AFP Politics

Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen entend vendredi à Montevideo faire avancer l’accord de libre-échange UE-Mercosur aux côtés des présidents du Brésil, d’Argentine, d’Uruguay et du Paraguay, réunis pour le 65e sommet du bloc latino-américain où pourrait se sceller une nouvelle étape dans les discussions entamées en 1999.Sous l’influence du Brésil côté sud-américain, de l’Allemagne et de l’Espagne côté européen, les deux blocs souhaitent finaliser les discussions avant l’arrivée en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche et ses menaces d’augmentation des droits de douane tous azimuts.”Nous sommes parvenus à un texte d’accord commun”, ne manquent que des “détails minimes”, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères uruguayen, Omar Paganini, après une rencontre avec le nouveau commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic. Il dit espérer que la “bonne nouvelle” d’un accord pourra être annoncée vendredi à l’issue de la réunion des chefs d’Etat.Mme von der Leyen, qui avant son arrivée jeudi en Uruguay avait dit sur X que “la ligne d’arrivée de l’accord UE-Mercosur est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la”, doit donner une conférence de presse commune avec les présidents Luiz Inacio Lula da Silva, Javier Milei, Luis Lacalle Pou et Santiago Peña.Mais à Paris, une source diplomatique auprès de l’AFP a fait valoir qu'”à ce stade, c’est une finalisation des discussions au niveau des négociateurs”, “ce n’est ni la signature, ni la conclusion de l’accord”. “Ce n’est donc pas la fin de l’histoire”.Le projet de traité vise à supprimer la majorité des droits de douane entre l’Union européenne et le Mercosur afin de créer un vaste marché de plus de 700 millions de consommateurs. Il s’agirait du “plus grand partenariat commercial et d’investissement jamais vu. Les deux régions en tireront profit”, a affirmé Mme von der Leyen. – Minorité de blocage en vue -Si en vertu des traités européens, la Commission est seule négociatrice des accords commerciaux au nom des Vingt-Sept, tout texte signé avec les pays du Mercosur doit encore obtenir sa ratification en gagnant l’approbation d’au moins 15 Etats membres représentant 65% de la population de l’UE, puis en réunissant une majorité au Parlement européen.Une minorité de blocage peut également stopper toute ratification.Un combat que mène La France et Emmanuel Macron qui dans un appel téléphonique jeudi matin a “redit” à Mme von der Leyen que le projet d’accord commercial était “inacceptable en l’état”, a affirmé l’Elysée. “Nous continuerons de défendre sans relâche notre souveraineté agricole”, a ajouté la présidence française sur X. Après le Premier ministre polonais Donald Tusk affirmant fin novembre qu’il n’accepterait pas le projet “sous cette forme”, l’Italie a rejoint jeudi le front du refus : “Les conditions ne sont pas réunies pour souscrire au texte actuel”, affirment ces sources gouvernementales. Rome estime que “la signature peut avoir lieu seulement à condition que des protections adéquates et des compensations en cas de déséquilibres pour le secteur agricole” soient mises en place.Et ce trio déclaré n’est pas seul, puisque l’Autriche ou les Pays-Bas ont déjà exprimé des réticences.Pour empêcher l’adoption du texte, la France a besoin de rallier trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE, un seuil aisément franchi avec désormais l’appui de Rome et Varsovie.- Concurrence déloyale ? -En Europe, les partisans de l’accord soulignent le besoin de débouchés pour les exportateurs et la nécessité de ne pas laisser le champ libre à la Chine, rival avec qui les relations commerciales se sont considérablement tendues.L’accord permettrait à l’UE, déjà premier partenaire commercial du Mercosur, d’exporter plus facilement ses voitures, machines et produits pharmaceutiques. De l’autre côté, il permettrait aux pays sud-américains concernés d’écouler vers l’Europe de la viande, du sucre, du riz, du miel, du soja…Mais de nombreuses ONG et militants de gauche estiment que la création de cette vaste zone de libre-échange accélérerait la déforestation en Amazonie et aggraverait la crise climatique en augmentant les émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace dénonce un texte “désastreux” pour l’environnement, sacrifié pour privilégier “les profits des entreprises”. Les agriculteurs français craignant une concurrence déloyale des produits sud-américains, notamment brésiliens, multiplient les manifestations.

Martinique: le protocole vie chère “suspendu” en raison de la censure, annonce le ministre

Le ministre démissionnaire des Outre-mer François-Noël Buffet a indiqué jeudi que le protocole pour lutter contre la vie chère en Martinique était “suspendu” du fait de la censure du gouvernement Barnier, tout comme “le milliard d’euros annoncé pour la Nouvelle-Calédonie”.”Le protocole vie chère est suspendu. Nous ne serons jamais en capacité d’avoir effectivement -20 %, au 1er janvier 2025, sur les 6.000 produits qui étaient prévus, a expliqué M. Buffet dans un entretien au journal Ouest-France.La diminution voire la suppression de la TVA est également remise en cause, a ajouté le ministre, soulignant: “Puisque ce n’est pas voté, cela ne s’applique pas”.”Cette suspension va ajouter de l’angoisse et du stress sur des territoires qui n’en ont pas besoin et qui aspirent surtout au calme et à la sérénité”, a-t-il poursuivi.Ce protocole avait été signé le 16 octobre après six semaines d’une mobilisation lancée début septembre par un mouvement contre la vie chère qui a dégénéré en violences, essentiellement nocturnes. Selon des chiffres de la préfecture, plus de 230 véhicules ont été brûlés volontairement et des dizaines de locaux commerciaux ont été incendiés, vandalisés ou pillés.Le ministre démissionnaire a également fait part de ses inquiétudes concernant la Nouvelle-Calédonie, théâtre d’émeutes d’une ampleur inédite ayant ravagé le territoire à partir du 13 mai. Treize personnes sont mortes et le coût des dégâts matériels est estimé à au moins 2,2 milliards d’euros par les autorités locales. “Nous sommes sans rien, disons les choses telles qu’elles sont. Pour l’instant, tout s’arrête. Aujourd’hui, sans budget voté, il n’y a pas le milliard d’euros annoncé pour la Nouvelle-Calédonie. Et cela présage des difficultés pour un territoire qui a besoin d’une aide financière importante”, a relevé M. Buffet. “Le gouvernement, les provinces et les communes termineront l’année avec les aides que nous leur avons accordées mais débuteront 2025 avec une difficulté assez rapide, de l’ordre du trimestre potentiellement. Rien n’est réglé, alors que nous nous inscrivions dans une logique d’accompagnement”, a-t-il ajouté.Le ministre a toutefois mentionné “qu’hier (mercredi), quand même -parce que nous avons obtenu l’inversion du calendrier parlementaire-, nous avons pu faire voter la loi de gestion 2024 qui permet d’assurer les aides prévues pour la Nouvelle-Calédonie, mais seulement pour l’année 2024”.

Lucie Castets “choquée” par les propos de Macron sur un “front antirépublicain”

Au lendemain de la censure du gouvernement Barnier et après l’allocution du président de la République, Lucie Castets, candidate à Matignon pour le Nouveau Front populaire l’été dernier, s’est dite jeudi soir “extrêmement choquée” des déclarations d’Emmanuel Macron concernant “un front antirépublicain”.”J’ai eu l’impression d’un président de la République qui est à la fois chef de tout mais responsable de rien”, a-t-elle déclaré en marge d’un déplacement à Tours.”Je suis aussi extrêmement choquée par le fait que le président de la République déclare que les forces de gauche, qui ont voté pour la censure, ont créé un front antirépublicain, quand on se souvient comment ont été élus beaucoup de députés  macronistes, grâce au barrage républicain”, a-t-elle poursuivi.”Je suis extrêmement choquée de cette accusation de la part du président de la république. Je ne la trouve pas à la hauteur des enjeux”, a-t-elle insisté.Quelques heures plus tôt, Lucie Castets avait appelé à “reconnaître le résultat des élections”. “Je l’invite à repartir de ces constats pour désigner un gouvernement issu de la gauche, du Nouveau Front populaire”, a-t-elle dit.Désignée par l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire comme candidate pour Matignon au lendemain des élections législatives en juillet, Lucie Castets a assuré cette fois “ne pas en faire une question de personne”.”Je n’en fais pas de question de personne, mais je pense que c’est très important de pouvoir mettre en Å“uvre des mesures qui vont réellement changer la vie des gens et proposer un cap politique différent”, a-t-elle poursuivi.Depuis la censure du gouvernement Barnier mercredi, la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot a d’ores et déjà confirmé que son groupe censurerait tout Premier ministre qui ne serait pas issu du Nouveau Front populaire, y compris Bernard Cazeneuve.Mme Castets a toutefois estimé “ne pas avoir l’impression que le président de la République soit vraiment dans une logique de construction avec les forces de gauche de ce pays”.

Macron veut un “gouvernement d’intérêt général” et fustige un “front antirépublicain”

Emmanuel Macron a déclaré jeudi soir qu’il nommerait “dans les prochains jours” un Premier ministre chargé de former un “gouvernement d’intérêt général”, au lendemain de la censure historique de Michel Barnier qu’il a reprochée à un “front antirépublicain” entre “l’extrême droite et l’extrême gauche”.Dans une allocution télévisée de dix minutes depuis l’Elysée, le chef de l’Etat a pour la première fois esquissé un mea culpa sur la dissolution de l’Assemblée nationale décidée en juin, qui a plongé le pays dans la crise. Elle “n’a pas été comprise”, même si elle était “inéluctable”, a-t-il dit. “Beaucoup me l’ont reprochée” et “c’est ma responsabilité”, a-t-il reconnu.En revanche, il a refusé d’assumer “l’irresponsabilité” des “parlementaires qui ont choisi en conscience de faire tomber le budget et le gouvernement de la France à quelques jours des fêtes de Noël”. Aux appels à la démission qui émanent de La France insoumise et, de manière plus feutrée, du Rassemblement national, Emmanuel Macron a répondu qu’il exercerait son mandat “pleinement jusqu’à son terme” en 2027.- PS, macronistes et LR reçus vendredi -Le président a “pris acte” de la démission présentée jeudi matin par Michel Barnier, qu’il a chargé d’expédier les affaires courantes dans l’attente d’un successeur.Il a salué le “dévouement” de celui qui, renversé la veille par 331 députés, détient désormais le record peu enviable du Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.Malgré les “concessions”, son gouvernement a été censuré “parce que l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unis dans un front antirépublicain” pour choisir “le désordre”, a déploré Emmanuel Macron. Il a aussi taclé sans le nommer le Parti socialiste, qui “hier encore gouvernait la France”.Face à cette nouvelle impasse, alors que la nomination du successeur à Matignon avait été envisagée pour ce jeudi, Emmanuel Macron a une fois de plus temporisé.”Je nommerai dans les prochains jours un Premier ministre. Je le chargerai de former un gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puissent y participer ou, à tout le moins, qui s’engagent à ne pas le censurer”, a-t-il promis, sans plus de précisions.Pour ce faire, il recevra vendredi successivement les chefs parlementaires de son propre camp, du PS puis de LR. Ce qui dessine les contours de cet “arc” qu’il appelle de ses voeux, puisque La France insoumise, les Ecologistes et le Rassemblement national n’ont pas été invités à ce stade.Une façon aussi d’enfoncer un coin au sein de l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire.”J’espère que toutes les forces politiques qui ont participé au front républicain” lors des législatives de juillet dernier “seront de la même manière conviées par le président de la République”, a plaidé jeudi soir sur France 2 le patron des députés PS Boris Vallaud.”Les socialistes font ce qu’ils veulent”, a balayé de son côté le coordinateur Insoumis Manuel Bompard sur BFMTV, tout en jugeant qu'”aller discuter ou négocier une forme de coalition avec les macronistes (…) c’est une rupture avec les engagagements pris devant les électeurs”.Le futur exécutif aura pour “priorité” le “budget”, qui n’a pu être adopté sous l’équipe sortante. En commençant par une “loi spéciale” déposée au Parlement “avant la mi-décembre” pour assurer “la continuité” du financement de l’Etat sur la base du budget de l’année en cours.Le chef de l’Etat, revenu au cÅ“ur de l’attention après une longue période de réserve, n’a donc pas clarifié le portrait-robot du futur Premier ministre.La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, reçue à l’Elysée jeudi, l’avait pourtant exhorté à nommer “rapidement” un chef de gouvernement pour “ne pas laisser s’installer le flottement”.Emmanuel Macron a surtout déjeuné avec son allié François Bayrou, dont le nom circule avec insistance pour Matignon, avec celui de l’indéboulonnable ministre macroniste des Armées Sébastien Lecornu.François Bayrou s’est aussi entretenu avec un autre prétendant, l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.D’autres noms sont cités, du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand au maire de Troyes François Baroin, tous deux LR.- Marchés calmes -“Flou”, “impasse”, “cercle vicieux”: du nord au sud du pays, l’inquiétude et la lassitude étaient manifestes chez les Français interrogés par l’AFP. Elles se sont également traduites par une mobilisation notable des agents de la Fonction publique d’Etat, dont 130.000 ont manifesté en France.Les marchés restaient en revanche calmes: la Bourse de Paris a fini dans le vert jeudi, résistant à la crise politique, malgré un avertissement de l’agence Moody’s pour qui la chute du gouvernement “réduit la probabilité d’une consolidation” des finances publiques.Emmanuel Macron est “la cause du problème” et “s’en ira par la force des événements”, a réagi le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon sur TF1 après l’allocution.La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a elle salué sur X une “bonne nouvelle”: “Le président de République n’a pas nommé à la va-vite un Premier ministre encore plus à droite”. “Sur tout le reste, c’est simple: rien n’allait. Ça va mal se terminer…”, a-t-elle nuancé.Selon deux sondages Odoxa et Elabe publiés jeudi, les Français étaient partagés sur la motion de censure, mais six sur dix réclament la démission d’Emmanuel Macron.Au RN, si Marine Le Pen n’a pas formellement réclamé une démission du président, elle estime que “la pression” à son endroit “sera évidemment de plus en plus forte” si “on ne prend pas la voie du respect des électeurs”.bur-pab-sde-sac-are-fff/jmt/gvy

Mélenchon, la campagne permanente et la démission de Macron

Il ne pouvait pas manquer ce petit bout d’Histoire politique. Jean-Luc Mélenchon était mercredi à l’Assemblée nationale pour voir de ses propres yeux la chute du gouvernement Barnier. Une étape, espère-t-il, qui mènera à la démission d’Emmanuel Macron.  Le départ du président, les Insoumis ne cessent de l’appeler de leurs voeux, en espérant que cette prophétie devienne autoréalisatrice.”Ce n’est pas Michel Barnier qui a été censuré (…) c’est M. Macron qui a été censuré”, a déclaré le tribun insoumis jeudi soir au journal télévisé de TF1, en réclamant de nouveau la démission de M. Macron. “C’est lui qui fiche la pagaille c’est lui bloque tout et ne veut entendre personne”, a-t-il estimé, en assurant que le chef de l’Etat finirait par s’en aller “par la force des événements”. Le principal intéressé a cependant évacué l’idée, plusieurs fois. Il accomplira son mandat “pleinement, jusqu’à son terme”, a-t-il martelé jeudi lors de son allocution. Si la procédure de destitution du chef de l’Etat, vouée à l’échec, a échoué en octobre à l’Assemblée avant même d’arriver au vote dans l’hémicycle, elle a fait émerger cette question dans les débats.Et depuis, la démission du président a été évoquée par le maire LR de Cannes David Lisnard, celui de Meaux Jean-François Copé (LR) ou encore la figure du groupe Liot à l’Assemblée, Charles de Courson. Mais par aucun allié de LFI à gauche. Les Insoumis “respectent la théorie lambertiste”, un courant du trotskisme auquel Jean-Luc Mélenchon a appartenu dans sa jeunesse, croit savoir un cadre socialiste. “Si un événement ne se produit pas, il faut mettre la pression pour qu’il finisse par se produire”. Pour justifier ce changement par le haut, LFI s’appuie notamment sur un sondage Elabe publié la semaine dernière: 63% des Français souhaitaient la démission du président en cas de censure du gouvernement Barnier. – Pas de temps à perdre -Et les Insoumis ne s’en cachent pas: ils se préparent à partir seuls en cas de présidentielle anticipée. Derrière un candidat qui serait, naturellement, Jean-Luc Mélenchon.  “On n’a pas envie que sur les 30 jours qu’on aurait pour préparer une présidentielle on en perde sept à débattre d’une candidature d’Olivier Faure”, dans le cadre unitaire du NFP, ironise un cadre insoumis.Ce serait pour eux la consécration du “eux contre nous”, l’affrontement avec l’extrême droite attendu depuis longtemps. Et tant pis si la cote de popularité de M. Mélenchon est basse et si les sondages le donnent perdant au second tour d’une élection présidentielle face à Marine Le Pen.”Mélenchon, c’est la campagne permanente”, sourit le député Paul Vannier, cadre du mouvement de gauche radicale. Une idée théorisée de longue date par le patriarche de la gauche radicale, qui veut que les élections se préparent bien en amont des périodes officielles.Avant la censure de M. Barnier, les Insoumis ont déjà envoyé un courrier à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour l’interpeller sur les modalités d’une éventuelle élection anticipée.Et dans cette optique, ils ne négligent aucun aspect. – “Que deux partis sont prêts” -Traditionnellement, LFI, qui compte très peu d’élus locaux, met toujours un peu de temps à réunir les 500 signatures nécessaires pour se présenter à une présidentielle.”C’est un point de vigilance pour nous”, reconnaît auprès de l’AFP le coordinateur du parti Manuel Bompard. “On a commencé le travail, en identifiant les maires qui ont signé la dernière fois”, ajoute-t-il. Une élection anticipée aurait pour eux l’avantage de couper l’herbe sous le pied des autres formations de gauche qui pour l’instant manquent d’incarnation ou d’orientation politique en vue d’une présidentielle.”Il n’y a que deux partis qui sont prêts: le RN et LFI”, estime ainsi une députée LR.Une élection anticipée permettrait également à M. Mélenchon, 73 ans, de ne pas attendre l’échéance de 2027. “Je pense qu’il se pose sincèrement la question pour 2027”, estime un éléphant socialiste qui a bien connu l’ancien sénateur PS. “L’envie ça compte beaucoup. Il l’a encore mais ce n’est pas sûr qu’il l’ait toujours” dans trois ans, estime-t-il.

Macron promet un Premier ministre “dans les prochains jours” et attaque le “front anti-républicain” de la censure

Emmanuel Macron a promis jeudi de nommer “dans les prochains jours” un Premier ministre chargé de former un gouvernement “resserré” et “d’intérêt général”, après une censure née selon lui de “l’irresponsabilité” d’un “front anti-républicain”. Ce futur chef du gouvernement, “je le chargerai de former un gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer”, a expliqué le président de la République dans une allocution aux Français prononcée au lendemain du renversement du gouvernement de Michel Barnier.Un Premier ministre sortant remercié pour sa “pugnacité” et son “dévouement”, mais victime selon le chef de l’Etat d’un “front anti-républicain”, au sein duquel “l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies”.Le futur gouvernement aura une “priorité”: le budget. Et si un nouveau budget devra être présenté en “tout début d’année prochaine”, le président a affirmé qu’une “loi spéciale sera déposée avant la mi-décembre au Parlement”, un texte qui permettra “la continuité des services publics et de la vie du pays”. Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024, a-t-il ajouté. Plusieurs groupes d’opposition ont déjà promis de voter ce texte.En réaction à la censure, le président de la République a assuré qu’il “n’assumera jamais l’irresponsabilité des autres, et notamment des parlementaires qui ont choisi en conscience de faire tomber le budget et le gouvernement de la France à quelques jours des fêtes de Noël”.Ces derniers ont choisi “le désordre”, a regretté le président de la République, fustigeant le “sens du chaos” de ceux qui “ne pensent qu’à une seule chose, l’élection présidentielle, pour la préparer, pour la provoquer, pour la précipiter”.Le président a ainsi répété son intention d’accomplir son mandat “jusqu’à son terme” en 2027, alors qu’un nombre grandissant de responsables politiques évoquent sa démission.Sans rentrer dans le détail du programme du prochain gouvernement, Emmanuel Macron a néanmoins demandé un “cap clair” pour “30 mois d’actions utiles pour le pays”, esquissant une feuille de route en estimant par exemple que “l’avenir” ne passerait pas par “plus d’impôts, plus de normes ou avec quelque laxisme face au narcotrafic”.Il a également reconnu que sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin n’avait “pas été comprise”, assumant “sa responsabilité”. Cette décision, “beaucoup me l’ont reprochée et je sais, beaucoup continuent de me la reprocher. C’est un fait et c’est ma responsabilité”, a-t-il affirmé.

Intérieur: Retailleau prêt à “terminer” son travail mais pas avec la gauche

Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau est “prêt à continuer et terminer [s]on travail à Beauvau” mais exclut de collaborer avec “un Premier ministre de gauche”, indique-t-il dans un entretien publié jeudi par Le Figaro.”Je suis prêt à continuer et terminer mon travail à Beauvau, si je dois y rester. Mais il est évident qu’il y a des conditions dans lesquelles je refuserai ma participation au gouvernement”, a assuré le ministre de l’Intérieur démissionnaire.”Je ne travaillerai pas avec la gauche qui s’est compromise en votant comme un seul homme la motion de censure scandaleusement rédigée par LFI. Le mélenchonisme, c’est la gauche la plus archaïque d’Europe”, a-t-il poursuivi.Au lendemain d’une censure historique, Bruno Retailleau a plaidé pour un Premier ministre de droite “parce que la France est à droite”.”Nous sommes entrés au gouvernement pour faire barrage à cette gauche ! Les Républicains devraient donc censurer n’importe quel Premier ministre qui voudrait appliquer tout ou partie du programme délirant du NFP”, a-t-il également ajouté, expliquant que “le président doit en tout cas agir vite car le risque d’une crise financière est majeur”.

Macron s’adresse aux Français, sans nom pour Matignon

Au lendemain d’une censure historique, Emmanuel Macron, revenu au cÅ“ur de l’attention, s’adresse à 20H00 aux Français mais il n’annoncera pas à cette occasion le nom du prochain Premier ministre amené à remplacer Michel Barnier à Matignon.”Le nom du Premier ministre ne sera pas annoncé jeudi soir”, a indiqué un proche du président de la RépubliqueLe chef de l’Etat a reçu Michel Barnier, démissionnaire, dans la matinée, puis consulté les présidents des deux chambres du Parlement et son allié François Bayrou.Renversé la veille par 331 députés, désormais détenteur du peu enviable record de brièveté à Matignon sous la Ve République, Michel Barnier a remis au président une lettre de démission sans fioritures où il lui exprime son “profond respect”, à l’image de son style empreint de sobriété.Emmanuel Macron en a “pris acte”, a indiqué l’Elysée dans un communiqué. Le chef du gouvernement assure avec son équipe “le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination” d’une nouvelle équipe.La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a pourtant exhorté Emmanuel Macron à nommer “rapidement” un successeur à M. Barnier afin de “ne pas laisser s’installer le flottement”.Elle a été reçue par le chef de l’Etat en fin de matinée, avant son homologue du Sénat, Gérard Larcher dans l’après-midi.”Il n’a pas le choix” d’agir vite, pensait aussi un de ses proches. Mais un autre en fin d’après-midi prédisait qu’il ne donnerait pas de nom dans son allocution, mais plutôt “une méthode, un chemin”.D’ici là, qui pour Matignon? Le nom du président du MoDem François Bayrou, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, est beaucoup cité. Il a déjeuné jeudi avec le président à l’Elysée et s’est aussi entretenu avec un autre prétendant, l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.Ceux du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, ou du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.- Marchés calmes -“Flou”, “impasse”, “cercle vicieux”: du nord au sud du pays, l’inquiétude et la lassitude étaient manifestes chez les Français interrogés par l’AFP. Elles se sont également traduites par une mobilisation notable des agents de la Fonction publique d’Etat, dont 130.000 ont manifesté en France.Les marchés restaient en revanche calmes: la Bourse de Paris a fini dans le vert jeudi, résistant à la crise politique, malgré un avertissement de l’agence Moody’s pour qui la chute du gouvernement “réduit la probabilité d’une consolidation” des finances publiques.Il faut nommer un Premier ministre “au plus vite” a aussi affirmé Xavier Bertrand (Les Républicains), le patron des socialistes, Olivier Faure, demandant au président de consulter dès aujourd’hui “l’ensemble des chefs de parti”. A l’inverse la patronne des Ecologistes Marine Tondelier temporisait. “Toute solution à l’emporte-pièce annoncée dans l’urgence ce soir serait un échec”, a-t-elle dit sur TF1.Avec la chute du gouvernement, la crise politique ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a franchi un cap inédit: pour la première fois depuis 1962, un Premier ministre a été renversé après avoir engagé sa responsabilité.Selon deux sondages Odoxa et Elabe publiés jeudi, les Français étaient partagés sur la motion de censure, mais six sur dix réclamaient la démission d’Emmanuel Macron.- Quadrature du cercle -“Il faut qu’Emmanuel Macron s’en aille”, a réclamé le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, dans une manifestation d’enseignants à Paris, prédisant que “la mobilisation se poursuivra dans la rue. La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a elle confirmé que son groupe censurerait tout Premier ministre qui ne serait pas issu du Nouveau Front populaire, y compris Bernard Cazeneuve, qui a quitté la PS.Au RN, si Marine Le Pen n’a pas formellement réclamé une démission du président, elle estime que “la pression” à son endroit “sera évidemment de plus en plus forte” si “on ne prend pas la voie du respect des électeurs”.Elle avait assuré mercredi que les députés lepénistes “laisseront travailler” le futur Premier ministre, afin de “co-construire” un budget “acceptable pour tous”. Mais les lignes rouges du RN “ne bougeront pas”, a prévenu le député Jean-Philippe Tanguy.Le chef de l’Etat doit désormais résoudre la quadrature du cercle, entre reconduite du “socle commun” macronistes-LR ou élargissement de ses contours afin de dégager une coalition plus solide pour résister à une future tentative de censure.Les députés LR ont décidé jeudi en réunion de groupe de ne pas “censurer automatiquement” un gouvernement élargi aux socialistes, contrairement à un exécutif comprenant des Insoumis, sans pour autant s’engager à y participer.Le chef des députés macronistes, Gabriel Attal, qui a réuni les ténors de Renaissance, propose pour sa part un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN.Mais l’équation est d’autant plus complexe qu’une nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives ne peuvent intervenir avant juillet.bur-pab-sde-sac-fff-are/jmt/swi

Les Français partagés sur la censure, six sur dix réclament la démission de Macron, selon deux sondages

Les Français sont partagés sur la motion de censure du gouvernement votée par l’Assemblée, mais six sur dix d’entre eux réclament la démission d’Emmanuel Macron, selon deux sondages, l’un Odoxa Backbone pour Le Figaro, l’autre Elabe pour BFMTV, parus jeudi.La censure adoptée mercredi soir est “plutôt une bonne chose” pour 52% des personnes interrogées et “plutôt une mauvaise chose” pour 48%, deux scores dont les marges d’erreur se recoupent, pour Odoxa. Elabe donne une légère avance aux satisfaits, à 54%.Emmanuel Macron est par ailleurs jugé comme responsable de la situation par 41% à 46% des Français, loin devant “l’ensemble des forces politiques qui ne sont pas parvenues à s’entendre” (29% pour Odoxa) ou Michel Barnier, cité par seulement 4% des sondés chez Odoxa et 10% chez Elabe.Le départ du chef de l’Etat est désormais souhaité par 59% à 61% des Français. Si Odoxa compte 5 points de plus qu’en septembre, Elabe note une baisse de deux points par rapport à une enquête réalisée les 26 et 27 novembre. Dans le détail, selon le sondage réalisé par Odoxa, 85% des sympathisants lepénistes et 83% de ceux de La France insoumise réclament sa démission.Selon l’étude réalisée pour BFMTV, 62% de sondés estiment en outre qu'”en tant qu’opposition il est normal que la gauche et le Rassemblement national censurent le gouvernement, cela ne veut pas dire qu’ils font alliance”, 53% considérant que “Michel Barnier aurait dû accorder une concession supplémentaire à Marine Le Pen”.Si le RN sort de cette séquence comme le camp politique “le plus renforcé” pour 34% des personnes interrogées, devant le NFP (13%), une majorité de répondants (45%) estime que c’est “aucun d’entre eux”.Enquêtes Odoxa et Elabe réalisées respectivement auprès d’échantillons de 1.002 et 1.003 Français représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogés par internet les 4 et 5 décembre, selon la méthode des quotas. Marge d’erreur entre 1,4 et 3,1 points.