AFP Tech

Une requête à Gemini consomme moins d’énergie que regarder 9 secondes de télé, affirme Google

Une requête à Gemini, l’intelligence artificielle (IA) de Google, consomme moins d’énergie que de regarder neuf secondes de télévision, affirme jeudi le géant américain de la tech qui cite une étude menée par ses chercheurs alors que la voracité énergétique de l’IA reste un problème majeur du secteur. En moyenne, une requête (appelée “prompt”) textuelle dans …

Une requête à Gemini consomme moins d’énergie que regarder 9 secondes de télé, affirme Google Read More »

Une requête à Gemini consomme moins d’énergie que regarder 9 secondes de télé, affirme Google

Une requête à Gemini, l’intelligence artificielle (IA) de Google, consomme moins d’énergie que de regarder neuf secondes de télévision, affirme jeudi le géant américain de la tech qui cite une étude menée par ses chercheurs alors que la voracité énergétique de l’IA reste un problème majeur du secteur. En moyenne, une requête (appelée “prompt”) textuelle dans les applications Gemini consomme 0,24 wattheure (Wh) d’énergie, soit moins que le visionnage de neuf secondes de télévision moderne qui correspond à environ 100 Wh, estiment les chercheurs de Google.Une requête émet par ailleurs 0,03 gramme d’équivalent dioxyde de carbone et consomme 0,26 millilitre d’eau, l’équivalent d’environ cinq gouttes, ajoutent-ils. Cette étude porte sur des données de mai 2025 collectées à travers les différentes applications où Gemini est présent. Google ne détaille pas ce qu’il entend par “prompt”, s’il s’agit d’un mot ou d’une suite de mots, et refuse de communiquer le nombre de requêtes formulées sur Gemini chaque jour, ce qui permettrait d’avoir une idée de la consommation d’énergie globale du modèle.Google voit d’ailleurs ses émissions de gaz à effet de serre augmenter. Elles ont atteint 15,2 millions de tonnes de CO2 en 2024, soit plus de 50% de plus qu’en 2019, son année de référence, d’après son dernier rapport environnemental annuel, et ce, en grande partie à cause de ses centres de données, indispensables au développement de l’IA. Pour son étude, le groupe a comptabilisé les phases de calcul actif des modèles d’IA pour générer des réponses aux requêtes des utilisateurs, l’énergie réelle consommée par les puces et celle des processeurs et des centres de données dans leur ensemble.Google explique ainsi avoir pris en compte l’énergie des machines inactives, qui doivent être alimentées en permanence pour être prêtes à gérer à tout moment des pics de trafic, les systèmes de refroidissement des serveurs très énergivores et d’autres charges indirectes de ses centres de données. Ces chiffres n’intègrent cependant pas tout l’entraînement des modèles d’IA, et sont à prendre avec précaution, l’étude n’ayant pas été vérifiée par un tiers indépendant, comme le rappelle Google lui-même dans une note accompagnant l’étude.Calculer l’empreinte environnementale d’un modèle d’IA est une tâche extrêmement complexe car il n’existe aucune norme mondiale de mesure. Les géants de la tech entretiennent pour la plupart une opacité sur le fonctionnement de ces programmes et leurs conditions de fabrication, ce qui complique la tâche des chercheurs indépendants et des institutions internationales qui manquent de données. Le patron d’OpenAI, Sam Altman, a par exemple révélé en juin que chaque requête envoyée à ChatGPT consommait en moyenne 0,34 Wh d’électricité, soit l’énergie nécessaire pour faire fonctionner un four pendant une seconde, et 0,3 ml d’eau. Le dirigeant n’a cependant fourni aucune explication sur la manière dont OpenAI était parvenu à ces chiffres, ce qui rend toute comparaison impossible.La question de la consommation énergétique de l’IA est pourtant cruciale.Les centres de données, socle de cette technologie, devraient peser environ 3% des besoins mondiaux en électricité d’ici 2030, soit le double de la proportion actuelle, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). 

En Russie, la chasse aux “extrémistes” cible les simples recherches en ligne

Comme beaucoup de jeunes de son âge, Artiom, Russe de 18 ans, dit “passer la moitié de sa vie” à flâner sur internet, d’un site web à l’autre. Un passe-temps qui pourrait être remis en cause par une nouvelle loi punissant la recherche de contenus jugés “extrémistes”.Les autorités russes restreignent de façon drastique la liberté …

En Russie, la chasse aux “extrémistes” cible les simples recherches en ligne Read More »

En Russie, la chasse aux “extrémistes” cible les simples recherches en ligne

Comme beaucoup de jeunes de son âge, Artiom, Russe de 18 ans, dit “passer la moitié de sa vie” à flâner sur internet, d’un site web à l’autre. Un passe-temps qui pourrait être remis en cause par une nouvelle loi punissant la recherche de contenus jugés “extrémistes”.Les autorités russes restreignent de façon drastique la liberté d’expression depuis le lancement de leur offensive en Ukraine en 2022.Mais la législation, qui entrera en vigueur dès septembre, pousse la surveillance numérique encore plus loin en punissant la simple recherche en ligne des contenus “extrémistes”.Ce qualificatif a une définition très large, et peut désigner des groupes terroristes aussi bien que des opposants politiques.Chercher à savoir qui est le défunt opposant Alexeï Navalny ou ce qu’est le “mouvement international LGBT”, tous deux classés “extrémistes”, pourraient désormais valoir des amendes jusqu’à 5.000 roubles (environ 55 euros).Or le jeune Artiom, croisé par l’AFP dans un parc moscovite, affirme s’intéresser à “tout” type de sujets: “l’avenir de notre pays, la politique de nos leaders, celle des gouvernements étrangers”.Il considère qu’avec la nouvelle loi, sa vie va “basculer”, car il devra faire attention au moindre clic.Artiom se tiendra par exemple à l’écart des “sites de pays dits +inamicaux+”, un terme souvent utilisé pour désigner les Occidentaux. Et ces sites “sont ceux qui m’intéressent le plus”, lâche-t-il avec dépit.Un autre Moscovite, Sergueï, avoue avoir “peur”. Comme la plupart des personnes interrogées par l’AFP, il a préféré ne pas donner son nom de famille.”Encore hier j’ai fait des recherches librement et demain je peux en être désigné coupable”, s’inquiète ce créateur de bijoux de 33 ans, bandana et piercing.- “Censure” -La nouvelle législation a suscité l’inquiétude jusque chez les partisans du Kremlin, provoquant une rare opposition d’une soixantaine d’élus.”Même les jeunes pro-gouvernementaux s’opposent à cette censure”, affirme un professeur d’histoire d’une université moscovite, sous le couvert de l’anonymat.Un expert en sécurité informatique, préférant lui aussi rester anonyme, rappelle que “la loi déroge au principe garanti par la Constitution selon lequel lire ne peut pas être punissable”.”La recherche en ligne devient maintenant dangereuse, le pouvoir cherchant à faire peur à tous”, estime-t-il, jugeant que la Russie se rapproche ainsi d’un modèle de surveillance et de contrôle appliqué par les autorités chinoises.La respectée militante des droits de l’Homme Svetlana Gannouchkina considère, elle, que le but du Kremlin est de “semer la peur et d’étouffer toute volonté de résister”.”Craignant l’irritation générale face à cette guerre insensée contre l’Ukraine, le pouvoir prend des mesures hystériques”, résume auprès de l’AFP cette Russe de 83 ans, classée “agent de l’étranger” par les autorités de son pays.Une autre nouvelle loi interdit de faire la promotion des VPN, systèmes très utilisés en Russie pour contourner la censure. La plateforme de vidéos YouTube n’est déjà accessible en Russie que via VPN, ainsi que les réseaux sociaux du groupe Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, proclamé “extrémiste”.- “Difficilement réalisable” -Une législation distincte permettra aussi dès septembre de reconnaître “extrémiste” une communauté entière si l’un de ses membres a été classé comme tel.Plusieurs communautés en ligne, notamment ceux de correspondants écrivant aux prisonniers politiques, ont déjà dû fermer ou se réorganiser face à la nouvelle législation.Pour Natalia, 50 ans, administratrice d’une école, “cette loi n’est qu’une bêtise”.Elle juge que tout un groupe “ne peut pas être responsable” pour les activités d’un seul de ses membres.”Et je dois donc vérifier chaque fois en ouvrant la page de mon groupe sur le jardinage si l’une des mémères n’a pas été proclamée +extrémiste+ par hasard?”, se moque Natalia.L’expert en sécurité numérique rappelle toutefois que la censure sur internet “à l’échelle nationale est difficilement réalisable”.La loi ciblera avant tout les personnes qui étaient déjà dans le viseur des autorités pour leurs positions politiques, selon lui.”On sait bien que la sévérité des lois russes est souvent atténuée par la possibilité de leur non-exécution”, résume l’expert avec un sourire ironique.

Hong Kong: Jimmy Lai “commentait” juste l’actualité, plaide son avocat

Le militant prodémocratie Jimmy Lai ne faisait que “commenter les affaires du monde”, a fait valoir sa défense jeudi à Hong Kong lors des plaidoiries finales de son procès au titre de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin.L’homme d’affaires âgé de 77 ans est accusé de collusion avec des forces étrangères et …

Hong Kong: Jimmy Lai “commentait” juste l’actualité, plaide son avocat Read More »

Hong Kong: Jimmy Lai “commentait” juste l’actualité, plaide son avocat

Le militant prodémocratie Jimmy Lai ne faisait que “commenter les affaires du monde”, a fait valoir sa défense jeudi à Hong Kong lors des plaidoiries finales de son procès au titre de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin.L’homme d’affaires âgé de 77 ans est accusé de collusion avec des forces étrangères et encourt l’emprisonnement à perpétuité. Les autorités affirment que le fondateur du journal Apple Daily, de nationalité britannique, a fait pression sur des gouvernements occidentaux pour qu’ils imposent des sanctions à la Chine et à sa région administrative spéciale de Hong Kong. Jimmy Lai est également accusé d’avoir produit des articles et contenus séditieux, notamment dans son journal.Ce quotidien, l’Apple Daily, a dû fermer en raison de son soutien aux grandes manifestations prodémocratie de 2019 à Hong Kong, parfois violentes, après lesquelles Pékin a mis en place une loi de sécurité nationale dans ce haut-lieu de la finance mondiale – celle qui vaut à l’homme d’affaires d’être poursuivi.Jeudi, à l’audience, l’avocat de Jimmy Lai, Robert Pang, s’est penché sur plusieurs des contenus incriminés, notamment des publications de Jimmy Lai issues des réseaux sociaux. Mais aussi un direct vidéo diffusé en 2020 dans lequel M. Lai mettait en garde contre l’attitude selon lui agressive de la Chine dans ses relations internationales, appelée à rester ainsi si, affirmait-il, le président Xi Jinping ne quittait pas le pouvoir.”Il commente les affaires du monde” comme on le fait “autour d’une table de dim sums” (des bouchées typiques de la cuisine cantonaise), a lancé Me Pang à la cour. “Ce n’est pas une demande de retrait de Xi Jinping.”La cour a exprimé son désaccord à plusieurs reprises au cours des explications données jeudi par Me Pang, et la juge Esther Toh l’a appelé à interpréter les propos de Jimmy Lai “sans les maquiller”.Mercredi, Me Pang avait déclaré à la cour qu’il n’était “pas mauvais de soutenir la liberté d’expression” et les droits humains.Plus tôt mercredi, le procureur Anthony Chau avait, lui, jugé que le témoignage de Jimmy Lai, intervenu plus de 50 jours à l’audience, n’était “pas crédible”.Décrire l’Apple Daily comme un “défenseur neutre des valeurs fondamentales de Hong Kong” est “tout à fait trompeur”, a déclaré Anthony Chau à la cour. Jimmy Lai “et l’Apple Daily ont été anticommunistes pendant de nombreuses années”, et le magnat des médias “a glorifié la violence (…) et le martyre contre le régime du (Parti communiste chinois)”, a-t-il affirmé.Il a ajouté que de nombreuses correspondances prouvaient ses liens avec des personnalités politiques occidentales, et un projet pour faire mettre en place des sanctions contre la Chine et Hong Kong lors des manifestations massives de 2019.Des pays occidentaux et organisations de défense des droits humains appellent à la libération de l’homme d’affaires, en détention depuis décembre 2020. La semaine dernière, les plaidoiries finales avaient été reportées en raison de “palpitations” cardiaques chez Jimmy Lai.

Ethiopie: RSF demande la “libération immédiate” de deux journalistes arrêtés

Reporters sans frontières (RSF) a exhorté jeudi les autorités de l’Ethiopie à “libérer immédiatement” deux journalistes éthiopiens arrêtés, dénonçant la multiplication des atteintes à la liberté de la presse dans ce pays d’Afrique de l’Est.Abdulsemed Mohamed, qui anime une émission économique sur la station privée Ahadu Radio, a disparu le 11 août dans la capitale …

Ethiopie: RSF demande la “libération immédiate” de deux journalistes arrêtés Read More »

Ethiopie: RSF demande la “libération immédiate” de deux journalistes arrêtés

Reporters sans frontières (RSF) a exhorté jeudi les autorités de l’Ethiopie à “libérer immédiatement” deux journalistes éthiopiens arrêtés, dénonçant la multiplication des atteintes à la liberté de la presse dans ce pays d’Afrique de l’Est.Abdulsemed Mohamed, qui anime une émission économique sur la station privée Ahadu Radio, a disparu le 11 août dans la capitale éthiopienne Addis Abeba et a été vu trois jours plus tard “accompagnant des policiers qui ont perquisitionné son bureau”, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), citant un proche.Yonas Amare, rédacteur en chef du quotidien The Reporter, a été “enlevé par un groupe d’individus masqués” le 13 août à son domicile à Addis Abeba, a affirmé son média.Un journaliste du Reporter ayant requis l’anonymat a indiqué que le gouvernement n’avait pas répondu aux requêtes du journal sur le sort de M. Yonas. Mais “des témoins oculaires nous ont dit qu’il avait été emmené par les forces de sécurité gouvernementales”, a-t-il ajouté.”RSF s’inquiète de la manière dont les journalistes Yonas Amare et Abdulsemed Mohamed ont été arrêtés et du silence des autorités qui n’ont pas encore officiellement fourni d’informations sur les motifs et les conditions de leur arrestation”, a déclaré à l’AFP Sadibou Marong, directeur du bureau de RSF pour l’Afrique subsaharienne.M. Marong a exhorté “les autorités éthiopiennes à fournir des informations sur le sort de ces deux journalistes et à les libérer immédiatement”, dénonçant la multiplication des atteintes à la liberté de la presse en Ethiopie.Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la police d’Addis Abeba n’a pour l’heure pas réagi.Plusieurs journalistes ont été arrêtés ces derniers mois dans le pays, où des élections législatives sont prévues en juin 2026. Ils ont depuis été libérés.Mi-avril, trois employés de l’Addis Standard, un quotidien en ligne en anglais, ont été détenus pendant plusieurs heures après une descente policière et des saisies dans leurs locaux. A son arrivée au pouvoir en 2018, le Premier ministre Abiy Ahmed avait été salué pour son ouverture, après presque trois décennies dominées par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui a dirigé le pays d’une main de fer 1991 à 2018.Mais l’Ethiopie pointe cette année au 145e rang sur 180 pays dans le classement de la liberté de la presse établi par RSF, en baisse de quatre places sur un an. L’ONG critique une “reprise en main du champ de l’information” par le pouvoir.Selon RSF, six journalistes sont emprisonnés à ce jour en Ethiopie.

Au Kenya, guerre en ligne contre les opposants au gouvernement

Lorsque la développeuse Rose Njeri a créé une application permettant de critiquer le contesté projet de loi de finances 2025, elle cherchait avant tout à renforcer la démocratie au Kenya. Mais elle s’est retrouvée emprisonnée et victime d’une campagne de diffamation en ligne.”Je ne faisais que créer des outils correspondant à mes convictions”, explique-t-elle à …

Au Kenya, guerre en ligne contre les opposants au gouvernement Read More »

Au Kenya, guerre en ligne contre les opposants au gouvernement

Lorsque la développeuse Rose Njeri a créé une application permettant de critiquer le contesté projet de loi de finances 2025, elle cherchait avant tout à renforcer la démocratie au Kenya. Mais elle s’est retrouvée emprisonnée et victime d’une campagne de diffamation en ligne.”Je ne faisais que créer des outils correspondant à mes convictions”, explique-t-elle à l’AFP, bouleversée d’avoir “dû dormir dans une cellule pendant quatre jours.”Agée de 35 ans, cette mère de deux enfants incarne malgré elle la répression croissante des voix dissidentes au Kenya, que dénoncent les ONG de défense des droits humains. Une répression accompagnée de harcèlement en ligne.Si son arrestation en mai a suscité l’indignation et le hashtag #FreeRoseNjeri (#LibérezRoseNjeri) largement partagé sur les réseaux sociaux, la développeuse s’est aussi retrouvée au cœur d’accusations conspirationnistes en ligne la faisant passer pour une pirate informatique formée en Estonie et travaillant pour un groupe russe.Presque au même moment, deux militants des droits humains, dont le Kényan Boniface Mwangi, connu dans son pays pour son opposition aux autorités, ont disparu en Tanzanie, où ils souhaitaient soutenir le leader de l’opposition Tundu Lissu lors de son procès pour trahison.Après des jours d’angoisse pour leurs familles, tous deux sont réapparus, ostensiblement diminués, et ont dénoncé des actes de torture et des violences sexuelles infligées selon eux par les forces de sécurité tanzaniennes.Le hashtag #AsanteSamia (#MerciSamia en swahili, NDLR), créé après que la présidente de Tanzanie Samia Suluhu Hassan a appelé à s’en prendre aux “militants étrangers mal élevés”, a atteint environ 1,5 million de vues sur des publications ciblant Boniface Mwangi, mais aussi Rose Njeri, pourtant éloignée de l’affaire.Un autre hashtag, #DogsOfWar (#ChiensDeGuerre), a également accusé les deux militants disparus en Tanzanie de faire partie d’une “perturbation coordonnée numériquement” et financée par George Soros, milliardaire philanthrope américain fréquemment ciblé par la complosphère occidentale conservatrice.#AsanteSamia et #DogsOfWar sont deux des sept hashtags identifiés par les équipes de fact-checking de l’AFP avant des manifestations antigouvernementales organisées en juin-juillet au Kenya.Des campagnes de désinformation coordonnées ont alors commencé à cibler militants et opposants sur X, manipulant les mots-dièses pour fabriquer l’illusion de leur rejet massif par les internautes.”Il existe des preuves d’une amplification coordonnée, en raison des multiples publications publiées simultanément ou à quelques secondes d’intervalle” sur certains comptes, affirme à l’AFP Moffin Njoroge, expert chez Code for Africa, une ONG luttant notamment contre la désinformation en ligne.- “Comportement automatisé” –   Alors que les opposants à l’exécutif du président kényan William Ruto, souvent jeunes, avaient largement l’avantage sur les réseaux sociaux lors des manifestations historiques de 2024, qui avaient culminé avec l’envahissement du Parlement le 25 juin, ils font maintenant face à une opposition virulente en ligne.En avril, après un documentaire de la BBC sur les violences policières au Kenya, les hashtags #BBCForChaos (#LaBBCPourLeChaos) et #ToxicActivists (#MilitantsToxiques) avaient respectivement enregistré environ 5,3 millions et 365.000 vues.Ces publications dépeignaient leurs cibles, dont Boniface Mwangi, comme des “marionnettes rémunérées”.Juste avant l’anniversaire du 25 juin 2024, les hashtags #PaidActivism (#MilitantismeRémunéré), #CommercialActivismKE (#MilitantismeCommercialKenya) et #ShunFakeActivismKE (#NonAuFauxMilitantismeKenya) ont encore cherché à discréditer militants et opposants.Certains comptes publient parfois “plus de 100 publications sous un hashtag en une journée”, observe Moffin Njoroge, ce qui atteste selon lui de “comportements automatisés”.@essy_2128 et @tonymkenya7 ont ainsi respectivement posté 226 et 140 messages sur X comportant #AsanteSamia en 24 heures, tandis que @darsil254 a utilisé 104 fois #ShunFakeActivismKE dans un laps de temps identique.Certains des comptes ayant lancé ces tendances ont un historique de promotion des hashtags “progouvernementaux”, remarque encore Moffin Njoroge. Tel @MurimiJeff_, à l’origine de #ToxicActivists, qui avait précédemment impulsé #BoldRuto (#RutoLeCourageux).Si les campagnes de désinformation au Kenya s’appuyaient auparavant sur des graphiques falsifiés, fausses citations, couvertures de journaux modifiées, etc. elles sont désormais montées en gamme grâce à l’IA, a constaté l’AFP.#DogsOfWar a accompagné une vidéo falsifiée de la chaîne américaine CNN affirmant que des militants “financés par l’étranger” avaient été expulsés de Tanzanie. #AsanteSamia a mis en avant un clip imitant un présentateur kényan qui rapportait un prétendu nouvel enlèvement de Boniface Mwangi.  – “Système tyrannique” -Ces campagnes sont liées à l’Etat kényan, estime Alphonce Shiundu, rédacteur en chef pour le Kenya de la plateforme Africa Check, qui a travaillé sur le sujet. “Il suffit de regarder la rhétorique politique, les déclarations des hauts responsables du gouvernement et les discussions en ligne. Il y a toujours une confluence”, note-il pour l’AFP.L’offensive numérique a ainsi coïncidé avec des avertissements de l’exécutif contre des supposées “tentatives de coup d’Etat” et l’inculpation de manifestants pour terrorisme.Ces tactiques relèvent du “plus vieux stratagème du manuel des régimes autoritaires”, estime Irungu Houghton, directeur exécutif d’Amnesty International Kenya. “La désinformation est conçue pour discréditer les défenseurs des droits humains et détourner l’attention des préoccupations qu’ils soulèvent”, poursuit-il.Dire que les militants sont “payés” rend “plus facile” pour l’Etat de les attaquer pour leurs soi-disant “menaces à l’intérêt national” et de justifier la répression de la contestation, commente de son côté Alphonce Shiundu.Au moins 65 personnes ont été tuées dans les manifestations de juin et juillet derniers, selon la police des polices kényane. Mi-juillet, le président Ruto avait choqué en appelant les forces de l’ordre à tirer “une balle dans la jambe” de pillards.A mesure qu’approchent les élections présidentielle et législatives de 2027 au Kenya, Moffin Njoroge s’attend à davantage de campagnes progouvernementales en ligne “visant les hommes politiques d’opposition et les militants”.”De quoi ont-ils si peur ?”, s’interroge Rose Njeri. Et de lancer : “Laissez-moi continuer jusqu’à ce que le Kenya soit libéré de ce système tyrannique.”