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Retailleau accuse Averroès d”entrisme islamiste”, le lycée musulman dénonce des “rumeurs”

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d’association avec l’Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, “est un bastion de l’entrisme islamiste”, a accusé jeudi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en souhaitant “que l’Etat fasse appel”.L’association gérant le lycée a réagi dans un communiqué, déplorant que le ministre foule “aux pieds l’état de droit” et véhicule “des rumeurs destinées à fracturer la société française en ciblant les musulmans”.”Les faits sont graves, ils sont significatifs de l’entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme”, a déclaré le ministre, lors d’une conférence de presse à Marseille. Le contrat d’association entre l’Etat et le lycée Averroès, qui était jusqu’en septembre 2024 le principal lycée musulman sous contrat de France, avait été résilié en décembre 2023 par la préfecture du Nord, qui avait évoqué des “manquements graves aux principes fondamentaux de la République”.”Il ne s’agissait pas de fermer un lycée, il s’agissait d’interrompre un contrat d’association qui est la voie par laquelle l’Etat subventionne, aide financièrement, avec l’argent des Français, un établissement”, a-t-il souligné. Mercredi, le tribunal administratif de Lille a expliqué avoir annulé cette décision de résiliation parce qu’elle n’établissait pas “l’existence de manquements graves au droit” et que la procédure était “entachée d’irrégularités”.”On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l’argent des Français n’a rien à faire dans ce genre d’organisation”, a insisté Bruno Retailleau.”Pour ce qui me concerne, je souhaite que l’Etat fasse appel”, a-t-il dit.Un avis partagé par le ministre de la Justice Gérald Darmanin. “Ce n’est pas seulement un combat juridique, c’est aussi un combat culturel”, a souligné M. Darmanin, dans un entretien avec le quotidien La Voix du nord, tout en estimant qu'”il faut des lycées musulmans sous contrat”.M. Retailleau a également annoncé son intention de rendre public “dans quelques jours” un rapport “accablant”, “constitué à partir de renseignements des services les plus qualifiés de l’Etat”, sur le “+frérisme+, les frères musulmans et leur entrisme”. “Ce rapport montre qu’il y a des menaces, qu’on appelle l’entrisme, qui est un islamisme politique qui se déploie à bas bruit, qui tente d’infiltrer la société française par le biais d’associations sportives, culturelles, sociales, y compris des municipalités. Bientôt, il y aura une élection municipale, il faudra être extrêmement vigilant”, a-t-il dit.”Cet islamisme politique conquérant voit loin. Il a une temporalité très longue, mais son objectif reste le même. Il s’agit non plus, comme voulait le faire le séparatisme, de créer des petites contre-sociétés, séparées de la communauté nationale, mais de faire basculer toute la société française demain dans la charia, avec le credo que la loi islamiste est au-dessus de la loi républicaine”.Les responsables du lycée musulman lillois ont regretté “vivement” que “deux acteurs politiques éminents”, le président de la Région Xavier Bertrand, et le ministre de l’Intérieur, “foulent ainsi aux pieds l’état de droit”. Ils “véhiculent encore une fois des rumeurs destinées à fracturer la société française en ciblant les musulmans de France”, a réagi l’association Averroès dans un communiqué.Xavier Bertrand avait réagi mercredi sur X souhaitant “que l’Etat fasse appel de la décision”. La Région “ne reprendra pas les versements du forfait d’externat (dû aux lycées privés dans le cadre du contrat d’association avec l’Etat, NDLR) tant qu’un jugement définitif n’est pas intervenu dans ce dossier”, avait indiqué la collectivité dans un communiqué.L’association Averroès a regretté “la manière dont nous faisons à nouveau l’objet de récupération politique” et appelé les pouvoirs publics à “mettre fin à l’acharnement administratif”.faa-alc-lg-cnp/cbn

Drogues: Darmanin veut généraliser la confiscation des téléphones des consommateurs

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé jeudi la généralisation de la confiscation des téléphones portables des consommateurs de drogues.”Je vais donner une instruction, une circulaire cet après-midi à tous les procureurs de la République de France pour que consommateurs et vendeurs de drogue, lorsqu’ils seront attrapés, non seulement paieront l’amende forfaitaire que nous avons mise en place, mais par ailleurs se verront saisir leur téléphone portable”, a déclaré le garde des Sceaux sur franceinfo.La circulaire, consultée par l’AFP demande aux parquets de “veiller à la mise en oeuvre systématique de la saisie des téléphones portables des personnes interpellées pour usage illicite de stupéfiants, en vue de leur confiscation par le tribunal”.”Cette mesure, pleinement justifiée par la finalité de prévention de la récidive et de lutte contre les réseau, doit devenir un réflexe de réponse pénale à l’usage de stupéfiants”, détaille la circulaire.Elle précise toutefois dans une note de bas de page que “le recours à la procédure simplifiée de l’amende forfaitaire délictuelle”, de 200 euros pour usage de drogues, “exclut toute saisie”.Le ministre entend ainsi généraliser une expérimentation menée par le procureur de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) visant à saisir et confisquer les téléphones portables utilisés par les usagers pour effectuer leur transactions via des messageries cryptées.”Aujourd’hui, la loi nous permet de saisir un téléphone portable, une voiture, une moto, un quad”, de les “confisquer”, “c’est-à-dire (les) vendre avant même que la personne soit condamnée”, a déclaré Gérald Darmanin. “L’expérimentation que met en place le procureur de Bayonne, nous allons la généraliser.””La saisie de manière générale, la saisie d’argent, la saisie de voitures, la saisie de téléphones, la saisie de vos objets est parfois plus dissuasive qu’une poursuite judiciaire”, a-t-il ajouté.Sur les ondes de la radio locale Ici Pays Basque, le procureur de Bayonne Jérôme Bourrier a défendu “une répression plus assumée de l’usage des stupéfiants et des consommateurs”.Il s’agit de mettre en place la “saisie et confiscation systématique des smartphones des usagers de stupéfiants dès lors qu’il est établi en procédure que ce téléphone portable a été utilisé dans la relation entre l’usager et son vendeur”, a expliqué le magistrat.”Sur instruction du parquet”, le smartphone de l’usager sera ainsi “saisi” et “confisqué, soit dans le cadre d’une mesure alternative (aux poursuites, NDLR) du parquet, soit dans le cadre d’une ordonnance pénale délictuelle ou d’un jugement devant la juridiction”, a détaillé le procureur de Bayonne.”De plus en plus souvent, le trafic de stupéfiants utilise des réseaux cryptés, des moyens de communication, ce phénomène qu’on appelle +Ubershit+ ou +Ubercoke+”, “je pense qu’il est de bonne politique de frapper là où ça fait mal et saisir ces téléphones portables”, a défendu M. Bourrier.

Congrès PS: Nicolas Mayer-Rossignol prend la tête des anti-Faure

Le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol a été désigné jeudi candidat à la présidence du PS lors du futur congrès, au nom de la motion des principaux opposants à Olivier Faure, ont-ils annoncé dans un communiqué. Ils confirment ainsi la fusion des courants des trois principaux opposants au premier secrétaire, Nicolas Mayer-Rossignol, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy et le député Philippe Brun. Ils avaient entamé des discussions en ce sens il y a une dizaine de jours.Comme lors du dernier congrès à Marseille, Nicolas Mayer-Rossignol est le premier signataire de la motion, devant Hélène Geoffroy, Philippe Brun, la présidente d’Occitanie Carole Delga, le maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) Karim Bouamrane et l’élue de Paris Lamia El Aaraje.  “Aujourd’hui nous sommes parvenus à un nouveau rassemblement, le plus large au sein du Parti socialiste et à un texte d’orientation commun”, écrivent-ils, évoquant un rassemblement “inédit par son périmètre comme par sa composition”. “Il est porté par un pack, une équipe renouvelée et expérimentée composée de personnalités issues de parcours, d’horizons et de territoires divers, ruraux comme urbains”, se félicitent-ils.Les signataires tendent à nouveau la main à Boris Vallaud, le chef des députés PS, qui a lui aussi annoncé son intention d’être candidat.”Nous lui proposons une fois encore de rejoindre ce grand rassemblement inédit à vocation majoritaire, sans préalable sur le dispositif humain, ouvert à toutes les bonnes volontés”, insistent-ils, rappelant qu’ils partagent ses propositions “sur la nécessité de remettre le Parti au travail, sur la création d’un institut de formation et de recherche pour les militants, sur la nécessité de renouer le lien avec nos élus locaux et les territoires”.Appelant à “une clarification de la ligne politique du Parti socialiste”, ils réaffirment “que le NFP est caduc”, et réclament “que la ligne politique majoritaire issue de ce congrès exclut toute ambiguïté vis-à-vis de LFI”.Ils promettent “dès le lendemain du Congrès”, de s’atteler “à former une fédération de la Gauche dotée d’une plateforme programmatique commune, qui rassemblera notamment toute la famille des socialistes dispersés”. “C’est en son sein et non pas via une primaire sans cohérence sur le fond, que pourra émerger un processus pour désigner un ou une candidate”, poursuivent-ils, en opposition à “la plateforme” de gauche allant du député ex-LFI François Ruffin au leader de Place Publique Raphaël Glucksmann, que souhaite Olivier Faure.

Macron “ne prendra aucune décision” de retrait de Légion d’honneur à Nicolas Sarkozy

Emmanuel Macron, grand maître de l’Ordre national de la Légion d’honneur, a indiqué jeudi qu’il “ne prendra aucune décision” de retrait de cette décoration à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, définitivement condamné par les juridictions pénales françaises.”Je pense que c’est très important que les anciens présidents soient respectés”, a fait valoir le chef de l’Etat en marge d’un déplacement à Madagascar, en considérant “que ce ne serait pas une bonne décision” que de déchoir M. Sarkozy de la Légion d’honneur.La question a été ouverte après la condamnation définitive en décembre de M. Sarkozy à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme, pour corruption d’un haut magistrat dans l’affaire dite des écoutes. Depuis février, l’ancien chef de l’Etat est équipé d’un bracelet électronique limitant ses déplacements.Lors d’une conférence début mars, le général François Lecointre, chancelier de la Légion d’honneur, avait affirmé que le retrait de la Légion d’honneur de Nicolas Sarkozy était “de droit”.L’avocat de l’ancien président de la République, Me Patrice Spinosi, avait alors rappelé que son client avait été élevé grand-croix lors de son accession à la tête de l’Etat en 2007.La Légion d’honneur de Nicolas Sarkozy est “attachée à sa fonction” d’ancien chef de l’Etat et non à sa personne, a fait valoir l’avocat.

Fonction publique: Bayrou exhorte à maitriser les mesures catégorielles

La masse salariale des agents de la fonction publique a atteint 107 milliards d’euros en 2024, en hausse de 6,7% et la “maitrise” de ces dépenses, en particulier les mesures catégorielles, doit “impérativement être renforcée”, selon une circulaire du Premier ministre adressée au gouvernement et diffusée jeudi.Emplois, crédits, masse salariale: une circulaire de François Bayrou exhorte le gouvernement à la rigueur dans l’exécution du budget, et en particulier concernant les “dépenses catégorielles”, des mesures décidées par les ministères et ciblées en faveur de certaines catégories d’agents publics dans la police, la justice, l’éducation par exemple.”Au titre de la seule année 2024, les mesures catégorielles se sont traduites par une hausse de 3,7 milliards d’euros de la masse salariale de l’Etat”, peut-on lire dans ce document, et elles représentent une enveloppe de crédits “nettement supérieure à celle consacrée aux mesures générales”. Si ces politiques ciblées peuvent être “légitimes”, afin notamment de “mieux reconnaitre certaines missions essentielles ou de remédier à des difficultés d’attractivité de certains métiers”, elles peuvent également “être source d’inégalités si elles ne s’inscrivent pas dans une approche d’ensemble”, peut-on lire.  D’autre part, ces mesures sont pérennisées dans les dépenses de masse salariale dès l’année suivant leur mise en oeuvre et ont pour conséquence une augmentation des dépenses de personnel à long terme, relève le Premier ministre, qui exhorte à “respecter les enveloppes budgétées” et de “limiter les hausses sur les exercices suivants”. Il s’agit d’un rappel de “quelques règles de bon sens”, notamment que “les mesures catégorielles doivent faire l’objet d’un accord préalable, en particulier pour respecter une cohérence interministérielle”, a indiqué à l’AFP Laurent Marcangeli, ministre de la Fonction publique.A l’avenir, les ministres sont invités à justifier d’éventuelles futures demandes de mesures catégorielles notamment par une “gestion prévisionnelle des emplois et des compétences”, la “situation démographique”, “l’attractivité des missions”.Les demandes devront également être assorties de propositions visant à “simplifier le cadre statutaire, indiciaire et indemnitaire”, sans surcoût. Et ces propositions pourront aboutir à “supprimer des régimes indemnitaires obsolètes”, ou à envisager des “fusions de corps”, peut-on également lire. 

Arcelor Mittal: “L’Etat français doit intervenir au capital”, estime François Ruffin

“L’État français doit intervenir au capital” d’Arcelor Mittal, a déclaré jeudi le député François Ruffin devant le site de Dunkerque, au lendemain de l’annonce par le groupe sidérurgique de la suppression envisagée de quelque 600 postes dans le nord de la France.”L’industrie est en train de crouler. Cela fait 40 ans qu’on la mine, elle est en train de crouler sous des effets d’importations massives et à bas coût”, a déploré le député de gauche de la Somme.Selon lui, une entrée au capital de l’État n’est qu’un volet: “Il doit y avoir derrière un volet protection”, avec “des protections européennes”, des “taxes aux frontières”, des “barrières douanières”, des “quotas d’importation”, sinon, “l’industrie sur notre continent, c’est fini”, a-t-il estimé. Le deuxième sidérurgiste mondial, aux prises avec une crise historique de l’acier en Europe, a suspendu des projets d’investissements massifs dans la décarbonation du site de Dunkerque, réclamant des mesures pour protéger l’acier décarboné européen de la concurrence.Le secrétaire général de la CGT ArcelorMittal Dunkerque, Gaëtan Lecocq, a également appelé l’Etat à intervenir “rapidement”, à défaut de quoi on parlera “de milliers, voire de dizaines de milliers d’emplois” menacés, a-t-il alerté. “C’est la première saignée. Il faut arrêter l’hémorragie tout de suite”, a ajouté le syndicaliste. Nous sommes “pour un acier vert, si Mittal ne veut pas le faire, qu’il dégage. On n’a pas besoin de Mittal pour faire du métal”.”La stratégie de Mittal, c’est de se désengager de l’Europe”, a-t-il déploré, accusant Mittal de vouloir “augmenter sa marge”. “Nous, on travaille dans l’industrie, lui c’est un financier, s’il veut laisser crever l’outil, qu’il s’en aille, et qu’on nationalise l’industrie”, a-t-il ajouté.ArcelorMittal a annoncé mercredi envisager quelque 600 suppressions de postes dans le nord de la France, touchant les fonctions support délocalisées de l’Europe vers l’Inde, mais aussi la production, à la grande surprise des syndicats.Le projet concerne les usines de Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire, qui emploient au total quelque 7.100 salariés.Cette “mauvaise nouvelle” est due “à la non-compétitivité de la sidérurgie européenne dans son ensemble”, a estimé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur CNews/Europe1. Elle a rappelé “la surproduction chinoise, notamment en acier, qui vient complètement bousculer les marchés de l’acier”. 

Bétharram: Bayrou “ne savait pas” et “ne pouvait pas comprendre”, dit sa fille

François Bayrou, Premier ministre et désormais “père d’une victime” dans l’affaire Bétharram, “ne pouvait pas comprendre” le “système pervers” de l’établissement catholique, a déclaré jeudi sa fille sur France Inter, à l’occasion de la sortie du livre du porte-parole des victimes Alain Esquerre.Dans “Le Silence de Bétharram”, publié aux éditions Michel Lafon, Hélène Perlant (née Bayrou) raconte son passage à tabac, lors d’une colonie de vacances, par un curé qui intervenait par ailleurs à Igon, établissement pour filles géré par la congrégation de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) où elle était scolarisée.François Bayrou “est le père d’une victime, ce qu’il ne savait pas” jusqu’à mardi, a déclaré sa fille aînée au micro de France Inter, se disant “victime quelconque”, “parmi d’autres”, d’un “dispositif pervers”.”Ce système, et c’est absolument génial, à la fin ça se retourne contre les parents qui n’ont rien vu, qui sont accusés”, a-t-elle déclaré, prenant la défense de son père, ancien ministre de l’Éducation nationale (1993-1997).”Lui, comme les autres, ne pouvait pas comprendre parce que ça fonctionne comme ça, en fait: on a tout sous les yeux (…) sauf qu’on l’a tellement sous les yeux qu’on ne voit rien, on ne peut pas comprendre”, a-t-elle insisté.Hélène Perlant a aussi évoqué son “effroi” face aux violences subies par un camarade, devant ses yeux, durant l’année scolaire 1987-1988. Un “épisode oublié”, rappelé à son souvenir par une plainte pour “non-dénonciation de crime et délit” déposée en février contre son père, “forcément” mis au courant de l’épisode par sa fille, selon le plaignant.François Bayrou doit être entendu le 14 mai par la commission d’enquête parlementaire née du scandale. Accusé d’avoir été au courant, dans le passé, des agissements dénoncés aujourd’hui, il a démenti fermement à plusieurs reprises.”Ça me poignarde le cÅ“ur”, a réagi mercredi le Premier ministre après les révélations de sa fille.En février, le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire après une année d’enquête et plus de 200 plaintes déposées. Un ex-surveillant a été mis en examen pour viol et agression sexuelle. Deux autres mis en cause ont bénéficié de la prescription des faits.Devant ce qu’il décrit comme “la plus importante affaire” pédophile en France, Alain Esquerre a milité jeudi pour une “libération de la parole”. “Si tout le monde se met à parler, nous allons en avoir la nausée, on est des millions, on est des légions.”

Pour Bayrou, les attaques contre les prisons sont une réaction à la loi narcotrafic

Les attaques “intolérables” perpétrées contre des prisons ou leurs personnels montrent que les mesures carcérales “plus sévères” annoncées pour les narcotrafiquants les plus dangereux “touchent juste”, a estimé mercredi François Bayrou en visite auprès d’agents pris pour cible.Le Premier ministre s’est rendu au Centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, après des tirs d’arme à feu et des jets de cocktails Molotov sur un lotissement situé sur la ville voisine de Villefontaine, où résident certains des agents de cette prison.Au delà de cette attaque, “65 faits” d’agressions ou dégradations ont été commis depuis 10 jours contre des centres pénitentiaires et leurs agents, a indiqué dans la matinée le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui accompagnait M. Bayrou au côté de son homologue de la Justice Gérald Darmanin.”Ces attaques montrent que l’action du gouvernement et de l’État touche juste”, a déclaré le Premier ministre devant la presse, en évoquant des “réseaux” qui se “croyaient en situation d’impunité” et “tout d’un coup, voient la perspective de sanctions plus sévères, plus rigoureuses, sans les moyens de continuer à exercer leurs activités néfastes depuis la prison”.Une proposition de loi destinée à lutter contre le fléau du narcotrafic et qui pourrait être adoptée définitivement à la fin du mois, prévoit notamment de créer des quartiers de haute sécurité pour les narcotrafiquants les plus dangereux. La prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, se prépare à accueillir à l’été 100 de ces criminels.Cette visite vise aussi à “montrer au personnel pénitentiaire qu’on est avec eux”, a poursuivi M. Bayrou, “parce qu’ils sont en première ligne (…) parce qu’ils sont notre dernier recours.”-“Intimidation”-Face à la “volonté d’intimidation” derrière des attaques “sans doute coordonnées”, le Premier ministre a annoncé que les agents qui le souhaitent pourraient “avoir une surveillance” de leur domicile.”Personne n’est en sécurité”, a confié à l’AFP sous couvert d’anonymat une représentante locale de l’Union Fédérale Autonome Pénitentiaire (UFAP). “J’ai accepté le danger en m’engageant dans la pénitentiaire. Mais je ne m’étais pas engagée à mettre en danger ma famille.” Pour elle, “la seule” avancée à l’heure actuelle, c’est “la mise en place de forces de l’ordre sur les débuts et fins de service des agents pour les sécuriser.””Nous mettons le paquet” pour retrouver les auteurs de ces attaques, a pour sa part assuré Bruno Retailleau sur BFMTV-RMC. Selon lui, “125 enquêteurs sont mobilisés, avec l’appui de 30 autres de la police scientifique et technique” sous l’autorité du parquet national antiterroriste (PNAT), qui s’est saisi de 13 des attaques.”Il y avait au départ trois pistes: une piste ultra-gauche, une piste ingérence étrangère et un autre narcotrafic, des narcoracailles. Quand on voit la configuration des choses, quand on voit que ça vient juste après la loi narcotrafic… (…) Il y a un lien qui paraît assez évident”, a-t-il encore assuré.- Vinci visé -Depuis dix jours, un groupe revendiquant la “défense des droits des prisonniers français”, ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, vise les établissements ou agents pénitentiaires, publiant vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram. Si le mode opératoire de certains faits, comme l’attaque à villefontaine, porte les marques de la criminalité organisée, d’autres actions font davantage penser à l’ultragauche, relève une source policière, pour qui certains militants ont pu se greffer sur la campagne initiale.Des dégradations par incendie ont ainsi été réalisées mardi matin sur les bâtiments d’une filiale du groupe Vinci construction, à Villeurbanne. L’inscription “pas de CRA Dijon, ni aucune prison, DDPF” a été laissée sur les lieux, selon cette source.Sollicité par l’AFP, le parquet national antiterroriste (Pnat) a indiqué mercredi soir être, “à ce stade”, “en lien étroit” avec le parquet de Lyon chargé de la procédure.Une revendication d’un groupe baptisé DDPF est arrivée par mail jeudi à l’AFP. “C’est pour dénoncer Vinci et toutes les autres entreprises qui gagnent de la thune en construisant des prisons où des milliers de gens sont maltraités”, écrit ce groupe en reprochant à cette filiale de participer à la construction d’un centre de rétention administrative (CRA) à Dijon.”Nous travaillons sur l’ensemble des pistes qui sont possibles, toutes vont être exploitées”, a souligné le procureur Olivier Christen, à la tête du Pnat, qui accompagnait les ministres à Saint-Quentin-Fallavier.

Condamnation du RN: le Parlement européen réclame ses 3,5 millions d’euros de dommages et intérêts

Le Parlement européen a indiqué mercredi avoir réclamé au Rassemblement national ainsi qu’à l’ensemble des parties condamnées dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, dont Marine Le Pen, les quelque 3,5 millions d’euros des dommages et intérêts.”Compte tenu du jugement du 31 mars, l’avocat représentant le Parlement européen a mis en Å“uvre les conclusions retenues par le jugement et transmis les demandes de remboursement des sommes retenues dans la décision du tribunal”, a indiqué à l’AFP le service de presse du Parlement.Dans sa décision, la juridiction correctionnelle de Paris avait condamné solidairement le parti d’extrême droite, les eurodéputés visés ainsi que leurs assistants parlementaires, payés sur des fonds européens mais dont la justice a établi en première instance que leur activité était au seul bénéfice du RN, à 3.247.982,87 euros de préjudice matériel et 200.000 euros de préjudice moral. A cela s’ajoutent 80.000 euros de frais d’avocat.Les magistrats avaient en outre prononcé l’exécution provisoire de ces condamnations civiles, c’est-à-dire leur application immédiate sans qu’un appel ne suspende leur exigibilité.”Comme il le fait de façon systématique et constante, le Parlement européen s’est constitué partie civile dans l’enquête ouverte par la justice française en vue d’obtenir la réparation des préjudices financiers et de réputation. On notera que les fonds dont il est question ici sont de l’argent public européen et, en ce sens, les citoyens européens et les contribuables français sont tout autant victimes dans cette affaire que ne l’est le Parlement européen”, fait encore valoir l’institution strasbourgeoise.”C’était prévisible, mais je trouve que le tempo, le feuilleton de l’affaire est en tout cas assez savamment orchestré du côté du Parlement européen”, a commenté mercredi sur FranceInfo le député RN Laurent Jacobelli.Le parti à la flamme ainsi que 12 des personnes condamnées dans le dossier des assistants d’eurodéputés du parti, dont Marine Le Pen, ont interjeté appel du jugement. Un second procès doit avoir lieu au premier semestre 2025 devant la Cour d’appel de Paris, laquelle a indiqué qu’elle entendait rendre sa décision au cours de l’été de l’année prochaine.

Bétharram: la sortie d’un livre devancée par une interview de la fille de Bayrou

L’interview d’une fille de François Bayrou a fait de l’ombre à la sortie, jeudi, du livre du porte-parole des victimes de Bétharram, Alain Esquerre, qui retrace son combat contre le “déni collectif” des violences de l’institution catholique et appelle à “ne plus regarder ailleurs”.Dans une interview à Paris Match publiée mardi, Hélène Perlant, l’aînée du Premier ministre, a révélé qu’adolescente, lors d’un camp d’été, elle fut rouée de coups par un curé officiant dans le collège de filles dirigé par la congrégation religieuse au cÅ“ur du scandale, où elle était scolarisée.”On se doutait que c’est ça qui serait mis en avant, c’est malheureux pour les victimes parce que ça leur vole un peu la vedette”, a déclaré Alain Esquerre mercredi à l’AFP, ajoutant que la fille de François Bayrou était aussi “très agacée” par la situation.”C’est très injuste, tout le monde parle de Paris Match, le livre n’est quasiment plus signalé”, a insisté Alain Esquerre.L’avant-dernier chapitre de son ouvrage “Le Silence de Bétharram” (éd. Michel Lafon) est consacré à “Hélène”. Elle y raconte les violences qu’elle a subies, affirmant n’en avoir jamais parlé à ses parents.”En tant que père de famille, ça me poignarde le cÅ“ur (…) Qu’on ne l’ait pas su et que des dérives de cet ordre aient eu lieu, pour moi, c’est presque insupportable”, a réagi mercredi le chef du gouvernement lors d’un déplacement en Isère.Mais sa fille “n’est pas le centre de l’affaire”, a-t-il ajouté, “et en tant que responsable public, qui dépasse le père de famille, c’est aux victimes que je pense”.- “Une victime quelconque” -Hélène Perlant a contacté Alain Esquerre le 21 février, en lui précisant d’emblée qu’elle ne voulait pas parler du “scandale Bayrou” mais partager ses réflexions sur le “déni collectif” qui a entouré, des décennies durant, les violences commises à Bétharram.Dans l’interview à Paris Match, Hélène Perlant répond en revanche à plusieurs questions concernant son père, qui doit être entendu le 14 mai par la commission d’enquête parlementaire née du scandale.Accusé d’avoir été au courant, dans le passé, des agissements dénoncés aujourd’hui par d’anciens élèves, et d’être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de l’institution, François Bayrou a démenti fermement à plusieurs reprises.”On fantasme le surhomme, le ministre ? On veut le mouiller ? C’est juste un quidam quelconque comme je suis une victime quelconque”, déclare sa fille.Pour elle, c’est le “déni collectif” qui a empêché son père, “comme tous les autres parents”, dit-elle, de comprendre “le système” et la “perversité” en place à Notre-Dame-de-Bétharram.- “Crime parfait” -Alain Esquerre a voulu dédier son récit de 250 pages “à tous les enfants victimes de violences physiques, morales et sexuelles commises par des adultes”.Le silence qui a prévalu jusqu’ici n’est “pas seulement celui d’une époque” mais celui “d’une nation” face à un “crime parfait”, commis sur des enfants “qui ont de très nombreuses raisons de ne pas parler”, estime l’ancien pensionnaire, victime lui-même de violences physiques.Il décrit un lieu conçu comme une “secte”, avec des enseignants jeunes, en début de carrière, face à des enfants “toujours en slip” lors des punitions ou dans la file de la douche hebdomadaire.On ne s’y fait pas agresser par malchance mais “selon une logique, un choix réfléchi”, analyse-t-il, face à la récurrence de témoignages d’enfants de familles monoparentales, élevés par une mère veuve ou une grand-mère pieuse.Les sévices défilent sous la plume de celui qui a recueilli, inlassablement, la parole de plus de 200 victimes depuis l’automne 2023 : les masturbations imposées sous la tente, les “douleurs anales aiguës” ressenties par un élève passé par la chambre d’un surveillant, les piqûres de seringues remplies d’eau dans les bras, qui font “un mal de chien” ; ou la “confession” qu’un prêtre fait subir à un jeune garçon, nu et agenouillé devant lui.Alain Esquerre évoque aussi ces repas où l’on ne mange pas à sa faim, malgré les 10.000 francs annuels de frais de scolarité, et revient sur la mort d’un enfant malade, une nuit au dortoir, alors qu’il est seulement sous la surveillance d’adolescents.Le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire il y a deux mois après une année d’enquête sur les plaintes. Un ex-surveillant de Bétharram a été mis en examen et placé en détention provisoire pour viol et agression sexuelle. Deux autres mis en cause ont bénéficié de la prescription des faits.