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Procès du RN: Marine Le Pen de retour à la barre pour son dernier interrogatoire

Marine Le Pen est de retour à la barre, cette fois en tant qu’ancienne cheffe du Front national. Après un mois de procès, elle doit s’expliquer mardi lors d’un dernier interrogatoire sur le “système” mis en place, selon l’accusation, pour rémunérer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen.A l’ouverture de l’audience vers 14H00, la cheffe de file de l’extrême droite, costume noir et bottines, s’est installée comme à son habitude au premier rang pour écouter la suite de l’interrogatoire de son co-prévenu Wallerand de Saint-Just. Le sien commencera plus tard dans l’après-midi. Interrogatoire après interrogatoire, contrat par contrat, le tribunal correctionnel de Paris dissèque depuis le 30 septembre ce fameux “système” – le mot met Marine Le Pen hors d’elle – qui aurait permis au Rassemblement national (ex-FN) de “soulager les finances” du parti entre 2004 et 2016.Selon l’accusation, le FN utilisait les enveloppes (21.000 euros par mois) auxquelles les eurodéputés avaient le droit, pour payer des assistants parlementaires “fictifs” travaillant en réalité pour le parti.Pendant son premier interrogatoire mi-octobre, Mme Le Pen a juré que les assistants parlementaires qu’elle avait embauchés en tant que députée européenne avaient bien travaillé pour elle, répétant n’avoir rien commis d'”illégal” – comme les huit autres ex-eurodéputés frontistes et douze de leurs assistants parlementaires, jugés à ses côtés pour détournement de fonds publics et recel de ce délit.La triple candidate à la présidentielle va désormais être interrogée sous sa deuxième “casquette”, présidente du parti, dont elle avait pris la tête après son père Jean-Marie Le Pen en 2011, pour répondre cette fois de complicité de détournement de fonds publics. Celle qui était “l’une des principales responsables du système”, selon les enquêteurs, a pour l’heure soutenu à la barre avoir “suggéré” – mais “jamais imposé” – d’assistant parlementaire à personne. – “Marine sait tout cela…” -De loin la plus assidue aux audiences – elle y était jusqu’à 22H45 lundi soir – Marine Le Pen y ronge son frein, commentant de “ridicules”, “lunaires” les questions des magistrats à chacun des prévenus sur ces mails demandant de “déplacer”, “transférer” tel assistant parlementaire “sur” tel eurodéputé, pour “vider” les enveloppes de chaque député.”Moi j’analyse un budget, je ne sais pas qui sont les assistants parlementaires et ce qu’ils font. Si ma patronne me dit de faire quelque chose…”, disait lundi Charles Van Houtte, “cheville ouvrière” du “système de gestion centralisé” selon l’accusation.Marine Le Pen, qui encourt une peine de prison, une grosse amende et surtout une peine d’inéligibilité pouvant entraver ses ambitions présidentielles, devrait notamment être interrogée sur deux réunions à l’été 2014, à Bruxelles puis à Strasbourg. Elle y aurait selon plusieurs témoignages annoncé aux nouveaux députés européens qu’ils n’auraient le droit qu’à un seul assistant parlementaire, et que le reste de leur enveloppe serait pour le Front national.”Ce que Marine (Le Pen) nous demande équivaut à ce qu’on signe pour des emplois fictifs”, écrivait peu après un eurodéputé réfractaire au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. “Je comprends les raisons de Marine, mais on va se faire allumer car on regardera, c’est sûr, nos utilisations à la loupe avec un groupe si important” (23 députés contre 3 auparavant), notait-il aussi.”Je crois bien que Marine sait tout cela…”, avait répondu Wallerand de Saint-Just.”Quelles sont vos observations sur ce mail?”, lui a demandé lundi en commençant à l’interroger la présidente Bénédicte de Perthuis. “Je me dis +qu’est-ce que c’est que cette histoire, qu’est-ce qu’il me raconte. Je lui réponds sept mots qui sont en fait la démonstration – je vais être grossier – qu’il m’emmerde, et que je l’envoie balader”, a expliqué l’ex-avocat historique du parti, sous l’oeil dubitatif du tribunal.”Vous n’êtes pas obligés de me croire mais je suis persuadé que jamais Marine Le Pen n’aurait proposé quelque chose d’illégal aux députés qui viennent d’être d’élus”.Quelques jours avant cet échange de mails, il avait écrit à sa cheffe, pour l’alerter sur les dépenses qui avaient tendance “à déraper”. Et prévenu: “nous nous en sortirons que si nous faisons des économies grâce au Parlement européen”.

Budget 2025: pour les syndicats de France Travail, “la coupe est pleine”

L’ensemble des syndicats de France Travail ont dénoncé mardi le projet de budget 2025 qui prévoit la suppression de 500 postes chez l’opérateur public, estimant que “la coupe est pleine”, et la majorité des organisations annoncent une grève le 5 décembre.Lors d’une rare conférence de presse commune, les dix syndicats de France Travail (ex-Pôle emploi) – CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, SNAP, Sud, STC, Unsa – ont fait part de leur “inquiétude” sur les effectifs mais aussi le pouvoir d’achat des quelque 54.000 agents ou le recours accru à l’externalisation, alors que le projet de loi de finances est actuellement examiné au Parlement. “Nous ne sommes déjà pas suffisamment nombreux (…), avec une conjoncture économique qui est en train de se retourner”, a fait valoir un représentant de la FSU, alors que la plupart des économistes s’attendent à une remontée du chômage.Si le gouvernement a mis en avant un financement “stabilisé” pour France Travail à hauteur de 1,35 milliard d’euros, les syndicats soulignent que cela ne prend pas en compte l’inflation, ce qui implique en réalité “une baisse mécanique”, selon eux. Autres sources d’inquiétude mises en avant par les syndicats: la loi “plein emploi”, qui prévoit notamment que les allocataires du RSA soient tous inscrits automatiquement à France Travail – ce qui va accroître la charge des conseillers -, et la réforme de l’assurance chômage à venir.Côté salaires, les agents de droit public comme ceux de droit privé sont à la peine, a souligné une élue FO, citant pour ces derniers 5,5% d’augmentation depuis 2018 à rapporter à +16,3% d’inflation.Plusieurs représentants ont estimé que “la coupe est pleine”.Les syndicats ont annoncé une pétition et huit d’entre eux ont lancé un appel à la grève pour le 5 décembre prochain, la CFDT et la CFE-CGC, estimant en substance que cet appel intervient “un peu trop tôt”.

Seine-et-Marne: les élus manifestent devant la préfecture contre les économies du projet de loi de finances

Plusieurs dizaines d’élus de Seine-et-Marne ont manifesté mardi à Melun devant la préfecture contre la diminution du budget du conseil départemental prévue dans le projet de loi de finances du gouvernement, actuellement en débat à l’Assemblée nationale.En écharpe tricolore, plusieurs dizaines de conseillers départementaux, maires et sénateurs de tous bords politiques se sont rassemblés sous une bannière proclamant “Nos départements en danger ! Votre quotidien sacrifié !” devant le complexe de bâtiments historiques accueillant la préfecture et le conseil départemental, à l’appel du président LR de ce dernier, Jean-François Parigi.Selon celui-ci, le projet de loi de finances du gouvernement Barnier entraînerait une diminution de 70 millions d’euros du budget 2025 du plus vaste département francilien, sur un budget global de 1,6 milliard.”J’ai une volonté très forte, c’est que sur nos compétences obligatoires, les collèges, les routes et le monde de la solidarité, on maintienne l’effort qui a été fait. Mais je  ne voudrais pas non plus sacrifier la culture et le sport, car c’est aussi l’attractivité du département”, a déclaré M. Parigi à la presse.Bien qu’issu du même parti que le Premier ministre LR Michel Barnier, l’élu a mis en avant les relations crispées entre les collectivités locale et l’Etat pour justifier cette manifestation inhabituelle. “Je peux voir quand même quand on va trop loin”, a-t-il dit.Toute une série d’intervenants a défilé au pupitre pour défendre l’action et la présence du conseil départemental à l’échelle de la vie de ce territoire de grande couronne parisienne, largement rural.Kadir Mebarek, le maire Horizons de la ville-préfecture de Melun, s’est ainsi préoccupé du devenir d’une future ligne de bus T-Zen à forte capacité ou de la construction d’un cinquième collège sur le territoire de la commune, tous deux financés par le département. D’autres acteurs du monde économique ou agricole ont mis en avant les créations d’emplois générées par les marchés publics ou les partenariats de “bon sens” noués par le département du fait de sa proximité avec la vie du territoire de 1,4 million d’habitants, en pleine croissance démographique.”Je me demande si les choses ne seraient pas bien plus grave encore et si les petites musiques de fond que l’on entend maintenant depuis longtemps ne reviendraient pas, 70 millions après 70 millions, à la suppression d’un échelon territorial”, a tonné François Deysson, président des maires ruraux de Seine-et-Marne.

Agriculteurs en difficulté: la ministre annonce des aides de trésorerie

La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a annoncé mardi à Fabrezan (Aude) l’intention du gouvernement de proposer deux outils de soutien à la trésorerie des agriculteurs les plus en difficulté, répondant ainsi à une demande forte de l’alliance syndicale majoritaire FNSEA/Jeunes Agriculteurs (JA).Le premier est “un prêt à court terme pour des difficultés conjoncturelles”, pour lequel l’Etat négocie actuellement avec le secteur bancaire un taux réduit, “entre 1,5 et 2%”, a détaillé la ministre à la presse après une rencontre avec des représentants de la filière viticole audoise, au deuxième jour d’un déplacement en Occitanie.Les agriculteurs dont les difficultés “mettent en péril la pérennité même de l’exploitation” pourront, s’ils souhaitent restructurer leur dette afin de la rendre plus soutenable, bénéficier d’un second type de prêt “à plus long terme, 5 à 7 ans”, et garanti par l’Etat à hauteur de 50%, a-t-elle précisé.”Cela signifie que si l’agriculteur fait faillite et se trouve dans l’incapacité de rembourser son prêt, alors l’Etat rembourse 50% de ce prêt”, a par ailleurs précisé le ministère de l’Agriculture à l’AFP.Annie Genevard a aussi déclaré dans l’Aude que l’Etat augmentait de 20 millions d’euros, passant à 50 millions, l’enveloppe permettant d’exonérer, sous conditions, les “agriculteurs les plus en difficulté” d’une partie de leurs cotisations sociales personnelles pour l’année 2024.Frédéric Rouanet, président du syndicat audois des vignerons, a accueilli avec réserves ces annonces, se méfiant d’un éventuel “effet d’annonce”.Lors d’une seconde étape à Castelnau-d’Aude, Annie Genevard a également dévoilé la liste des projets qui bénéficieront d’une aide au titre du fonds hydraulique agricole, doté de 20 millions d’euros.Au nombre de 48 dans toute la France, dont 14 en Occitanie, ces projets visent à “sécuriser l’accès à l’eau des exploitations dans des conditions durables et respectueuses de la ressource en eau”, précise le ministère dans un communiqué.Ils incluent notamment la création de retenues collinaires ou de réseaux d’irrigation, et la rénovation d’infrastructures hydrauliques diverses. Un seul projet est destiné à de la réutilisation d’eaux usées, à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales).Interrogée à propos de la tribune signée lundi par plus de 200 députés français, de gauche comme de droite, appelant le gouvernement à bloquer la conclusion de l’accord de libre-échange attendu entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, la ministre s’est dite “absolument et fondamentalement hostile” à ce projet d’accord.”Les productions que vont nous apporter les pays du Mercosur vont déstabiliser en profondeur nos propres productions”, a-t-elle dénoncé, assurant que “l’agriculture ne (pouvait) pas être la variable d’ajustement de tous les accords internationaux que l’Europe conclut”.La ministre (LR) de l’Agriculture effectuait lundi et mardi son deuxième déplacement en Occitanie après un passage dans les Pyrénées-Orientales mi-octobre alors que se profile un nouvel épisode d’actions d’agriculteurs en colère à partir du 15 novembre.

Le texte sur la fin de vie examiné à l’Assemblée à partir de fin janvier

Le texte sur la fin de vie sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 27 janvier, ont annoncé mardi le gouvernement et la présidente de la chambre basse, Yaël Braun-Pivet.”En conférence des présidents, j’ai obtenu du gouvernement l’engagement d’inscrire le texte sur la fin de vie à l’ordre du jour des semaines du 27 janvier et du 3 février. L’Assemblée est prête à avancer sur ce nouveau droit attendu par tant de Français. Il est temps”, a écrit sur X Yaël Braun-Pivet, soutien de longue date d’avancées législatives sur la question de “l’aide à mourir”.”Le gouvernement décide d’ouvrir le débat sur la fin de vie à partir du 27 janvier”, a confirmé auprès de l’AFP le ministère des Relations avec le Parlement.La question de savoir si le gouvernement proposera un “nouveau projet de loi” ou s’il reprendra la proposition de loi d’Olivier Falorni (groupe MoDem), signée par près de 220 députés, n’a pas encore été arbitrée, a précisé cette source.Le projet de loi du précédent gouvernement avait été examiné au printemps, jusqu’à l’avant-veille des élections européennes. Le vote solennel n’avait pas pu avoir lieu en raison de la dissolution.Le texte devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l’euthanasie, avec de strictes conditions et sans employer ces termes, préférant parler d'”aide active à mourir”.Rapporteur général du projet interrompu, Olivier Falorni a déposé une proposition de loi reprenant “intégralement” le texte tel qu’il était avant la dissolution.Le Premier ministre Michel Barnier avait annoncé le 1er octobre dans sa déclaration de politique générale qu’il souhaitait “reprendre le dialogue” avec le Parlement en début d’année 2025 sur le sujet.

A l’extrême droite, un soutien à Trump assumé chez Ciotti et Reconquête, plus frileux au RN

Au sein de l’extrême droite, si Eric Ciotti et les responsables de Reconquête! affichent ouvertement leur soutien à Donald Trump, le Rassemblement national, dans sa quête de notabilisation, se montre beaucoup plus discret que lors des élections de 2016 et 2020.Critiquant “la dérive vers la gauche et l’ultra-gauche” des démocrates partisans, selon lui, d’une “immigration irrégulière de masse” et d’un “wokisme terrifiant”, Eric Ciotti a estimé mardi qu’une élection de l’ancien président Donald Trump “serait plus profitable pour les équilibres économiques et politiques” du monde.En le soutenant, l’ex-patron des Républicains, désormais rallié au RN, se dit “cohérent” avec son positionnement national. “Il y en a qui n’assument pas leurs positions, j’assume mes positions”, a-t-il répété, dans une petite pique au parti de Jordan Bardella.En 2016, Marine Le Pen avait ouvertement milité pour Donald Trump dont le discours antisystème, anti-immigration et protectionniste, faisait écho à celui du Front national, devenu Rassemblement national deux ans plus tard. “Si j’étais Américaine, je voterais tout sauf Hillary Clinton”, avait-elle notamment déclaré.Rebelote en 2020. “Si Joe Biden était élu, ce serait une véritable catastrophe”, avait-elle affirmé, envoyant une délégation de son parti au dernier meeting de Donald Trump.Rien d’aussi manifeste cette fois. “Je suis Français, je ne me prononce jamais sur les élections étrangères”, a répété mardi le député RN Jean-Philippe Tanguy sur TF1.Non pas que le Rassemblement national cache sa préférence, mais son soutien est beaucoup plus allusif. “Donald Trump défend l’intérêt des Américains et défend une forme de fierté américaine. Et j’aime ce patriotisme”, a ainsi déclaré la semaine dernière Jordan Bardella.Et Jean-Philippe Tanguy d’épingler “les médias” qui tenteraient “de faire peur aux Français en présentant Trump comme une espèce de nouveau fasciste, en présentant Kamala Harris comme le messie”.- Une majorité d’électeurs RN pour Harris -Mais le refus de Trump d’admettre sa défaite en 2020, l’attaque du Capitole en janvier 2021, ses outrances sexistes, racistes ou complotistes rendent aujourd’hui l’exercice plus délicat pour un parti qui cherche à se dédiaboliser pour accéder au pouvoir.”Je respecterai le vote des électeurs américains”, a ainsi affirmé Jordan Bardella, sous-entendant que son parti n’irait pas dans la contestation des résultats déjà annoncée en cas de défaite du candidat républicain.Pour Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos, “les dirigeants du RN n’ont pas intérêt à trop s’approcher ou à trop s’éloigner de Trump, parce que peut-être qu’une partie de leur électorat le plus radicalisé est pro-Trump, mais clairement pas tous leurs électeurs”.De fait, selon un sondage Elabe publié le 30 octobre, seuls 13% des Français souhaitent une victoire de Donald Trump contre 64% de Kamala Harris. Et, même parmi les électeurs RN, ils ne sont que 30% a être favorables au candidat républicain contre 46% pour la vice-présidente.”Une partie de leurs nouveaux éléments jugent que Trump va trop loin. Dans ce contexte, c’est difficile pour le RN de prendre position”, juge-t-il.Le soutien au milliardaire américain, avec qui Eric Zemmour s’était targué d’un échange téléphonique lors de la campagne pour la présidentielle de 2022, est en revanche beaucoup plus décomplexé chez Reconquête!L’eurodéputée Sarah Knafo, qui prend Donald Trump comme modèle pour la droite conservatrice française, a ainsi assisté à l’un des derniers meetings du candidat républicain, en Pennsylvanie.Elle soutient sur X le “candidat de l’identité nationale et de la paix”, celui qui “défend la liberté d’expression aux côtés d’Elon Musk contre tous les censeurs”.

Narcotrafic: le ministre de la Justice promet à son tour une “réponse très ferme de l’Etat”

Le narcotrafic est une menace “grandissante et gravissime” et nécessite une “réponse très ferme de l’Etat”, a déclaré mardi le ministre de la Justice Didier Migaud, qui doit annoncer vendredi avec Bruno Retailleau des mesures contre ce “fléau”.”C’est une menace grandissante et gravissime avec le recours aux méthodes ultra-violentes des cartels sud-américains”, a-t-il souligné sur Franceinfo. “Les méthodes, c’est le meurtre, c’est la corruption”, qui est “un vrai sujet qu’on ne peut pas sous-estimer”, a-t-il détaillé.Vendredi prochain, le garde des Sceaux doit se rendre avec le ministre de l’Intérieur à Marseille, où les règlements de comptes entre narcotrafiquants sont particulièrement meurtriers et sordides, avec l’implication de jeunes de 14-15 ans comme tueurs à gages. Les deux ministres doivent y annoncer ensemble plusieurs mesures.”Nous sommes totalement en phase”, a assuré M. Migaud.A la question de savoir s’il fallait une loi sur le sujet, il a répondu “bien sûr”.”Vous avez un travail considérable fait par une commission d’enquête qui formule un certain nombre de propositions”, a-t-il observé, en référence à la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic.”Nous sommes tout à fait ouverts à ces propositions”, a indiqué M. Migaud. Une proposition de loi est sur le bureau du Sénat depuis juillet, et M. Retailleau a déjà dit qu’il souhaitait qu’elle soit examinée “le plus vite possible”, “au plus tard en début d’année”.Interrogé sur la question de créer un nouveau parquet national consacré à la lutte contre le narcotrafic et la criminalité organisée comme l’avait envisagé son prédécesseur , Eric Dupond-Moretti, M. Migaud s’est dit “favorable à une organisation qui permette de lutter contre ce fléau”.”Le parquet national peut tout à fait être une solution”, a-t-il jugé, tout en indiquant que c’était “au parlement d’en décider”.Sur la question des consommateurs de drogue, il a estimé qu’il fallait s’attaquer au “sujet du recouvrement des amendes”, mais s’est dit aussi “favorable à des campagnes d’informations pour montrer tous les dangers de la drogue sur la santé”.

Assemblée: la partie “recettes” du budget de la “Sécu” approuvée grâce à la gauche

Coup de théâtre au Palais Bourbon: l’Assemblée nationale a approuvé lundi, avec les voix de la gauche, une version profondément remaniée de la partie “recettes” du budget 2025 de la Sécurité sociale, les députés macronistes et de droite ayant voté contre.Le texte amendé, qui prévoit notamment 17 à 20 milliards de cotisations supplémentaires selon les députés, a été adopté en première lecture avec 126 voix “pour” et 98 “contre”. “Incroyable!” s’est félicité dans un communiqué le groupe LFI, voyant dans ce vote le “nouvel échec d’Emmanuel Macron et Michel Barnier”.Le Rassemblement national, qui s’est dit opposé sur le fond à la copie du gouvernement comme aux “dingueries fiscales” imposées par la gauche, s’est abstenu afin de ne pas mettre un terme prématuré aux débats. Le rejet de la partie “recettes” aurait en effet entraîné celui de l’ensemble du texte. En soirée, les députés ont pu poursuivre leurs travaux en entamant l’examen de la partie “dépenses” du texte. Ils ont notamment décidé que les tests Covid ne pourront plus être remboursés sans prescription médicale, et ont supprimé un dispositif proposé par le gouvernement visant à subordonner le remboursement de certains actes, médicaments ou transports sanitaires à un document établi par le professionnel de santé établissant le “caractère raisonnable” de la prescription.Du fait des délais fixés par la Constitution – l’examen du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) doit s’achever au plus tard à minuit dans la nuit de mardi à mercredi – ils ne sont toutefois pas sûrs d’aller au bout de ce chantier, alors que 530 amendements restaient à examiner à la clôture des débats lundi en fin de soirée.Le député PS Jérôme Guedj s’est dit prêt à retirer des amendements, et a demandé au gouvernement d'”inverser” d’ici mardi après-midi l’ordre des articles examinés, afin que les points les plus polémiques du projet de loi, et notamment celui relatif au gel des pensions de retraite, soient examinés en priorité. – “Collusion du populisme” -L’approbation de la partie “recettes” constitue une surprise, d’autant que ce volet du texte – qui porte sur quelque 600 milliards d’euros – avait précédemment été rejeté à l’unanimité en commission des Affaires sociales.En augmentant notamment les cotisations sur les revenus du capital ou les dividendes, “la gauche de cet hémicycle a trouvé des majorités pour remplir les caisses de la Sécu, pendant que la droite a déployé tous ses efforts pour les vider”, a commenté l’insoumise Elise Leboucher.Elle faisait référence à la fronde des élus de droite et du centre qui ont retoqué la semaine dernière la hausse des cotisations patronales, à hauteur de quatre milliards d’euros, voulues par la coalition gouvernementale qu’ils sont pourtant censés soutenir.La gauche a “repoussé les 15 milliards d’euros de coupes sauvages et injustes” demandées par le gouvernement, pour les remplacer par 20 milliards “en contributions, cotisations et impôts, uniquement sur les grandes fortunes, les hauts salaires, les créanciers privés et les multinationales délinquantes”, s’est félicité le groupe LFI dans un communiqué. Parmi les recettes nouvelles, les députés ont approuvé lundi une réforme de la “taxe soda”, destinée à limiter la quantité de sucres dans ce type de boisson.Du côté de la coalition gouvernementale, les députés se sont relayés pour fustiger un texte “vidé de son sens et de tout sérieux, politique et budgétaire”, comme l’a résumé François Gernigon (Horizons). Les nouvelles taxes et cotisations ne visent pas les “grandes fortunes”, mais “les classes moyennes qui travaillent”, a déploré Thibault Bazin (LR).Après le vote, le président du groupe MoDem Marc Fesneau a fait part de son agacement : “quand vous avez RN et NFP qui votent ensemble, vous voyez bien que c’est la collusion du populisme”. “A la fin, le gouvernement va dire +voyez, tout ça n’est pas raisonnable, on va laisser ça au Sénat car eux ce sont des gens responsables et raisonnables+”, a-t-il ajouté.Un peu plus tôt, la gauche avait obtenu par ailleurs une victoire symbolique sur le sujet inflammable de la réforme des retraites, en faisant adopter des amendements qui modifient une annexe du texte en y abrogeant le relèvement de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.Ces votes n’ont toutefois aucun caractère définitif, le PLFSS ne faisant que débuter son parcours parlementaire et en raison de l’usage probable par le gouvernement de l’article 49.3 qui lui permettra de conserver dans le texte final les amendements de son choix.

“Esprit d’équipe”: Barnier planche avec ses ministres sur le moyen et long terme

Pour tenter de forger un “esprit d’équipe” qui manque cruellement à sa coalition sur le budget, Michel Barnier a invité lundi ses ministres lors d’un séminaire gouvernemental à faire émerger des propositions pour le moyen et long terme.”Nous allons faire des progrès pour décider mieux ensemble et s’écouter avant de prendre des décisions, malgré les circonstances d’extrême urgence”, a assuré le Premier ministre, selon les services de la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.”Travailler” était le mot d’ordre des membres du gouvernement en arrivant à Matignon peu avant 09H00. La réunion a été suivie d’un déjeuner destiné à renforcer la “cohésion” gouvernementale.Accaparé depuis sa nomination il y a deux mois par l’urgence de la préparation d’un budget très contraint pour 2025, qui éprouve durement sa coalition, Michel Barnier voulait montrer que ses ministres pouvaient s’accorder sur des propositions et qu’il était aussi là pour longtemps. “Nous ne sommes pas là seulement pour gérer le déficit. Nous sommes là pour améliorer le fonctionnement du pays et pour créer du progrès”, a-t-il dit à ses ministres, désireux de “relever la ligne d’horizon” avec “une vision de cinq ans” et un “plan (d’action) à trois ans”, en référence à 2029, date fixée pour le retour de la France dans les clous budgétaires européens, et à 2027, prochaine élection présidentielle.Et ce, sans se soucier de l’épée de Damoclès du vote d’une motion de censure en décembre quand il engagera vraisemblablement la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter définitivement les périlleux projets de loi de finances.Lundi soir, un coup de théâtre a d’ailleurs créé encore un peu plus la confusion: l’Assemblée nationale a approuvé une version profondément remaniée de la partie recettes du budget 2025 de la Sécurité sociale… avec les voix de la gauche, alors que les députés macronistes et de droite ont voté contre, le RN s’étant abstenu.- “Différentiel” travail/solidarité –  Après un premier séminaire en septembre pour préparer sa déclaration de politique générale, Michel Barnier veut quoi qu’il en soit avec cette deuxième “rencontre collective” aboutir à “des propositions concrètes” qui seront présentées dans un plan d’action, selon son entourage. Une troisième réunion est prévue en décembre.Au menu lundi de la quarantaine de ministres, cinq thématiques: État/collectivités, travail/prestations sociales (“encourager le travail”), immigration/intégration (“encadrer l’immigration pour mieux intégrer”), Outre-mer et simplification.Il y a eu, en outre, un “échange nourri” sur la “prévention des risques” environnementaux qui sera, selon le Premier ministre, un “objectif central”, alors que les inondations mortelles en Espagne ont suscité désarroi et colère de la population.Sur les relations entre l’Etat et les collectivités, les ministres ont débattu simplification et déconcentration, en insistant sur le rôle des maires/préfets/sous-préfets. Le chef du gouvernement a insisté sur “le besoin de se parler” sur ces sujets.En matière de travail, le gouvernement s’est penché sur la mise en Å“uvre de “l’allocation de solidarité unique” à partir des expérimentations en cours sur la solidarité à la source, afin d’aboutir à “un vrai différentiel” entre le travail et la solidarité. Pour “financer notre modèle social et si on veut le conserver, il faudra travailler davantage”, a affirmé lundi le ministre de l’Economie, Antoine Armand.- “Rang d’oignons” – En matière d’immigration, autre sujet clivant, le premier semestre 2025 sera consacré à “transposer” en France le pacte européen sur l’asile et la migration, selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.Sur l’Outre-mer, dossier que M. Barnier a repris en main, le ministre François-Noël Buffet a proposé que chaque territoire “fasse l’objet avec les acteurs locaux d’un diagnostic pour dégager une stratégie de développement” à terme. Le manque d’unité de la fragile coalition gouvernementale se voit quasi quotidiennement à l’Assemblée nationale sur les textes budgétaires.Le gouvernement a été ainsi défait à de nombreuses reprises sur les questions fiscales.”Il y a un besoin que, dans le pack qui s’est constitué autour de Michel Barnier, on essaie de définir ce sur quoi on est d’accord pour que ça suscite une forme de mobilisation”, a reconnu dimanche sur France Inter le chef de file des députés MoDem, Marc Fesneau. Mais ce n’est “pas parce qu’on n’est pas complètement alignés en rang d’oignons qu’on est un opposant”, a-t-il ajouté.

Assemblée nationale: Bayrou plaide pour une séparation des séances de débats et de votes

François Bayrou, le président du MoDem, a proposé lundi la séparation des séances de débats de celles des votes à l’Assemblée nationale, sur le modèle du Parlement européen, notamment afin de lutter contre l’absentéisme des députés dans l’hémicycle. “Le temps des débats est un droit inaliénable. Mais on peut séparer le temps long du débat du temps concentré des votes. Que dans la semaine les débats se déroulent prenant tout le temps nécessaire. Mais que les votes des textes et des amendements soient tous regroupés en une seule demi-journée”, plaide le leader centriste dans une tribune publiée dans Le Figaro.”C’est la règle qui s’est imposée au Parlement européen”, rappelle-t-il, ce système supposant “la présence physique du parlementaire obligatoire au moment du vote” -qui conditionne le versement de l’indemnité parlementaire-, ainsi que la publicité de l’ensemble des scrutins, de manière à ce que “l’adoption des textes, des amendements, et les désignations (soient) toujours décidées par des hémicycles au complet”, sans possibilité de délégation de vote.Et de dénoncer “la situation actuelle de l’Assemblée nationale française”, où “des désignations importantes, présidences de commissions ou responsabilités au bureau de l’Assemblée nationale, des votes symboliques essentiels, comme la contribution du budget de la France à l’Union européenne, ne sont acquis (…) qu’en raison de l’absence d’une partie des députés”. Le patron du MoDem avait déjà dénoncé fin octobre le fait que de nombreux députés n’assistent pas aux débats sur le budget à l’Assemblée nationale. Il avait également estimé que le gouvernement n’aura d’autre choix que de recourir à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote dans l’hémicycle, face à l’absence de majorité.