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Nouveau gouvernement: levée de boucliers à gauche contre l’option Bayrou pour Matignon

Le socialiste Boris Vallaud, l’écologiste Marine Tondelier et le social-démocrate Raphaël Glucksmann ont réfuté lundi l’hypothèse d’une nomination de François Bayrou à Matignon, rappelant que le centriste n’a “pas gagné les législatives” et incarne la “continuité politique” d’Emmanuel Macron.”La ligne politique de M. Bayrou n’a pas gagné les élections législatives” cet été, a souligné Mme Tondelier sur RTL, à quelques heures de son rendez-vous à l’Elysée pour discuter avec le chef de l’Etat de la formation d’un nouveau gouvernement.Le président du MoDem, dont le nom revient avec insistance pour succéder à Michel Barnier, a fait savoir dimanche qu’il se tenait prêt à “aider” sans pour autant se déclarer formellement candidat à Matignon.Mais s’il s’agit de “faire une politique qui se rapproche de celle qui a gagné les élections”, alors “autant mettre directement un Premier ministre qui a gagné les élections”, a estimé la patronne des Ecologistes, qui revendique toujours la victoire avec ses alliés de gauche du Nouveau Front populaire.Ligne également défendue par M. Vallaud: “Si ce n’est pas un Premier ministre de gauche, nous ne participerons pas à ce gouvernement”, a affirmé le chef des députés PS au même moment sur France Inter.Par conséquent, si le futur locataire de Matignon “est issu du bloc central (ou) de la droite, il n’y aura pas de ministres socialistes”, a-t-il insisté.A tout le moins, “il faut une personnalité qui soit compatible avec la gauche”, a jugé Raphaël Glucksmann sur France 2, évoquant la possibilité d’une “personnalité de la société civile” comme l’ancien leader de la CFDT Laurent Berger.L’eurodéputé, chef du parti Place publique, espère ainsi “aller plus loin que le PS” et embarquer “aussi les communistes (et) les écologistes”. Ce que ne pourrait pas réussir M. Bayrou, qui “enverrait le message de la continuité politique” quand “ce n’est pas ça qu’il faut”.

Budget: la loi spéciale est “prête”, peut être présentée “dès le prochain conseil des ministres” (Laurent Saint-Martin)

La loi spéciale pour permettre à l’appareil d’Etat de fonctionner en l’absence de budget est “prête”, a assuré le ministre du Budget démissionnaire Laurent Saint-Martin lundi, ajoutant qu’il suffirait de réunir un conseil des ministres pour que le texte soit présenté. “Cela fait cinq jours que je suis au travail depuis la censure de ce gouvernement pour préparer cette loi spéciale qui pourrait être présentée dès le prochain conseil des ministres, il suffit de le réunir pour qu’elle soit présentée”, a-t-il déclaré sur TF1. Cette loi spéciale, promise par Emmanuel Macron avant la mi-décembre, pourrait être portée par “le gouvernement démissionnaire ou par un nouveau gouvernement”, a précisé M. Saint-Martin. Elle doit permettre d’éviter le “shutdown”, à savoir une paralysie administrative, en reconduisant les crédits budgétaires de l’année 2024 pour l’année suivante. Elle servira aussi à prélever l’impôt à partir du 1er janvier 2025. “La loi spéciale ne peut pas indexer l’impôt sur le revenu à son barème sur l’inflation”, a précisé le ministre évoquant une impossibilité constitutionnelle.De leur côté, les retraites seront bien indexées “quoiqu’il arrive” par le code de la sécurité sociale, synonyme de revalorisation. 

Macron sous pression pour nommer un Premier ministre, Mélenchon met en garde les socialistes

À la veille de nouvelles consultations politiques à l’Élysée, Emmanuel Macron est sous la pression de son camp : la présidente de l’Assemblée lui demande de nommer un nouveau Premier ministre “dans les prochaines heures”, et François Bayrou se dit prêt “à aider” – sans se déclarer formellement pour Matignon.La France insoumise dénonce, de son côté, une “trahison” des socialistes s’ils rejoignaient le futur gouvernement.La parenthèse, ouverte samedi avec la réouverture de Notre-Dame devant un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement, n’aura pas duré longtemps pour Emmanuel Macron.”On ne peut pas continuer comme ça”, a averti dimanche le président du MoDem François Bayrou, resté silencieux depuis la censure du gouvernement Barnier.”Si je peux aider à ce qu’on sorte de tout ça, je le ferai”, a ajouté sur France Bleu Béarn le maire de Pau, pressenti – parmi d’autres – pour Matignon.La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a, de son côté, exhorté le chef de l’État à nommer un nouveau Premier ministre “dans les prochaines heures”, alors qu’Emmanuel Macron doit encore recevoir lundi matin à l’Élysée le groupe indépendant Liot, les communistes et les écologistes, mais pas les Insoumis qui ont décliné l’invitation.- Main tendue -À l’instar de plusieurs macronistes, dont le chef de file des députés Gabriel Attal, la titulaire du perchoir milite pour constituer un bloc central élargi allant des Républicains aux socialistes.”Si on additionne le socle commun, Liot et le PS, on arrive à 299″ députés, a-t-elle relevé devant le Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat. “Là vous avez une majorité, et donc il n’y a plus de censure possible”. Et d’appeler à “un programme d’action” commun entre ces groupes politiques, autour notamment de la question des soins, l’agriculture, la simplification, la décentralisation et “pourquoi pas” la proportionnelle.Cette main tendue à gauche n’est pas du goût du président du Rassemblement national Jordan Bardella. Ce sera “l’alliance de tout et son contraire. Tout ça pour empêcher des millions d’électeurs qui ont voté pour le RN de voir leurs idées exprimées”, a-t-il commenté sur France 3.Le parti lepéniste n’a pas été convié à l’Élysée, mais Jordan Bardella demande à être reçu par le prochain locataire de Matignon afin d'”exprimer clairement les lignes rouges” de son parti.”Vous ne pouvez pas faire comme si on n’était pas là”, a-t-il mis en garde. Marine Le Pen a déjà prévenu qu’elle pourrait voter à nouveau une motion de censure.- “Fait accompli” -À gauche, deux lignes s’affrontent depuis la chute de Michel Barnier. D’un côté, socialistes, écologistes et communistes appellent, à des degrés divers, à la discussion. De l’autre, La France insoumise brandit la menace de l’explosion du Nouveau Front populaire (NFP). Si les socialistes rejoignent le futur gouvernement, “le Nouveau Front populaire continuera sans eux. Nous refusons de gouverner avec ce bloc de droite à la dérive”, avertit Jean-Luc Mélenchon dans un entretien aux quotidiens italien La Repubblica et espagnol El Pais.Le tribun ne ménage pas ses attaques contre Olivier Faure. Il “ne décide pas tout seul”, assène-t-il, fustigeant la démarche du Premier secrétaire du PS, qui a rencontré vendredi le chef de l’État pour lui proposer des “concessions réciproques”.”Nous avons été mis devant le fait accompli”, déplore Jean-Luc Mélenchon, dénonçant la “méthode extrêmement brutale” et “personnelle” d’un homme qui “veut être Premier ministre pour la gauche” alors que son parti, le PS, “a fait 1,67% à l’élection présidentielle” de 2022.Même réserve du côté du président insoumis de la commission des Finances de l’Assemblée, Éric Coquerel.”Je pense qu’Emmanuel Macron balade tout le monde. Il ne nommera pas un Premier ministre de gauche”, prévient-il sur franceinfo. Le député dénonce une stratégie du chef de l’État visant uniquement à “diviser” le NFP et refuse, comme la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, de “trahir les électeurs”. “Il n’y a aucun compromis possible”, martèle l’élue du Val-de-Marne.À droite, Les Républicains maintiennent aussi leurs lignes rouges: “ni LFI au gouvernement, ni le programme du Nouveau Front Populaire”, a répété dans Le Figaro le chef de file des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez. Quant à un socialiste à Matignon, cette hypothèse “n’est pas crédible”, à ses yeux, car il souhaite “un programme de travail clairement à droite”.

“Je serai toujours libre”: Gabriel Attal s’empare de Renaissance

“Nous ne serons jamais un parti comme les autres”. Gabriel Attal a été officiellement élu dimanche secrétaire général de Renaissance, après avoir dissuadé la concurrence au sein du parti d’Emmanuel Macron, qui doit se réinventer en pleine crise politique.L’ancien Premier ministre a remporté 94,9% des voix du Conseil national, sorte de Parlement du parti, qui s’est réuni dimanche dans un hôtel du quartier Montparnasse à Paris.M. Attal était seul en lice pour succéder à Stéphane Séjourné, après le retrait de la candidature d’Élisabeth Borne.Les deux anciens Premiers ministres ont finalement fait liste commune et se sont accordés sur la répartition des tendances au sein du bureau exécutif, le gouvernement du parti, qui sera installé “dans quelques semaines”.”Nous ne serons jamais un parti comme les autres”, “une association de rentiers de la politiques avides de pouvoir et dénoué de valeurs”, a lancé Gabriel Attal en clôture du Conseil national.Ayant pris ses distances avec le président Emmanuel Macron après une dissolution de l’Assemblée nationale à laquelle il n’a pas été associé et qui a mis un terme brutal à son bref bail à Matignon, M. Attal parachève ainsi sa prise de contrôle de l’appareil militant macroniste, après s’être déjà fait élire à la présidence du groupe des députés en juillet, malgré la volonté de l’Élysée.La tâche est redoutable tant le parti semble affaibli après sept ans d’exercice du pouvoir, et alors qu’au sein du bloc central, Édouard Philippe, qui a fondé son parti Horizons, a d’ores et déjà annoncé sa candidature à l’Élysée.D’Emmanuel Macron, il a été relativement peu question pendant cette réunion des quelque 300 à 400 cadres du parti qu’il a fondé en 2016.Pas plus que de la crise politique, alors que le chef de l’Etat doit nommer un Premier ministre dans les prochains jours après la chute du gouvernement Barnier. Sollicité par la presse sur ce sujet, M. Attal n’a pas souhaité répondre.La fin de l’ère Macron à Renaissance ? “Si je suis là, c’est grâce à lui”. “Je sais ce que je lui dois, je sais ce que je vous dois”, a dit M. Attal sous les ovations.-“États généraux”-Mais “je serai toujours libre, nous serons toujours libres”, a lancé l’élu des Hauts-de-Seine, bien décidé à relancer ce parti au moyen d’un vaste programme de travail pour le début d’année 2025. Il entend ainsi initier “la plus vaste mobilisation depuis la grande marche” de 2016 et “lancer des états généraux”. Charge aux comités locaux et à leurs adhérents de faire remonter la parole militante, y compris en allant solliciter les ex-marcheurs.”Nous nous retrouverons ensemble d’ici mars pour un grand rassemblement” qui servira à “restituer le verdict de nos militants, fixer des orientations nouvelles, affirmer des lignes fortes et des valeurs claires”.M. Attal entend également lancer des “conventions thématiques” autour de “trois grands sujets”: travail, “fermeté républicaine” et transition écologique.La “parole de nos adhérents doit être au centre de tout”, a-t-il martelé. Ce qui doit convenir à Élisabeth Borne, élue dimanche matin présidente du Conseil national, une instance à laquelle elle entend bien faire jouer “pleinement le rôle de parlement de Renaissance”.Mme Borne a également annoncé un programme de travail pour cette instance, avec la création de commissions calquées sur les commissions parlementaires.Le Conseil national a, par ailleurs, adopté deux motions thématiques, une sur les violences sexistes et sexuelles présentée par l’ex-ministre Aurore Bergé, l’autre portée par le président des Jeunes avec Macron, Ambroise Méjean, réaffirmant l’attachement du parti à la “moralisation de la vie politique”.M. Méjean a notamment dit regretter que des dirigeants “y compris au sein de (sa) famille politique” aient critiqué les réquisitions, particulièrement le risque d’une inéligibilité immédiatement exécutoire, contre Marine Le Pen (RN) dans le procès des assistants parlementaires au Parlement européen. Visant sans le nommer Gérald Darmanin, absent de ce Conseil national auquel ont en revanche assisté Bruno Le Maire ou encore Richard Ferrand.

Censure: “Pas le chaos” mais attention à “une perte de crédibilité progressive” de la France, estime Moscovici

La censure du gouvernement Barnier “n’est pas le chaos” mais il faut éviter “une perte de crédibilité progressive” de la France en raison notamment d’une “dette trop importante”, a estimé dimanche le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, sur LCI.La censure “n’est ni une catastrophe ni quelque chose d’anodin. (…) Les marchés n’ont pas frémi, le +spread+ (écart de taux, NLDR) a plutôt un tout petit peu diminué avec l’Allemagne. Notre crédit est surveillé, il est sans doute atteint, on se dit que la France est entrée dans une phase d’incertitude politique, on attend des réponses mais sans pour autant frémir, sans se dire que le pays est tombé”, a résumé M. Moscovici.”Ce n’est pas le chaos et ce ne sera pas le chaos, ce que je crains beaucoup plus, c’est une forme d’enfoncement”, a-t-il mis en avant.”Nous ne sommes pas menacés par une situation à la grecque, en revanche nous devons être extrêmement vigilants par ce qui nous menace”, a souligné Pierre Moscovici en mettant en avant “une dette trop importante qui nous empêche d’agir” et “une perte de crédibilité progressive, comme si on s’enfonçait doucement, comme si on sortait des radars”.Le gouvernement de Michel Barnier s’était fixé l’objectif de réduire le déficit public à 5% du PIB l’an prochain. Le déficit est attendu à 6,1% du PIB en 2024, contre 4,4% prévus initialement.Le premier président de la Cour des Comptes estime que “l’objectif du prochain gouvernement doit être de réduire nettement le déficit et d’aller vers les 5%”, notamment pour avoir “de la capacité à agir dans le futur”. “Nous n’allons pas avoir un budget tout de suite, pour faire en sorte d’éviter le +shutdown+, on va voter une loi spéciale qui sera extrêmement étroite et réduite, et qui permettra la continuité des services publics actuels. Ensuite, il faudra voter un budget, qui ira vers les 5%” de déficit public, a estimé M. Moscovici. “Personne ne pourrait dire quel serait le déficit si on se contentait de la loi spéciale, mais probable que ce serait autour de 6%, un tout petit peu moins que 6%”, a-t-il poursuivi.”Je n’ai pas la sensation qu’on soit dans une phase de récession” même s'”il est certain qu’aujourd’hui la pente est un peu plus sévère”, a-t-il également indiqué, interrogé sur les propos du président du Medef, Patrick Martin, qui “pense” que la France est “déjà rentrée en légère récession”.

Braun-Pivet demande la nomination d’un gouvernement “dans les prochaines heures”

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a exhorté dimanche Emmanuel Macron à nommer un nouveau Premier ministre “dans les prochaines heures”, appelant le bloc central à s’ouvrir aux socialistes.”Il faut rapidement nommer un nouveau Premier ministre (…) dans les prochaines heures”, a fait valoir la titulaire du perchoir alors que le président de la République Emmanuel Macron doit poursuivre lundi ses consultations à l’Elysée en rencontrant les communistes et les écologistes, mais pas La France insoumise qui a décliné l’invitation.Yaël Braun-Pivet a appelé à s’élargir vers les socialistes.”Si on additionne le socle commun (…), si on y ajoute le groupe (indépendant) Liot et le Parti socialiste, on arrive à 299 (députés). Là vous avez une majorité, et donc il n’y a plus de censure possible”, a-t-elle relevé au Grand Jury RTL-M6-Le Figaro-Public Sénat.”Est-ce qu’on est aujourd’hui capable avec (ces) groupes politiques de s’entendre sur un programme d’action, je crois que oui”, a-t-elle ajouté, en citant la question des soins, l’agriculture, la simplification, la décentralisation et “pourquoi pas” la proportionnelle.Sur la question des finances publiques, Yaël Braun-Pivet estime qu’il peut encore “y avoir un budget au 31 décembre”. Malgré l’urgence budgétaire, elle ne se montre pas favorable à la loi spéciale évoquée par Emmanuel Macron, qui permet à l’État de maintenir les recettes fiscales et d’assurer son fonctionnement.”Si on adopte une loi spéciale, un nouveau budget devra être présenté par le gouvernement. Moi, je n’étais pas sur cette position”, a déclaré la présidente de l’Assemblée.Elle souhaite que les députés “reprennent les débats budgétaires là ou ils se sont arrêtés” afin de tenter de trouver rapidement un compromis.

Attal officiellement élu secrétaire général de Renaissance

Gabriel Attal a été officiellement élu secrétaire général de Renaissance, par le conseil national du parti fondé par Emmanuel Macron, réuni dimanche à Paris.Élu avec 94,9% des voix, l’ancien Premier ministre était le seul en lice, après le retrait de la candidature d’Elisabeth Borne.Il succède à Stéphane Séjourné, qui avait été élu en 2022 lors de la transformation de La République en marche en Renaissance, et a été récemment nommé commissaire européen.M. Attal cumulera cette fonction avec celle de président du groupe macroniste à l’Assemblée, Ensemble pour la République (EPR), à laquelle il a été élu en juillet.Mme Borne a de son côté été élue présidente du conseil national du parti, fonction pour laquelle elle était également seule candidate. Mme Borne a expliqué vouloir oeuvrer à ce que cette instance joue “pleinement le rôle de parlement de Renaissance”.Elle a annoncé une “méthode de travail”, avec l’instauration de commissions “à l’image de celles du Parlement”, chargée auprès des adhérents de définir les “thématiques prioritaires” des travaux du conseil national.Alors qu’En Marche a dominé l’Assemblée nationale de 2017 à 2022, et compté jusqu’à 400.000 adhérents via des inscriptions gratuites, le parti du président de la République Emmanuel Macron est depuis 2022 en difficulté, une situation aggravée par la dissolution. Le groupe EPR compte 93 membres et apparentés à l’Assemblée.

Pas de grand-messe à Renaissance pour la célébration de Gabriel Attal

Dans une indifférence quasi générale, entre crise politique et réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, passe dimanche entre les mains de Gabriel Attal, avec pour objectif premier de “ne pas disparaître” avant l’effacement programmé du président en 2027.Incroyable contexte. Le gouvernement de Michel Barnier a été censuré. Plus d’un Français sur deux, selon des sondages, souhaite le départ du président de la République Emmanuel Macron, de nouveau en quête d’un locataire pour Matignon.De Donald Trump à Volodymyr Zelensky, de nombreux chefs d’État convergent vers Paris pour le retour au culte et au monde du trésor gothique de l’île de la Cité.En un pareil moment, quelle place pour Renaissance ?Cette discrétion obligée sied bien, en réalité, au parti présidentiel. Particulièrement à Gabriel Attal et ses équipes. Décidés à faire de ce conseil national, dimanche dans un hôtel du quartier Montparnasse, un non-évènement “interne”.Il s’agit pourtant de la prise de contrôle du parti du président par son ex-Premier ministre, pas vraiment ravi d’avoir été emporté par la dissolution quelques mois à peine après son arrivée à Matignon.Il déroule depuis sa partition, d’abord en s’emparant, malgré la volonté de l’Élysée, de la présidence du groupe à l’Assemblée. Et à présent du parti, avec 2027 en ligne de mire…Contexte aidant, personne, chez Renaissance, n’a le cÅ“ur à la grand-messe, au moment où Emmanuel Macron revient au centre de la crise politique -“pas loin de la crise de régime”, souligne Édouard Philippe-, la solution Barnier élaborée à l’Élysée s’étant fracassée à l’Assemblée nationale.Et tous sont liés, au demeurant, par leur remarquable discrétion sur le réel nombre d’adhérents (8.500 ? 10.000 ? 15.000 ?), tellement loin des 400.000 inscriptions gratuites revendiquées il y a six ans.Emmanuel Macron qui, Constitution oblige, ne peut se représenter, voit donc en partie son parti lui échapper. Huit ans après sa création, sept ans après sa fulgurante ascension vers l’Élysée. Depuis ? “Une maison vide”, “un parti né en cliquant” qui n’a “pas de contenu politique” et “ne s’est jamais structuré”, juge sévèrement un ancien ministre.”Il a toujours été ambigu avec le parti en disant +je m’en mêle pas+ et, en même temps, en étant très attentif à ce qui s’y passe”, relève un collaborateur. Résultat, “une machine électorale, très organisationnelle”. Mais “sans velléité, notamment du président, d’en faire un lieu de réflexion et de doctrine”, appuie une autre, présente depuis le début de l’aventure.- Quelle “carte d’identité” ? -Affaibli par la dissolution, Renaissance est au moins parvenu à s’éviter une lutte interne. Du plus mauvais effet en pleine crise ministérielle.Sans oublier les comptes demandés aux Premiers ministres successifs sur la dégradation des finances publiques. “Je voyais arriver les balles entre Élisabeth (Borne) et Gabriel devant les commission d’enquête (parlementaires), avec Bruno (Le Maire) en otage”, illustre, soulagée, une députée.Patient, l’ultra-favori Gabriel Attal a obtenu le renoncement d’Élisabeth Borne à briguer la tête du parti. Moyennant une liste commune et un accord sur la répartition des tendances dans les instances du parti.Mme Borne accèdera dimanche à la présidence du conseil national, avec l’objectif de le transformer en “un véritable Parlement du parti”, selon un soutien.Gabriel Attal, qui sera officiellement élu secrétaire général dimanche matin pour succéder à Stéphane Séjourné devenu commissaire européen, prononcera un discours à la mi-journée. Il esquissera quelques priorités et un calendrier de travail pour l’année 2025. “C’est le bon moment pour montrer le chemin doctrinal qu’il veut prendre”, espère un historique d’En Marche, tendance social-démocrate.M. Attal entend cependant se laisser un peu de temps, notamment pour l’installation du bureau exécutif, le gouvernement du parti. Mais “on ne peut pas être le seul parti qui ne se réunit pas, qui ne s’exprime pas. Et on a vraiment besoin de réfléchir à la carte d’identité de Renaissance, pour ne pas disparaître. C’est ça l’enjeu”, s’inquiète un cadre.Dans le bloc central, la concurrence s’organise. Édouard Philippe est déjà candidat déclaré à l’Elysée et son parti, Horizons, prépare des meetings régionaux, le premier le 26 janvier à Bordeaux. Membre de Renaissance, Gérald Darmanin a, lui, récemment lancé son cercle de réflexion, Populaires, et son association de financement a reçu l’agrément des autorités, publié samedi au Journal officiel.

Valse de consultations à l’Elysée, le PS s’ouvre mais veut “un Premier ministre de gauche”

Emmanuel Macron a reçu vendredi à l’Elysée les leaders du Parti socialiste, du bloc central et des Républicains, tentant d’esquisser les contours d’une hypothétique coalition élargie autour du futur Premier ministre, que le PS souhaite issu de la gauche.Les lignes bougent au lendemain de la démission de Michel Barnier. En particulier à gauche, où le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’est dit prêt à discuter du “gouvernement d’intérêt général” souhaité par le chef de l’Etat, mais sur la base “de concessions réciproques”.Une ouverture avant un rendez-vous au sommet au palais présidentiel, où M. Macron a d’abord rencontré en début de journée les dirigeants de son propre camp (Renaissance, MoDem, Horizons, Radicaux, UDI), avant d’accueillir à midi M. Faure et les chefs des groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner.”Le président n’a posé aucun préalable sur aucun sujet”, a affirmé le numéro un du PS, qui a réclamé au président “un Premier ministre de gauche” et fait savoir que ses troupes ne participeraient “en aucun cas à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite”.Les socialistes ont même obtenu un geste d’ouverture de M. Macron: ce dernier a promis de s’entretenir avec leurs alliés écologistes, communistes et Insoumis, “probablement lundi” selon l’entourage du président. Les invitations ont été envoyées, mais LFI a prévenu qu’elle ne se rendrait pas à l’Elysée: “Nous sommes prêts à gouverner sur le programme pour lequel nous avons été élus”, écrit le coordinateur national de LFI Manuel Bompard dans un communiqué, ajoutant qu'”aucune discussion autre que la nomination d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire ne saurait avoir lieu avec le chef de l’État”.- Un “arc” sous tension -Un choix qui confirme un profond désaccord entre Insoumis et socialistes, Jean-Luc-Mélenchon ayant notamment souligné vendredi que LFI n’avait “donné aucun mandat” au patron du PS “pour négocier un accord”.L’idée d’une grande coalition en braque également certains à droite. Comme le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour qui sa famille politique “ne pourra faire aucun compromis avec la gauche (…) qui a voté une motion de censure irresponsable”. Reçue dans la soirée à l’Elysée, une délégation des Républicains a tenu un discours plus mesuré: “Nous ne céderons pas à la facilité de la censure, sauf dans une seule hypothèse qui serait celle d’un gouvernement mettant en Å“uvre le programme du nouveau Front Populaire ou comportant des députés de la France Insoumise”, a expliqué le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez. Sans s’engager, néanmoins, sur une éventuelle participation au futur gouvernement, une décision qui dépendra du “contrat de gouvernement” proposé.En quête d’un “arc de gouvernement”, le chef de l’Etat a promis jeudi soir la nomination d’un nouveau Premier ministre “dans les prochains jours”.Cette annonce ne devrait toutefois pas intervenir avant lundi, selon plusieurs participants à la réunion matinale avec le bloc central.Entre-temps, Emmanuel Macron doit s’offrir une parenthèse avec la réouverture en grande pompe de Notre-Dame samedi, une journée chargée pour le chef de l’Etat qui recevra à l’Elysée le président élu américain Donald Trump puis son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.- L’option François Bayrou -Quel qu’il soit, le nouveau Premier ministre aura comme priorité le budget, dont les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure.En attendant de reprendre les débats sur ce budget l’année prochaine, une loi spéciale sera déposée “avant la mi-décembre au Parlement” afin que l’Etat puisse continuer à être financé.”On n’est pas très loin d’une crise de régime”, a alerté l’ex-Premier ministre Édouard Philippe, qui prône lui aussi “un accord qui va de LR jusqu’aux sociaux-démocrates”.Qui pour porter ce chantier? François Bayrou et Bernard Cazeneuve, dont les noms reviennent, ont occupé l’espace médiatique vendredi. Bernard Cazeneuve a notamment reconnu que François Bayrou “ferait un bon Premier ministre”.Les noms du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, ou du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.Le lauréat devra non seulement constituer une équipe que M. Macron souhaite “resserrée”, mais également composer avec un Rassemblement national qui vient de faire tomber Michel Barnier… Et s’est dit prêt à répéter la manoeuvre s’il n’était pas entendu.”Que personne ne pense que j’aurais dorénavant les mains liées. Je peux tout à fait voter à nouveau une motion de censure”, a martelé Marine Le Pen auprès du Figaro.pab-far-gbh-ama/hr/cbn

Militants de SOS Racisme agressés: prison ferme requise contre l’ex-dirigeant des “Zouaves Paris” d’ultradroite

Neuf mois de prison ferme sous bracelet électronique ont été requis vendredi à Bobigny contre Marc de Cacqueray, ancien leader présumé du groupuscule d’ultradroite dissous les “Zouaves Paris”, au procès d’un bref “déchaînement de violences” subis par des militants de SOS-Racisme lors d’un meeting d’Eric Zemmour en 2021.Le tribunal correctionnel rendra son jugement le 16 janvier.Déjà condamné à plusieurs reprises pour violence, l’homme de 26 ans comparaissait libre sous contrôle judiciaire, pour violences en réunion, aux côtés d’un jeune homme de 21 ans. Tous deux ont admis leur présence au meeting mais assuré n’avoir pas participé aux violences.La procureure a requis contre Marc de Cacqueray-Valmenier 18 mois d’emprisonnement, dont neuf mois de prison ferme aménageable sous bracelet électronique et neuf mois avec sursis probatoire pendant deux ans. Elle a notamment demandé une obligation de soins psychologiques pour réfléchir aux passages à l’acte violents. Même si cela n’a duré qu’une à deux minutes, “on a une intensité des coups portés très grande”, a déclaré Marie-Alix Thiébaut, évoquant un “déferlement de violence”.Les cheveux tondus sur la nuque et la barbe très courte, cintré dans une veste Barbour, M. de Cacqueray-Valmenier s’est présenté à la barre comme diplômé d’école de commerce mais actuellement titulaire d’un CDI dans “l’entretien de propriétés et la sécurité”. Il a admis avoir été employé “en Bretagne” mais avoir dû cesser son travail sur ce site du fait d’une “médiatisation” – des articles avaient affirmé qu’il était employé comme gardien de l’île privée de Vincent Bolloré.Quand le président Jean-Baptiste Acchiardi le présente comme “une figure reconnue dans la mouvance d’extrême droite”, le prévenu répond: “bien malgré moi mais je le reconnais”. Il conteste toutefois avoir jamais été le leader du groupuscule ultranationaliste les “Zouaves Paris”, “fréquenté que de manière anecdotique”, sans “rôle moteur”. Le gouvernement a dissous en janvier 2022 ce groupe informel accusé d’être à l’origine de nombreux “agissements violents”, de “propager un discours ouvertement raciste” et de diffuser “régulièrement des images reprenant les symboles de l’idéologie nazie”. – “Pluie de coups” -De jeunes plaignants ont décrit “la pluie de coups” soudains reçus le 5 décembre 2021, à Villepinte, lors du premier meeting de campagne du candidat à la présidentielle Éric Zemmour. Une douzaine de militants de SOS Racisme étaient montés sur des chaises pour exhiber chacun une lettre de la phrase “Non au racisme”, également scandée. Ils avaient alors été agressés à coups de poing, de pied ou de mobilier jeté sur eux par des dizaines de personnes.Une militante de SOS Racisme, qui s’est vue reconnaître six jours d’ITT suite aux violences, a expliqué, émue, qu’ils voulaient “porter le message +non au racisme+ là même où le racisme se vit”. “J’ai juste eu le temps de crier une fois +non au racisme+” que le militant – noir – à mes côtés s’est “direct fait attraper et lyncher”, a-t-elle affirmé. Plusieurs plaignants ont identifié M. de Cacqueray-Valmenier comme un des agresseurs dont le bas du visage était dissimulé par un cache-cou noir remonté, ce qui a été vivement contesté par son conseil, Me Clément Diakonoff, plaidant la relaxe. “Vu le contexte et le nombre de personnes, il n’y a aucune parole, aucun élément fiable qui permette objectivement dans votre dossier d’identifier mon client”, a renchéri son autre avocat, Me Cyrille Dutheil de la Rochère.Marc de Cacqueray-Valmenier conteste même avoir été avec des gens appartenant aux Zouaves Paris pendant ce meeting.”Il y avait 13.000 personnes et comme écrirait Albert Camus, j’étais parmi eux mais j’étais pourtant seul”, ironise-t-il. Il assure être victime de sa mauvaise réputation de néonazi et d’une masse de “fake news”, depuis la “surmédiatisation” de son profil en 2019. Il avait notamment été condamné, en janvier 2022 à Paris, à un an de prison ferme aménagée en détention à domicile sous bracelet électronique, pour violence en réunion sans incapacité, lors d’une expédition dans un bar de la mouvance antifasciste à Paris. La procureure a requis une “peine d’avertissement” de 10 mois de prison avec sursis simple, à l’encontre du second prévenu, un apprenti, âgé de 18 ans au moment des faits.Â