AFP Politics

Paris adopte son troisième plan biodiversité en misant sur les haies

Des kilomètres de haies, plus de zones de réserves dans les bois et des berges de Seine plus “végétales”: le Conseil Paris a adopté mardi le plan biodiversité 2025-2030 de la ville, destiné à enrayer le déclin de la faune sauvage, mais sans financement, regrette l’opposition.”Chaque parc, square, rue et toit végétalisés doivent devenir des refuges pour la faune et la flore”, a affirmé la maire socialiste Anne Hidalgo en présentant le projet.Ce troisième plan du genre depuis 2011 “s’inscrit dans un contexte de régression des politiques nationales de protection de la nature”, a affirmé Christophe Nadjowski, adjoint à l’Hôtel de ville en charge des espaces verts, s’en prenant notamment à la loi d’orientation agricole “qui autorise la destruction d’espèces protégées”.Plus de 3.400 espèces sauvages sont observées à Paris, soit 600 de plus que lors du précédent bilan des données naturalistes de 2020, a indiqué l’élu qui a fait valoir la politique “zéro produit phytosanitaire” engagée par la ville il y a 15 ans.”La biodiversité à Paris se porte mieux, en témoigne la présence de renards roux au cimetière du Père-Lachaise, ou de moules d’eau douce dans la Seine”, a décrit Christophe Nadjowski. Plusieurs espèces connaissent néanmoins un effondrement, comme les moineaux domestiques dont plus de 70% de la population a disparu en 20 ans.Le plan biodiversité prévoit une dizaine de mesures, à commencer par le renforcement de la place des haies, habitats propices à la petite faune. Objectif: déployer, d’ici 2030, au moins 500 mètres linéaires de haies diverses dans les arrondissements centraux, voire “plusieurs kilomètres” dans les arrondissements périphériques.Cent nouveaux quartiers avec aménagements dédiés à certaines espèces comme le hérisson d’Europe ou la chauve-souris, devraient voir le jour, sur le modèle des “quartiers moineaux” créés avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO).La mairie promet aussi de “retrouver des berges naturelles sur la Seine”, axe de déplacement majeur pour les oiseaux, avec la désimperméabilisation et la végétalisation des berges “partout où c’est possible”.  D’ici 2030, les parcs et jardins de moins d’un hectare devraient tous disposer d’une mare, selon le plan qui intègre par ailleurs le résultat de la votation citoyenne du 23 mars dernier sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 nouvelles rues.Les bois de Boulogne et de Vincennes, principaux réservoirs de biodiversité de la capitale, devraient disposer de 10% d’espaces de réserves supplémentaires, pour réduire le morcellement des habitats naturels par le trafic routier. La ville va aussi mesurer l'”empreinte biodiversité” de ses achats.Autant de “belles intentions” pour les élus d’opposition qui ont déploré “l’absence de budget et de planification” de cet “énième plan”. Valérie Montandon (LR), du groupe de Rachida Dati, a pointé “l’incohérence flagrante” de la mairie qui “autorise les festivals de grande ampleur au coeur du bois de Vincennes”.La sénatrice LR Agnès Evren, co-présidente du premier groupe d’opposition, a également fustigé la “contradiction” de la mairie qui “multiplie la surdensification minéralisée à coup de construction de tours comme la Tour Triangle”.

Le Parlement durcit les conditions du droit du sol à Mayotte

Le Parlement a définitivement adopté mardi, par un ultime vote à l’Assemblée, un texte très contesté pour durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, archipel dévasté par le cyclone Chido et en proie à une forte pression migratoire.Adopté au Sénat jeudi après un accord sur la version finale entre députés et sénateurs, le texte porté par Les Républicains, et soutenu par le gouvernement, a passé sans difficulté son dernier obstacle à la chambre basse, avec des voix de la coalition gouvernementale et des députés d’extrême droite.La gauche est vent debout contre cette proposition qui ne réglera selon elle rien à la surpopulation liée à l’immigration en provenance des Comores, tout en portant atteinte au principe d’égalité devant la loi. Elle a déjà promis de saisir le Conseil constitutionnel en espérant le voir censuré.”Les causes des migrations sont multiples, mais les perspectives d’accès à la nationalité française constituent un facteur indéniable d’attraction pour l’immigration irrégulière” dans l’archipel, a justifié le député Philippe Gosselin (LR), auteur du texte, tout en estimant qu’il ne serait pas “suffisant”.Il a promis “d’élargir” le débat sur l’ordre et la sécurité à Mayotte dans le cadre d’un vaste projet de loi pour “refonder” Mayotte, attendu en mai au Sénat puis par la suite à l’Assemblée.”Mayotte est en passe de devenir le laboratoire des idées de l’extrême droite”, a rétorqué Dominique Voynet (Écologiste), affirmant que le texte “présage de la fin du droit du sol en France”.”Son impact sur la vie de nos compatriotes mahorais ou sur le déferlement migratoire (…) sera minime”, a jugé la présidente du groupe RN Marine Le Pen, estimant que “la première urgence (…) consisterait à supprimer purement et simplement le droit du sol (…) sur l’ensemble du territoire national”.Elle a également appelé le gouvernement à dévoiler sa feuille de route pour “rendre à Mayotte les moyens et la dignité qu’elle mérite”.- Dérogation au droit du sol -Dans le détail, la proposition de loi renforce une dérogation spécifique au droit du sol qui existe à Mayotte depuis 2018. Actuellement, les enfants nés dans l’archipel doivent avoir un parent résidant régulièrement sur le sol français depuis au moins trois mois au moment de leur naissance, pour obtenir plus tard la nationalité française.Avec ce texte, les deux parents devront résider régulièrement en France depuis au moins un an. Une exception a été aménagée pour les familles monoparentales. Le texte a été élaboré avant le passage du cyclone Chido qui a ravagé le 14 décembre le département le plus pauvre de France, faisant au moins 40 morts et exacerbant les maux dont souffrait déjà l’archipel: pauvreté, habitat indigne, manque d’écoles et d’hôpitaux, etc..Mais le cyclone a également ravivé la sensible question migratoire et les demandes appuyées des élus locaux.Environ 320.000 personnes s’entassent sur ce territoire d’un peu plus de 300 km2, dont près de la moitié sont des étrangers, estime l’Insee. Selon une enquête menée en 2016, environ “la moitié des étrangers” étaient alors “en situation irrégulière”.- “Cheval de Troie” -Le texte permettra de “renforcer la cohésion sociale à Mayotte”, a appuyé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas devant les députés.Un leurre pour la gauche, et une “attaque fondamentale à l’identité française”, selon les mots d’Aurélien Taché, pour qui le texte est “un cheval de Troie” pour “rouvrir le débat sur le droit du sol au niveau national”.”À gauche, vous profitez que Mayotte soit à terre après la pire catastrophe climatique de notre pays en vous disant qu’il est temps d’achever notre île”, lui a rétorqué Estelle Youssouffa, députée de ce département (groupe centriste Liot), accusant par ailleurs le gouvernement Bayrou d’attendre pour lancer les grands travaux de reconstruction.Lors de l’adoption en première lecture à l’Assemblée, le ministre de la Justice Gérald Darmanin s’était empressé de déclarer être favorable à l’ouverture d’un tel débat.Des voix contraires s’étaient élevées dans le gouvernement, notamment celle de la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne.François Bayrou avait déclaré vouloir un débat plus large, sur “qu’est-ce qu’être Français?”, dont il a confié l’organisation le 1er avril au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Entre Paris et Pau, Bayrou veut “garder les pieds sur terre” face aux incertitudes

Premier ministre à Paris, maire à Pau, François Bayrou se rend chaque semaine dans sa ville pour “garder les pieds sur terre” et sans doute espérer gagner les municipales, alors que son bail à Matignon reste très précaire et les procès en immobilisme récurrents.”Pau, les Pyrénées, c’est chez moi, c’est là où j’habite. Quand je vois des gens qui s’étonnent que je rentre chez moi le dimanche, je me dis que ce monde est détraqué”, se défend-il dans un entretien au Parisien réalisé… en visio depuis Pau un vendredi après-midi.Car François Bayrou tenait à participer le même jour en soirée au conseil de l’agglomération qu’il préside toujours.”Pour moi, garder les pieds sur terre est absolument essentiel. Autrement, à Paris, on perd la tête. Donc, oui, une fois par semaine, je m’évade des cercles de pouvoir pour retrouver les gens normaux”, fait valoir le locataire de Matignon, partisan pour cette raison du cumul des mandats.Accueil des nouveaux habitants, match de rugby, inauguration d’un centre technique municipal lundi, après un aller-retour à Paris dimanche pour participer au rassemblement de Renaissance, celui qui est maire de Pau depuis 2014 reste “profondément attaché à sa ville” et “il veille à être présent et engagé”, témoigne une proche.- “En campagne” -Il avait pourtant été très critiqué en décembre juste après sa nomination à Matignon lorsqu’il avait assisté en visio depuis la ville des Pyrénées-Atlantiques à une réunion sur Mayotte – dévasté par un ouragan – afin de participer au conseil municipal dans la foulée.Même scénario le 24 mars: il a introduit le matin en visio une conférence de partis centristes européens sur l’Ukraine pour pouvoir être présent le soir au conseil municipal.Contrairement à ses prédécesseurs Édouard Philippe ou Jean Castex, élus en province comme lui, qui ont fait venir femme et enfants à Paris quand ils ont été nommés rue de Varenne, c’est François Bayrou qui rejoint chaque semaine son épouse à Bordères, son village natal, où ont grandi ses six enfants désormais adultes. Ce qui l’oblige parfois à jongler avec les horaires des vols commerciaux qu’il préfère emprunter.A Pau, François Bayrou “est dans un univers qu’il connaît et qui le ménage”, souligne l’opposant socialiste Jérôme Marbot. Pourtant les polémiques nationales l’ont rattrapé lors du dernier conseil municipal, qui a duré cinq heures, avec des échanges houleux notamment sur le scandale des violences au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram.Pour plusieurs élus, François Bayrou “est clairement en campagne” pour les élections municipales de l’an prochain, même s’il n’a pas encore dit publiquement qu’il serait candidat.- “Inconfortable” -“Pau, c’est une porte de sortie”, ajoute l’opposant écologiste Jean-François Blanco, alors que le Premier ministre dévisse dans les sondages et qu’il doit bâtir – privé de majorité et menacé de censure – un budget encore plus contraint que le précédent, intégrant réduction du déficit, effort militaire et hausse des droits de douane.Or pour cet élu, “les deux fonctions sont incompatibles, il y en a forcément une qui est sacrifiée”. En tout cas, concourir à un mandat local tout en pilotant le gouvernement “c’est inconfortable”, reconnaît un ancien Premier ministre.Certes “on ne peut pas lui faire le reproche de s’être éloigné de ses racines”, admet M. Marbot, quand M. Bayrou évoque les origines béarnaises du…roi du Danemark avec lequel il doit déjeuner peu après.Mais la double casquette, “ce n’est satisfaisant sur aucun plan. Il n’assume pas son mandat de maire correctement et ce n’est pas non plus satisfaisant pour ses fonctions de Premier ministre qui demandent d’être 150% à la tâche compte tenu des crises et des enjeux”, estime-t-il.Sur le plan national, les séminaires gouvernementaux sans ordre du jour laissent les ministres sur leur faim, selon des participants. François Bayrou “se laisse un peu vivre” depuis l’adoption du budget, juge un député Renaissance qui attend davantage d'”impulsion”.Jusqu’à “excéder” Emmanuel Macron, qui a “dû lui-même présider la réunion sur les droits de douane” après les décisions de Donald Trump, observe un autre élu du même parti.Une ministre temporise: François Bayrou reste “très impliqué” quand il mène ses réunions à Matignon.  

Les députés LFI brandissent les images d’enfants palestiniens dans l’hémicycle

Les députés La France insoumise ont brandi mardi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale des affiches montrant les visages d’enfants palestiniens, déclenchant les huées du RN et de LR. La présidente de l’institution, Yaël Braun-Pivet, qui présidait la séance des questions aux gouvernement, a rappelé qu’il était “interdit de brandir des affiches” dans l’hémicycle et a indiqué qu’elle saisirait le bureau de l’Assemblée, sa plus haute instance exécutive, dont une réunion est prévue mercredi matin.La scène s’est produite durant une question du député Aymeric Caron (LFI) sur la situation à Gaza. “Jamais dans l’histoire récente, des enfants n’ont été massacrés en si grand nombre”, a-t-il déclaré. “Et comme nos enfants, ils ont un nom, ils ont un visage, ils ont une vie à vivre”, a-t-il poursuivi, en brandissant une affiche montrant l’image d’une jeune fille “tuée dans son sommeil par un bombardement sur sa tente”. Il a ensuite été imité par les autres députés LFI, portant chacun des affiches avec d’autres visages d’enfants.”Dans cet hémicycle, les complices sont nombreux”, avait également accusé peu avant Aymeric Caron. “Vous laissez tout passer, c’est un scandale”, s’est insurgé le député RN Kévin Pfeffer, en direction de Yaël Braun-Pivet.Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a pris la parole en réponse à M. Caron: “Que d’outrances et de caricatures.” “La France a toujours porté cette voix de dialogue et de paix, tandis que vous, monsieur le député, tandis que votre groupe n’a cessé d’instrumentaliser ce sujet si tragique à des fins politiques, n’a cessé de souffler sur les braises de l’antisémitisme”, a-t-il déclaré. 

Parole à la défense de Nicolas Sarkozy, au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen

Ils vont soutenir la relaxe de Nicolas Sarkozy avant que le tribunal ne se retire pour délibérer: au bout de trois mois d’audiences, les avocats de l’ancien président ont commencé à plaider mardi après-midi, au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen. La défense “vous démontrera qu’il n’y a aucun pacte de corruption”, a débuté à la barre Me Jean-Michel Darrois, à quelques mètres de l’ex-chef de l’Etat, 70 ans, ainsi que des trois anciens ministres poursuivis, Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth.La salle d’audience est pleine comme un oeuf pour cette journée qui marque l’épilogue d’un procès inédit où sont jugés depuis le 6 janvier le 6e président de la Ve République (2007-2012) ainsi que 11 autres prévenus, dont trois anciens ministres. Au premier rang se sont assis l’épouse de Nicolas Sarkozy, l’auteure-interprète Carla Bruni, ainsi que ses fils Jean et Pierre Sarkozy.Après les plaidoiries, les prévenus auront, s’ils le souhaitent, la parole en dernier, puis le tribunal annoncera la date à laquelle il rendra son jugement – pas avant plusieurs mois.Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir noué en 2005, via ses plus proches collaborateurs, un “pacte de corruption” avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, afin qu’il finance sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.Et ce, selon l’accusation, en échange de contreparties diplomatiques, économiques et juridiques, en particulier un soutien au retour de la Libye sur la scène internationale après des années d’embargo lié aux attentats commis par le régime.Au rythme de trois après-midis par semaine, le tribunal présidé par Nathalie Gavarino a patiemment examiné chacun des indices rassemblés par les juges d’instruction pendant une décennie d’investigations très complexes, questionnant témoins et prévenus souvent jusque tard dans la soirée.A l’issue de trois journées de réquisitoire, le parquet national financier (PNF) a requis sept ans d’emprisonnement, 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Nicolas Sarkozy.Afin de “satisfaire ses ambitions politiques dévorantes”, l’ancien locataire de l’Elysée a noué “un pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années”, a affirmé l’un des procureurs.- “Outrance” -Pour les trois parquetiers, Nicolas Sarkozy est le “véritable commanditaire” de ce pacte mis en Å“uvre par ses plus proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui ont adopté l’attitude “d’hommes de mains” en protégeant leur chef jusque dans la salle d’audience.Immédiatement, Nicolas Sarkozy a dénoncé “la fausseté et la violence des accusations et l’outrance de la peine réclamée”, qui ne visent selon lui qu’à “masquer la faiblesse des charges alléguées”. Il a ajouté vouloir “croire dans la sagesse du tribunal”.Sa défense affirme qu’aucun des flux financiers détaillés par l’accusation n’a pu alimenter la campagne, dans laquelle selon eux aucun argent liquide d’origine libyenne n’a été identifié.Ses avocats estiment que ces accusations ont été construites rétrospectivement par les Libyens afin de se venger de l’intervention internationale menée notamment par Nicolas Sarkozy et qui a abouti à la mort de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Ils assurent que les contreparties alléguées n’existent pas, soit parce que le ministre puis président n’aurait fait que poursuivre des politiques antérieures, soit parce qu’il n’aurait pas pu, de par ses fonctions, influer sur les processus bilatéraux en cause.Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes ou Bismuth, M. Sarkozy s’est vu poser le 7 février un bracelet électronique à la cheville.Ce procès a aussi vu à la barre trois anciens ministres.Le ministère public a requis six ans de prison et 100.000 euros d’amende contre Claude Guéant, trois ans de prison et 150.000 euros d’amende contre Brice Hortefeux, un an de prison aménagé sous bracelet contre le trésorier de la campagne Eric Woerth.Lundi, leurs conseils ont plaidé contre le “roman” imaginé par le parquet financier, estimant que “le plausible” ne “suffit pas” pour condamner et dépeignant un dossier fait d'”extrapolation” et “pataugeage”, un “château de cartes” ne demandant qu’à s’écrouler.

Le maire d’Istanbul fait citoyen d’honneur de la ville de Paris

Le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, arrêté le 19 mars en Turquie, a été élevé au rang de citoyen d’honneur de la ville de Paris, “capitale des droits humains qui se tient à ses côtés”, a annoncé Anne Hidalgo.”Ekrem Imamoglu est aujourd’hui injustement empêché de représenter son parti et de porter la voix de millions de Turcs. Privé de sa liberté et de ses droits fondamentaux, il doit pouvoir compter sur le soutien plein et entier de Paris”, a déclaré la maire socialiste devant le Conseil de Paris qui a voté la citoyenneté d’honneur à l’unanimité.Ce soutien unanime “donnera de la force pour résister à notre collègue et ami qui a les valeurs démocratiques chevillées au corps” et “permettra peut-être au pouvoir actuel turc d’entendre les voix de la raison démocratique”, a ajouté Anne Hidalgo.Le 19 mars, des maires de plusieurs capitales ou grandes villes européennes dont Paris, Rome, Amsterdam et Bruxelles avaient appelé à la libération d’Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, investi depuis comme candidat de son parti à la prochaine présidentielle.

Saint-Avold: l’Assemblée approuve définitivement la conversion de la centrale

L’Assemblée a approuvé définitivement lundi un texte de loi pour permettre la conversion au biogaz de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), une des deux dernières centrales à charbon en activité en France, occasion pour le gouvernement de renouveler sa promesse d’un débat au Parlement sur la trajectoire énergétique du pays.Les députés ont adopté à l’unanimité, et à l’identique, un texte approuvé par le Sénat le 25 mars, très attendus par les élus locaux et les salariés dépendant de la centrale, dont certains étaient présents en tribune. En tout, quelque 500 emplois directs et indirects sont concernés.Les écologistes se sont abstenus, soulignant que voter pour un projet qui continue d’utiliser des énergies fossiles n’était “pas un exercice facile”.Le texte entend lever une barrière législative à un projet de conversion au gaz naturel et au biogaz, dans lequel le propriétaire du site, GazelEnergie, est prêt à s’engager. Cela viendrait concrétiser l’annonce d’Emmanuel Macron, qui avait promis en 2023 la conversion de cette centrale d’ici 2027.Grosse émettrice de gaz à effet de serre, la centrale de Saint-Avold est l’une des deux dernières centrales à charbon de France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique), dont EDF a annoncé en septembre la fermeture sèche. Elle assure un rôle de sécurisation de l’approvisionnement en hiver lors des périodes de pointe.Le texte prévoit un “plan de conversion” de l’installation de Cordemais, après un travail transpartisan des sénateurs de Loire-Atlantique.Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a salué dans son propos introductif une proposition de loi “indispensable au lancement du projet de conversion de la centrale de Saint-Avold”. Mais il a souligné au-delà de ce site “l’ardente nécessité” de donner une visibilité aux acteurs de la transition énergétique en promouvant la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).”C’est la raison pour laquelle nous souhaitons adopter, publier rapidement la nouvelle PPE sous la forme d’un décret, comme il est prévu par la loi. Nous souhaitons également adopter ce texte en respectant le dialogue avec le Parlement”, a-t-il dit.”Ce dialogue, je m’y engage et le Premier ministre s’y est également engagé. Il nous permettra d’intégrer les ajustements nécessaires qui feront suite aux débats que nous aurons ici au Parlement”, a-t-il ajouté.La présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé (LFI), a pour sa part redit la nécessité pour que les choix énergétiques soient “acceptables” qu’ils soient “débattus, votés par le Parlement”.”Nous avons besoin d’une loi votée par les représentants du peuple pour fixer notre vision”, a également estimé le communiste Julien Brugerolles.

Au Caire, Macron, Sissi et Abdallah II font front commun sur Gaza face au plan Trump

Emmanuel Macron, Abdel Fattah al-Sissi et Abdallah II ont dit lundi au Caire leur rejet de tout déplacement des Palestiniens face aux ambitions de Donald Trump, mais ont aussi donné des gages aux Etats-Unis en jugeant que la gouvernance à Gaza devait relever “uniquement” d’une Autorité palestinienne “renforcée”.Le président français a d’ailleurs organisé durant sa visite en Egypte un appel avec M. Trump, son homologue égyptien et le roi de Jordanie au sujet de Gaza, a annoncé l’Elysée.Dans un communiqué commun après leur sommet tripartite, les dirigeants français, égyptien et jordanien, qui rejettent donc tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien, ont également appelé à “un retour immédiat au cessez-le-feu”.Le roi de Jordanie a rejoint lundi Abdel Fattah al-Sissi et Emmanuel Macron, arrivé dimanche dans la capitale égyptienne pour une visite essentiellement consacrée à la guerre à Gaza.Avec cette rencontre, la diplomatie française entend afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, doit être reçu lundi à la Maison Blanche.Début février, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la “Riviera du Moyen-Orient”. Pour cela, ses habitants pourraient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.- Gouvernance -Emmanuel Macron, Abdel Fattah al-Sissi et Abdallah II “ont exprimé leur rejet de tout déplacement des Palestiniens de leurs terres ou de toute annexion de territoire palestinien”.Ils ont aussi “souligné que la gouvernance ainsi que le maintien de l’ordre et de la sécurité à Gaza, ainsi que dans tous les territoires palestiniens, devaient relever uniquement de l’autorité d’une Autorité palestinienne renforcée, avec un fort soutien régional et international”.Plus tôt, lors d’une conférence de presse, les présidents français et égyptien avaient tour à tour appelé à une reprise de l’aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont la quasi-totalité ont été déplacés au moins une fois par les combats dans le territoire assiégé.Emmanuel Macron a “salué les efforts inlassables déployés par l’Égypte” en tant que co-médiateur pour la trêve et la libération des otages encore retenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.Des déplacements de populations et une annexion de Gaza comme de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, seraient “une violation du droit international”, “une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d’Israël”, a dit Emmanuel Macron.Il a aussi exprimé le soutien de la France au plan arabe, qualifié de “voie réaliste à la reconstruction de Gaza”, conçu comme une réponse au plan Trump. Cette initiative, préparée par l’Egypte, prévoit de ne pas déplacer les Gazaouis.  Paris estime toutefois qu’il faut “encore renforcer” ce plan, notamment sur “la sécurité” et la “gouvernance” du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l’Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige Gaza depuis 2007.”Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël”, a insisté Emmanuel Macron.- Fret humanitaire -Le président français organise en juin à l’ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur la solution à deux Etats, israélien et palestinien. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le “moment opportun” que la France attend pour éventuellement reconnaître un Etat palestinien.Mardi, M. Macron se rendra, accompagné de son homologue égyptien, dans la ville d’al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de passage de Rafah par lequel est censée transiter l’aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis un mois.Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à “la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza”, selon la présidence française.Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l’aide, il va rencontrer des personnels d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien mais aussi probablement des “bénéficiaires” palestiniens de l’action humanitaire, selon la même source.Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques ont été signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.

Le Parlement étend aux petites communes le scrutin de liste paritaire, dès 2026

Le Parlement a définitivement adopté lundi, lors d’une séance tumultueuse à l’Assemblée nationale, une proposition de loi étendant aux communes de moins de 1.000 habitants le scrutin de liste paritaire aux élections municipales, et ce dès le prochain scrutin de mars 2026.Après de multiples suspensions de séance qui ont révélé des fractures au sein de la coalition gouvernementale, le texte a finalement été adopté par les députés dans les mêmes termes que celui approuvé par le Sénat le mois dernier. La date d’entrée en vigueur a fait l’objet d’une rude bataille dans l’hémicycle, celle-ci ayant d’abord été repoussée à 2032 via des amendements identiques de la droite et des communistes, adoptés à une voix près, avant que le gouvernement ne demande une deuxième délibération pour revenir au texte initial.”Tous les maires que nous avons interrogés nous ont mis en garde contre la faisabilité pour 2026″, a argumenté Agnès Firmin Le Bodo, députée Horizons signataire de l’un des amendements de report.Mais coup de théâtre: les communistes, qui avaient d’abord critiqué un changement des règles à moins d’un an des prochaines municipales, ont finalement modifié leur vote lors de la seconde délibération du gouvernement.L’idée était de “défendre la stabilité du mode de scrutin quelques mois avant l’échéance, mais certainement pas” d'”enterrer cette avancée de progrès”, a expliqué Julien Brugerolles.Les députés du Rassemblement national et des Républicains, qui combattaient ce texte sur le fond, se sont insurgés.”En Macronie, tu perds, tu bidouilles”, a fustigé le vice-président du RN, Sébastien Chenu.”Ca laissera des traces”, a ajouté Pierre Cordier (LR), accusant le gouvernement d’avoir davantage cherché le soutien de la gauche que des membres de la coalition gouvernementale. “Il y avait un bloc central. Ce soir, il y a un avant, il y a un après.”- “Tir aux pigeons” -Les communes de moins de 1.000 habitants représentent 70% des communes françaises, et 13% de la population y vit. Mais les femmes ne représentent que 37,6% de leurs conseillers municipaux, contre 48,5% dans les communes de 1.000 habitants, a pointé la députée MoDem Delphine Lingemann, rapporteure du texte.”La parité ne doit pas s’arrêter aux portes des grandes villes”, a-t-elle déclaré, alors que se trouvait au perchoir la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui soutenait résolument le texte.Les conseillers municipaux des communes de moins de 1.000 habitants ont jusqu’ici été élus au scrutin majoritaire plurinominal à deux tours, avec un système de “panachage” qui permet aux citoyens de rayer certains noms.Une pratique parfois surnommée “tir aux pigeons”, dénoncée par certains élus parce qu’elle favoriserait une démarche “punitive” envers des sortants.”La démocratie locale est une chose trop sérieuse pour être livrée à l’humeur du dimanche des élections”, a déclaré lundi la ministre déléguée chargée de la Ruralité, Françoise Gatel. Ces changements doivent “permettre la constitution d’équipes municipales cohérentes et moins fragiles”, selon elle.Mais pour les élus RN et LR, composer des listes paritaires dans ces petites communes sera très compliqué. Le débat a aussi porté sur le mode de scrutin lui-même, au-delà de la parité. Dans “beaucoup de petites communes (…) il n’y aura qu’une liste, donc il n’y aura aucun choix pour les électeurs”, a déclaré Jordan Guitton (RN).- “Discours ringards” -La gauche a au contraire fustigé des “discours ringards, réactionnaires”, reprenant “l’argumentaire qui était utilisé par ceux qui refusaient la parité au début des années 2000”, selon les mots de Benjamin Lucas (groupe écologiste).La proposition de loi avait été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale il y a plus de trois ans.Au Sénat, elle avait déjà suscité beaucoup de débats, avec des divisions importantes au sein même de chacun des deux groupes de l’alliance majoritaire, Les Républicains et l’Union centriste.Le texte finalement voté intègre des aménagements censés tenir compte des spécificités des petites communes.Ainsi par exemple, dans ces communes de moins de 1.000 habitants, les listes seront “réputées complètes” même si elles comptent deux candidats de moins que le total légal. L’Association des maires de France, celle des maires ruraux (AMF et AMRF), et l’association Intercommunalités de France soutenaient le texte.  

En attendant 2027, Villepin écrit son “non”

Surfant sur une popularité inattendue à deux ans de l’élection présidentielle, Dominique de Villepin distribue les gages à gauche et les coups à droite dans un entretien à l’AFP, à l’occasion de la sortie lundi de son nouvel essai, “Le pouvoir de dire non”.Les ressources s’épuisent, les empires s’affrontent, et Villepin revient. “Il ne s’agit pas de regarder passer les trains, ni de s’adonner à des travaux de jardinage (…) Je veux montrer qu’on peut faire des choses”, affirme l’ancien Premier ministre au verbe aussi haut que sa cote dans les baromètres d’opinion.Toujours fringant à 71 ans, et plus vert que jamais: dans son texte en accès libre publié lundi par la revue Le Grand Continent, il propose d’inscrire la “neutralité carbone” dans la Constitution, de “désinvestir ce qui est toxique” et de “mettre fin à l’exploitation aveugle des ressources”.Après Villepin l’égérie de la gauche, acclamé à la Fête de l’Huma, voici donc Villepin l’écolo, qui ne veut “pas interdire mais planifier”. Du Mélenchon dans le texte, ou presque.Car le chiraquien met, lui, sur le même plan “l’exigence de justice sociale” et “l’absolue nécessité” d’un “ordre républicain”, arguant que l’on “ne peut plus demander à la société d’avancer si elle ne peut pas le faire sur deux jambes”.Equilibre défendu d’abord contre ceux qui érigent l’ordre en “valeur suprême”, fut-ce “au détriment de nos libertés” et au moyen du “tour de passe-passe” de la “surenchère identitaire” qui “crée une sorte d’hystérie”.En atteste selon lui “la dérive d’un certain nombre de partis de droite engagés dans la course à l’échalote avec l’extrême droite” et cédant à “la tentation de se servir d’un certain nombre de sujets” comme “l’immigration”, “le voile” et “bien sûr l’Algérie”.Allusion assumée au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a défaut de “résultats” tangibles “contre la criminalité et le trafic de drogue”, offre un “spectacle d’impuissance”.A l’écrit, il pourfend plus largement la “logique d’enracinement parfois xénophobe” d’une certaine droite “qui réduit l’identité à l’héritage, à la biologie, à une pureté fantasmée”. Et prend le parti d’une laïcité brandie “non comme une arme, mais comme une promesse républicaine”.- “Nous avons des atouts” -La rupture semble donc consommée entre l’ancien rival de Nicolas Sarkozy et ce qui reste de sa famille politique d’origine. Contrairement aux Républicains d’aujourd’hui, Dominique de Villepin revendique d’être resté “exactement sur la même ligne” et de “refuser tout glissement vers cette tentation identitaire” encouragée par des “puissances” cherchant à “dominer le jeu en France et en Europe”.A l’aide de “mouvements populistes dans la main de quelques élites” et sous la coupe “d’influences étrangères”, le Vieux continent serait ainsi destiné à devenir “le parfait vassal (…) dont on prendrait la richesse”.Perspective insupportable à l’homme qui incarna le refus de la seconde guerre d’Irak en 2003. Aujourd’hui comme hier, “l’avenir qui nous est promis n’est pas acceptable” et “tout commence par la capacité à dire non”, assène-t-il.Pas simplement pour le panache. “L’idée c’est d’abord une mobilisation des esprits, des consciences, mais c’est surtout de montrer que nous ne sommes pas impuissants”, explique-t-il, soulignant au contraire “à quel point nous avons des atouts, à quel point il y a des marges de manoeuvre, à quel point nous pourrions mener d’autres politiques”.Y compris pour une “jeunesse trois fois sacrifiée” sur l’autel de “la dette” financière, de la “dette écologique” et qui n’aura “sans doute jamais de retraite”. Ce “sacrifice de nos enfants, je ne l’accepte pas”, s’indigne encore le père du “contrat première embauche” mort-né en 2006 qui lui a coûté cher à l’époque dans la course à l’Elysée – une “incompréhension” dont il a “souffert”.Il y a loin toutefois de la révolte au pouvoir, pour celui qui prétend “mener à tous les niveaux” un “combat existentiel pour la démocratie et la République”. Au milieu de ses nombreuses apparitions médiatiques, ce livre marque “à l’évidence un engagement supplémentaire”, reconnaît-il cependant.Un jalon de plus vers un retour en politique? Le grand fauve esquive: “Mon premier devoir, c’est de faire en sorte d’apporter jusqu’au bout la contribution qui est la mienne”.