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Bayrou perçoit un frémissement de l’opinion sur la dette, le RN et la gauche considèrent sa “page tournée”

François Bayrou s’est dit “persuadé” que la question de l’endettement “commence à travailler dans l’opinion”, en marge de son intervention devant le Medef, tandis que les oppositions, conviées à Matignon la semaine prochaine, considèrent que “la page est tournée” et que son gouvernement tombera.La France insoumise, puis les Ecologistes, ont du reste refusé l’invitation du Premier ministre qui espère engager lundi de nouvelles consultations.”Je suis persuadé que cette question (de la dette) commence à travailler dans l’esprit de beaucoup de nos compatriotes”, a déclaré le Premier ministre. En conséquence, il s’est dit “certain que tout peut bouger” d’ici au vote de confiance du 8 septembre à l’Assemblée.Devant le Medef, M. Bayrou a invoqué “l’impératif de justice”, “condition” de “l’acceptation” de “l’effort” budgétaire qu’il souhaite porter à 44 milliards d’euros en 2026. Ce qui passe selon lui par une “contribution” des “plus favorisés” dont il n’a pas précisé les contours, si ce n’est qu’elle devra épargner “l’outil de travail” des entreprises.Mais le ministre de l’Economie Eric Lombard a assuré jeudi matin qu’un retour de l’impôt sur la fortune (ISF), fortement rejeté par le patron du Medef Patrick Martin, était “complètement écarté”.M. Bayrou a surpris tout le monde lundi en annonçant qu’il se soumettrait à un vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre.Le décret convoquant le Parlement en session extraordinaire a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : “une déclaration de politique générale”, en application de l’article 49, alinéa premier de la Constitution.Les oppositions ayant annoncé qu’elles voteraient contre, M. Bayrou a annoncé qu’il recevrait les responsables de partis à partir de lundi, répétant qu’il était prêt à “ouvrir toutes les négociations nécessaires” à la “condition préalable” d’un accord sur “l’importance de l’effort” à consentir.Après La France insoumise, les Ecologistes ont fait savoir jeudi qu’ils ne se rendraient pas à Matignon, considérant qu’il n’y a “plus rien à attendre de ce Premier ministre”.Cette tentative de négociation semble perdue d’avance, d’autant que le chef du gouvernement n’a pas arrangé ses relations avec les leaders de l’opposition en affirmant qu’ils étaient en “vacances” cet été alors que ceux-ci soulignent qu’il n’a jamais cherché à les joindre.”En quoi est-ce un reproche ? (…) Il n’y a aucune polémique sur le fait que tout le monde a le droit d’être en vacances”, a répliqué François Bayrou.”Si on était en vacances cet été, il devait faire la sieste”, a répliqué Jordan Bardella, pour qui “le retour aux urnes, par la dissolution ou la démission, demeure l’unique solution pour sortir de l’impasse politique”.S’il se rendra bien avec Marine Le Pen à Matignon, le RN considère que la page Bayrou “est tournée”, selon son vice-président Sébastien Chenu.Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro, 60% des Français approuvent la décision de M. Bayrou de solliciter un vote de confiance… Mais 73% la lui refuseraient s’ils étaient députés. En cas de chute, 54% des Français se disent pour une dissolution de l’Assemblée.- “Alternative” – Les dirigeants socialistes n’ont pas encore donné leur réponse à l’invitation du Premier ministre qualifié de “démissionnaire” par Olivier Faure. Le PS, hostile à de nouvelles élections, a ouvert son université d’été jeudi après-midi à Blois et entend démontrer qu’il peut incarner une “alternative”. “Nous sommes la solution”, assure jeudi sur X le premier secrétaire du PS qui s’exprimera vendredi devant ses troupes.Mais à supposer qu’Emmanuel Macron appelle une personnalité de gauche à Matignon, la question reste entière sur la manière dont celle-ci pourrait gouverner sans accord avec le bloc central, faute de majorité à l’Assemblée.Assurant partager le diagnostic de gravité de la situation sur le niveau de la dette, mis en avant par François Bayrou pour justifier le vote de confiance, le PS doit présenter son contre-budget samedi, basé sur la recherche de recettes supplémentaires, avec un effort demandé aux plus aisés.Malgré toutes ces incertitudes, auxquelles les marchés et particulièrement la Bourse ont assez nettement réagi cette semaine, Eric Lombard a assuré “ne pas croire à la crise financière” en France.Au Medef, plusieurs chefs de parti – Marine Tondelier, Gabriel Attal, Jordan Bardella, Manuel Bompard, Bruno Retailleau, Fabien Roussel – ont débattu de la situation politique et économique jeudi après-midi. Bruno Retailleau, qui a cité Ronald Reagan, y a été particulièrement applaudi, de même que Gabriel Attal.

Le PS entame ses journées d’été avec l’ambition de se poser en alternative à Bayrou

Le Parti socialiste a démarré jeudi à Blois ses universités d’été, avec l’ambition de proposer “un autre chemin budgétaire” et de se poser en alternative au gouvernement de François Bayrou. Alors que le Premier ministre a de fortes chances de tomber depuis que toutes les oppositions, y compris le PS, ont annoncé qu’elles ne voteraient pas la confiance le 8 septembre prochain à l’Assemblée nationale, les socialistes sont plus scrutés que jamais. Le premier secrétaire Olivier Faure tiendra un discours vendredi en fin de journée pour “dire aux Français qu’un autre chemin est possible”, et que le PS propose “une alternative budgétaire, sous le signe de la justice”, a expliqué la maire de Nantes, Johanna Rolland.Le Parti socialiste, qui réclame comme ses partenaires politiques qu’Emmanuel Macron laisse à la gauche la possibilité de gouverner, est dans le viseur du Premier ministre, qui espère toujours trouver un compromis lui.Si le parti n’exclut pas à ce stade de se rendre à l’invitation du Premier ministre la semaine prochaine, “ce n’est pas pour négocier”, mais “réexpliquer qu’on ne votera pas la confiance”, précise son secrétaire général Pierre Jouvet.   Emmanuel Macron a beau appeler à “la responsabilité” des partis “qui souhaitent être des partis de gouvernement”, les socialistes s’y refusent catégoriquement : “Nous ne sommes pas d’accord avec les 44 milliards d’euros d’économies à faire pour 2026”, martèle Pierre Jouvet.Le PS propose 25 à 27 milliards d’économie, étalés sur 4 ans. Il présentera samedi des propositions “concrètes” sur le budget et s’appliquera à faire “la démonstration qu’il est possible de désendetter le pays”, affirme Olivier Faure dans La Nouvelle République. Selon lui, “il n’y a rien à sauver dans ce budget qui nous est proposé. Il faut le revoir de fond en comble”.Juste avant le discours du premier secrétaire vendredi, les socialistes réuniront leurs partenaires de gauche, de François Ruffin (ex-insoumis) à Marine Tondelier (Ecologistes), en passant par Léon Deffontaines (PCF) et Benjamin Lucas (Générations), pour un meeting commun. Raphaël Glucksmann le leader de Place Publique et partenaire du PS, qui entend bien jouer sa partition seul pour 2027, sera également présent vendredi à Blois.De quoi laisser les socialistes espérer, si la gauche était choisie par Macron, de pouvoir former un gouvernement allant “de Ruffin et Roussel à Glucksmann”, dit Pierre Jouvet.

Olivier pour Ilan Halimi abattu: deux frères écroués avant leur procès en octobre

Deux frères jumeaux de 19 ans, soupçonnés d’avoir abattu il y a deux semaines à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) un olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi, ont été placés en détention provisoire dans l’attente d’être jugés en octobre, a-t-on appris jeudi auprès du parquet.Les deux jeunes hommes avaient été déférés mercredi en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Bobigny, où l’affaire a été renvoyée au 22 octobre, a précisé à l’AFP le parquet.Ils seront jugés pour destruction de bien aggravée et violation de monument dédié à la mémoire des morts commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion, selon le ministère public, qui n’a pas donné davantage de précisions sur leur identité.Une source proche de l’enquête a assuré à l’AFP que ces jeunes hommes de 19 ans étaient des personnes sans domicile fixe de nationalité tunisienne, en situation irrégulière, confirmant une information donnée par Paris Match.Survenu dans la nuit du 13 au 14 août, l’abattage de l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi, jeune Juif torturé à mort en 2006, avait suscité une indignation unanime au sein de la classe politique.L’olivier avait été planté en 2011 au jardin d’Alcobendas d’Epinay-sur-Seine, ville d’un peu plus de 50.000 habitants, située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.Selon une autre source proche du dossier, les deux frères ont été interpellés dans ce même jardin public où l’arbre avait été arraché. Leur ADN a été prélevé sur des morceaux de pastèque qui avaient été retrouvés le 14 août autour du tronc coupé, au pied de la stèle en mémoire d’Ilan Halimi, a rapporté cette source proche du dossier, relevant que la pastèque est depuis longtemps un fruit symbole de la résistance du peuple palestinien face à Israël. Citoyen français de confession juive, Ilan Halimi, 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler le “gang des barbares”, sous la direction de Youssouf Fofana. Découvert agonisant au bord d’une voie ferrée à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard.Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo, avaient été sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois. D’autres arbres avaient été replantés.Le maire d’Epinay-sur-Seine, Hervé Chevreau (DVD), a indiqué à l’AFP que plusieurs arbres seraient replantés dans la deuxième quinzaine de septembre dans la ville, en mémoire d’Ilan Halimi. “Il y a un élan de solidarité remarquable. Une personne nous a ainsi fait livrer deux énormes oliviers. D’autres personnes, qui n’ont pas de lien avec la communauté (juive) ont été choquées par cet acte ignoble et veulent aussi nous donner des arbres”, a ajouté l’édile.

Le ministre de l’Economie Eric Lombard “convaincu qu’on aura dans les délais un budget pour 2026

Le ministre de l’Economie Eric Lombard s’est dit jeudi “convaincu qu’on aura dans les délais un budget pour 2026”, alors que se déroulera le 8 septembre au Parlement un vote de confiance pour l’instant mal engagé pour François Bayrou.M. Lombard, qui s’exprimait devant la Rencontre des entrepreneurs de France, rendez-vous d’été annuel du Medef, a par ailleurs assuré que “l’ISF est complètement écarté” de ce budget, sans exclure qu’il y ait des “discussions sur le partage de l’effort” à fournir pour trouver les 44 milliards d’euros d’efforts souhaités par le Premier ministre François Bayrou pour l’an prochain.Le ministre semble donc penser qu’il est possible de boucler le budget dans les délais, malgré le vote de confiance auquel se soumettra le 8 septembre François Bayrou. En cas d’échec, ce qui semble actuellement l’hypothèse la plus probable, il devrait démissionner et il faudrait alors prendre le temps de reconstruire un nouveau gouvernement.Malgré toutes ces incertitudes, auxquelles les marchés et particulièrement la Bourse ont assez nettement réagi cette semaine, M. Lombard a assuré “ne pas croire à la crise financière” en France.

Rentrée sociale: la CFE-CGC prête à rejoindre les autres syndicats, n’appelle pas au 10 septembre

Le syndicat des cadres, la CFE-CGC est prêt à rejoindre un mouvement social organisé par les syndicats contre le projet de budget du gouvernement, mais rejette l’appel à “tout bloquer” le 10 septembre, a déclaré son président jeudi à l’AFP.”Nous n’appelons pas à rejoindre la manifestation du 10 septembre”, car un mouvement social doit avoir “des revendications à faire valoir” et “des propositions à négocier pour résoudre les problèmes à l’origine du conflit”, a expliqué François Hommeril.Sur ces bases “la CFE-CGC n’hésitera pas à rejoindre tout mouvement social organisé par les syndicats”, a-t-il affirmé.Pour le dirigeant syndical, le mouvement du 10 septembre, né sur les réseaux sociaux, s’apparente à un “appel aux origines nébuleuses et aux exigences baroques, qui plus est est pollué par une récupération politique conjoncturelle”.”Pour autant, on ne peut pas méconnaître le mécontentement général et la fatigue des Français, maltraités par des dirigeants qui leur font payer les conséquences des politiques dont ils sont les victimes”, estime François Hommeril.Selon lui, “le budget présenté par François Bayrou marque une étape supplémentaire dans la destruction du lien de confiance entre les Françaises et les Français et leurs élites dirigeantes”.”Rien n’est questionné sur l’échec patent de la politique de l’offre qui vide les caisses depuis 15 ans, appauvrit les Français et ne produit aucun effet économique positif”, déplore-t-il. La CGT a décidé mercredi de soutenir le mouvement du 10 septembre, tout comme Solidaires, appelant “à construire la grève partout où c’est possible”, tout en voulant organiser une autre journée de mobilisation unitaire avec les autres syndicats.La CFDT, qui rejette le mouvement du 10 septembre dont elle ne partage pas “la méthode”, proposera une date pour la mobilisation unitaire lors d’une intersyndicale qui se tiendra vendredi matin.”C’est important qu’on le fasse au moment où on saura qu’il y aura un gouvernement”, a déclaré jeudi sur RTL la chef de file de la CFDT Marylise Léon. “Parce que l’important aussi, c’est d’avoir aussi un interlocuteur. Le 10, je ne sais pas qui sera l’interlocuteur des manifestants”, a-t-elle justifié.

Vote de confiance: Valls appelle à un “sursaut” pour un “accord” entre forces de gouvernement

Un “sursaut” des formations politiques de gouvernement “pour trouver un accord sur le budget” est “indispensable” avant le vote de confiance du gouvernement Bayrou le 8 septembre, a estimé jeudi le ministre des Outre-mer Manuel Valls.”Il faut être sérieux: j’en appelle à l’effort, à un sursaut des formations politiques de gouvernement pour trouver un accord sur le budget”, a-t-il déclaré sur Europe 1 et CNews.Cet accord “est indispensable, sinon quelle est la solution ?”, a ajouté l’ancien Premier ministre, pour qui une dissolution serait “pour les formations politiques de gouvernement, pour les Républicains, le bloc central, le Parti socialiste aussi, la menace d’une quasi-disparition et de se retrouver sous la menace de LFI et du Rassemblement national”.Manuel Valls estime que les pistes de réduction de la dette mises sur la table par François Bayrou en juillet “doivent être discutées, négociées pour que le budget soit à la hauteur des déficits”.”Il faut trouver des solutions: elles doivent être justes sur le plan fiscal et social, chacun doit être mis à contribution, y compris les plus riches et les grandes entreprises. Chacun doit participer à cet effort”, selon lui.D’ici le 8 septembre, le ministre des Outre-mer “continuera sa mission”, avec notamment un déplacement à Mayotte lundi et mardi.Manuel Valls est rentré cette semaine de Nouvelle-Calédonie, où il a poursuivi la mise en application de l’accord de Bougival signé en juillet entre l’Etat, les non-indépendantistes et les indépendantistes, même si ceux du FLNKS ont depuis rejeté le texte.

Vote de confiance: fort du “soutien total” de Macron, Bayrou va recevoir les chefs de partis

Fort du “soutien total” d’Emmanuel Macron et déterminé à se battre “comme un chien” pour remporter un vote de confiance sur la dette et le budget, a priori perdu d’avance, le 8 septembre à l’Assemblée nationale, François Bayrou s’apprête à recevoir les chefs de partis la semaine prochaine.”A partir de lundi (…) je vais recevoir les responsables de partis politiques et de groupes parlementaires”, a déclaré le Premier ministre sur TF1, se disant prêt à “ouvrir toutes les négociations nécessaires” à la “condition préalable” d’un accord sur “l’importance de l’effort” à consentir dans le prochain budget.”Est-ce qu’on s’accorde sur la gravité et sur l’urgence?”, a-t-il insisté, ajoutant qu’il “reste douze jours, c’est très long pour parler”.Mais peut-être trop peu pour inverser un rapport de forces nettement défavorable, d’ici à l’engagement de la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée. Déjà, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a rejeté le “discours populiste” d’un François Bayrou qui “effraye et ment”, et appelé à le “chasser” le 8 septembre.Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a, lui, déploré sur X la “désinvolture” du Premier ministre, sans dire dans l’immédiat s’il se rendrait à son invitation. Tout comme la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier sur LCI qui elle aussi réserve sa réponse mais “se demande pourquoi il nous invite à discuter”.Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen a dénoncé le “mensonge” du Premier ministre qui a affirmé n’avoir pu contacter les oppositions pendant l’été car elles étaient “en vacances”.- Malaise -M. Bayrou peut au moins compter sur l’appui du chef de l’Etat, qui a apporté “son total soutien à la démarche” lors du Conseil des ministre mercredi matin, appelant lui aussi à “la responsabilité” des forces politiques “qui souhaitent être des partis de gouvernement”.Comme le prévoit l’article 49-1 de la Constitution, le Conseil des ministres a autorisé le Premier ministre à engager la responsabilité du gouvernement.La décision de l’exécutif ouvre cependant une nouvelle période d’incertitudes qui place de nouveau M. Macron en première ligne. Car les oppositions de gauche et d’extrême droite ont fait savoir qu’elles ne voteraient pas la confiance, et le gouvernement a donc toutes les chances de tomber.Même au sein du socle gouvernemental, la confiance n’est pas complètement garantie, notamment au sein de la cinquantaine de députés Les Républicains (LR) où “il n’y a pas à ce stade d’unanimité sur le vote de confiance”, a indiqué à l’AFP une source parlementaire.Aucune voix ne manquera en revanche dans le groupe Horizons, a pour sa part assuré Edouard Philippe dans un entretien à l’AFP, tout en soulignant que la confiance demandée par le Premier ministre devait “se construire” avec les partis politiques.Le malaise est palpable jusque dans les rangs macronistes: “Cette décision, elle est prise. On peut ergoter sur: +Est-ce qu’il fallait la prendre ou pas ? Elle est là”, a ainsi balayé l’ex-Premier ministre Gabriel Attal.- “Inéluctable” -M. Bayrou, qui a promis mardi de se battre “comme un chien” pour éviter la chute de son gouvernement, espère que les Français feront pression sur leurs députés en sa faveur. Mais il n’a pas l’opinion publique de son côté: seules 27% des personnes interrogées disent espérer que M. Bayrou soit maintenu en fonction par les députés, selon un sondage Elabe.Dans un autre sondage Ifop, 63% des Français réclament une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale alors qu’ils n’étaient que 41% début juin.Une dissolution, jusqu’ici écartée par le chef de l’Etat et que seul le Rassemblement national réclame, LFI espérant de son côté une présidentielle anticipée en s’appuyant sur la mobilisation du 10 septembre, qui a reçu mercredi le soutien de la CGT pour en faire “une première étape réussie”.”Je ne crois pas qu’une nouvelle dissolution nous permettrait d’avoir une stabilité”, a estimé M. Bayrou. Son prédécesseur Edouard Philippe pense cependant “qu’elle est assez inéluctable” si la situation politique empêche l’adoption d’un budget.L’incertitude politique se transmet sur les marchés, même si, après avoir été sous pression ces deux derniers jours, le taux d’intérêt à dix ans de la dette française se stabilisait mercredi, à 3,50% au même niveau que la veille.En écho, le président du Medef Patrick Martin a appelé “les décideurs politiques (à) dépasser leurs rivalités”, car “on ne joue pas avec l’économie”.bur-arz-far-gbh-bpa/hr/dsa

Abattage d’un olivier rendant hommage à Ilan Halimi: deux hommes interpellés

Deux hommes ont été interpellés, accusés d’avoir abattu le 15 août à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) un olivier planté en mémoire d’Ilan Halimi, jeune Juif torturé à mort en 2006, a indiqué mercredi le parquet de Bobigny, confirmant une information de Paris Match.Les suspects, des frères jumeaux, vont être jugés en comparution immédiate pour destruction de bien aggravée et violation de monument dédié à la mémoire des morts commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion, a précisé le ministère public.L’abattage de l’arbre en pleine nuit avait suscité une indignation unanime au sein de la classe politique.D’après le maire DVD de la commune Hervé Chevreau, se basant sur les caméras de vidéosurveillance extérieures au jardin, un homme portant un sac à dos s’y est introduit à 1h50 alors que le parc ferme à 21H30.L’olivier avait été planté en 2011 au jardin d’Alcobendas de cette commune d’un peu plus de 50.000 habitants, située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.”Abattre l’arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c’est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n’en sera rien: la Nation n’oubliera pas cet enfant de France mort parce que Juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine”, avait écrit sur X le président Emmanuel Macron le jour où l’arbre a été retrouvé abattu par des agents territoriaux.Citoyen français de confession juive, Ilan Halimi, 23 ans, avait été séquestré et torturé en janvier 2006 à Bagneux (Hauts-de-Seine) par un groupe d’une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler le “gang des barbares”, sous la direction de Youssouf Fofana.Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l’hôpital un peu moins d’un mois plus tard.Son calvaire avait suscité une vive émotion dans le pays.Mathieu Hanotin, président de l’établissement public territorial Plaine Commune, auquel appartient Epinay-sur-Seine, a condamné après l’abattage de l’olivier “un acte de vandalisme portant atteinte à la mémoire collective de ce meurtre antisémite”. Il s’est engagé dans un communiqué “à ce qu’un nouvel arbre commémoratif soit replanté dans les meilleurs délais”.Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l’un portait sa photo, avaient été sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il avait été retrouvé agonisant au bord d’une voie ferrée.D’autres arbres avaient été replantés.Les actes antisémites ont connu une nette progression en France depuis le 7 octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza.Entre janvier et juin 2025, 646 actes antisémites ont été recensés en France, en baisse de 27% par rapport au premier semestre 2024, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur. Mais ils représentent plus du double que les 304 actes recensés entre janvier et juin 2023.

Le Medef tance les décideurs politiques, et met un veto au retour de l’ISF

Sautant d’un pied sur l’autre tel un sportif, avant d’entrer sur le court central de Roland-Garros pour son discours d’ouverture de la “REF” au son tonitruant de “Final Countdown”, le président du Medef Patrick Martin a tancé mercredi les politiques qui ne savent pas “dépasser leurs rivalités”, refusé tout retour de l’ISF et prévenu qu’il faudra compter avec le Medef.Cette Rencontre des Entrepreneurs de France (REF) a été baptisée “Jeu décisif”, clin d’œil au temple du tennis sur terre battue qui l’abrite pour la première fois, après six éditions à l’hippodrome de Longchamp.La REF se compose de tables rondes entre experts, chefs de grandes entreprises et membres du gouvernement, cette année Eric Lombard ministre de l’Economie ou Sébastien Lecornu, ministre des Armées. François Bayrou en sera l’invité vedette jeudi après-midi.M. Martin s’est dit “consterné” par “les premières réactions politiques” négatives à l’annonce par le Premier ministre qu’il se soumettrait le 8 septembre à un vote de confiance à l’Assemblée nationale: elles “surajoutent à notre inquiétude”.”Le pire pour un consommateur c’est l’incertitude au moment de ses décisions de consommation, a observé mercredi devant la REF Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour. “Or, depuis juillet 2024, il n’entend que +crise politique, nouvel impôt, nouvelle instabilité, nouveau gouvernement+, a déploré le chef d’entreprise.- “Déni” -“Un pays, qui peut offrir aux entreprises et aux investisseurs stabilité, constance et visibilité, va gagner: je suis étonnée de voir à quel point nos politiques n’en ont pas conscience”, a regretté Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie.Karine Grau, consultante pour les entreprises à Dijon, constate sur le terrain qu’en 2024 après la dissolution, “la situation était instable, mais qu’en 2025 c’est de plus en plus compliqué pour les chefs d’entreprises, avec des retards de paiements qui s’accumulent et créent un cercle vicieux”.Pour le président du Medef, “les décideurs politiques doivent dépasser leurs rivalités”, mais il a constaté que “cela n’en prend pas le chemin”.Or la situation économique, et particulièrement celle liée à la concurrence internationale, “n’autorise plus ni le déni, ni les faux semblants, ni les demi-mesures, ni la démagogie”, selon lui.Il compare régulièrement l’incapacité de la France à réduire son déficit public – 5,8% du PIB en 2024, presque le double du maximum de 3% toléré par Bruxelles – et les efforts couronnés de succès des pays du sud de l’Europe, anciens mauvais élèves de l’UE.M. Martin estime que le Parti socialiste “reste le pivot” des discussions budgétaires, comme en début d’année lorsqu’il avait permis au premier budget de François Bayrou d’être adopté en ne le censurant pas.Mais le leader du Medef s’alarme des projets de surtaxation des plus riches qui planent, en guise de gage à la gauche.- “C’est non!” -C’est notamment l’objet de la “taxe Zucman”, du nom de l’économiste français Gabriel Zucman, qui vise à taxer les plus riches à hauteur de 2% de leur patrimoine.”Quelle qu’en soit la forme, un retour de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune, NDLR) serait ravageur pour notre économie, nous nous y opposerons”, a affirmé M. Martin.Le leader de “la première organisation patronale, et de loin!” avec 240.000 entreprises et 12 millions de salariés, a souligné que son mouvement était “puissant”. “Qui comprendrait qu’il accepte de subir ? A tous ceux qui se bercent de cette illusion, je le dis aimablement, mais fermement : c’est non !”, a-t-il lancé.Le clou de la REF, particulièrement dans les circonstances politiques actuelles, sera le débat de clôture qui rassemblera les chefs de partis : Bruno Retailleau (LR), Jordan Bardella (RN), Gabriel Attal (Renaissance), Fabien Roussel (PCF), Manuel Bompard (LFI) et Marine Tondelier (Ecologistes). Patrick Martin a l’intention de “leur dire ce qu’il a à leur dire”. Olivier Faure (PS) et Edouard Philippe (Horizons) seront absents pour des raisons d’agenda.

Borne invoque le besoin de “stabilité” et de “moyens préservés” pour l’éducation

Ministre de l’Education en sursis, Elisabeth Borne a tenu mercredi sa première – et peut-être dernière – conférence de presse de lancement de la rentrée scolaire, affirmant le besoin de “stabilité” dans un contexte politique et budgétaire incertain.Après avoir réuni les recteurs mardi, et avant la pré-rentrée des enseignants vendredi, la ministre, en poste depuis huit mois, a donné le coup d’envoi de la rentrée de quelque 12 millions d’élèves le 1er septembre.Alors que les spéculations sur la chute du gouvernement vont bon train après la décision de François Bayrou de solliciter la confiance de l’Assemblée nationale le 8 septembre, l’ex-Première ministre a souligné le “besoin de stabilité pour notre pays” avec “les finances publiques telles qu’elles se présentent”. Elle a fait part de “la nécessité de pouvoir mener des politiques avec constance dans les différents ministères”, et assuré être “aux côtés des enseignants”. Malgré son départ sans doute prochain, la ministre s’est voulu rassurante sur le budget de l’Education nationale, le premier de l’Etat, qui suscite des inquiétudes après la présentation par François Bayrou en juillet de son plan d’économies de près de 44 milliards d’euros.”La rentrée se fait avec des moyens préservés, près de neuf mois après l’adoption du budget 2025, pour lequel je me suis pleinement engagée. Si l’adoption du budget 2026 s’annonce compliquée, je n’ai pas de doutes, nous devons garder ce cap”, a-t-elle dit.Mais pour la FSU-Snuipp, principal syndicat de l’enseignement primaire, “il est clair que l’Education nationale ne sera pas épargnée en 2026”. “S’engager sur le budget 2026 à cette date, c’est assez audacieux”, estime de son côté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU (collèges et lycées).Pour les syndicats et personnels de l’éducation, c’est à nouveau l’expectative, avec déjà six ministres depuis le début du deuxième quinquennat Macron: Pap Ndiaye (14 mois), Gabriel Attal (resté un peu plus de cinq mois), Amélie Oudéa-Castéra (un mois), Nicole Belloubet (sept mois), Anne Genetet (trois) et Elisabeth Borne.- “Valeur du baccalauréat” -“On est vraiment agacés, on est fatigués de changer en permanence de ministre”, a souligné Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE Unsa, pour qui “l’urgence” est aussi de “reconsidérer l’école et les personnels”, qui “voient leurs conditions de travail se dégrader”. Pour cette rentrée comme pour les précédentes, l’enjeu restera notamment d’assurer la présence d’un enseignant devant chaque classe, alors que la crise d’attractivité perdure. “Tous les rectorats sont sur le pont pour qu’il y ait un professeur devant chaque classe”, a souligné Mme Borne. “A ce stade, les éléments sont rassurants”.Soulignant avoir “entendu les interrogations sur la valeur du baccalauréat”, la ministre a dit souhaiter une réforme du contrôle continu pour cet examen, pour “diminuer la pression sur les élèves” tout en “reflétant plus fidèlement leur niveau”.Il ne faut pas laisser “s’installer le doute sur la valeur de ce diplôme”, désormais obtenu par plus de 80% d’une classe d’âge, a-t-elle ajouté. “Dès cette semaine”, les proviseurs seront chargés “d’élaborer un projet d’évaluation précisant clairement quelles évaluations seront prises en compte pour le contrôle continu du baccalauréat, donc aussi pour Parcoursup”, a-t-elle affirmé. Sur les “modalités de correction” du bac, Mme Borne a indiqué qu’il ne “serait plus possible” dès cette session que “des élèves ayant obtenu moins de 8 sur 20 puissent encore être rattrapés pour accéder à l’oral”.Quant aux nouveautés de la rentrée, la ministre s’est félicitée de la généralisation progressive du dispositif “portable en pause” (interdiction totale du téléphone dans les collèges) pour lutter contre “le fléau de la surexposition aux écrans”. Il est déjà interdit depuis 2018, mais devrait être laissé pendant les cours dans des casiers, mallettes ou pochettes dans les établissements où cela peine à s’appliquer.La ministre a aussi jugé nécessaire de “permettre la pleine implication des parents” à l’école. “Dès septembre, une réunion de rentrée par niveau sera systématisée dans chaque école, dans chaque collège et dans chaque lycée”, a-t-elle indiqué, soulignant que chaque école et chaque établissement devront en outre “disposer d’une charte des relations école-parents”.