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Transport des malades: les taxis n’excluent pas de nouvelles actions d’ici mardi

Les chauffeurs de taxis ont décidé de prolonger leur mobilisation et n’excluent pas de nouvelles actions d’ici mardi, date du début du réexamen du projet de réforme de la tarification des transports de patients annoncé par le Premier ministre.”Attendant des mesures concrètes, les taxis ont décidé le prolongement de leur mobilisation. Déterminée, la profession maintient les pôles de mobilisation et poursuit l’organisation d’actions et d’opérations escargot”, a déclaré l’intersyndicale dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche.A l’issue d’une rencontre avec les représentants des chauffeurs, François Bayrou a annoncé samedi soir le réexamen à partir de mardi de la convention qui prévoit une unification des tarifs pour le transport des malades, ainsi qu’un travail sur le respect des règles par les plateformes de VTC, deux revendications majeures des taxis.Dès samedi soir, certains, notamment parmi les taxis indépendants, avaient annoncé leur intention de rester dans la rue jusqu’à lundi, notamment Boulevard Raspail à Paris, près du ministère des Transports.”Les fédérations ont reçu un véritable accueil du Premier ministre. Il y a des choses qui vont être remises sur la table. Mais en attendant, les chauffeurs veulent maintenir la pression et se méfient. Ils attendent de voir le suivi des annonces”, a déclaré à l’AFP Dominique Buisson, de la Fédération nationale du taxi (FNDT).”Pour l’instant, il n’y a pas de blocage prévu ce dimanche à Roland-Garros ou ailleurs (gares, aéroports), mais cela peut changer. Ca se décide sur le terrain”, a-t-il ajouté.Les chauffeurs de taxis sont mobilisés depuis une semaine contre une convention qui va modifier leur rémunération pour le transport de malades. Le nouveau système entend reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).Le réexamen prévu dans les prochaines semaines devra toutefois se faire “sans changer la date d’application” du texte et la cible en matière d’économies, a précisé François Bayrou.

La ministre de la Transition écologique redit son opposition aux néonicotinoïdes, dénonce l’obstruction parlementaire

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a déclaré dimanche qu’elle n’était “pas favorable à la réintroduction” d’un insecticide néonicotinoïde en France, tout en dénonçant l’obstruction parlementaire contre un texte attendu lundi à l’Assemblée et qui permettrait ce retour.”Dans un pays qui a interdit les néonicotinoïdes, je trouve que c’est dommage de rouvrir cette possibilité, parce qu’on perd tout l’élan qu’on a fait d’investissement dans des alternatives. Et qu’on va se reposer la question dans quelques années parce qu’immanquablement une interdiction arrivera” au niveau européen, a déclaré la ministre à franceinfo.La proposition de loi portée par le sénateur LR Laurent Duplomb visant à “lever les contraintes” du métier d’agriculteur, prévoit notamment de réintroduire par dérogation l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde interdit en France depuis 2018 mais autorisé ailleurs en Europe jusqu’en 2033.Cette disposition, réclamée par les producteurs de betteraves et de noisettes, est décriée par les apiculteurs et les défenseurs de l’environnement, et a profondément divisé les parlementaires. Le texte fera lundi l’objet d’une motion de rejet par ses partisans, qui espèrent ainsi contourner les quelque 3.500 amendements déposés, notamment par les écologistes et la gauche.Agnès Pannier-Runacher a dénoncé une tentative “inacceptable” de confisquer le débat parlementaire.”Par rapport au texte qui initialement prévoyait une réouverture sans limite de l’utilisation (de l’acétamipride, NDLR), le Sénat a verrouillé fortement cette utilisation, elle est sous fortes conditions. Et on peut encore progresser au niveau de l’Assemblée nationale. Donc vous voyez, moi ce que je trouve choquant, c’est justement que le débat politique ne se fasse pas”, a-t-elle déclaré.”Aujourd’hui, la question qui s’est posée, c’est quel est le niveau de risque que nous sommes d’accord pour accepter, et quelles sont les limites que nous apportons à l’utilisation d’un ensemble de produits qui nous permettent de produire notre nourriture en quantité et en qualité acceptable”, a-t-elle relevé.Soulignant que la France faisait “partie des pays qui sont les plus restrictifs en matière de phytosanitaires”, elle a souligné que “face aux ravageurs, face à un certain nombre de dangers qui menacent les cultures, on a besoin d’avoir une pharmacopée”, insistant d’une manière générale sur la question du “dosage”.

Transport des malades: les taxis rencontrent Bayrou, le projet retravaillé dès mardi

Le Premier ministre François Bayrou a annoncé samedi soir un réexamen du projet de réforme de la tarification du transports de patients par les taxis, à l’issue d’une rencontre avec les représentants des chauffeurs mobilisés depuis près d’une semaine contre la nouvelle convention.”Nous allons retravailler dans les semaines qui viennent le détail des décisions, des mesures et orientations qu’il faut prendre”, a-t-il déclaré au cours d’un point de presse à l’issue d’une réunion de trois heures au ministère des Transports, destinée à trouver une issue au conflit provoqué par ce projet.”Ce travail va être entrepris dès mardi”, tant sur la convention que sur le respect des règles par les plateformes de VTC, a indiqué M. Bayrou, précisant que les taxis participeraient “eux-mêmes à la mise au point” de ces règles dans des groupes de travail. Les réflexions à venir devront toutefois se faire “sans changer la date d’application” du texte et la cible en matière d’économies, a précisé M. Bayrou.Si les fédérations de taxis semblaient globalement satisfaites à la sortie, soulignant l’engagement à “revoir tous les points” litigieux de la convention et “des réunions avec des ministres” décisionnaires en plus des techniciens, la base s’est montrée beaucoup plus réservée, de nombreux manifestants se montrant même frustrés et pour certains déterminés à rester, lors d’une assemblée générale très tendue.”Je parle au nom des fédérations, on reste ! Mardi, on a rendez-vous, on ira au rendez-vous !”, a déclaré à la foule Abdel Grine, de la Fédération nationale des taxis indépendants (FNTI), après avoir consulté la base, dans un concert de pétards et une foule scandant “Taxis en colère !” ou “Tout ou rien !”.”0n peut comprendre la colère des chauffeurs. Pour l’instant, il va y avoir encore des échanges pour voir comment le mouvement évolue et sous quelle forme”, a déclaré Rachid Boudjema, président de l’Union nationale des taxis (UNT) à quelques journalistes à l’issue de l’AG, avant d’être pris à partie par un manifestant très remonté.”Cette réunion n’a abouti à rien du tout”, a déclaré Mohamed, taxi parisien de 52 ans qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, “très déçu”, mais pas prêt à “se taper une sixième nuit” sur place, compte tenu du coût de la grève.A l’inverse, Badr, 32 ans, qui a préféré aussi rester anonyme, s’est dit prêt à rester Boulevard Raspail, épicentre de la contestation parisienne, “jusqu’à ce que le gouvernement bouge”. “On avait un mot d’ordre très clair dès le départ, c’est tout ou rien et on n’a rien”, a-t-il conclu.- “Jusqu’au bout !” -Les chauffeurs de taxis avaient auparavant menacé de nouvelles actions de blocage notamment des aéroports parisiens et du premier tour dimanche du tournoi de tennis de Roland Garros. Dans la capitale, à 16H30, une demi-heure avant le début prévu de la rencontre, 1.200 véhicules taxis étaient stationnés boulevard Raspail, près du ministère, selon la police.Leur intersyndicale avait lancé une mobilisation lundi pour protester contre cette convention, qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système entend reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019). Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis. Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).

Les députés voteront mardi sur la création d’un droit à l’aide à mourir

L’Assemblée nationale confirmera-t-elle son vote ? Les députés ont achevé samedi dans les temps impartis l’examen de deux propositions de loi, l’une sur les soins palliatifs et l’autre relative au “droit à l’aide à mourir”, sur lesquels deux votes solennels se tiendront mardi.Les députés avaient entamé le 12 mai l’examen en première lecture de ces deux textes, portés par Annie Vidal (Renaissance) et Olivier Falorni (groupe MoDem), et qui représentent potentiellement la plus grande réforme de société depuis une décennie.Ils ont approuvé au cours de débats globalement sereins la création d’un “droit à l’aide à mourir”, autre nom du suicide assisté et de l’euthanasie, qui sera ouvert aux personnes atteintes “d’une affection grave et incurable” qui “engage le pronostic vital, en phase avancée” ou “terminale”, et présentant “une souffrance physique ou psychologique constante”.Cet article-clé de la proposition de loi portée par M. Falorni a été adopté samedi dernier par 75 voix contre 41, ce qui ne préjuge pas de l’issue du scrutin, alors que chaque groupe accordera à ses membres la liberté de vote, sur ce sujet qui transcende les clivages politiques et touche aux convictions intimes de chacun.Si la gauche est apparue majoritairement en soutien du texte, la droite et l’extrême droite opposées, et le bloc macroniste divisé, des positions minoritaires se sont exprimées dans chaque groupe.Le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, a salué dans un communiqué la “sérénité” des débats, notable dans une “Assemblée archipélisée” parfois marquée par “une extrême conflictualité”.- “Point de rupture” -Pour le premier comme pour le second texte, les députés sont restés relativement proches de la version proposée à leur examen, au point que Mme Vidal a regretté vendredi qu'”aucun” des amendements des opposants au texte n’ait été “entendu”.Dans le cadre des débats sur la proposition de loi sur les soins palliatifs, ils ont approuvé la création d’un “droit opposable” à ces soins, malgré la tentative de certains députés, soutenus par le gouvernement, de supprimer les recours possibles en justice.S’agissant du texte porté par M. Falorni, le gouvernement a fait adopter un amendement structurant, refaisant de l’auto-administration de la substance létale la règle, et de l’administration par un médecin ou un infirmier l’exception, lorsque le patient “n’est pas en mesure physiquement d’y procéder”.Cette disposition était un “point de rupture de l’équilibre du texte” pour certains députés, comme l’ancienne ministre de la Santé Agnès Firmin le Bodo (Horizons).Le gouvernement a aussi fait préciser un des critères d’éligibilité. Tenant compte d’un avis de la Haute Autorité de Santé, le texte affirme désormais que la phase “avancée” d’une maladie se caractérise par “l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé de la personne malade qui affecte sa qualité de vie”.Les députés ont également approuvé un amendement du président de la commission des Affaires sociales, Frédéric Valletoux (Horizons), renforçant la collégialité de la procédure et un autre du gouvernement rétablissant un délai minimum de deux jours pour que le malade confirme sa décision.- Etape décisive -La ministre de la Santé Catherine Vautrin, et Olivier Falorni, ont eu à coeur de maintenir l'”équilibre” du texte, résistant aux appels à gauche à élargir le droit à l’aide à mourir, par exemple aux mineurs ou aux personnes qui en auraient émis le voeu dans leurs directives anticipées.Sans convaincre les opposants. Jugeant les garde-fous posés insuffisants, le député LR Philippe Juvin a dit craindre samedi sur franceinfo que les malades recourent “au suicide assisté, par défaut d’accès aux soins”, alors que seule la moitié des besoins en soins palliatifs est couverte.Réunies près de l’Assemblée samedi, quelque 300 personnes malades ou en situation de handicap ont dénoncé les “dangers” du texte.”Cette loi me fait l’effet d’un pistolet chargé déposé sur ma table de nuit”, a déclaré Edwige Moutou, 44 ans, atteinte de la maladie de Parkinson.Le vote mardi constituera une étape décisive dans le parcours tortueux de ce nouveau droit, serpent de mer du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Après avoir confié une réflexion sur le sujet à une convention citoyenne en 2022, il avait dévoilé en mars 2024 les grandes lignes d’un projet de loi. Mais son examen avait été interrompu par la dissolution.Dans un entretien à La Tribune Dimanche, Catherine Vautrin a dit espérer que ce texte soit examiné au Sénat cet automne, avec un retour à l’ l’Assemblée nationale début 2026. “Je souhaite que le texte soit voté d’ici à 2027, c’est encore possible”, a dit la ministre.sl-la-cac-sac/hr/grd/gvy

Attal actes les “profondes différences” avec Retailleau, et pousse les feux sur le régalien

Le patron de Renaissance Gabriel Attal a martelé samedi dans Le Parisien de “profondes différences” avec les LR de Bruno Retailleau, membres de la même coalition, tout en regrettant que son propre parti ne se soit “jamais emparé” de certains sujets régaliens.Une semaine après l’arrivée de Bruno Retailleau à la tête des Républicains (LR), Gabriel Attal a réfuté toute course derrière celui qui pourrait être un rival à la prochaine présidentielle, soulignant de “profondes différences” avec LR.”LR n’est plus un parti pro-européen. Nous voulons faire progresser les droits des Françaises et des Français, là où avec Bruno Retailleau, LR a choisi la ligne qui s’oppose à la constitutionnalisation de l’IVG, vote contre l’interdiction des thérapies de conversion pour les homosexuels et rejette toute évolution sur la fin de vie”, a-t-il égrené.”Nous n’accepterons jamais la stigmatisation d’une partie des Français pour leur religion comme la phrase +à bas le voile+ (prononcée par le ministre de l’Intérieur lors d’un meeting, NDLR) le laisse craindre”, a-t-il ajouté.L’ancien Premier ministre a également dévoilé de nouvelles propositions sur le régalien, son parti tenant une conférence de presse lundi sur le sujet.Il propose notamment de systématiser les polices municipales dans les villes de plus de 10.000 habitants et de pérenniser la vidéosurveillance associée à des algorithmes de détections.Sur le volet judiciaire, Gabriel Attal soutient la proposition controversée du garde des Sceaux Gérald Darmanin d’une prison de haute sécurité en Guyane et prône la suppression du juge d’application des peines. Une dernière mesure également envisagée par Édouard Philippe, patron d’Horizons, et candidat à la présidentielle. “Il me semble qu’Édouard Philippe n’a pas émis de proposition mais un questionnement (…) nous émettons des propositions”, a piqué M. Attal.Sur l’immigration, il a de nouveau proposé la mise en place de “quotas” votés au Parlement et “un système d’immigration à points”.Le chef de Renaissance s’est aussi livré à une critique tranchante de l’approche régalienne du parti macroniste.”La délinquance et les trafics continuent d’empoisonner la vie de nos concitoyens. Les Français n’ont pas confiance en notre justice et notre immigration n’est pas pilotée. Je reconnais que notre parti ne s’était jamais emparé de ces questions-là. Je le fais désormais sans aucune ambiguïté”, a-t-il déclaré.L’ancien ministre de l’Education a également proposé “la mise en place d’un un barème national de sanctions” pour soutenir “l’autorité” à l’école, et préconisé deux rendez-vous chez un professionnel de la santé mentale avant 18 ans (avant le collège et au lycée).Interrogé sur ses relations réputées froides avec Emmanuel Macron, Gabriel Attal s’est dit “touché” par un récent message d’anniversaire, le 16 mars.

Congrès PS: Nicolas Mayer-Rossignol, le challenger qui veut changer le PS

Il défend “le changement” contre “le statu quo”, “la clarté” contre “le flou”: à quatre jours du premier tour du congrès du Parti socialiste, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, entend bien renverser Olivier Faure qui l’avait battu d’une courte tête au congrès de Marseille.Face au premier secrétaire sortant, mais aussi face au troisième candidat, le chef des députés PS Boris Vallaud, Nicolas Mayer-Rossignol a assuré samedi, lors d’un meeting à Paris, qu’il serait “le futur premier secrétaire” du parti. Il a défendu “un socialisme clairement à gauche et clairement républicain” et “un parti du travail et qui travaille”, une formule qui sera “notre feuille de route pour les années à venir”, a-t-il affirmé.Apparu en 2023 sur la scène politique nationale en se présentant contre le premier secrétaire sortant du PS, Nicolas Mayer-Rossignol avait été battu sur le fil, sur un score qu’il n’a jamais reconnu, accusant son adversaire de tricheries.Deux ans après, il a réussi à reprendre les rênes d’une coalition anti-Faure, -même s’il dément cette formule- en fusionnant son courant avec celui de la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, et celui des députés Philippe Brun et Jérôme Guedj.Une “dream team” (équipe de rêve), selon lui, qui compte aussi la présidente d’Occitanie Carole Delga, le maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) Karim Bouamrane, et le patron des sénateurs Patrick Kanner tous présents au meeting. Mais Nicolas Mayer-Rossignol, 48 ans, a dû batailler pour s’imposer: “On a regardé qui était le plus à même de rassembler. J’ai prouvé ma détermination et mon leadership”, balaye l’élu.Celui qui a annoncé en novembre être atteint d’un cancer de la vessie depuis 2022 – il est en rémission depuis un an avec toujours “une épée de Damoclès au dessus de la tête” – raconte que cette épreuve lui a donné “une envie de vivre et une énergie supplémentaires”.Assurant ne pas être dans la revanche, l’édile résolument anti-LFI, explique que “c’est le dernier moment pour nous pour réorienter la gauche”, en proposant le “changement contre le statu quo” et “la clarté” de la ligne face au “flou” de la direction sortante. Partisan d’une “affirmation socialiste”, celui qui avait refusé la Nupes en 2022 mais soutenu le Nouveau Front populaire lors des législatives 2024, promet de ne faire “aucune alliance” avec La France insoumise. Sans exclure toutefois des désistements républicains au profit de la formation de gauche radicale en cas de risque RN.- Priorité aux municipales -“Qu’est-ce qu’il a produit de nouveau, à part dire +pas LFI?+”, interroge un partisan de Boris Vallaud, regrettant que le courant du Rouennais rejoue “des règlements de comptes déjà réglés” depuis qu’Olivier Faure a pris ses distances avec le parti mélenchoniste. Nicolas Mayer-Rossignol prône la création d’un grand parti socialiste (un “GPS”, sourit-il), avec un objectif de 100.000 adhérents, contre 39.800 actuellement, agrégeant “ceux qui sont au PS et ceux qui sont à l’extérieur”, comme Raphaël Glucksmann, Benoît Hamon ou Bernard Cazeneuve. C’est de là qu’émergera un candidat social-démocrate en vue de 2027, estime-t-il. “Mayer-Rossignol estime qu’il faut un candidat socialiste qui va s’imposer aux autres. Mais le truc de dire +on est la grande gauche de gouvernement+ on a vu ce que ça a donné avec Anne Hidalgo” à la présidentielle de 2022 (1,7%), se désole l’eurodéputé Pierre Jouvet, proche du premier secrétaire sortant.Le maire de Rouen, qui a obtenu le soutien de l’ex-Premier ministre Lionel Jospin, assure qu’il n’a aucune ambition présidentielle. Sa priorité à la tête du parti sera les municipales de 2026, pour lesquelles il prévoit un “plan de bataille” dès sa victoire, a-t-il annoncé lors de son meeting, promettant aussi “un plan de préparation à une éventuelle dissolution” dès le mois de juin.Ce guitariste à ses heures perdues rappelle qu’il est le seul des trois candidats à exercer des responsabilités locales. À la tête de la métropole rouennaise, “l’union de la gauche et le rassemblement, je dois le faire tous les jours”, argumente-t-il. Alors qu’Olivier Faure le juge soutenu par “tous les sociaux-libéraux”, Nicolas Mayer-Rossignol rétorque qu’il “n’a pas de leçons de gauche à recevoir”, relevant qu’il a voté contre le traité européen de 2005 et qu’il n’a lui “jamais travaillé avec François Hollande”.  

En Bretagne, une manifestation maritime et terrestre contre “l’empire Bolloré”

“Kenavo Bolloré !” Environ 300 personnes et une cinquantaine de bateaux ont manifesté samedi à terre et en mer dans le Finistère, fief du milliardaire Vincent Bolloré, accusé par les manifestants de véhiculer des idées d’extrême droite.Une flottille de bateaux devait initialement se diriger vers l’île du Loc’h, appartenant à la famille Bolloré, dans l’archipel des Glénan. Mais l’interdiction édictée par la préfecture maritime les en a dissuadés.Les voiliers et embarcations à moteur ont préféré converger vers le cap Coz, sur la commune de Fouesnant, non loin d’une autre propriété du milliardaire breton, à la pointe de Beg Meil.Drapeaux palestiniens, étendards oranges aux couleurs des Soulèvements de la Terre ou cerf-volant siglé “Kenavo Bolloré” ont envahi cette plage huppée de la côté bretonne.”Siamo tutti antifasciti” (“Nous sommes tous antifascistes”) ou “Tous féministes contre le carbo-fascime”, ont scandé les manifestants entre deux chants en hommage à la lutte centenaire des sardinières de Douarnenez (Finistère).”Bolloré, marionnettiste d’un monde fasciste”, ont affiché les militants sur la plage en lettre géantes, tandis qu’une banderole réclamait “moins de fachos, plus d’oiseaux”.”Le but de l’action est de montrer que Bolloré et ses idées d’extrême-droite n’ont pas leur place dans le Finistère”, a expliqué Marc (prénom d’emprunt), porte-parole des Soulèvement de la Terre.”On ne veut pas de néo-nazi qui garde les îles du Finistère”, a-t-il ajouté, en référence au militant d’ultra-droite Marc de Cacqueray-Valménier, qui aurait été embauché comme gardien de l’île du Loc’h, selon le site d’information lalettre.fr.Ancien responsable du groupuscule d’ultradroite “les Zouaves” dissous en janvier 2022, le militant de 26 ans a été condamné à deux reprises, en janvier 2022 et janvier 2025, à des peines de prison ferme pour violences contre des militants de SOS Racisme et contre un bar de la mouvance antifasciste.”M. Bolloré a racheté des médias pour véhiculer des idées d’extrême-droite et M. de Cacqueray en est le symbole”, a estimé Vincent Esnault, 53 ans, conseiller municipal d’opposition à Fouesnant.”L’empire médiatique Bolloré prône un fascisme décomplexé et diffuse des idées racistes, homophobes”, a abondé Rosalie (prénom d’emprunt), 27 ans, venue de Paris pour participer au week-end de mobilisation.Vendredi, un petit groupe de militantes a débarqué sur l’île du Loc’h pour y afficher des messages féministes, selon des photos diffusées par les organisateurs. “Wokes déterminées à couler Bolloré”, pouvait-on lire sur une des banderoles.

2027: Glucksmann et Ruffin déjà dans la bataille, et en désaccord sur la primaire

Alors que le Parti socialiste se cherche un chef, le leader de Place publique Raphaël Glucksmann et le député ex-LFI François Ruffin entrent déjà dans la bataille de la présidentielle à gauche sur fond de différend autour d’une éventuelle primaire.A quelques jours d’écart, deux des candidats potentiels de la gauche pour 2027, qui se préparent depuis plusieurs mois à cette échéance et comptent parmi les mieux placés dans les sondages, ont dévoilé leur jeu. Le social-démocrate Raphaël Glucksmann, leader du parti Place publique, a affirmé vendredi dans un entretien au Monde qu’il ne participerait pas à une primaire pourtant souhaitée par de nombreuses voix à gauche, mais qu’il juge “mortifère”.  “Je ne participerai pas à un truc d’appareils qui produit une synthèse molle, car ça ne fonctionnera pas”, assure celui qui a fait près de 14% aux européennes sur une liste PS-Place publique. Il se verrait bien, sans l’affirmer encore officiellement, être le candidat de la gauche sociale-démocrate en 2027, persuadé que la dynamique sondagière créera le vote utile autour de lui.Il rejette ainsi l’idée défendue quelques jours plus tôt par le député de la Somme François Ruffin, d’une large primaire de la gauche allant de Philippe Poutou (NPA) à François Hollande, intégrant même Jean-Luc Mélenchon, avec qui il a pourtant rompu avec fracas. François Ruffin se dit sûr de remporter cette primaire, qu’il considère comme nécessaire pour impulser une dynamique au sein de la gauche, et éviter qu’elle ne soit pas au second tour. Leurs sorties, en plein congrès du Parti socialiste, ne sont pas innocentes, alors que le Parti au poing et à la rose risque de se déchirer sur la stratégie à tenir pour 2027, et ne dispose pas à ce stade de candidat présidentiable qui perce dans les sondages.Le premier secrétaire sortant, Olivier Faure, qui se prépare lui aussi à l’échéance présidentielle, plaide pour une plateforme commune de la gauche non-mélenchoniste, de François Ruffin à Raphaël Glucksmann.Mais son opposant direct, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, refuse l’idée d’une grande primaire de la gauche et prône une “affirmation socialiste”, avec la création  d’un “grand parti socialiste” rassemblant l’arc social-démocrate, d’où sortirait un candidat commun de la gauche.Plusieurs personnalités, dont l’éphémère candidate pour Matignon Lucie Castets, continuent de plaider pour une “primaire des gauches la plus large possible”.- rendez-vous le 2 juillet -Lucie Castets est soutenue par la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, et par une soixantaine de maires de gauche dont Johanna Rolland, maire de Nantes (PS), Eric Piolle, maire de Grenoble (les Ecologistes), et Patrice Bessac, maire de Montreuil (PCF), qui appellent dans une tribune publiée samedi dans Le Nouvel Obs, “à une candidature commune pour 2027 et à un programme de rupture capable de changer concrètement la vie”. Dans cette optique, Lucie Castets a invité tous les responsables de gauche à se retrouver le 2 juillet. François Ruffin s’y rendra, mais Raphaël Glucksmann a déjà décliné l’invitation.”Raphaël espère jouer le duel à gauche avec Jean-Luc Mélenchon” et être le vote utile jusqu’à attirer le bloc central, pense un socialiste, qui prédit cependant que les électeurs du centre “iront plutôt dès le premier tour vers un vote utile face à l’extrême droite” en soutenant l’ex-Premier ministre Edouard Philippe. De son côté, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, reste inamovible et trace sa route en solitaire. Farouchement opposé à l’idée d’une primaire qui “favorise ceux qui clivent le moins”, il cache peu son intention de repartir à la présidentielle pour une quatrième tentative.Avec un socle d’électeurs autour de 10%, et persuadé que sa stratégie visant à attirer les quartiers populaires d’ordinaire éloignés des urnes peut lui permettre de se qualifier au second tour, il fait le pari de rallier ensuite à lui les autres électeurs qui voudront faire barrage à l’extrême droite.

Médecin et député: sur l’aide à mourir, une double casquette lourde de sens

Ils sont députés, mais ont aussi été médecins, voire exercent encore occasionnellement: lors des débats cette semaine sur l’ouverture d’un droit à l’aide à mourir, cette double casquette s’est pour beaucoup révélée utile, mais aussi parfois lourde à porter.Sur les bancs de l’Assemblée, ils ne sont qu’une dizaine à être à la fois législateur et docteur en médecine. Sans pour autant être tous d’accord: certains sont opposés à l’aide à mourir, d’autres la défendent.Pour eux, la question se pose très concrètement: seraient-ils prêts à prescrire la substance létale à un patient éligible? Voire à réaliser eux-mêmes le geste, comme prévu pour quelqu’un ne pouvant pas “physiquement” se l’administrer?”Oui, je pense que je serais capable de le faire à un adulte qui l’a choisi”, répond la députée écologiste Dominique Voynet, qui a été anesthésiste-réanimatrice.”Je pense que je ne le ferais pas”, estime au contraire la députée MoDem Geneviève Darrieussecq, médecin allergologue, qui entend malgré tout approuver le texte la semaine prochaine s’il respecte certaines “lignes rouges”.Pour le macroniste Michel Lauzzana, la réponse est moins tranchée. “Je suis pour le texte, donc il faut que je sois cohérent”, dit ce médecin généraliste. Mais “je ne le ferais pas de gaieté de cÅ“ur”, et “toutes les contraintes qu’on a mises seront pour moi une balise”. Même si peu se sont ouvertement appuyés sur leurs expériences professionnelles dans l’hémicycle, celles-ci ont forgé leurs convictions.Malgré la loi Claeys-Leonetti (2016) permettant une sédation profonde et continue, “dans la pratique, je vois bien qu’il y a encore des besoins”, dit M. Lauzzana.Ce que contestent les opposants au texte.”Quand vous arrivez à l’hôpital et que vous avez très mal, on sait faire”, estime Philippe Juvin (LR), professeur d’anesthésie et de réanimation, devenu urgentiste. “Mon expérience me dicte” que “toutes” les demandes de mort “disparaissent quand on apporte des réponses”. – Serment d’Hippocrate -“On l’entend parfois, +docteur, faites quelque chose+, mais les yeux disent, +donnez-moi encore un peu de temps+”, raconte Joëlle Mélin (RN), qui a exercé une quinzaine d’années en maisons de retraite. “Ca ne peut pas être un soignant” qui administre la dose létale, estime la députée. “On déroge à notre serment d’Hippocrate, c’est totalement impossible.”Ce serment, récité par tout nouveau médecin, contient la phrase: “Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.””Une contradiction” avec l’aide à mourir, convient Mme Darrieussecq, ancienne ministre de la Santé, qui estime que les débats sont pour elle “un peu plus difficiles” que pour les députés non-médecins.Ce serment n’est “pas une bible” et a “déjà évolué souvent”, rétorque M. Lauzzana, qui n’a pas hésité à parfois interpeller ses collègues soignants dans l’hémicycle.Leur présence a aussi pu être avancée comme argument d’autorité: “Un médecin qui cosigne un amendement porté par une ancienne ministre de la Santé, (…) ça mérite d’être étudié!”, a un soir défendu un député macroniste.Pour tenter d’exclure les hôpitaux des lieux d’aide à mourir, Philippe Juvin a lui usé de la première personne: “Quand j’entre en blouse blanche dans une chambre, je ne veux pas que le patient ait un doute” sur “la raison” de cette visite. L’amendement a été rejeté.- “Grosse responsabilité” -Tout au long des discussions, un sujet a toutefois fait consensus: la clause de conscience, que pourra faire valoir tout soignant ne voulant pas procéder à une aide à mourir. “Je veux protéger les soignants et les médecins, à qui on demande beaucoup dans ce texte”, souligne Mme Darrieussecq. A eux d’évaluer, par exemple, le “discernement” d’une personne formulant une demande d’aide à mourir, une des conditions de son éligibilité. “Une très grosse responsabilité”, juge celle qui craint aussi les procédures judiciaires. L’ancienne ministre a défendu l’idée d’un registre de médecins volontaires, sans succès.Pour Mme Voynet, l’aide à mourir devrait être “équitablement partagée” par les médecins pour faciliter l’accès dans les territoires isolés. “Il risque de se passer ce qu’il s’est passé avec l’IVG” au début, compare-t-elle. Si beaucoup de médecins refusent, “ce n’est pas très agréable d’être l’avorteur en chef du coin.””Au moment de voter, je penserai à Paulette Guinchard”, confie Mme Voynet, évoquant cette ancienne ministre “militante du droit à choisir sa mort”. Elle avait eu recours au suicide assisté en Suisse, en 2021. 

François Bayrou publie son dossier Bétharram

Le Premier ministre François Bayrou a publié samedi sur un site internet dédié l’ensemble des pièces qu’il avait produites lors de son audition à l’Assemblée nationale sur l’affaire Betharram, affirmant qu’elles prouvent “l’inanité” des accusations qui le visent.François Bayrou avait été entendu pendant plus de cinq heures le 14 mai par les députés de la commission d’enquête sur les violences en milieu scolaire à propos de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram.Le chef du gouvernement avait alors rejeté avec virulence les accusations de mensonge ou d’intervention dans les années 1990 auprès de la justice dans l’affaire des violences physiques et sexuelles dans ce collège-lycée, situé près de sa ville de Pau, où une partie de ses enfants avaient été scolarisés et où son épouse enseignait le catéchisme.Sur le site Bayrou.fr, on peut retrouver le texte de son intervention liminaire devant la commission d’enquête, une chronologie de l’affaire, et une série de documents qui, selon lui, permettent de réfuter six accusations portées contre lui. Parmi elles: “François Bayrou a menti à l’Assemblée nationale” ou “François Bayrou est intervenu auprès de la Justice” ou encore “François Bayrou a bénéficié d’informations privilégiées”.François Bayrou était déjà dans les années 1990 un homme politique influent dans sa région du Béarn. Et il a occupé les fonctions de ministre de l’Éducation nationale de 1993 à 1997.Le leader centriste estime faire l’objet d’attaques politiques de la part notamment de députés de la France insoumise (LFI).A l’issue de son audition très tendue devant la commission, le parlementaire insoumis Paul Vannier avait affirmé que les débats avaient permis de montrer que François Bayrou avait “menti” lorsqu’il avait été interrogé pour la première fois en février à l’Assemblée sur sa connaissance des faits commis à Bétharram.L’établissement catholique, sous contrat avec l’Etat, est aujourd’hui visé par plus de 200 plaintes d’anciens élèves pour des violences physiques et sexuelles.