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Claude Allègre, adepte du verbe haut et homme de controverses

Décédé samedi à 87 ans, Claude Allègre, géochimiste de renom et ancien ministre socialiste, n’a jamais eu peur de choquer, affichant sa volonté de “dégraisser le mammouth” de l’Education nationale et remettant frontalement en cause les vérités scientifiques sur le changement climatique.Personnage ombrageux aux petites lunettes et à la silhouette ronde, doté d’un verbe haut de bateleur né, ce scientifique était une figure médiatique, connue du grand public depuis son passage au gouvernement entre 1997 et 2000.Adhérent du PS depuis 1973, ami de longue date et conseiller de Lionel Jospin, il devient son ministre de l’Education nationale, de la Recherche et de la Technologie. Un ministre bien décidé à réformer.Mais l’une de ses premières saillies, celle où il clame son ambition de “dégraisser le mammouth”, lui met d’entrée les enseignants à dos. Une opposition qui ne cessera de grandir et l’obligera à rendre son portefeuille en mars 2000.Claude Allègre, né le 31 mars 1937 d’un père professeur de biologie et d’une mère institutrice, digère mal ce départ contraint, s’en prenant alors au syndicat d’enseignants, le SNES, qualifié de “stalinien”.Ce spécialiste des sciences de la Terre, ancien directeur de l’Institut physique du Globe de Paris (1976-1986) et président du conseil d’administration du Bureau de recherches géologiques et minières (1992-1997), continue par la suite de susciter des polémiques, politiques comme scientifiques.Lionel Jospin, Laurent Fabius, Ségolène Royal… Ce socialiste déçu multiplie les invectives à l’attention de ses anciens camarades.Avec Lionel Jospin, “ils étaient très proches, complices, ils avaient une relation assez fusionnelle” mais “ça s’est gâté quand mon père pensait mordicus qu’il fallait tenir face au syndicats” en 2000, souligne auprès de l’AFP son fils Laurent. En 2007, la rupture est consommée et celui que certains proches surnommaient Vulcano se tourne vers Nicolas Sarkozy, qu’il soutiendra de nouveau lors de la présidentielle en 2012.”S’il s’est rallié à Sarkozy, c’est qu’il voyait qu’il y avait quelqu’un qui voulait vraiment changer les choses”, souligne son fils. “Au fond il avait un côté naïf, il voulait changer la vie des gens. Il croyait en l’Homme et pensait qu’on pouvait le changer.”En 2009, il est cité pour entrer au gouvernement, mais se voit privé d’un maroquin probablement en raison de ses prises de position controversées sur le changement climatique.- Climatosceptique -Le géochimiste, membre de l’Académie des sciences et bardé de reconnaissances françaises et internationales (médaille d’or du CNRS, prix Crafoord en 1986), est alors la figure de proue en France du climatosceptiscisme, ce mouvement qui remet en cause les conclusions des spécialistes du climat du Giec.Ulcérés par les attaques relayées par l’ex-ministre dans son best-seller, “L’imposture climatique”, plus de 600 climatologues écrivent au printemps 2010 à leur ministre de tutelle pour dénoncer les “dénigrements” et “accusations mensongères” proférées par un scientifique non spécialiste du climat.L’Académie des sciences, au terme de débats tendus et à huis-clos, réfutera les thèses de Claude Allègre fin 2010.Cela n’empêche pas l’homme au verbe toujours alerte de revenir sur le terrain de l’écologie seulement un an plus tard en lançant une fondation. Cette organisation s’interdisait certes d’aborder ouvertement la question climatique mais promouvait l’innovation technologique et l'”écologie scientifique” avec le soutien de plusieurs prix Nobel, comme le physicien Albert Fert ou l’immunologiste Jules Hoffmann.N’aimant rien moins que nager à contre-courant, l’homme, qui s’était déjà illustré par le passé en mettant en doute le danger de l’amiante, ne craint pas non plus de défendre le nucléaire juste après l’accident de Fukushima en 2011, se disant “scandalisé par la propagande faite à partir” de cet événement.En 2013, il est victime d’une crise cardiaque alors qu’il participe à un colloque scientifique au Chili. Sur X, le Premier ministre François Bayrou a rendu hommage à “un esprit original, grand scientifique, homme de combats, qui ne craignait pas le +seul contre tous+” “Même s’il s’est trompé sur le climat, c’était quelqu’un d’intègre”, souligne son fils qui espère qu’il “ne restera pas que cela de lui” . “Le problème c’est qu’il était très têtu, il n’était pas dans le consensus, dans le côté convenu.”

Mort de Claude Allègre, ancien ministre de l’Education nationale de Jospin

L’ancien ministre de l’Education nationale Claude Allègre est décédé samedi à Paris à l’âge de 87 ans, a annoncé son fils à l’AFP.M. Allègre, qui avait subi une importante attaque cardiaque en 2013, souffrait depuis de problèmes de santé et son état s’était dégradé en septembre dernier, a-t-on précisé de même source.Ce géochimiste de formation, récompensé de plusieurs prix prestigieux pour ses travaux, a occupé la rue de Grenelle de 1997 à 2000, où il a connu un bail tumultueux, notamment en raison d’une saillie dans laquelle il promettait de “dégraisser le mammouth” de l’Education nationale.Une phrase “jamais prononcée publiquement”, issue d’un “off avec un journaliste”, “mais c’est ce qui est resté”, regrette son fils Laurent. M. Allègre fut ensuite remplacé au ministère par Jack Lang, ce qui provoqua un refroidissement temporaire de ses relations avec son ami et Premier ministre Lionel Jospin, qu’il avait connu durant ses études.Membre du Parti socialiste à partir de 1973, avant de se rallier à Nicolas Sarkozy en 2007, M. Allègre était aussi connu pour des prises de position controversées sur le changement climatique, au point de devenir une figure de proue en France du climatosceptiscisme.Ulcérés par les attaques relayées par l’ex-ministre dans son best-seller, “L’imposture climatique”, plus de 600 climatologues écrivirent au printemps 2010 à leur ministre de tutelle pour dénoncer les “dénigrements” et “accusations mensongères” proférées par un scientifique non spécialiste du climat.Né le 31 mars 1937 d’un père professeur et d’une mère institutrice, M. Allègre, à la personnalité débonnaire mais aussi parfois “abrupte” et “têtue” dixit son fils, n’aura jamais renié ses positions sur le sujet. “C’est dommage de ne garder que cela, tout le monde lui est tombé dessus de manière excessive”, déplore son fils

Être ou ne pas être Charlie ? Dix ans après, les gauches s’opposent sur la satire

A l’approche de la commémoration de l’attentat de Charlie Hebdo survenu il y a 10 ans, l’heure est au recueillement et à l’hommage dans la classe politique. Mais sans que les divergences sur “l’esprit Charlie” et le journal satirique ne soient occultées à gauche.Au sein des dirigeants du Nouveau Front populaire, le soutien le plus affiché de l’hebdomadaire “satirique, laïque et joyeux” est Fabien Roussel.Le dirigeant du Parti communiste français rend régulièrement hommage aux membres de la rédaction abattus lors de l’attentat islamiste du 7 janvier 2015. Il se présente par ailleurs comme un grand défenseur de la laïcité et la liberté d’expression, des valeurs défendues par Charlie Hebdo, né dans l’esprit libertaire qui a suivi Mai 1968. Mercredi, au lendemain des 10 ans de l’attentat, le PCF organisera d’ailleurs un hommage aux victimes, en présence notamment de Gérard Biard, rédacteur en chef du journal. A l’inverse, les plus critiques sont les élus de La France insoumise. Pour l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, figure du centre-gauche et chantre de la lutte contre le “communautarisme”, cela s’expliquerait par les caricatures visant l’islam publiées par le journal satirique.”Une partie de la gauche extrême considère cyniquement les musulmans comme une clientèle électorale à conquérir”, a-t-il accusé cette semaine dans Le Nouvel Obs.”J’ai été trainé dans la boue bien des fois par la nouvelle équipe de Charlie Hebdo, celle qui a succédé à l’époque de mes amis assassinés”, regrettait en 2021 Jean-Luc Mélenchon, qui saluait pourtant après les attentats de 2015 “le droit d’être irréligieux” et recommandait de faire “un acte civique” en achetant le numéro de l’hebdomadaire qui suivait la fusillade. Pour le fondateur de LFI, c’est Charlie Hebdo qui a changé. Ses détracteurs pointent plutôt sa propre évolution sur la question de la laïcité, lui qui qualifiait il y a 15 ans le voile islamique de “signe de soumission patriarcale” et refusait d’utiliser le terme “islamophobe”. En 2020, le leader insoumis accusait ainsi l’hebdomadaire d’être un “bagagiste de Valeurs Actuelles”.Plus récemment, plusieurs élus LFI ont dit leur colère contre le journal, notamment pour des dessins humoristiques sur l’affaire des viols de Mazan ou une caricature de la députée Danièle Obono, qui avait été jugée “antisémite” et “raciste”.- “Liberté de critiquer” -“Leur ligne politique se rapproche de plus en plus de l’extrême droite”, estime auprès de l’AFP le coordinateur du mouvement de gauche radicale Manuel Bompard, en précisant cependant que “ce qui doit l’emporter dans la période actuelle, c’est l’hommage aux victimes des attentats et pas un débat sur leur ligne éditoriale”.Prudent, le député des Bouches-du-Rhône ne veut pas utiliser l’expression “islamophobe” pour décrire le journal, mais estime que “certaines de leurs publications s’inscrivent dans un contexte de libération de la parole et des actes islamophobes”.”La liberté d’expression c’est la liberté de publier mais aussi la liberté de critiquer”, ajoute-t-il en se disant “bien sûr” favorable au droit au blasphème et à “la liberté de critiquer les religions”.Concernant le slogan “Je suis Charlie”, né en solidarité avec la rédaction de Charlie Hebdo au lendemain des attentats, Manuel Bompard ne veut pas le reprendre en 2025.”La formule veut dire tout et son contraire maintenant. Mais cela ne nous empêche évidemment pas d’avoir une pensée émue pour les victimes des attentats”, explique-t-il.  A gauche, les critiques contre la ligne éditoriale de Charlie Hebdo ne sont cependant pas l’apanage des Insoumis. La députée écologiste Sandrine Rousseau explique ainsi à l’AFP ne pas “aimer” la publication, qu’elle trouve “misogyne et parfois raciste”.En 2022, une caricature l’avait représentée en gorille en train de commettre un viol dans la jungle. “Mais j’ai été, je suis et je serai toujours Charlie, ad vitam aeternam”, précise-t-elle. “Au nom du droit de se moquer des religions et de la liberté de la presse”.”On s’en fiche de leur ligne éditoriale, le sujet n’est pas là”, balaie pour sa part le député socialiste Jérôme Guedj, secrétaire national à la laïcité du parti, qui se dit “plus que jamais Charlie”. “Les combats pour la laïcité et pour le droit au blasphème ne sont plus aussi présents qu’il y a 10 ans à gauche et c’est désespérant”, regrette-t-il.

Premier Conseil des ministres de Bayrou, qui voit “un chemin” pour sortir de l’instabilité

“Il existe un chemin” pour sortir de l’instabilité politique, a assuré François Bayrou vendredi en amont de son premier Conseil des ministres, lors duquel Emmanuel Macron a appelé à “l’unité” et à “l’audace”, notamment pour faire adopter rapidement un budget après la censure du précédent gouvernement.Comme chaque nouvelle année, les membres du gouvernement se sont d’abord retrouvés place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée, où l’hôte des lieux, le Vendéen Bruno Retailleau, a offert à tous une bouteille de “trouspinette”, un vin d’épines.Autre rituel, le gouvernement en rangs serrés a ensuite rejoint à pied la salle des fêtes de l’Elysée, à quelques dizaines de mètres de là. Des ministres sont ensuite restés autour du président pour un Conseil de défense consacré à Mayotte, trois semaines après le passage du cyclone Chido.”Il existe un chemin” pour sortir de “cette période d’instabilité”, “il est même mieux défini qu’on ne le croit”, a assuré François Bayrou à ses ministres, selon son entourage. “Si nous sommes unis, nous pourrons déplacer un certain nombre d’obstacles devant nous”, a encore lancé le Premier ministre, qui avait placé 2025 sous les auspices d’un triptyque “réconciliation, action, stabilité”.Le président Emmanuel Macron a appelé pour sa part les ministres à “l’unité” et à “l’audace”, a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. – “Coups politiques” -“Vous êtes à la tête d’administrations, dirigez-les. La vie des Français ne change pas car une loi est votée ou une parole prononcée”, a-t-il encore dit selon un participant.”Le fait d’être au gouvernement vous élève au-dessus des différends”, a ajouté le chef de l’Etat, qui a exprimé sa “préoccupation sur les instabilités que vivent les démocraties”, selon une source gouvernementale, et mis en garde contre les “coups politiques qui mettraient en danger le pays”.M. Bayrou espère durer davantage à Matignon que son prédécesseur, resté en poste trois mois, mais il est pareillement privé de majorité à l’Assemblée nationale, faute d’avoir pu élargir son gouvernement au-delà du centre et de la droite.Une lacune qu’il espère compenser par la présence de poids lourds politiques, comme les ex-Premiers ministres Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), et de quelques ministres qui ont, dixit une source gouvernementale, “une histoire” avec la gauche, tels Eric Lombard (Economie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire).Auxquels s’ajoutent “deux grands fauves”, Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice), qui rivalisent de déplacements et d’expressions publiques mais pourraient lui faire de l’ombre. – “S’assoir” sur le déficit -Plusieurs de leurs collègues étaient dans les médias vendredi avec un message martelé à l’unisson: “Nous avons besoin d’un budget”.Parce que sans loi de finances depuis le 1er janvier, “la France fonctionne en service minimum”, a expliqué sur RTL Catherine Vautrin, en charge notamment du Travail et de la Santé. Mais le gouvernement va sans doute “s’assoir” sur la réduction du déficit, a rapporté à l’AFP un élu consulté par Bercy.Selon le journal Le Monde, M. Bayrou se serait fixé un objectif de déficit à 5,4% du PIB au lieu de 5% comme envisagé par Michel Barnier. L’objectif chiffré “sera le fruit des discussions” du gouvernement avec les forces politiques, a balayé la porte-parole Sophie Primas, sans donner de calendrier pour l’adoption du budget, dont les “principales orientations” devraient figurer dans la déclaration de politique générale du 14 janvier.- Grain de sel -Urgence aussi pour Mayotte, où le Premier ministre s’est rendu avec cinq ministres pour annoncer une batterie de mesures destinées à remettre “debout” ce département, le plus pauvre de France. Ce texte présenté mercredi et “adopté avant la fin du mois”, a assuré Mme Primas.L’exercice du compte-rendu du Conseil des ministres a été rapatrié à l’Elysée, à la demande de François Bayrou, alors que son prédécesseur avait choisi de le délocaliser dans un bâtiment des services du Premier ministre.Pour préparer cette première réunion, François Bayrou a déjeuné longuement jeudi avec le président. Manière d’apaiser les tensions, alors que le chef de l’Etat a hésité en décembre à nommer le patron du MoDem, ce dernier menaçant alors de rompre leur alliance historique.Depuis, le président ne s’est pas privé de mettre son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses voeux aux Français. Il faut que la France “continue d’être attractive”, “travaille et innove plus”, “continue de créer des emplois” et “assure sa croissance en tenant ses finances”, a-t-il exhorté.La marque d’une nouvelle relation de “coresponsabilité”, selon le nouveau locataire de Matignon, qui a entamé son bail avec une cote de popularité historiquement basse. 

Le déficit public pour 2025 sera “le fruit des discussions” politiques, selon le gouvernement

Le gouvernement a indiqué vendredi que l’objectif de déficit public de la France pour 2025 serait “le fruit des discussions” avec les forces politiques du Parlement, avant le discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou le 14 janvier.”Le déficit sera le résultat des concertations et du chemin qui sera trouvé lors des concertations à Bercy et également pour le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale, NDLR)”, a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas dans son compte rendu à la presse du premier Conseil des ministres du gouvernement Bayrou. Elle n’a pas confirmé des informations de presse selon lesquelles le gouvernement vise un déficit public de 5,4% du PIB cette année, davantage que les 5% ambitionnés par le gouvernement précédent, après un dérapage attendu à 6,1% en 2024. Il pourra “être entre 5,4 ou 5,1, 4,9, 4,8 (en pourcentage du PIB, NDLR), on verra le résultat de ces négociations et on verra où est le chemin et ce qui est supportable pour le déficit”, a-t-elle souligné. Afin de les associer à la préparation du budget 2025, dont la France est pour l’instant dépourvue en raison de la censure du gouvernement de Michel Barnier le 4 décembre, les ministres de l’Économie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, ont prévu de consulter l’ensemble des forces politiques représentées au Parlement. Des “premières prises de contact” ont débuté le 30 décembre, mais les échanges commenceront formellement lundi, selon le ministère de l’Économie et des Finances, qui n’a pas communiqué de calendrier. Des représentants du Parti socialiste se rendront à Bercy lundi, les Ecologistes et les communistes mercredi, ont d’ores et déjà indiqué ces divers groupes vendredi.Ces rencontres, prévues jusqu’au jour de la déclaration de politique générale, feront l’objet de conclusions qui se traduiront “en propositions du gouvernement amendant le budget 2025”.- Spider-Man -Dans Le Point, Eric Lombard, qui dirigeait la Caisse des dépôts avant son arrivée à Bercy en décembre, une fonction selon lui “très politique”, s’est dit confiant quant à la possibilité de parvenir à “une solution”. “J’ai bien conscience que ce sera plus compliqué en tant que ministre, et que personne ne me fera de cadeau à l’Assemblée. Mais j’espère bien réussir à faire travailler tout le monde ensemble, dans le respect et la confiance. On va trouver une solution, j’en suis sûr.” Il s’est comparé à Spider-Man et son adage +un grand pouvoir implique de grandes responsabilités+: “je me sens un peu comme l’homme-araignée aujourd’hui tant ma tâche et les enjeux sont immenses pour la France. Mais, étrangement, j’aborde cela avec une grande sérénité.”Sur le déroulé de l’examen du projet de budget, la porte-parole du gouvernement a indiqué qu’elle n’avait “pas encore de calendrier exact à (…) donner”, mais que “les principales orientations seraient probablement dans la déclaration de politique générale”.En décembre, François Bayrou avait dit espérer une adoption du budget “à la mi-février”. Il avait précisé qu’il repartirait de “la copie qui a été votée” au Parlement avant la censure.Dans une interview à la Tribune Dimanche, Eric Lombard avait précisé que le déficit serait “un peu au-dessus de 5%” du PIB “de façon à protéger la croissance”. Bercy n’a par ailleurs pas confirmé que la prévision de croissance serait abaissée de 1,1% à 0,8% pour 2025, comme l’affirme le journal l’Opinion.Sans budget, des mesures fiscales qui avaient été proposées par le précédent gouvernement ne pourront pas être reconduites en tant que tel, a souligné Le Monde.Concernant la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, qui devait générer 2 milliards d’euros, “elle ne peut pas être conservée en l’état” en l’absence de rétroactivité, a déclaré Éric Lombard au Monde. “Peut-être pourrons-nous trouver une autre mesure de solidarité qui aboutirait à peu près au même effet.”Selon Les Échos, Eric Lombard pourrait envisager de relever le prélèvement forfaitaire unique (“flat tax”) de 30% à 33% et la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises ne s’appliquerait que sur les bénéfices 2025.

Appels dans l’affaire Mazan: le viol est “le crime qu’on n’avoue jamais”, regrette Aurore Bergé

Après le procès des viols de Mazan et l’appel de 17 des 51 hommes condamnés, la ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, a déploré vendredi que le viol restait “le crime qu’on n’avoue jamais”, même “confronté aux preuves”.Un second procès aura lieu dans l’affaire des viols de Mazan, même si Dominique Pelicot, condamné à 20 ans de réclusion pour avoir drogué sa femme Gisèle afin de la violer et la livrer à des dizaines d’inconnus, a accepté sa sanction. Mais 17 de ses coaccusés, eux aussi condamnés, ont fait appel. “Cela en dit long”, a réagi Mme Bergé sur France Inter. “C’est évidemment totalement leur droit de faire appel. (…) Mais ça veut dire que même confrontés à des images, à des preuves, il y a encore ce déni”.”Même confronté au fait que le premier des accusés (Dominique Pelicot) a expliqué lui-même la démarche qu’il avait entreprise, ça ne suffit pas. On ne reconnaît toujours pas le crime qu’on a commis”, a-t-elle insisté.”Le viol, c’est le crime qu’on n’avoue jamais. On reconnaît avoir cambriolé, on reconnaît avoir frappé. On ne reconnaît jamais avoir violé. Parce qu’on considère qu’on n’a pas violé. Qu’elle était forcément consentante. Que le corps des femmes nous appartient, appartient aux hommes”, a dit la ministre.Mme Bergé a redit souhaiter l’inscription de la notion de consentement dans le code pénal, accompagnée de sa définition précise qui sera déterminée par le débat parlementaire.Par ailleurs, concernant les violences conjugales, elle a rappelé qu’une proposition de loi, qu’elle a elle-même déposée à l’Assemblée nationale quand elle était députée, serait examinée en janvier, pour notamment inscrire dans le code pénal un délit de “contrôle coercitif”, c’est-à-dire les manoeuvres visant à déstabiliser psychologiquement une victime, dans le but de l’empêcher d’agir contre son agresseur.”Les violences à l’encontre des femmes, ce n’est pas d’abord des coups. (…) Il y a tout le contrôle qu’on met en place. On va contrôler vos comptes, vos sorties, votre téléphone (…) vos fréquentations, on va vous isoler. Et cet isolement fait que vous vous retrouvez dans un huis clos” qui permet aux violences physiques et sexuelles de s’installer, a-t-elle dit.”Mieux caractériser les choses, en faire un délit (…) je crois que ça pourrait changer la donne”, a-t-elle conclu.

Premier Conseil des ministres du gouvernement Bayrou, sous le signe de “l’urgence budgétaire”

Il s’agit du premier Conseil des ministres de François Bayrou et du premier de l’année 2025 pour Emmanuel Macron: le président réunit vendredi à l’Elysée le nouveau gouvernement de son allié centriste, déjà sous pression pour faire adopter au plus vite un budget après la censure de Michel Barnier et son équipe.Comme chaque nouvelle année, les membres du gouvernement se sont d’abord retrouvés place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée, où l’hôte des lieux, le Vendéen Bruno Retailleau, a offert à tous une bouteille de “trouspinette”, un vin d’épines.Autre rituel, le gouvernement en rangs serrés a ensuite rejoint à pied la salle des fêtes de l’Elysée, à quelques dizaines de mètres de là, peu avant 10H00. Une partie des ministres restera ensuite autour du président pour un Conseil de défense consacré à Mayotte, trois semaines après le passage du cyclone Chido.”Il existe un chemin” pour sortir de “cette période d’instabilité”, “il est même mieux défini qu’on ne le croit”, a assuré François Bayrou à ses ministres, selon son entourage. “Si nous sommes unis, nous pourrons déplacer un certain nombre d’obstacles devant nous”, a encore lancé le Premier ministre, qui avait placé son année sous les auspices d’un triptyque “réconciliation, action, stabilité”.M. Bayrou, qui espère durer davantage à Matignon que son prédécesseur, resté en poste seulement trois mois, est pareillement privé de majorité à l’Assemblée nationale, faute d’avoir pu élargir son gouvernement au-delà du centre et de la droite.Une lacune qu’il espère compenser par la présence de poids lourds politiques, comme les ex-Premiers ministres Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), et de quelques ministres qui ont, dixit une source gouvernementale, “une histoire” avec la gauche, tels Eric Lombard (Economie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire).Plusieurs de leurs collègues étaient de sortie vendredi matin dans les matinales radio et télé, pour donner le ton de cette première réunion de l’équipe gouvernementale. Avec un message martelé à l’unisson: “Nous avons besoin d’un budget”.- “Service minimum” -Parce que sans loi de finances depuis le 1er janvier, “la France fonctionne en service minimum”, a affirmé sur RTL Catherine Vautrin, en charge notamment du Travail et de la Santé. “Si on n’a pas de budget, on ne va pas pouvoir s’occuper des habitants (des) quartiers”, a pour sa part souligné la nouvelle ministre de la Ville, Juliette Méadel, sur TF1.Le doute plane aussi sur la baisse du prix de l’électricité (-14% au 1er février) qui “va dépendre de l’adoption de la loi de finances”, a prévenu sur RMC Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Energie. La situation relève donc de “l’urgence budgétaire”, a estimé Aurore Bergé (Egalité femmes-hommes), appelant sur France Inter à “l’unité et la stabilité”.Urgence aussi pour Mayotte, en attente d’un projet de loi promis en début de semaine par François Bayrou. Le Premier ministre, qui s’est rendu dans l’archipel avec cinq ministres, y a annoncé une batterie de mesures pour remettre “debout” ce département, le plus pauvre de France. Mais ce texte ne figurera pas au menu de ce premier Conseil des ministres, comme prévu initialement. Il sera présenté la semaine prochaine, même si ce report ne devrait pas avoir d’impact sur son examen par le Parlement, qui reprend ses activités le 13 janvier.- Grain de sel -Le menu risque donc d’être léger à la table de l’Elysée vendredi. Une nouvelle porte-parole du gouvernement, l’ex-sénatrice Les Républicains Sophie Primas, en fera le compte-rendu. Un exercice rapatrié à l’Elysée, à la demande de François Bayrou, alors que son prédécesseur avait choisi de le délocaliser dans un bâtiment des services du Premier ministre.Pour préparer cette première réunion de l’équipe gouvernementale, et avec en ligne de mire sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée le 14 janvier, le Premier ministre a déjeuné longuement jeudi avec le président Emmanuel Macron. Manière d’apaiser les tensions entre les deux têtes de l’exécutif, alors que le chef de l’Etat a hésité en décembre à nommer le patron du MoDem, ce dernier menaçant alors de rompre leur alliance historique.Depuis, le président ne s’est pas privé de mettre son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses voeux aux Français.Le nouveau gouvernement “doit pouvoir tenir un chemin de compromis pour agir”, il faut que la France “continue d’être attractive”, “travaille et innove plus”, “continue de créer des emplois” et “assure sa croissance en tenant ses finances”, a-t-il exhorté.La marque d’une nouvelle relation de “coresponsabilité”, selon le nouveau locataire de Matignon, qui a entamé son bail avec une cote de popularité historiquement basse, selon le baromètre Ifop-Journal du Dimanche publié le 22 décembre. 

Premier Conseil des ministres du gouvernement Bayrou, qui voudrait durer

Il s’agit du premier Conseil des ministres de François Bayrou et du premier de l’année 2025 pour Emmanuel Macron: le président réunit vendredi à l’Elysée le nouveau gouvernement de son allié centriste, nommé après la censure de son prédécesseur resté seulement trois mois.Comme chaque nouvelle année, les membres du gouvernement se rendront d’abord place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée. Puis ils iront présenter, à pied, leurs vÅ“ux à l’Elysée, à 10H00.”Réconciliation, action, stabilité” sont les trois vÅ“ux formulés par le nouveau Premier ministre François Bayrou, qui souhaiterait davantage durer à son poste que Michel Barnier, même s’il est comme lui privé de majorité à l’Assemblée nationale et si les équilibres politiques de son gouvernement de centre droit ressemblent beaucoup à ceux de l’équipe précédente.François Bayrou amènera néanmoins autour de la table ses poids lourds, comme les ex-Premiers ministres Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), et des ministres qui ont, dixit une source gouvernementale, “une histoire” avec la gauche, tels Eric Lombard (Economie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire). Pour préparer ce premier rendez-vous de l’année autant que le projet de budget, tombé avec la censure, François Bayrou a reçu jeudi plusieurs ministres et déjeuné longuement – plus de deux heures – avec le président Emmanuel Macron à l’Elysée.- Grain de sel -Ce premier Conseil ressemblera à des retrouvailles officielles entre les deux têtes de l’exécutif, qui a connu de vives tensions quand Emmanuel Macron a hésité à nommer le patron du MoDem, ce dernier menaçant alors de rompre avec le chef de l’Etat.Resté en retrait sous le court bail de Michel Barnier, un opposant de droite, le président a semblé mettre davantage son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses vÅ“ux aux Français.Le nouveau gouvernement “doit pouvoir tenir un chemin de compromis pour agir”, il faut que la France “continue d’être attractive”, “travaille et innove plus”, “continue de créer des emplois” et “assure sa croissance en tenant ses finances”, a-t-il exhorté.Matignon se défend de toute inimitié avec l’Elysée. François Bayrou, “ce n’est pas l’homme de petites piques” contre le président, soutient son entourage. “Michel Barnier était, lui, dans le bras de fer”, ajoute une source gouvernementale.Le maire de Pau y voit une relation de “coresponsabilité”. Le président s’est abstenu pour l’heure de la qualifier.Outre le manque de soutiens à l’Assemblée, le nouveau Premier ministre entame son bail avec une cote de popularité historiquement basse, selon le baromètre Ifop-Journal du Dimanche publié le 22 décembre. Son arrivée à Matignon a été marquée par une vive polémique quand il s’est rendu à Pau pour participer au conseil municipal de sa ville au lieu de participer à une réunion de crise sur Mayotte, dévasté par un ouragan le lendemain de sa nomination.- “Moment politique” -François Bayrou s’est depuis rendu dans l’archipel avec cinq ministres, et a annoncé une batterie de mesures pour remettre “debout” ce département, le plus pauvre de France. Mais le projet de loi “d’urgence” pour Mayotte ne figurera pas au menu de ce Conseil des ministres, comme promis initialement. Il sera présenté la semaine prochaine, même si ce report ne devrait pas avoir d’impact sur son examen par le Parlement, qui reprend ses activités le 13 janvier.Le menu risque donc d’être léger à la table de l’Elysée vendredi, où un conseil de défense et sécurité nationale se tiendra également dans la matinée. Une nouvelle porte-parole du gouvernement, l’ex-sénatrice Les Républicains Sophie Primas, fera le compte-rendu de ces réunions. Un exercice rapatrié à l’Elysée, à la demande de François Bayrou, alors que son prédécesseur avait choisi de le délocaliser dans un bâtiment des services du Premier ministre.”C’est l’installation, le moment sera surtout politique” résume une source ministérielle, qui juge “rare” qu’un gouvernement se demande, dès sa première réunion, “s’il va durer”.Le rendez-vous permettra d’appréhender les grandes lignes de la déclaration de politique générale que François Bayrou prononcera devant le Parlement le 14 janvier.Pour préparer ce discours en même temps que le budget, les ministres de l’Economie et du Budget ont commencé à entendre les groupes politiques. Un des élus de la majorité, consulté, souhaite “de l’audace à défaut de la confiance”. Il mise sur un budget avec “moins d’économies” qu’envisagé et “un deal” avec les socialistes sur les retraites. 

Drogue: Darmanin veut “taper” les trafiquants “au portefeuille”

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, en visite à Marseille, a dit jeudi vouloir “taper au portefeuille” les narcotrafiquants qui ont désormais assez de moyens pour “corrompre” les agents ou les menacer, assurant vouloir mettre “les moyens contre le blanchiment d’argent”.”Il faut taper au portefeuille”, a déclaré le ministre aux journalistes, à l’issue d’entretiens au tribunal judiciaire de Marseille, soulignant que “les peines de prison ne sont pas totalement dissuasives pour les plus grands délinquants (…), parfois condamnés à des dizaines d’années de prison sans pour autant arrêter leur trafic”.Le ministre a en particulier évoqué “la confiscation des biens mal acquis, l’argent, les voitures, les biens immobiliers”, en France comme à l’étranger. Il a ainsi annoncé qu’il se rendrait “autour du 20 janvier” aux Emirats arabes unis, où prospèrent certains narcotrafiquants identifiés, afin d'”améliorer la coopération judiciaire”.”Cette question du blanchiment doit être la plus importante, car on peut faire mal aux trafiquants avant même leur condamnation”, a-t-il insisté, rappelant qu'”une loi existe qui permet des saisies avant un jugement”.”Quand la criminalité organisée a assez de moyens pour avoir des réseaux téléphoniques parallèles, pour avoir des circuits de financement à l’étranger, pour pouvoir mettre de l’argent dans (…) l’immobilier, la restauration, (…) et pour pouvoir corrompre des agents ou les menacer, (…) nous sommes dans un point de bascule pour la République et nous devons collectivement nous réveiller”.Le ministre a ainsi dit souhaiter “qu’on alourdisse les peines de ceux qui corrompent et/ou menacent ces agents de l’Etat”.Il a dit son intention de donner “des instructions dans la circulaire de politique pénale aux procureurs pour que les atteintes, les menaces, les corruptions envers les agents publics soient poursuivies avec la plus grande fermeté” et “particulièrement condamnées”.Revenant sur sa proposition polémique de renforcer l’isolement en détention “des 100 plus grands narcotrafiquants”, M. Darmanin a expliqué vouloir faire “une sorte de programme +starter+”, d'”appartement-témoin”, comme dans l’immobilier. “Je constate que lorsque ces narcobandits sont mis à l’isolement, un certain nombre d’assassinats ciblés se sont arrêtés”, a-t-il dit, expliquant avoir demandé à l’administration pénitentiaire de “lui remonter les 100 profils demandés”, pour qu’ensuite “nous puissions montrer cet appartement-témoin, que j’espère nous généraliserons à l’ensemble de ceux qui continuent leur trafic de prison”.Mercredi après-midi, le ministre de la Justice devait visiter un centre éducatif fermé avant de se rendre à la maison d’arrêt marseillaise des Baumettes, dont la directrice et le chef de la détention ont dû être temporairement relevés et placés sous protection début décembre après avoir été menacés par un narcotrafiquant. alc/ol/rhl

Gouvernement: la santé “n’est pas à sa juste place”, fustige l’ex ministre Valletoux

L’ancien ministre de la Santé Frédéric Valletoux a estimé jeudi que la santé “n’est pas à sa juste place” dans le gouvernement Bayrou.La structure du gouvernement “ne met pas à sa juste place le sujet majeur de la santé et de l’accès aux soins”, a déclaré M. Valletoux sur TF1. “L’avoir mis à un niveau si bas dans la hiérarchie ministérielle gouvernementale, c’est assez étonnant”.”On ne considère pas assez les sujets de santé, c’est même presque du mépris”, a fustigé le député Horizons.Dans le gouvernement Bayrou, le ministre de la Santé Yannick Neuder est effectivement placé au 21e rang protocolaire, sous la tutelle de Catherine Vautrin qui se trouve à la tête d’un grand portefeuille regroupant aussi le Travail, les Solidarités et les Familles.L’ancien ministre de la Santé a également déploré la “valse des ministres”  – le septième depuis le début du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron – et a souligné “l’incompréhension” de la part du gouvernement quant à l’importance de la santé et de l’accès aux soins pour les Français.Interrogé sur la loi spéciale pour Mayotte qui sera présentée la semaine prochaine en Conseil des ministres, M. Valletoux s’est dit “étonné” de ne pas avoir vu de mesures qui concernent l’accès aux soins à Mayotte. “Ceux qui soignent à Mayotte sont à bout de souffle (…) parce que le système est insuffisant. Il faut absolument aider à rendre plus attractif l’exercice médical à Mayotte”.