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Aide à mourir: les patients ne seront pas réputés “décédés de mort naturelle”

Les députés ont supprimé vendredi une disposition du texte relatif au droit à l’aide à mourir, selon laquelle les patients qui y auraient recours seraient ensuite “réputés décédés de mort naturelle” sur leurs certificats de décès.Des amendements de suppression de l’alinéa en cause ont été approuvés à une courte majorité, avec un avis défavorable du rapporteur Stéphane Delautrette (PS), et un avis de sagesse du gouvernement, c’est-à-dire n’orientant pas les députés dans un sens ou l’autre. L’article a été approuvé dans la foulée.La députée Nicole Dubré-Chirat (Renaissance), à l’origine d’un des amendements ayant conduit à introduire cette disposition en commission, a expliqué avoir souhaité “épargner les familles de défunts d’éventuelles difficultés liées aux engagements contractuels souscrits de son vivant”.Mais des députés de divers groupes ont fustigé une disposition “orwellienne” (Dominique Potier, PS), qui “manipule complètement le sens des mots” (Charles Sitzenstuhl, Renaissance), et “travestit la réalité” (Patrick Hetzel, LR).”Vous changez le sens des mots pour imposer une idéologie, quitte à défaire le réel”, a estimé la députée RN Sandrine Dogor-Such, mettant en lien cette écriture avec le refus des promoteurs du texte d’inscrire dans la loi les termes “euthanasie” ou “suicide assisté”.M. Delautrette a de son côté fait valoir que les patients décédés à la suite d’une sédation profonde et continue, comme l’autorise la loi Claeys-Leonetti de 2016, étaient réputés décédés de mort naturelle.Mais M. Sitzenstuhl a rappelé la différence entre les deux procédures, soulignée par la Haute Autorité de Santé, notamment au regard du “critère de résultat”. La sédation profonde et continue est “+poursuivie jusqu’au décès due à l’évolution naturelle de la maladie+. Alors que l’euthanasie (…) provoque la +mort immédiate du patient+”, a-t-il cité.La ministre de la Santé Catherine Vautrin a de son côté rappelé qu’il était précisé plus loin dans le texte que “l’aide à mourir n’était pas un obstacle aux conditions qui sont celles des contrats d’assurance vie”.Elle a suggéré de “profiter de la navette” parlementaire du texte, qui doit ensuite être examiné au Sénat, pour améliorer ce point. Une possibilité serait d’ajouter “deux cases” à la liste des circonstances apparentes de décès, une pour la sédation profonde et continue et une pour l’aide à mourir.- Clause apparente -Dans la soirée, les députés ont largement validé (par 126 voix contre 10) le cadre de la “clause de conscience” permettant à tout médecin de refuser de pratiquer l’aide à mourir, sur le modèle des règles existantes pour l’avortement.Décision qui restera individuelle, malgré les tentatives de la droite d’autoriser une clause collective à l’échelle d’un établissement ou d’un service, Patrick Hetzel évoquant des “services de soins palliatifs hostiles” à l’aide à mourir et son collègue Philippe Juvin le cas des maisons de retraite “tenues par des congrégations religieuses”.Des “amendements dénués d’humanité” dénoncés par la socialiste Sandrine Runel, avec la volonté de “rendre la loi inopérante” selon le centriste Philippe Vigier (Modem), et même un risque de “rupture républicaine” pour Frédéric Valletoux (Horizons).Pas de clause de conscience en revanche pour les pharmaciens qui fourniront le produit létal, demandée par les opposants au texte mais écartée par l’Assemblée plus tôt dans la journée.Les parlementaires ont aussi approuvé le détail de la procédure encadrant l’administration de la substance et ses suites. Un amendement de M. Delautrette a notamment été adopté, précisant que si la présence du professionnel de santé n’est pas obligatoire, il doit être “suffisamment près et en vision directe de la personne”.En complément des différents critères et étapes préalables à ce geste ultime, les députés ont également validé la création d’une “commission de contrôle et d’évaluation”, principalement chargée de tenir le registre des soignants pratiquant l’aide à mourir, et de signaler aux ordres de santé ou à la justice les faits relevant de leurs compétences – manquement à la déontologie d’une part, crimes et délits d’autre part.Moins de 200 amendements restant en discussion, l’examen en première lecture du texte devrait s’achever samedi, avant un vote solennel le 27 mai.

La proportionnelle, “c’est la clarification” et “l’esprit de compromis”, selon Glucksmann

Le co-président de Place publique Raphaël Glucksmann a défendu vendredi devant François Bayrou un mode de scrutin proportionnel pour les législatives qu’il associe à “la clarification” et à “l’esprit de compromis”.”La proportionnelle, c’est la clarification, c’est l’esprit de compromis, c’est la sincérité face aux électrices et aux électeurs. C’est aussi une représentativité infiniment plus démocratique que le système actuel”, a affirmé M. Glucksmann, après plus d’une heure d’entretien avec le Premier ministre.C’est la première fois que Place publique était reçue pour consultation par un chef de gouvernement.”Ce que nous voulons collectivement, c’est que désormais, il y ait dans chaque parti politique la responsabilité de présenter un cap clair et un programme concret, précis, une identité politique propre” et “ensuite de travailler à des coalitions de gouvernement et des coalitions majoritaires”, a détaillé l’ancien socialiste.Raphaël Glucksmann, qui était accompagné par l’eurodéputée Aurore Lalucq, co-présidente du parti avec lui, et par le député et ancien ministre de la Santé d’Elisabeth Borne, Aurélien Rousseau, a cité le modèle allemand et penche pour une proportionnelle “régionale”, mais reste “ouvert à la discussion”.”Beaucoup de gens qui sont intéressés par le fait que (la proportionnelle) n’ait pas lieu. Mais si on rate ce moment-là, on aura raté une opportunité de redonner plus de démocratie à la France et la France en a besoin”, a-t-il appuyé.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Un projet de loi pourrait être examiné à l’automne.Le Premier ministre défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Reçus mardi, le Parti socialiste n’a pas encore arrêté sa position sur la proportionnelle, qui n’est “pas la priorité” pour le leader communiste Fabien Roussel, tandis que les députés de La France insoumise défendent une proportionnelle “à un échelon régional”.François Bayrou doit encore recevoir la semaine prochaine le nouveau patron des Républicains Bruno Retailleau. La droite est très opposée à ce mode de scrutin.

Loi “Duplomb”: des ONG crient au “scandale” sanitaire et environnemental

Des ONG de défense de l’environnement et de la santé mais aussi des associations paysannes se sont alarmées vendredi de mesures contenues dans la proposition de loi “Duplomb” sur l’agriculture, criant au “scandale” dans un contexte politique jugé “hostile à la nature”.Pesticides, agrandissement des élevages, assouplissement de certaines obligations environnementales: ce texte venu du Sénat, qui dit vouloir “lever les contraintes” pesant sur les agriculteurs, doit être examiné à l’Assemblée nationale du 26 au 31 mai.”La charge est très lourde (pour les agriculteurs), mais quand on voit ce qui se cache derrière les propos tenus, ça flirte avec le scandale. Et c’est pour ça qu’on va se battre”, a déclaré lors d’une conférence de presse Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.Avec une dizaine d’autres associations (Aspas, FNH, France Nature Environnement WWF…), celle-ci s’est inquiétée de “défaites” environnementales à l’occasion de la Fête de la Nature (21-25 mai).Cette édition se déroule “dans un contexte politique particulièrement hostile à la nature”, ont-elles jugé dans un communiqué commun, ciblant en particulier la proposition de loi consacrée à l’agriculture.Celle-ci s’apprête “à assouplir les procédures d’autorisation environnementale, à affaiblir l’Office français de la biodiversité (OFB) (…), à réautoriser les néonicotinoïdes +tueurs d’abeilles+ interdits depuis 2018, à faciliter l’implantation de mégabassines qui accaparent les ressources en eau au profit de l’agriculture intensive et à modifier la définition des zones humides pour en diminuer la protection alors qu’elles sont essentielles face aux inondations et sécheresses”, ont-elles listé.Pour Franck Rinchet-Girollet, porte-parole d’Avenir santé environnement, association née à la suite d’un nombre élevé de cancers pédiatriques dans la région de La Rochelle, “cette loi est une fausse réponse à un vrai problème. Au lieu de protéger notre agriculture, elle la renvoie vers le passé. Au lieu de prendre en compte la santé, elle prolonge la dépendance à un modèle toxique”. Un constat partagé par l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), ainsi que par un collectif d’associations paysannes et de défense du bien-être animal, qui ont décidé d’interpeller directement les députés, par des messages ou des courriers.  “Les enjeux liés à la biodiversité, (…) à la santé publique et à l’avenir de l’agriculture ne peuvent être sacrifiés au nom de jeux politiques ou des intérêts des lobbys agrochimiques”, a déclaré Christian Pons, président du syndicat d’apiculteurs, cité dans un communiqué. De leur côté, une demi-douzaine d’associations – dont Greenpeace, Réseau Action Climat et CIWF France, qui promeut des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal – ont dénoncé dans une lettre ouverte aux députés les assouplissements de la réglementation sur les élevages industriels figurant dans la proposition de loi.  Cette stratégie “fait le jeu des industries agroalimentaires et de l’alimentation animale” mais elle “ne pourra pas, à moyen ou long terme, soutenir l’élevage en France”, alertent ces ONG dans leur lettre. 

Congrès PS: Olivier Faure défend l’union de la gauche, les yeux rivés sur 2027

A cinq jours du premier tour du congrès du PS, Olivier Faure met toutes ses forces dans la bataille pour défendre son bilan et l’union de la gauche non mélenchoniste pour 2027, avec en ligne de mire la prochaine présidentielle, où il se pose en potentiel candidat. Le patron des socialistes multiplie, comme ses concurrents Nicolas Mayer-Rossignol et Boris Vallaud, les déplacements dans les fédérations socialistes, alors que le résultat du vote est plus que jamais incertain.Avec pour objectif de défendre sa proposition d’une plateforme commune de la gauche non mélenchoniste, allant de Raphaël Glucksmann à François Ruffin, en vue d’une candidature commune pour 2027, mais sans Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, avec qui il a pris ses distances depuis plusieurs mois.Olivier Faure, qui a pris la tête du PS en 2018 après le champ de ruine laissé par le quinquennat Hollande et a été l’un des initiateurs de l’alliance Nupes en 2022, puis du Nouveau Front populaire en 2024, continue de porter l’idée d’une union large à gauche pour contrer “la vague réactionnaire et identitaire qui monte”.Mais Nicolas Mayer-Rossignol accuse le premier secrétaire, député de Seine-et-Marne, de manquer de clarté sur les alliances à venir avec LFI.De son côté, le camp fauriste se dit “concentré” et “plus organisé” qu’au congrès de Marseille, où le premier secrétaire avait été réélu sur le fil, et affirme ne pas “ressentir de vague de dégagisme”. L’ancien Premier ministre Lionel Jospin, figure de la gauche, a toutefois annoncé vendredi qu’il soutiendrait Nicolas Mayer-Rossignol. Et le chef des députés PS Boris Vallaud, qui a lâché le premier secrétaire pour se lancer lui aussi dans la bataille, en déplorant un parti “divisé”, risque de lui faire perdre des voix. Olivier Faure argumente d’avoir remis le PS “au coeur de la gauche” (le nom de sa motion). Et s’il a fait opérer à son parti un revirement, en refusant de censurer le gouvernement Bayrou sur le budget en début d’année, il n’exclut pas une nouvelle censure prochainement, sur les retraites ou le futur budget.”A un an des municipales, on appelle les militants à faire preuve de continuité, avec ceux qui ont la confiance des autres partenaires à gauche”, souligne l’eurodéputé Pierre Jouvet, jugeant qu'”avoir un leader qui commence à être reconnu et respecté, ça compte”.- “climat de tensions” -Car le patron des socialistes, longtemps sur la réserve, s’est peu à peu installé dans le paysage de gauche. Plus présent dans les médias, il a multiplié les rencontres avec les Français, et vient de sortir un livre, “Je reviens te chercher”, où il se dévoile plus intimement, évoquant notamment son père d’extrême droite. “Ça permet aux militants, et plus largement aux Français de connaître plus en sincérité et en profondeur qui il est”, insiste Pierre Jouvet. Et d’affiner une stature de présidentiable, même si le patron du PS s’en défend.”Il se présidentialise”, confirme le président du Parti radical de gauche Guillaume Lacroix. “Il est persuadé de s’être mis au barycentre de la gauche, en disant +je suis compatible avec l’extrême gauche mais je n’accepte pas tout+, et +je suis compatible avec les sociaux-démocrates, mais je n’accepte pas tout+”.Reste qu’en interne, Olivier Faure est loin de faire l’unanimité: ses détracteurs critiquent une “gestion clanique” du parti, et affirment qu’il n’a “pas d’idéologie, pas de travail, pas de méthode”. “Il a créé un climat de tensions et d’agressivité”, assène la présidente d’Occitanie, Carole Delga. “Quelle est sa position politique, personne ne le sait, c’est en fonction des saisons”, tacle-t-elle encore.Le député Arthur Delaporte, qui a un temps jugé son image “affaiblie”, remarque toutefois que “pendant le NFP Olivier Faure a réussi à incarner l’union plus que pendant la Nupes” et “génère désormais de la fierté militante”. Une socialiste, qui a fait le choix de soutenir Boris Vallaud, assure qu’il est certes “très à l’écoute”, mais “il est arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire. Il y a une telle haine anti-Olivier”.

L’ex-maire de Toulon Hubert Falco condamné pour injures contre un journaliste

L’ex-maire de Toulon Hubert Falco, démis de ses fonctions par la justice, a été condamné vendredi à une amende de 1.000 euros pour avoir insulté et traité de “chien galeux” un journaliste collaborant pour Mediapart. Le tribunal correctionnel de Toulon l’a également condamné à verser 1.000 euros de dommages et intérêts au journaliste Simon Fontvieille et 500 euros au Syndicat national des journalistes (SNJ), qui s’était constitué partie civile.”C’est une victoire pour la liberté de la presse montrant que tout journaliste, quel qu’il soit, doit pouvoir exercer son travail de façon libre et sereine au service des citoyens et de l’intérêt général”, a réagi le journaliste auprès de l’AFP.L’avocat de l’ex-élu n’était lui pas joignable dans l’immédiat.Le procès s’était tenu le 16 mai en l’absence de l’ex-baron de la politique varoise, ce qui fut “fort dommage” selon la présidente.Simon Fontvieille, journaliste de 34 ans, avait expliqué à la barre les tentatives d'”intimidation” répétées de la part d’Hubert Falco, à qui il a consacré plusieurs enquêtes.Les faits jugés concernaient un épisode en marge d’une cérémonie publique célébrant les 79 ans de la libération de Toulon en août 2023.Hubert Falco, qui n’a alors plus de mandat, est présent et le journaliste le prend en photo, comme d’autres personnalités. L’ex-élu, aujourd’hui âgé de 78 ans, lui lance alors: “ça te gêne que je sois là ?”, le traitant d'”espèce de chien”, “chien galeux”.”Enfin M. Falco, +chien galeux+, pourquoi vous êtes aussi grossier ?”, lui répond le journaliste.Hubert Falco le traite alors de “connard”, ajoutant: “Oui, je te le dis ! Ecris-le à Mediapart que je t’ai dit que tu étais un connard”.Le 28 mai, une autre échéance judiciaire cruciale attend Hubert Falco: la décision de la Cour de cassation sur sa peine de cinq ans d’inéligibilité immédiate prononcée en 2024 par la cour d’appel d’Aix-en-Provence dans un dossier de détournements de fonds publics, qu’il conteste. Une décision dont dépend son avenir politique, à moins d’un an des municipales.

Aide à mourir: les députés votent pour renforcer la procédure collégiale

Avant d’accéder ou non à une demande d’aide à mourir, un médecin devra convoquer une réunion avec a minima un spécialiste et un soignant qui donneront leur avis, ont décidé jeudi les députés. La version initiale de la proposition de loi d’Olivier Falorni (Groupe MoDem) prévoyait que le médecin, après avoir vérifié que la personne remplit bien les critères d’éligibilité au droit à l’aide à mourir, recueille obligatoirement “l’avis écrit” d’un médecin spécialiste de la pathologie et d’un auxiliaire médical ou aide-soignant intervenant dans le traitement du malade.Mais les députés ont estimé, à une large majorité (112 contre 61), que la procédure devait être davantage collégiale, en votant un amendement du député Horizons et ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux, soutenu par le gouvernement et M. Falorni. Désormais, les avis écrits sont remplacés par la réunion d’un collège, composé a minima du médecin en charge de la demande, d’un spécialiste et d’un soignant impliqué dans le traitement de la personne.Ce collège doit se réunir physiquement, et, si c’est impossible, à distance. Et il peut, à son appréciation, recueillir l’avis d’autres personnes, comme d’autres professionnels de santé par exemple (c’était déjà le cas dans la version initiale). C’est seulement à l’issue de cette procédure collégiale que le médecin prononce sa décision.Durant les débats, des députés ont insisté sur la collégialité comme “un point central” et “d’équilibre” du texte, selon les mots de Yannick Monnet (GDR). Mais pour les plus farouches opposants, ce changement n’est que “cosmétique”, comme a dénoncé le député LR Philippe Juvin.Ils ont tenté, sans y parvenir, d’ajouter un certain nombre de “garde-fous”, selon leur expression. Par exemple, que la décision ne soit pas prise par le médecin, mais par le collège, que la réunion ne puisse se tenir à distance, ou que le spécialiste ait obligatoirement examiné le patient. Le texte prévoit que le spécialiste a accès “au dossier médical de la personne” et l’examine, “sauf s’il ne l’estime pas nécessaire”.- Délai de 48H -Le gouvernement a plus tard dans la journée échoué à faire adopter un amendement prévoyant que le médecin recevant la demande d’aide à mourir consulte un psychiatre ou un neurologue dans le cadre de la procédure collégiale, “lorsqu’il a un doute sérieux sur le discernement de la personne”.Plusieurs députés du “socle commun” ont jugé trop imprécise cette formulation, Charles Sitzenstuhl (EPR) estimant que “soit il y a un doute, soit il n’y a pas de doute”. La gauche a voté contre l’amendement, Sandrine Rousseau (écologiste) expliquant que les psychiatres ne sont “pas des spécialistes du discernement”.Le gouvernement a en revanche obtenu le rétablissement d’un délai incompressible de deux jours entre la décision du médecin et la confirmation par le patient de sa demande.Les députés ont ensuite étudié un article permettant au patient de choisir la date, le lieu et les personnes l’entourant au moment de l’administration de la substance létale.Un amendement du gouvernement adopté prévoit que le médecin réévalue la volonté libre et éclairée de la personne lorsque la date retenue intervient plus de trois mois après l’autorisation donnée – contre un an dans le texte auparavant.La question du lieu a particulièrement été débattue. Plusieurs députés ont tenté en vain d’établir que l’administration de la substance létale soit effectuée dans un lieu dédié, qui ne soit pas un EHPAD ou un hôpital.”Ce lieu qui était pour la vie jusqu’au bout va devenir le lieu où (…) on reçoit la mort. C’est un changement important”, a déclaré Dominique Potier (PS). “Beaucoup de soignants m’en ont parlé avec un peu d’émotion.”Mais d’autres députés se sont opposés à l’idée déplacer des patients.Un amendement prévoyant d’exclure les “voies et espaces publics” comme lieu possible pour l’administration a en revanche été adopté. Une position d'”équilibre” afin d’éviter toute “dérive”, selon M. Falorni.Le vote sur l’ensemble du texte, en première lecture, est prévu le mardi 27 mai.

Edouard Philippe “défavorable” à la proportionnelle qui conduirait à une “absence de majorité”

L’ancien Premier ministre Edouard Philippe s’est dit jeudi “défavorable” à un mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives, comme le souhaiterait François Bayrou, car il conduirait selon lui à une “absence de majorité” et pourrait “distendre le lien entre l’électeur et le député”.”Le scrutin proportionnel a plus de chance de perpétuer ce que nous voyons aujourd’hui, c’est-à-dire une absence de majorité”, a affirmé le président d’Horizons et candidat proclamé à la présidentielle, à l’issue d’un entretien d’environ 45 minutes avec le Premier ministre à ce sujet.”Nous considérons que cette absence de majorité rend difficile, voire impossible, une action résolue dont notre pays a pourtant besoin”, a-t-il ajouté, observant que “nous ne pouvons pas accepter un régime qui est pour l’essentiel un régime de l’inaction”.En outre, “le scrutin proportionnel tend mécaniquement à éloigner, à distendre, le lien entre l’électeur et le député”, a fait valoir Edouard Philippe, qui était accompagné de Paul Christophe chef de file des députés Horizons, Claude Malhuret président Horizons du groupe des sénateurs Les Indépendants, République et territoires, et Pierre-Yves Bournazel, secrétaire général délégué du parti et candidat aux municipales à Paris.Le cumul des mandats, soutenu par les deux hommes, n’a pas été abordé lors de l’échange, selon M. Philippe, qui avait précédemment dit qu’il pourrait soutenir la proportionnelle si un cumul était possible entre le mandat parlementaire et un mandat exécutif local.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Le chef du gouvernement défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Il a indiqué jeudi aux représentants d’Horizons “sa volonté de soumettre” un projet de loi sur le modèle de 1986. Celui-ci pourrait être examiné à l’automne.Mais le Premier ministre n’est pas assuré d’avoir cette fois le soutien des macronistes qui considèrent désormais que le mode de scrutin majoritaire actuel est “le moins pire”. A droite, Les Républicains sont fermement opposés à la proportionnelle. Leur nouveau président Bruno Retailleau doit être reçu à ce sujet la semaine prochaine.Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986. La France insoumise défend une proportionnelle “à un échelon régional” et le Parti socialiste, divisé, n’a pas encore arrêté de position.François Bayrou doit recevoir jeudi après-midi Fabien Roussel pour le Parti communiste, puis vendredi Marc Fesneau pour son parti, le MoDem, et Raphaël Glucksmann pour le mouvement Place publique.

Retailleau dépasse pour la première fois Philippe en popularité, selon un sondage

Le ministre de l’Intérieur et nouveau président des Républicains Bruno Retailleau dépasse pour la première fois Edouard Philippe en popularité, avec 51% de bonnes opinions contre 48% pour l’ancien Premier ministre, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro publié jeudi.Bruno Retailleau, que d’aucuns voient déjà candidat à la présidentielle de 2027 après sa victoire sans appel dimanche face à Laurent Wauquiez, gagne près de dix points depuis sa nomination en décembre 2024 dans le gouvernement de François Bayrou où il était à 42%, relève l’institut.Dans le même temps, Edouard Philippe, candidat déclaré depuis septembre 2024 mais dont “l’invisibilité contraste avec la forte visibilité du ministre de l’Intérieur”, a perdu neuf points de popularité, ajoute-t-il.Bruno Retailleau est massivement soutenu par les sympathisants LR (90% de bonnes opinions), du parti macroniste Renaissance (74%) et du Rassemblement national (65%) tandis qu’Edouard Philippe doit en partie sa popularité à la gauche (56% de bonnes opinions au PS et 46% chez les écologistes).Le ministre de l’Intérieur est jugé comme un homme ayant des convictions plus profondes (62% versus 55%) et davantage d’autorité (55% versus 48%).Cette fermeté a toutefois un revers : les Français le perçoivent aussi comme plus “brutal” (36% versus 18%), moins “sympathique” que le maire du Havre (39% versus 53%) et moins “proche des gens” (40% contre 47%).”Bien qu’Edouard Philippe reste à ce stade le mieux placé en intentions de vote (environ 20% contre 10%) pour la présidentielle de 2027, la dynamique, en ce moment, lui échappe”, avertit Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa.”Face à un Bruno Retailleau qui imprime sa marque, il devient urgent pour l’ancien Premier ministre de reprendre la parole, de se définir, de se projeter. Faute de quoi, l’histoire pourrait bien bégayer”, ajoute-t-elle, en référence au rendez-vous manqué d’Alain Juppé face à François Fillon en 2017.L’enquête a été réalisée mercredi et jeudi auprès d’un échantillon de 1.005 Français représentatifs de la population de 18 ans et plus. Marge d’erreur comprise entre 1,4 pt et 3,1 pts. 

La proportionnelle n’est “pas la priorité” pour Fabien Roussel

Le patron du Parti communiste Fabien Roussel a estimé jeudi qu’un mode de scrutin proportionnel aux législatives, comme souhaité par François Bayrou, n’était “pas la priorité” des Français d’abord préoccupés, selon lui, par leur “pouvoir d’achat”.”La question des factures de gaz et d’électricité, de l’alimentation, c’est ce qu’ils nous disent tous les jours. Et puis aussi ceux qui sont menacés de perdre leur emploi, notamment dans l’industrie”, a affirmé le secrétaire national du PCF à l’issue d’un entretien de plus d’une heure avec le Premier ministre qualifié de “direct” et “franc”.Il a jugé “un peu vague” le projet de M. Bayrou, qui défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, et il “attend de savoir quel sera le texte complet”.À son côté, le cheffe de file des sénateurs communistes Cécile Cukierman a dit craindre que ce type de proportionnelle “vienne finalement renforcer le fait majoritaire et présidentiel plutôt que développer le pluralisme”.Pour M. Roussel, face à la “crise démocratique”, “l’urgence, c’est par exemple d’abroger le 49.3”, cet article de la Constitution qui permet au gouvernement de faire adopter un texte au Parlement sans vote, et de “permettre au Parlement de voter sur la réforme des retraites”.Interrogé sur la proposition du député ex-LFI François Ruffin d’organiser une primaire à gauche pour la présidentielle, le patron du PCF a répondu que ce n’était “pas (sa) tasse de thé (…) de consacrer son énergie à ça aujourd’hui”. “La priorité, c’est d’abord de se battre pour que les factures baissent, les salaires augmentent”.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Il souhaite soumettre un projet de loi sur le modèle de 1986. Celui-ci pourrait être examiné à l’automne.Mais il n’est pas assuré d’avoir le soutien des macronistes qui considèrent désormais que le mode de scrutin majoritaire actuel est “le moins pire”. L’ancien Premier ministre et patron d’Horizons Édouard Philippe s’est dit jeudi “défavorable” à la proportionnelle, qui conduirait à une “absence de majorité”.À droite, Les Républicains y sont fermement opposés. Leur nouveau président Bruno Retailleau doit être reçu à ce sujet la semaine prochaine.Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986.LFI défend une proportionnelle “à un échelon régional” et le PS, divisé, n’a pas encore arrêté de position.

Rapport sur les Frères musulmans: les propositions de l’Intérieur ont été travaillées avec l’Elysée, selon l’entourage de M. Retailleau

Les propositions du ministère de l’Intérieur destinées à lutter contre “l’entrisme” des Frères musulmans en France ont été “travaillées avec l’Elysée”, a assuré jeudi une source au sein de l’entourage de Bruno Retailleau, après un recadrage d’Emmanuel Macron sur ce sujet.”Nous sommes très surpris car les propositions du ministère de l’Intérieur ont été travaillées avec l’Elysée”, a assuré cette source à l’AFP.On a souligné en outre que la réunion – un Conseil de défense – consacrée à l’entrisme islamiste France était “interministérielle”, signifiant que des propositions émanant d’autres ministères avaient été présentées.De fait, le président Emmanuel Macron avait convoqué autour de lui à l’Elysée le Premier ministre François Bayrou et les ministres concernés, parmi lesquels Bruno Retailleau (Intérieur), Gérald Darmanin (Justice), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) et Elisabeth Borne (Education nationale).Ce Conseil a donné lieu à un recadrage de la part du chef de l’Etat qui a jugé que les propositions faites n’étaient pas à la hauteur de la “gravité des faits”. Emmanuel Macron a demandé en conséquence au gouvernement “de formuler de nouvelles propositions”, selon un communiqué de l’Elysée.Si le président considère que les mesures proposées “ne sont pas assez musclées”, il n’y a aucun problème, a commenté un proche de Bruno Retailleau, “ce n’est pas les idées qui manquent”.Selon plusieurs sources contactées par l’AFP, le chef de l’Etat n’a pas seulement dit aux ministres présents de revoir leur copie. Il s’est aussi agacé que le rapport qu’il avait lui-même demandé en 2024 sur les Frères musulmans et l’islamisme politique ait fuité dans la presse.Emmanuel Macron s’est en outre agacé de la proposition de Gérald Darmanin de créer un quartier de haute sécurité en Guyane pour “les têtes de réseau du narcotrafic”.”Entre un rapport classifié qui fuite opportunément et une proposition de prison de haute sécurité sortie de nulle part (…) franchement ce n’est pas sérieux”, avait dénoncé mercredi une source au sein du camp présidentiel.