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Quand l’IA nous trouve des amis, en chair et en os

Un soir d’été à San Francisco, JT Mason s’est rendu à un dîner avec cinq personnes inconnues, mais ayant de nombreux points communs avec lui, grâce à une sélection réalisée par l’intelligence artificielle (IA) de 222, une application de rencontre d’un genre nouveau.”Ce que j’aime avec 222, c’est que je découvre des êtres humains réels, pas l’image d’eux-mêmes que les gens essaient de projeter en ligne”, raconte cet ambulancier de 25 ans.Avant la soirée, sur l’appli au style épuré, il a rempli un long questionnaire de personnalité, sur ses valeurs, ses centres d’intérêt, sa tolérance pour les drogues, ses traits de caractère et de nombreux autres critères.Après le dîner, il s’est rendu dans un bar art déco privatisé où convergent d’autres groupes d’inconnus pilotés par 222, désireux de rencontrer de potentiels nouveaux amis, voire plus si affinités.Tous ont ensuite l’opportunité de dire à l’application quelles personnes ils aimeraient revoir lors d’autres événements, ou pas, et pourquoi.Selon 222, l’IA de l’application devient particulièrement douée pour assortir les utilisateurs les uns avec les autres, après leur participation à plusieurs événements, des restaurants aux séances de yoga et cours d’improvisation théâtrale.”Je ne sais pas si l’IA peut comprendre l’alchimie humaine, on en est encore assez loin”, estime JT Mason. “Mais je crois qu’elle permet de faire le premier pas, pour nous mettre face à face et essayer de créer une connexion”.- “15 cigarettes par jour” -Prédire la compatibilité entre des inconnus grâce à l’IA, c’est l’obsession de Keyan Kazemian et des autres cofondateurs de l’application présente dans plusieurs grandes villes, de Londres à Los Angeles.L’entrepreneur de 26 ans espère “aider les gens non seulement à se rencontrer et se revoir, mais aussi à former des relations longues, durables”.Après un passage par le groupe Match (Tinder, Hinge, etc), il est arrivé à la conclusion que les applis de rencontre classiques “ne cherchent qu’une seule chose: vous encourager à faire défiler des profils”.”La plupart des nouvelles technologies mettent les personnes en relation avec des entités virtuelles, et pas des humains”, ajoute-t-il en référence aux réseaux sociaux et aux assistants IA comme ChatGPT.Les difficultés croissantes des individus à nouer des liens inquiètent les professionnels de santé, au point qu’en 2017, le médecin-chef des Etats-Unis Vivek Murthy a évoqué une “épidémie de solitude”.”L’impact de la déconnexion sociale sur la mortalité est comparable au fait de fumer jusqu’à 15 cigarettes par jour, et même supérieur à celui lié à l’obésité et à la sédentarité”, a-t-il même déclaré en 2023 dans un autre rapport, évoquant des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de démence et de dépression.En cause, selon différentes études, la disparition progressive des institutions de socialisation traditionnelle, les plateformes numériques addictives, et, plus récemment, la pandémie et le télétravail.- Inconnus dans la rue -Quand elle a déménagé à New York en 2021 pour travailler dans une banque d’investissement, Isabella Epstein a “tout essayé”.Fraîchement diplômée d’une petite université, habituée à évoluer dans des “communautés très soudées”, elle va sur les applis, adhère à des clubs, en vain.”Je n’avais pas le courage de l’admettre, mais je me sentais très seule”, raconte-t-elle. “J’en suis venue à aborder des inconnus dans la rue, au café. Je complimentais une personne sur sa tenue, j’en interrogeais une autre sur ses lectures. Et les gens étaient ravis d’avoir des conversations”.A force, la jeune femme accumule des centaines de contacts. Elle se met à organiser des événements impromptus, conviant certains au bar et d’autres à des parties de pickleball (sport de raquette), se créant enfin un cercle d’amies.Passionnée par ce sujet, elle a démissionné et lancé “Kndrd”, une application pour les New-Yorkaises de moins de 40 ans, qui permet à ses quelques 10.000 utilisatrices de proposer des activités et de trouver des partenaires.D’autres services similaires à 222 et Kndrd ont vu le jour ces dernières années, comme Timeleft, Plots ou Realroots.”Le côté positif de ces applications, c’est que leur modèle économique ne repose pas sur le temps passé en ligne”, souligne Félix-Olivier Ngangue, investisseur chez Convivialité Ventures. “C’est dans leur intérêt que les gens se rencontrent dans la vraie vie”.

Filmés avec des élus du PS, Thomas Legrand et Patrick Cohen se défendent de tout “complot”

 Critiqués par de nombreux responsables politiques pour des propos litigieux tenus à des dirigeants du Parti socialiste sur des images filmées à leur insu, les journalistes Patrick Cohen et Thomas Legrand ont défendu samedi leur impartialité et annoncé porter plainte.Dans une vidéo diffusée vendredi par le média conservateur L’Incorrect et filmée en juillet dans un restaurant parisien, ces deux journalistes échangent avec Pierre Jouvet et Luc Broussy, respectivement secrétaire général et président du conseil national du PS.Au cours de cette discussion, où est aussi évoquée la stratégie de la gauche en vue de la présidentielle de 2027, M. Legrand, qui travaille pour France Inter et Libération, déclare notamment “Nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi”, ce qui a pu être interprété comme un parti pris à l’encontre de la ministre de la Culture.- Critiques -Dans un message publié sur X vendredi soir, Mme Dati, investie comme candidate des Républicains à la mairie de Paris, a demandé que des mesures soient prises envers les deux chroniqueurs, dénonçant des “propos graves et contraires à la déontologie”.”Complot”, “infiltration”, “mafia”: très rapidement, les critiques ont fusé, aussi bien du coté des Républicains, que du Rassemblement national et de La France insoumise”Vidéo consternante” dans laquelle “deux journalistes essentiels de l’officialité PS complotent pour valoriser un axe +de Ruffin à Canfin+ et Glucksmann”, a écrit le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, sur X, tandis que la cheffe de file des députés du RN, Marine Le Pen, a affirmé que “le service public ne peut pas être la succursale du Parti socialiste, pas plus qu’il ne pourrait l’être de n’importe quel autre parti politique”, et appelé à “réfléchir à sa privatisation”.”Je comprends que la diffusion de cette vidéo, enregistrée à l’insu des protagonistes et qui plus est tronquée, puisse susciter de la suspicion”, a réagi Thomas Legrand dans un texte transmis à l’AFP puis diffusé sur ses réseaux sociaux samedi.”Je tiens des propos maladroits. (…) Si la tournure, extraite d’un échange tronqué et privé, est malheureuse, j’assume de +m’occuper+ journalistiquement des mensonges de Madame Dati”, a-t-il ajouté, quelques heures après avoir été suspendu de l’antenne “à titre conservatoire”.”On a pris des bouts de phrase. Il n’y a pas 20 secondes de conversation suivie. C’est complètement manipulatoire”, a de son côté réagi auprès de l’AFP Patrick Cohen, présent sur France Inter et dans l’émission “C à Vous” (France 5).”L’ironie de l’histoire, c’est que ce rendez-vous avait été sollicité par la direction du PS, parce qu’ils ne sont pas contents du traitement du PS et d’Olivier Faure (premier secrétaire du parti, NDLR) sur l’antenne de France Inter. Donc c’était tout sauf une réunion conspirative”, a-t-il ajouté. Les deux journalistes ont annoncé leur intention de porter plainte.Le PS s’est lui défendu en assurant qu'”aucune collusion n’existe entre le Parti socialiste et les journalistes quels qu’ils soient”, et accusé L’Incorrect, média conservateur créé par des proches de Marion Maréchal en 2017, d’avoir pour “seul but d’entretenir une lecture complotiste du monde”.- L’Arcom saisie -Dans un message sur X, la Société des journalistes (SdJ) de Radio France a dénoncé “l’instrumentalisation” de “propos volés et complètement sortis de leur contexte”, et affirmé être “solidaire” de Patrick Cohen et Thomas Legrand.En juin, Rachida Dati avait eu un échange tendu avec Patrick Cohen sur le plateau de “C à Vous”, alors qu’elle était interviewée sur ses démêlés avec la justice. L’élue LR avait répliqué en menaçant le journaliste de déclencher une enquête contre lui pour des accusations de harcèlement rapportées dans la presse.Interrogée par l’AFP, l’Arcom, régulateur de l’audiovisuel, a quant à elle annoncé samedi avoir été saisie. “Elle recueillera dans les meilleurs délais tous les éléments d’explication auprès de Radio France et France Télévisions afin de s’assurer du respect, par le service public de l’audiovisuel, de ses obligations d’impartialité et d’indépendance, dont l’Arcom se voit confier par la loi la mission d’être la garante”, a-t-elle indiqué. 

Filmés avec des élus du PS, Thomas Legrand et Patrick Cohen se défendent de tout “complot”

 Critiqués par de nombreux responsables politiques pour des propos litigieux tenus à des dirigeants du Parti socialiste sur des images filmées à leur insu, les journalistes Patrick Cohen et Thomas Legrand ont défendu samedi leur impartialité et annoncé porter plainte.Dans une vidéo diffusée vendredi par le média conservateur L’Incorrect et filmée en juillet dans un …

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De LFI à l’extrême droite, concert de critiques contre deux journalistes accusés de “complot” avec le PS

“Complot”, “infiltration”, “mafia”: de Jean-Luc Mélenchon à Jordan Bardella, de nombreuses personnalités politiques ont vivement réagi après la diffusion d’extraits vidéo montrant un journaliste tenir des propos visant Rachida Dati devant deux responsables du PS, ce dernier se défendant de toute “collusion” avec les médias.Au cours de cet échange, capté à l’insu des participants et révélé vendredi par le mensuel L’Incorrect, proche de l’extrême droite, le journaliste Thomas Legrand déclare notamment: “Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi”, laissant entendre qu’ils oeuvreraient contre la candidate LR à la mairie de Paris. Etaient présents lors de cette conversation, outre MM. Legrand et Cohen, deux responsables du PS: le secrétaire général du parti, Pierre Jouvet, et le président de son conseil national, Luc Broussy.La radio publique France Inter a aussitôt “décidé de suspendre (Thomas Legrand, NDLR) de l’antenne à titre conservatoire”, la maire du VIIe arrondissement dénonçant “des propos graves et contraires à la déontologie”.Les réactions politiques n’ont pas tardé à affluer. “Voir des journalistes du service public assumer de vouloir +faire ce qu’il faut+ contre la ministre de la Culture pour faire gagner la gauche à Paris dans une collusion totale avec le PS est révoltant”, s’est indigné LR sur X.Les principaux opposants au gouvernement ont également accablé les protagonistes, dont la discussion portait plus largement sur la situation politique, en particulier de la gauche. “Vidéo consternante” dans laquelle “deux journalistes essentiels de l’officialité PS complotent pour valoriser un axe +de Ruffin à Canfin+ et Glucksmann”, a écrit M. Mélenchon. Ils “peuvent enfin assumer officiellement leur rôle de porte-parole du Parti socialiste”, a ironisé le député insoumis Thomas Portes.Même critique du côté du Rassemblement national. “Une preuve supplémentaire” de “la partialité du +service public+ en faveur de la gauche”, a fustigé le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, demandant, tout comme le leader de Reconquête!, Eric Zemmour “la privatisation de l’audiovisuel public”.Proche des fondateurs de L’Incorrect, Marion Maréchal a critiqué “l’existence d’une véritable mafia politique entre FranceTV et le Parti socialiste”.- “lecture complotiste” -Le PS a tenté d’éteindre la polémique. “Aucune collusion n’existe entre le Parti socialiste et les journalistes quels qu’ils soient”, s’est-il défendu dans un communiqué.”Tous les responsables politiques sans exception rencontrent la presse pour faire valoir leur point de vue”, a-t-il souligné, accusant en retour le média L’Incorrect d’avoir pour “seul but d’entretenir une lecture complotiste du monde”.Le candidat socialiste à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, a pour sa part critiqué la diffusion de “vidéos volées, dont raffolent la constellation d’extrême droite pour colporter leurs idées nauséabondes”. “Le vrai scandale c’est celui de Mme Dati” qui peut “rester ministre de la Culture tout en étant renvoyée en correctionnelle pour corruption”, a-t-il affirmé à l’AFP.

Enfants et écrans: promises depuis plus d’un an, les mesures restent limitées

Où en est la lutte contre l’exposition aux écrans des enfants et adolescents? L’Etat promet d’agir depuis plus d’un an, mais les mesures restent timides. Ce que regrettent des experts, même si certains relativisent l’urgence sanitaire.”On est très surpris de voir la lenteur des actes: on voit beaucoup de paroles, beaucoup de commissions, mais très, très peu d’actes concrets”, déplore auprès de l’AFP Yves Marry, délégué général de l’association Lève les yeux, engagée contre la surexposition aux écrans.L’abus d’écrans affecte la santé, tout particulièrement celle des enfants: sommeil perturbé, sédentarité accrue avec un risque de surpoids… Moins certains, les effets sur leur développement préoccupent aussi.Le sujet écrans et enfants est sur la table depuis le printemps 2024, quand une commission d’experts missionnée par le président Emmanuel Macron avait remis ses recommandations.Le document préconise, entre autres, d’empêcher l’accès des plus petits aux écrans et d’interdire les smartphones jusqu’à l’adolescence avec un accès progressif à Internet. Surtout, il s’attaque aux entreprises du numérique, appelant de ses voeux une régulation plus stricte.Le chef de l’Etat avait promis dans la foulée que tous les ministères concernés – Santé, Education, Numérique, Enfance – travailleraient rapidement à concrétiser les recommandations. Mais, depuis plusieurs mois, “on n’a plus été sollicités par les ministères”, affirme à l’AFP la neurologue Servane Mouton qui a dirigé les travaux de la commission aux côtés de l’addictologue Amine Benyamina.- “Portable en pause” -Un rendez-vous entre les experts, l’Elysée, Matignon et les ministères concernés a eu lieu en avril, information révélée cette semaine par la cellule investigation de Radio France. Depuis, déplore Mme Mouton, c’est le silence malgré une réunion alors “très constructive” et des “échanges riches”.Interrogées par l’AFP, des sources au sein de l’exécutif assurent de leur engagement.M. Macron, particulièrement investi, “met de la pression sur le sujet”, insiste-t-on à l’Elysée, renvoyant toutefois le gouvernement au “travail qui est le sien”. Au sein du gouvernement, menacé de tomber lundi lors du vote de confiance demandé par le Premier ministre François Bayrou, les différents cabinets écartent tout immobilisme.”Il n’y a jamais eu de coup d’arrêt”, assure le Haut commissariat à l’Enfance, tandis que le cabinet de la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, estime qu’elle “s’est engagée fortement”.De fait, quelques mesures ont été prises. Le ministère de la Santé a formellement interdit cet été les écrans dans les endroits qui accueillent des enfants de moins de trois ans. Côté éducation, le dispositif “portable en pause” doit se généraliser avec l’obligation pour les collégiens de laisser leur portable à l’entrée de l’établissement (casiers, pochettes…). Des outils numériques comme Pronote, permettant aux enseignants de communiquer avec les élèves et les parents, devront être désormais déconnectés le soir et le week-end.- Guide aux familles -Un guide, basé en partie sur les recommandations de la commission d’experts, doit aussi être prochainement distribué aux familles pour promouvoir un “usage équilibré et responsable des écrans”, selon le ministère de l’Education nationale.Quant à la ministre chargée du Numérique, Clara Chappaz, elle s’est activée pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, mesure portée par M. Macron que pourrait rendre possible une récente décision de l’UE.”Nous travaillons dorénavant pour inscrire l’interdiction aux moins de 15 ans au niveau national d’ici la fin de l’année”, ont indiqué samedi ses services. Certains membres de la commission écrans s’abstiennent de juger trop durement le gouvernement, ne lui niant pas une volonté d’agir mais expliquant le blocage par une incapacité à se coordonner en pleine instabilité politique.”Ça avance moins vite que ce que l’on imaginait, mais ça avance”, dit à l’AFP l’épidémiologiste Jonathan Bernard, selon qui un grand plan de communication était prévu par le gouvernement mais n’a pas encore vu le jour.Le chercheur, qui a dirigé pour l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) une étude évaluant les effets des écrans sur le développement, relativise la notion d’urgence, soulignant que le risque individuel est limité pour chaque enfant.Mais “les petits ruisseaux font les grandes rivières, c’est pourquoi l’enjeu est réel sur le plan collectif”, conclut-il, appelant à agir “mais sans précipitation ni dramatisation”.jdy-mep-vl-mng/alu/tes

Enfants et écrans: promises depuis plus d’un an, les mesures restent limitées

Où en est la lutte contre l’exposition aux écrans des enfants et adolescents? L’Etat promet d’agir depuis plus d’un an, mais les mesures restent timides. Ce que regrettent des experts, même si certains relativisent l’urgence sanitaire.”On est très surpris de voir la lenteur des actes: on voit beaucoup de paroles, beaucoup de commissions, mais très, …

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IA et droits d’auteurs: Anthropic va verser 1,5 milliard de dollars

La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi.Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans le débat sur l’utilisation de données pour développer et entraîner les grands modèles d’IA générative.”Cet accord historique est le plus élevé pour une affaire de droits d’auteur”, a commenté auprès de l’AFP l’avocat des détenteurs de droits, Justin Nelson, du cabinet Susman Godfrey. “C’est le premier de son genre dans l’ère de l’IA”.Fin juin, le juge californien saisi du dossier avait néanmoins estimé que le fait d’alimenter un logiciel d’IA générative avec des oeuvres en théorie protégées par le droit d’auteur ne constituait pas une infraction.Il avait seulement retenu contre Anthropic le téléchargement et le stockage de livres issus de librairies pirates en ligne, reconnaissant la société californienne coupable de ne pas avoir acheté ces ouvrages.”Nous sommes en désaccord avec l’opinion du tribunal selon laquelle on peut séparer le téléchargement d’une oeuvre de son utilisation”, a indiqué une porte-parole d’Anthropic.Mais “nous pensons que cet accord va nous permettre de nous concentrer sur notre mission essentielle, plutôt que sur un long contentieux”, a-t-elle ajouté.Le montant sur lequel se sont accordées les parties sera au minimum de 1,5 milliard de dollars et pourrait augmenter si la liste définitive des livres concernés, qui n’est pas encore arrêtée, dépassait 500.000, auquel cas Anthropic verserait 3.000 dollars de plus par ouvrage.L’accord doit encore être homologué par le juge William Alsup. Une audience est prévue lundi au tribunal fédéral de San Francisco.- “Un début” -Cette transaction permet à Anthropic d’éviter un procès, qui devait démarrer début décembre pour déterminer le montant des dommages et intérêts.La start-up risquait d’être condamnée à débourser une somme bien supérieure à celle décidée avec les détenteurs de droit, au point de mettre en péril son existence même.L’accord “va assurer à chaque (plaignant) une indemnisation significative”, a fait valoir Justin Nelson, “et il établit un précédent en matière de paiement des détenteurs de droits.”De nombreux autres dossiers sont encore en cours devant des tribunaux américains, initiés par des écrivains, musiciens ou éditeurs de presse pour utilisation non autorisée de leur production.Vendredi, deux écrivains ont lancé un recours, qu’ils souhaitent collectif, contre Apple, accusant le géant de la Silicon Valley d’avoir utilisé des oeuvres contenues dans des bibliothèques pirates pour entraîner les modèles d’IA intégrés dans ses appareils.La plupart des grands acteurs de l’IA générative s’appuient sur la notion juridique d’utilisation équitable (“fair use” en anglais), susceptible de limiter l’application du droit de propriété intellectuelle.Dans sa décision de juin, le juge Alsup avait estimé qu’en entraînant ses modèles d’IA, baptisés Claude, avec des milliers de livres, Anthropic s’inscrivait dans le cadre de l’utilisation équitable.”Le principe juridique selon lequel le développement de l’IA sur des oeuvres protégées relève d’une utilisation équitable demeure intact”, a souligné la porte-parole d’Anthropic.Cet accord “ne fait que régler un différend sur la façon dont certains documents ont été obtenus”, a-t-elle poursuivi.En juin, dans une autre affaire de ce type, concernant Meta, devant la même juridiction, un autre magistrat fédéral avait donné raison au géant des réseaux sociaux, mais tout en expliquant que les plaignants auraient pu soulever des arguments recevables.Les créateurs de contenu, qu’il s’agisse de musique, de livres ou d’articles, s’inquiètent de voir la valeur marchande de leur travail s’effondrer avec l’émergence des interfaces d’IA générative.”Nous espérons qu’il s’agisse du premier exemple d’une longue série de sociétés d’IA à qui on demande des comptes pour le vol de contenu créatif”, a réagi l’organisation Human Artistry Campaign, qui milite pour un développement responsable de l’IA.”Ce n’est qu’un début”, a écrit l’association sur X, “mais il est marquant et historique.”

IA et droits d’auteurs: Anthropic va verser 1,5 milliard de dollars

La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi.Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans …

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L’UE sanctionne Google d’une amende de près de 3 milliards d’euros malgré les menaces de Trump

Faisant fi des ultimatums de Donald Trump, la Commission européenne a finalement infligé vendredi une amende de 2,95 milliards d’euros à Google, suscitant la réaction furieuse immédiate du président américain qui a promis des représailles. L’exécutif européen a sanctionné le géant américain de la tech pour avoir abusé de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne (ou Adtech), sans pour autant exiger une scission des activités du groupe dans ce domaine.Cette scission avait en revanche été réclamée en mai par le gouvernement américain lui-même devant une cour fédérale en Virginie, qui a reconnu que Google maintenait illégalement un monopole sur la publicité numérique. La sanction de la justice américaine est encore en cours d’examen, avec des audience prévues fin septembre.La sanction européenne, que Google a aussitôt annoncé vouloir contester, avait été retardée en début de semaine, sur fond de tensions entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis, comme l’avait confirmé mercredi à l’AFP une source au sein de la Commission.”L’Europe a +attaqué+ aujourd’hui une autre grande entreprise américaine, Google”, a protesté dès vendredi Donald Trump, sur son réseau Truth Social, en menaçant de riposter avec des sanctions commerciales.Le président américain assure dans le même message que si l’UE ne revient pas sur les amendes “injustes” infligées à Google, ainsi qu’à Apple, il serait “contraint” de déclencher un mécanisme de droits de douane punitifs, la “Section 301”.Le 26 août déjà, Donald Trump avait vigoureusement menacé les pays ou organisations régulant le secteur de la tech de leur imposer des droits de douane et des restrictions à l’exportation.S’il n’avait pas cité l’UE, celle-ci dispose de fait de l’arsenal juridique de régulation le plus puissant au monde, alimentant les débats en Europe sur le risque de représailles en cas de sanctions contre des sociétés américaines.L’UE avait rétorqué avoir “le droit souverain” de réglementer la tech.- “Amende injustifiée” -Dans une déclaration à l’AFP, Google a pourfendu la sanction de la Commission.”La décision de la Commission européenne à propos de nos services Adtech est mauvaise et nous en ferons appel. Elle nous impose une amende injustifiée, et des changements qui vont nuire à des milliers d’entreprises européennes en leur compliquant la tâche pour gagner de l’argent”, a déclaré Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de Google chargée des affaires réglementaires.C’est la troisième sanction majeure prononcée cette semaine contre Google, filiale d’Alphabet.Le groupe a été condamné mercredi aux Etats-Unis à verser 425,7 millions de dollars de dommages à près de 100 millions d’utilisateurs pour atteinte à leur vie privée, selon la décision d’une cour fédérale de San Francisco.Et le même jour, il a écopé d’une amende, record en France, de 325 millions d’euros infligée par l’autorité française de contrôle du respect de la vie privée (Cnil) pour des manquements en matière de publicités et de cookies.- Une scission pas écartée -En revanche, le groupe a remporté une victoire judiciaire majeure mardi aux Etats-Unis. Un juge de Washington lui a imposé des exigences strictes sur le partage des données afin de rétablir l’équité dans la concurrence sur la recherche en ligne, mais sans l’obliger à céder son navigateur phare Chrome, comme l’exigeait le gouvernement américain.Dans le dossier Adtech, ouvert en 2021, la Commission européenne a renoncé elle aussi à imposer une scission d’activités. Mais elle n’exclut pas d’y recourir si les engagements du groupe pour remédier aux atteintes à la concurrence ne lui convenaient pas. Dans sa décision annoncée vendredi, elle a donné 60 jours à l’entreprise pour lui répondre.”Si elle ne le fait pas, nous n’hésiterons pas à imposer des mesures correctives fortes”, a lancé la commissaire à la Concurrence, Teresa Ribera.Dans un communiqué, le conseil des éditeurs européens (EPC), représentant les intérêts de plusieurs éditeurs de presse dont The Guardian, Alex Springer ou Rossel, à l’origine de l’enquête de l’UE, a estimé que seule une cession pourrait mettre fin aux entraves à la concurrence de Google.Ce n’est pas la première fois que la Commission, gendarme de la concurrence de l’UE, prononce une sanction contre le groupe de Mountain View, dans la Silicon Valley.Elle lui avait infligé une amende de 4,1 milliards d’euros en 2018 pour abus de position dominante du système d’exploitation Android, et une autre de 2,4 milliards d’euros en 2017 pour pratiques anticoncurrentielles sur les comparateurs de prix.