Jacques Toubon. En octobre 2000, il est exclu du RPR, pour avoir présenté pour les municipales une candidature dissidente à celle de l’ancien président du parti Philippe Séguin. Dispersée, la droite perd son fleuron parisien, au profit de la gauche plurielle emmenée par Bertrand Delanoë.D’indéfectible fidèle à Jacques Chirac, Jean Tiberi est devenu encombrant.S’il retrouve en 2001 son fauteuil de maire du 5e, et est réélu en 2008, il tente vainement de passer le flambeau à son fils Dominique dans l’arrondissement en 2014.Magistrat de formation, lisse d’aspect, suave de manières, mais opiniâtre et madré, Jean Tiberi s’est parfois vu reprocher son absence de charisme et d’envergure internationale (il détestait l’avion).Il restera pourtant le maire qui a porté un coup d’arrêt à l’urbanisme brutal à Paris. A son crédit également, les premières pistes cyclables (il avait lancé le premier “plan vélo” en 1976) et le lancement d’un projet de tramway, des idées reprises avec succès par ses successeurs socialistes.

Budget: Bayrou va demander un “effort à tous les Français”

François Bayrou va présenter début juillet un “plan pluriannuel” de redressement des finances publiques qui “va demander un effort à tous les Français”, a-t-il expliqué mardi sur RMC et BFMTV.”Au début du mois de juillet, je proposerai aux Français un plan de retour à l’équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années” et ce plan “va demander un effort à tous les Français. Le plus juste possible, mais un effort suffisant pour que la France sorte de cette situation”, a déclaré le Premier ministre.Le chef du gouvernement n’a pas précisé les mesures envisagées. “Je ne ciblerai pas une catégorie de Français à l’exclusion des autres”, a-t-il assuré.M. Bayrou a dit cependant souhaiter que les partenaires sociaux “puissent s’emparer” de la question de la “TVA sociale”, consistant à compenser des baisses de cotisations pesant sur le travail par une augmentation de la TVA.”Je souhaite que les partenaires sociaux puissent s’emparer de cette question. Je souhaite que tous ceux qui ont la responsabilité du monde du travail, du monde de l’entreprise et du monde des salariés acceptent de poser ensemble cette question”, a-t-il déclaré, jugeant que “le travail en France n’est pas récompensé comme il devrait l’être”.Le 13 mai sur TF1, Emmanuel Macron avait dit souhaiter la tenue “dans les prochaines semaines” d’une conférence sociale “sur le mode de financement de notre modèle social” qui “repose beaucoup trop sur le travail”.”Depuis des décennies, on a laissé, tous courants politiques confondus, s’accumuler les déficits, on a laissé s’accumuler une montagne de dettes. Le pays est en situation de surendettement et, plus grave à mes yeux encore, si on peut dire, la France est un pays qui ne produit pas autant que ses voisins”, a également souligné François Bayrou.”Le gouvernement est prêt. Vous savez, j’avais évoqué l’idée d’un référendum (sur le redressement des finances publiques, ndlr) qui est une décision du président de la République” et “j’y crois”, a dit le Premier ministre, qui “cherche la prise de conscience des Français”.Le 13 mai, Emmanuel Macron avait répondu “pourquoi pas” à cette idée de référendum s’il porte sur un “plan” de réformes économiques et sociales, en précisant que “la fiscalité, le budget” relevaient de la compétence du Parlement.Le gouvernement cherche 40 milliards d’euros d’économie à réaliser pour l’année prochaine.

Déport d’Eric Lombard: un casse-tête inédit pour le gouvernement

Le passage d’Eric Lombard de la Caisse des dépôts au ministère de l’Économie a fait naitre son lot d’éventuels conflits d’intérêts, mais les modalités de ses déports ne devraient pas entraver ses marges de manÅ“uvre politiques, assure Bercy.Il s’agissait à la fois d’une équation inédite posée au gouvernement, d’un défi pour l’autorité de prévention des conflits d’intérêts, et d’une éventuelle menace pour l’autonomie politique du ministre.Un décret paru cinq mois après sa prise de fonction a acté dimanche les sujets dont Éric Lombard sera déchargé en formalisant son déport de la gestion d’une partie des activités du “groupe” de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) qu’il a dirigée entre 2017 et 2024. Un délai dans la publication du décret du Premier ministre qui n’est pas imputable à Éric Lombard, selon Jean Maïa, président de la Haute Autorité de transparence de la vie publique (HATVP). Cela traduit “l’absence de leviers” de la HATVP pour contraindre le calendrier de Matignon, analyse pour l’AFP Jean-François Kerléo, professeur de droit public.M. Lombard délègue essentiellement la charge des sujets liés à deux filiales de la Caisse dont il participait aux conseils d’administration: la banque d’investissement publique Bpifrance, détenue à parité par l’État et la CDC, et les sociétés du groupe la Poste, où la Caisse est majoritaire.En pratique, son cabinet assure qu’il avait pris ses distances avec ces entités dès sa prise de fonction le 23 décembre 2024, pour prévenir tout conflit d’intérêts.Car la mobilité d’Eric Lombard, 66 ans, a tout du cas d’école: jamais un haut fonctionnaire n’avait quitté sans transition le fauteuil de directeur général de la Caisse pour celui du ministère de l’Économie. Après un premier avis jugé “insuffisamment précis” par Bercy, la HATVP a rendu une seconde délibération (ce qui n’est pas inédit).Car pour ne pas empêcher Éric Lombard d’entretenir tout lien avec la Caisse, il a fallu discerner, parmi les activités de la CDC, les missions qu’il effectuait sur instruction du ministre de l’Économie de celles où il agissait pour le compte de la Caisse en tant que personnalité morale distincte de l’État.Résultat, il gardera la main sur l’épargne populaire, le livret A, la gestion des organismes de retraite, le financement du logement social, indique Bercy, mais s’abstiendra d’intervenir sur la nomination du directeur général ou la fixation de la subvention que la Caisse acquitte chaque année à l’État. – Rémanence d’intérêt -Pour les activités commerciales de la CDC, le nÅ“ud du problème, la HAVTP s’est penchée sur les rémanences d’intérêt et les éventuelles interférences avec l’exercice de son mandat ministériel.Quand Éric Lombard participait à un conseil d’administration de Bpifrance ou la Poste, il incarnait la vision d’un actionnaire (la Caisse) dont la personnalité morale se distingue de l’État, bien qu’elle en soit proche. Il peut arriver que les points de vue de l’État actionnaire et de la Caisse “ne soient pas strictement les mêmes”, exlique Bercy, une ligne de crête que le média l’Informé a illustrée en février. Éric Lombard avait participé fin décembre, peu avant sa nomination, à un conseil d’administration du groupe La Poste pendant lequel il avait réclamé à l’État le versement de plusieurs milliards d’euros correspondant aux pertes cumulées depuis 2017, écrivait le média. Un dossier que le même Éric Lombard aurait pu avoir à trancher quelques jours plus tard, une fois nommé ministre de l’Économie. La raison de son déport de La Poste? “Pas ce dossier spécifiquement”, répond Bercy. Mais “il avait pu prendre des positions sur des sujets, notamment financiers, liés à La Poste” qu’il n’est plus à même de trancher en tant que ministre.Pourtant, les enjeux ne manquent pas alors qu’une “loi postale” est attendue en 2025 avec des débats scrutés vue l’usure de l’activité courrier. “Dans la pratique, ça fonctionne (le déport, NDLR) depuis janvier”, “il y a toujours un décideur”, relativise Bercy.Le ministre devra également s’abstenir d’intervenir sur Bpifrance, un canal privilégié de l’État pour investir dans l’innovation. Mais c’est lui qui avait annoncé le 20 mars le lancement d’un fonds de 450 millions d’euros en faveur de la défense… par Bpifrance. Une décision “à l’initiative” de la banque d’investissement, qu’il a simplement “relayée”, évacue Bercy. 

Au procès Mimi Marchand, coup d’éclat de Piotr Pavlenski et décryptage de la presse people

Le procès de la papesse de la presse people Mimi Marchand, soupçonnée d’avoir fait chanter l’animatrice Karine Le Marchand, s’est ouvert lundi devant le tribunal de Paris sur un volet annexe, avec un coup d’éclat de l’artiste russe Piotr Pavlenski aussitôt expulsé de la salle d’audience.Piotr Pavlenski, concerné par cet autre volet, était arrivé en short et imperméable noirs, claquettes en plastique, bracelet électronique bien apparent à la cheville.Quand la présidente déclare l’audience ouverte, il se lève, au milieu du public.”Mesdames et Monsieur, je dois vous dire une chose”, lance d’une voix forte l’homme au crâne rasé et visage émacié. “Mimi Marchand doit être complétement relaxée, il n’y a pas de préjudice, pas d’infraction dans cette affaire qui concerne du porno politique”, poursuit-il pendant que le tribunal et plusieurs policiers lui ordonnent de se taire.En vain: ils finissent par l’attraper par les bras et le traînent hors de la salle. A l’extérieur, il est plaqué au sol par quatre policiers, puis embarqué. Aucune procédure n’a été ouverte à son encontre, a précisé le parquet sollicité par l’AFP.Une scène qui ressemble étrangement à celle qui vaut sa venue ici: dans le volet annexe du procès, des policiers sont jugés notamment pour violation du secret professionnel pour avoir donné en 2020 “l’info” de la possible interpellation “du Russe” au célèbre paparazzo Sébastien Valiela. Les photos de Piotr Pavlenski, plaqué au sol en pleine rue, menotté dans le dos, avaient été vendues 15.000 euros à Paris Match via Michèle – dite Mimi – Marchand et son agence Bestimage, et s’étaient retrouvées en Une du magazine.Dans ce volet, contrairement à ce que semble penser Piotr Pavlenski, Mimi Marchand a bénéficié d’un non-lieu. Pas concernées, Mimi Marchand et Karine Le Marchand ont rapidement quitté le tribunal et reviendront mardi.Piotr Pavlenski, 41 ans, connu pour des performances extrêmes en Russie et réfugié en France depuis 2017, avait été arrêté par les policiers deux jours après la diffusion sur son site “Pornopolitique” de vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, qui avaient précipité la chute du candidat LREM à la mairie de Paris.- “Rien de mal” -L’artiste et activiste avait été condamné à six mois de prison sous bracelet électronique et n’avait pas fait appel, expliquant que son “oeuvre d’art +Pornopolitique+ se terminait avec la condamnation du juge” – pas tout à fait visiblement, vu la séquence du jour.Il n’avait pas souhaité porter plainte pour la diffusion des images de lui menotté – pourtant interdites en France -, se disant “content” que “Mimi Marchand ait organisé et coordonné les journalistes et policiers” pour filmer son interpellation.Le paparazzo Sébastien Valiela, 54 ans, comparait pour recel de violation du secret professionnel. La présidente s’indigne qu’il ne soit pas “choqué” qu’un policier donne des informations sur une affaire en cours à des journalistes – une pratique courante dans les faits. “Je fais rien de mal, je fais mon travail”, se défend-t-il. “J’ai Mimi Marchand qui me dit être dans le bureau de Laurent Nunez” (à l’époque bras droit du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, aujourd’hui préfet de police de Paris, ndlr), et “on m’explique qu’au ministère ils trouvent ça très bien”.La présidente veut connaître l’organisation de son travail, à l’époque principalement pour la presse people via Bestimage.”C’est familial, Mimi est un peu la mère de tout le monde”, décrit le paparazzo connu pour avoir photographié Mazarine Pingeot avec François Mitterrand en 1994 et qui a réalisé les clichés volés de François Hollande et Julie Gayet en 2014. Il détaille les “commandes” des magazines ou les “trucs arrangeants” pour les nombreux amis célèbres de Mimi Marchand : “il y en a qui ont besoin pour une raison X ou Y d’être dans la presse, de passer un message ou de faire croire quelque chose, et on fait des photos qui ont l’air volées”, explique-t-il. Des “fausses paparazzades” qu'”on appelle dans le jargon l’actualité heureuse”.”Et les tromperies ?”, demande la présidente en référence à la “fameuse photo” de M. Hollande. “Votre fait d’armes… c’est pas une commande rassurez-moi ?”. “Le scooter ? Ah non, c’est pas eux qui m’ont appelé”.  

Le maire écologiste Grégory Doucet défend son bilan devant les Lyonnais

Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a lancé lundi une série de débats publics pour “rendre des compte” à ses administrés, assurant Å“uvrer pour améliorer leur cadre de vie et leur santé face aux doléances récurrentes sur les embouteillages provoqués par les travaux, le “tout cyclisme” et le déclin du petit commerce.”Il y a des nuisances, oui, mais elles étaient nécessaires pour une transformation majeure de la ville (…) dans un contexte de transformation du climat à une vitesse considérable”, a plaidé l’édile de 51 ans, qui briguera un second mandat en 2026.Inconnu en politique avant de ravir la ville en 2020 à la tête d’une coalition EELV-LFI-PS-PCF, Grégory Doucet a inauguré devant 400 personnes une série de neuf “rencontres”, une par arrondissement. Des débats publics qu’il présente comme un “exercice de transparence” sur son bilan, quand l’opposition dénonce une “campagne électorale déguisée”, financée par l'”argent public” à dix mois des municipales.”Non, ce n’est pas une campagne, c’est un exercice de redevabilité (…), le devoir démocratique auquel doit se plier tout élu”, a martelé M. Doucet devant la presse avant d’entrer dans une salle comble majoritairement acquise à sa cause dans le 8e arrondissement, en grande partie composé de quartiers populaires. -“On détruit du bitume”-Ailleurs, le maire pourrait subir de plus rudes apostrophes, notamment de commerçants, riverains et automobilistes en colère. Au diapason de l’opposition macroniste et des droites, ils pestent chaque jour contre l'”insécurité”, les nombreux chantiers et leurs embouteillages, les zones à 30 km/h, à faible émission ou à trafic limité, la piétonnisation d’une partie du centre-ville… et les incivilités de certains cyclistes et trottinettistes.La même petite musique qu’entendue depuis dix ans dans le Paris d’Anne Hidalgo alliée aux Verts et, depuis 2020, dans les autres grandes villes remportées par les écologistes: Bordeaux, Strasbourg et Grenoble, entre autres.”La majorité des chantiers vont bientôt s’achever”, à l’automne, a-t-il promis. “On a hâte, comme vous”, a encore lancé Grégory Doucet, avant de s’enorgueillir des “10.000 arbres plantés”. “On a gagné 14 hectares de nature en cinq ans, le bitume a cessé de progresser et on en détruit même pour des espaces verts”, s’est-il réjoui, chaudement applaudi par le public.La mairie vante une baisse de “11% des particules fines” et “22% de consommation d’énergie en moins” depuis 2020.A ceux qui l’accusent de “tuer” le petit commerce notamment en piétonnisant “à outrance”, il a rétorqué Å“uvrer “à donner envie aux gens de se déplacer chez leurs commerçants plutôt que de cliquer sur leur ordinateur”, allusion à l’e-commerce qui condamne, à Lyon comme ailleurs, bien des boutiques à baisser le rideau.- Plus de mixité -La mairie souligne aussi la note maximale (AA) de l’agence de notation financière Morningstar DBRS, qui saluait en mars les “solides performances financières” de Lyon, son “endettement très modéré” et sa “gestion budgétaire de qualité”. Mais les débats, très policés, ont surtout tourné lundi soir autour d’une nécessaire augmentation des logements, notamment sociaux, et “plus grande mixité”.Ces rencontres sont lancées alors que la candidature de M. Doucet a pu apparaître fragilisée: d’une part par une garde à vue de 8 heures le 30 avril, dans une enquête sur 24 agents municipaux affectés “illégalement” à des “missions politiques” selon la Chambre Régionale des Comptes. D’autre part par une candidature de plus en plus probable de Jean-Michel Aulas, l’ex-patron du club de foot Olympique lyonnais, en passe de rassembler derrière lui la macronie et LR.M. Doucet affirme qu’il s’agissait bien de “vrais emplois (…) d’agents administratifs”, déjà présents sous la mandature de ses prédécesseurs.Quant à la possible candidature de M. Aulas, 310e fortune de France selon le magazine Challenges, il y a encore loin des urnes à la mairie: dans un récent sondage Elabe-BFM, l’homme d’affaires ne devancerait l’actuel patron de la ville d’une courte tête au premier tour (24% contre 22%) que dans le cas d’une gauche et d’une opposition toutes deux divisées. Dans toutes les autres hypothèses, le maire sortant le précède de 4 à 9 points.

Pesticides: l’Assemblée rejette la loi Duplomb, et renvoie le débat à une réunion entre députés et sénateurs

Dans une ambiance crispée, l’Assemblée nationale a rejeté lundi la proposition de loi agricole dite Duplomb, par une manoeuvre tactique du bloc central afin de passer outre le “mur” d’amendements écologistes et insoumis, LFI dénonçant un contournement du Parlement et promettant une “motion de censure”.La loi a été rejetée par 274 voix, et seulement 121 pour, lors d’un vote sans ambiguïté. Mais dans un scénario baroque, ce sont les partisans du texte qui ont approuvé cette “motion de rejet”.”C’est une motion qui rejette l’obstruction” des opposants au texte, a souligné la ministre de l’Agriculture lundi soir sur France 2. La gauche dénonce en retour un “49.3 déguisé”.Par cette tactique, les députés ont renvoyé directement le texte, y compris sa mesure phare sur la réintroduction à titre dérogatoire de certains pesticides néonicotinoïdes, devant une commission mixte paritaire (CMP). Cette instance réunissant à huis clos sept députés et sept sénateurs devra s’accorder sur une version commune, en partant de la version déjà adoptée au Sénat.Dans l’hémicycle, à quelques dizaines de mètres de tracteurs réunis devant l’Assemblée à l’appel des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA, chaque camp a tenu l’autre pour responsable de la situation.”J’aurais aimé un débat constructif”, a assuré le député LR Julien Dive, coiffé de la double casquette singulière de rapporteur du texte et avocat de son rejet. Il a dénoncé “une stratégie d’obstruction massive, assumée, méthodique” pour “asphyxier le texte”, visant les quelque 1.500 amendements écologistes et 800 insoumis (sur près de 3.500 au total).”Vous inventez une nouvelle forme de 49.3, on est en train de marcher sur la tête”, a dénoncé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot. Des députés de son groupe ont brandi des feuilles mentionnant des noms et des pathologies attribuées aux pesticides, telles que “Michel, cadre entreprise de semence, lymphome”.Mme Panot a aussi annoncé le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, sans garantie à ce stade que le reste de la gauche suive.Pour les écologistes, Delphine Batho a fustigé “un texte obscurantiste”, “visage du trumpisme à la française”. Le chef du groupe PS Boris Vallaud a lui fulminé contre “un déni de démocratie grave”.- Quel texte post-CMP ? -Ce texte suscite “de sérieuses inquiétudes et il ne doit pas servir de cheval de Troie pour affaiblir nos exigences environnementales”, a toutefois souligné à la tribune Sandrine Le Feur, présidente Renaissance de la commission du développement durable.Dans son viseur notamment, la réintroduction, à titre dérogatoire, de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018. Ses effets chez l’humain font l’objet d’inquiétudes, même si ces risques restent incertains, par manque d’études d’ampleur.Autorisé ailleurs en Europe, il est notamment réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune autre solution contre les ravageurs. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre “un tueur d’abeilles”.”Je suis très attachée aux pollinisateurs. On en a infiniment besoin”, a souligné la ministre Annie Genevard. “Mais est-ce que vous croyez que toutes les abeilles européennes sont mortes, sauf en France?” (où l’acétamipride était interdit), a lancé la ministre sur France 2.Après le vote, Greenpeace France a dénoncé dans un communiqué “un coup de force anti-démocratique et anti-écologique”.La FNSEA a salué, elle, “la responsabilité des députés”. “Le texte doit désormais être adopté au plus vite”, selon le syndicat agricole, qui a appelé “le gouvernement à annoncer immédiatement la date de la commission mixte paritaire”.En CMP, les parlementaires repartiront de la version du Sénat, donnant un avantage dans la négociation aux membres de la chambre haute. En cas d’accord, la mouture fera cependant encore l’objet d’un vote dans chaque chambre, et son équilibre sera particulièrement scruté à l’Assemblée.Car la version adoptée au Sénat, à l’initiative du LR Laurent Duplomb, contient des sujets clivants, comme le degré d’influence du gouvernement dans le travail de l’agence sanitaire Anses sur les autorisations de pesticides.sac-parl-tsz/jbo/ab

Décarbonation, sargasses, souveraineté: Bayrou à Saint-Nazaire met le cap sur la défense des océans

Nouveau plan contre les sargasses, 90 millions d’euros pour décarboner le secteur maritime: François Bayrou a annoncé une série de mesures lundi pour tenter de répondre aux multiples défis qui se posent aux mers et aux océans français.”Aujourd’hui comme hier, notre avenir (…) se joue au large”, a affirmé le Premier ministre sur le pont du pétrolier ravitailleur de la Marine nationale Jacques Stosskopf, à l’issue d’un comité interministériel de la mer (CIMer) à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).La France, métropolitaine et ultramarine, dispose de la deuxième plus grande surface maritime du monde avec 11 millions de kilomètres carrés de mers et d’océans et 20.000 km de côtes.Face à la menace économique, “avec une concurrence internationale accrue qui fragilise le modèle économique de nos filières maritimes”, à la menace environnementale, “avec une aggravation de la pollution qui met en péril la biodiversité marine” et la menace géopolitique, “avec l’apparition de nouveaux risques”, “nous devons apporter une réponse qui soit claire, efficace et durable”, a relevé le chef du gouvernement.Ce rendez-vous a lieu quelques semaines avant l’accueil par la France, le 9 juin à Nice, de la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc 3), autour de laquelle le gouvernement a lancé une “Année de la mer”.François Bayrou a annoncé à cette occasion l’affectation de 90 millions d’euros, issus du marché européen des émissions polluantes, à la décarbonation du secteur maritime, qui pourront être mobilisés en 2026 et financeront la modernisation des navires, les infrastructures portuaires et la production de carburants alternatifs.”Réussir la décarbonation de notre flotte, c’est nous assurer de disposer d’une économie maritime compétitive”, a-t-il fait valoir.- Eolien à la Réunion -François Bayrou a auparavant visité des ateliers des Chantiers de l’Atlantique, où le groupe suisse MSC Croisières a récemment confirmé la commande de deux nouveaux navires, ainsi que le chantier du plus grand yacht de luxe à voile, l’Orient Express Corinthian.Il était accompagné par quatre ministres: Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique, Biodiversité, Forêt, Mer et Pêche), Amélie de Montchalin (Comptes publics), Marc Ferracci (Industrie et Énergie) et Philippe Tabarot (Transports).Le gouvernement entend aussi “mobiliser à court terme” les retombées financières des parcs éoliens en mer pour renouveler une flotte de pêche vieillissante. En 2023, Emmanuel Macron avait évoqué une enveloppe de 700 millions d’euros fondée sur la future fiscalité de ces projets.Des “études préalables” vont être lancées pour un éventuel projet d’éolien en mer sur l’île de la Réunion.Toujours pour l’Outremer, le gouvernement va lancer un troisième plan national de lutte contre la prolifération des sargasses, ces algues brunes aux émanations toxiques qui envahissent le littoral des Antilles. Il sera “lancé dans les mois qui viennent” a précisé le Premier ministre et axé notamment sur “le soutien à la collecte et à la destruction de ces algues”, avec le recours accru à des navires appelés “sargator”, capables de collecter seize tonnes d’algues par heure.Afin de prévenir et s’adapter au recul du trait de côte lié au changement climatique, l’exécutif va étudier dans le prochain budget l’idée d’une “contribution ciblée sur les usages liés à l’agrément du littoral”, selon le principe que le “littoral doit financer le littoral”.- Sauveteurs en mer -Contre la pêche illégale, il entend modifier le code rural et de la pêche pour faciliter la destruction par immersion des navires de pêche sans pavillon ni propriétaire, et renforcer le recours à des drones aériens.Pour lutter contre la pollution des plastiques, il va réviser la feuille de route pour la période 2026-2030. Sur le régalien, le gouvernement va lancer une mission parlementaire pour faire évoluer le régime de responsabilité juridique des sauveteurs en mer, parfois mis en cause dans leurs actions bénévoles, et étudier son élargissement à d’autres sauveteurs comme les garde-côtes.Face aux nouvelles menaces géopolitiques et pour garantir la “souveraineté maritime” du pays, le CIMer a validé l’étude d’une “force maritime de complément” à la Marine nationale, et le projet d’améliorer la réquisition des navires de commerce “en temps de crise”. L’interdiction du chalutage dans les aires marines protégées n’était pas au menu du CIMer mais pourrait être abordée lors de la conférence de Nice.A l’occasion de ce déplacement, le cabinet du Premier ministre a rencontré une délégation intersyndicale d’ArcelorMittal, inquiète des suppressions d’emplois envisagées à Basse-Indre, près de Nantes.

La FNSEA gare ses tracteurs à l’Assemblée nationale pour demander “des solutions” pour produire

La FNSEA a garé une dizaine de tracteurs devant l’Assemblée nationale lundi afin de faire pression sur les députés qui doivent se pencher sur la loi Duplomb, “essentielle pour qu’enfin on retrouve notre capacité à produire en France”, selon le secrétaire général du premier syndicat agricole français.”Cette proposition de loi pour lever les contraintes au métier d’agriculteur est très importante pour nous (…). Ce qu’on demande, c’est simplement d’exercer un métier dans un environnement européen: marché unique, règle unique. Ça fait 20 ans qu’on se bat là-dessus. Pour une fois qu’une proposition de loi va dans ce sens… Nous n’aurons plus la patience d’attendre”, a déclaré Hervé Lapie à l’AFP.Plus de 150 agriculteurs venus d’Ile-de-France, du Grand-Est et de Provence-Alpes-Côte d’Azur se sont rassemblés dans le calme devant les colonnes du palais Bourbon.Ils seront relayés mardi par certains de leurs collègues du Centre-Val de Loire et mercredi par ceux des Hauts-de-France, si la motion de rejet déposée par le rapporteur du texte pour contourner les milliers d’amendements déposés n’est pas adoptée.Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a estimé devant l’Assemblée qu’il était “normal que les députés puissent échanger des arguments”, mais que la donne avait “changé” avec “les 3.500 amendements déposés”.Des députés Renaissance, MoDem, Horizons et RN sont venus à la rencontre des agriculteurs devant le palais Bourbon. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard, favorable au texte remanié au Sénat avec le concours du gouvernement, est aussi venue leur apporter son soutien, accompagnée du ministre de l’Intérieur et nouveau président des Républicains Bruno Retailleau.”La caricature dont ce texte fait l’objet aujourd’hui est profondément injuste et injustifiée”, a-t-elle déclaré, ajoutant que les agriculteurs étaient “victimes de l’enlisement du débat”.Bruno Retailleau s’est revendiqué “enfant de la ruralité” et a défendu des projets de stockage d’eau. Il a par ailleurs affirmé qu’il était essentiel de renforcer la “souveraineté alimentaire”. “Demain, l’arme alimentaire sera capitale. La souveraineté alimentaire, c’est l’indépendance de la France”, a-t-il ajouté.La loi d’orientation agricole, adoptée en début d’année, “était un “squelette” dans lequel figurait le “pas d’interdiction (de pesticides) sans solution” mais il faut maintenant “du concret (…) dans les cours de ferme”, avait affirmé Arnaud Rousseau dans la matinée.”Sur l’acétamipride, où on est dans le mur, on en a besoin pour quelques productions de manière dérogatoire, dans un temps encadré, le temps que la recherche et l’innovation nous donnent des solutions”, avait-il ajouté.Le retour de ce pesticide de la famille des néonicotinoïdes est un point de crispation majeur de la loi, qui prévoit aussi de faciliter la construction de bâtiments d’élevage intensif et le stockage de l’eau.En interne à la FNSEA, le message est de “ne rien lâcher” plus d’un an après les mobilisations de début 2024 pour obtenir “enfin” les mesures de simplification promises par le gouvernement.Arnaud Rousseau a défendu une approche “pragmatique” sur le stockage de l’eau et les seuils d’élevage pour contrer “l’espèce de délire environnemental qu’on entend, qui consiste à dire que les agriculteurs seraient des pollueurs qui font n’importe quoi”.