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Droit à l’aide à mourir: les députés approuvent les conditions d’éligibilité, début des débats sur la procédure

Après trois jours d’âpres débats, les députés ont approuvé mardi l’ensemble des conditions requises pour qu’un malade puisse être éligible au droit à l’aide à mourir, avant d’entamer les discussions sur les contours de la procédure pour la demander. L’article, qui prévoit cinq conditions cumulatives, a été adopté par 164 voix pour et 103 voix contre (l’opposition venant surtout de la droite et de l’extrême droite). D’abord l’âge: la personne doit avoir atteint au moins 18 ans.Etre de nationalité française ou résider de façon stable et régulière en France. Ensuite, que la personne soit atteinte “d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée” ou “terminale”.La “phase avancée” est caractérisée par “l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé de la personne malade qui affecte sa qualité de vie”.Les opposants au texte ont dénoncé cette notion qui ouvrirait, selon eux, l’aide à mourir à des patients à qui il reste encore “plusieurs années à vivre”. Pour ses défenseurs, elle permettrait notamment d’ouvrir le droit à des personnes atteintes de la maladie de Charcot.Pour être éligible, la personne doit aussi “présenter une souffrance physique ou psychologique” qui est “soit réfractaire aux traitements, soit insupportable selon la personne” lorsqu’elle a choisi de ne pas recevoir ou d’arrêter un traitement.La souffrance psychologique devra être “constante” et, surtout, une souffrance psychologique seule ne pourra “en aucun cas” permettre de bénéficier de l’aide à mourir.La dernière condition prévoit que la personne soit apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée.- “Demande expresse” -Après l’adoption de cet article-clé, les députés ont enchaîné avec l’examen d’un autre, définissant la procédure pour demander cette aide à mourir.Ils ont souhaité préciser que la demande faite par le patient au médecin soit exprimée “par écrit ou par tout autre mode d’expression adapté à ses capacités”.La version initiale ne mentionnait qu’une “demande expresse”, renvoyant le détail à un décret en Conseil d’Etat.Dans la soirée, les députés ont commencé à discuter de l’alinéa du texte qui prévoit que la demande soit faite auprès d’un “médecin en activité” qui ne soit “ni son parent, ni son allié, ni son conjoint, ni son concubin, ni le partenaire auquel” la personne malade “est liée par un pacte civil de solidarité, ni son ayant droit”.Les plus farouches opposants au texte ont tenté de le modifier. Par exemple, le député macroniste Charles Sitzenstuhl a proposé que seuls les médecins exerçant depuis plus de 20 ans puissent recueillir la demande. Et ce, afin “de protéger les jeunes médecins”. Son amendement a été rejeté, comme les autres. A l’inverse, des députés, pour la plupart de la gauche de l’hémicycle, ont essayé d’ouvrir plus largement le droit à l’aide à mourir.  Des amendements pour reconnaître la possibilité de la demander via des directives anticipées et/ou une personne de confiance ont été défendus, mais tous rejetés.Pour la députée Danielle Simonnet (groupe écologiste et social), empêcher la prise en compte des directives anticipées, c’est prendre “le risque” qu’une personne demande “la mort plus tôt”, avant l’altération de ses capacités de discernement, pour que sa volonté soit respectée.A l’inverse, le député LR Patrick Hetzel, opposé au texte, a fait valoir que ces amendements posaient à ses yeux “un problème éthique”, estimant que la volonté pouvait fluctuer au cours du temps, et qu’il serait impossible de la vérifier à “l’instant T”. Pour confirmer ces votes, l’article dans son ensemble doit encore être adopté. Les débats doivent reprendre mercredi après-midi après la séance de questions au gouvernement prévue à 14H00.Le vote sur l’ensemble du texte, en première lecture, est prévu le mardi 27 mai. Plus de 1.231 amendements restent à étudier.

Présidentielle 2027: Ruffin veut une primaire et affirme qu’il la gagnera

Le député François Ruffin appelle, dans Libération, à une primaire de la gauche, “de Poutou à Ruffin”, pour la présidentielle de 2027, affirmant qu’il y participera, et qu’il la remportera.”Il nous faut une primaire, une +primaire geyser+, qui ne soit pas qu’une élection de départage, mais un moment de débordement”, déclare le député qui a rompu avec LFI lors des dernières législatives, et siège maintenant au sein du groupe écologiste.L’élu de la Somme annonce son intention d’y être candidat. “Et je la remporterai”, promet-il, rappelant qu’il a battu “trois fois” le Rassemblement national “dans des terres ouvrières”. “Je parle pour le monde du travail, les gens ordinaires qui tiennent le pays debout”, justifie-t-il.A l’initiative de l’idée du Nouveau Front populaire aux législatives pour réunir la gauche, le député rappelle qu’en un mois il y a eu “9 millions de votants”. “On pourrait leur rendre la parole, non ? C’est soit la stratégie des primaires, soit la stratégie déprimante”, assène-t-il. Le député considère que ce sont “les partis, a priori”, qui doivent organiser cette primaire. “Ce serait mieux avec eux. Est-ce qu’ils diront tous oui demain matin ? Probablement pas. Mais il y a, au sein de chacun, des unitaires contre des identitaires. De toute façon, cette primaire aura lieu”. Pour le calendrier, il préconise “des candidatures en avril 2026 et un vote à l’automne”, pour “une élection à deux tours, sur le modèle de la présidentielle”. Il détaille également les critères pour candidater: “100.000 parrainages citoyens, 250 de maires. Dix idées, en guise de profession de foi”. Et suggère “un vote physique, avec un bureau de vote par canton”, pour un objectif de “2 à 3 millions de votants”. Pour lui, les insoumis et Jean-Luc Mélenchon sont les bienvenus dans cette primaire, dont le périmètre doit être celui du NFP: “de Philippe Poutou à François Hollande. C’est à eux de choisir d’y rentrer ou non”.Quant à l’hypothèse d’une candidature de Jean-Luc Mélenchon sans passer par la case primaire, il estime que “tout est question de rapport de force. Un candidat légitimé par des millions de votants, ça chamboule les calculs”. Interrogé pour savoir s’il soutiendrait le gagnant quel qu’il soit, y compris si c’était François Hollande ou Raphaël Glucksmann, il dit ne pas imaginer “qu’on participe à un tel scrutin sans, ensuite, en respecter les règles”.

Bétharram: Bayrou promet de rendre publics tous les documents produits à son audition

François Bayrou a promis mardi de rendre publics tous les documents qu’il a produits devant la commission d’enquête sur les violences physiques et sexuelles faites aux enfants, née du scandale de Bétharram, pour montrer que les accusations portées contre lui “sont scandaleusement inexactes”.”Pour que cette polémique soit close, j’ai l’intention, dans les 48 heures, de mettre en ligne la totalité des documents (…) qui montreront que ces accusations sont scandaleusement inexactes et qui, je l’espère, permettront à tous ceux qui sont intéressés de se faire une opinion loyale”, a affirmé le Premier ministre devant l’Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement.Il répondait à la députée de la France insoumise Sarah Legrain, qui l’interrogeait sur un document du collège-lycée Bétharram selon lequel un surveillant condamné pour violences sur un élève en 1996 faisait toujours partie de l’établissement en 1997-1998, contredisant une lettre du directeur de l’époque, citée par M. Bayrou lors de son audition, assurant qu’il avait été licencié.Le Premier ministre a tenu à citer à nouveau mardi cette lettre, datée du 5 novembre 1996, dont l’AFP s’est procurée une copie, dans laquelle le directeur de l’époque de Bétharram affirme à l’inspecteur: “Je viens de licencier, même si cela risque d’avoir des retombées, le surveillant avec une +certaine conception de la discipline+”.Dans ce dossier qui lui colle à la peau depuis plusieurs mois, François Bayrou qui a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques est notamment accusé par la gauche d’avoir été au courant dans le passé, des agissements dénoncés aujourd’hui, et d’être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de Bétharram accusé de viol.Le Premier ministre a démenti fermement à plusieurs reprises, dénonçant encore le 14 mai une “instrumentalisation” politique.Mardi, il a estimé que LFI avait “dévoyé” la commission d’enquête “de sa vocation et de son sujet”, et accusé de nouveau une témoin-clé de l’affaire Bétharram, Françoise Gullung, d'”affabulation”, alors que cette dernière, ancienne enseignante de Bétharram, considère que c’est le Premier ministre qui fait “erreur”. “Je sais bien que ça vous gêne”, a ajouté à ce sujet M. Bayrou dans le brouhaha, alors que la députée LFI Ségolène Amiot le qualifiait de “menteur”.

Nicolas Sarkozy sort de son “silence médiatique” pour rendre hommage à une policière municipale tuée

Nicolas Sarkozy s’est exprimé pour la première fois depuis son admission au régime de la libération conditionnelle lors d’un hommage mardi dans le Val-de-Marne à Aurélie Fouquet, policière municipale tuée en 2010 lors d’une fusillade sanglante.”J’ai choisi de rompre le silence médiatique que je m’étais imposé pour une raison et une seule: Aurélie et sa famille”, a déclaré l’ex-chef de l’Etat (2007-2012), en présence du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, dans le jardin de la mairie de Villiers-sur-Marne, commune où cette policière avait été tuée lors d’un braquage raté.Nicolas Sarkozy avait été définitivement condamné en décembre, dans l’affaire des écoutes, à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme, sous détention à domicile sous surveillance électronique, pour corruption et trafic d’influence – une première pour un ancien président qui est également inéligible durant trois ans.Il a été admis le 14 mai au régime de la libération conditionnelle et s’est vu retirer le dispositif qu’il portait à la cheville depuis un peu plus de trois mois.”Je me sens responsable de la mort de votre fille et de la mort de ta mère”, a déclaré celui qui était président de la République lors du drame, en s’adressant aux parents et au fils aujourd’hui adolescent de Mme Fouquet.Le 20 mai 2010, un groupe de braqueurs, repéré par des policiers, s’était lancé dans une course folle sur l’autoroute, tirant sur les forces de l’ordre et blessant des automobilistes.A Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), ils avaient mitraillé une voiture de police municipale, tuant Aurélie Fouquet, 26 ans, et blessant son coéquipier avant de prendre la fuite.Le multirécidiviste Rédoine Faïd a été définitivement condamné à 25 ans de réclusion pour son rôle dans l’organisation de ce braquage raté.Selon le maire de la commune, Jacques-Alain Benisti (LR), Aurélie Fouquet est “la première policière municipale en France victime du devoir”.M. Sarkozy a également présenté en tout début d’hommage ses “félicitations” à Bruno Retailleau, fraîchement et très confortablement élu à la tête des Républicains dimanche face à son concurrent Laurent Wauquiez. “Ce n’est pas le lieu des félicitations mais peut-être que tu as senti ma joie et ma confiance”, a-t-il déclaré.Bruno Retailleau a pour sa part salué la mémoire de la policière décédée, qui représente “le sens du devoir et la mémoire du sacrifice”.Les forces de l’ordre représentent “la France du partage, du don de soi” face à “celle du saccage”, a-t-il ajouté.

Le milliardaire Stérin joue encore la chaise vide à l’Assemblée, qui va saisir la justice

Pour la deuxième fois en moins d’une semaine, le milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin ne s’est pas présenté mardi à l’Assemblée devant la commission d’enquête sur “l’organisation des élections en France”, dont le président a par conséquent annoncé qu’il saisirait la justice.Deux absences, un blâme: reprogrammé après une premier rendez-vous manqué le 14 mai, M. Stérin a de nouveau séché une convocation au Parlement.”Nous constatons ce matin qu’il n’est pas parmi nous”, a déclaré Thomas Cazenave, président de cette commission d’enquête. “Il est par contre sur les chaînes de télévision, semble-t-il”, a ajouté l’élu Renaissance.L’intéressé, qui réside en Belgique, était en effet intervenu un peu plus tôt sur Cnews, en visio depuis son domicile, affirmant entre autres que sa convocation n’était qu’un “prétexte” pour des députés qui “ont juste envie de faire les marioles devant les caméras”.L’homme d’affaires conservateur, devenu milliardaire avec son entreprise de coffrets cadeaux Smartbox, était censé s’expliquer sur son activisme politique, lui qui s’était dit prêt à dépenser 150 millions sur dix ans (via son fonds d’investissement Otium Capital) pour influer sur le débat public et soutenir des candidats aux élections.Avec pour objectif de faire triompher les droites sur une ligne libérale en économie, conservatrice sur les sujets de société et ferme sur le régalien. Une ambition baptisée “projet Périclès”, référence à l’antique stratège athénien, mais surtout acronyme sans équivoque de “Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes”.Chargé de ce grand dessein, son bras droit Arnaud Rérolle avait témoigné début mai devant la commission d’enquête, et présenté l’entreprise comme “une pépinière de projets métapolitiques”, mêlant “médias” et “cercles de réflexion” afin de “produire”, “diffuser” et “promouvoir des idées dans l’espace public”.Audition d’ailleurs invoquée par M. Stérin pour justifier son attitude: “Je n’ai pas envie de me déplacer pour répondre à quelques questions auxquelles mon associé a par ailleurs déjà répondu”.- “Au-dessus des lois” -Un argument qui s’ajoute à celui, déjà utilisé comme excuse la semaine dernière, des “dizaines de menaces de mort” qu’il dit avoir reçues – et pour lesquelles il a déposé lundi une plainte contre X au tribunal judiciaire de Paris, a appris l’AFP mardi auprès de son avocat.Le ministère de l’Intérieur lui a même “confirmé (que) ces menaces étaient sérieuses et imminentes”, a-t-il insisté sur Cnews. Raison pour laquelle il avait encore réclamé lundi dans un communiqué à être auditionné en visio.Motif “ridicule”, a réagi sur X la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, rappelant qu’elle-même se rend au Palais Bourbon “chaque jour malgré les menaces” dont elle fait l’objet.”Respectez vos obligations, respectez l’Assemblée nationale et son travail de contrôle, respectez les Français”, a-t-elle enjoint au milliardaire, soulignant à quel point son refus de répondre à la convocation était “grave”.D’autant plus que le ministère de l’Intérieur “était prêt à assurer sa sécurité”, a rétorqué M. Cazenave, déplorant que l’homme d’affaires n’ait pas changé de position malgré ces “garanties”.En conséquence, le président de la commission a annoncé qu’il “adresserait dès cet après-midi un courrier au procureur de la République de Paris pour constater le fait qu’il ne respecte pas les obligations qui lui sont faites”.En l’occurrence, le refus de comparaître devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende.”Rien ne justifie que M. Stérin se place au-dessus des lois de la République. Rien ne justifie que M. Stérin méprise l’Assemblée nationale et ses représentants”, a insisté M. Cazenave.A ses côtés, le rapporteur LFI de la commission d’enquête Antoine Léaument a estimé que le milliardaire “essaie de jouer la montre, puisqu’il sait que cette commission d’enquête est bornée dans le temps”. De fait, son rapport doit être approuvé le 28 mai.”Il cherche à se dérober à ses obligations”, a poursuivi l’élu insoumis, considérant que “ceux qui portent un projet politique (ont) le devoir de se rendre dans l’arène”.

Primas affirme que le “macronisme trouvera une fin” bientôt, les macronistes s’insurgent

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas, membre des Républicains (LR), a estimé mardi que “le macronisme probablement trouvera une fin dans les mois qui viennent”, provoquant l’indignation de plusieurs députés et membres du gouvernement macronistes qui ont jugé cette affirmation “inacceptable”. “La question, ce n’est pas d’être opposant au macronisme, le macronisme, probablement, trouvera une fin dans les mois qui viennent, avec la fin du deuxième quinquennat du président (Emmanuel) Macron”, a déclaré Sophie Primas sur Europe1/Cnews en réponse à une question sur la position inconfortable du nouveau président de LR Bruno Retailleau au sein du gouvernement. “La question est de savoir comment on rebâtit la suite”, a-t-elle dit, rappelant “la situation politique particulière qui est la nôtre aujourd’hui, sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, dans une situation de quasi coalition du bloc central”. “Certainement pas, ni maintenant ni dans quelques mois ni dans deux ans”, a réagi la ministre à l’Égalité Femmes-Hommes Aurore Bergé, fidèle d’Emmanuel Macron depuis 2017. Sur X, elle a rappelé que c’est le président qui a nommé le gouvernement auquel appartient Sophie Primas.Le parti Renaissance a dénoncé sur le même réseau social des propos qui n’ont “pas lieu d’être, a fortiori lorsqu’on est nommée ministre par le président de la République”. Mais a dit prendre “acte” des explications de Mme Primas, qui a assuré auprès de Gabriel Attal, le chef du parti, qu’il s’agissait d'”une maladresse”. Pas d’excuse pour le président de région Paca Renaud Muselier, qui a appelé sur X à la démission de Sophie Primas: “elle pense ce qu’elle veut à titre personnel, mais elle vient de commettre une faute politique lourde. Elle ne peut pas rester dans sa fonction !”Un cadre macroniste a précisé auprès de quelques medias que la porte-parole du gouvernement avait “appelé tous les députés pour dire que ce n’est pas ce qu’elle a voulu dire”. “Elle m’a dit +je parlais en tant que porte-parole de la droite+ mais moi je lui ai dit +tu es porte-parole du gouvernement+”, a-t-il relaté.”Si on n’est plus raccord, il faut partir. Quand on dit cela, on fragilise le gouvernement”, a souligné une ministre, outrée par les propos.”Monsieur le 1er Ministre @bayrou il va falloir rappeler à certains ministres qu’ils sont membres d’une coalition et… nommés par le Président de la République”, a également réagi sur X l’ancien ministre Stéphane Travert, tout comme le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade qui a enjoint le Premier ministre à “rectifier” des propos “inacceptables”. Les Républicains “souhaitent la fin du macronisme, mais doivent leur strapontin gouvernemental à @EmmanuelMacron. Rien ne les empêche de partir s’ils ne s’y reconnaissent plus…”, a insisté l’ancienne ministre Marie Lebec.Et le député de Paris David Amiel (Renaissance) d’ironiser sur “un parti qui a réalisé moins de 10% des voix aux six dernières élections nationales” et ne peut donc pas “se permettre de prendre de haut un président de la République élu et réélu par les Français”.

LR: Retailleau mise sur l’unité et donne la priorité aux municipales

“Aujourd’hui, il n’y a plus de +retaillistes+ et de +wauquiezistes+”: le nouveau président de LR Bruno Retailleau a tourné la page mardi de la campagne interne contre son rival Laurent Wauquiez, fixant les municipales comme priorité et renvoyant à plus tard le sujet qui fâche de la présidentielle.Standing ovation devant les sénateurs LR, puis devant les députés: le Vendéen, 64 ans, a passé en revue les troupes d’un parti qu’il souhaite mettre en ordre de marche pour les prochaines échéances électorales.Mission numéro un: éviter les traditionnelles divisions internes qui minent la droite depuis plus d’une décennie et afficher l’unité du parti aux côtés du président de groupe des députés LR, Laurent Wauquiez.L’élu de Haute-Loire a demandé et obtenu “la confiance à l’unanimité” de la cinquantaine de députés de droite qui se sont exprimés après avoir accueilli sous les applaudissements le ministre de l’Intérieur, a indiqué à l’AFP un participant.”Nous portions en réalité des lignes qui étaient très proches l’une de l’autre” pendant les trois mois de campagne pour la présidence LR, a assuré Bruno Retailleau, qui n’a toutefois pas révélé la place qu’il comptait accorder à son adversaire au sein de la direction du parti. “Il y a eu une campagne, il y a eu des divergences, mais rien qui rende impossible la réconciliation”, a expliqué un dirigeant du parti qui écarte “une situation de droites irréconciliables”. Au placard donc les attaques “parfois violentes”, aux yeux d’un proche du ministre de l’Intérieur, que Laurent Wauquiez a lancées dans la dernière ligne droite de la campagne. Le député de Haute-Loire avait alors brandi “le risque de dilution” de la droite dans la macronie si son président était en même temps ministre de l’Intérieur, un argument qui n’a pas convaincu les électeurs qui lui ont préféré son adversaire à près de 75% des voix.Bruno Retailleau s’était rendu auparavant à la réunion hebdomadaire des sénateurs LR, où il a redit son “attachement” au Sénat, où il avait dirigé le groupe LR pendant plus de dix ans. – Un rôle pour Barnier -Avant d’aller à la rencontre des parlementaires, Bruno Retailleau a tenu sa première réunion du conseil stratégique, qui regroupes les principaux ténors de LR, pour donner ses premières orientations.”Dans les semaines à venir, il faut que nous nous organisions pour les municipales”, a expliqué M. Retailleau, visant principalement les villes actuellement aux “mains d’une gauche extrêmement archaïque”.Dans l’entourage du nouveau patron de la droite, on souligne l’importance de réaliser de bons résultats aux municipales en mars pour renforcer les capacités de la droite à se lancer ensuite dans la course à la présidentielle. Une échéance que Bruno Retailleau se garde de mentionner, le sujet pouvant raviver les divisions au sein du parti. Ses soutiens sont divisés sur la question et se sont d’ailleurs empressés de le rappeler. L’élection de dimanche “a permis de désigner le président du parti, pas notre candidat à l’élection présidentielle”, a prévenu Xavier Betrand dans un entretien aux Echos, tandis que David Lisnard, le président de l’Association des maires de France (AMF) a plaidé pour une primaire ouverte de Renaissance au parti d’extrême droite Reconquête. Pour sa première nomination, Bruno Retailleau a choisi Michel Barnier, autre candidat potentiel à la présidentielle.L’ancien Premier ministre, qui avait nommé le Vendéen à Beauvau en septembre, présidera le conseil national du parti, sorte de “parlement de LR” qui réunit les représentants des fédérations départementales, dont la première réunion est annoncée “avant l’été”. “Je veux que l’on puisse consulter plus souvent des militants, faire en sorte que l’on active beaucoup plus le conseil national pour qu’il y ait une vie vraiment des fédérations”, a souligné le nouveau patron de la droite.Dans l’après-midi, le ministre de l’Intérieur va retrouver Nicolas Sarkozy, avec qui il doit se rendre à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne) pour rendre hommage à la policière Aurélie Fouquet, décédée lors d’une fusillade en 2010.”Nicolas Sarkozy a été le président de la République. Il a présidé le parti et été ministre de l’Intérieur et il a une expérience que personne n’a dans notre famille politique”, a affirmé le ministre qui affiche déjà deux des trois fonctions.

Proportionnelle: le PS n’a pas encore de position, selon Faure

Le Parti socialiste n’a pas encore arrêté de position sur la proportionnelle et la déterminera une fois que François Bayrou mettra sur la table une proposition précise, ont indiqué ses dirigeants après avoir été reçus mardi à Matignon.”On nous a donné quelques hypothèses de travail sur lesquelles nous allons maintenant réfléchir et nous n’avons donné aucune conclusion définitive à notre entretien”, a déclaré à la presse le Premier secrétaire du PS Olivier Faure à la tête de la délégation.”Nous attendons de savoir ce qu’est vraiment la proposition qui sera sur la table. On n’a pas de précision absolue, ni sur le calendrier, ni sur l’équation à laquelle il (François Bayrou) entend parvenir sur le plan politique puisqu’en fait c’est le bloc central qui, jusqu’ici a manifesté son opposition la plus nette”, a-t-il ajouté.François Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Le chef du gouvernement défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.Le gouvernement pourrait déposer un projet de loi pour un examen envisagé à l’automne.Mais le Premier ministre n’est pas assuré d’avoir cette fois le soutien des macronistes qui semblent avoir changé de pied, considérant désormais que le mode de scrutin majoritaire actuel est “le moins pire”. A droite, Les Républicains (LR) sont fermement opposés à la proportionnelle.Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986. LFI défend une proportionnelle “à un échelon régional”.François Bayrou doit encore recevoir jeudi Edouard Philippe pour Horizons et Fabien Roussel pour le Parti communiste, puis vendredi Marc Fesneau pour son parti, le MoDem, et Raphaël Glucksmann pour le mouvement Place publique.

Retailleau dénonce l'”entrisme” des Frères musulmans pour “faire basculer la société dans la charia”

Bruno Retailleau a dénoncé mardi la “menace” que pose l'”entrisme” des Frères musulmans dont le but est, selon le ministre de l’Intérieur, “de faire basculer toute la société française dans la charia”.”C’est un islamisme à bas bruit qui se répand en tentant d’infiltrer les associations sportives, culturelles, sociales ou autres”, a affirmé M. Retailleau qui a annoncé la présentation mercredi, en Conseil de défense, d’un rapport sur le mouvement des Frères musulmans.Ce rapport réalisé par deux fonctionnaires “indique qu’il y a une menace très claire vis-à-vis de la République, une menace sur la cohésion nationale et une menace vraiment de submersion”, a affirmé le ministre à des journalistes.M. Retailleau s’est inquiété de la “forme très particulière qu’emploient les Frères musulmans” avec “un entrisme, un islamisme à bas bruit”. “L’objectif ultime est de faire basculer toute la société française dans la charia”, a affirmé le ministre selon qui “c’est inacceptable, puisque c’est parfaitement incompatible avec les principes de la République et les objectifs de la cohésion nationale”.En confirmant le 11 mai que ce rapport serait au cÅ“ur d’un Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron ce mercredi, M. Retailleau avait précisé que le texte n’était pas publié parce que “classifié confidentiel défense” mais qu’une “version allégée” serait diffusée à une date encore à fixer.”Ce rapport vient corroborer des faits réels et va nous permettre d’agir”, a de son côté affirmé sur Europe 1 et CNews la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, en parlant d'”une prise de conscience” face à “la réalité du danger”. Elle réagissait à des extraits de ce rapport publiés par le Figaro mardi matin. Le gouvernement avait confié en mai 2024 une mission à deux hauts fonctionnaires sur “l’islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans”, chargée de rendre un rapport à l’automne 2024.

La victoire de Retailleau met le curseur à droite pour 2027 dans la coalition présidentielle

La large victoire de Bruno Retailleau à la tête de LR a mis le curseur à droite pour 2027 au sein de la coalition gouvernementale, ouvrant une compétition avec le favori des sondages, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe.”Je serai le premier artisan de notre victoire, je l’espère bien, en 2027″: au lendemain de son triomphe avec 74,3% des voix face à son rival Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau dissimule de moins en moins ses ambitions élyséennes, admettant sur CNews/Europe 1 qu’il était “difficile d’imaginer” qu’il ne songe pas à l’élection présidentielle. Un succès très net qui le conforte dans sa décision de continuer de tirer profit de l’exposition médiatique dont il bénéficie au ministère de l’Intérieur, tout en prenant les rênes d’un parti qu’il veut doter d’un projet qui ne “sera pas de l’eau tiède, pas de la rustine, mais une rupture”.Le ministre et ancien sénateur de 64 ans lance aussi un avertissement à ses rivaux potentiels, affirmant n’avoir “pas fait tout ça pour ça pour qu’ensuite j’abdique et on se range sous telle ou telle couleur”.Un triomphe qu’a vite mitigé un autre postulant à droite pour 2027, Xavier Bertrand. “Ne faisons pas dire à ce scrutin ce qu’il n’a pas dit. Cette élection a permis de désigner le président du parti, pas notre candidat à l’élection présidentielle”, a-t-il dit aux Echos.En attendant, M. Retailleau a convoqué pour mardi un conseil stratégique du parti, instance qui réunit les ténors de LR. Il rendra ensuite visite aux sénateurs LR dans la matinée, selon une source du groupe à la chambre haute. Laurent Wauquiez l’a pour sa part invité à la réunion de groupe des députés qu’il préside.Avec sa victoire, se pose désormais la question d’une candidature commune de l’actuelle coalition gouvernementale (LR et les macronistes).Et la barre est mise à droite comme l’atteste le discours samedi d’Edouard Philippe, le favori des sondages, qui a tenu un discours très ferme sur les questions régaliennes pendant que les adhérents LR choisissaient leur président.  “Etes-vous prêts à construire avec nous la grande force politique, le bloc républicain et démocrate, qui respectera les identités de chacun mais se rassemblera sur l’essentiel ?”, a lancé à ses alliés potentiels le premier chef de gouvernement d’Emmanuel Macron, qui se revendique homme de droite.- “Pas d’en même temps”Bruno Retailleau lui a répondu en mettant en avant ses divergences : “J’ai du respect, de l’estime (pour lui), mais il conçoit son espace politique de la gauche à la droite et moi je crois que cet +en même temps+ conduit à l’immobilisme”, a-t-il affirmé.Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on ne cache pas les intentions de doubler l’ancien Premier ministre. “Edouard Philippe est le favori des sondages, mais c’est fragile. Il n’est pas exclu que dans un an, on soit devant”, confie à l’AFP cette source qui compte sur les tensions avec l’aile gauche de la macronie pour que Bruno Retailleau parvienne à s’imposer comme présidentiable à droite. “Parmi ceux qui nous ont le plus aidés dans cette campagne, il y a Prisca Thévenot!”, se félicite l’entourage du patron de LR à propos de la porte-parole du groupe parlementaire Ensemble pour la République (EPR), qui s’en est pris la semaine dernière au ministre pour avoir affirmé qu’il “n’était toujours pas macroniste”. Un des soutiens de Gabriel Attal compte d’ailleurs sur Bruno Retailleau pour qu’il “cannibalise” l’électorat de droite d’Edouard Philippe, laissant ainsi de l’espace au centre pour son candidat potentiel.Au cours de la campagne interne pour la présidence du parti, Bruno Retailleau s’est déclaré partisan d’une primaire interne pour désigner le candidat LR à l’Elysée, limitant le vote aux adhérents du parti.Le ministre de l’Intérieur, qui présentera mercredi en Conseil de défense un rapport sur les Frères musulmans, estime avoir redonné suffisamment de vigueur à un parti qui a accumulé ces dernières années les déconvenues électorales et ne compte que 48 élus à l’Assemblée.Mais certains de ses soutiens souhaitent élargir la base électorale, à l’image de David Lisnard, le président de l’Association des maires de France (AMF), qui plaide pour une primaire ouverte et qui a réitéré lundi son intention d’y participer.Un avis partagé sur Franceinfo par un autre soutien de Bruno Retailleau, le député Philippe Juvin qui plaide pour un candidat unique du “bloc central”, mais sans inclure l’extrême droite.”Si dans le bloc central il y a plus d’un candidat, soit ce sera M. Bardella ou Mme Le Pen, soit ce sera M. Mélenchon” qui l’emportera, a-t-il prévenu.