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Nucléaire: l’Elysée vise désormais 2038 pour la mise en service du premier réacteur EPR2

L’Elysée a annoncé qu’il visait désormais l’horizon 2038 au lieu de 2035 pour la mise en service du premier des six futurs réacteurs EPR2 voulus par Emmanuel Macron, une relance nucléaire qui devrait s’appuyer sur un prêt de l’Etat à taux préférentiel et un renforcement de la souveraineté en uranium.  Le président de la République avait annoncé en février 2022 un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires et une option pour 8 autres avec une mise en service vers 2035 pour le premier d’entre eux, à Penly. Mais un audit gouvernemental de février 2022 mentionnait déjà l’horizon 2037 pour les premières mises en service. L’Elysée évoque désormais d'”ici 2038″ pour la “première mise en service”, selon le communiqué de la présidence diffusé à l’issue d’un conseil de politique nucléaire (CPN) autour d’Emmanuel Macron, le 4e depuis 2022.Aux conditions de 2020, le coût estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 est à présent évalué à 67,4 milliards, ce qui revient à 79,9 milliards aux conditions plus récentes de 2023, selon un rapport de la Cour des comptes de janvier sur la base d’un chiffrage d’EDF de fin 2023. Le mois dernier, le ministre chargé de l’Energie Marc Ferracci avait fixé les ordres de grandeur, en évoquant un coût “en-dessous de 100 milliards d’euros”, tenant compte notamment de l’inflation.Pour connaître le chiffre définitif, il faudra patienter: EDF a indiqué le 20 février que la présentation du devis complet du programme prendrait encore “plusieurs mois”.- “Moins d’urgence” -Alors comment financer ces réacteurs qui doivent permettre à la France, avec les énergies renouvelables, de réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées?Lundi, les participants ont “examiné les grands principes du schéma de financement” de ce programme, précisant qu’il serait notamment “basé sur un prêt de l’État bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction”, selon la présidence. Un tel modèle a déjà été validé par l’Union européenne pour le financement de la centrale tchèque de Dukovany essentiellement par un prêt de l’Etat à taux zéro.En France, il serait assorti d’un contrat sur la production nucléaire à un prix garanti par l’Etat de 100 euros maximum du mégawattheure, selon le communiqué. Concrètement, si l’électricité nucléaire d’EDF est vendue sur les marchés au-delà de ce seuil, EDF doit verser des recettes à l’Etat ; en-dessous, c’est l’Etat qui compense EDF. L’Elysée espère “finaliser dans les prochaines semaines les discussions entre l’État et EDF” et “initier rapidement les échanges avec la Commission européenne, dans la perspective d’une décision finale d’investissement d’EDF en 2026”, au lieu de fin 2025, pour cette étape clé préalable au lancement du chantier. Pourquoi ce décalage? “Il y a moins d’urgence alors autant prendre du temps pour réussir le programme”, souligne une source proche d’EDF. Car le contexte est bien différent du spectre des pénuries d’électricité en 2022 dans le sillage de la guerre en Ukraine: “depuis, la production d’EDF est revenue au niveau d’avant crise énergétique, les efforts de sobriété ont porté leurs fruits, et comme la demande d’électricité n’augmente pas au niveau envisagé, il n’y a pas d’urgence”, ajoute la même source. – “Relancer la recherche” -L’objectif d’EDF et de son unique actionnaire, l’Etat, est bien d’éviter la répétition du scénario de Flamanville, le chantier de l’EPR normand émaillé d’une série de dérapages de coûts et de calendrier. D’où le rappel du conseil de politique nucléaire sur “la nécessité pour EDF de consolider la maîtrise industrielle du programme”.Au moment où l’atome connaît un regain d’intérêt dans le monde, le CPN s’est également penché sur le risque de “tensions importantes” sur la demande d’uranium qui sert à fabriquer le combustible nucléaire, et a validé “le soutien que l’État apportera à Orano (ex-Areva, NDLR) sur l’approvisionnement en uranium de la France à moyen et long terme”.Le Conseil de politique nucléaire a aussi “lancé des travaux préparatoires” en vue de “relancer la recherche sur la fermeture du cycle, qui permettra à terme de se passer des importations d’uranium naturel”, dans la deuxième moitié du siècle. Sur la question des mini-réacteurs (SMR ou small modular reactors), le CPN a appelé le CEA “à engager des discussions” avec les start-up qui développent les projets les plus avancés en vue d’implantation sur ses sites nucléaires dans le sud à Marcoule et Cadarache 

Sur le cas Hanouna, Mélenchon à contre-courant de ses troupes

Ses lieutenants venaient d’effectuer à l’unisson un rare exercice d’autocritique sur l’affiche de La France insoumise représentant Cyril Hanouna. D’un tonitruant “taisez vous”, Jean-Luc Mélenchon a fait voler en éclat la communication de son parti, et relancé les interrogations sur sa stratégie.Le plus dur était fait. Après cinq jours de polémique, le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, et la cheffe des députés Insoumis, Mathilde Panot, ont fini par reconnaître dimanche matin “une erreur”: avoir utilisé l’intelligence artificielle pour créer un visuel.En l’occurrence celui montrant le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive.Censé battre le rappel des manifestations du 22 mars contre le racisme, il a surtout déclenché un tollé et de nouvelles accusations d’antisémitisme contre la formation de gauche radicale.Raison pour laquelle l’image a aussitôt été retirée, afin “qu’il n’y ait aucun ambiguïté sur ce sujet”, a fait valoir M. Bompard. Déjà, les jours précédents, plusieurs cadres Insoumis avaient plaidé une “maladresse” comme Eric Coquerel et Manon Aubry, ou une “défaillance” comme Paul Vannier.Un début de contrition collective, destiné aussi à apaiser le malaise qui s’est fait jour en interne, à l’instar du député apparenté Aymeric Caron déplorant les “communications catastrophiques qui se multiplient”.Mais pour Jean-Luc Mélenchon, pas question de faire amende honorable. Une erreur? “Pourquoi vous me posez cette question? De quel droit? Qui vous êtes? Vous m’accusez? Est-ce que vous m’accusez? Alors taisez-vous!”, a répliqué le triple candidat à la présidentielle au journaliste qui l’interrogeait dimanche midi sur France 3.De l’antisémitisme? “Pourquoi ça serait de l’antisémitisme? Ça suffit! Ça suffit maintenant!” a-t-il encore tonné, juste avant que l’émission ne se termine.- “Une stratégie assumée” -La colère en guise de réponse, signe d’une “fuite en avant” selon Jérôme Guedj, ancien protégé de Jean-Luc Mélenchon du temps où celui-ci était sénateur socialiste de l’Essonne – les deux hommes ont depuis rompu avec fracas.”Je le connais par coeur, ça puait la fausse indignation”, affirme l’actuel député PS, convaincu que son ex-mentor “veut jouer la victimisation”, quitte à entacher du soupçon d’antisémitisme les rassemblements contre le racisme organisés avec plus de 200 autres organisations.Un comble, d’autant que l’événement pourrait être l’occasion d’une grande réunion avec les socialistes, les communistes, les écologistes, et une partie des syndicats.”C’est l’illustration que tout ce que LFI touche à gauche, ils l’abiment”, insiste M. Guedj, convaincu que “l’entêtement” du patriarche Insoumis “montre que ce n’est pas une erreur, mais une stratégie assumée de transgression” dirigée vers “un électorat arabo-musulman” supposé “sensible à ce type de clin d’oeil antisémite”.Un choix peut-être délibéré, mais discuté jusque dans les rangs mélenchonistes. “Est-ce que l’objectif c’est de gagner en 2027?”, se demandait ainsi un député insoumis avant même la dernière fureur du grand chef.”Jean-Luc est très rationnel”, veut croire cet élu. De deux choses l’une, donc: “Soit il pense que c’est nécessaire aujourd’hui pour asseoir sa candidature”, mais dans ce cas “à deux ans de l’échéance, il serait temps de passer à la phase suivante”.Ou alors “il pense que c’est perdu, que Marine Le Pen va gagner et que son rôle est de fortifier un bataillon de résistants”. Défaitistes, les Insoumis? “J’ai parfois l’impression que notre stratégie est plutôt celle-là”.

Le gouvernement insiste: le retour à la retraite à 62 ans n’est “pas réaliste”

Après François Bayrou, le gouvernement persiste: “l’impératif” d’un équilibre financier conjugué à un nouvel effort militaire ne rendent “pas réaliste” le retour à la retraite à 62 ans, de quoi susciter colère et incompréhension, de la gauche qui parle de “trahison” aux syndicats qui veulent des “clarifications”, en plein “conclave” des partenaires sociaux.”La retraite à 62 ans, avec le cadrage qui a été fixé de revenir à l’équilibre du système des retraites en 2030, (…) c’est juste que c’est pas réaliste”, a ainsi déclaré lundi la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.Une déclaration dans la droite ligne de celle de François Bayrou qui a répondu “non” dimanche à une question sur un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, compte tenu du contexte international.Le Premier ministre a ainsi donné l’impression de préempter, au moins sur ce point, l’issue des discussions entre partenaires sociaux. Ce que le ministre de l’Economie Eric Lombard a tenté de rectifier par la suite en affirmant que c’est le “conclave” qui “doit se prononcer”. Mais la voix de M. Lombard, interlocuteur privilégié des socialistes dans les négociations budgétaires qui ont abouti à une non censure du gouvernement, semble un peu isolée au sein de l’exécutif et du bloc qui le soutient à l’Assemblée. Certes, a dit lundi sur FranceInfo l’ex-Première ministre Elisabeth Borne, auteure de la réforme contestée de 2023, les partenaires sociaux “ont toute latitude pour réfléchir à des améliorations”, sur les carrières longues, la pénibilité, ou l’équité hommes-femmes, mais “à condition d’assurer l’équilibre du système de retraite”. – Effort militaire -Pour s’éviter une nouvelle censure du Parti socialiste, François Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme et confié aux partenaires sociaux la tâche de trouver un nouvel équilibre du système et de rediscuter “sans aucun totem” ni “tabou” sur le départ ultra contesté à 64 ans.Les syndicats, qui remettent tous en cause le recul progressif de l’âge de départ de 62 à 64, n’ont que peu goûté les dernières déclarations.La CFTC a réclamé lundi “des clarifications à Matignon” et la CFDT compte demander au Premier ministre “s’il confirme ses propos” lors d’une rencontre déjà programmée entre le syndicat et M. Bayrou mardi.”La sortie du Premier ministre est incompréhensible. Tout était soit disant sur la table. (Il) vient de changer la règle”, dénonce la CFDT dans un message transmis à l’AFP.A cette exigence budgétaire s’est ajoutée ces dernières semaines une nouvelle donne internationale et un effort militaire que la France cherche à financer sans aggraver l’endettement du pays. L’exécutif exclut d’augmenter les impôts, comme le réclame la gauche pour les plus aisés. La droite veut tailler dans les dépenses publiques, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe juge “complètement dépassé” le conclave sur les retraites… – La CGT s’interroge -Pour l’instant, CFDT, CFTC et CFE-CGC restent à la table des négociations jugeant que “les sujets abordés comme l’égalité salariale, les droits familiaux, les carrières longues, la pénibilité… sont importants”, selon Cyril Chabanier (CFTC).La CGT interroge ses instances, réunies lundi et mardi, sur l’attitude à adopter.Une nouvelle intersyndicale, cette semaine, doit permettre de “réfléchir à une réponse aux déclarations récentes du président de la République” sur l’effort demandé dans le contexte de la guerre en Ukraine, “mais pas du maintien ou non dans les négociations retraites”, selon François Hommeril (CFE-CGC).Côté politique, sans prononcer le mot de censure, les socialistes ont dénoncé une “trahison” du Premier ministre.”Le gouvernement doit laisser les partenaires sociaux travailler et le Parlement, ensuite, légiférer. À la brutalité sociale de la réforme, la brutalité démocratique de son adoption, François Bayrou compte-il ajouter la brutalité de la trahison de la parole donnée… et écrite ?”, a fustigé le chef des députés socialistes Boris Vallaud.”J’ai accepté de faire un deal (sur la non censure) c’est pas réglo si un des partenaires du deal donne l’impression de s’en exonérer”, a prévenu de son côté le député PS Jérôme Guedj sur RMC. bur-far-lby-bat/grd/cbn

Retraite: la gauche accuse Bayrou de “trahison” en fermant la porte aux 62 ans

La gauche accuse lundi François Bayrou de “trahison” en fermant la porte à un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans et lui demande de laisser travailler le “conclave” sur la réforme entre les partenaires sociaux.”Le gouvernement doit laisser les partenaires sociaux travailler et le Parlement, ensuite, légiférer. À la brutalité sociale de la réforme, la brutalité démocratique de son adoption, François Bayrou compte-il ajouter la brutalité de la trahison de la parole donnée… et écrite ?”, a fustigé le chef des députés socialistes Boris Vallaud sur X.François Bayrou “se trompe complètement et tue un espoir de revenir à de la discussion, au respect des organisations syndicales, du monde économique, des acteurs qui font la démocratie”, a renchéri la maire de Paris Anne Hidalgo sur RTL.Pour François Ruffin, ex-LFI qui siège au groupe écologiste, les déclarations de M. Bayrou sont “à l’évidence” un motif de censure du gouvernement. “A la fin, il faut qu’il y ait un vote de l’Assemblée qui dise vers quel modèle de retraite on veut aller”, a-t-il plaidé sur France 2.Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, M. Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne et confié aux partenaires sociaux la tâche de parvenir à un nouvel accord. Interrogé dimanche sur la possibilité de ce retour à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, le Premier ministre, tout en redisant sa confiance dans la démocratie sociale, a répondu “non”.”Je ne crois pas que la question paramétrique (…) c’est-à-dire la question de dire +voilà l’âge pour tout le monde+, je ne crois pas que ce soit la seule piste”, a-t-il dit.Si le ministre de l’Economie Eric Lombard a rappelé ensuite que c’était “aux partenaires sociaux de décider”, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin est allé dans le sens de de M. Bayrou en estimant lundi “pas réaliste” les 62 ans dans le cadre de l’objectif fixé par le gouvernement d’un retour à l’équilibre financier en 2030.Vendredi, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe avait lui jugé sans ambages le conclave des partenaires sociaux “complètement hors-sol” au regard de la nouvelle donne internationale et de la volonté du gouvernement d’augmenter les dépenses militaires.

Municipales à Paris: David Belliard en tête du 1er tour de la primaire écologiste

David Belliard, adjoint aux transports à la mairie de Paris, est arrivé dimanche largement en tête du premier tour de la primaire des Ecologistes pour les municipales de 2026, et affrontera au second tour Anne-Claire Boux, également adjointe à l’Hôtel de ville.L’ex-chef de file EELV aux municipales de 2020 a recueilli 48% des voix des militants, devant Anne-Claire Boux qui en a obtenu 27%, a annoncé le secrétaire départemental des Ecologistes, Antoine Allibert, devant les militants réunis au siège du parti à Paris en présence des quatre candidats en lice.Les deux autres candidates, Fatoumata Koné (15%), cheffe du groupe écologiste au Conseil de Paris, et Aminata Niakaté (10%), ne se sont pas qualifiées pour le second tour, qui aura lieu dimanche prochain.Le sénateur Yannick Jadot s’était finalement retiré de la course, après avoir échoué à convaincre ses camarades de jeter l’éponge pour être investi sans compétition. La démarche de l’ex-candidat à la présidentielle, qui misait sur sa notoriété face à des candidats méconnus, était soutenue par la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, qui ne s’est pas prononcée en faveur d’un candidat en particulier.Le premier tour de la primaire a été marqué par une participation “élevée”, à 61% des quelque 1.500 adhérents de la capitale pouvant voter, s’est félicité Antoine Allibert.David Belliard, 46 ans, adjoint à la maire socialiste Anne Hidalgo en charge des transports et de la transformation de l’espace public, a salué un débat “apaisé” entre les prétendants.”Nous montrons que nous savons faire vivre notre démocratie interne, nous donnons le meilleur visage des Ecologistes et c’est le meilleur visage que nous pouvons donner aux Parisiens si nous voulons gouverner Paris”, a-t-il lancé devant les militants.En 2020, lors d’une campagne tendue en interne, David Belliard avait été élu tête de liste dès le premier tour après désistement du tandem formé par Julien Bayou et Antoinette Guhl.Il met en avant ses cinq années d’exercice du pouvoir au sein de la majorité municipale, dont les transformations écologiques comme les rues aux écoles ou la baisse de la vitesse à 50 km/h sur le périphérique ont été “portées par les écologistes”.”Je me prépare à être la première femme écologiste maire de Paris”, a dit à l’AFP Anne-Claire Boux, adjointe à l’Hôtel de ville en charge de la santé.Cette ingénieure et militante climat de 37 ans avait obtenu le meilleur score aux municipales de 2020 à Paris, où elle avait mené la liste écologiste dans le 18e arrondissement. Elle compte sur un collectif de 200 militants pour être élue au second tour.Les deux candidats, que peu de choses opposent sur le fond, s’inscrivent dans une stratégie d’union des forces de gauche dès le 1er tour, y compris avec LFI, ce que leurs alliés socialistes ont écarté.Les socialistes, dont la primaire est prévue le 30 juin, sont engagés dans un duel fratricide entre le sénateur Rémi Féraud, désigné par Anne Hidalgo pour reprendre le flambeau, et le député Emmanuel Grégoire, son ancien premier adjoint qu’elle honnit désormais, au point d’annoncer cette semaine qu’elle ne le soutiendrait pas s’il était désigné candidat par les militants.Une troisième candidate, Marion Waller, 32 ans, ex-conseillère d’Anne Hidalgo, s’est mise dimanche sur les rangs face aux deux parlementaires.

Bordeaux: à droite et au centre, quatre candidats prêts à incarner “l’union” aux municipales

Avec l’engagement dimanche de la ministre Nathalie Delattre à “prendre (s)es responsabilités” dans la course aux municipales à Bordeaux, ils sont désormais quatre à vouloir incarner l’union de la droite et du centre après la disparition soudaine d’une figure qui semblait faire consensus.Nicolas Florian, qui fut maire de Bordeaux de 2019 à 2020 et dauphin d’Alain Juppé, est décédé brutalement le 26 janvier à l’âge de 55 ans. Il était la principale figure de l’opposition à la mairie écologiste de Bordeaux et appelait, en vue des municipales de 2026, à une alliance entre LR et Renaissance dès le premier tour, contrairement à 2020.”Nous avions un atout majeur pour la reconquête de la ville, Nicolas Florian. (…) Je prends la suite pour continuer de rassembler les forces vives, militantes, politiques, associatives : tous les citoyens qui ne se retrouvent pas dans la gestion actuelle”, a déclaré la ministre du Tourisme et sénatrice Nathalie Delattre dans un entretien à Sud Ouest.”Aujourd’hui, nous n’avons plus Nicolas, donc je prends mes responsabilités”, a souligné cette ex-adjointe d’Alain Juppé.Deux autres anciens adjoints de M. Juppé, Pierre de Gaétan Njikam et Alexandra Siarri, ont également fait savoir ces derniers jours qu’ils étaient prêts à se lancer dans la course aux municipales.Avant eux, le député macroniste Thomas Cazenave, qui avait scellé un accord d’union avec Nicolas Florian en vue des municipales, avait déclaré à la mi-février être “prêt” et s’engager “pleinement” dans la campagne.Des propos qui avaient “choqué” la droite locale. Les Républicains avaient dénoncé une “déclaration de candidature prématurée” ne respectant pas “le temps minimum de deuil”.Contacté par l’AFP, l’ancien ministre chargé des Comptes publics avait plaidé un “malentendu”. “Je n’ai jamais déclaré ma candidature. J’ai simplement répété ce que je disais avant” le décès de l’ancien maire, avait ajouté M. Cazenave, réaffirmant la nécessité de poursuivre “cette démarche d’unité et de rassemblement qu’on avait engagée avec Nicolas Florian”.

Retraites: en plein “conclave” des partenaires sociaux, Bayrou ferme la porte aux 62 ans

François Bayrou a clairement fermé la porte dimanche à un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, mettant en péril l’avenir du “conclave” sur la réforme de 2023 même si son ministre de l’Economie a tenté de rassurer des partenaires sociaux inquiets.Interrogé sur France Inter et franceinfo sur la possibilité de ce retour à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, le Premier ministre a répondu “non”. “La conférence sociale sait très bien (…) quel est le rapport numérique (…) Je ne crois pas que la question paramétrique (…) c’est-à-dire la question de dire +voilà l’âge pour tout le monde+, je ne crois pas que ce soit la seule piste”, a-t-il ajouté.Un peu plus tard, le ministre de l’Economie Eric Lombard a atténué cette déclaration en affirmant sur BFMTV que “c’est aux partenaires sociaux de décider” de l’issue de ce “conclave”. “La position du gouvernement, c’est que le conclave doit se prononcer et cet engagement du conclave aura une force considérable”, a-t-il assuré, sans reprendre à son compte les déclarations du Premier ministre.Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, M. Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne, et confié aux partenaires sociaux la tâche de tenter de parvenir à un nouvel accord.Les concertations des partenaires sociaux ont débuté le 27 février, syndicats et patronat étant censés se réunir chaque jeudi au moins jusqu’à la fin du mois de mai – même si Force ouvrière (FO) a d’emblée claqué la porte. François Bayrou s’est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l’appréciation du Parlement.- Un conclave “hors-sol” -Mais la nouvelle donne internationale ouverte par l’accession de Donald Trump au pouvoir a conduit le président de la République à souhaiter le 5 mars “de nouveaux investissements” et de “nouveaux choix budgétaires”, faisant craindre à une partie du corps social et de la classe politique que le modèle social français en paye le prix.Vendredi, dans Le Figaro, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe a jugé sans ambages le conclave des partenaires sociaux “complètement hors-sol” et “déjà totalement dépassé”, au regard du regain de tensions internationales.Invité à réagir à cette affirmation dimanche, M. Bayrou a fait part de sa “divergence avec Édouard Philippe”, lors de l’émission “Questions politiques” sur France inter, franceinfo et Le Monde.”Édouard Philippe considère que la démocratie sociale et les partenaires sociaux, c’est négligeable (…) Moi je crois qu’on s’est trompé depuis des années en écartant les partenaires sociaux”, a affirmé le patron du MoDem.- “Mépris” -Mais derrière cette passe d’armes, François Bayrou a tout de même semblé préempter l’issue des discussions, sur la question de l’âge de départ, s’attirant les foudres des syndicats et des oppositions.”C’est scandaleux”, a affirmé le négociateur de la CGT sur les retraites Denis Gravouil à l’AFP, son homologue de la CFDT Yvan Ricordeau jugeant lui les propos de M. Bayrou “incompréhensibles”. “Le conclave est fini. Bayrou dit non à l’abrogation de la retraite à 64 ans”, a réagi sur X le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, dénonçant un “foutage de gueule”. Le député socialiste Jérôme Guedj, fer de lance de son parti sur la question des retraites, a critiqué sur le même réseau une “faute” et “un mépris pour les partenaires sociaux”, quand le patron du PS Olivier Faure a martelé que “la défense ne peut servir de prétexte à l’accélération d’une politique de suppression des droits”.Le vice-président du RN Sébastien Chenu a lui aussi jugé que cette sortie signifiait la “fin du conclave”, sur BFMTV, estimant que cela ne plaidait pas en faveur d’un maintien durable de M. Bayrou à Matignon.A l’inverse, le ministre délégué à l’Europe Benjamin Haddad a salué un “discours de vérité” du Premier ministre: “Le contexte géopolitique exige une réflexion sur le financement du réarmement, au niveau national comme européen”, a-t-il écrit sur X.Toujours partie prenante des concertations, la CGT a elle d’ores et déjà appelé fin février à la mobilisation, le 8 puis le 20 mars, “pour gagner l’abrogation de la réforme” de 2023.

Cinq ans après le confinement, Macron se remémore une période qui “a révélé la force de notre unité”

Emmanuel Macron s’est remémoré dimanche le début du confinement pendant la pandémie de Covid-19, débuté il y a cinq ans, une période qui a “bouleversé nos vies” mais aussi “révélé la force de notre unité” selon lui.Dans un long message posté sur le réseau social X, le président de la République salue le “courage” des Français concernés par le premier confinement, qui a débuté le 17 mars 2020.”La France s’est confinée. Mais jamais elle ne s’est arrêtée. Face à l’inconnu, face à l’épreuve, elle s’est unie”, a écrit le chef de l’Etat. “Nous avons pris soin les uns des autres. Nous avons fait preuve de solidarité dans les moments les plus durs, de résilience quand tout semblait vaciller”, a-t-il ajouté.Tout en remerciant les soignants qui “n’ont pas compté leurs heures” ou encore les enseignants qui “ont continué à transmettre le savoir”, M. Macron s’est ému des “drames humains”, des “douleurs silencieuses” et des “déchirements tus”, adressant aussi un mot pour “notre jeunesse qui a souvent souffert de la solitude et a accepté de sacrifier des mois parmi les plus beaux pour protéger les plus vulnérables”.”Le Covid-19 a bouleversé nos vies. Mais il a aussi révélé la force de notre unité qui ne doit jamais cesser de nous inspirer et de nous guider”, a-t-il conclu.

Référendum, ordonnances… la méthode d’Edouard Philippe contre “l’impuissance publique”

Comment lutter contre le “désenchantement démocratique”, produit de “l’impuissance publique”? Édouard Philippe a esquissé dimanche à Lille sa méthode s’il accède à l’Élysée, tout en renouvelant ses critiques contre François Bayrou.”Je suis candidat à la présidence de la République pour redonner vie à la puissance française”, a lancé le président d’Horizons lors d’un Congrès de son parti qui a rassemblé environ 1.600 personnes.Les partisans d’Édouard Philippe, qui s’impatientent de le voir dérouler son programme présidentiel, en sont pour leurs frais: celui-ci ne sera dévoilé qu’en mai 2026, après les municipales. Mais les critiques, toujours mezza vocce chez Horizons, sur une trop grande discrétion de leur patron devraient quelque peu s’estomper. Dans Le Figaro vendredi, puis à Lille dimanche, le maire du Havre a haussé le ton, sans retenir ses attaques contre François Bayrou.Le Premier ministre qui juge “antinational(es)” ses critiques sur l’absence de réformes d’ampleur ? M. Bayrou “a été piqué que quelqu’un lui fasse remarquer que le programme de travail des mois à venir paraissait bien maigre”, a répondu M. Philippe.Édouard Philippe qui “considère que la démocratie sociale, c’est négligeable” dixit François Bayrou après les critiques de son “conclave” sur les retraites ? Un débat “totalement dépassé”, a réitéré le patron d’Horizons, qui préférerait voir les syndicats discuter de l’effort à fournir autour des tensions internationales plutôt que de la remise en cause de la loi Borne.A Lille, l’ancien Premier ministre a donné quelques éléments de méthode: s’il accédait à l’Élysée, le président Philippe prononcerait rapidement la dissolution de l’Assemblée. Surtout, il entend convoquer les élections législatives “en juin, à une date qui permettra de tenir, au premier tour puis au second, un référendum”.Ceci au nom de la “légitimité”: “le président est élu au deuxième tour par des Français qui ont parfois voté plus contre son adversaire que pour lui”. “On peut se raconter l’histoire qu’en élisant au deuxième tour un candidat, ils valident son programme de premier tour, mais c’est au prix d’un mensonge intéressé et d’une incompréhension durablement dangereuse pour la suite”, a-t-il poursuivi, alors qu’Emmanuel Macron, élu à deux reprises face à Marine Le Pen, a subi de nombreuses critiques sur ce thème.- L'”espérance” de Darmanin -Ces référendums, a-t-il expliqué, porteront sur les retraites et sur “l’organisation administrative de notre pays, notamment l’inscription dans la Constitution d’une règle d’or” budgétaire. Avec un objectif de retour à l’équilibre des finances publiques à dix ans.Sur les retraites, M. Philippe prône un système “autour de trois régimes, privé, public, indépendant”. “Chaque régime devra être équilibré, y compris par l’introduction d’une dose de capitalisation collective”, a-t-il précisé, proposant “de confier la totalité de la gestion du régime privé aux partenaires sociaux, sans possibilité de déficit, comme ils le font très bien pour l’Agircc/Arrco”.”Nous prendrons également une série d’ordonnances, dont l’habilitation pourra être confiée au gouvernement par référendum (…) en matière de justice, en matière d’éducation et en matière de santé, qui sont les trois services publics qui doivent être considérablement et rapidement réformés”, a précisé M. Philippe.Parmi les invités à Lille, Gérald Darmanin, et la députée Renaissance Violette Spillebout, candidate à la mairie de cette ville.Le garde des Sceaux, adhérent du parti Renaissance dirigé par Gabriel Attal, n’en a pas moins confié son “espérance de voir des idées, une équipe, un projet” autour de son ami havrais. Et en a profité pour formuler quelques propositions –TVA sociale notamment–, avec “le rêve d’une France ou tous les travailleurs sont propriétaires et actionnaires”.M. Philippe a entamé son discours par un hommage appuyé à son ancien ministre des Comptes publics. “Je voudrais vous dire et je voudrais te dire, Gérald, combien je t’aime”, a-t-il dit en saluant son “parcours très impressionnant” et les idées “précieuses pour la réflexion” qu’il a mises en débat.Édouard Philippe a également consacré une partie de son discours à la situation internationale. Occasion de “salu(er) l’action du Président de la République qui, depuis 2017, a placé la question de l’autonomie stratégique de l’Europe au centre de sa politique extérieure”. “Quels que soient nos désaccords sur le plan interne, je veux lui dire ici mon soutien”, a-t-il dit.

Raphaël Glucksmann prêt à peser sur les prochaines échéances électorales

Raphaël Glucksmann a rassemblé les militants de Place publique ce week-end à Paris pour mettre son parti en ordre de marche pour les futures élections, appelant à “un grand mouvement de résistance démocrate” pour contrer “le fan club de Trump et de Musk dans notre pays”.”Nous sommes là pour lancer ce qui sera sans aucun doute la bataille la plus importante, la plus difficile de nos vies respectives, la grande bataille pour la démocratie française et européenne”, a-t-il déclaré en ouverture de son discours, devant quelque 1.500 militants.”Ne laissons jamais passer le fan club de Trump et de Musk dans notre pays”, a-t-il lancé, en référence à l’extrême droite. “Nous serons là pour leur barrer la route en France, en 2025, en 2026, en 2027”, et “prêts à y laisser notre peau”, a-t-il affirmé.Dans La Tribune Dimanche ce week-end, l’essayiste de 45 ans avait utilisé la même formule, mais à la première personne, précisant qu’il serait “totalement impliqué” dans l’élection présidentielle de 2027.Très identifié sur la défense de l’Ukraine et de l’Europe, et sur les droits humains, l’eurodéputé a invité les Américains à “ren(dre) la statue de la Liberté”, qu’ils “mépris(ent)”.- Plateforme programmatique -Arrivé en tête de la gauche (13,8%) aux européennes, avec la liste Place publique-Parti socialiste, M. Glucksmann a été reconduit sans surprise à la tête du parti qu’il a créé en 2018, comme co-président, avec l’eurodéputée Aurore Lalucq. Le parti est passé de 1.500 à quelque 11.000 adhérents à la faveur des élections européennes. M. Glucksmann a longtemps assuré n’avoir aucune ambition pour la présidentielle, mais après les européennes puis la dissolution de l’Assemblée nationale, l’idée a fait son chemin chez celui qui incarne une ligne d’opposition à La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.”Nous ne ferons aucun accord national avec Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise” et “nous n’aurons aucun programme commun avec des gens qui sont aux antipodes de nous sur le moment historique que nous traversons”, a-t-il de nouveau affirmé, sous les hourras des militants.Appelant à un “rassemblement dans la clarté”, il a tendu la main aux socialistes pour créer “une plateforme programmatique commune”, y compris avec les “écologistes, sociaux-démocrates, humanistes qui le souhaitent”, pour “gagner les élections municipales, présidentielle, législatives et régionales qui arrivent”.Raphaël Glucksmann est revenu sur le devant de la scène politique ces dernières semaines face à l’accélération de la menace russe et au désengagement américain vis-à-vis de l’Ukraine, qu’il prédisait depuis des mois.”Le fait d’avoir eu raison avant tout le monde, ça peut lui donner une légitimité et un leadership”, affirme un de ses proches, mais “il faut qu’il soit plus ancré dans le débat national et les enjeux locaux”.- “Pom-pom girl de gauche” -Celui qui se positionne sur le créneau de la social-démocratie pro-européenne et anti-France insoumise a déjà de nombreux concurrents pour 2027, comme l’ex-président François Hollande, l’ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, ou la présidente de la région Occitanie Carole Delga.Mais l’eurodéputé est régulièrement en bonne position dans les sondages. Et chez les socialistes, qui tiennent leur congrès en juin, certains souhaitent le voir jouer un rôle à la présidentielle, et espèrent créer une confédération avec Place publique.Echaudé d’avoir été écarté des négociations du Nouveau Front populaire, lui ne veut toutefois plus “être la pom-pom girl de gauche qu’on sort à chaque élection”, prévient-il, avec la ferme intention de peser dans un premier temps aux prochaines municipales. Place publique ne compte aujourd’hui que quelques dizaines d’élus locaux, un sénateur, un député, et trois eurodéputés.”On est prêts, on a la responsabilité d’aller à toutes les élections sous nos propres couleurs”, a assuré le député Aurélien Rousseau.Autre priorité: avancer sur le “projet pour la France” que Raphaël Glucksmann entend finaliser d’ici juin. “Nous proposerons un nouveau contrat démocratique et social”, fondé sur “les idées de solidarité et de justice, et qui mettra en son coeur la grande question que la gauche a délaissée, celle du travail”, a-t-il promis.