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Sans budget de la Sécu, les retraites seront revalorisées sur l’inflation, admet le gouvernement

En cas de censure du gouvernement mercredi, la sous-indexation des retraites prévue dans le budget de la Sécu ne s’appliquera pas: les retraités verront leurs pensions revalorisées en étant indexées sur l’inflation, comme le prévoit la loi, a confirmé la ministre du Travail.En vertu du Code de la Sécurité sociale, les retraites de base sont chaque année augmentées au 1er janvier, indexées sur la hausse des prix à la consommation (hors tabac) constatée par l’Insee pour l’année précédente.Pour économiser 3 milliards d’euros, le gouvernement et la droite sénatoriale avaient décidé de modifier ces règles en 2025. Les pensions ne devaient être augmentées que de la moitié de l’inflation au 1er janvier, soit +0,8% selon l’exécutif, avec un complément au 1er juillet pour les retraites inférieures à 1.500 euros bruts pour arriver à +1,6%.Sans ce texte, la loi prévaut. Interrogée sur Franceinfo mercredi, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet l’a confirmé: “les retraités seraient effectivement gagnants, si on peut dire qu’il y a des gagnants, parce qu’effectivement (…) ils verraient leurs pensions indexées sur l’inflation.”Mais “il y a une forme de frilosité et de myopie de la classe politique qui considère les retraités comme un bloc homogène. (..) Il y a 75% des retraités qui sont propriétaires” et certains “peuvent, je pense, participer à l’effort de redressement de nos comptes publics, au même titre que les actifs”, a poursuivi la ministre, jugeant que le budget de la Sécu aurait “protégé” les retraités précaires.Sans budget, la France se retrouvera dans “un océan de difficultés” et “17 millions de foyers” verront leurs impôts augmenter, a souligné Mme Panosyan-Bouvet.Le projet gouvernemental de sous-indexation des retraites est l’un des facteurs invoqués pour justifier la chute du gouvernement: lundi, Marine Le Pen avait lancé un ultimatum à Matignon en lui demandant d’y renoncer, menaçant sinon de voter la censure.”Je veux bien qu’on arrive avec une liste de courses, et qu’on les égrène” mais “ce n’est pas comme ça que ça doit se passer”, a réagi mercredi la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, sur BFMTV. Elle a estimé que “nous ne pouvons pas continuer à aller dans le mur et vivre au dessus de nos moyens”, des économies étant nécessaires.L’exécutif souhaitait notamment transférer plusieurs centaines de millions d’euros de charges aux complémentaires santé, via une baisse de 5 points de la part remboursée par l’Assurance maladie sur les consultations médicales et les médicaments. Mais Michel Barnier s’est déjà engagé auprès de Marine Le Pen à ne pas le faire sur les médicaments, ce qui représentait “350 millions d’euros” d’économies, a indiqué la ministre. Ces mesures sont toutefois d’ordre “réglementaire”, et d’autres “équilibres” pourront être trouvés plus tard, a-t-elle jugé.Par ailleurs, sans budget de la Sécu, il n’y aura pas cette année “9 milliards de plus pour l’Assurance maladie, dont 3 milliards pour les hôpitaux”, a-t-elle regretté.

L’Assemblée nationale s’apprête à censurer le gouvernement Barnier

Moins de six mois après le coup de massue de la dissolution, l’Assemblée nationale s’apprête à censurer le gouvernement de Michel Barnier, un geste inédit depuis 1962 qui plongerait le pays dans une grande incertitude politique et budgétaire.L’Assemblée examinera à partir de 16H00 les deux motions de censure déposées par le Nouveau Front populaire et l’alliance entre le RN et les ciottistes, pour faire chuter le , nommé le 5 septembre. La motion du RN sera défendue par Marine Le Pen, selon une source au groupe RN, mais c’est celle de la gauche qui devrait être adoptée vers 20H00, le RN ayant l’intention de la voter. Ces deux motions ont été déposées lundi dans la foulée du déclenchement par le Premier ministre de l’article 49.3 de la Constitution, pour faire adopter sans vote le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. – “Perte de repères” -Les responsables de l’exécutif et de la coalition gouvernementale ont voulu écarter l’inéluctabilité de ce scénario, en appelant à la “responsabilité” des députés.Depuis Ryad, Emmanuel Macron a dit ne “pas croire au vote de la censure”, pointant un “cynisme insoutenable” du RN s’il joignait ses voix à celles du NFP qui vilipende les lepénistes dans sa motion, et du côté du PS une “perte de repères complète”.Michel Barnier a lui souligné sur TF1 et France 2, que chaque député avait “une part de responsabilité”, espérant que prévale “l’intérêt supérieur du pays”.Si M. Macron a appelé à “ne pas faire peur aux gens” en évoquant un risque de crise financière, M. Barnier a lui dramatisé l’enjeu, répétant que la censure rendrait “tout plus difficile et plus grave”, alors que les signaux sont déjà, selon lui, au rouge sur les plans budgétaire, financier, économique et social.Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.Après avoir cédé à Marine Le Pen sur le déremboursement des médicaments, M. Barnier s’est refusé à toute nouvelle concession, estimant que la cheffe de file du RN était entrée “dans une sorte de surenchère” en y ajoutant la réindexation des retraites.”On va voir le RN voter une motion de censure des Insoumis qui les insultent”, a déploré sur Europe 1 le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR), évoquant “une mélenchonisation” du RN.”Ce n’est pas une alliance avec la gauche”, a répliqué sur France Inter le président du RN Jordan Bardella qui assume de s’opposer à “un budget dangereux pour la croissance et le pouvoir d’achat” et dénonce “une stratégie de la peur” de l’exécutif.Lorsqu’un nouveau gouvernement reprendra la discussion budgétaire, il faudra que les lignes rouges du RN soient “entendues en intégralité”, a-t-il déjà prévenu.- LR menace de reprendre sa liberté -Au sein du “socle commun” qui peinait déjà à soutenir de manière unie Michel Barnier (LR, Modem, Horizons et macronistes), les fissures pourraient s’élargir sur les stratégies d’après-censure.LR menace déjà de reprendre sa liberté: son chef de file Laurent Wauquiez souligne que l’engagement de son parti avec la coalition gouvernementale en septembre “ne valait que pour Michel Barnier”. De son côté, le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal propose de nouer un accord de “non censure” avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. Pour Matignon, le vice-président du Modem Marc Fesneau a plaidé sur Sud Radio pour son… président François Bayrou, une “hypothèse sérieuse” car il “a le profil le plus pertinent”. Les noms du ministre des Armées Sébastien Lecornu ou du LR Xavier Bertrand sont à nouveau évoqués comme cet été. Beaucoup, à l’instar de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, plaident en tout cas pour une solution rapide, qui permette de mener à bien au moins en partie les textes budgétaires avant la date butoir du 31 décembre. A défaut, les députés devront voter une “loi spéciale” qui permette d’assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat.- La gauche désunie sur l’après -La gauche reste de son côté désunie sur l’après-Barnier. Le PS voudrait “un gouvernement de gauche ouvert au compromis”, que le socle commun s’engagerait à ne pas censurer en échange d’un renoncement au 49.3. Mais Olivier Faure reste opposé à soutenir Bernard Cazeneuve à Matignon qui “n’a soutenu ni Raphaël Glucksmann aux élections européennes ni le NFP aux législatives”.Le sénateur écologiste Yannick Jadot souhaite même que ce gouvernement de gauche inclut “des ministres issus du bloc central” à l’opposé de la position de son parti.De son côté, LFI continue de réclamer, de manière isolée, la démission d’Emmanuel Macron. 

Censure du gouvernement: Retailleau dénonce “une mélenchonisation” du RN

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé mercredi une “mélenchonisation” du Rassemblement national (RN), qui va voter “une motion de censure qui les insulte”.S’exprimant sur Europe 1 et CNews, le ministre a dit qu’on “s’acheminait vers une censure” du gouvernement dans la journée avec le vote par le RN de la motion de censure de la gauche.C’est une “curieuse alliance de la carpe et du lapin. C’est une mélenchonisation du Rassemblement national”, a poursuivi Bruno Retailleau, pour qui “c’est le Rassemblement national qui apporte une victoire à Jean-Luc Mélenchon”. “Mme Le Pen, a-t-il insisté, apporte son crédit à la motion de censure” en votant celle portée par LFI.”C’est bien une victoire qu’elle va donner aux Insoumis ce soir”, a encore dit le ministre de l’Intérieur. À ses yeux, le RN passe ainsi “de la respectabilisation à la mélenchonisation”.”On a quitté le champ rationnel pour le champ irrationnel (…). La politique demande des convictions. Il n’y a pas pire que de voter contre ses convictions”, a tancé Bruno Retailleau.À la question de qui pouvait remplacer Michel Barnier à Matignon, il a répondu: “Je ne sais pas qui peut échapper à une censure”.Plus globalement, il a expliqué qu’il fallait pour la droite et le centre élaborer “une plateforme programmatique sur laquelle on peut s’entendre”.Jugeant que “le +en même-temps+” prôné par le président Emmanuel Macron c’était “l’impuissance”, Bruno Retailleau a appelé “à la reconstitution du clivage gauche/droite”. “Il faut avoir des idées claires, ou de droite ou de gauche (…). Il faut aligner ses convictions profondes avec les paroles et les actes”.S’agissant de son avenir politique, le ministre de l’Intérieur a affirmé ne “pas être dévoré par le virus de la présidentielle”. “Je n’attends rien du lendemain”.

L’écologiste Jadot plaide pour un gouvernement de gauche avec des ministres du bloc central

Le sénateur écologiste Yannick Jadot a plaidé mercredi pour un gouvernement dirigé par la gauche mais incluant “des ministres issus du bloc central”, au nom d’un “pacte républicain transitoire” face au blocage institutionnel.Alors que l’actuel gouvernement Barnier devrait être renversé mercredi par l’adoption d’une motion de censure, M. Jadot a estimé auprès du Figaro qu’il fallait trouver “un accord de non-censure, autour d’un socle restreint de mesures indispensables pour les Français”, entre l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire et le bloc central macroniste. Selon l’ancien candidat à la présidentielle, il reviendrait au NFP de constituer le prochain gouvernement “puisque notre coalition est arrivée en tête aux législatives”. “Le centre de gravité du prochain gouvernement doit être beaucoup plus à gauche que ce qu’il est aujourd’hui. Le Premier ministre doit être une personnalité issue de la gauche et des écologistes. Ce champ politique ne manque pas de personnes très capables”, a-t-il fait valoir, sans citer de noms.”Mais à partir du moment où un tel pacte existe, je n’exclus pas qu’il puisse y avoir des ministres issus du bloc central”, a-t-il ajouté, à rebours des Insoumis notamment qui rejettent tout accord avec les macronistes. Selon M. Jadot, gauche et macronistes pourraient s’entendre “sur des sujets transpartisans comme la justice fiscale et sociale, la proportionnelle, l’adaptation au changement climatique, le logement, l’industrie décarbonée, les services publics, les déserts médicaux, la fin de vie, le revenu des agriculteurs sans sacrifier la santé et la biodiversité”. Le sénateur de Paris a renvoyé la balle au bloc central qui “doit choisir entre continuer et formaliser son alliance avec l’extrême droite ou revenir dans le champ de la République, de la démocratie et du progrès”.Dans l’hypothèse où Michel Barnier était effectivement renversé mercredi, et faute de pouvoir engager une nouvelle dissolution de l’Assemblée avant l’été prochain, Emmanuel Macron devra composer avec les équilibres actuels, dans un Palais-Bourbon très fracturé, pour dégager le nom du futur chef de gouvernement.

Faure appelle Macron à s’adresser aux Français et reste opposé à Cazeneuve à Matignon

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure appelle Emmanuel Macron “à s’adresser aux Français” après la censure probable du gouvernement Barnier et réclame un “Premier ministre de gauche” qui dans son esprit ne semble toujours pas pouvoir être Bernard Cazeneuve.”Plutôt que de lâcher des petites phrases au détour d’un voyage en Arabie saoudite, Emmanuel Macron doit maintenant s’adresser aux Français (…) Comment compte-t-il engager la suite ? Comment laisser les Français dans une telle incertitude avant Noël ?” plaide M. Faure dans un entretien au Monde mercredi.Emmanuel Macron “ne peut pas faire mystère de ses intentions. Il y a des institutions dont il est le garant !”, insiste-t-il.Pour l’après-Barnier, M. Faure plaide pour “la nomination d’un Premier ministre de gauche qui applique les priorités du Nouveau Front populaire (NFP), mais avec le souci permanent du compromis”. Ce Premier ministre renoncerait au 49.3 “en échange d’un accord de non-censure” de la part du bloc central. Sur cette stratégie, le socialiste reconnait “une divergence fondamentale” avec LFI qui “veut parvenir à une situation de blocage qui obligerait Emmanuel Macron à démissionner”.Les Insoumis “évoquent une VIème République, mais leurs pratiques restent, visiblement, dans l’épure d’une Vème République chimiquement pure. Nous, nous sommes pour redonner toute sa place au Parlement”, dit-il.Tout comme l’été dernier, Olivier Faure semble fermer cependant la porte à un soutien de son parti à une nomination de l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve à Matignon.”Bernard Cazeneuve est un homme de gauche, mais il n’a soutenu ni Raphaël Glucksmann aux élections européennes ni le NFP aux législatives. Il ne s’est jamais exprimé sur ce qu’il voudrait faire s’il arrivait à la tête du gouvernement. Ce serait paradoxal de nommer quelqu’un au nom d’une victoire, celle du NFP, à laquelle il n’a pas voulu contribuer”, répète-t-il. 

Censure: nouvel appel de Barnier à la “responsabilité”, Macron ne veut pas y “croire”

Emmanuel Macron ne peut “pas croire” à la censure du gouvernement de Michel Barnier, qui a une nouvelle fois appelé mardi soir à la “responsabilité” à la veille d’un vote crucial à l’Assemblée. Les spéculations pour Matignon sont elles déjà lancées.Éviter la censure alors que le Rassemblement national, en plus de présenter son propre texte, devrait voter la motion de la gauche ? “Je pense que c’est possible”, a assuré le Premier ministre sur France 2 et TF1.Michel Barnier en a appelé au “réflexe de responsabilité” des députés, en mettant l’accent sur ceux du RN qui devront “rendre des comptes” à leurs électeurs s’ils s’associent à la motion de “l’extrême gauche”.”On n’est pas dans du marchandage”, mais Marine Le Pen est entrée “dans une sorte de surenchère”, a asséné le Savoyard, interrogé sur un éventuel dernier geste sur les retraites, pour éviter de devenir mercredi le premier chef du gouvernement renversé par l’Assemblée depuis Georges Pompidou en 1962, détenteur du bail le plus éphémère de la Ve République.”Ce n’est pas moi qui suis en cause”, mais l’évènement aurait des conséquences: “18 millions” de Français “verront leur impôt sur le revenu augmenter”, a prévenu M. Barnier, si son gouvernement venait à être renversé et le budget pas adopté.- “Cynisme” -Il a écarté la possibilité d’être renommé en s’interrogeant sur le “sens” d’un tel scénario et l’hypothèse d’une démission d’Emmanuel Macron.”Politique fiction”, avait balayé un peu plus tôt le président lui-même, de Ryad où il est en visite d’État.M. Macron a dénoncé un “cynisme insoutenable” du RN s’il votait une motion déposée par la gauche “qui insulte ses électeurs”. Argument repris sur TF1 et France 2 par le Premier ministre, texte de la motion du Nouveau Front populaire à la main.Quant au PS, il fait preuve d’une “perte de repères complète” en censurant le gouvernement, a accusé M. Macron.Le chef de l’État a cependant, appelé à ne “pas faire peur” en évoquant des risques de crise financière.A l’Assemblée, la conférence des présidents a fixé à mercredi 16H00 l’examen des motions de censure déposées par la gauche et le RN. Et pour la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, “la chute de Barnier est actée”. Le Premier ministre fait “beaucoup de peine à voir”, a-t-elle jugée après son passage à la télévision. “Il se débat. Comme un poisson sorti de l’eau. Quitte à s’enfoncer dans la médiocrité et les contre-vérités”.Marine Le Pen a estimé, de son côté, qu’il “ne pouvait qu’échouer” après avoir inscrit son budget “dans la continuité catastrophique d’Emmanuel Macron”.- “Sursaut” -Renverser le gouvernement qui a été nommé le 5 septembre serait “une dissolution des esprits”, “mais je n’y crois pas”, a insisté Emmanuel Macron. “Tout le monde va prendre ses responsabilités”, a-t-il ajouté, en se refusant à envisager publiquement les options pour remplacer Michel Barnier à Matignon.M. Barnier a enregistré mardi soir le soutien du président (LR) du Sénat Gérard Larcher qui a appelé les députés au “sursaut” pour “dépasser les rancÅ“urs”.Lundi, le Premier ministre avait engagé sans surprise la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), assurant avoir été “au bout du dialogue” avec les groupes politiques, y compris le RN.Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux exigences de l’extrême droite n’auront pas suffi.”Je ne croyais pas que (Marine Le Pen) oserait”, a lâché le Premier ministre lundi après une conversation téléphonique avec la cheffe de file des députés RN.”C’est le RN qui a obtenu le plus de gains politiques”, mais elle “préfère les sacrifier sur le dos des Français”, déplore-t-on dans l’entourage du chef du gouvernement. Elle a “un agenda personnel”, ajoute-t-on de même source, dans une allusion au procès des assistants du RN au Parlement européen, où Marine Le Pen risque l’inéligibilité.Si l’exécutif tombait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin.- Spéculations -Sur les marchés financiers, les taux d’intérêt auxquels emprunte la France se sont tendus face aux incertitudes. Mais la Bourse de Paris est restée quasi-stable, attentiste à la veille du vote.Les spéculations vont déjà bon train sur les successeurs potentiels à Michel Barnier, du ministre des Armées Sébastien Lecornu au centriste François Bayrou dans le camp présidentiel.”Ce n’est vraiment pas le sujet”, a répondu M. Lecornu dans Le Parisien, évoquant “le jeu pas toujours bienveillant” de ceux qui font circuler son nom.L’équation reste toutefois la même à l’Assemblée: aucune configuration ne semble promettre une majorité pour faire passer un budget pour 2025.Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé Emmanuel Macron à nommer un “Premier ministre de gauche”, mais ouvert “au compromis” avec le bloc central, en se disant prêt à prendre ses responsabilités pour Matignon.ab-far-lum-are-bpa/sde/dch   

Croissance, déficit, taux d’emprunt: la France joue gros avec la chute du gouvernement

Croissance affaiblie, assainissement budgétaire ralenti, incertitude accrue… La chute probable du gouvernement sans budget pour 2025 pénalisera la France, estiment des économistes, sans forcément la plonger dans “la tempête” redoutée par le gouvernement. – Déficit malmené -Loi spéciale ou ordonnance, la France dispose de plusieurs moyens d’éviter une paralysie qui empêcherait les fonctionnaires d’être payés par exemple. Mais qu’un nouveau Premier ministre fasse adopter “un budget édulcoré” incluant des concessions ou que le budget 2024 soit reconduit à l’identique, le pays raterait son objectif de réduire son déficit public à 5% du PIB l’an prochain, prévoit Maxime Darmet, économiste chez Allianz.  Un budget 2024 reconduit se traduisant par un gel des dépenses de l’Etat en valeur représenterait entre 15 et 18 milliards d’euros d’économies, explique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Soit un niveau proche de l’effort prévu dans le projet de loi de finances (PLF) initial pour 2025. Les dépenses sociales, indexées automatiquement sur l’inflation, seraient cependant en hausse tandis que l’Etat devrait renoncer aux hausses d’impôts – au moins 20 milliards – qu’il envisageait, comme la surtaxe sur les très hauts revenus ou les bénéfices des grandes entreprises. La banque Natixis estime que dans une telle hypothèse, le déficit atteindrait 5,3% du PIB alors que Paris est déjà épinglé par Bruxelles pour son déficit public excessif.  – Gagnants et perdants -En cas de budget technique, les retraités verraient leur retraite revalorisée à hauteur de l’inflation au 1er janvier, alors que le gouvernement ne prévoyait de le faire totalement que pour les pensions inférieures au Smic, avec un décalage. La menace d’un poids de l’impôt sur le revenu plus important est aussi brandie par le gouvernement.”Près de 18 millions de Français verront leur impôt sur le revenu augmenter, d’autres en paieront pour la première fois parce qu’on n’aura pas pu inscrire dans la loi de finances la réindexation qui est prévue (…)  pour le barème des tranches d’impôt, c’est inéluctable”, a affirmé le Premier ministre Michel Barnier, invité par France 2 et TF1 mardi soir.Ce scénario est cependant loin d’être le plus probable pour le directeur des études économiques à l’IESEG School of Management Eric Dor, joint mardi soir par l’AFP.Un budget pour 2025 voté ultérieurement, au cours de l’année 2025, “contiendra nécessairement cette clause puisque c’est l’habitude de la mettre”, souligne-t-il.Les collectivités territoriales, dont la dotation versée par l’Etat risquerait d’être gelée, pourraient figurer parmi les perdants, souligne Maxime Darmet, qui y voit un risque pour le fonctionnement des services publics. Certaines pourraient compenser le manque à gagner en relevant les taxes locales, notamment la taxe foncière, selon lui. – Croissance faible – La baisse des dépenses pèsera sur la croissance, à des degrés divers selon les scénarios.”Avec un budget reconduit dans les termes de 2024, et notamment sur la partie dépenses, on aurait un retournement de ce qui a permis, pour l’instant, de maintenir un peu de croissance en France”, à savoir “l’investissement public” dans une économie qui en est très dépendante, détaille Charles-Henri Colombier, directeur de la conjoncture chez Rexecode. La pression fiscale en hausse sur les revenus des ménages ne serait pas non plus de nature à encourager la consommation.  A cela s’ajouterait une accentuation de l’effet négatif d’une incertitude politique – jusqu’ici évaluée à 0,2 point de PIB pour 2025 par l’OFCE – qui conduirait ménages comme entreprises à un attentisme prolongé. M. Colombier évoque aussi la défiance grandissante des investisseurs étrangers. Et qui dit moins de croissance, dit moins de rentrées fiscales, compliquant l’équation budgétaire.  – Secousses financières -“Les conséquences de la censure pourraient nous coûter la confiance de nos créanciers et de nos voisins”, a mis en garde mardi le président du Medef Patrick Martin, première organisation patronale.Rétifs à l’incertitude, les marchés financiers connaissent déjà des secousses. Après que Michel Barnier a engagé la responsabilité de son gouvernement, le taux de l’emprunt public français à dix ans a immédiatement grimpé, passant en quelques heures de 2,86% à 2,92%.Le “spread”, écart entre les taux de la France et de l’Allemagne, baromètre de la confiance des investisseurs, a lui aussi connu lundi une hausse rapide, à 0,88 point.”L’impact de cette instabilité politique vous la verrez immédiatement dans les taux d’intérêt qui nous étranglent”, a déclaré mardi soir Michel Barnier, évoquant “des sommes gigantesques pour payer les intérêts à des financiers, à des fonds d’investissement chinois, japonais ou américains”.Dans son malheur, la France a un allié de poids: la Banque centrale européenne. Elle a engagé en juin une politique de baisse des taux, permise par le recul de l’inflation en zone euro, détendant la pression sur les taux d’intérêt des emprunts d’État. Reste que “si rien ne bouge dans les prochains mois, une lassitude pourrait s’installer sur les marchés, et alors, tout pourrait très vite s’emballer”, prévient Aurélien Buffault, gérant obligataire de Delubac AM.

Marine Le Pen, le goût d’être devenue incontournable

En s’apprêtant à voter la censure du gouvernement de Michel Barnier, Marine Le Pen goûte l’étendue de son pouvoir de nuisance envers l’exécutif et réclame plus que jamais les égards qu’elle estime dus à une cheffe de l’opposition.Enfin la consécration, ou presque. “Mme Marine Le Pen l’a rappelé au Premier ministre”: sur le communiqué de Matignon lundi midi revenant sur le déremboursement des médicaments, elle est non seulement citée, mais s’impose en plus comme le sujet.Pour annoncer qu’il accédait à sa demande, Michel Barnier a ajouté les formes au fond. Une manière de témoigner du “respect” tant réclamé par la cheffe de l’extrême droite, a fortiori depuis que le groupe qu’elle préside à l’Assemblée nationale est devenu le plus fourni de l’hémicycle.Marine Le Pen savoure. Mais ne lâche pas, convaincue que ces nouveaux égards sont autant de preuves de son pouvoir de nuisance, et donc de la crainte qu’il peut inspirer: après des échanges téléphoniques avec le chef gouvernement, elle lance le compte à rebours de son éviction. Le temps au moins de cette législature, les successeurs seront prévenus.Après être apparue comme celle qui avait validé le nom de Michel Barnier pour sa nomination, puis obtenu que le nouveau chef du gouvernement prenne la peine de l’appeler quand le ministre de l’Economie l’eut publiquement exclue de “l’arc républicain”, Marine Le Pen peaufine sa stature d’incontournable interlocutrice.Quitte à en réclamer toujours davantage: “C’est quand même au gouvernement ultra minoritaire d’inviter le premier groupe de l’Assemblée nationale à venir potentiellement discuter du budget plutôt qu’à moi d’aller demander au Premier ministre comment faire pour ne pas le censurer”, ruminait-elle encore il y a trois semaines.Mardi, elle concentrait les attaques de l’exécutif: Emmanuel Macron a fustigé le “cynisme insoutenable” du RN depuis l’Arabie saoudite et Michel Barnier a déploré sur TF1 et France 2 qu’elle soit entrée “dans une sorte de surenchère”. Mais quand l’entourage du locataire de Matignon assure que “la garde rapprochée” de Marine Le Pen a refusé “à trois reprises des opportunités de rencontres” à Matignon, le parti à la flamme voit rouge: “la première prise de contact avec le cabinet de Michel Barnier a eu lieu le 8 novembre à notre demande”.”Après les premières discussions, il nous a été répondu que +l’agenda du Premier ministre était très tendu+ et qu’il serait difficile de recevoir Marine Le Pen. C’était il y a près d’un mois”, poursuit l’entourage de la patronne, pour mieux se plaindre d’un traitement de défaveur dont ils s’estiment victimes.- “Trace indélébile” – Car le mouvement d’extrême droite, qui s’est longtemps complu dans une forme de marginalité, a depuis théorisé son institutionnalisation.Après une législature 2022-2024 lors de laquelle le RN a éprouvé une “stratégie de la cravate” – en miroir de celle de “bordélisation de l’hémicycle” revendiquée par une partie de La France insoumise -, la situation politique née de la dissolution devait l’installer comme faiseur de roi. Voire défaiseur.Mais, si les députés RN devaient censurer mercredi le gouvernement Barnier, Marine Le Pen prend le risque de faillir à sa promesse de responsabilité aux yeux de l’opinion publique, préalable à une quatrième candidature à l’Elysée.”Le coût pour (elle) est très cher par rapport à sa stratégie de conquête de l’électorat modéré: c’est en rupture avec tout ce qu’elle fait depuis dix ans et ça peut être une trace indélébile. Elle va devoir expliquer qu’elle vote contre ce qu’elle a demandé et obtenu”, observe un familier d’Emmanuel Macron. Un conseiller de Matignon rappelle, lui, que le RN a obtenu “le plus de gains politiques” dans les projets de budgets. “Elle casse le pays, sans plan derrière”, fustige le même, alors que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a estimé que la triple candidate à la présidentielle “s’enferme dans une logique de chaos” et “montre qu’elle n’a d’autre objectif que son agenda personnel”.Reste que, sans dissolution possible avant juillet, Marine Le Pen s’ancre au centre du jeu pendant au moins sept mois. Sauf à la constitution d’un nouveau “socle commun”, davantage solide? “Je ne renonce pas à l’idée qu’on puisse agripper une partie de la gauche”, assurait mardi un ponte du MoDem. “Comme ça, il en sera fini du chantage de Marine Le Pen”.

Barnier compte sur un “réflexe de responsabilité” des députés pour ne pas le censurer

Michel Barnier a jugé “possible” que les députés lors du vote de la motion de censure mercredi, promis par la gauche et l’extrême droite, aient un “réflexe de responsabilité”, tout en écartant la possibilité d’être renommé à Matignon si son gouvernement tombait.”Je pense que c’est possible qu’il y ait ce réflexe de responsabilité où, au-delà des différences politiques, des divergences, des contradictions normales dans une démocratie, on se dise qu’il y a un intérêt supérieur”, a déclaré le Premier ministre lors d’un entretien depuis son bureau à Matignon sur TF1 et France 2.”Je pense que l’intérêt supérieur du pays, le bien commun, l’intérêt national, ça veut dire quelque chose”, a-t-il ajouté.Michel Barnier a cependant écarté la possibilité d’être renommé à Matignon s’il était censuré, s’interrogeant sur “le sens” d’un tel scénario.”J’ai envie de servir. Je vous ai dit que c’est un grand honneur. Mais qu’est-ce que cela (une renomination comme Premier ministre, ndlr) a comme sens?”, a-t-il demandé. “Si je tombe demain, après-demain, on me retrouve là comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé ?”.Aujourd’hui, “ce n’est pas moi qui suis en cause”, “cela dépasse très largement ma seule condition”, a ajouté le chef du gouvernement qui avait dit en arrivant avoir “découvert” une situation budgétaire difficile, avec un déficit qui devrait atteindre 6,1% du PIB en 2024.Michel Barnier a mis en garde contre les conséquences d’une éventuelle censure et d’un rejet du projet de budget de la Sécurité sociale. “Dix-huit millions” de Français “verront leur impôt sur le revenu augmenter” si le budget 2025 n’est pas adopté, a-t-il assuré.”L’impact de cette instabilité politique, vous la verrez immédiatement dans les taux d’intérêt”, a-t-il complété.Michel Barnier a récusé avoir été “dans du marchandage” ou “du chantage” avec le Rassemblement national mais accusé sa cheffe de file Marine Le Pen d’avoir “essayé d’entrer dans une sorte de surenchère”.”Il y a eu une écoute”, “une sorte de négociation”, a-t-il ajouté. “J’ai toujours dit que ce texte (le budget) était perfectible” et “on a écouté tout le monde et on a donné des avancées, des progrès sur beaucoup de points”, a-t-il fait valoir.

Censure: Gérard Larcher appelle au “sursaut” des députés pour “dépasser les rancoeurs”

Le président du Sénat Gérard Larcher, soutien de Michel Barnier, a appelé mardi les députés à un “sursaut” pour éviter la censure du gouvernement et “dépasser les rancoeurs” politiques, dans une tribune au Figaro.”J’appelle chacune et chacun à se dépasser pour la France et à refuser les conséquences d’une instabilité politique et les incohérences d’un vote de censure”, a écrit le président Les Républicains de la chambre haute, quelques minutes après le passage au JT de 20H00 du Premier ministre, menacé de censure dès mercredi à l’Assemblée nationale.Resté très silencieux ces dernières semaines pendant les débats budgétaires, M. Larcher redoute les conséquences d’une censure du chef du gouvernement, qui mettrait selon lui “en péril la vie quotidienne de nos concitoyens, notre souveraineté, notre économie et les indispensables réformes” à mener.”Nous connaissons tous la genèse de cette crise mais, aujourd’hui, j’en appelle au sursaut pour dépasser les calculs politiques, les surenchères, les rancÅ“urs et les velléités de revanche”, plaide celui qui a toujours fustigé la décision de dissolution d’Emmanuel Macron, même si celle-ci a permis au final à un membre de sa famille politique (LR) d’entrer à Matignon.”Et si nous faisions enfin preuve d’un vrai sens républicain ?” interroge le président du Sénat, troisième personnage de l’Etat.Le patron de la Haute assemblée s’est positionné depuis la nomination du Premier ministre comme l’un de ses alliés les plus précieux, notamment en raison de la très large majorité de soutien qui existe dans l’hémicycle du Sénat, avec près de 250 sénateurs dans le camp gouvernemental, sur 348.Les rapports de force du Sénat avaient notamment permis au gouvernement d’obtenir un accord entre députés et sénateurs sur le budget de la Sécurité sociale, pour aboutir à un texte de compromis qui a fait l’objet lundi du premier 49.3 de Michel Barnier, suivi du dépôt de deux motions de censure, par la gauche et le Rassemblement national. Ces motions seront examinées mercredi après-midi.