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Les Parisiens disent oui aux “rues-jardin”, une participation au plus bas

Les Parisiens ont majoritairement approuvé dimanche la massification des rues piétonnes et végétalisées dans la capitale, lors de la troisième votation citoyenne organisée par la maire socialiste Anne Hidalgo qui n’a mobilisé que 4% d’électeurs, soulevant les critiques de l’opposition.Près de 66% des Parisiens qui se sont déplacés dans les 218 bureaux de vote ont voté “pour” végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues, selon les résultats du scrutin annoncés par la mairie.A peine 56.500 personnes, sur 1,391 million inscrites sur les listes électorales, ont pris part au vote, ouvert pour la première fois dès l’âge de 16 ans. Soit une participation de 4,06%, plus faible que les précédentes votations sur le triplement du tarif de stationnement des SUV en 2024 (5,68%), et l’interdiction des trottinettes électriques en libre-service, un an plus tôt (7,46%).Le “pour” l’a emporté dans 14 des 17 arrondissements (les 1er, 2e, 3e et 4e étant fusionnés en un, Paris Centre). Les 7e, 8e et 16e arrondissements, tenus par la droite, ont en revanche voté contre.”Ce vote nous conforte dans la volonté de continuer à partager l’espace public en faveur des piétons et à végétaliser Paris pour une ville toujours plus verte”, a réagi auprès de l’AFP Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris en charge des espaces verts.Les 500 nouvelles rues viendront s’ajouter aux 300 voies du même type qui ont vu le jour depuis le début du second mandat d’Anne Hidalgo en 2020, comme les “rues aux écoles”.- “Jouer le jeu” -A partir d’avril, des concertations démarreront dans chaque arrondissement pour identifier les voies éligibles – entre 5 et 8 par quartiers. Pour une mise en Å“uvre d’ici à trois ou quatre ans, et un coût moyen estimé à 500.000 euros par rue. “J’espère que tous les maires d’arrondissements joueront le jeu de la volonté populaire qui s’est exprimée ce soir”, a commenté Christophe Najdovski. La faible participation a soulevé un tollé dans l’opposition, sceptique sur ces exercices démocratiques entrepris par l’édile socialiste depuis 2020, dont le prix s’élève en moyenne à 400.000 euros.”Les Parisiens n’ont pas voulu s’associer à une campagne de communication de la ville de Paris”, a cinglé auprès de l’AFP Nelly Garnier du groupe Changer Paris de Rachida Dati. “Si la mairie veut vraiment associer la population, pourquoi ne pas l’avoir consultée sur la ZTL (NDLR: zone à trafic limité dans l’hypercentre) ou la baisse de la vitesse sur le périphérique ?”, demande l’élue LR du 11e arrondissement.Le groupe Modem et Indépendants a fustigé dans un communiqué “un désaveu cinglant pour une consultation jouée d’avance”. “Quand on ne se donne pas les moyens d’intéresser les Parisiennes et les Parisiens à l’avenir de leur ville, il ne faut pas s’étonner d’une faible participation”, regrette pour sa part Pierre-Yves Bournazel (Horizons), qui co-dirige Union capitale, premier groupe d’opposition. – 10% du stationnement en moins-Voter restait important pour ceux qui se sont déplacés dimanche. Comme Marc Remaggi, enseignant de 37 ans, venu mettre son bulletin dans l’urne dès le matin à la mairie du 18e arrondissement. “C’est essentiel de préparer la ville au climat de demain, et de rendre Paris plus agréable”, a-t-il témoigné.Sarah, 37 ans et qui travaille dans un atelier de poterie du quartier, abonde. “On habite juste à côté d’une rue aux écoles” où les riverains se sont “réapproprié l’espace public” avec une table, un lieu “où on descend prendre le goûter” avec les enfants. La création de 500 nouvelles “rues-jardin” entraînera la suppression de 10% du stationnement de surface parisien, soit 10.000 places, ce qui fait moins consensus.  Cette diminution est déjà à l’Å“uvre dans certains quartiers comme la butte Montmartre, où la création d’une aire piétonne soulève la grogne de riverains. Certains craignent que le projet “tue l’accessibilité” de ce site fortement en pente, selon Anne Renaudie, présidente de l’association Vivre à Montmartre qui a déposé un recours en justice contre les travaux.Même agacement pour Jean-Pierre Briol, expert-comptable retraité venu voter dans un gymnase du 19e: “de tous les côtés il y a des rues barrées, des rues à double sens qui sont à sens unique… Tout devient très difficile”.”Le projet n’est pas adapté à la vie économique de Paris. C’est bien de penser à l’environnement, mais il faut que les gens travaillent”, souligne Daniel, un retraité qui préfère taire son patronyme. 

Municipales à Paris: David Belliard sera de nouveau le candidat des Ecologistes en 2026

A un an des municipales, Les Écologistes ont investi dimanche David Belliard pour briguer la mairie de Paris, déjà tête de liste en 2020 et premier candidat officiellement désigné par son parti pour succéder à la maire socialiste sortante Anne Hidalgo.L’adjoint aux transports à l’Hôtel de Ville, 46 ans, a remporté 52,6% des suffrages des militants parisiens, battant de justesse sa concurrente Anne-Claire Boux (47,4%) lors du deuxième tour de cette primaire qui a mobilisé 66% des quelque 1.340 militants parisiens.”Ce soir nous rentrons en campagne !”, a lancé David Belliard devant une centaine de militants, en se félicitant d’une “primaire exemplaire”. “Par la qualité des débats, nous avons montré notre capacité à organiser un grand moment démocratique et donc qu’on est prêts à gouverner Paris”, a-t-il estimé.L’ex-chef de file écologiste aux municipales de 2020 était arrivé largement en tête du premier tour dimanche dernier, rassemblant 48% des voix face à Anne-Claire Boux, 37 ans, adjointe à la mairie en charge de la Santé (27%). Le soutien que cette dernière a obtenu des deux candidates éliminées après le 1er tour, Fatoumata Koné et Aminata Niakaté, lui a permis gagner de nombreux suffrages au deuxième tour. Une quarantaine de voix seulement l’ont distancée de son concurrent.Au sein du paysage politique parisien, David Belliard est le premier à être investi par son parti pour les municipales de 2026.Le candidat entend d’abord rassembler sa “famille politique écologiste”, avant “de faire la réunion des forces de gauche et citoyenne”. “Je vais évidemment travailler avec Yannick Jadot qui a toute sa place dans cette campagne”, a-t-il dit à la presse. Le sénateur écologiste et ex-candidat à la présidentielle Yannick Jadot s’est retiré de la course à l’investiture de son parti, après avoir échoué à convaincre ses camarades de jeter l’éponge pour être désigné sans compétition. “Dans les prochaines semaines”, David Belliard rencontrera les différents responsables des forces de gauche (PCF, PS, LFI, Place Publique…) ainsi que des mouvements citoyens, pour “discuter des convergences”. “A la fin il va falloir qu’on soit rassemblés, il n’y a pas d’autre chemin pour la victoire car nos ennemis de droite et réactionnaires sont aux portes du pouvoir”, a-t-il plaidé.- “Écologie sociale” -En 2020, David Belliard avait été élu tête de liste dès le premier tour, lors d’une campagne interne tendue. Il avait ensuite rassemblé 10,8% des voix au premier tour des élections municipales, avant de rallier Anne Hidalgo au second.Il espère capitaliser sur ses cinq années d’exercice du pouvoir pour prendre la tête de la majorité en 2026, et faire de Paris une capitale écologiste, dans le sillage de la vague verte de 2020 qui a vu les écologistes conquérir nombreuses grandes villes comme Lyon, Tours, Bordeaux ou Strasbourg. “Notre parti a montré ses capacités à réaliser toute cette politique de transformation de l’espace public qui me rend fier”, avait déclaré à l’AFP David Belliard au soir du premier tour, évoquant les rues aux écoles et la baisse de la vitesse sur le périphérique.Militant LGBT+, ancien journaliste, le chef de file écologiste veut axer sa campagne sur une “écologie sociale”, et promet notamment des “propositions fortes sur la situation des jeunes”.L’élu du 11e arrondissement se dit également “fier que Paris soit une ville +woke+, qui porte des valeurs de solidarité face à la droite +trumpisée+ de Rachida Dati”. Les socialistes se déchirent de leur côté pour désigner le successeur d’Anne Hidalgo, dans une campagne interne à couteaux tirés. Leur primaire, prévue le 30 juin, opposera trois candidats: le sénateur Rémi Féraud, désigné par la maire sortante, le député Emmanuel Grégoire, son ancien premier adjoint désormais honni, ainsi que Marion Waller, une de ses anciennes conseillères.Renaissance annoncera également le 30 juin sa tête de liste. La ministre ex-LR Rachida Dati est “la mieux placée”, selon le président de l’Assemblée départementale parisienne du parti, Sylvain Maillard.L’ex-député Horizons Pierre-Yves Bournazel dit qu’il sera candidat. A droite, le sénateur Francis Szpiner a sollicité l’investiture des Républicains (LR).

Forte chute de popularité pour Bayrou en mars (sondage)

Le Premier ministre François Bayrou enregistre une lourde baisse de sa cote de popularité en mars, dévissant de 11 points par rapport à février, selon un baromètre mensuel de l’Ifop pour le Journal du dimanche.Le chef du gouvernement s’est retrouvé englué dans des polémiques autour de sa connaissance supposée de violences dans l’établissement scolaire de Bétharram, mais aussi pour sa gestion du dossier des retraites qu’il a pourtant lui-même souhaité rouvrir. Résultat: sa cote tombe à 27% de Français satisfaits de son action, au plus bas depuis sa nomination en décembre.A l’inverse, Emmanuel Macron, qui s’affiche à la manoeuvre sur la scène internationale, grappille un point. Même si sa cote reste à l’étiage – 24% de satisfaits seulement – elle est en progression pour le deuxième mois d’affilée.Cette enquête a été menée auprès d’un échantillon de 2.000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas. Interviews réalisées en ligne du 12 au 230 mars 2025. Marge d’erreur entre 1 et 2,2 points.

Prisons: circulaire de Darmanin aux procureurs pour “repérer” les étrangers expulsables

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin enjoint les procureurs et les directeurs de prison au “repérage” des détenus étrangers “éligibles” à une expulsion du territoire français, dans une circulaire consultée samedi soir par l’AFP. Le garde des Sceaux appelle à une “politique pénale ferme, empreinte de lisibilité et de célérité (…)” à l’égard “des personnes détenues de nationalité étrangère définitivement condamnées”, selon ce texte daté de vendredi et révélé samedi par Le Journal du Dimanche. Gérald Darmanin argue que le contexte de surpopulation carcérale appelle à “actionner l’essentiel des leviers, y compris à l’égard des étrangers incarcérés, définitivement condamnés, et ayant vocation à être éloignés du territoire national dans le cadre d’une mesure d’éloignement administrative ou judiciaire”.Le ministre avait déjà affirmé le 13 mars sa volonté d’engager un “travail” afin que les étrangers condamnés en France puissent être expulsés et purger leur peine dans leur pays.Dans un entretien au JDD, M. Darmanin indique que les prisons françaises comptent “plus de 19.000 détenus étrangers”, prévenus et condamnés confondus, “soit 24,5% de la population carcérale: 3.068 ressortissants de l’Union européenne, 16.773 hors-UE” et “686 détenus dont on ne connaît pas la nationalité”.Dans la circulaire, il appelle à “renforcer la coopération aux fins de repérage des personnes détenues de nationalité étrangère définitivement condamnées”.Il demande “un recours aux mesures de libération anticipée”, dont la libération conditionnelle dite “+expulsion+” qui est applicable lorsque la personne condamnée fait notamment l’objet d’une mesure d’interdiction du territoire français ou d’une obligation de quitter le territoire français.”Vous veillerez à la requérir systématiquement, lorsque la situation le permet”, écrit le garde des Sceaux aux procureurs.”Les libérations conditionnelles expulsion nécessitent que l’étranger incarcéré ait purgé la moitié de sa peine en France, que son identité soit établie et qu’il fasse l’objet d’une interdiction de territoire”, explique au JDD le ministre qui entend “fluidifier” cette procédure avec des “pays partenaires”. Il plaide aussi pour que soit encouragée les procédures de transfèrement de personnes condamnées détenues dans le pays dont elles sont ressortissantes.Une décision-cadre européenne, transposée dans le code de procédure pénale français, permet de transférer les ressortissants d’états européens pour qu’ils purgent leur peine dans leur pays d’origine.

Plus de 90.000 manifestants contre le racisme, LFI en pointe malgré la polémique

Plus de 90.000 personnes selon le ministère de l’Intérieur ont défilé en France samedi contre le racisme et l’extrême droite, une mobilisation mêlant souvent un soutien à Gaza et mise sous le feu des projecteurs cette année par la polémique autour de l’affiche LFI présumée antisémite à l’effigie de Cyril Hanouna.A Marseille, quelque 3.300 personnes selon la police (10.000 selon la CGT) ont défilé en brandissant des pancartes “contre l’islamophobie d’Etat”, “Tesla is the new swastika” (NDLR: croix gammée), “plus d’amour, moins de Zemmour”.Dans le cortège, émaillé de drapeaux palestiniens, de nombreux jeunes dont Inès Frehaut, en terminale, qui participe à sa première manifestation. “Quand on voit les propos de Bruno Retailleau sur l’islam, l’Algérie, le port du voile, c’est grave!”, juge-t-elle.A Strasbourg, Marc Pereira, 37 ans, maraicher, “est venu pour dire non au racisme ambiant. Entre Retailleau, Darmanin, Wauquiez, et l’extrême droite habituelle, Le Pen, Bardella, ils tapent toujours sur les mêmes boucs émissaires pour des raisons électoralistes”.A Paris, plus de 20.000 personnes ont marché avec un peu de tension en fin de manifestation à Nation, deux personnes ayant été interpellées et trois blessées.Par ailleurs, un journaliste a reçu un coup de matraque à la tête de la part d’un policier, selon des images circulant sur X. “Il est facile de commenter à chaud des images sorties de leur contexte là où la rigueur impose une analyse posée à laquelle il sera comme à chaque fois procédé”, a affirmé le préfet de police Laurent Nuñez qui a aussi annoncé qu’il saisirait la procureure de la République contre tous les slogans “qui rentrent sous le coup de la loi pénale”, alors que des “A bas l’État, les flics et les fachos” ont été scandés lors de la manifestation.Dans le cortège parisien, Ann, une Américaine de 55 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, plaide: “L’Amérique glisse vers le fascisme. Nous avons besoin de manifestations comme ça aux US”.”J’ose espérer que la politique menée par l’extrême droite américaine va faire réfléchir les gens”, a renchéri à Rennes Nicole Kiil-Nielsen, 75 ans.Le rendez-vous était fixé de longue date, au lendemain de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, inscrite par l’ONU à l’agenda le 21 mars. Dans l’Hexagone, des centaines de syndicats et d’associations, locales ou nationales, ont organisé des rassemblements, de Saint-Lô à Sète.”On veut dire haut et fort que nous ne voulons pas de société raciste”, a résumé Sophie Giroud, membre du bureau national de la Ligue des droits de l’homme.- “Erreur” ou “instrumentalisation” -Toutefois, les organisateurs ont été relégués au second plan par La France insoumise qui a élargi le mot d’ordre contre le racisme pour en faire “des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées”. “Les idées d’extrême droite contaminent jusqu’au gouvernement”, a justifié la députée LFI Aurélie Trouvé, présente dans le cortège parisien d’où étaient absents les leaders socialistes.”Personne ne nous détournera de l’objectif de cette manifestation”, a-t-elle insisté en référence à la polémique depuis dix jours, à cause d’un visuel présentant le visage de Cyril Hanouna, animateur proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, sourcils froncés et grimace agressive. Une représentation qui a valu au parti une condamnation en référé pour “atteinte (au) droit à l’image” de l’animateur. Décision dont LFI a aussitôt annoncé faire appel.Mais là où le bât blesse, c’est dans la ressemblance entre cette caricature de M. Hanouna, juif d’origine tunisienne, et certaines affiches antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie.Raison qui avait d’ailleurs poussé LFI à retirer son visuel rapidement et certains cadres insoumis à reconnaître une “erreur”.”Un parti est composé de citoyens qui font parfois des erreurs (…) Des voix juives dans nos rangs ont pu nous dire que c’était une erreur, donc là on ne peut pas dire qu’il y a une instrumentalisation” contre nous, a admis samedi l’eurodéputée Rima Hassan, fer de lance de la cause palestinienne au sein du mouvement.Cependant, Jean-Luc Mélenchon, qui s’est offert samedi un bain de foule à Marseille, a refusé lui tout mea culpa, accusant ces derniers jours les médias de faire le jeu de l’extrême droite, tout comme la cheffe des députés Mathilde Panot. “Un jour, vous vous regarderez dans la glace d’avoir fait croire que les antiracistes étaient des racistes”, a ainsi lancé Mme Panot aux journalistes dans le défilé parisien.Pour bien se démarquer de LFI, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet avait souligné avant la manifestation que “de nombreuses associations qui luttent contre l’antisémitisme (…) seront dans le carré de tête” avec les syndicats.bur-gbh-slb-far/jmt/

Présidence LR: Wauquiez et Retailleau aiguisent leurs armes à Epinal… sans se croiser

Au même endroit, mais pas au même moment, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ont pris soin de ne pas se croiser lors du congrès des Jeunes LR, samedi à Epinal, les deux prétendants à la présidence des Républicains haussant chacun le ton contre son adversaire. “Moi, je ne dois rien à François Bayrou, je ne dois rien à Emmanuel Macron”: en début d’après-midi, devant une salle clairsemée, Laurent Wauquiez a ouvert les hostilités et, s’il a assuré que le ministre de l’Intérieur n’était “pas son adversaire”, ses attaques ont pris une acuité nouvelle.Dans la matinée, le Haute autorité du parti de droite avait officialisé le statut de challenger de l’ancien président d’Auvergne-Rhône-Alpes: un petit millier de parrainages d’adhérents et 44 de parlementaires, contre plus du double pour l’ex-sénateur Vendéen. Un décompte immédiatement contesté par l’entourage de M. Wauquiez qui a annoncé “suspendre” toute participation aux travaux de l’instance.Signe de cette atmosphère tendue à deux mois du scrutin, M. Wauquiez a fait observer qu’avoir “une famille politique qui soit forte, ça nécessite d’y passer tout son temps: ce n’est pas un job accessoire, ça n’est pas un passe temps avec d’autres occupations”, comprendre celle de ministre.La réponse du locataire de Beauvau n’a pas tardé, à l’heure du goûter: “Je ne me suis pas lancé dans une compétition interne pour présider le Temple du Soleil” (comprendre une secte), manière de renvoyer celui qui avait déjà présidé Les Républicains entre 2017 et 2019 à son bilan.”Il faut ouvrir les bras et ramener à nous un certain nombre de militants, d’adhérents et de nos électeurs qui nous ont quittés. C’est notre faute: c’est nous qui les avons déçus”, a appuyé Bruno Retailleau.- “Les résultats ne sont pas là” -Reste que le Vendéen défend son action au gouvernement: en s’autoproclamant “le ministre de l’Intérieur le plus libre de la Ve République”, il estime que “les Français ont ratifié, plébiscité” le choix de LR d’entrer au gouvernement et “veulent une droite qui, dans l’action, applique ses convictions”.Sauf que, quelques heures plus tôt, Laurent Wauquiez estimait que “les résultats ne sont pas là”. Et visait précisément le périmètre d’action de son concurrent, soit pour dénoncer l'”explosion des agressions violentes” ou, à propos d’un refus d’obtempérer qui a blessé légèrement une dizaine de personnes samedi matin à Paris, comparer la situation du pays à celles de la “Bolivie” ou du “Mexique”. “Les seules batailles, ce sont les élections”, avait poursuivi celui qui a reconquis un siège de député lors des dernières législatives, manière de mieux railler “ceux qui prennent les postes avant” ou “après”.C’est plus généralement à François Bayrou -qui a “toujours fait le choix de la gauche”- que s’en est pris Laurent Wauquiez.Jusqu’à appeler au départ des ministres étiquetés LR du gouvernement ? “Cette question se pose à chaque étape. François Bayrou, ce n’est pas Michel Barnier. La décision qu’on a prise, pour éviter le chaos au pays, de soutenir le gouvernement, elle s’examine texte par texte. Dans ce soutien exigeant, il y a surtout exigence.”

2027: Faure promet que le programme du PS sera “une grande remise à plat”

En campagne interne mais les yeux rivés vers 2027: Olivier Faure, qui postule à sa succession à la tête du PS, a promis samedi que le programme de son parti pour la prochaine présidentielle offrirait aux Français, qui y seront associés, “une grande remise à plat”.Après trois mois à la rencontre de quelque 2.000 citoyens de tous bords, le premier secrétaire du PS a vu le condensé “d’un monde qui tourne à l’envers, confus”, a-t-il résumé samedi à Toulouse, lors d’une réunion publique de restitution de son “tour de France”.”Il y avait ceux qui refusent de continuer à alimenter le modèle social et ceux qui en ont besoin pour vivre ou survivre. Il y avait ces Français issus de l’immigration qui se sentent étrangers dans le regard des autres et ceux qui voient dans l’étranger une menace. Il y avait cette jeune fille qui était là pour revendiquer la lutte contre le réchauffement climatique et son père à côté d’elle, qui lui disait +donnez nous un peu de répit parce que je travaille dans l’industrie automobile+”, a-t-il énuméré.De quoi lui laisser le “sentiment d’une société déboussolée”, “qui dérive au fil d’intérêts contradictoires” et doute même “de la permanence de notre identité”. Mais aussi de quoi souligner la nécessité “d’une grande remise à plat” et de “tout remettre dans le bon ordre”, à l’heure d’élaborer un programme pour la prochaine présidentielle dont une ébauche sera présentée fin août.Entretemps, M. Faure doit remettre en jeu son mandat de premier secrétaire lors du congrès de Nancy, du 13 au 15 juin. Mettrait-il la charrue avant les bÅ“ufs ?”Non, on n’enjambe pas le congrès”, assure un membre de la direction, pour qui le parti “n’a pas le luxe de s’arrêter pendant trois mois pour se recroqueviller sur lui-même”.En gage de cette ouverture, M. Faure, qui a donné une tournure parfois très personnelle à son discours en évoquant ses racines, a préféré se tourner directement vers les citoyens.   “Finis les huis clos, les partis comme des bunkers”, a-t-il martelé. Et s’il “faut des experts”, il a plaidé surtout pour “partir de cette réalité, celle qui nous a été transmise par les Françaises et les Français qui n’en peuvent plus des gens qui parlent à leur place sans jamais les écouter”, a fait valoir M. Faure.”Le projet que nous leur proposerons en 2027, sera d’abord le fruit de cet échange avec eux”, a-t-il assuré.- Un congrès “dérisoire” ? -Une manière aussi d’éluder les sempiternelles querelles intestines, qu’elles concernent les relations entre partis de gauche, mais aussi au sein même du PS où plusieurs lignes s’affrontent sur le champ de ruines laissé à la fin du quinquennat Hollande. Le parti, qui a repris quelques couleurs ces derniers mois, semble avoir opéré dernièrement une mue réformiste en refusant de censurer le gouvernement Bayrou sur le budget.Un choix collectif, endossé par M. Faure, qui a donné quelques gages à l’aile sociale-démocrate, sans pour autant freiner la compétition interne puisque avant l’étape formelle des candidatures, cinq autres contributions pour le congrès sont annoncées, en particulier celle du chef du groupe PS à l’Assemblée Boris Vallaud.Signe d’une difficile unité, plusieurs opposants à M. Faure étaient dans le même temps samedi rassemblés à Liffré, près de Rennes, par le président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard. Parmi les intervenants, l’ex Premier ministre Bernard Cazeneuve, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, le député européen Raphaël Glucksmann qui a diffusé un message vidéo, et François Hollande qui a dressé un panorama de la situation internationale.”Je vais vous dire que les élections de 2027, à la différence de toutes celles que l’on a connues jusqu’à présent, vont être essentiellement, ça veut dire entièrement sur les questions internationales, européennes et de défense et les questions régaliennes”, a-t-il prédit.”On pourrait dire que le congrès du Parti socialiste, c’est dérisoire à côté de ce qui se passe dans le monde. Non !”, a-t-il lancé, plaidant pour “un grand parti politique” à gauche qui sache “présenter une alternative”, “gouverner, diriger, présider la France”. 

Narcotrafic: Retailleau l’emporte sur une mesure décriée, les débats prolongés à l’Assemblée

Après un revers la veille, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a obtenu vendredi gain de cause à l’Assemblée sur une des mesures phares du texte visant à lutter contre le narcotrafic, dont l’examen marathon se poursuivra finalement la semaine prochaine après avoir pris du retard.Face au grand nombre d’amendements restants, la décision a été prise dans la soirée de continuer lundi après-midi les débats, qui devaient initialement s’achever vendredi.La proposition de loi sénatoriale, très dense, a suscité de longues discussions toute la semaine, rallongées par une panne temporaire du système de vote des députés.Une fois celui-ci réparé vendredi matin, les élus ont approuvé une mesure destinée à protéger les enquêteurs et informateurs mais jugée attentatoire aux droits de la défense par les avocats pénalistes et la gauche.Cette disposition prévoit la création lors des enquêtes d’un “procès-verbal distinct”, ou “dossier-coffre”, pour ne pas divulguer à la défense certaines informations sur la mise en Å“uvre de techniques spéciales d’enquête (sonorisation, captation des données informatiques…) telles que la date, l’horaire, le lieu de leur mise en Å“uvre, ou l’identité de la personne ayant concouru à l’installation. Défendue comme “vitale” par Bruno Retailleau, cette mesure avait été supprimée en commission. Le rapporteur Vincent Caure (Renaissance) et le gouvernement ont proposé des amendements de réécriture pour mieux l’encadrer, tenant compte d’un avis du Conseil d’Etat, qui avait recommandé de restreindre “le dossier-coffre” aux cas de nature à mettre en danger la vie ou l’intégrité physique d’une personne. Plusieurs députés du Nouveau Front populaire se sont interrogés sur l’utilité de la mesure, alors qu’il est déjà possible d’anonymiser les témoignages et l’identité des enquêteurs.Mais son adoption était bienvenue pour M. Retailleau, alors que les députés avaient refusé de rétablir jeudi une autre mesure phare du texte, prévoyant d’obliger les plateformes de messageries cryptées à rendre les messages des narcotrafiquants accessibles aux enquêteurs.Pour le ministre, également candidat à la présidence des Républicains, le texte a valeur de test et lui permettrait de défendre son action dans le gouvernement de François Bayrou.- Poids du RN -Plus tard dans la journée, les députés ont approuvé un article lui aussi vivement contesté par la gauche, qui permettrait au préfet de prononcer une “interdiction de paraître” d’un mois maximum dans les lieux liés à des activités de trafic de stupéfiants pour les personnes y participant.Le préfet pourra aussi saisir un juge pour faire expulser de son logement toute personne dont les agissements en lien avec des activités de trafic de stupéfiants troublent l’ordre public.Les députés du Nouveau Front populaire se sont notamment alarmés d’une mesure qui impacterait, au-delà du trafiquant, les membres de sa famille.”Le droit au logement est un droit constitutionnel. L’intérêt supérieur de l’enfant n’est pas indifférent aux décisions que nous avons à prendre”, a déclaré le président du groupe PS Boris Vallaud.Les débats se sont tenus vendredi dans un hémicycle clairsemé, où l’absence de nombreux députés macronistes a été relevée. “Si les dossiers-coffres ont été rétablis, c’est grâce à nous”, a déclaré le député Rassemblement national (RN) Michaël Taverne. “Vous étiez où, toute cette semaine ? Vous n’étiez pas là.” Accusés par le député LFI Antoine Léaument de faire alliance avec le RN, les députés du bloc central ont rétorqué, par la voix de l’élue MoDem Geneviève Darrieussecq, être une “force d’équilibre”. – Fermetures administratives -L’Assemblée a également adopté un article permettant aux préfets de décider la fermeture administrative de commerces soupçonnés de blanchiment, pour une durée allant jusqu’à six mois, éventuellement prolongée six mois par le ministre de l’Intérieur. “Un excès de pouvoir administratif”, selon le député écologiste Pouria Amirshahi. Et fondé uniquement sur “du soupçon”, ont ajouté des députés insoumis.A une voix près, un amendement RN a été adopté permettant aux maires de procéder à de telles fermetures administratives, ramenées dans ce cas à un mois. Mais deux députés ont indiqué s’être trompés lors du vote — une erreur possiblement révélatrice de la fatigue de la semaine. Une deuxième délibération pourrait avoir lieu en fin d’examen du texte.

Après la caricature d’Hanouna, LFI condamnée pour atteinte au “droit à l’image”

L’affaire de la caricature de Cyril Hanouna sur une affiche de la France insoumise (LFI) se poursuit devant les tribunaux: le mouvement, qui fait l’objet d’accusations d’antisémitisme, a été condamné vendredi à verser 3.500 euros à l’animateur pour atteinte au “droit à l’image”.”Je suis très content”, a sobrement commenté l’intéressé dans son émission “Touche pas à mon poste”  (TPMP) dans la soirée, en précisant que cette somme serait reversée à une association luttant contre l’antisémitisme.Il a également annoncé que la dernière de TPMP en format webtélé aura lieu mercredi. “Maintenant, on va se concentrer sur notre projet”, a précisé l’animateur qui doit rejoindre le groupe M6 en septembre sur la chaîné W9 et Fun Radio.LFI, qui a indiqué faire appel, répond depuis plusieurs jours aux interpellations après la publication de ce visuel battant le rappel pour participer aux manifestations contre le racisme samedi en France. Le tribunal judiciaire de Nanterre a condamné le parti de gauche radicale à verser une provision de 3.500 euros à Cyril Hanouna au titre du préjudice moral pour atteinte au “droit à l’image”.Se prononçant en référé au civil, il a aussi interdit la reproduction sur tout support de l’affiche, initialement postée sur les réseaux sociaux de LFI, puis retirée.Cyril Hanouna, dont la plainte a été examinée mercredi, a également prévu une action au pénal, selon son avocat Stéphane Hasbanian. Il a pointé auprès de l’AFP un “photomontage choquant”, dont le caractère “antisémite” devra faire l’objet de cette nouvelle procédure. Faute de ce grief, le juge des référés s’est borné vendredi à constater “que l’image reproduite ne le présente pas à son avantage”.On y voyait Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne et proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive. Une image vue par de nombreux responsables politiques comme reprenant l’iconographie des caricatures antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie.LFI récuse toute “signification antisémite”.Mais M. Hanouna l’a martelé: “c’est une caricature qui nous ramène aux heures les plus sombres” et “c’est fait sciemment”.Ses relations avec LFI se sont tendues ces dernières années, alors que plusieurs figures du mouvement apparaissaient auparavant régulièrement dans ses émissions.Les tensions ont culminé en novembre 2022, quand l’animateur a injurié en direct le député LFI Louis Boyard, qui avait critiqué Vincent Bolloré, dans “TPMP” sur C8 (groupe Canal+, dans le giron de M. Bolloré). – “positif” selon LFI -Il y a une dizaine de jours, le parti avait remplacé momentanément la caricature de l’animateur par une simple photographie issue de “TPMP”. C’est un juge au fond qui devra se prononcer sur une éventuelle atteinte au droit à l’image sur cette affiche-là.”Manifestations contre l’extrême droite, ses idées… et ses relais !”, est-il écrit sur ces affiches. Or M. Hanouna affirme n’avoir jamais manifesté un quelconque soutien à un mouvement politique. L’animateur demandait également l’interdiction de l’utilisation de son image pour toute affiche de LFI, point sur lequel le juge des référés l’a débouté.Dans un communiqué, le parti et ses avocats ont considéré que la décision en référé est “positive” car, notamment, elle “estime comme légitime le débat sur les liens entre M. Hanouna et l’extrême droite, et souligne la liberté d’expression dont bénéficie La France Insoumise dans le cadre de ses campagnes visuelles”.Au sujet de la caricature, divers responsables LFI ont admis une “erreur” ou une “maladresse”, reconnaissant qu’elle avait été générée par l’intelligence artificielle. Mais pas Jean-Luc Mélenchon qui a balayé l’accusation d’antisémitisme d’un tonitruant “taisez-vous” à un journaliste qui l’interrogeait dimanche.Mercredi, le leader LFI a de nouveau repoussé ces critiques. “Ça fait sept jours qu’on nous tire dessus: ça passe à travers, ou presque”, a-t-il lancé.Représenté sur une autre affiche portant les mots “dégageons les racistes !”, Éric Ciotti, patron des députés UDR, a lui annoncé vendredi “avoir déposé une plainte pour injure publique”.Dans les manifestations prévues samedi, les associations de lutte contre l’antisémitisme seront en tête de cortège avec les syndicats, a assuré la leader de la CGT Sophie Binet vendredi.”On ne peut pas lutter contre le racisme sans lutter contre l’antisémitisme et vice versa”, a-t-elle souligné sur RTL, en rappelant que la CGT avait jugé “inacceptables” les affiches représentant Cyril Hanouna. ac-gbh-reb-mdv/pel/mpm/ab/swi

Lille: le premier adjoint de Martine Aubry, Arnaud Deslandes, élu maire

Le premier adjoint de Martine Aubry, Arnaud Deslandes, a été élu sans surprise maire de Lille vendredi lors d’un conseil municipal extraordinaire, succédant à l’emblématique édile socialiste, qui a démissionné après 24 ans à la tête de la ville.Élu par 43 voix sur 54 suffrages exprimés, le quadragénaire, qui avait été désigné comme dauphin par Mme Aubry il y a deux semaines, l’a emporté face à Stéphane Baly, candidat écologiste aux prochaines municipales en 2026.M. Baly a qualifié cette élection de “succession (…) sans aucun suspense”, soulignant que “la seule élection qui compte se déroulera dans un an”.Après un long hommage à Martine Aubry, M. Deslandes, 42 ans, lui a dit son “infinie reconnaissance”, estimant que “Lille et Martine Aubry ne font qu’un”.”J’inscris mon action dans la ligne de ce qui a été accompli”, a-t-il souligné, revendiquant “l’héritage de Martine Aubry en politique”.Il a évoqué “la rénovation des quartiers populaires”, la “défense des services publics”, ou encore une ville “résiliente” face aux changements climatiques.”J’ai un an pour faire mes preuves, j’en ai conscience”, a-t-il reconnu. “Je prouverai que je ne serai pas qu’un maire de transition”.A un an des municipales, Martine Aubry, 74 ans, élue à Lille depuis 30 ans et maire depuis 2001, a annoncé le 6 mars sa démission, estimant que le temps était venu “de passer la main à une nouvelle génération”.”C’est bien sûr les Lilloises et les Lillois qui choisiront dans un an”, a souligné Mme Aubry vendredi soir, martelant qu’il n’y avait “rien d’anti-démocratique” à l’élection de M. Deslandes.Cette passation anticipée vise à donner à ce dernier de la visibilité et l’opportunité d’incarner le pouvoir avant les municipales de l’an prochain, une stratégie classique en politique.Le PS n’a pas encore officiellement désigné de candidat à la mairie de Lille pour 2026. Une primaire prévue le 6 novembre devra départager les prétendants, dont M. Deslandes et le député socialiste et conseiller municipal lillois Roger Vicot, en campagne depuis déjà plusieurs mois.Arnaud Deslandes, encore peu connu du grand public, a fait toute sa carrière dans l’ombre de Martine Aubry, dont il est un fidèle.Né à Charleville-Mézières (Ardennes) le 22 octobre 1982, ce fils d’une professeure et d’un avocat, socialistes convaincus, a suivi leur voie en prenant dès 2002 sa carte au Mouvement des jeunes socialistes (MJS), puis au PS.Étudiant à Sciences Po Lille de 2001 à 2007, il est entré en 2005 au cabinet de Martine Aubry en tant que stagiaire. Il a ensuite gravi tous les échelons du beffroi: collaborateur de cabinet de 2006 à 2013, directeur de cabinet de 2013 à 2020, adjoint chargé de la solidarité et de la cohésion des territoires de 2020 à 2023, puis premier adjoint.