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Accords avec l’Algérie: Retailleau “a déjà cédé” selon le RN, sa démission serait “une bonne nouvelle” pour LFI

Les oppositions ont dit souhaiter le départ de Bruno Retailleau du gouvernement: le ministre de l’Intérieur n’a “rien à (y) faire” car il “a déjà cédé” sur le dossier algérien selon le RN, LFI considérant dimanche qu’une démission serait “une bonne nouvelle pour la France”.Pour des raisons différentes, le Rassemblement national et La France insoumise ont tous deux appelé M. Retailleau à mettre en Å“uvre sa menace de démission, émise dans une interview au Parisien. “Si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais”, avait expliqué le ministre de l’Intérieur au sujet de “la riposte graduée” qu’il appelle de ses vÅ“ux si Alger n’accepte pas de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière en France. Riposte qui inclurait, “au bout”, une “remise en cause des accords de 1968″, qui donnent un statut particulier aux Algériens en France en matière de circulation, de séjour et d’emploi.”Il a déjà cédé, il s’est déjà soumis, il a déjà reculé et aujourd’hui il nous dit que parce que ça devient énorme, il va peut être partir”, a raillé sur BFMTV le vice-président du RN Sébastien Chenu. “Il n’a rien à faire dans un gouvernement dans lequel il est sous la tutelle (du) bloc central”, a-t-il ajouté, exhortant le locataire de Beauvau “d’arrêter de faire croire aux Français qu’il aura des résultats”.Interrogé un peu plus tôt sur CNews et Europe 1, le coordinateur des Insoumis Manuel Bompard a lui assuré qu’une démission de M. Retailleau “serait une bonne nouvelle pour la France”. Il a jugé que le rapport de force instauré par le ministre vis-à-vis de l’Algérie était “la plus mauvaise méthode si on veut obtenir des choses”.Pour sa part, le Premier ministre François Bayrou a exclu toute “différence” d’appréciation entre son ministre, le président de la République et lui-même sur ce dossier. Emmanuel Macron “a exactement les mêmes indignations (…) sur le fait que, entre pays liés par un traité d’amitié et de +super-coopération+ en raison de l’histoire, il n’est pas possible d’avoir un refus de reprendre des ressortissants”. “Et donc il faut de la fermeté”, a-t-il martelé sur France Inter.Vendredi, le gouvernement a établi une première liste d’une soixantaine de ressortissants algériens qu’il souhaite expulser. Celle-ci a été “passée hier” (samedi) au gouvernement algérien, a précisé M. Bayrou.

Philippe se dit “partisan de la démocratie sociale”, mais sur “des sujets qui ont un sens”, pas une loi “déjà votée”

Édouard Philippe s’est défini dimanche comme un “vrai partisan de la démocratie sociale”, mais “sur des sujets qui ont un sens” et pas sur une loi “déjà votée”, après la réplique de François Bayrou à ses critiques sur le “conclave” dédié aux retraites.Dimanche, le Premier ministre a expliqué avoir “une divergence avec Édouard Philippe”, qui selon lui “considère que la démocratie sociale et les partenaires sociaux, c’est négligeable”. M. Bayrou réagissait à un entretien de M. Philippe au Figaro, dans lequel ce dernier jugeait “totalement hors-sol” le cycle de concertations entre syndicats et patronat qu’il a lancé pour discuter de la loi Borne de 2023.Négligeable, la démocratie sociale ? “Je ne crois pas, non”, a répondu Édouard Philippe à l’AFP.”Je dis que le débat actuellement, qui s’appelle conclave, est un débat qui est dépassé. On demande à des forces syndicales de discuter d’une loi qui a été votée. Et vous leur donnez tellement de contraintes –l’équilibre (financier) en 2030, ne pas revenir à 62 ans– qu’en réalité leur champ de discussion est extrêmement limité”, a poursuivi le président d’Horizons, qui tient un congrès dimanche à Lille.”Moi, je suis un vrai partisan de la démocratie sociale. Je leur dis: parlez, mais parlez de sujets qui ont un sens. Prenons les organisations syndicales et faisons-les parler de comment est-ce qu’on organise notre système productif et notre système social compte-tenu des nouvelles priorités et notamment de la menace russe”, a suggéré le maire du Havre.”On va devoir consacrer plus de moyens à se défendre. Plus de moyens à déterminer comment on peut se défendre. Pas seulement en produisant des obus et des canons. En remobilisant notre société autour de quelques objectifs qui sont de défendre notre modèle social, défendre notre liberté. Ce serait infiniment plus intéressant de demander aux organisations syndicales de parler de ça. Ça, c’est de la vraie démocratie sociale”, a-t-il insisté.”François Bayrou a besoin de donner un argument aux socialistes pour ne pas voter la censure”, a observé l’ancien locataire de Matignon (2017-2020).

Ukraine: “Celui qui nous menace physiquement, c’est monsieur Trump”, lance Mélenchon

“Celui qui nous menace physiquement, c’est monsieur Trump”, a lancé dimanche le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, tout en assurant défendre une ligne “ni Trump, ni Poutine” dans le contexte de la guerre en Ukraine.”Nous affrontons quelqu’un aux États-Unis qui nous agresse et nous affrontons quelqu’un en Russie qui, lui, envahit l’Ukraine. Moi, je suis +ni Trump, ni Poutine+. Je ne réserve pas mes coups à l’un ou à l’autre”, a lancé l’ancien candidat à l’élection présidentielle dans l’émission Dimanche en politique sur France 3.”Celui qui nous menace physiquement, c’est monsieur Trump, parce que c’est lui qui vient de mettre des droits de douane, qui asphyxie une partie de notre économie. Celui qui menace des nations amies de les envahir ou de les annexer, c’est lui, puisqu’il menace le Mexique, il menace le Canada, qui sont des nations alliées… Et c’est lui qui menace l’Europe puisqu’il a encore répété il y a trois jours qu’il occuperait le Groenland le moment venu”, a également insisté le dirigeant Insoumis, alors que les alliés de Kiev sont convenus samedi d’exercer une “pression collective” sur la Russie.Sur le conflit, Jean-Luc Mélenchon a répété qu’il était “d’intérêt vital” que “s’arrête la guerre en Ukraine”, mais il a regretté de ne pas “sav(oir) un mot de la proposition qui est faite à Poutine” dans l’hypothèse d’une trêve ou d’un cessez-le-feu.”Dans l’accord, il faut qu’il y ait une protection immédiate des centrales nucléaires par des casques bleus”, a-t-il exhorté, se disant favorable à un déploiement de “troupes de l’ONU” pour garantir la paix. Il a également rappelé sa position en faveur d’une sortie de l’Otan: “C’est le moment ou jamais. S’il y a jamais eu une démonstration de l’incertitude des Nord-Américains, c’est bien aujourd’hui”, a-t-il insisté.Alors qu’Emmanuel Macron a promis samedi “une grande refonte” du service national universel (SNU) dans les prochaines semaines, excluant toutefois l’hypothèse du retour du service militaire obligatoire, Jean-Luc Mélenchon a estimé que la France n’avait “pas besoin” de mettre “300.000 garçons par an dans les casernes”.”Par contre, le pays a besoin que ceux qui le veulent sachent comment (…) organiser la résistance passive, comment faire en cas d’invasion”, a-t-il insisté, assurant vouloir lier ces questions avec celles de la lutte contre le changement climatique. “La résistance de masse de la population aux événements terribles climatiques, c’est la même chose que de résister à une agression”, a-t-il affirmé.

Retailleau menace de démissionner si la France cède sur le dossier algérien

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a menacé samedi de quitter le gouvernement si Paris renonce à un rapport de force avec l’Algérie pour qu’elle accepte d’accueillir ses ressortissants en situation irrégulière en France.”Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé”, fait valoir M. Retailleau dans une interview au Parisien diffusée en ligne samedi.”Mais, prévient-il, si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais.””Je ne suis pas là pour une place mais pour remplir une mission, celle de protéger les Français”, ajoute le ministre.M. Retailleau était questionné sur le dossier algérien et “la riposte graduée” qu’il appelle de ses vÅ“ux si Alger n’acceptait pas de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière en France.Vendredi, le gouvernement a établi une première liste d’une soixantaine de ressortissants algériens qu’il souhaite expulser.Le refus de l’Algérie d’accepter ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, a fini d’envenimer des relations déjà très dégradées entre les deux pays depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.M. Retailleau, qui multiplie les déclarations virulentes contre Alger, notamment depuis l’incarcération mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, prône l’instauration d’un rapport de force, passant par une riposte graduée. “Au bout de la riposte, il y aura une remise en cause des accords de 1968”, affirme le ministre. “Je serai intransigeant et j’attends que cette riposte graduée soit appliquée”, dit-il.L’accord de 1968 donne un statut particulier aux Algériens en France, l’ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d’emploi.Fin février, le Premier ministre François Bayrou a menacé de dénoncer cet accord si, dans un délai de six semaines, l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.De son côté, M. Macron a joué la carte de l’apaisement en se disant “favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier” cet accord.

Des déchets textiles amassés près du Sénat pour relancer le débat sur la “fast fashion”

Dix tonnes de sacs de vêtements usagés s’amoncelaient vendredi matin près du Sénat, devant les grilles du jardin du Luxembourg à Paris, une image inhabituelle visant à réclamer l’adoption rapide d’une loi contre la “fast fashion”. Quelques dizaines de militants du collectif “Stop fast fashion” se sont activés dans le froid matinal, peu après 8H00, pour décharger ces déchets, formant un amoncellement d’un peu plus de 2 mètres de haut de sacs poubelle transparents et jaunes, un an exactement après l’adoption en première lecture par l’Assemblée nationale d’une proposition de loi visant à freiner la “fast fashion”.Ce texte “a été voté à l’unanimité il y a un an maintenant: qu’il soit aujourd’hui bloqué, retardé, reporté, contesté, on ne le comprend pas trop”, a déploré Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France, qui figure parmi la dizaine d’ONG fédérées dans cette coalition. Si la proposition de loi n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Sénat, la ministre déléguée au Commerce, Véronique Louwagie, a assuré vendredi matin sur Sud Radio qu’elle y serait examinée “avant l’été”, soulignant la nécessité de lutter contre les impacts environnementaux, sociaux et économiques de ce que l’on appelle également la “mode jetable”.”On produit tellement de vêtements, dans des quantités tellement astronomiques, que c’est illusoire de se dire qu’on va pouvoir tout recycler, tout traiter, tout réutiliser. Il y a un besoin de produire moins de vêtements”, a de son côté souligné auprès de l’AFP Pierre Condamine, chargé de campagne surproduction de l’ONG Amis de la Terre France, également membre du collectif. Outre cette mobilisation près du Sénat, Stop fast fashion, auquel participent aussi Zero Waste France ou encore France Nature Environnement, a organisé une quarantaine de manifestations vendredi dans différentes villes de France, des rassemblements ou des distributions de tracts visant à sensibiliser aussi les consommateurs. Selon le ministère de la Transition écologique, l’industrie textile est devenue l’une des plus polluantes au monde. Elle génère près de 10% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales – soit davantage que les vols internationaux et le trafic maritime réunis – et consomme 4% de l’eau potable du monde. La proposition de loi “visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile” prévoit notamment une interdiction de la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés et un “malus” environnemental renforcé pour les rendre moins attractifs.

Le communiste André Chassaigne élu adjoint au maire, a un mois pour quitter son mandat de député

Le patron des députés communistes André Chassaigne a été élu vendredi adjoint au maire de Saint-Amant-Roche-Savine, dans le Puy-de-Dôme, ce qui lui laisse 30 jours pour quitter son mandat à l’Assemblée nationale. Le député de 74 ans, élu à l’Assemblée depuis 2002, avait annoncé fin janvier son intention de quitter le palais Bourbon. “Il est temps que je cède ma place à un député d’une autre génération”, avait-il alors expliqué. Son élection en tant qu’adjoint au maire de cette commune, qu’il a dirigée entre 1983 et 2010, a été confirmée à l’AFP par la responsable de la communication du groupe communiste à l’Assemblée. Désormais en situation de cumul de mandats, M. Chassaigne a 30 jours à pour y mettre fin. Connu pour son franc-parler et sa défense des milieux ruraux, il est le président depuis 2012 du groupe GDR (qui regroupe élus communistes et ultramarins) à l’Assemblée. Son successeur à la tête du groupe devrait être Stéphane Peu, selon deux sources communistes. Le député de Seine-Saint-Denis de 62 ans avait défendu lors du dernier congrès du PCF en 2023 un texte d’orientation opposé à celui du secrétaire national Fabien Roussel et plus favorable à l’alliance de tous les partis de gauche.La co-présidence du groupe avec la députée de La Réunion Emeline K/Bidi, déjà en place, devrait se poursuivre.Personnalité respectée au palais Bourbon, André Chassaigne avait été l’été dernier le candidat du Nouveau Front populaire pour la présidence de l’Assemblée mais avait été battu par 220 voix à 207 par Yaël Braun-Pivet.Le départ annoncé d’André Chassaigne représente une nouvelle perte pour le parti communiste à l’Assemblée, après l’échec de plusieurs personnalités à se faire réélire lors des dernières législatives, dont Fabien Roussel et Sébastien Jumel. Le suppléant d’André Chassaigne, Julien Brugerolles, travaille avec lui depuis de nombreuses années et le remplacera sur les bancs de l’hémicycle. 

Le visuel de LFI sur Hanouna a été fait avec l’intelligence artificielle, dit un cadre du parti

Un visuel de La France insoumise avec le visage de Cyril Hanouna, qui a déclenché la polémique cette semaine et a été largement condamné comme antisémite, a été élaboré à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle, a déclaré vendredi le député et cadre insoumis Paul Vannier.”Il a été produit en recourant à l’intelligence artificielle, au logiciel Grok, celui d’Elon Musk”, a-t-il déclaré dans l’émission C à vous sur France 5. “C’est une erreur que d’avoir utilisé cet outil”, a-t-il ajouté. “Nous avions cette règle depuis plusieurs années de ne jamais recourir à ces logiciels. Probablement parce que les logiciels d’Elon Musk contiennent en eux-mêmes, en effet, des choses qui sont nauséabondes.”Il a assuré que “des mesures” avaient été prises pour éviter “une situation semblable” à l’avenir.L’image, diffusée mardi sur les réseaux sociaux par LFI pour battre le rappel en vue de manifestations du 22 mars contre le racisme, a été rapidement retirée face au tollé suscité.Elle montrait le visage de l’animateur Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive. L’image a été vue par de nombreux responsables politiques comme reprenant l’iconographie des caricatures antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie.”Je crois que nous aurions dû empêcher cette publication. Ce visuel n’aurait pas dû être mis en circulation”, a déclaré Paul Vannier, reconnaissant une “défaillance” mais refusant d’être “dans la recherche d’une responsabilité individuelle”, alors que les journalistes l’interrogeaient sur la personne ayant donné son assentiment à la publication de l’image. A plusieurs reprises durant l’interview, M. Vannier a pointé du doigt l’outil d’IA lié au réseau social X du milliardaire Elon Musk, devenu proche conseiller du président républicain Donald Trump.”C’est peut-être une question intéressante d’ailleurs de s’interroger sur pourquoi l’intelligence artificielle d’Elon Musk conduit à ce type d’image”, a déclaré Paul Vannier.Il a également déploré “des indignations à géométrie variable”. “On bondit sur la France insoumise, mais (…) quand Elon Musk, il y a quelque temps encore, pratiquait le salut nazi, beaucoup bégayaient pour qualifier ce geste”, a-t-il accusé. “Si l’on veut lutter contre l’antisémitisme, c’est à l’extrême droite qu’il faut s’attaquer, parce que c’est elle qui le fait vivre aujourd’hui encore dans notre pays”, a-t-il ajouté.Marine Le Pen s’est dite cette semaine “scandalisée” par ces “références aux caricatures antisémites”. Les condamnations sont par ailleurs venues d’une grande partie de la classe politique. Cyril Hanouna a fait savoir qu’il voulait poursuivre La France insoumise en justice. 

2027: Édouard Philippe face aux ambitions multiples du “socle commun”

Candidat déclaré à la présidentielle, Édouard Philippe accélère sa campagne et cible François Bayrou. Mais de Gabriel Attal à Bruno Retailleau en passant par Gérald Darmanin, Laurent Wauquiez ou Michel Barnier, la liste est longue de dirigeants du “socle commun” à rallier… ou à devancer.L’ancien Premier ministre s’exprimera dimanche à Lille lors d’un nouveau “congrès régional” de son parti, Horizons, après celui tenu à Bordeaux fin janvier. Il y parlera “de la France, de l’impuissance de l’État” et de sa “méthode” pour conquérir l’Élysée, a-t-il précisé vendredi au Figaro. Un nouveau congrès est prévu le 18 mai à Marseille. Quant au programme, il sera dévoilé “à partir de mai 2026”.Suscitant régulièrement l’impatience d’une partie de ses troupes, le maire du Havre hausse le ton dans le Figaro. Il juge notamment “complètement hors-sol”, dans un contexte de regain des tensions internationales, le “conclave” entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites concocté par François Bayrou.”Je ne dis pas que ce que fait le gouvernement est sans intérêt, et je connais la situation politique, mais je regrette qu’aucune réforme d’ampleur ne soit préparée. Au moment où l’Otan se fissure et où le multilatéralisme s’écroule, consacrer notre énergie à évoquer le mode de scrutin (municipal) à Lyon, Marseille et Paris me paraît curieux. Baroque même”, juge par ailleurs Édouard Philippe.Les rapports étaient déjà frais entre l’ancien et l’actuel Premier ministre, qui avait qualifié d'”antinational” de précédents propos prédisant l’absence de réformes d’ampleur d’ici à la présidentielle. Et François Bayrou a souvent critiqué en privé la stratégie du président d’Horizons visant à “reconstituer la droite”.À deux ans de l’échéance, si Édouard Philippe est le seul candidat déclaré, les ambitions sont légion tant dans le camp macroniste qu’au sein de la droite, son alliée au gouvernement depuis la dissolution.Côté macronie, Gabriel Attal s’est emparé de Renaissance, le parti du président. Et distille les mêmes critiques que M. Bayrou sur la stratégie droitière d’Édouard Philippe. Gérald Darmanin répète son intention de peser “d’une manière ou d’une autre” sur la présidentielle et a récemment évoqué l’hypothèse d’une large primaire, comme l’a fait le maire (LR) de Cannes David Lisnard.Invité à Lille dimanche, Gérald Darmanin réitérera-t-il sa suggestion? Les primaires ne sont pas très en cour chez Horizons. “L’espace politique dont ils parlent, c’est un truc qui va de LR jusqu’à Renaissance”. Or “ces forces politiques ne se parlent pas collectivement”, “elles ne se mettent pas d’accord collectivement au moment d’élections partielles. Et vous voudriez que pour les questions les plus emblématiques de désignation d’un candidat à la présidentielle, ces partis (…) se mettent spontanément d’accord sur une primaire et ses conditions ? Je n’y crois pas beaucoup”, a récemment évacué M. Philippe.-“Ne pas se tromper d’adversaire”-Gérald Darmanin a créé son propre parti, Populaires, et émarge toujours chez Renaissance, non sans distiller des critiques sur le parti présidentiel, qui organise un meeting le 6 avril.À droite, les LR requinqués par leur participation au gouvernement doivent élire un chef le 17 mai et la tension s’accroît entre les deux prétendants, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez.De son côté, l’éphémère Premier ministre Michel Barnier s’est assigné l’objectif de “faire vivre le socle commun” entre la macronie et LR, en vue d’un candidat unique pour 2027. Mais dans un contexte d’élection interne, pas question chez les deux candidats d’évoquer ce scénario. Encore moins de se ranger derrière Édouard Philippe.”Ce n’est pas un ennemi, mais nous ne sommes pas dans le même couloir de nage. On ne travaille pas le même espace politique. Lui, il est sur le bloc macroniste qui, de notre point de vue, n’existera plus en 2027″, juge-t-on dans l’entourage de M. Retailleau.Édouard Philippe “est prisonnier du +en même temps+ électoral”, renchérit-on du côté de M. Wauquiez.Posture électorale interne, semble analyser un ténor LR pour qui “avoir un seul candidat droite-centre” est la “seule formule pour réussir” face au Rassemblement national.”Le sujet, ce n’est pas les autres présidentiables de droite mais la relation avec les Français. Dans un contexte où il ne faut pas se tromper d’adversaire alors qu’il n’y a qu’une place qualificative face au RN”, appuie le secrétaire général d’Horizons, Christophe Béchu.

Procès en diffamation d’un journaliste du Point: Corbière et Garrido fixés le 12 mai

La déontologie journalistique a été passée à la loupe vendredi lors du procès en diffamation intenté par les ex-LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière, accusés dans un article du Point en 2022 d’avoir employé une femme de ménage sans papiers.Le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision le 12 mai.”Vous avez une source unique qui est frelatée, des faits non vérifiés, un contradictoire qui est une farce: cette enquête ne tient tout simplement pas debout!” a fustigé dans sa plaidoirie l’avocat des parties civiles. “Juger de la qualité de cette enquête, c’est comme jouer au jeu des sept erreurs”, a poursuivi Me Xavier Sauvignet, qualifiant de “buzz organisé” l’article du Point.Ce dernier avait été publié en ligne le 21 juin 2022 avec la mention “Exclusif” et s’intitulait: “L’employée sans papiers de Raquel Garrido et Alexis Corbière”.Le journaliste Aziz Zemouri y mettait en cause les deux membres du couple, tous deux alors députés LFI de Seine-Saint-Denis, les accusant d’exploiter une femme de ménage sans papiers qu’ils auraient par ailleurs “soumise à des cadences infernales”.L’article affirmait également que les députés, résidant à Bagnolet, scolarisaient leurs enfants à Paris.Dès le lendemain, l’hebdomadaire avait retiré l’article de son site et admis publiquement son caractère “faux” et “mensonger”.Aziz Zemouri, qui a quitté l’hebdomadaire après cette affaire, avait aussi présenté ses “excuses les plus sincères”, estimant avoir été “victime d’une manipulation”.”Le contradictoire est une farce” dans cette affaire, a dénoncé Me Sauvaget, rappelant qu’Aziz Zemmouri n’a contacté qu’une seule fois par SMS les députés tout juste élus, avant la publication de son article, leur demandant s’ils comptaient régulariser la situation de leur femme de ménage.A son tour, le procureur de la République a évoqué “un manquement à la prudence” et des informations qui n’ont pas été vérifiées comme elles auraient dû l’être. “Il s’est fait avoir! Tout a été fabriqué pour que ça ressemble à quelque chose qui soit totalement vrai”, a soutenu Me David-Olivier Kaminski dans sa plaidoirie en défense.L’avocat du reporter a défendu le professionnalisme de son client, un journaliste “qui est connu de tous pour sa probité professionnelle”.”Même les meilleurs se font avoir”, a conclu le conseil d’Aziz Zemouri avant de demander la relaxe. – “Vérifier l’information” -L’ancien journaliste du Point a toujours affirmé devant les enquêteurs avoir été dupé par une de ses sources, un policier qui lui a donné le tuyau de la femme de ménage sans papiers.Les investigations ont ensuite permis de remonter jusqu’à Rudy Succar, un ex-chauffeur de Jean-Christophe Lagarde, député sortant et candidat UDI opposé à Raquel Garrido.Après plusieurs interrogatoires, l’ex-chauffeur avait reconnu s’être fait passer pour la femme de ménage auprès du journaliste sur demande pressante voire “obsessionnelle” de Jean-Christophe Lagarde, car celui-ci aurait voulu obtenir un élément compromettant contre sa concurrente. L’ex-député a dénoncé les mensonges “les plus absolus et les plus absurdes”.A l’audience, Raquel Garrido a regretté l’absence des deux prévenus, l’auteur de l’article, mais aussi le directeur de la publication du Point, Étienne Gernelle, tous deux responsables selon elle d’une “des pires fake news de l’histoire politique moderne”.Dénonçant un travail bâclé et un article politique, Raquel Garrido a rappelé à la barre que d’autres journalistes ont très vite démonté l’enquête du Point.”Il suffit de poser la question à n’importe qui à Bagnolet, c’est un village, tout le monde sait où on habite et où nos enfants vont à l’école et lui le grand reporter il n’a pas été capable de le faire!”, a ironisé l’ancienne députée.”Comment est-il possible qu’un grand hebdomadaire publie cela ?”, s’est interrogé Alexis Corbière à la barre. “La différence entre un blogueur, un influenceur et un journaliste, c’est le fait que le journaliste, normalement, vérifie l’information”, a poursuivi le député, qui siège aujourd’hui avec les écologistes. Dans l’autre volet de l’affaire, Jean-Christophe Lagarde, Rudy Succar et Noam Anouar, le contact policier d’Aziz Zemouri, sont mis en examen notamment pour escroquerie en bande organisée. Aziz Zemouri est lui partie civile aux côtés du couple Garrido-Corbière.

Paris sur le point d’envoyer à Alger une liste d’une soixantaine d’Algériens à expulser de France

Des relations diplomatiques à l’étiage et un bras de fer qui continue: la France a établi une première liste d’une soixantaine de noms d’Algériens à expulser, qui doit être envoyée à Alger de façon “imminente”.Dans le viseur des autorités françaises: “des profils de type +troubles à l’ordre public+ ou sortant de prison ou avec des profils dangereux. Sur cette liste ne figurent que des ressortissants algériens, dont nous avons les preuves de la nationalité algérienne”, a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en déplacement à Écully, près de Lyon, pour l’inauguration de l’école nationale de police scientifique de la police nationale.Cette liste “sera envoyée, elle ne l’a pas encore été”, a précisé le ministre, par ailleurs candidat à la présidence de LR et qui a multiplié ces dernières semaines les critiques visant l’Algérie, en particulier sur le volet migratoire.Le refus de l’Algérie d’accepter ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, a fini d’envenimer des relations déjà très dégradées entre les deux pays depuis la reconnaissance en juillet dernier par le président Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.”L’Algérie est tenue par un accord international et un accord avec la France. Nous avons plusieurs liens. Cette liste, ce sera un moment de vérité: ou bien l’Algérie accepte de respecter ses obligations, le droit, nos accords signés librement, ou bien nous mettrons en Å“uvre la stratégie que nous avons organisée d’une riposte graduée qui peut aller jusqu’à la remise en cause de l’ensemble de nos accords”, a poursuivi le ministre.La liste des Algériens expulsables, en l’état, semble loin des aspirations de Bruno Retailleau, qui avait initialement évoqué plusieurs centaines de personnes avant de faire état mercredi sur la radio RTL de quelques dizaines de cas. D’autres listes pourraient suivre, cependant.-engagements-“Nous espérons que tous les responsables, chacun à sa place, vont réfléchir au respect des engagements pris et à la compréhension qui sont nécessaires entre deux pays et deux sociétés qui ont négocié des accords aussi importants que ceux-là”, a fait valoir de son côté le Premier ministre François Bayrou, en marge d’un déplacement à La Rochelle, vendredi.Fin février, le Premier ministre avait menacé de “dénoncer” l’accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, l’ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d’emploi, si, dans un délai de six semaines, l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.De son côté, le chef de l’État français a joué la carte de l’apaisement en se disant “favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier” cet accord.Si cette liste permet à Bruno Retailleau, en pleine campagne interne pour la direction de son parti, de continuer à adopter un discours de fermeté vis-à-vis de l’Algérie où le ministre de l’Intérieur français est accusé de “surenchère”, Paris espère aussi qu’Alger s’en saisisse pour réchauffer les relations diplomatiques avec son ex-colonie. “Bien sûr que la France aspire à avoir de bonnes relations avec l’Algérie, qui est un pays voisin avec lequel nos relations sont denses”, a assuré cette semaine le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. “Pour cela, il faut que ces relations s’apaisent. Mais l’apaisement, ça ne se décrète pas unilatéralement”, a-t-il néanmoins souligné.Il a appelé les autorités algériennes à se saisir de la liste des ressortissants algériens à expulser afin qu’elles “initient ainsi une nouvelle phase de nos relations qui nous permette de traiter nos différends et d’amorcer d’éventuelles coopérations stratégiques”.L’annonce de cette liste a été par ailleurs faite au surlendemain des révélations concernant la mise en examen d’un fonctionnaire du ministère de l’Economie soupçonné d’avoir livré des informations sur des opposants au régime algérien vivant en France, grâce au concours d’une agente de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii).