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Expulsions de fonctionnaires français d’Algérie: la France va “renvoyer” des diplomates algériens

La France a convoqué le chargé d’affaires algérien à Paris pour dénoncer la décision “injustifiée et injustifiable” d’Alger d’expulser des fonctionnaires français et lui indiquer que Paris allait riposter en renvoyant des diplomates algériens, a annoncé mercredi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.”Notre réponse est immédiate, elle est ferme et elle est strictement proportionnée à ce stade, avec la même demande, c’est-à-dire le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n’auraient pas actuellement de visa”, a affirmé le ministre sur la chaîne BFMTV, sans préciser leur nombre.Le chargé d’affaires algérien a été convoqué mardi, selon le Quai d’Orsay.”Nous lui avons fait savoir également que nous nous réservons la possibilité de prendre d’autres mesures en fonction de l’évolution de la situation”, a ajouté M. Barrot.”Les Algériens ont souhaité renvoyer nos agents. Nous renvoyons les leurs”, a-t-il encore noté.L’Algérie avait convoqué dimanche le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger pour lui notifier de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien qui étaient en mission de renfort temporaire, dans un nouvel épisode de la profonde crise diplomatique entre les deux pays.Le ministère algérien des Affaires étrangères n’avait pas publié de communiqué officialisant cette demande, annoncée par une dépêche de l’Agence de presse algérienne (APS) selon qui les employés français avaient été nommés dans des “conditions irrégulières”.Selon le Quai d’Orsay, l’expulsion des fonctionnaires français a été prise sur la base d’une “décision unilatérale des autorités algériennes d’établir de nouvelles conditions d’accès au territoire algérien pour les agents publics français détenteurs d’un passeport officiel, diplomatique ou de service, en violation de l’accord bilatéral de 2013”.Jean-Noël Barrot a dit déplorer “absolument” ces décisions des autorités algériennes. “Elles contreviennent aux accords qui régissent la relation entre nos deux pays, elles ne sont évidemment pas dans l’intérêt de la France, mais évidemment pas dans l’intérêt des Algériens”, selon lui.Le ministre avait déjà indiqué dimanche que la relation entre la France et l’Algérie restait “totalement gelée” depuis l’expulsion mi-avril de douze fonctionnaires français par Alger et une mesure de représailles similaires par Paris.

Macron réinvestit tous azimuts la scène hexagonale et avance vers un référendum

Déjà omniprésent sur la situation internationale, Emmanuel Macron a longuement abordé, mardi soir sur TF1, de nombreux aspects de la politique française, évoquant des pistes de référendums en cas de blocage parlementaire et défendant âprement son bilan, notamment la réforme des retraites.Pendant plus de trois heures, répondant au journaliste Gilles Bouleau et à plusieurs intervenants dans un débat qui a dépassé le temps imparti, le chef de l’Etat a semblé tourner une page.Il a largement réinvesti le champ de la politique hexagonale, des prisons à la politique fiscale en passant par le financement du modèle social, alors même qu’il est privé de majorité à l’Assemblée nationale depuis la dissolution qui le cantonnait ces derniers mois à son rôle diplomatique. Comme du temps où il décidait de tout, le président a même énoncé quelques demandes au gouvernement de François Bayrou, censé avoir la main.Il a ainsi prôné la tenue d’une “conférence sociale” sur le “financement de notre modèle social” qui, a-t-il jugé, repose “beaucoup trop sur le travail” alors qu’il pourrait par exemple puiser dans la “consommation”. Idem sur une “négociation sociale” sur “la qualité” et “l’évolution des formes de travail”.-Référendum: “ne rien s’interdire”-Attendu sur le sujet, Emmanuel Macron a expliqué “ne rien s’interdire” en matière de référendum, “à chaque fois qu’on sera trop lent ou bloqué par la situation politique”, comme un coup de pression aux partis pour qu’ils fassent des compromis. Sans pour autant annoncer de projet arrêté de consultation des Français à ce stade.”Je souhaite qu’on puisse organiser une consultation multiple”, “plusieurs référendums en même temps dans les mois qui viennent”, a-t-il précisé, évoquant en exemple une possible question sur les écrans et l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans.Interrogé sur la fin de vie, après un témoignage de l’ancien journaliste Charles Biétry atteint de la maladie de Charcot, il a dit souhaiter que la proposition de loi en cours d’examen “soit votée” au Parlement. Mais sans exclure d’en appeler aux Français en cas d'”enlisement” parlementaire.Il a également répondu “pourquoi pas” à l’idée d’un référendum sur les finances publiques prônée par François Bayrou, dont il attend cependant encore “le plan”. Mais pas sur le budget lui-même, prérogative des députés et sénateurs, plutôt sur d’éventuelles “réformes” du Premier ministre “sur le plan économique et social”.Il a en revanche rejeté l’hypothèse d’un référendum sur l’immigration, malgré les demandes répétées de la droite et de l’extrême droite. Ainsi que sur les retraites, comme l’a réclamé la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet sur le plateau de l’émission.Il lui a rappelé avoir été réélu en prônant une réforme des retraites. “En face de vous, vous aviez l’extrême droite, même moi j’ai voté pour vous”, a ironisé la syndicaliste.Pour le reste, Emmanuel Macron, qui vient de fêter ses huit ans à l’Elysée, a longuement défendu son bilan économique et social, et justifié l’état dégradé des finances publiques par les nombreuses crises traversées.Pas question d’augmenter les impôts, même sur les plus aisés. Ni de nationaliser ArcelorMittal, touché par un plan social, mais dont il s’est engagé “les yeux dans les yeux” à “sauver” les sites de Dunkerque (Nord) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).Confronté au maire de Béziers Robert Ménard sur les questions d’insécurité et d’immigration, le président a prôné une loi étendant les pouvoirs des polices municipales.Il s’est également dit favorable à la location, “si besoin était”, de places de prison à l’étranger pour lutter contre la surpopulation carcérale. – “Rester libre” en Europe -Souvent attaqué par ses interlocuteurs sur sa droite ou sur sa gauche, comme par des Français anonymes, Emmanuel Macron a estimé que la France était un pays “un peu pessimiste”. “Mais bon Dieu, on est le plus beau pays du monde”, “si on voulait, on casserait tous les records”, a-t-il lancé.”Non Emmanuel Macron, si la France va mal, ce n’est pas +parce qu’elle est pessimiste+! C’est à cause de votre bilan”, lui a répondu Eric Ciotti, allié de l’extrême droite, sur le réseau X.Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a dénoncé son “impuissance généralisée”.”Il n’a rien dit, rien proposé”, a critiqué le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, quand le patron des socialistes Olivier Faure a déploré “trois heures pour dire aux Français que rien ne va changer”.Lors de la première partie de l’émission consacrée aux questions internationales, le chef de l’Etat avait énoncé “le défi des défis”: “rester libre”, “dans un monde de plus en plus dangereux”.De retour de Kiev, il a redit que les Européens entendaient “prendre des sanctions” dans les prochains jours si la Russie “confirme le non-respect” d’un cessez-le-feu en Ukraine. Une telle trêve doit permettre des négociations “territoriales”, a-t-il ajouté, assurant que “même les Ukrainiens” avaient “la lucidité de dire (…) qu’ils n’auront pas la capacité de reprendre l’intégralité de ce qui est pris depuis 2014” par Moscou.Le chef de l’Etat a aussi explicité le possible élargissement du parapluie nucléaire français aux alliés européens, évoqué depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui fait planer le doute sur la garantie américaine.La France est “prête à ouvrir” une discussion sur le déploiement d’avions français armés de “bombes” nucléaires dans d’autres pays européens, à l’instar de ce que font jusqu’ici les Américains, a-t-il annoncé.Ce que fait le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, “c’est une honte”, a par ailleurs répondu le président à propos de la situation à Gaza, jugeant cependant que “ce n’est pas à un président de la République de dire +ceci est un génocide+, mais aux historiens”.pol-vl-bpa-fff/hr/lpa

Assemblée: la réintroduction de néonicotinoïdes joue son match retour en commission

La proposition de loi visant à lever les contraintes pesant sur le métier d’agriculteur a débuté mardi son examen en commission des Affaires économiques à l’Assemblée, où sa mesure la plus sensible, la réintroduction de néonicotinoïdes en France, a déjà commencé à tendre les débats. Le bloc central, pris en étau entre les revendications d’une partie du monde agricole et les inquiétudes des défenseurs de l’environnement, est partagé sur ce texte venu du Sénat et inscrit à l’Assemblée par le gouvernement. Des divisions qui font planer le doute sur sa possible adoption fin mai dans l’hémicycle, et sur la version qui pourrait être approuvée. La semaine dernière, devant la commission du Développement durable, il a subi un important revers, avec la suppression d’un article ouvrant la voie à des dérogations environnementales pour certains projets de prélèvement et de stockage d’eau.A cette occasion, le bloc central a révélé ses divisions sur ce texte couramment désigné “proposition de loi Duplomb” – du nom du sénateur LR qui l’a initialement porté. En particulier chez les députés des groupes macroniste et MoDem. Quand certains dénoncent un “cheval de Troie” pour affaiblir les exigences environnementales, d’autres saluent une réponse juste à “un cri du terrain”. La commission était saisie “pour avis” sur la plupart des dispositions du texte qu’elle a rejetées, et c’est à la commission des Affaires économiques de se prononcer désormais sur le fond. Dès l’ouverture des débats, la tension s’est cristallisée autour de la mesure la plus contestée: la réintroduction, par dérogation et pour certaines filières (noisette, betterave), d’un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, l’acétamipride. Interdit en France depuis 2018, ce produit reste autorisé en Europe jusqu’en 2033.Le rapporteur, Julien Dive (LR), a défendu une mesure “dérogatoire” dans un cadre “strict” visant à ce que les filières françaises “ne soient pas pénalisées vis-à-vis de leurs concurrentes européennes”.”Nous refusons d’être complices d’un système qui bousille la vie des agriculteurs”, lui a répondu la députée insoumise Mathilde Hignet. Des sanglots dans la gorge, l’élue a évoqué le cas de “Christian”, un agriculteur atteint d’une leucémie, “une maladie reconnue comme liée aux pesticides”, venu témoigner par le passé devant cette même commission et “décédé le 10 avril dernier”. “Nous connaissons tous dans nos circonscriptions des agriculteurs et nous pouvons les personnaliser, soit emportés par la maladie, soit emportés par la corde qu’ils se mettent autour du cou parce qu’à bout d’une concurrence déloyale qui les étouffe”, lui a rétorqué M. Dive.Sur cet article, “notre groupe n’est pas unanime”, a reconnu l’orateur du MoDem Pascal Lecamp, rappelant un amendement de son groupe “pour l’encadrer plus encore”. Chez les macronistes, “une majorité” est favorable à la version proposée par le rapporteur, selon le député Jean-Luc Fugit. – “menaces” -S’érigeant comme “seul” rempart “à un effondrement de l’agriculture française”, e Rassemblement national a lui défendu “l’abrogation” tout court “de l’interdiction générale des néonicotinoïdes”, par la voix de la députée Hélène Laporte. Durant les discussions, le député socialiste Dominique Potier a dénoncé les “pressions parfois vives” exercées sur certains élus de son camp.Après le revers essuyé sur le texte la semaine dernière, la FNSEA et le syndicat Jeunes Agriculteurs se sont fendus d’un communiqué pour partager leur “déception immense” menaçant d’une “réaction” à la hauteur de la “trahison” des députés. A contrario, le troisième syndicat agricole, la Confédération paysanne, défenseur d’une transition agroécologique, a appelé mardi la commission à rejeter la “PPL Duplomb”. “Pour lever réellement les +entraves+ au métier, il faut enfin mettre en place les outils qui permettent de garantir un revenu agricole et de stopper l’accaparement du foncier agricole”.En début de soirée, les députés se sont attaqués à l’examen du premier article. Il prévoit de revenir sur l’interdiction du cumul des activités de conseil et de vente de pesticides, consacrée par une loi votée en octobre 2018 en vue d’en réduire les usages.Avec 506 amendements sur l’ensemble du texte, les débats devraient se poursuivre tout au long de la semaine, voire au-delà, a prévenu la présidente de la commission, Aurélie Trouvé.Le vote sur l’article le plus sensible sur la réintroduction de néonicotinoïdes, devrait intervenir au plus tôt mercredi.  

Hydroélectricité: des pistes de députés pour relancer les investissements et sortir du blocage avec Bruxelles

La production hydroélectrique en France souffre d’un manque d’investissements lié au régime de concessions auquel il est soumis et qui est à l’origine du contentieux avec la Commission européenne, selon un rapport parlementaire qui rejette toutefois une simple mise en concurrence.”Il est aujourd’hui fondamental de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le régime juridique des concessions hydroélectriques et ce, depuis plus de vingt ans”, indiquent les députés Marie-Noëlle Battistel (PS) et Philippe Bolo (Modem) dans leur rapport publié mardi.Le parc hydroélectrique contribue non seulement à la production énergétique mais constitue aussi un important outil de flexibilité pour le système électrique français et européen, grâce au capacités de stockage des barrages, relèvent-ils.Ces derniers représentent la deuxième source production électrique en France derrière le nucléaire, avec 13,92% de la production d’électricité en 2024, soit 74,7 térawattheures (TWh), rappellent-ils. Et il s’agit de la première source d’électricité renouvelable française (50,47%).Selon les rapporteurs, la France compte 340 concessions, soit 90% de la puissance hydroélectrique installée, dont 61 sont échues au 31 décembre 2025.Les principaux concessionnaires sont EDF (70% de la puissance hydroélectrique), la Compagnie nationale du Rhône (CNR, 25%) et la société hydroélectrique du Midi (SHEM, 3%), le reste étant réalisé par des petits acteurs, majoritairement privés (environ 70, exploitant 750 MW de capacités installées).L’autre régime, celui de l’autorisation, concerne environ 2.300 installations de moins de 4,5 MW. Les exploitants sont généralement aussi propriétaires de leur installation et la durée des autorisations est plafonnée à 75 ans par la loi.Mais faute de visibilité sur l’avenir des concessions, les exploitants ne peuvent réaliser des investissements non prévus dans leurs cahiers des charges, ni ceux nécessaires au bon fonctionnement et au renouvellement des ouvrages, soulignent-ils.”Le pays est enlisé depuis plus de vingt ans dans un différend avec la Commission européenne”, qui a ouvert deux procédures à l’encontre de la France, l’une datant de 2015, l’autre de 2019, rappellent les rapporteurs.Ces procédures portent sur la position dominante d’EDF et l’absence de remise en concurrence des concessions échues. La France refuse cette ouverture à la concurrence, mais cette situation empêche tout investissement substantiel dans le parc hydroélectrique.Revenir sur le régime de concessions ne doit pas se traduire par la mise en concurrence du secteur, plaident les rapporteurs, qui préconisent de passer du régime de concession à celui d’autorisation, ce qui permettrait d’exclure les ouvrages hydroélectriques de l’obligation de mise en concurrence.Et pour répondre à la crainte d’une “privatisation” de ces installations aux concessionnaires, ils suggèrent de qualifier les barrages d’ouvrages publics dans la loi, comme les aéroports.En parallèle, ils proposent une révision de la directive “concessions” en excluant les activités hydroélectriques de son champ d’application, ce qui pourrait amener la Commission européenne à lever sa procédure.Mais cette révision “prendra plusieurs années, au moins cinq ans, pour aboutir”, admettent-ils.

Pesticides: point d’étape, un an après l’adoption d’une nouvelle stratégie contestée

Un an après l’entrée en vigueur de la nouvelle stratégie de réduction des pesticides, Ecophyto 2030, le gouvernement défend son bilan et sa méthode, toujours décriés par des associations environnementales.Le Comité d’orientation stratégique et de suivi (COS), instance de gouvernance de la stratégie Ecophyto 2030, qui regroupe l’ensemble des parties prenantes — représentants de l’État, agriculteurs, industriels, chercheurs, élus et associations — s’est réuni mardi matin en plénière.A l’occasion de ce comité, réintégré par les ONG environnementales qui en avaient claqué la porte l’an dernier, le gouvernement a d’abord réaffirmé l’orientation de sa stratégie: “ne laisser aucun agriculteur sans solution”, notamment en favorisant la recherche “d’alternatives non-chimiques permettant de réduire les risques et les impacts en matière de santé et d’environnement”, selon un document publié mardi.Pour cela, le gouvernement rappelle avoir mobilisé plus de 200 millions d’euros en 2024, dont 143 millions pour le Parsada, le plan de recherche d’alternatives pour anticiper le retrait de molécules au niveau européen, avec des plans d’actions spécifiques contre le mildiou de la vigne, la cercosporiose de la banane ou les mauvaises herbes des grandes cultures.Les agriculteurs “ont besoin d’être soutenus, accompagnés dans cette transition”, a déclaré la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, dans un communiqué commun des quatre ministres présents au COS (Agriculture, Transition écologique, Recherche et Santé).Ce plan décline des “chantiers prioritaires” pour l’année à venir: outre le Parsada, il compte notamment une feuille de route, annoncée fin mars, pour une “protection renforcée des captages d’eau”, régulièrement fermés pour cause de pollution. Depuis 1980, un tiers des captages fermés l’ont été à cause de la dégradation de la qualité de l’eau, dont la moitié du fait de la présence de pesticides et nitrates.- Objectif jamais atteint -Un “portail national d’information” sera aussi créé “sur l’exposition des riverains aux produits phytopharmaceutiques qui coordonnera les dispositifs déployés au niveau régional”.Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, s’est engagé à “une transparence totale” sur les liens entre exposition des riverains aux pesticides et risque d’apparition de maladies. La France a adopté le plan Ecophyto en 2008, avec l’objectif, jamais atteint, de réduire de moitié l’usage des pesticides en dix ans. La nouvelle mouture de ce plan renouvelle cet objectif, mais avec un nouvel indicateur, le HRI1 européen, et une nouvelle période de référence (2011-2013).Un positionnement “incohérent” pour des organisations de défense de l’environnement comme la Fondation pour la nature et l’homme ou Générations Futures. Cette dernière souligne les “contradictions” d’une politique qui “prétend défendre un objectif de réduction des pesticides tout en soutenant une proposition de loi qui vise à réintroduire les néonicotinoïdes en France”, selon son porte-parole François Veillerette.Ce texte “anti-contraintes”, porté par la droite sénatoriale et auquel la ministre de l’Agriculture Annie Genevard ne s’est pas opposée, est actuellement examiné en commission à l’Assemblée.C’est avant tout l’adoption d’un nouvel indicateur, annoncé début 2024 en pleine crise agricole par le Premier ministre d’alors Gabriel Attal, qui avait conduit plusieurs associations à quitter le COS. Elles dénonçaient un “abandon de l’objectif” d’Ecophyto servi par “un changement de thermomètre”.- “Absence d’ambition” -Car avec cet indicateur européen HRI1, la marche est en effet moins haute pour atteindre l’objectif de baisse. La France, “sans aucun effort supplémentaire”, se rapproche déjà de l’objectif — avec une diminution de 36% par rapport à la période de référence —, alors que la baisse est très faible selon l’ancien indicateur de référence, le Nodu, relève l’ONG.A l’issue de la réunion, Générations Futures a dénoncé une “absence d’ambition pour sortir notre agriculture de sa dépendance aux pesticides”.Face aux critiques visant l’indicateur HRI1, en juin dernier, le gouvernement avait saisi l’Institut national de recherche Inrae pour proposer des pistes d’amélioration de cet indice. L’institut a présenté ses premières recommandations lors du COS de mardi.La première piste propose une “évolution a minima pour éviter les principaux biais de cet indicateur”, notamment en modifiant les coefficients de pondération des différents groupes de produits, dans un rapport consulté par l’AFP.Le seconde “est basée sur une logique de rupture forte” et consiste à “construire un indicateur de risques agrégé en mobilisant les connaissances scientifiques sur l’écotoxicité de chacune des substances actives”.Le risque pour le vivant constitué par les pesticides serait ainsi calculé spécifiquement pour les mammifères terrestre, les poissons ou les abeilles.

Vannier et Spillebout, improbable duo uni contre les violences à l’école

Une députée Renaissance sévère envers LFI et un cadre insoumis contempteur de la macronie: Violette Spillebout et Paul Vannier incarnent un duo improbable de co-rapporteurs au sein de la commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires qui auditionnera mercredi François Bayrou.”Il dit que je vais prendre ma carte chez LFI, je lui dis que c’est lui qui vient vers le centre”, raconte Violette Spillebout, un sourire en coin.L’ex-socialiste (52 ans), proche de Gérald Darmanin, a accusé par le passé le mouvement de la gauche radicale de “bafouer les valeurs de notre République”. Paul Vannier (39 ans), lui, n’a pas de mots assez durs pour la macronie, coupable selon lui d’avoir “achevé sa mue en une droite conservatrice, ouverte aux idées lepénistes”.Si des binômes Renaissance-LFI ont déjà travaillé cordialement, un sujet aussi inflammable aurait pu faire des étincelles. Mais tous deux font état d’une véritable entente, sur le terrain comme en audition, jusqu’à prévoir une future proposition de loi commune.”Aussi sincèrement que moi elle veut empêcher un autre Bétharram”, explique à l’AFP M. Vannier. “Il y a une réelle confiance sans naïveté”, juge Mme Spillebout. “Je savais qu’il était travailleur, et aussi hyper radical”.- “Omerta” -Fils d’un père syndicaliste FO chez EDF, et d’une mère professeure de musique à l’école élémentaire, Paul Vannier se revendique sans ambages du “mélenchonisme”.Sur le fond d’abord, le professeur agrégé de géographie, entré en politique au Parti de gauche en 2008, a ensuite rejoint LFI et contribué au programme éducation.Sur la stratégie aussi, le co-responsable du pôle élections dans le parti s’étant forgé une réputation de rude négociateur lors des créations de la Nupes en 2022 et du Nouveau Front populaire en 2024.”Vannier est bon. Il faut se méfier de ce personnage très intelligent et qui connaît très bien son dossier”, estime un cadre macroniste. Sur la commission d’enquête “il est sérieux, appliqué, pugnace”, reconnaît le député PS Emmanuel Grégoire.D’ex-membres LFI sont plus acerbes, jugeant l’insoumis brutal, ou l’accusant d’avoir menacé de ne pas réinvestir des députés trop bavards dans la presse, ce que nie fermement M. Vannier. “Ca n’est jamais arrivé”, martèle-t-il, arguant que les décisions d’investiture sont toujours prises collégialement.Certains macronistes l’accusent de vouloir instrumentaliser la commission d’enquête pour “faire tomber François Bayrou”. “Ceux qui se hasardent à ces propos participent à un climat d’omerta que j’assume de combattre”, rétorque le député, soulignant que la commission ne se cantonne pas à Bétharram.Elle est en revanche indéniablement une occasion pour LFI : “on montre qu’on est sérieux sur le fond”, observe le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, saluant un travail “en bonne intelligence”, avec Violette Spillebout.- “Milieu de profs” -Ingénieure en santé publique, Violette Spillebout a travaillé plus de 15 ans à la mairie de Lille, auprès de Pierre Mauroy puis de Martine Aubry, qu’elle quitte sur de “profond désaccords” en 2013.Passée par plusieurs postes de direction à la SNCF, elle poursuit sa carrière politique en macronie, notamment à l’Assemblée en 2022 puis 2024. Fille d’un professeur de l’Institut supérieur d’Agronomie de Lille et d’une professeure de français, elle a notamment travaillé sur le statut de l’élu, la presse ou l’éducation aux médias.”J’ai été élevée dans un milieu de profs. Quand j’étais adolescente je disais toujours : +jamais je ne serai prof+, mais au final j’ai toujours été attirée par ces sujets”, rembobine la députée, un temps pressenti au ministère de l’Education.”C’est quelqu’un de carré, de solide”, salue une ministre macroniste. “Elle parle beaucoup, elle est frustrée de n’avoir pas pu entrer au gouvernement”, grince un cadre du camp gouvernemental.L’élue explique s’être intéressée aux violences à l’école après une rencontre en circonscription.”Un monsieur m’a confié qu’il était l’une des victimes du village de Riaumont (communauté catholique traditionaliste au coeur de plusieurs enquêtes) et qu’il avait réussi à s’enfuir. J’ai donc commencé à m’intéresser au sujet”, explique-t-elle.Et celle qui tentera à nouveau de prendre la mairie de Lille en 2026 de défendre les retours du terrain : “dans ma circonscription (la commission d’enquête) est l’une des premières choses dont les gens me parlent. Ils disent +bravo, vous avez réussi à mettre vos différences de côté pour un sujet aussi important+”.

Marine Le Pen opposée au texte sur l’aide à mourir

La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a réaffirmé mardi à la presse son opposition au texte créant un droit à l’aide à mourir.”A titre personnel, j’y suis opposée”, a dit Mme Le Pen, qui laissera néanmoins la liberté de vote aux députés de son groupe.Mme Le Pen a fustigé un texte assorti d’insuffisamment de “garde-fous”, au sortir de la commission des Affaires sociales, et assuré qu’elle ne le voterait pas, quels que soient par ailleurs les amendements qui pourraient être adoptés en séance.Selon un cadre du groupe, environ 80% des députés RN sont opposés au texte.L’Assemblée nationale doit examiner à partir de la fin de cette semaine ou en début de semaine prochaine la proposition de loi d’Olivier Falorni (groupe MoDem) créant un “droit à l’aide à mourir”.Le texte procède d’un projet de loi défendu au printemps 2024 par la ministre de la Santé Catherine Vautrin, sur lequel Mme Le Pen avait exprimé une position similaire.

Face à la mortalité infantile en France, des hypothèses faute de mieux

Certains l’imputent à une prévention insuffisante, d’autres à la fermeture de maternités : le taux de mortalité infantile en France est l’un des plus élevés d’Europe mais les raisons de ce phénomène, abordé cette semaine au Parlement, restent à ce stade difficiles à identifier avec certitude. Les dernières données officielles sont sans appel : le taux de mortalité infantile est passé de 3,5 décès pour 1.000 enfants nés vivants en 2011 à 4,1 pour mille en 2024, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Soit un enfant sur 250 qui continue de mourir avant son premier anniversaire, une tendance à rebours de celles observées dans la plupart des autres pays européens à l’image de la Suède ou encore de l’Italie qui ont vu décroître leur taux de mortalité infantile ces dernières années. “La tendance est alarmante”, estime le député Paul-André Colombani dans sa proposition de loi de lutte contre la mortalité infantile qui sera examinée jeudi à l’Assemblée nationale dans le cadre de la “niche parlementaire” de son groupe Liot.”Alors qu’elle recule dans la plupart des pays européens”, la mortalité infantile “progresse régulièrement depuis 2020” en France sans qu’une “réponse cohérente et structurée” soit apportée, ajoute l’élu, qui exhorte l’exécutif à mettre en place sans délai un registre national des naissances. Formulée de longue date par différents acteurs, cette demande a fini par recevoir une réponse favorable début avril de la ministre de la Santé Catherine Vautrin. Son entourage a depuis évoqué une mise en oeuvre “début 2026”.   Pour ses promoteurs, ce registre permettrait de rassembler des éléments statistiques et épidémiologistes qui à l’heure actuelle sont éparpillés, privant les chercheurs d’une base de données solide et exploitable. Cela constituerait une “avancée considérable dans la compréhension de la mortalité infantile”, abonde auprès de l’AFP Delphine Mitanchez, présidente de la Société française de médecine périnatale. “Avant de pouvoir lutter efficacement, il faut connaître les facteurs qui en sont à l’origine”.”Aujourd’hui, on n’a aucune certitude, résultat: chacun y va de son hypothèse, plus ou moins farfelue, et on n’avance pas”, ajoute-t-elle.”C’est un phénomène qui reste encore très mystérieux”, abonde Magali Barbieri, directrice de recherche à l’institut national d’études démographiques (Ined). “A l’heure actuelle, on ne sait pas pourquoi la France se distingue des autres pays”.- “Mystère” -Ces dernières années, plusieurs facteurs à risque ont été mis en avant par les spécialistes pour tenter d’expliquer la dégringolade de la France qui se classe désormais au 23e rang sur les 27 Etats de l’UE.   Les différentes études évoquent pêle-mêle la hausse de l’âge des mères au moment de l’accouchement, l’accroissement des grossesses multiples, la grande prématurité, les situations de précarité ou encore une dégradation du circuit de soins. La faiblesse de la prévention et de l’accompagnement avant et après l’accouchement est aussi mise en avant.  A cela s’ajoutent les progrès de la médecine. “En permettant à des enfants qui seraient autrefois mort-nés et donc non comptabilisés dans les naissances vivantes, de survivre pendant quelques heures ou jours après la naissance”, ces progrès “ont pu avoir un léger impact sur la hausse de la mortalité infantile depuis 2011”, relevait l’Insee dans sa dernière étude.Dans l’attente de percer le mystère, des solutions peuvent d’ores et déjà être mises en place pour inverser la tendance. Dans un rapport publié en 2024, la Cour des comptes préconisait notamment de renforcer l’accompagnement du retour à domicile et de concentrer les efforts sur la prévention périnatale. “Axer la prévention sur la lutte contre l’obésité ou le surpoids ou encore le tabagisme pendant la grossesse pourrait sans doute permettre d’améliorer le taux de mortalité infantile”, relève de son côté Jennifer Zeitlin, épidémiologiste à l’Inserm. “De la même manière, les études montrent un taux de mortalité plus élevé chez les femmes les plus défavorisées, parce qu’elles connaissent moins le système ou ont plus de difficultés à y accéder, donc s’attaquer à cette problématique” pourrait sans doute avoir un impact positif, estime-t-elle. 

Le monde politique s’enflamme pour le comté

Une polémique autour de l’impact environnemental du comté, l’un des fromages les plus consommés en France, suscite l’ire des éleveurs de vaches laitières et a enflammé lundi la classe politique.La controverse a été déclenchée fin avril par un militant écologiste et antispéciste, Pierre Rigaux, invité de France Inter. Il semble que le comté soit “devenu un mauvais produit sur le plan écologique” et que les cours d’eaux soient pollués par la production de ce mets emblématique du massif du Jura, avait-il dénoncé.Appelant à se passer de ce fromage à pâte dure “plutôt mauvais pour la santé”, le militant avait affirmé que “le fromage tue et fait souffrir les animaux tout autant que la viande”.  Les producteurs de comté ont contre-attaqué: “ces attaques sont blessantes et injustes compte tenu du niveau d’exigences qu’on s’impose dans la région”, a déploré auprès de l’AFP Alain Mathieu, président du Comité interprofessionnel de gestion du comté. Se référant au strict cahier des charges qui encadre la production, M. Mathieu a estimé que “l’environnement et la préservation de nos ressources” faisaient partie des priorités de la filière, qui représente 14.000 emplois directs et indirects.- #TouchePasAuComté -Le préfet du département du Jura, Pierre-Édouard Colliex, a réagi samedi sur son compte X, reprenant le mot-dièse #TouchePasAuComté.”Le comté, c’est du Jura, du goût, du calcium, des protéines… et zéro culpabilité. (…) L’interdire? Autant interdire les couchers de soleil sur le Jura. Restons sérieux!”La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, a elle qualifié ce fromage à pâte pressée cuite sur Facebook et X de “fierté française”.L’ancienne députée (Les Républicains) du Doubs – département qui fait partie de la zone AOP du comté – a remercié “tous ceux qui se mobilisent pour défendre cette filière vertueuse et rémunératrice face aux attaques idéologiques”.Plusieurs députés Rassemblement national se sont aussi exprimés pour “protéger” l’emblématique fromage jurassien, comme Julien Odoul, également conseiller régional en Bourgogne-Franche-Comté.A droite, Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti Les Républicains, a vu dans la dénonciation du comté le “projet (…) d’une France sans identité et sans saveur”.A tel point que Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, a relayé lundi sur X un communiqué du parti pour “rétablir quelques vérités sur le comté”.”Les Ecologistes n’ont jamais demandé d’arrêter d’en manger, et encore moins de l’interdire”, a-t-elle soutenu.Les Ecologistes de Franche-Comté ont rappelé leur soutien à la filière, “bâtie sur des valeurs coopératives et une organisation exemplaire”, tout en ajoutant qu’il n’était “pas possible de nier l’impact environnemental de l’élevage et des fromageries, même sous AOP”.- Eaux troubles -Eaux troubles, mousse blanche, odeurs d’égout et poissons morts avaient été signalés entre 2019 et 2020 aux abords de laiteries présentant des défaillances importantes de traitement des eaux usées.Le parquet régional de l’environnement de Besançon avait ouvert des enquêtes. Deux premières fromageries avaient été condamnées en 2022 à de lourdes amendes.”Prendre des négligences individuelles pour discréditer l’ensemble de la filière ne peut être admis”, se défend Alain Mathieu.Devenues sous-dimensionnées, les stations d’épuration des laiteries incriminées déversaient “des eaux non traitées dans la nature, avec un effet catastrophique pour l’environnement”, sur un sol très perméable, avait analysé à l’époque le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux.Dans un vaste “plan fromagerie” lancé en 2022, l’autorité préfectorale avait mis en demeure 14 des 96 fromageries du Doubs de mettre en conformité leur installation de traitement ou de réparer les canalisations défectueuses.La quasi-totalité étaient désormais conformes en 2024, selon la DDETSPP, service de l’Etat chargé des mutations économiques.  Mais pour l’association environnementale SOS Loue et rivières comtoises, l’enjeu est surtout celui de la quantité de lait produit.”En 30 ans, le comté a plus que doublé sa production en passant de 30.000 tonnes en 1991 à 72.000 en 2024″, indique l’association écologiste, pour qui le cahier des charges “ne va pas du tout assez loin”.”Le nombre de vaches n’a certes pas augmenté, mais elles produisent plus de lait qu’avant, c’est-à-dire qu’elles se nourrissent plus et produisent plus d’excréments… ce qui contribue à l’augmentation des nitrates dans nos rivières”, résume-t-on à l’association. Le comté est le fromage AOP le plus vendu en France, indique le ministère de l’Agriculture sur son site.

Ouverture des débats sur la fin de vie dans l’hémicycle de l’Assemblée

La question de la fin de vie, comprenant notamment la création d’un “droit à l’aide à mourir”, a fait son retour dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale lundi, de nombreux députés formulant le vÅ“ux de débats dignes et apaisés, permettant d’aboutir à un texte d’équilibre sur un sujet intime.La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a promis en ouvrant les débats de veiller à ce qu’ils restent “les plus respectueux possibles”.Les députés débattront deux semaines durant, week-end compris si besoin, de deux propositions de loi, portant l’une sur les soins palliatifs, et l’autre sur l’aide à mourir. Un vote solennel pour chacune est prévu le 27 mai.”Oui, il y a encore pire que la mort, quand la vie n’est devenue qu’une inexorable agonie”, a déclaré le rapporteur du deuxième texte Olivier Falorni (groupe MoDem), défendant la nécessité d’une aide à mourir comme “ultime recours”.Présageant de débats poignants, certains députés ont partagé leur expérience personnelle. “Comme beaucoup d’entre vous, j’ai connu dans ma propre famille la dégradation irréversible, le maintien en vie sans consentement, dans la douleur”, a confié à la tribune la député insoumise Karen Erodi.Consensuelle, la première proposition de loi prévoit notamment la création d’un “droit opposable” aux soins palliatifs, alors que selon un rapport de la Cour des comptes de juillet 2023, seule la moitié des besoins était pourvue.Plus clivante, la seconde a été approuvée par 28 députés contre 15 en commission. En séance, tous les groupes devraient laisser une liberté de vote à leurs membres.Les élus devront d’abord examiner plus de 3.000 amendements, dont beaucoup venus de l’UDR, le groupe d’Eric Ciotti allié du RN. Si LFI a dénoncé une tentative d'”obstruction” de l’extrême droite, Mme Braun-Pivet a réfuté le terme, jugeant que l’ordre de grandeur était le même lors des débats en 2024.- “Moindre mal” -Après s’être engagé en 2022 à confier une réflexion sur le sujet à une convention citoyenne, Emmanuel Macron avait dévoilé en mars 2024 les grandes lignes d’un projet de loi, dont l’examen avait cependant été interrompu par la dissolution.Soumis à une forte pression des députés, le Premier ministre François Bayrou a remis l’ouvrage sur le métier, en scindant le projet de loi en deux, de manière à laisser la liberté aux députés de voter pour un texte mais pas pour l’autre.Lundi dernier, Emmanuel Macron a réaffirmé son engagement en faveur de cette évolution sociétale, estimant que le débat ne pouvait “être réduit” à pour ou contre la vie, mais devait poser la question du “moindre mal”.Le gouvernement est cependant divisé sur la question, et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR) en est un farouche opposant.Si elle transcende les clivages politiques, la création d’une aide à mourir, autre nom du suicide assisté et de l’euthanasie, est combattue par une large partie de la droite et de l’extrême droite.”L’Etat peut-il être mêlé à la mort d’un tiers, y compris par la simple autorisation d’un dispositif ? Personnellement je ne le crois pas. L’impossibilité de donner la mort c’est une principe absolu”, a déclaré le député LR Philippe Juvin, médecin de profession, s’inquiétant que le texte “ouvre l’euthanasie à des personnes qui ont potentiellement plusieurs années à vivre”.”Cette loi autorisera le recours au droit à mourir sans perdre ce caractère d’exception et sans l’encourager”, a au contraire estimé la députée socialiste Océane Godard.- “Cadre clair” -La ministre de la Santé Catherine Vautrin a appelé dans l’hémicycle à définir, pour l’aide à mourir, “un cadre clair avec des principes non négociables et des lignes à ne pas franchir”. “C’est là l’honneur du Parlement que de s’emparer des sujets les plus graves, les plus bouleversants et de trouver le point d’équilibre”, a-t-elle ajouté.La question des critères ouvrant l’accès à ce nouveau droit sera particulièrement débattue, ainsi que celles des “garde-fous” encadrant la procédure, de la collégialité de la décision d’autorisation, ou encore de la priorité donnée ou non à l’auto-administration de la substance létale.Le texte de M. Falorni prévoit désormais que le patient soit “atteint d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale”.La Haute Autorité de Santé a défini mardi dans un avis la “phase avancée” comme “l’entrée dans un processus irréversible marqué par l’aggravation de l’état de santé qui affecte la qualité de vie”. Une définition que le gouvernement entend reprendre dans un amendement.