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L1: grève des ultras, dissension dans le public… Strasbourg avance dans une curieuse ambiance

Des résultats inespérés, mais une ambiance mitigée: voilà le paradoxe de Strasbourg, dont les ultras font toujours grève contre le propriétaire BlueCo malgré la réussite de leur équipe, 4e de Ligue 1, qui accueille Nice samedi (21h05) lors de la 29e journée.À chaque rencontre au Stade de la Meinau, un spectacle étonnant se produit dans les gradins: d’abord, le silence de la tribune ouest où figurent les associations de supporters, pendant un quart d’heure, puis le réveil impulsé par les ultras, mais sifflé par une partie du public.Depuis le début de saison, les Ultras Boys 90 manifestent par ce silence leur opposition au propriétaire du club alsacien, BlueCo, un consortium d’investisseurs américains devenu actionnaire majoritaire du Racing à l’orée de la saison 2023-24, un an après avoir racheté Chelsea.C’est bien la multipropriété que les UB90 rejettent, par crainte de ne devenir qu’un satellite du club londonien, plus prestigieux. Les résultats brillants des Strasbourgeois, et l’enjeu européen de la rencontre face à Nice, sixième à deux points, n’y changent rien.”Nos revendications sont décorrélées du sportif: on veut un club indépendant”, explique Maxime, porte-parole des UB90. “C’est le modèle du football moderne qu’on a toujours rejeté et combattu depuis 1990. C’est aussi une vision à long terme: BlueCo est là mais pour quoi? Quel est leur objectif?”- “L’impression d’être à un match de district” -Pourtant, tout le monde ne partage pas cet avis dans l’enceinte de la Meinau, amputée d’un cinquième de sa capacité pour cause de travaux (19.500 places actuellement contre 26.000 normalement, mais 32.000 prévues à l’été 2026).”Que le club soit revendu à un actionnaire étranger, ça frustre, mais avec les temps qui courent, la réduction des droits TV, si on n’avait pas eu cette vente, on aurait été comme Angers (14e avant la 29e journée), Montpellier (dernier), on aurait galéré pour notre survie”, nuance Raphaël, abonné avec sa femme et son fils depuis le retour du club en Ligue 1 (2017).Même s’il “comprend le fond”, cet entraîneur dans un club de foot de la région se dit contre cette grève des encouragements qui, dit-il donne “l’impression d’être à un match de district le dimanche après-midi”.Derrière ce mouvement plane la crainte d’une gestion financière hasardeuse comparable à celles qui ont failli faire couler Strasbourg lors des années IMG-McCormack (1997-2003) puis lors de la période Jafar Hilali (2009-2011), deux investisseurs qui ont fini par vendre le club pour un euro symbolique.Mais actuellement, le Racing réussit l’une des meilleures saisons de son histoire, porté par un effectif jeune et talentueux, à l’image de son entraîneur Liam Rosenior. “Je comprends que chacun ait des idées différentes, des façons différentes de s’exprimer”, commente le technicien anglais auprès de l’AFP. “Malgré toutes les discussions sur les grèves des supporters, la raison pour laquelle nous avons un bilan incroyable à domicile, c’est parce que l’atmosphère est magnifique.”- Demande du capitaine -Cette situation a même poussé le capitaine du club Habib Diarra, après un succès marquant contre Lille (2-1) fin janvier, à demander le soutien des ultras “du début jusqu’à la fin”, le président Marc Keller appelant dans la foulée à rester “unis” et “solidaires”, dans une lettre.La prolongation de cette grève a créé une réaction de la part d’une partie du public, dont fait partie Jean-Marc Zemb, vice-président de l’association de supporters Racing 68, qui y était pourtant favorable au début: “Ils ont peur de perdre l’identité du Racing, mais on est en train de perdre cette identité avec cette grève, souligne cet homme de 56 ans. Au moment où les UB se mettent à chanter, je les siffle.””On n’a peut-être pas encore l’habitude, mais est-ce que dans ce +football business+, il ne va pas falloir travailler avec ça?”, questionne de son côté Emmanuel Balieux, membre du conseil d’administration du Club central des supporters, association créée en 1983, qui compte 240 membres.Pour l’instant, les UB90, qui demandent à rencontrer les actionnaires, ne comptent pas cesser leur mouvement de contestation. En interne, le club est concentré sur son projet sportif, en espérant rallier l’intégralité des supporters.

Ligue 1: l’animation offensive, équation à vite résoudre pour Lille

En difficulté depuis son élimination contre Dortmund en huitième de finale de Ligue des champions, Lille paie une animation offensive en berne et doit se ressaisir dès samedi à Toulouse (19h00) lors de la 29e journée de Ligue 1.Le sprint final pour les places qualificatives en C1 est lancé, mais le Losc (7e, 47 points, à deux unités de Strasbourg, quatrième) n’est pas dans ses meilleures dispositions: ses quatre dernières rencontres en Ligue 1 l’illustrent avec deux défaites à Nantes (1-0, 15 mars) et Lyon (2-1, 5 avril) et deux victoires difficiles contre Montpellier (1-0, 8 mars) et Lens (1-0, 30 mars).”En ce moment, peut-être qu’on est moins ambitieux, moins conquérants dans notre jeu, admet Bruno Genesio, l’entraîneur lillois. On ne peut pas dire qu’on fait des mauvais matches dans le contenu mais c’est vrai qu’il nous manque dans les vingt ou trente derniers mètres un peu plus de créativité, d’insouciance.”Avec 42 buts marqués, Lille est la moins bonne attaque des huit premiers de Ligue 1, avant son déplacement à Toulouse (11e, 34 pts). Jonathan David, troisième meilleur buteur du championnat (quatorze) est trop seul à remplir la ligne de statistiques: les deux suivants dans la liste, Hakon Haraldsson et Edon Zhegrova, ont inscrit… quatre buts.”Qu’est-ce que nous pouvons faire pour améliorer cela? On ne peut pas uniquement faire des constats ou rejeter la responsabilité sur les joueurs, ce serait beaucoup trop simple”, a souligné Genesio.”On doit améliorer notre animation offensive, quand je parle d’animation je parle aussi de transitions, défensives/offensives qui, à mon goût, ne sont pas assez rapides dans certaines situations, afin que d’autres joueurs que Jonathan David puissent marquer des buts ou au moins se créer des occasions”, a-t-il poursuivi.- Zhegrova rejouera-t-il avant la fin de saison? -Dans les difficultés offensives que traverse actuellement Lille, difficile d’occulter l’absence d’Edon Zhegrova. L’ailier droit, opéré des adducteurs en début d’année, n’a plus joué depuis le 14 décembre à Marseille. “Il a fait une séance avec nous mercredi mais il ne se sent pas suffisamment à 100 % pour enchaîner les entraînements et postuler à un match de Ligue 1 pour l’instant”, répond Bruno Genesio.Le doute plane concernant sa participation à la fin de saison. “Je l’espère fortement”, se contente d’avancer l’entraîneur des Nordistes, qui admet que son équipe “aurait peut-être quelques points supplémentaires” avec son international kosovar, principal détonateur de l’effectif.D’autant qu’à son poste personne ne fait l’unanimité: Matias Fernandez-Pardo a du mal depuis son retour de blessure à la cheville, Rémy Cabella (35 ans) n’a plus la vivacité de ses meilleures années, et Mitchel Bakker, latéral gauche de formation, dépanne bien mais ne fait pas de miracles.À gauche, les fulgurances d’Osame Sahraoui sont trop rares et l’on a trop peu vu le deuxième attaquant Chuba Akpom, prêté cet hiver par l’Ajax Amsterdam, depuis ses deux buts inscrits lors de ses deux premiers matches.Aujourd’hui, aucune solution ne se dégage vraiment. Bruno Genesio et le Losc vont pourtant devoir vite trouver des réponses s’ils veulent retrouver la Ligue des champions.

Ligue 1: à Nice, Haise hausse le ton et les tauliers doivent réagir

“Est-ce qu’ils sont suffisamment mes relais? S’ils l’étaient, on n’en serait pas là”: avant le déplacement de Nice à Strasbourg samedi, l’entraîneur Franck Haise n’épargne personne, à commencer par ses leaders, censés prolonger son discours sur le terrain.La dernière victoire niçoise remonte au 1er mars, à Saint-Étienne (3-1). Après un point pris sur douze, “Strasbourg est un défi magnifique, où on est vraiment outsider”, indique Franck Haise. “Vu les dynamiques, on doit logiquement perdre, observe-t-il. Mais si cette série négative devait perdurer un match de plus, ça serait plus compliqué (pour l’Europe, Ndlr).”Malgré cette urgence, le technicien se trouve devant un défi plus important: “Retrouver un état d’esprit collectif”. “C’est au moment où on a le plus de monde, qu’on a perdu notre force collective, analyse-t-il. Ce n’est jamais anodin. Ce sont les attitudes, les comportements.”Et d’asséner: “S’il nous manque des choses ces dernières semaines, c’est parce que tous ne mettent pas toute leur énergie positive au service de l’équipe. Si vous voulez avoir des résultats, cinq ou six joueurs ne suffisent pas.”En début de saison, Haise avait instauré un conseil des sages au sein du vestiaire. Autour du capitaine Dante, il comptait sur Marcin Bulka, Pablo Rosario, Morgan Sanson, Gaëtan Laborde et Jérémie Boga.Les trois derniers ont longtemps été blessés, mais sont désormais opérationnels. Or, comme dans toute construction humaine, les statuts ont évolué. Si les “historiques” demeurent essentiels, certains comme Youssouf Ndayishimiye, Evann Guessand et Jonathan Clauss ont pris du poids.-“On se dit les vérités”-“Les leaders ont leur importance”, souligne Haise. Mais il y a “un manque”. “Tous les messages, ceux des leaders, mais d’abord le mien, ne passent pas suffisamment bien, dit-il. Sinon, on aurait pris plus de points.”Leader technique, Boga assume sa “responsabilité”. “A un moment, on doit plus échanger avec le groupe, faire parler notre expérience, convient-il. On se parle de plus en plus, on se dit les vérités les uns, les autres. Elles sont parfois difficiles mais on est professionnels. C’est pour le bien collectif. Il faut de prendre ses responsabilités individuellement, et assumer son rôle de leader.”Haise ne jette toutefois pas uniquement la pierre à ses hommes d’expérience. Il compte sur chacun pour “une prise de conscience, sinon à la fin, on aura beaucoup de regrets”, prévient-il.Et puis, “il faut avoir envie d’écouter les leaders, une capacité d’écoute, d’acceptation, poursuit l’entraîneur. C’est ça, la dynamique d’équipe, la cohésion. C’est le plus difficile, parce que ça dépend de chacun. Il ne faut pas que les mecs se disent: +Il n’y a que nos leaders+. C’est trop facile de dire: +Nos leaders faillent+. Ou alors: “C’est le coach+. Chacun doit être en capacité de se regarder, de demander ce qu’il fait pour l’équipe.”A six journées du terme du championnat, ce discours a fait grincer quelques dents en interne. Mais il a pour but de faire réagir. “Ce qui me fait le plus peur, c’est que je ne retrouve pas un groupe qui a envie de +performer+ ensemble, poursuit Haise. C’est ma crainte. Si je retrouve ça, il n’y aura pas de regrets.”Après avoir changé quelques routines cette semaine à l’entraînement, il a encore distillé le même discours. Et il compte aussi sur la réaction de ses cadres, tel Boga.”On n’a plus de joker, conclut le champion d’Afrique. Ceux qui ont raté beaucoup de matches, eu une saison compliquée en raison des blessures, comme moi, ont envie de finir fort pour aider le club à atteindre ses objectifs. C’est très excitant.”