AFP Politics

Liban : Washington et Paris veilleront à ce que le cessez-le-feu soit “mis en oeuvre dans son intégralité”

Les Etats-Unis et la France vont veiller à ce que l’accord de cessez-le-feu au Liban, qui entrera en vigueur mercredi matin selon Washington, soit “mis en Å“uvre dans son intégralité”, ont déclaré mardi soir Joe Biden et Emmanuel Macron dans un communiqué commun.”Les États-Unis et la France travailleront avec Israël et le Liban pour veiller à ce que cet arrangement soit mis en Å“uvre dans son intégralité et appliqué”, ont souligné les présidents américain et français dans un communiqué conjoint, se disant “déterminés à faire en sorte que ce conflit ne provoque pas de nouveau cycle de violence”.Cet accord “protégera Israël de la menace que représentent le Hezbollah et les autres organisations terroristes opérant depuis le Liban”, ont assuré les deux chefs d’Etat. “Elle créera les conditions nécessaires au rétablissement durable du calme et permettra le retour en toute sécurité dans leurs foyers des habitants des deux côtés de la Ligne bleue”, la ligne de démarcation fixée par l’ONU entre le Liban et Israël, ont-ils affirmé.Les États-Unis et la France, qui Å“uvrent depuis des semaines à cette trêve, “s’engagent à jouer un rôle de premier plan dans le soutien aux efforts déployés à l’échelle internationale pour renforcer les capacités des Forces armées libanaises et favoriser le développement économique dans l’ensemble du Liban afin de promouvoir la stabilité et la prospérité dans la région”, ont ajouté les deux chefs d’Etat.Israël a approuvé mardi soir un cessez-le-feu dans sa guerre au Liban avec le Hezbollah, après plus d’un an d’hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte entre l’armée israélienne et la puissante formation libanaise armée, soutenue par Téhéran.

Lutte contre le narcotrafic: la Cour des comptes tacle la non-application de certaines mesures

Dans la lutte contre le narcotrafic, certaines priorités du plan antistupéfiants 2019-2023 n’ont pas été concrétisées, avec des “effets peu pérennes” et sans “résultats durables”, estime la Cour des comptes dans un rapport rendu public mardi soir.”Cinq ans après son lancement, le plan national antistupéfiants présente des résultats mitigés”, explique ce rapport de 90 pages. A l’époque, le “plan stup'” contenait six objectifs: l’amélioration de la connaissance des trafics; l’intensification et la rationalisation des activités de terrain; l’accroissement de la lutte contre l’économie souterraine et les circuits de blanchiment du trafic de stupéfiants; le renforcement de la saisie des avoirs criminels; le développement de la coopération internationale et le renforcement des capacités des services.Concrètement, cet effort a été “interrompu”, jugent les magistrats de la Cour des comptes. Notamment sur le démantèlement des points de deal: le harcèlement de ces lieux de vente a permis, en deux ans, une décrue de 25% du nombre total, mais reste aujourd’hui “stabilisé autour de 3.000 points au total”.De plus le “pilonnage” est difficile à maintenir dans la durée pour plusieurs raisons: maintien de points de deal dans des zones difficilement accessibles par les forces de sécurité, reconstitution de nouveaux points dans des zones proches des points harcelés ou encore réduction des heures de voie publique consacrées à la lutte anti-délinquance au profit du contact avec la population, relève le rapport.Idem pour la lutte contre le blanchiment, “insuffisamment développée”. Le montant annuel du blanchiment de capitaux provenant du trafic de stupéfiants est estimé par le ministère des Finances à 3,5 milliards d’euros, rappelle le rapport. Or, l’Office antistupéfiants (Ofast) ne compte que sept enquêteurs, sur les 200 personnels au niveau central, formés à cette question qui constitue pourtant “un des leviers les plus efficaces pour lutter contre les trafics”.Pour la Cour des comptes, le nouveau plan, “qui n’a pas encore été finalisé”, “nécessitera un pilotage plus resserré” face notamment à une évolution des modalités de ventes: 37% des transactions régulières s’effectuent par livraison, via des commandes par les réseaux sociaux ou internet. Pour faire face à ces évolutions, estime encore la Cour des comptes, “le nombre de cyber-enquêteurs doit être augmenté”.Le rapport recommande également de “renforcer les mesures de lutte contre la corruption”, de “renforcer les moyens technologiques d’investigation” et de “sécuriser les enceintes portuaires”.

Mercosur: les députés soutiennent le “non” français, la Pologne s’oppose à son tour

L’Assemblée nationale a affiché mardi son soutien au gouvernement français dans son opposition au projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, tel qu’il est envisagé par la Commission européenne, une position également endossée par la Pologne qui vient d’officialiser son refus de l’accord en l’état.Par 484 voix contre 70, les députés ont approuvé, par un vote non contraignant, la position du gouvernement dans ces négociations. Ce résultat donne à l’exécutif un “mandat démocratique” qui va renforcer sa “légitimité pour défendre la voix du +non+ auprès de la Commission et du Conseil européen”, s’est félicitée la ministre du Commerce extérieur, Sophie Primas. Un vote du Sénat sur le même sujet est attendu mercredi.”Dans les conditions actuelles”, ce projet d’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) ne garantit pas des “conditions de concurrence loyales pour nos agriculteurs”, a souligné devant les députés la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.Pendant le long débat consacré à ce sujet inflammable, tous les groupes politiques, sans exception, ont exprimé leur rejet de l’accord commercial, mais avec des nuances.Ainsi les députés du “socle commun” ont soutenu la position du gouvernement selon lequel l’accord pourrait être amendé, car il ne faut pas “s’opposer par anticipation et par principe à tout accord de libre-échange”, comme l’a résumé Mme Genevard.D’autres, notamment les élus insoumis et écologistes, ont insisté sur leur refus de tout accord, quel qu’il soit, “ni aujourd’hui ni demain”, comme l’a dit l’écologiste Marie Pochon.”Il n’y a pas de bon accord UE-Mercosur possible”, a également martelé Arnaud Le Gall (LFI).- “Aberrant” -La France n’est en tout cas plus seule dans son refus: le gouvernement polonais a adopté mardi une résolution proclamant que Varsovie n’accepterait pas l’accord “sous cette forme”, notamment en raison de “l’inquiétude pour les agriculteurs polonais et la sécurité alimentaire”.”Des actions diplomatiques sont en cours pour constituer une minorité qui empêchera l’entrée en vigueur de l’accord”, a souligné le vice-premier ministre Wladyslaw Kosiniak-Kamysz.En France, parallèlement aux avancées politiques, les agriculteurs ont continué mardi à multiplier leurs actions sur le terrain.A Strasbourg, une cinquantaine de tracteurs d’agriculteurs de la Coordination rurale (CR, 2e syndicat agricole) ont ainsi été bloqués par les forces de l’ordre à environ un kilomètre du Parlement européen, où ils souhaitaient dire leur opposition à l’accord.”On nous interdit des insecticides, des herbicides, des semences OGM, des produits qu’on considère dangereux pour la santé humaine, et tous ces pays d’Amérique du Sud travaillent avec ça, à grands renforts de déforestation. C’est aberrant”, a déclaré Cyril Hoffmann, venu de Côte d’Or.Dans le Gers, une quarantaine d’agriculteurs ont déversé des pneus, de la boue et de l’engrais devant le site de Danone à Villecomtal-sur-Arros, également à l’appel de la CR, avec l’intention de bloquer la plateforme pour la nuit.De son côté, l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a lancé partout en France de nouvelles actions jusqu’à jeudi, visant “tout ce qui entrave la vie des agriculteurs”, notamment les administrations (préfectures, agences de l’eau, etc.), a précisé sur France 2 le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.- En ordre dispersé -“Stop les papiers on en a marre” ou “Ras-le-bol”, clamaient des pancartes accrochées à des tracteurs venus bloquer la cité administrative de Lille.A Perpignan, une centaine d’agriculteurs vêtus de noir ont défilé derrière un cercueil, jusqu’à la préfecture.A la mi-journée, quelque 660 agriculteurs menaient une vingtaine d’actions dans 15 départements, selon le dernier bilan des autorités, qui évoque notamment des rassemblements à Rouen (Seine-Maritime) ou Laon (Aisne), un barrage filtrant à Poitiers et des opérations sur des plateformes logistiques de supermarchés comme à Saint-Quentin-Fallavier (Isère).Moins d’un an après une mobilisation historique, les agriculteurs estiment n’avoir pas obtenu suffisamment d’avancées concrètes.Si les deux premiers syndicats partagent des revendications – comme de pouvoir utiliser des pesticides aujourd’hui autorisés en Europe et interdits en France du fait de leur toxicité -, ils occupent le terrain en ordre dispersé, dans un climat tendu à quelques semaines de leurs élections professionnelles.bur-sac-apz-paa-sb-cho-ab/leo/dsa

Menacé de censure, Barnier juge le moment “très grave”

Michel Barnier a prévenu mardi que la chute de son gouvernement pourrait provoquer des “turbulences graves” sur les marchés financiers, alors que les Français ont envie de “stabilité” a-t-il assuré.Menacé de censure par la gauche et l’extrême droite, le Premier ministre a redit sur TF1 qu’il aurait recours “assurément” au 49.3 pour faire adopter son budget qui vise à réduire le lourd déficit du pays.”Le moment est très grave” avec une dette “incroyable”, un déficit “record” et “pas de majorité” à l’Assemblée nationale, selon lui.Si le gouvernement tombe, “il y aura une tempête probablement assez grave et des turbulences graves sur les marchés financiers”, a-t-il prévenu.Les Français “que je rencontre me disent (…) on a besoin de stabilité, c’est ça qui compte”, a-t-il ajouté en fustigeant “dans le microcosme parisien”, des “gens qui font des manoeuvres, des petites phrases”.”Barnier menace du déluge après lui” mais “qu’il le veuille ou non, il sera pourtant censuré”, a réagi la cheffe de file des députés de la France insoumise, Mathilde Panot, qui prévoit de déposer une motion de censure avec ses alliés du Nouveau Front populaire. “Les Français ne veulent pas une instabilité austéritaire mais une démocratie qui réponde à leurs besoins”, a-t-elle dit.- Réunion à hauts risques -Les investisseurs sur les marchés montraient mardi des signes de nervosité: l’écart entre les taux d’intérêt de l’emprunt de référence sur dix ans entre la France et l’Allemagne a atteint son plus haut niveau depuis 2012.Une réunion à hauts risques se tiendra mercredi sur le projet de financement de la Sécurité sociale, avant une possible activation par le Premier ministre d’un premier 49.3 sur ce texte le 2 décembre.Le Rassemblement national pourrait voter la censure dès le projet de budget sur la Sécurité sociale, sans attendre celui du budget de l’Etat mi-décembre, a laissé entendre mardi le député RN Jean-Philippe Tanguy, en pointant des “lignes rouges” comme les retraites.”Le gouvernement va tomber”, aurait dit le président Emmanuel Macron en marge d’une cérémonie lundi, a rapporté le Parisien. L’Elysée a officiellement démenti ces propos, maintenus par le journal.Les groupes de la coalition gouvernementale sont de leur côté divisés sur les hausses d’impôts.- Alerte -Le Sénat a largement adopté le budget de la Sécurité sociale pour 2025, malgré l’abstention des macronistes qui continuent d’engager un bras de fer avec le gouvernement sur les efforts demandés aux entreprises.Sans surprise, les troupes du camp gouvernemental, largement majoritaires dans l’hémicycle, ont approuvé le texte à 202 voix contre 109, avec les voix de la droite et des centristes.Mais le petit groupe macroniste s’est majoritairement abstenu, adressant un signal d’alerte au gouvernement, à la veille de la réunion cruciale, mercredi à 14H00, entre députés et sénateurs, chargés de trouver un compromis lors d’une commission mixte paritaire (CMP).”Notre groupe ne peut se satisfaire des mesures d’économies sur le travail retenues par le gouvernement”, a lancé Dominique Théophile, le représentant de ce groupe à la Haute assemblée.La divergence porte sur la réduction des allègements de cotisations patronales.Le gouvernement proposait un effort de quatre milliards d’euros sur les entreprises, le Sénat l’a réduit à trois milliards. Or les parlementaires Renaissance continuent de demander la suppression totale de la mesure, au risque de faire capoter la CMP.- “Pression” -Mardi matin en réunion de groupe, les députés macronistes n’ont pas tranché et prévu de se retrouver à nouveau mercredi. “Le groupe souhaite poursuivre les échanges”, a fait savoir un participant. “On continue de faire monter la pression”, assume un autre.Un échec de la CMP à cause des députés macronistes porte un “risque politique”, “c’est l’existence du +socle commun+ qui est en jeu”, a mis en garde le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, selon son entourage.”Si nous arrivons tous avec nos lignes rouges infranchissables, il n’y aura jamais d’accord. A ce moment-là il ne fallait pas monter dans la même barque”, a alerté Marc Fesneau, président des députés MoDem.Pour Laurent Saint-Martin, un “bon consensus” en CMP serait de réduire l’effort “d’un peu plus de la moitié”, soit 1,5 milliard contre quatre initialement demandés aux entreprises.La droite a aussi voulu défendre ceux “qui travaillent”. Laurent Wauquiez a annoncé un accord entre ses députés et les sénateurs LR pour renoncer à une mesure visant à faire travailler les actifs sans rémunération pendant sept heures de plus par an, et qui devait rapporter 2,5 milliards d’euros chaque année au secteur de l’autonomie.ama-sac-cma-are/leo/dsa

Budget: le Sénat valide la taxe sur les hauts revenus et alourdit la fiscalité du capital

Les sénateurs ont voté mardi, dans le budget 2025, la “contribution différentielle” sur les hauts revenus proposée par le gouvernement, mais ont aussi adopté une série de mesures contre l’avis de l’exécutif pour relever plusieurs impôts sur le capital comme la “flat tax” et l'”exit tax”.L’après-midi avait plutôt bien commencé pour le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, qui a vu le Sénat valider presque sans modification la taxe sur les hauts revenus, censée rapporter 2 milliards d’euros par an jusqu’en 2027.Contrairement aux députés, qui avaient décidé de rendre pérenne ce nouvel impôts sur les plus fortunés, la chambre haute du Parlement a adopté la version initiale de l’exécutif qui en limite la portée à trois ans, “jusqu’à l’imposition des revenus de l’année 2026” dont le paiement interviendra donc en 2027.Le ministre s’est toutefois dit “ouvert” à “maintenir” ce prélèvement “tant que le déficit public du pays n’est pas revenu à hauteur de 4%”, comme il l’avait déjà suggéré il y a deux semaines à l’Assemblée nationale.Il a en revanche estimé qu’il n’y avait “pas besoin de modifier” le contenu de cette “mesure de justice fiscale” qui instaure un taux minimal de 20% sur les revenus supérieurs à 250.000 euros par an pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple sans enfant.Les tentatives de la gauche, minoritaire au sein de la chambre haute, d’étendre cette “contribution” aux plus hauts patrimoines sont à l’inverse restées vaines. “On sait très bien que ces patrimoines échappent en grande partie à la taxation”, a déploré la socialiste Florence Blatrix-Contat.- Totems écornés -Dans la foulée pourtant, le ministre a essuyé une série de revers. D’abord sur l'”exit tax”, mécanisme ciblant les plus-values créé sous Nicolas Sarkozy pour dissuader l’exil fiscal, mais vidé de sa substance par Emmanuel Macron qui en a ramené le délai de 15 à 2 ans.Durée que les sénateurs ont décidé de doubler à 4 ans quand les gains proviennent d’une entreprise ayant reçu au moins 100.000 euros d’aides publiques. “Le moment est venu de corriger un dispositif d’évitement de l’impôt français, notamment pour les plus grandes sociétés”, a expliqué le centriste Bernard Delcros, dont le groupe a fait pencher la balance en se ralliant à la gauche pour faire passer cet amendement par 173 voix contre 167.Même configuration un peu plus tard sur une autre réforme emblématique du chef de l’Etat: la “flat tax”, aussi appelée “prélèvement forfaitaire unique” (PFU) et qui plafonne à 30% depuis 2018 la ponction sur les revenus du capital, comme les dividendes ou l’assurance-vie. Taux relevé à 33%, par 174 voix de la gauche et du centre contre 167 de la droite et des macronistes. Avec un gain espéré de 800 millions d’euros selon le groupe radical RDSE, qui portait l’amendement.Troisième totem écorné: l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), également mis en place il y a sept ans en remplacement de l’ex-impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Si la gauche a une nouvelle fois échoué à rétablir l’ISF, un large consensus s’est dégagé sur tous les bancs pour rebaptiser l’IFI “impôt sur la fortune improductive”, avec un périmètre considérablement élargi: terrains constructibles, voiture, yachts et avions, mais aussi cryptomonnaies, livrets d’épargne et comptes bancaires.

Sous pression du gouvernement, Le Pen cherche à dédramatiser la censure

Sous pression du gouvernement qui l’accuse de vouloir précipiter “la France dans le gouffre”, voire de “bluffer” ou de faire le jeu de la gauche, Marine Le Pen se défend d’un procès en irresponsabilité et dédramatise l’impact d’une motion de censure sur le budget.La patronne du RN a les moyens de faire tomber le gouvernement de Michel Barnier dans quelques jours, mais c’est une décision très délicate dans un contexte d’instabilité politique et de finances publiques dégradées.Au lendemain de sa première rencontre formelle avec Michel Barnier à Matignon, elle prend la plume mardi dans Le Figaro pour contre-attaquer face à ce qu’elle dénonce comme de “fausses informations” diffusées par l’exécutif.D’un revers de main, elle écarte tout risque d’un “shutdown” en France, une situation américaine où les fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés et les services publics sont bloqués en l’absence d’accord au Congrès sur un budget.”Même en cas de censure, l’impôt serait levé, les fonctionnaires payés, les pensions versées et les soins médicaux remboursés”, soutient Marine Le Pen qui a réitéré au chef du gouvernement ses “lignes rouges” dans le projet de budget.En piste pour la prochaine présidentielle, elle doit aussi préserver l’image de sérieux qu’elle veut donner de son parti tout en montrant son souci des classes populaires.Elle juge notamment “inadmissible” l’augmentation des taxes sur l’électricité et le compromis sur les retraites, et réclame des économies “claires” sur l’immigration et le fonctionnement de l’État. Manifestement, elle établit ainsi un rapport de force avec le gouvernement pour obtenir des concessions et éviter in fine le vote de la censure.Plusieurs personnalités appartenant à la coalition de Michel Barnier ont alerté sur le risque de crise financière que provoquerait une chute du gouvernement sans adoption préalable d’un budget. La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a notamment dit dimanche craindre “un scénario à la grecque”.Message martelé mardi soir par le Premier ministre lui-même. “Il y aura une tempête probablement assez grave et des turbulences graves sur les marchés financiers”, a-t-il dit sur TF1, en affirmant que les Français veulent la “stabilité”.- Bluff ou pas ? -C’est la semaine prochaine que le gouvernement pourrait être amené à recourir pour la première fois à l’article 49.3 et donc s’exposer à une censure.Au sein du gouvernement, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a probablement été le plus virulent en ciblant directement Marine Le Pen lors d’un discours lundi soir devant près de 500 militants de la fédération LR de Paris. Dans son intervention, il a repris un argument qui tourne en boucle chez les Républicains pour défendre Michel Barnier, issu de leur famille politique : le risque de faire tomber un gouvernement ancré à droite pour qu’il soit remplacé par un autre de gauche.”La sécurité des Français serait-elle mieux assurée si, prenons un exemple au hasard, (le député insoumis) Louis Boyard était à ma place, lui qui affirme que la police tue?”, s’est interrogé Bruno Retailleau.L’attaque du ministre de l’Intérieur n’est pas restée longtemps sans réponse : Marine Le Pen a rejeté sur X un argument “gros-rouge-qui-tache”, avant de chercher une fois encore à dédramatiser, écartant la possibilité que la gauche arrive au pouvoir, car un tel gouvernement serait aussitôt censuré.Si 67% des électeurs du RN se disent favorables à la censure du gouvernement, selon le dernier baromètre Ifop pour le Journal du Dimanche, il n’a pas échappé à la droite qu’un tiers d’entre eux ne la soutiennent pas et qu’ils seraient mécontents si la chute du gouvernement entraînait une période d’instabilité.Un responsable de LR divisait récemment auprès de l’AFP les soutiens du RN en trois groupes, le premier formé par les électeurs de longue date, le second par ceux qui expriment leur ras-le-bol et un troisième constitué par d’anciens électeurs de droite qui verraient d’un mauvais Å“il une censure.Certains, comme ce ténor du PS, croient qu’elle bluffe sur la censure. “Mais parfois quand on bluffe on finit par se faire entraîner par son propre bluff”.À l’inverse, un député de droite se dit désormais convaincu que Marine Le Pen est prête à “aller jusqu’au bout” après l’avoir entendue détailler les mesures qu’elle rejette catégoriquement dans le budget.”Quand vous entrez autant dans les détails, c’est que vous cherchez un prétexte pour frapper”, affirme-t-il.

Au procès de la rue d’Aubagne, les manquements de l’ex-mairie de droite exposés au grand jour

Au cÅ“ur du procès des effondrements de la rue d’Aubagne, les manquements de l’ex-mairie de droite ont été exposés au grand jour mardi par le tribunal, qui a mis en lumière le “manque de moyens endémique” des services dédiés aux immeubles en péril, malgré les alertes répétées.La responsabilité du seul élu prévenu dans cette affaire, l’ex-adjoint au maire de Marseille Julien Ruas, renvoyé pour homicides involontaires et mise en danger de la vie d’autrui, a été décortiquée par le tribunal.Son président Pascal Gand a énuméré les rapports alarmants, les études annonciatrices de catastrophes et les alertes lancées par les architectes des Bâtiments de France dans les années précédant le drame qui a fait 8 morts le 5 novembre 2018.Malgré ces coups de projecteur sur l’habitat indigne dans la deuxième ville de France, la mairie n’a pas donné les moyens adaptés aux services en charge de la prévention et de la gestion des risques urbains et de la police des immeubles en péril, à la charge de M. Ruas, a relevé l’accusation.Le directeur du Service de prévention et de gestion des risques (SPGR), Christophe Suanez, qui dépendait de M. Ruas, déplorait ainsi dans une lettre de début 2018, quelques mois avant le drame, que “le manque important” d’agents rendait “impossible le déploiement des moyens de sécurité civile et de sauvegarde”. Terriblement prémonitoire, M. Suanez avertissait dans cette lettre au maire de Marseille que cette situation “pourrait avoir de lourdes conséquences y compris pénales et médiatiques”. Évoquant Julien Ruas, Christophe Suanez a fait le portrait d’un élu peu investi. “Je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu sur une intervention pour un péril grave”, déclare celui dont les relations avec l’adjoint étaient “parfois compliquées pour des raisons de disponibilité”. – “La sécurité partout et pour tous” -Répétant son mantra politique de l’époque, “la sécurité partout et pour tous”, M. Ruas, quadragénaire physiquement imposant mais à la voix faible, a reconnu à la barre que son service ne pouvait “réaliser que le minimum de la délégation”.Les carences des services de secours et de prévention des risques de la ville de Marseille apparaissent criantes à la publication du rapport Nicol, en 2015, qui révèle que Marseille compte 40.000 logements indignes.A ce moment-là, sollicitée par les services de l’État pour la rénovation d’un quartier dégradé, la mairie de Marseille est confrontée à ses limites. Arlette Fructus, alors adjointe au Logement, a raconté à la barre avoir senti, après une réunion avec la préfecture à ce sujet, “des réticences de la part de mes collègues, qui m’ont expliqué les difficultés à envisager une action de cette dimension du fait de problèmes d’effectifs”.”En l’état des forces en présence on ne pouvait pas y arriver”, confirme M. Ruas.Début 2017, les élus finissent par alerter les plus hautes fonctions de la ville, et notamment le maire Jean-Claude Gaudin – décédé en mai, demandant le recrutement d’un architecte et d’un technicien pour les missions sur les bâtiment en péril.Dans cette lettre, lue à l’audience, Julien Ruas et Arlette Fructus estiment “impératif de dégager des moyens humains supplémentaires”, pour ne pas “courir le risque d’apparaître comme le maillon faible de la lutte contre l’habitat indigne et les marchands de sommeil”.Une lettre restée sans réponse, M. Gaudin, ayant expliqué aux enquêteurs: “c’est une tradition chez les adjoints de demander des emplois supplémentaires, je freinais du mieux que je pouvais”.L’ex-adjoint au maire se voit aussi reprocher de ne pas avoir utilisé une enveloppe de 6,5 millions d’euros votée en 2013 pour réaliser des travaux d’office dans les bâtiments dangereux. Le tribunal s’étonne qu’en quatre ans, seulement 350.000 euros aient été dépensés malgré l’état catastrophique de l’habitat marseillais.”La doctrine était d’inciter les propriétaires et rares ont été les fois où les propriétaires ont été défaillants”, affirme M. Ruas. “Ce qui ressort de vos réponses, c’est une attitude très attentiste”, tranche le président.En fin de journée, devant les réponses très évasives de l’élu, le président s’agace: “le procès, c’est aujourd’hui, Monsieur Ruas!”

ArcelorMittal: “journée noire” dans les centres de services, contre les projets de fermetures

Deux sites bientôt fermés et la crainte que ce ne soit que le début: les salariés des centres de services français d’ArcelorMittal sont en grève mardi pour défendre leurs emplois, après la confirmation lundi de la suppression de 135 postes.Ce mouvement à l’appel d’une intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFE/CGC), qui a débuté lundi sur certains sites, fait suite à l’annonce des projets de fermeture de deux sites de la société, à Reims (Marne) et Denain (Nord), avec la suppression de 135 emplois (113 à Reims, 21 à Denain et un à Ottmarsheim dans le Haut-Rhin).La direction a confirmé ce projet lundi, annonçant également la création de 19 emplois sur d’autres sites.A l’entrée du site de Denain, entre des feux de palettes, environ 150 personnes se sont rassemblées mardi à la mi-journée. Des salariés locaux, mais aussi d’autres sites industriels de la région venus les soutenir, dont des salariés d’ArcelorMittal Dunkerque, ainsi que des élus. Pour Gaëtan Lecocq, secrétaire général CGT ArcelorMittal Dunkerque, qui emploie plus de 3.000 personnes, “un scénario noir est en train de s’écrire”, où Denain et Reims ne sont que “le début d’une longue liste” de sites que le géant de la sidérurgie pourrait fermer.L’annonce de la fermeture du site de Denain, “ça m’a choqué, j’aurais jamais pensé ça, on ferme alors qu’on était dans le vert”, confie à l’AFP Patrick Descamps, casque et gilet orange, bientôt 60 ans, dont 19 au sein d’ArcelorMittal Centres de services à Denain. Il souligne que les anneaux olympiques fixés sur la tour Eiffel sont sortis de cette usine.ArcelorMittal “a bien profité de l’État”, notamment via le dispositif d’activité partielle de longue durée, en vigueur depuis deux ans, accuse-t-il, comme de nombreuses personnes présentes.Salariés et syndicats déplorent également qu’un groupe de cette ampleur ne propose que très peu de solutions de reclassement aux salariés dont les postes sont supprimés et refuse, selon eux, des offres de reprise du site de Denain.Le groupe a expliqué les suppressions de postes par “un marché en baisse de 30% depuis 2019” et “les importations extra-européennes à bas prix [qui] déséquilibrent les conditions de concurrence”.Outre à Reims, Denain et Ottmarsheim, cette activité des centres de services, qui transforment des bobines d’acier en feuilles de tôles, vendues à des clients dans l’automobile, la construction et l’industrie, est implantée à Bruyères-sur-Oise (Val d’Oise), Gray (Haute-Saône), Pontcharra (Isère), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Woippy (Moselle).Les huit sites emploient en tout quelque 453 salariés, selon la direction. Mais au-delà des centres de service, les syndicats craignent une réaction en chaîne et la fermeture de nombreux sites du groupe, qui emploie en France quelque 15.400 salariés.D’autant qu’ArcelorMittal a confirmé lundi mettre en “stand-by” les colossaux projets de décarbonation de ses hauts-fourneaux, cruciaux pour le maintien du groupe en France et en Europe, réclamant des mesures de Bruxelles pour “préserver la compétitivité” de l’acier européen face à la concurrence chinoise.Autre illustration de la crise actuelle de la sidérurgie européenne, la branche acier du conglomérat allemand Thyssenkrupp a elle annoncé lundi une réduction de 11.000 postes d’ici à 2030.

Budget Sécu: Wauquiez annonce un accord avec les sénateurs LR pour retirer les 7 heures de travail sans rémunération

Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée, a annoncé mardi que son groupe et les sénateurs LR étaient convenus de renoncer à une contribution pour faire travailler tous les actifs sans rémunération pendant sept heures de plus par an, une mesure inscrite par le Sénat dans le budget de la Sécurité sociale.”La réflexion sur le temps de travail est légitime et le Sénat a bien fait de poser cette question, mais dans la période actuelle on ne peut pas demander d’efforts toujours aux mêmes, ceux qui travaillent et paient déjà beaucoup de charges et d’impôts”, a-t-il fait valoir à l’AFP, expliquant que la droite soutiendrait l’abandon de la mesure mercredi en commission mixte paritaire, une réunion entre députés et sénateurs chargés d’aboutir à un compromis.”Ce matin avec Mathieu Darnaud (président du groupe LR au Sénat) nous avons plaidé à Matignon, avec le soutien de Michel Barnier, pour demander qu’il y ait des économies supplémentaires sur le budget de l’Etat : plus d’économies sur le gaspillage de l’argent public, moins d’efforts demandés aux Français et moins d’impôts”, a encore détaillé le député de Haute-Loire.Le patron du groupe centriste allié de LR au Sénat, Hervé Marseille, a pour sa part affirmé qu’il ne se sentait “pas engagé” par cet accord entre parlementaires LR. “C’est pénible et fatigant de découvrir cela comme ça. On n’a pas vocation à s’aligner sur les décisions prises ailleurs”, s’est-il agacé auprès de l’AFP.Lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, la chambre haute avait approuvé cette mesure censée rapporter 2,5 milliards d’euros à l’Etat, qui viendrait s’ajouter à la “journée de solidarité” déjà pratiquée et fléchée vers le grand âge et le handicap.Le gouvernement s’y était dit défavorable “à ce stade” proposant de la “retravailler” avec les partenaires sociaux, une position qu’il a répétée mardi lors des Questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.En contrepartie de cette mesure, les employeurs auraient vu leur taux de contribution de solidarité pour l’autonomie passer de 0,3% à 0,6%. Mais la mesure est fortement combattue par la gauche et a fait tiquer sur la forme y compris au sein du camp gouvernemental.”Dans le cadre du budget, aller demander sept heures (de travail supplémentaire) n’est pas compréhensible”, a jugé une source au groupe Droite républicaine mardi.”Je pense que c’est une bonne idée mais qui est très mal +marketée+”, a estimé de son côté un député macroniste. “Je pense qu’il faut être honnête et le faire par accord d’entreprise avec de la rémunération supplémentaire”, a-t-il abondé.

Barnier au 20 heures mardi avant des votes décisifs sur le budget

Michel Barnier est l’invité du journal de 20 heures sur TF1 mardi soir, avant des votes décisifs sur les projets de budgets qui pourraient entraîner une censure du gouvernement.Une réunion à hauts risques se tiendra mercredi sur le projet de financement de la Sécurité sociale, avant une possible activation par le Premier ministre d’un premier 49.3 sur ce texte le 2 décembre.Cela permettrait son adoption sans vote, mais ouvrirait la voie au dépôt d’une motion de censure de la gauche, à laquelle l’extrême droite menace de s’associer. Ce qui ferait tomber le gouvernement.Les investisseurs sur les marchés montraient des signes de nervosité : l’écart entre les taux d’intérêt de l’emprunt de référence sur dix ans entre la France et l’Allemagne a atteint son plus haut niveau depuis 2012.Reçues lundi par Michel Barnier dans le cadre d’une série d’entretiens avec les responsables des groupes parlementaires, les cheffes de file des députés RN Marine Le Pen et LFI Mathilde Panot ont réitéré leur menace de censurer le gouvernement sur le budget.Le Rassemblement national pourrait la voter dès le projet de budget sur la Sécurité sociale, sans attendre celui du budget de l’Etat mi-décembre. Le député RN Jean-Philippe Tanguy a pointé des “lignes rouges” notamment sur les retraites.”Le gouvernement va tomber”, aurait dit le président Emmanuel Macron en marge d’une cérémonie lundi, a rapporté le Parisien. L’Elysée a officiellement démenti ces propos, maintenus par le journal.Un député macroniste prédit que si Michel Barnier annonce une concession au 20 heures, “il faudra encore tenir jusqu’à fin décembre avec un groupe RN qui en voudra toujours plus”. A moins qu’il se “contente d’une forme de chantage à la démission”.- Alerte macroniste -Le Premier ministre a aussi reçu mardi les groupes de sa coalition gouvernementale, qui de son côté est divisée sur les hausses d’impôts. Il doit encore échanger dans la semaine avec les responsables socialistes, écologistes et communistes.Le Sénat a largement adopté le budget de la Sécurité sociale pour 2025, malgré l’abstention des macronistes qui continuent d’engager un bras de fer avec le gouvernement sur les efforts demandés aux entreprises.Sans surprise, les troupes du camp gouvernemental, largement majoritaires dans l’hémicycle, ont approuvé le texte à 202 voix contre 109, avec les voix de la droite et des centristes.Mais le petit groupe macroniste s’est majoritairement abstenu, adressant un signal d’alerte au gouvernement, à la veille de la réunion cruciale, mercredi à 14H00, entre députés et sénateurs, chargés de trouver un compromis lors d’une commission mixte paritaire (CMP).”Notre groupe ne peut se satisfaire des mesures d’économies sur le travail retenues par le gouvernement”, a lancé Dominique Théophile, le représentant de ce groupe à la Haute assemblée.La divergence porte sur la réduction des allègements de cotisations patronales.Le gouvernement proposait un effort de quatre milliards d’euros sur les entreprises, le Sénat l’a réduit à trois milliards. Or les parlementaires Renaissance continuent de demander la suppression totale de la mesure, au risque de faire capoter la CMP.- “Pression” -Mardi matin en réunion de groupe, les députés macronistes n’ont pas tranché et prévu de se retrouver à nouveau mercredi. “Le groupe souhaite poursuivre les échanges”, a fait savoir un participant. “On continue de faire monter la pression”, assume un autre.Un échec de la CMP à cause des députés macronistes porte un “risque politique”, “c’est l’existence du +socle commun+ qui est en jeu”, a mis en garde le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, selon son entourage.”Si nous arrivons tous avec nos lignes rouges infranchissables, il n’y aura jamais d’accord. A ce moment-là il ne fallait pas monter dans la même barque”, a alerté Marc Fesneau, président des députés MoDem.Pour Laurent Saint-Martin, un “bon consensus” en CMP serait de réduire l’effort “d’un peu plus de la moitié”, soit 1,5 milliard contre quatre initialement demandés aux entreprises.La droite a aussi voulu défendre ceux “qui travaillent”. Laurent Wauquiez a annoncé un accord entre ses députés et les sénateurs LR pour renoncer à une mesure visant à faire travailler les actifs sans rémunération pendant sept heures de plus par an, et qui devait rapporter 2,5 milliards d’euros chaque année au secteur de l’autonomie.”On ne peut pas demander d’efforts toujours aux mêmes, à ceux qui travaillent et qui paient déjà beaucoup de charges et d’impôts”, a fait valoir M. Wauquiez.La copie du Sénat, en tout cas, reste assez fidèle au projet initial, assumant des milliards d’économies alors que les finances sociales sont en berne.ama-sac-cma-are/sde/dsa