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En Hongrie, la détresse de trois médias dans le viseur du pouvoir

“Une arme politique” pour museler la presse indépendante: le projet de loi visant à sanctionner les médias “financés depuis l’étranger” suscite l’émoi en Hongrie, dans un paysage transformé par 15 ans au pouvoir de Viktor Orban. Le vote prévu au Parlement cette semaine a certes été repoussé à l’automne mais selon trois cibles ouvertement visées par le pouvoir, le danger est loin d’être écarté.”Ils n’ont pas retiré le texte”, rappelle à l’AFP Peter Uj, rédacteur en chef du site d’information 444, le but du gouvernement restant “inchangé”: “faire taire ou discréditer certains médias, ONG ou personnes”.Après déjà plusieurs rassemblements, le combat continue dans la rue: des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mardi en fin d’après-midi à Budapest, s’inquiétant de la “poutinisation” de la Hongrie.Selon le pouvoir, cette législation sur “la transparence de la vie publique” vise à protéger le pays d’Europe centrale contre “l’ingérence étrangère” et la désinformation.Mais ses détracteurs la comparent à la loi russe sur les “agents de l’étranger”. Elle a été condamnée par le Conseil de l’Europe et la Commission européenne, tout comme par des centaines d’organisations et de journaux y voyant une violation des droits fondamentaux.- “Etat de peur permanent” -Pour le journaliste, ce n’est “que le dernier développement” dans la politique illibérale mise en place par le Premier ministre nationaliste depuis 2010.D’un côté, des médias passés sous sa coupe, de l’autre, de rares voix critiques qui restent influentes mais sont soumises à d’importantes pressions.En 25e position du classement de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse en 2009, la Hongrie est tombée cette année au 68e rang sur 180 pays.Cette loi “idiote et absurde” est “une arme politique destinée à nous maintenir dans un état permanent de peur”, estime M. Uj, 53 ans, dont le site fondé en 2013 emploie environ 35 journalistes.Concrètement, tout organisme “menaçant la souveraineté de la Hongrie en utilisant des fonds étrangers pour influencer la vie publique” pourra être placé sur liste noire. A la clé, de possibles amendes et l’interdiction de bénéficier des donations de contribuables, essentielles à la survie de beaucoup.En réalité, “nous ne savons pas ce qui va réellement se passer”, souligne le responsable de 444. “Car c’est là une autre arme clé du système Orban: nous menacer constamment de nouvelles lois qui ne seront peut-être jamais pleinement appliquées”. Ce média, qui collabore dans l’investigation numérique avec l’AFP via son partenaire Lakmusz, peut se targuer de plusieurs scoops. Il a notamment révélé le scandale de la grâce accordée dans une affaire de pédophilie, ayant abouti à la démission de la présidente Katalin Novak, fidèle de Viktor Orban.- “Sournoise” -Chez Telex, un des médias en ligne les plus lus de Hongrie, on reste aussi vigilant malgré le report annoncé.”Le pistolet chargé est sur la table”, résume Tamas Nemet, à la tête d’une centaine de journalistes. Mais son site “surmontera les obstacles” placés sur sa route par le pouvoir car, lance-t-il, “on ne peut bannir la vérité”.Des épreuves, il en a traversées: Telex a été créé en 2021 par des anciens du média Index, partis comme chez 444 pour protester contre des ingérences politiques présumées.”On a réussi à reconstruire un lieu de travail indépendant” financé par la publicité et les abonnements “et le pouvoir ne peut pas le supporter”, souffle le quadragénaire.Dernière du trio visé par le gouvernement, la chaîne Partizan, qui a su se faire une place remarquée sur YouTube depuis son émergence en 2018, salue la mobilisation de l’opinion publique contre cette législation “sournoise” synonyme de mort économique, selon son fondateur Marton Gulyas.A 39 ans, cet ancien comédien fait vivre son équipe de 70 personnes en partie grâce aux micro-dons de plus de 35.000 sympathisants lui reversant 1% de leurs impôts, un système dont le projet de loi le priverait… alors qu’il s’agit exclusivement de contributeurs hongrois, s’étonne-t-il.Quant aux fonds venus d’Europe qui lui apportent la moitié de ses recettes, il ne voit pas où est le mal. “La Hongrie fait partie de l’UE depuis 2004. Or désormais on traite cet argent comme s’il venait de réseaux criminels!”.

En Hongrie, la détresse de trois médias dans le viseur du pouvoir

“Une arme politique” pour museler la presse indépendante: le projet de loi visant à sanctionner les médias “financés depuis l’étranger” suscite l’émoi en Hongrie, dans un paysage transformé par 15 ans au pouvoir de Viktor Orban. Le vote prévu au Parlement cette semaine a certes été repoussé à l’automne mais selon trois cibles ouvertement visées par …

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Commission TikTok: face aux députés, les influenceurs pointent la responsabilité des plateformes

Cinq influenceurs aux contenus jugés problématiques par certains députés, auditionnés par la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs mardi, ont rejeté la responsabilité sur les parents et les plateformes, au cours d’échanges parfois tendus.Le créateur de contenus au discours masculiniste Alex Hitchens, les anciennes stars de téléréalité AD Laurent et le couple Julien et Manon Tanti, ainsi que l’influenceur Nasdas ont défilé pendant plus de trois heures devant les députés chargés de déterminer si le réseau social TikTok, propriété du groupe chinois Bytedance, représente un danger pour les plus jeunes.”Il faut interdire TikTok parce que cette plateforme est néfaste”, car “ce qui fonctionne le mieux, c’est le contenu qui choque”, a affirmé Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo, coach en séduction autoproclamé qui vend des formations en ligne, auditionné à distance.Interrogé sur des propos tenus dans ses vidéos, comme affirmer que les femmes “n’ont rien à faire dans la rue après 22H00”, ce vidéaste a accusé la commission de vouloir “isoler (s)on propos” avant de quitter brusquement l’audition.”Je n’ai jamais encouragé un public mineur à consommer du contenu inadapté”, s’est pour sa part défendu AD Laurent, reconnaissant partager dans ses vidéos en direct sur TikTok des liens vers les sites hébergeant son contenu pornographique.”Si des élèves de CE2 (…) accèdent à cette plateforme, c’est un problème de contrôle parental et de responsabilité de TikTok, pas de la mienne”, a-t-il insisté.Adrien Laurent, son vrai nom, comptait plus d’1,8 million d’abonnés avant de voir son compte banni mi-mai après un signalement de la ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes Aurore Bergé, l’accusant de véhiculer des contenus misogynes et virilistes.Connu pour ses distributions d’argent et de cadeaux dans son quartier de Perpignan, l’influenceur Nasdas, de son vrai nom Nasser Sari, a également mis en avant la responsabilité des parents dans la consommation de ses contenus.”Je regrette d’avoir fait en sorte que ces jeunes-là viennent et croient en moi au lieu de croire en leurs études”, a toutefois reconnu celui qui compte 3,7 millions d’abonnés sur TikTok et plus de 9 millions sur Snapchat.Revenant sur la récente annonce de son retrait des réseaux sociaux, il a affirmé avoir pris cette décision “il y a 3 mois”, regrettant une “course aux vues” et l’impact sur sa santé mentale.Les noms de ces figures des réseaux sont ressortis d’une consultation publique qui s’est achevée fin mai, réunissant plus de 30.000 réponses dont une grande part de jeunes, selon l’Assemblée nationale.Jeudi, ce sera au tour des représentants de TikTok de passer devant les députés, qui doivent rendre leur rapport en septembre.

Commission TikTok: face aux députés, les influenceurs pointent la responsabilité des plateformes

Cinq influenceurs aux contenus jugés problématiques par certains députés, auditionnés par la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs mardi, ont rejeté la responsabilité sur les parents et les plateformes, au cours d’échanges parfois tendus.Le créateur de contenus au discours masculiniste Alex Hitchens, les anciennes stars de téléréalité AD Laurent et …

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Journaliste tuée à Malte en 2017: deux complices condamnés à la perpétuité

Deux hommes ont été condamnés mardi à la réclusion à perpétuité à Malte pour avoir fourni l’explosif utilisé dans le meurtre en 2017 de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui avait secoué le pays et l’opinion internationale.Robert Agius, 41 ans, et Jamie Vella, 42 ans, ont été reconnus coupables la semaine dernière de complicité dans l’homicide …

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Journaliste tuée à Malte en 2017: deux complices condamnés à la perpétuité

Deux hommes ont été condamnés mardi à la réclusion à perpétuité à Malte pour avoir fourni l’explosif utilisé dans le meurtre en 2017 de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui avait secoué le pays et l’opinion internationale.Robert Agius, 41 ans, et Jamie Vella, 42 ans, ont été reconnus coupables la semaine dernière de complicité dans l’homicide de la journaliste d’investigation de 53 ans pour avoir fourni l’explosif de catégorie militaire qui avait fait détoner sa voiture près de son domicile.Les procureurs avaient requis, à l’issue d’un procès de six semaines, la réclusion à perpétuité, qui a été prononcée mardi.”Nous espérons que le verdict d’aujourd’hui représentera un pas en avant vers un monde plus sûr pour les journalistes en faisant voir aux tueurs potentiels qu’il y a de lourdes peines quand un journaliste est tué”, a réagi mardi sa famille dans un communiqué.Daphne Caruana Galizia, une des journalistes les plus renommées de Malte, avait été assassinée dans un attentat à la voiture piégée près de son domicile le 16 octobre 2017. Deux tueurs avaient été reconnus coupables du meurtre et condamnés à 40 ans de réclusion, tandis qu’un troisième avait reçu une peine réduite à 15 ans d’emprisonnement en échange de son témoignage. Le meurtre de la journaliste, qui décrivait dans ses articles le copinage et les scandales de l’élite politique et économique maltaise, avait suscité une indignation internationale. De grandes manifestations avaient eu lieu à Malte contre l’ex-Premier ministre Joseph Muscat, accusé de protéger ses amis et ses alliés lors de l’enquête, jusqu’à être poussé à la démission en décembre 2019. Une enquête publique parue en 2021 n’avait trouvé aucune preuve d’implication de l’Etat dans l’assassinat de Daphne Caruana Galizia, mais avait conclu que le gouvernement avait entretenu un “climat d’impunité” pour ceux qui voulaient la réduire au silence. Le procès de l’homme d’affaires Yorgen Fenech, ancien proche du gouvernement de Joseph Muscat, soupçonné d’avoir mandaté le meurtre, est toujours attendu.Il a été arrêté en novembre 2019 à bord de son yacht alors qu’il tentait de quitter Malte. Il a ensuite été libéré sous caution en janvier 2025, et aucune date n’a encore été fixée pour son procès.

“Un origami”: comment Woodkid a composé la musique du jeu vidéo “Death Stranding 2”

“On a des fantasmes communs”: le chanteur et réalisateur français Woodkid, reconnu pour ses collaborations avec Mylène Farmer ou Lana Del Rey, signe pour le maître japonais du jeu vidéo Hideo Kojima la musique de “Death Stranding 2″, attendu le 26 juin.Composer la musique qui habille l’un des titres les plus attendus de l’année, dont …

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“Un origami”: comment Woodkid a composé la musique du jeu vidéo “Death Stranding 2”

“On a des fantasmes communs”: le chanteur et réalisateur français Woodkid, reconnu pour ses collaborations avec Mylène Farmer ou Lana Del Rey, signe pour le maître japonais du jeu vidéo Hideo Kojima la musique de “Death Stranding 2″, attendu le 26 juin.Composer la musique qui habille l’un des titres les plus attendus de l’année, dont certains personnages sont incarnés par des acteurs comme l’Américain Norman Reedus et la Française Léa Seydoux, ressemble à un défi autant qu’à une consécration pour Yoann Lemoine, alias Woodkid.”Le principal challenge, c’est de faire de la musique procédurale, c’est-à-dire de la musique qui évolue avec le joueur, avec les actions du joueur. Et de quand même faire des chansons de pop, chantées”, confie à l’AFP l’artiste de 42 ans, découvert par le grand public avec l’éclatant “The Golden Age” (2013), premier de ses deux albums.”On doit déplier les chansons, presque comme un origami, et en faire une version de plusieurs heures parfois, qui ensuite va être condensée, reprogrammée par les programmeurs”, tout en conservant une cohérence, explique ce passionné de jeux vidéo.”C’est une approche complètement différente d’une bande-son de film ou même d’un album classique”, assure Woodkid, qui a composé plusieurs dizaines d’heures de musique.”Woodkid for Death Stranding 2″, disponible vendredi, résume ce travail dantesque en 16 titres, dont deux duos: l’un avec l’actrice américaine Elle Fanning – présente dans le jeu – et l’autre avec Bryce Dessner, guitariste du groupe de rock indé The National.Signature chère à l’artiste, les éléments choraux émanent du Suginami junior chorus, chÅ“ur japonais d’enfants.- “Impressionniste” -Baigné dans les jeux vidéo, “une échappatoire” pendant sa jeunesse, Woodkid explique avoir grandi avec les Å“uvres de Kojima, notamment le premier “Metal Gear Solid” sorti à la fin des années 1990. “Un choc visuel”, se remémore-t-il.Leur rencontre se matérialise en 2020 via une amie commune. Puis le créateur, qui a déjà utilisé sa musique pour le premier “Death Stranding”, lui confie la composition musicale du deuxième volet.Entre ces deux-là, ce fut comme une évidence.”On a connecté très vite avec Hideo, parce que je pense qu’on a des fantasmes communs. Il y a une noirceur en nous, un peu onirique, un peu fantasmagorique, parfois très mélancolique, qui nous unit”, relève Woodkid, qui s’est immergé plusieurs mois à Tokyo.”C’est très impressionniste dans le sens où on a des morceaux de percussions, de +beats+ (rythme, NDLR), des textures, des fois des petits essais de voix que je peux faire. Lui, il a des scènes, des personnages en tête qu’il me décrit et on construit tout ça un petit peu en ping-pong”, dépeint le compositeur.”Contrairement à un film, j’ai fait finalement assez peu de musique à l’image” mais plutôt “une musique thématique de fond”, ajoute ce “passionné d’apprentissage”, qui aime se “mettre en danger”, comme il se décrit.Grâce à cette approche, Woodkid a séduit des artistes internationaux: il a réalisé les clips des tubes “Back to december” de Taylor Swift, “Blue jeans” et “Born to die” de Lana Del Rey, ou encore “Teenage dream” de Katy Perry.Il est aussi le réalisateur du dernier album de Mylène Farmer, “L’Emprise” (2022), dont il co-signe sept titres. Pour la musique de “Death Stranding 2”, Woodkid a d’ailleurs travaillé avec le pianiste Yvan Cassar, figure indissociable de la carrière de l’interprète de “Désenchantée”.Les deux saisons de la série “Arcane” (Netflix), inspirée du jeu à succès “League of Legends”, contiennent également chacune un de ses titres. Woodkid, architecte du succès des autres ? “J’aime bien être dans l’ombre. Je ne suis pas une star. Je crois aux Å“uvres plus qu’aux artistes, donc je préfère me concentrer sur les objets que je fabrique”, glisse l’artiste, qui ferraille avec un incompressible manque de confiance en lui.A la question de savoir s’il apparaît lui-même dans le jeu, Woodkid laisse la question en suspens… mais ne peut réfréner un sourire.

Macron à VivaTech mercredi pour vanter “la souveraineté numérique européenne”

Emmanuel Macron se rendra mercredi à VivaTech, plus grand événement européen de la “tech”, pour vanter “la souveraineté technologique européenne” face aux Etats-Unis et à la Chine, et maintenir “la dynamique autour de l’intelligence artificielle”, a indiqué mardi l’Elysée.Le président français déambulera l’après-midi dans les allées de cet événement, où sont attendus de mercredi à …

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Macron à VivaTech mercredi pour vanter “la souveraineté numérique européenne”

Emmanuel Macron se rendra mercredi à VivaTech, plus grand événement européen de la “tech”, pour vanter “la souveraineté technologique européenne” face aux Etats-Unis et à la Chine, et maintenir “la dynamique autour de l’intelligence artificielle”, a indiqué mardi l’Elysée.Le président français déambulera l’après-midi dans les allées de cet événement, où sont attendus de mercredi à samedi près de 165.000 visiteurs, 14.000 start-up et plus de 3.000 investisseurs venus du monde entier.Il rejoindra sur scène la tête d’affiche du salon, Jensen Huang, fondateur du leader américain des puces électroniques pour l’intelligence artificielle (IA) Nvidia, et Arthur Mensch, patron de la pépite française Mistral AI, qui devraient faire des annonces de partenariat, notamment dans le domaine du cloud (informatique à distance). Dans un contexte géopolitique extrêmement tendu depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, il s’agit pour l’exécutif français de “bâtir une capacité de puissance de calcul installée en Europe avec des solutions européennes”. Le partenariat Mistral-Nvidia est ainsi “emblématique de ce que nous voulons porter: une +tech+ européenne qui est chez nous, qui est opérée chez nous avec nos talents, et qui vend à l’international ses services”, a ajouté l’Elysée.Nvidia est de très loin le plus gros producteur de puces dites GPU (Graphics Processing Unit), considérées comme indispensables au développement de l’IA générative.M. Macron rencontrera aussi des entreprises de la French Tech comme XXII, éditeur français de logiciels de vidéosurveillance algorithmique, ou encore Aqualone, start-up de Nouvelle-Calédonie qui développe des solutions d’irrigation autonomes et économes en eau. Parmi les autres têtes d’affiche de cette 9e édition de VivaTech figurent la Française Fidji Simo, nouvelle numéro 2 d’OpenAI, l’entreprise américaine à l’origine de ChatGPT, qui s’exprimera sur le futur de l’intelligence artificielle, et Joe Tsai (Alibaba), qui viendra parler des dernières innovations en termes d’IA du géant chinois du e-commerce.