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Décès d’Anne-Marie Comparini, fidèle de Bayrou en Rhône-Alpes

Anne-Marie Comparini, fidèle de François Bayrou et ancienne présidente de la région Rhône-Alpes, est décédée dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 77 ans, a-t-on appris auprès de son entourage.L’ancienne députée du Rhône est décédée aux environs de 2h dimanche, à l’hôpital Édouard Herriot de Lyon où elle avait été admise aux urgences le 31 décembre, a indiqué un de ses proches à l’AFP.”Anne-Marie Comparini, une femme de conscience et de courage”, a réagi le Premier ministre sur X. “Intransigeante, refusant la compromission avec le Front national, elle devint pendant six années présidente de la région. Nous l’aimions et je l’aimais”, a-t-il ajouté.Dans un communiqué, l’Elysée a salué une “grande humaniste” aux “convictions indéracinables” qui a incarné “le visage d’une fermeté républicaine”, prenant “publiquement ses distances” quand l’UDF Charles Millon a été élu président avec les voix du Front national. Née le 11 juillet 1947 à Orange (Vaucluse), Anne-Marie Comparini était encartée à l’UDF (centre-droit) et avait occupé les fonctions d’assistante parlementaire de l’ancien Premier ministre Raymond Barre de 1978 à 2001, ex-député du Rhône. Elle en est également l’adjointe à la politique de la Ville et des universités à la mairie de Lyon, quand M. Barre prend les rênes de la commune, entre 1995 et 2001.Elue pour la première fois en 1986 au conseil régional de Rhône-Alpes (qui deviendra Auvergne-Rhône-Alpes avec la fusion de 2015), elle y sera régulièrement réélue jusqu’à en prendre la présidence en 1999.Anne-Marie Comparini est alors élue avec les voix de la gauche et les élus UDF qui retirent leur soutien à Charles Millon après qu’il a accepté les voix du Front national en 1998.Candidate à sa succession en 2004 sous l’étiquette UDF-UMP, elle échoue face au socialiste Jean-Jack Queyranne.Députée du Rhône depuis 2002, elle se présente aux législatives de 2007 sous l’étiquette d’union UDF et Modem, tout nouvelle formation du centre fondée par le Premier ministre actuel François Bayrou. Mais elle est battue dès le premier tour.Pressentie pour être candidate à la mairie de Lyon pour le parti de François Bayrou, elle annonce cependant son retrait de la politique peu après les législatives de 2007.Elle a néanmoins déclaré soutenir Emmanuel Macron, président son comité de soutien lyonnais en 2022.”Notre pays perd une femme d’honneur et de valeurs”, a réagi Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement, ex-député de Savoie et ancien vice-président de la région. Les élues et élus au Grand Lyon du groupe Alliance Sociale Démocrate et Progressiste (centre et gauche) ont loué la “gestion exemplaire” qui a marqué la présidence de Mme Comparini. “Première femme à présider la région Rhône-Alpes, elle a su incarner le courage et l’engagement face aux défis de son époque, notamment en s’opposant fermement à l’extrême droite”, ont-ils ajouté dans un communiqué commun. 

Le Pen à Mayotte veut “écouter” ses habitants et mettre la pression sur le gouvernement

La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, arrivée dimanche à Mayotte, entend “écouter” ses habitants pendant deux jours, jugeant que le plan de reconstruction prévu par le gouvernement après le passage du cyclone Chido “ne va pas assez loin”.Pas de comité de soutien à l’arrivée ni d’accueil avec des couronnes de fleurs cette fois pour la leader de l’extrême droite, au regard du contexte dans ce territoire où elle engrange par ailleurs d’excellents scores électoraux, mais un coup de pression politique. Le plan du gouvernement nommé “Mayotte debout” ne “va pas assez loin parce que je pense qu’il manque un volet important qui est un volet diplomatique sans lequel beaucoup des choses qui sont promises ne seront pas tenues”, a-t-elle déclaré à sa descente d’un avion de la sécurité civile à l’aéroport de Dzaoudzi.”Sans régler le problème de l’immigration clandestine, rien ne sera utile”, a-t-elle ajouté, en référence à la forte pression migratoire, notamment des Comores voisines, que subit ce département, le plus pauvre de France. Et de promettre d'”amender” en ce sens le projet de loi d’urgence qui doit être présenté mercredi en Conseil des ministres.A défaut d’apporter des tonnes d’aide, ou de pouvoir annoncer des mesures comme Emmanuel Macron puis François Bayrou avant elle, Mme Le Pen a dit venir d’abord “écouter” les Mahorais et leur “souffrance”, pour s’en faire la “porte-parole”, trois semaines après le passage de Chido.- “Plein de poissons” -“On est encore confronté à l’urgence. Il y a encore la moitié de la population qui n’a pas d’électricité, il y a encore de la population qui n’a pas d’eau, qui n’a pas de nourriture”, a-t-elle fait valoir. Pourtant, selon le ministère de l’Intérieur samedi, “100% de la population est raccordée à l’eau courante” et “69,7% de la population générale est alimentée” en électricité, “malgré des disparités importantes entre les communes”.”J’espère que la souffrance des Mahorais suffit à mettre la pression sur le gouvernement”, a encore dit Marine Le Pen qui a ensuite rencontré des militaires et pompiers sur une base utilisée par la sécurité civile. Lundi elle visitera le centre hospitalier puis ambitionne d’effectuer un tour de l’île pour y rencontrer élus et habitants dans le nord (Dzoumonié, Hamjago), l’ouest (Sohoa, Sada) et le sud-ouest (Boueni), des lieux qui restent encore difficiles d’accès.Devant le marché de Mamoudzou, chef-lieu de l’archipel, désert en ce dimanche après-midi, Mohamed Ali affirme à l’AFP que “Marine Le Pen est ici chez elle”. D’ailleurs, “les Mahorais ont +mahorisé+ son prénom et l’appellent Mariama”, souligne-t-il.  “Avec (ses positions) sur l’immigration”, c’est “comme un pêcheur qui aime pêcher. Pour Marine Le Pen, à Mayotte, il y a plein de poissons”.Le RN et sa dirigeante ont effectivement été plébiscités aux dernières élections présidentielles et législatives. Le parti à la flamme y a même obtenu en juillet un de ses deux premiers sièges de députés en outre-mer. – “Récupération politique” -L’accueil s’annonce en tout cas moins hostile que pour le chef de l’Etat, chahuté lors de sa venue, quelques jours à peine après la catastrophe. Une prise à partie qu’il attribuera ensuite à “des gens du Rassemblement national”.A l’inverse, Chafika Madi juge ce déplacement “inutile”, comme ceux des autres responsables politiques. L’important est plutôt “d’envoyer de l’eau, de quoi manger et reconstruire”, considère la commerçante de 36 ans.La députée écologiste Sandrine Rousseau a fustigé dimanche sur BFMTV une opération de “récupération politique” par Mme Le Pen. “Avant de parler d’immigration, parlons d’abord de la condition des gens”, a ajouté l’élue.Dans une tribune commune publiée par le Figaro le jour de la visite de Mme Le Pen, le ministre d’Etat chargé des Outre-mer Manuel Valls, et ses collègues de l’Intérieur Bruno Retailleau et des Armées Sébastien Lecornu promettent des “mesures de fermeté” contre l’immigration irrégulière dans le second projet de loi “programme” prévu dans quelques mois.Comme “allonger la durée de résidence régulière des parents (requise pour) l’accès des enfants à la nationalité française”. Ils se fixent aussi l’objectif d'”augmenter les éloignements de clandestins, de 25.000 aujourd’hui, à 35.000 demain”.Face à l’immigration irrégulière (La population de Mayotte est estimée par l’Insee à 320.000 habitants, dont la moitié ne possède pas la nationalité française, mais il pourrait y avoir “100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l’immigration illégale”, selon une source proche des autorités), François Bayrou avait plaidé pour un recensement de la population et posé la “question” de revenir sur le droit du sol à Mayotte, déjà restreint dans l’archipel.Sa prédécesseure Elisabeth Borne, désormais ministre de l’Education nationale, a elle estimé sur BFMTV que l’abrogation du droit du sol à Mayotte n’était “pas la bonne voie” car “il y a d’autres mesures” possibles. gbh-ola-gf-cc-are/jmt/gvy

Régularisation des travailleurs sans-papiers: les métiers en tension actualisés “fin février”

Prévue par la loi immigration promulguée début 2024, l’actualisation de la liste des métiers en tension dans lesquels les travailleurs sans-papiers peuvent être régularisés devrait être publiée “fin février”, a affirmé dimanche la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.”Avec (le ministre de l’Intérieur) M. Retailleau, on travaille sur la question de la régularisation des sans-papiers, puisque nous devons signer ensemble une circulaire”, a-t-elle déclaré dans un entretien à France Inter/France Télévisions/Le Monde.Ce texte attendu prochainement doit durcir les critères d’admission qui ont permis en 2023 à 34.724 personnes d’obtenir des papiers, selon les données du ministère de l’Intérieur.Il doit remplacer la circulaire Valls qui, depuis 2012, permet à un étranger en situation irrégulière de demander une “admission exceptionnelle au séjour” (AES) pour motif familial, économique ou étudiant. A charge du préfet de l’accepter ou pas.”Le problème de la circulaire Valls, c’est que ça obligeait la personne en situation irrégulière et qui travaillait, à demander une autorisation à son patron”, a expliqué la ministre.”Ce qui serait une véritable nouveauté aujourd’hui ce serait, grâce à la loi, de pouvoir demander spontanément une régularisation sans être dans la main du patron”, a-t-elle poursuivi.Les ministères du Travail et de l’Intérieur ont cartographié “région par région” les métiers en tension, “tous niveaux de qualification confondues”, a expliqué Mme Panosyan-Bouvet, précisant qu'”ingénieurs et élèves en master” représentent “un tiers de l’immigration économique”.Interrogée sur la date de publication de la liste des métiers concernés, elle a indiqué s’être “engagée auprès des partenaires sociaux” sur “fin février”.Quelques semaines après son arrivée place Beauvau, Bruno Retailleau, reconduit dans le gouvernement Bayrou, avait annoncé la réécriture de la circulaire Valls.La circulaire Valls permet aux préfectures de régulariser par le travail ou pour motif familial quelque 30.000 travailleurs sans-papiers par an.Pour être admissible, un travailleur sans-papiers doit vivre depuis au moins trois ans en France et justifier d’au moins deux ans de travail. Ils étaient 11.525 à en avoir bénéficié en 2023. “Moi ce que j’aime avec M Retailleau, (…) on est d’accord, on n’est pas d’accord, mais c’est une forme de colonne vertébrale”, a déclaré Mme Panosyan-Bouvet au sujet de son collègue de Beauvau.”Cela participe de la recherche du compromis. On peut avoir des histoires politiques différentes (…), mais on peut s’entendre aussi sur le besoin d’ordre, de sécurité et de justice régalienne”, a-t-elle justifié.

Décès d’Anne-Marie Comparini, fidèle de Bayrou en Rhône-Alpes

Anne-Marie Comparini, fidèle de François Bayrou et ancienne présidente de la région Rhône-Alpes, est décédée dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 77 ans, a-t-on appris auprès de son entourage.L’ancienne députée du Rhône est décédée aux environs de 2h dimanche, à l’hôpital Édouard Herriot de Lyon où elle avait été admise aux urgences le 31 décembre, a indiqué un de ses proches à l’AFP.Née le 11 juillet 1947 à Orange (Vaucluse), Anne-Marie Comparini était encartée à l’UDF (centre-droit) et avait occupé les fonctions d’assistante parlementaire de l’ancien Premier ministre Raymond Barre de 1978 à 2001, ex-député du Rhône. Elle en est également l’adjointe à la politique de la Ville et des universités à la mairie de Lyon, quand M. Barre prend les rênes de la commune, entre 1995 et 2001.Elue pour la première fois en 1986 au conseil régional de Rhône-Alpes (qui deviendra Auvergne-Rhône-Alpes avec la fusion de 2015), elle y sera régulièrement réélue jusqu’à en prendre la présidence en 1999.Anne-Marie Comparini est alors élue avec les voix de la gauche et les élus UDF qui retirent leur soutien à Charles Millon après qu’il a accepté les voix du Front national en 1998.Candidate à sa succession en 2004 sous l’étiquette UDF-UMP, elle échoue face au socialiste Jean-Jack Queyranne.Députée du Rhône depuis 2002, elle se présente aux législatives de 2007 sous l’étiquette d’union UDF et Modem, tout nouvelle formation du centre fondée par le Premier ministre actuel François Bayrou. Mais elle est battue dès le premier tour.Pressentie pour être candidate à la mairie de Lyon pour le parti de François Bayrou, elle annonce cependant son retrait de la politique peu après les législatives de 2007.Elle a néanmoins déclaré soutenir Emmanuel Macron, président son comité de soutien lyonnais en 2022.

Pour l’ex-président Hollande, Macron “doit terminer son mandat”

Malgré les appels croissants à sa démission, Emmanuel Macron “doit terminer son mandat” pour éviter “une crise institutionnelle majeure”, affirme son prédécesseur François Hollande dimanche dans un entretien à Ouest-France, où il s’oppose aussi à une nouvelle dissolution de l’Assemblée.”Je suis pour le respect des échéances”, déclare l’ex-président socialiste, qui “ne fai(t) pas partie de ceux qui spéculent sur un départ anticipé d’Emmanuel Macron, comme Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen”. Mais aussi une majorité de Français à en croire les derniers sondages: 61% encore dans une étude Odoxa pour Le Figaro vendredi.Pour l’ancien locataire de l’Elysée de 2012 à 2017, “quels que soient les reproches qui peuvent être adressés” à son successeur – “et ils sont nombreux”, souligne-t-il – “il a été réélu et il doit donc terminer son mandat”, d’autant plus que “sa démission provoquerait une crise institutionnelle majeure”.Pas question non plus de convoquer de nouvelles élections législatives, estime M. Hollande, de nouveau élu député en juillet dernier dans son fief de Corrèze. “Je ne vois pas en quoi une dissolution, d’ici six mois, pourrait nous donner une Assemblée différente de celle d’aujourd’hui”, divisée en trois blocs et sans majorité, justifie-t-il.Jugeant “le temps venu pour une démocratie parlementaire apaisée”, il avance même que le nouveau gouvernement de François Bayrou “pourra tenir jusqu’en 2027”. A condition toutefois qu’il “concède des gestes significatifs”, en particulier sur les retraites et la “justice fiscale”, afin de ne pas s’exposer à “des tentations de censure”.Soucieux de “permettre le retour d’une stabilité dans le pays”, M. Hollande souhaite également “retrouver un grand Parti socialiste”, à la fois “pleinement autonome” vis-à-vis de La France insoumise, et “capable d’accueillir” des figures social-démocrates comme Bernard Cazeneuve et Raphaël Glucksmann.Réclamant qu’un congrès “ait lieu avant l’été” pour trancher la ligne et “préparer 2027”, l’ex-chef de l’Etat botte cependant en touche sur la question de son éventuelle candidature à la prochaine présidentielle.

Claude Allègre, adepte du verbe haut et homme de controverses

Décédé samedi à 87 ans, Claude Allègre, géochimiste de renom et ancien ministre socialiste, n’a jamais eu peur de choquer, affichant sa volonté de “dégraisser le mammouth” de l’Education nationale et remettant frontalement en cause les vérités scientifiques sur le changement climatique.Personnage ombrageux aux petites lunettes et à la silhouette ronde, doté d’un verbe haut de bateleur né, ce scientifique était une figure médiatique, connue du grand public depuis son passage au gouvernement entre 1997 et 2000.Adhérent du PS depuis 1973, ami de longue date et conseiller de Lionel Jospin, il devient son ministre de l’Education nationale, de la Recherche et de la Technologie. Un ministre bien décidé à réformer.Mais l’une de ses premières saillies, celle où il clame son ambition de “dégraisser le mammouth”, lui met d’entrée les enseignants à dos. Une opposition qui ne cessera de grandir et l’obligera à rendre son portefeuille en mars 2000.Claude Allègre, né le 31 mars 1937 d’un père professeur de biologie et d’une mère institutrice, digère mal ce départ contraint, s’en prenant alors au syndicat d’enseignants, le SNES, qualifié de “stalinien”.Ce spécialiste des sciences de la Terre, ancien directeur de l’Institut physique du Globe de Paris (1976-1986) et président du conseil d’administration du Bureau de recherches géologiques et minières (1992-1997), continue par la suite de susciter des polémiques, politiques comme scientifiques.Lionel Jospin, Laurent Fabius, Ségolène Royal… Ce socialiste déçu multiplie les invectives à l’attention de ses anciens camarades.Avec Lionel Jospin, “ils étaient très proches, complices, ils avaient une relation assez fusionnelle” mais “ça s’est gâté quand mon père pensait mordicus qu’il fallait tenir face au syndicats” en 2000, souligne auprès de l’AFP son fils Laurent. En 2007, la rupture est consommée et celui que certains proches surnommaient Vulcano se tourne vers Nicolas Sarkozy, qu’il soutiendra de nouveau lors de la présidentielle en 2012.”S’il s’est rallié à Sarkozy, c’est qu’il voyait qu’il y avait quelqu’un qui voulait vraiment changer les choses”, souligne son fils. “Au fond il avait un côté naïf, il voulait changer la vie des gens. Il croyait en l’Homme et pensait qu’on pouvait le changer.”En 2009, il est cité pour entrer au gouvernement, mais se voit privé d’un maroquin probablement en raison de ses prises de position controversées sur le changement climatique.- Climatosceptique -Le géochimiste, membre de l’Académie des sciences et bardé de reconnaissances françaises et internationales (médaille d’or du CNRS, prix Crafoord en 1986), est alors la figure de proue en France du climatosceptiscisme, ce mouvement qui remet en cause les conclusions des spécialistes du climat du Giec.Ulcérés par les attaques relayées par l’ex-ministre dans son best-seller, “L’imposture climatique”, plus de 600 climatologues écrivent au printemps 2010 à leur ministre de tutelle pour dénoncer les “dénigrements” et “accusations mensongères” proférées par un scientifique non spécialiste du climat.L’Académie des sciences, au terme de débats tendus et à huis-clos, réfutera les thèses de Claude Allègre fin 2010.Cela n’empêche pas l’homme au verbe toujours alerte de revenir sur le terrain de l’écologie seulement un an plus tard en lançant une fondation. Cette organisation s’interdisait certes d’aborder ouvertement la question climatique mais promouvait l’innovation technologique et l'”écologie scientifique” avec le soutien de plusieurs prix Nobel, comme le physicien Albert Fert ou l’immunologiste Jules Hoffmann.N’aimant rien moins que nager à contre-courant, l’homme, qui s’était déjà illustré par le passé en mettant en doute le danger de l’amiante, ne craint pas non plus de défendre le nucléaire juste après l’accident de Fukushima en 2011, se disant “scandalisé par la propagande faite à partir” de cet événement.En 2013, il est victime d’une crise cardiaque alors qu’il participe à un colloque scientifique au Chili. Sur X, le Premier ministre François Bayrou a rendu hommage à “un esprit original, grand scientifique, homme de combats, qui ne craignait pas le +seul contre tous+” “Même s’il s’est trompé sur le climat, c’était quelqu’un d’intègre”, souligne son fils qui espère qu’il “ne restera pas que cela de lui” . “Le problème c’est qu’il était très têtu, il n’était pas dans le consensus, dans le côté convenu.”

Mort de Claude Allègre, ancien ministre de l’Education nationale de Jospin

L’ancien ministre de l’Education nationale Claude Allègre est décédé samedi à Paris à l’âge de 87 ans, a annoncé son fils à l’AFP.M. Allègre, qui avait subi une importante attaque cardiaque en 2013, souffrait depuis de problèmes de santé et son état s’était dégradé en septembre dernier, a-t-on précisé de même source.Ce géochimiste de formation, récompensé de plusieurs prix prestigieux pour ses travaux, a occupé la rue de Grenelle de 1997 à 2000, où il a connu un bail tumultueux, notamment en raison d’une saillie dans laquelle il promettait de “dégraisser le mammouth” de l’Education nationale.Une phrase “jamais prononcée publiquement”, issue d’un “off avec un journaliste”, “mais c’est ce qui est resté”, regrette son fils Laurent. M. Allègre fut ensuite remplacé au ministère par Jack Lang, ce qui provoqua un refroidissement temporaire de ses relations avec son ami et Premier ministre Lionel Jospin, qu’il avait connu durant ses études.Membre du Parti socialiste à partir de 1973, avant de se rallier à Nicolas Sarkozy en 2007, M. Allègre était aussi connu pour des prises de position controversées sur le changement climatique, au point de devenir une figure de proue en France du climatosceptiscisme.Ulcérés par les attaques relayées par l’ex-ministre dans son best-seller, “L’imposture climatique”, plus de 600 climatologues écrivirent au printemps 2010 à leur ministre de tutelle pour dénoncer les “dénigrements” et “accusations mensongères” proférées par un scientifique non spécialiste du climat.Né le 31 mars 1937 d’un père professeur et d’une mère institutrice, M. Allègre, à la personnalité débonnaire mais aussi parfois “abrupte” et “têtue” dixit son fils, n’aura jamais renié ses positions sur le sujet. “C’est dommage de ne garder que cela, tout le monde lui est tombé dessus de manière excessive”, déplore son fils

Être ou ne pas être Charlie ? Dix ans après, les gauches s’opposent sur la satire

A l’approche de la commémoration de l’attentat de Charlie Hebdo survenu il y a 10 ans, l’heure est au recueillement et à l’hommage dans la classe politique. Mais sans que les divergences sur “l’esprit Charlie” et le journal satirique ne soient occultées à gauche.Au sein des dirigeants du Nouveau Front populaire, le soutien le plus affiché de l’hebdomadaire “satirique, laïque et joyeux” est Fabien Roussel.Le dirigeant du Parti communiste français rend régulièrement hommage aux membres de la rédaction abattus lors de l’attentat islamiste du 7 janvier 2015. Il se présente par ailleurs comme un grand défenseur de la laïcité et la liberté d’expression, des valeurs défendues par Charlie Hebdo, né dans l’esprit libertaire qui a suivi Mai 1968. Mercredi, au lendemain des 10 ans de l’attentat, le PCF organisera d’ailleurs un hommage aux victimes, en présence notamment de Gérard Biard, rédacteur en chef du journal. A l’inverse, les plus critiques sont les élus de La France insoumise. Pour l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, figure du centre-gauche et chantre de la lutte contre le “communautarisme”, cela s’expliquerait par les caricatures visant l’islam publiées par le journal satirique.”Une partie de la gauche extrême considère cyniquement les musulmans comme une clientèle électorale à conquérir”, a-t-il accusé cette semaine dans Le Nouvel Obs.”J’ai été trainé dans la boue bien des fois par la nouvelle équipe de Charlie Hebdo, celle qui a succédé à l’époque de mes amis assassinés”, regrettait en 2021 Jean-Luc Mélenchon, qui saluait pourtant après les attentats de 2015 “le droit d’être irréligieux” et recommandait de faire “un acte civique” en achetant le numéro de l’hebdomadaire qui suivait la fusillade. Pour le fondateur de LFI, c’est Charlie Hebdo qui a changé. Ses détracteurs pointent plutôt sa propre évolution sur la question de la laïcité, lui qui qualifiait il y a 15 ans le voile islamique de “signe de soumission patriarcale” et refusait d’utiliser le terme “islamophobe”. En 2020, le leader insoumis accusait ainsi l’hebdomadaire d’être un “bagagiste de Valeurs Actuelles”.Plus récemment, plusieurs élus LFI ont dit leur colère contre le journal, notamment pour des dessins humoristiques sur l’affaire des viols de Mazan ou une caricature de la députée Danièle Obono, qui avait été jugée “antisémite” et “raciste”.- “Liberté de critiquer” -“Leur ligne politique se rapproche de plus en plus de l’extrême droite”, estime auprès de l’AFP le coordinateur du mouvement de gauche radicale Manuel Bompard, en précisant cependant que “ce qui doit l’emporter dans la période actuelle, c’est l’hommage aux victimes des attentats et pas un débat sur leur ligne éditoriale”.Prudent, le député des Bouches-du-Rhône ne veut pas utiliser l’expression “islamophobe” pour décrire le journal, mais estime que “certaines de leurs publications s’inscrivent dans un contexte de libération de la parole et des actes islamophobes”.”La liberté d’expression c’est la liberté de publier mais aussi la liberté de critiquer”, ajoute-t-il en se disant “bien sûr” favorable au droit au blasphème et à “la liberté de critiquer les religions”.Concernant le slogan “Je suis Charlie”, né en solidarité avec la rédaction de Charlie Hebdo au lendemain des attentats, Manuel Bompard ne veut pas le reprendre en 2025.”La formule veut dire tout et son contraire maintenant. Mais cela ne nous empêche évidemment pas d’avoir une pensée émue pour les victimes des attentats”, explique-t-il.  A gauche, les critiques contre la ligne éditoriale de Charlie Hebdo ne sont cependant pas l’apanage des Insoumis. La députée écologiste Sandrine Rousseau explique ainsi à l’AFP ne pas “aimer” la publication, qu’elle trouve “misogyne et parfois raciste”.En 2022, une caricature l’avait représentée en gorille en train de commettre un viol dans la jungle. “Mais j’ai été, je suis et je serai toujours Charlie, ad vitam aeternam”, précise-t-elle. “Au nom du droit de se moquer des religions et de la liberté de la presse”.”On s’en fiche de leur ligne éditoriale, le sujet n’est pas là”, balaie pour sa part le député socialiste Jérôme Guedj, secrétaire national à la laïcité du parti, qui se dit “plus que jamais Charlie”. “Les combats pour la laïcité et pour le droit au blasphème ne sont plus aussi présents qu’il y a 10 ans à gauche et c’est désespérant”, regrette-t-il.

Premier Conseil des ministres de Bayrou, qui voit “un chemin” pour sortir de l’instabilité

“Il existe un chemin” pour sortir de l’instabilité politique, a assuré François Bayrou vendredi en amont de son premier Conseil des ministres, lors duquel Emmanuel Macron a appelé à “l’unité” et à “l’audace”, notamment pour faire adopter rapidement un budget après la censure du précédent gouvernement.Comme chaque nouvelle année, les membres du gouvernement se sont d’abord retrouvés place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée, où l’hôte des lieux, le Vendéen Bruno Retailleau, a offert à tous une bouteille de “trouspinette”, un vin d’épines.Autre rituel, le gouvernement en rangs serrés a ensuite rejoint à pied la salle des fêtes de l’Elysée, à quelques dizaines de mètres de là. Des ministres sont ensuite restés autour du président pour un Conseil de défense consacré à Mayotte, trois semaines après le passage du cyclone Chido.”Il existe un chemin” pour sortir de “cette période d’instabilité”, “il est même mieux défini qu’on ne le croit”, a assuré François Bayrou à ses ministres, selon son entourage. “Si nous sommes unis, nous pourrons déplacer un certain nombre d’obstacles devant nous”, a encore lancé le Premier ministre, qui avait placé 2025 sous les auspices d’un triptyque “réconciliation, action, stabilité”.Le président Emmanuel Macron a appelé pour sa part les ministres à “l’unité” et à “l’audace”, a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. – “Coups politiques” -“Vous êtes à la tête d’administrations, dirigez-les. La vie des Français ne change pas car une loi est votée ou une parole prononcée”, a-t-il encore dit selon un participant.”Le fait d’être au gouvernement vous élève au-dessus des différends”, a ajouté le chef de l’Etat, qui a exprimé sa “préoccupation sur les instabilités que vivent les démocraties”, selon une source gouvernementale, et mis en garde contre les “coups politiques qui mettraient en danger le pays”.M. Bayrou espère durer davantage à Matignon que son prédécesseur, resté en poste trois mois, mais il est pareillement privé de majorité à l’Assemblée nationale, faute d’avoir pu élargir son gouvernement au-delà du centre et de la droite.Une lacune qu’il espère compenser par la présence de poids lourds politiques, comme les ex-Premiers ministres Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), et de quelques ministres qui ont, dixit une source gouvernementale, “une histoire” avec la gauche, tels Eric Lombard (Economie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire).Auxquels s’ajoutent “deux grands fauves”, Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice), qui rivalisent de déplacements et d’expressions publiques mais pourraient lui faire de l’ombre. – “S’assoir” sur le déficit -Plusieurs de leurs collègues étaient dans les médias vendredi avec un message martelé à l’unisson: “Nous avons besoin d’un budget”.Parce que sans loi de finances depuis le 1er janvier, “la France fonctionne en service minimum”, a expliqué sur RTL Catherine Vautrin, en charge notamment du Travail et de la Santé. Mais le gouvernement va sans doute “s’assoir” sur la réduction du déficit, a rapporté à l’AFP un élu consulté par Bercy.Selon le journal Le Monde, M. Bayrou se serait fixé un objectif de déficit à 5,4% du PIB au lieu de 5% comme envisagé par Michel Barnier. L’objectif chiffré “sera le fruit des discussions” du gouvernement avec les forces politiques, a balayé la porte-parole Sophie Primas, sans donner de calendrier pour l’adoption du budget, dont les “principales orientations” devraient figurer dans la déclaration de politique générale du 14 janvier.- Grain de sel -Urgence aussi pour Mayotte, où le Premier ministre s’est rendu avec cinq ministres pour annoncer une batterie de mesures destinées à remettre “debout” ce département, le plus pauvre de France. Ce texte présenté mercredi et “adopté avant la fin du mois”, a assuré Mme Primas.L’exercice du compte-rendu du Conseil des ministres a été rapatrié à l’Elysée, à la demande de François Bayrou, alors que son prédécesseur avait choisi de le délocaliser dans un bâtiment des services du Premier ministre.Pour préparer cette première réunion, François Bayrou a déjeuné longuement jeudi avec le président. Manière d’apaiser les tensions, alors que le chef de l’Etat a hésité en décembre à nommer le patron du MoDem, ce dernier menaçant alors de rompre leur alliance historique.Depuis, le président ne s’est pas privé de mettre son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses voeux aux Français. Il faut que la France “continue d’être attractive”, “travaille et innove plus”, “continue de créer des emplois” et “assure sa croissance en tenant ses finances”, a-t-il exhorté.La marque d’une nouvelle relation de “coresponsabilité”, selon le nouveau locataire de Matignon, qui a entamé son bail avec une cote de popularité historiquement basse. 

Le déficit public pour 2025 sera “le fruit des discussions” politiques, selon le gouvernement

Le gouvernement a indiqué vendredi que l’objectif de déficit public de la France pour 2025 serait “le fruit des discussions” avec les forces politiques du Parlement, avant le discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou le 14 janvier.”Le déficit sera le résultat des concertations et du chemin qui sera trouvé lors des concertations à Bercy et également pour le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale, NDLR)”, a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas dans son compte rendu à la presse du premier Conseil des ministres du gouvernement Bayrou. Elle n’a pas confirmé des informations de presse selon lesquelles le gouvernement vise un déficit public de 5,4% du PIB cette année, davantage que les 5% ambitionnés par le gouvernement précédent, après un dérapage attendu à 6,1% en 2024. Il pourra “être entre 5,4 ou 5,1, 4,9, 4,8 (en pourcentage du PIB, NDLR), on verra le résultat de ces négociations et on verra où est le chemin et ce qui est supportable pour le déficit”, a-t-elle souligné. Afin de les associer à la préparation du budget 2025, dont la France est pour l’instant dépourvue en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier le 4 décembre, les ministres de l’Économie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, ont prévu de consulter l’ensemble des forces politiques représentées au Parlement. Des “premières prises de contact” ont débuté le 30 décembre, mais les échanges commenceront formellement lundi, selon le ministère de l’Économie et des Finances, qui n’a pas communiqué de calendrier. Des représentants du Parti socialiste se rendront à Bercy lundi, les Ecologistes et les communistes mercredi, ont d’ores et déjà indiqué ces divers groupes vendredi.Ces rencontres, prévues jusqu’au jour de la déclaration de politique générale, feront l’objet de conclusions qui se traduiront “en propositions du gouvernement amendant le budget 2025”.- Spider-Man -Dans Le Point, Eric Lombard, qui dirigeait la Caisse des dépôts avant son arrivée à Bercy en décembre, une fonction selon lui “très politique”, s’est dit confiant quant à la possibilité de parvenir à “une solution”. “J’ai bien conscience que ce sera plus compliqué en tant que ministre, et que personne ne me fera de cadeau à l’Assemblée. Mais j’espère bien réussir à faire travailler tout le monde ensemble, dans le respect et la confiance. On va trouver une solution, j’en suis sûr.” Il s’est comparé à Spider-Man et son adage +un grand pouvoir implique de grandes responsabilités+: “je me sens un peu comme l’homme-araignée aujourd’hui tant ma tâche et les enjeux sont immenses pour la France. Mais, étrangement, j’aborde cela avec une grande sérénité.”Sur le déroulé de l’examen du projet de budget, la porte-parole du gouvernement a indiqué qu’elle n’avait “pas encore de calendrier exact à (…) donner”, mais que “les principales orientations seraient probablement dans la déclaration de politique générale”.En décembre, François Bayrou avait dit espérer une adoption du budget “à la mi-février”. Il avait précisé qu’il repartirait de “la copie qui a été votée” au Parlement avant la censure.Dans une interview à la Tribune Dimanche, Eric Lombard avait précisé que le déficit serait “un peu au-dessus de 5%” du PIB “de façon à protéger la croissance”. Bercy n’a par ailleurs pas confirmé que la prévision de croissance serait abaissée de 1,1% à 0,8% pour 2025, comme l’affirme le journal l’Opinion.Sans budget, des mesures fiscales qui avaient été proposées par le précédent gouvernement ne pourront pas être reconduites en tant que tel, a souligné Le Monde.Concernant la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, qui devait générer 2 milliards d’euros, “elle ne peut pas être conservée en l’état” en l’absence de rétroactivité, a déclaré Éric Lombard au Monde. “Peut-être pourrons-nous trouver une autre mesure de solidarité qui aboutirait à peu près au même effet.”Selon Les Échos, Eric Lombard pourrait envisager de relever le prélèvement forfaitaire unique (“flat tax”) de 30% à 33% et la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises ne s’appliquerait que sur les bénéfices 2025.