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Dieselgate: trois associations saisissent la justice, l’État défend ses actions

L’association de consommateurs CLCV, France Nature Environnement et l’ONG ClientEarth ont annoncé mercredi déposer un recours en justice dans le dossier du Dieselgate contre l’État français, accusé d’inaction, ce que ce dernier conteste.Dix ans après la révélation du scandale des moteurs truqués, qui avait d’abord éclaboussé Volkswagen puis de nombreux autres constructeurs, le volet judiciaire n’est pas clos. Trois organisations non gouvernementales ont annoncé déposer mercredi un recours devant le tribunal administratif de Paris, qui vise l’État “en raison de son inaction face aux dommages sanitaires et économiques du Dieselgate”, écrivent-elles dans un communiqué, confirmant des informations de France Info et du Monde. “Plusieurs millions de voitures diesel” aux moteurs truqués, “vendues entre 2009 et 2019, continuent de circuler en France, émettant des niveaux de dioxyde d’azote (NO2) entre 2 et 10 fois supérieurs aux normes en vigueur”, affirment la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), France Nature Environnement (FNE) et ClientEarth, dont le siège est à Bruxelles.Dans leur requête, que l’AFP a consultée, elles demandent le rappel des véhicules en question. “Ces nouvelles actions confirment que le Dieselgate est un scandale de santé publique et environnemental qui perdure et contre lequel toutes les victimes peuvent agir”, a réagi pour l’AFP Marc Barennes, avocat d’entités publiques et privées qui se sont constituées parties civiles, dans des procédures distinctes de celle des associations. Accusé par les trois ONG de n’avoir “ni engagé les procédures nécessaires, ni sanctionné les constructeurs automobiles pour faire cesser ces pratiques”, l’État défend au contraire son action. Après le scandale, il a créé en 2020 le service de surveillance des véhicules et des moteurs (SSMVM) et “la recherche de dispositifs d’invalidation (c’est-à-dire de trucage, NDLR) fait partie depuis cette date des contrôles de surveillance de marché”, soulignent les ministères des Transports et de la Transition écologique dans une déclaration commune à l’AFP. “Plus d’une centaine de modèles de véhicules à motorisation thermique sur différentes générations ont déjà été contrôlés” et “plusieurs modèles ont été identifiés pour des émissions de NOx excédentaires”, précisent les ministères. Mais “certaines étapes” prennent du temps, soulignent-ils : “la durée des analyses nécessaires” et les “échanges contradictoires” avec les constructeurs. Le gouvernement précise aussi que les “multiplications de contestations de constructeurs” ont pu causer des “blocages”. – Quatre procès requis en France -Dans le sillage de Volkswagen, qui a reconnu en septembre 2015 avoir commercialisé plus de 11 millions de véhicules équipés d’un logiciel détectant les phases de tests afin de truquer et diminuer ses émissions, d’autres constructeurs ont été épinglés pour de possibles pratiques similaires. Quatre procès pour tromperie ont pour l’heure été requis en France par le parquet de Paris, visant Volkswagen, mais aussi Peugeot-Citroën, Fiat-Chrysler et Renault. La Répression des fraudes (DGCCRF) avait mis en lumière fin 2016 des écarts allant jusqu’à 377% entre les performances de certains modèles Renault au moment de leur homologation en laboratoire et lors de leur utilisation en conditions réelles.Dans la procédure contre la marque au losange, la cour d’appel de Paris a rejeté mercredi sa demande d’annuler des pièces lui valant sa mise en examen.De son côté, Stellantis, qui détient plusieurs des marques mises en cause, est “fermement convaincu que ses véhicules sont conformes à toutes les réglementations applicables en matière d’émissions et collabore toujours avec les autorités pour le démontrer”, a réagi le groupe auprès de l’AFP. Alors que deux modèles dans son giron font partie de ceux dont les associations demandent le rappel, le groupe indique avoir “volontairement lancé un rappel” des “3.659” Opel Meriva concernées en 2022. S’agissant des “12.800” Peugeot 308 “équipées d’une boîte de vitesses DV6FC et ML6C”, Stellantis demande aux propriétaires “de prendre contact avec leur concessionnaire ou agent agréé”. Les oxydes d’azote (NOx) sont jugés responsables de dizaines de milliers de décès prématurés chaque année à travers le monde.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Trump tente de “saper le consensus” mondial sur le climat, juge l’ex-émissaire américain

Le recul climatique du président américain Donald Trump a non seulement un impact aux Etats-Unis mais “entraîne le monde dans la mauvaise direction”, estime dans un entretien à l’AFP John Podesta, l’ancien émissaire pour le climat de son prédécesseur démocrate Joe Biden.John Podesta a témoigné mardi dans le Montana lors d’un procès fédéral intenté par des jeunes plaignants contre l’administration Trump, accusée de bafouer leurs droits en promouvant le pétrole et le gaz par une série de décrets.Depuis son retour au pouvoir en janvier, l’administration Trump s’efforce aussi de promouvoir gaz et pétrole en dehors des Etats-Unis, qu’il s’agisse d’intégrer l’achat de gaz naturel liquéfié (GNL) dans les accords commerciaux ou de faire pression sur des organismes internationaux tels que l’Agence internationale de l’énergie.John Podesta a parlé à l’AFP dans le Montana, en marge des audiences fédérales, de l’abandon par les Etats-Unis de leur rôle de leader mondial et des conséquences pour la planète, à moins de deux mois de la conférence annuelle de l’ONU sur le climat, la COP30, au Brésil.Q: Comment analysez-vous la politique internationale climatique de l’administration Trump? R: Lors du premier mandat, ils avaient décidé d’abandonner leur rôle de locomotive. Maintenant, ils essayent d’entraîner le monde dans la mauvaise direction. Dans les forums internationaux, ils s’efforcent d’empêcher toute action en faveur du climat. Dans les relations bilatérales, ils encouragent l’utilisation des combustibles fossiles. Et dans les forums multilatéraux, ils affichent leur mépris pour toute action commune. Q: Il a été rapporté qu’ils pourraient essayer d’affaiblir le consensus de l’ONU sur le changement climatique. Quels effets cela aurait-il?R: Ils feront tout pour faire pencher la balance vers les énergies fossiles. Le raisonnement consistant à s’en prendre à la recherche scientifique aux Etats-Unis finira par saper le consensus scientifique à l’étranger. Parviendront-ils réellement à changer la dynamique au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), surtout qu’ils privent le Giec de ressources et interdisent aux scientifiques fédéraux américains de participer à des études? Je ne pense pas qu’ils auront beaucoup d’impact sur la production globale de travaux scientifiques évalués par les pairs, mais ils sèmeront un peu le désordre en cours de route.Q: Comment cela affecte-t-il la place des Etats-Unis dans le monde, en particulier face à la Chine qui veut dominer les énergies propres?R: Il est clair que cela réduit le sentiment de solidarité que nous avons avec les pays autres que la Chine. Si nous sommes en concurrence avec la Chine pour le leadership mondial, nous nous alignons sur la Russie et l’Arabie saoudite plutôt que sur nos alliés naturels en Europe, en Amérique latine et en Asie. Du point de vue de la sécurité, c’est une terrible erreur.Q: Quelles seront les conséquences de tout cela pour les négociations de la COP30? R: On verra ce qui se passe (au Brésil) et après. Il existe toujours un fort consensus mondial pour aller de l’avant, mais avec les Etats-Unis non seulement absents du leadership mais jouant un rôle révisionniste, des pays comme l’Arabie saoudite et la Russie qui veulent réduire les ambitions ont désormais un allié de poids.Q: Selon vous, qu’est-ce qui motive l’administration Trump?R: C’est une tentative de transformer l’énergie propre en enjeu des guerres culturelles tout en ignorant les réalités économiques de la transition, et sa loyauté envers les intérêts de l’industrie fossile qui ont financé son ascension. Mais c’est surtout une question de politique culturelle: tant qu’il (Donald Trump, ndlr) pensera que cela lui est profitable, il continuera dans cette voie.

De nombreux médicaments jetés chaque semaine dans les hôpitaux, selon une enquête

En une semaine, plus de 250.000 médicaments ont été jetés au sein d’environ 200 hôpitaux et cliniques français, montre une étude publiée mercredi, qui note qu’un cinquième de ces traitements seraient encore utilisables.Ces résultats constituent une première étape “du travail à mener pour réduire le volume des médicaments jetés”, souligne un rapport publié à l’issue de cette étude réalisée par 210 établissements de santé, en majorité des hôpitaux publics, sur une période s’étalant de novembre à mars 2025.Ce n’est qu’une petite part des quelque 3.000 établissements recensés en France, mais cette étude donne une idée de l’ampleur d’un phénomène dont s’est notamment inquiété la Cour des comptes. Elle appelait début septembre à identifier les produits de santé les plus jetés et les raisons de ce gaspillage.Cette enquête a été lancée par le C2DS, un réseau de 940 établissements visant à réduire l’empreinte environnementale du système de santé et le RésOMEDIT, qui rassemble des observatoires régionaux des médicaments.Les établissements participants ont recensé combien de médicaments ils jetaient en une semaine. Résultat, 252.246 médicaments ont fini parmi leurs déchets, représentant 707.000 euros et plus de deux tonnes.Certains sont périmés – un tiers – ou impropres à l’usage pour d’autres raisons – un sixième. Mais une proportion conséquente –  un cinquième – d’entre eux seraient encore utilisables.S’ils finissent à la poubelle, c’est généralement parce qu’ils sont conditionnés en trop grande quantité et que les équipes des établissements n’ont pas le temps de reconditionner à l’unité les traitements entamés.Un autre cinquième provient de médicaments non utilisés après avoir été personnellement apportés par les patients de l’hôpital. Plus de la majorité des médicaments jetés (61%) sont des comprimés. Mais des injectables, des crèmes et des inhalateurs figurent aussi parmi les déchets. Les médicaments jetés dont le coût à l’achat est faible, tels que les hypnotiques, anxiolytiques ou antidépresseurs, sont très majoritaires en volume.A l’inverse, du fait de leur prix élevé, les médicaments de chimiothérapie pour traiter certains cancers et les antithrombotiques (visant à prévenir les thromboses) représentent plus du tiers (32,8%) de la valeur des ces médicaments jetés.”La gestion des péremptions de ces médicaments est prioritaire”, souligne ainsi le rapport qui préconise “un dispositif d’alerte sur les médicaments onéreux proches de la péremption”, propose d'”améliorer les commandes” pour ne pas créer de surstock et de mener des “études de stabilité prolongée pour allonger les durées de conservation”. 

La pétition contre la loi Duplomb sera examinée en commission à l’Assemblée

Les députés de la commission des affaires économiques de l’Assemblée, saisie de la pétition contre la loi Duplomb sur l’agriculture ayant recueilli cet été plus de deux millions de signatures, ont unanimement voté mercredi pour son examen en commission. Les modalités de cet examen seront fixées par le bureau de la commission lundi, a précisé sa présidente Aurélie Trouvé (LFI). Une ou plusieurs semaines d’auditions pourront avoir lieu avant qu’un rapport soit publié, comprenant le texte de la pétition et le compte-rendu des débats en commission. Puis, “le rapport ainsi publié pourrait donner lieu à une troisième étape, c’est-à-dire à un débat en séance publique” dans l’hémicycle, a-t-elle détaillé. La décision de l’inscrire à l’ordre du jour reviendra à la Conférence des présidents, qui réunit les présidents des groupes politiques, les vice-présidents de l’Assemblée, et les présidents de commissions.”Tout cela est inédit, (…) nous n’avons jamais eu de précédente pétition à ce niveau-là”, a souligné Mme Trouvé.Elle a rappelé que le débat sur la pétition ne donnera pas lieu à un vote, ni en commission ni en séance. Il n’ouvre donc pas la possibilité de revenir sur les dispositions du texte agricole, adopté au Parlement début juillet avec le soutien des macronistes, LR et l’extrême droite. “Je crois profondément que nous avons tout à gagner à ouvrir cet espace de débat sur la loi que nous avons votée, y compris pour mieux l’expliquer et la défendre”, a déclaré mercredi la députée du Rassemblement national Hélène Laporte. “Nous souhaitons que ce débat permette de renforcer le dialogue entre la science, le monde agricole, les citoyens élus que nous sommes, et nos concitoyens”, a également plaidé le député Renaissance Jean-Luc Fugit. Plusieurs députés de gauche ont eux rappelé les conditions d’examen de la loi, qui avait fait l’objet d’une motion de rejet préalable par ses défenseurs pour contourner les 3.500 amendements déposés.”La pétition contre la loi dite Duplomb sauve l’honneur de ceux qui ont vécu cette séquence politique comme une trahison démocratique”, a estimé la députée socialiste Mélanie Thomin. Mais “la pétition ne demande pas un débat, elle demande l’abrogation” de la loi Duplomb, a déclaré l’Ecologiste Delphine Batho. Une proposition de loi en ce sens a été déposée mardi par son groupe.Le Conseil constitutionnel avait censuré en août la disposition la plus contestée de la loi, qui prévoyait la réintroduction sous conditions de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes.Restent des mesures concernant des simplifications administratives accordées aux plus gros élevages, ou encore à la construction de certains ouvrages de stockage d’eau.

“Y’a pas moyen, Aya”: dix militants identitaires condamnés pour injure envers Nakamura

Dix militants identitaires qui avaient partagé sur les réseaux un message outrancier contre la participation de la chanteuse Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des JO-2024 ont été condamnés mercredi à des amendes pour “injure”, et non pour “provocation à la haine” comme le réclamait l’accusation.Parmi les treize mis en cause, deux ont été condamnées à 3.000 euros d’amende ferme, l’un à 3.000 euros dont 1.000 euros avec sursis, quatre à 3.000 euros dont 2.000 euros avec sursis et trois autres à 2.000 euros avec sursis. Trois ont été relaxés.En mars 2024, quelques jours après l’évocation de la participation de la chanteuse Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, le groupuscule identitaire “Les natifs” – auquel les prévenus appartenaient ou dont ils étaient proches – avait posté sur les réseaux sociaux une photo d’une banderole brandie sur l’île Saint-Louis à Paris. Sur la pancarte était écrit “Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako”, une référence à son tube “Djadja” et à sa ville de naissance au Mali.Le compte X des Natifs regrettait en outre de “remplacer l’élégance française par la vulgarité, africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l’immigration extra-européenne”, entraînant l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris, confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH).Les mis en cause, âgés de 20 à 31 ans, étaient poursuivis pour “provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nationalité, la race ou la religion” et complicité.Au terme de leur procès, début juin, la procureure avait réclamé des peines allant de quatre mois d’emprisonnement avec sursis à quatre mois ferme, en dénonçant “la rhétorique haineuse” des mis en cause et “le caractère raciste et discriminatoire”.”Ce qui se joue aujourd’hui, c’est la question de la liberté d’expression et celle de l’indépendance du système judiciaire”, avait pour sa part fait valoir l’un des trois prévenus qui s’étaient déplacés à l’audience.Celui qui se présentait comme “porte-parole” du groupuscule, et dont la lecture d’un communiqué à l’entame du procès a été la seule prise de parole des mis en cause, s’insurgeait encore contre la participation de la chanteuse aux JO, selon lui “un choix politique qui visait délibérément à promouvoir la dissolution de notre culture ancestrale”.- “Profond mépris” -Dans ses motivations, le tribunal correctionnel a estimé que “les protagonistes n’avaient pas uniquement pris parti contre une telle initiative mais exprimé un message emprunt d’un profond mépris envers la chanteuse française, de peau noire, en la stigmatisant en raison de son origine africaine, message qui rejaillit sur l’ensemble des personnes issues d’une immigration subsaharienne”.Les juges ont néanmoins estimé que leurs propos “ne va pas jusqu’à exprimer une exhortation à la discrimination à la haine ou à la violence”, mais présentent “toutes les caractéristiques de l’injure publique aggravée”, les conduisant à requalifier les faits.Les dix auteurs reconnus coupables ont en outre été condamnés à verser solidairement 300 euros de dommages et intérêts à SOS Racisme ainsi que la même somme à la Licra, qui s’étaient constituées parties civiles.Le président de SOS Racisme Dominique Sopo s’est réjoui auprès de l’AFP d’une “décision comme point d’appui pour rappeler que ces propos ne sont pas neutres”.Les Natifs, qui comptent plus de 11.000 abonnés sur Instagram et près de 20.000 sur X, revendiquent des actions coup de poing relayées sur leurs réseaux sociaux. En mars, ils avaient recouvert de draps noirs des portraits de femmes voilées exposés dans la basilique Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris.De son vrai nom Aya Danioko, Aya Nakamura, 30 ans, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), est l’une des chanteuses francophones les plus écoutées dans le monde. Sa performance lors de la cérémonie d’ouverture des JO le 26 juillet 2024, avec la Garde républicaine, sur le pont des Arts à Paris, avait été l’un des moments les plus suivis de l’événement.

Lecornu reçoit les oppositions, les socialistes restent “sur leur faim”

Les socialistes, au centre des attentions de Sébastien Lecornu pour nouer un accord sur le budget 2026, ont regretté mercredi à l’issue d’une première rencontre à Matignon n’avoir rien appris des intentions du Premier ministre, agitant de nouveau la menace d’une censure, et ce dès la déclaration de politique générale.”Pour l’instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu’il a à nous dire dans les prochains jours”, a déclaré le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, à l’issue de ce rendez-vous qui a duré près de deux heures.Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques – à l’exception de La France insoumise qui a refusé l’invitation -, à la veille d’une journée importante de mobilisation sociale.Les Écologistes sont arrivés à leur tour à 14H00, le Rassemblement national est attendu à 16H00, le PCF à 18H00 et enfin Place publique à 19H30. Tous menacent ouvertement de censure ce nouveau Premier ministre très proche d’Emmanuel Macron, s’il ne répond pas à leurs demandes.Sébastien Lecornu, qui a déjà échangé la semaine dernière avec les dirigeants du “socle commun” de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat, recevra à nouveau jeudi, pour le déjeuner, les chefs de partis de ce socle, désireux de mieux coordonner la fragile coalition gouvernementale.- “Père Noël” -François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un conclave sur la réforme des retraites, qui s’est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.”J’ai passé l’âge de croire au Père Noël”, a expliqué la cheffe des Écologistes, Marine Tondelier mercredi, jugeant “fort probable que nous censurerons” le Premier ministre, sauf à obtenir de solides garanties sur l’écologie et la taxation des hauts patrimoines.Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors que les syndicats et les partis de gauche promettent une “journée noire” jeudi, protestant contre les mesures budgétaires “brutales” de François Bayrou.Sébastien Lecornu a déjà fait des gestes en direction de la gauche et de l’opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés. Il a aussi dit qu’il n’avait “jamais été question”, dans ses échanges, de relancer le conclave sur les retraites.Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l’accès aux soins, avant d’annoncer la suppression, très symbolique, des derniers avantages “à vie” octroyés aux ex-Premiers ministres.- Taxe Zucman -“Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution, nous cherchons à ce que les Français soient entendus”, a plaidé Olivier Faure. Mais s’il s’agissait de reprendre le projet de budget de François Bayrou “nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale”, a-t-il prévenu.Sébastien Lecornu aurait l’intention d’en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l’amender.Les socialistes sont arrivés avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS. Parmi elles, la création d’une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros – la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire – à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.Sébastien Lecornu s’est dit “prêt” à travailler sur la “justice fiscale”, mais il a souhaité faire “attention au patrimoine professionnel” visé par cette taxe.Le RN rejette de son côté cette taxe sans fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés. “Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c’est contraire à l’aspiration majoritaire du pays”, a mis en garde Marine Le Pen.Un avertissement auquel le président de LR, Bruno Retailleau, a fait écho. “Si demain on pensait que l’orientation du gouvernement n’était pas conforme à l’intérêt supérieur de la nation (…), qu’est ce que l’on ferait de plus au gouvernement?”, a-t-il prévenu.are-lum/jmt/dch   

Transports, éducation, fonction publique: à quoi s’attendre pour la grève du 18 septembre

Transports, éducation, fonction publique… Tour d’horizon des mobilisations attendues à la veille de la journée de grève du 18 septembre.TransportsLa circulation des trains sera perturbée dans toute la France, selon la SNCF.Sur les lignes Intercités, un train sur deux est prévu et un sur trois pour les TER.Pour les TGV, “quelques perturbations sont à prévoir (…) mais l’ensemble des clients devrait pouvoir voyager”.En Île-de-France, sur le réseau SNCF, le trafic sera “fortement perturbé” pour les RER D, RER E, ligne H, ligne N, ligne R et ligne U, et “perturbé” sur les RER A, B, et C, et les lignes K, L et V.A Paris, aucun métro, à l’exception des lignes automatiques (1, 4 et 14), ne circulera en dehors des heures de pointe.Certaines lignes franciliennes de bus pourraient être fermées.Par ailleurs, le service sera proche de la normale dans les aéroports français, puisque le principal syndicat de contrôleurs aériens, le SNCTA, a reporté sa grève.SantéL’ensemble des personnels hospitaliers sont appelés à la grève par l’intersyndicale. Du côté des médecins, la principale fédération syndicale, la coalition “Action praticiens hôpital” (APH) appelle à “soutenir” le mouvement. Dans les établissements de santé, l’administration a toutefois le pouvoir de réquisitionner une partie des personnels pour maintenir la “continuité des soins”.Les pharmaciens, mobilisés contre une baisse du plafond des remises commerciales sur les médicaments génériques, sont appelés à une “fermeture massive” des officines et à manifester, selon les deux principaux syndicats du secteur, l’USPO et la FSPF.La première organisation syndicale des kinésithérapeutes, la FFMKR, appelle à fermer les cabinets.Consommation et distributionLes salariés du secteur sont invités à faire grève par une intersyndicale. Celle-ci dénonce “les attaques répétées” contre les “droits” et le “pouvoir d’achat” des salariés. Les commerçants sont “très inquiets” face aux “mouvements de blocage”, s’est alarmé la semaine dernière le président du Conseil du commerce de France (CDCF), Guy Gras. Ce dernier s’attend à des “impacts plus graves” que pour le mouvement du 10 septembre, où certains magasins ont dû fermer par mesure de sécurité.Dans les rayons, l’impact devrait être limité, grâce à “un peu plus de stocks en magasins”, a rassuré le patron du Groupement Mousquetaires/Intermarché, Thierry Cotillard.ÉducationLa FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, prévoit qu’un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. A Paris, ce syndicat estime même à plus de 45% le taux de grévistes, avec au moins 90 écoles fermées.Dans les collèges et lycées, les syndicats appellent aussi à se mobiliser. La nomination de Sébastien Lecornu n’a “pas fait redescendre la colère”, estime Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du secondaire.Fonction publique Les huit syndicats représentatifs des 5,8 millions d’agents de la fonction publique appellent unanimement à la grève contre les mesures d’économies. La dernière mobilisation significative remonte au 5 décembre 2024, quand près de 20% des agents de la fonction publique de l’Etat, éducation nationale en tête, avaient défilé notamment contre l’allongement du délai de carence.Dans le viseur des organisations cette fois: la suppression de 3.000 emplois publics et le gel des rémunérations annoncé par le précédent gouvernement.ÉnergieLa CGT a lancé un appel à la grève depuis le 2 septembre pour les salaires et l’abaissement de la TVA appliquée à l’énergie, un mouvement qui se traduit selon elle par des piquets de grève dans les stockages de gaz, les terminaux méthaniers et devant les centrales nucléaires et hydrauliques.Le 18, la CFE-Energie, premier syndicat d’EDF et deuxième des industries électriques et gazières, a appelé à débrayer pendant une heure ou à venir dans les cortèges syndicaux.Dans la chimie, la CFDT, premier syndicat, s’attend à une mobilisation “très soutenue”, a indiqué Bruno Bouchard, délégué fédéral FCE-CFDT en charge de la branche.”On a référencé plus de 150 appels à la grève” dans des entreprises comme TotalEnergies, Sanofi, Arkema, Air Liquide, et Kem One, a indiqué Jean-Louis Peyren, secrétaire fédéral de la CGT Chimie pour l’industrie pharmaceutique.Avant la manifestation parisienne, son syndicat a appelé à un rassemblement le matin devant le site Sanofi de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), que le groupe a décidé de céder au sous-traitant allemand Adragos.AgricultureLa Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, appelle les agriculteurs “à se mobiliser partout en France” jeudi “pour plus de justice sociale, fiscale et environnementale”. Au vu du déploiement policier annoncé, il “alerte sur le respect du droit de manifester”.Le premier syndicat du secteur, la FNSEA, appelle pour sa part à une mobilisation le 26 septembre.

Tabac, alcool, cannabis: les ados sont de moins en moins accro

Un seul shot en 12 jours, bu “par politesse”: le bilan des vacances à Malte entre amis de Martin, 18 ans, pour la fin du lycée, semble représentatif de la consommation de plus en plus d’adolescents français. Sans drogues, ni tabac, et presque sans alcool.Seuls 20% des Français de 16 ans déclaraient en 2024 avoir déjà consommé du tabac et 8,4% du cannabis, selon une étude européenne sur la consommation des jeunes, relayée début septembre par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).Par rapport à 2015, on trouve ainsi cinq fois moins de fumeurs quotidiens et trois fois moins de jeunes ayant expérimenté le cannabis, pointe l’étude.Si Martin n’a jamais touché à une cigarette, il a déjà “testé” l’alcool et le cannabis, à la fin du collège. “Les premières fois où tu consommes, c’est soit sous la pression sociale, soit pour faire le grand”, estime l’étudiant tout juste entré en première année de droit à Paris. Depuis le lycée, il prône cependant la sobriété, avec pour motifs sa foi chrétienne, sa pratique sportive ou encore tout simplement sa capacité à s’amuser avec ses amis sans recours à une substance psychoactive.Cela semble aller dans le sens d’une tendance générale, celle d'”une prise de conscience dans la société (…) des effets délétères de ces comportements”, juge Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Une vaste enquête menée en 2022 par l’OFDT sur 23.000 Français de 17 ans pointait déjà une tendance à la baisse de leur consommation de substances psychoactives, démontrant selon le médecin de santé publique que “la bataille de la dénormalisation” est en passe d’être gagnée.- “Super cher” -Au premier plan, le tabac: Charlotte, 16 ans, boit de temps en temps en soirée ou en boîte, mais pas question de “tomber” dans “la dépendance à la nicotine”. Sa mère, elle-même fumeuse, le lui a d’ailleurs interdit. “Elle y est tombée hyper jeune et maintenant, c’est vraiment une addiction”, déplore la lycéenne scolarisée en banlieue toulousaine, soulignant que “ça coûte super cher”. Et en effet, l’augmentation constante du prix, le paquet neutre, l’interdiction de vente aux mineurs, constituent un “arsenal de régulation” pouvant expliquer que la consommation de tabac ne soit “plus populaire chez les jeunes”, entraînant avec elle celle du cannabis, autre “produit à fumer”, selon M. Prisse. Une autre explication à cette évolution pourrait être la “dégradation de la santé mentale” observée chez les jeunes, entraînant un “repli sur soi”, à l’âge où la consommation est liée à une “conformité sociale du groupe”, selon le médecin.  Parmi les amis de Ruben, 17 ans, par exemple, on sort assez peu. Ce lycéen de Toulouse n’a jamais essayé ni tabac, ni cannabis, ni cigarette électronique, pour lesquels il n’a “pas tellement de curiosité”. En revanche, il se voit consommer de l’alcool “plus tard”, quand il aura “plus d’occasions d’en boire”.Car l’alcool reste central dans la socialisation des adolescents. Sept sur dix l’avaient déjà essayé en 2024, selon l’étude européenne relayée par l’OFDT, avec une fréquence notable d'”alcoolisations ponctuelles importantes” (binge drinking), soit au moins cinq verres d’alcool lors d’une même occasion. “Être bourrée, ça me fait un peu peur, parce que j’ai des copines qui ont déjà été pas très bien, au point de devoir appeler l’hôpital”, raconte Clara (prénom modifié), 15 ans. Dans les soirées de cette élève de seconde scolarisée à Saint-Mandé (Val-de-Marne), “il y a de l’alcool” et certains jeunes de son âge “ne savent pas vraiment leurs limites”.- Industriels “très inventifs” -Tout n’est donc pas encore gagné et “il faut rester prudent”, estime Nicolas Prisse. “Les industriels -ou d’ailleurs parfois les groupes criminels, quand il s’agit de stupéfiants et de produits interdits- sont très inventifs en termes de tendances et de propositions d’offres sur le marché”, ajoute-t-il. Les “puffs”, cigarettes électroniques jetables, en sont un bon exemple. Interdites à la vente depuis février en France mais qui continuent d’être vendues notamment dans les petites épiceries, elles restent une tendance bien réelle chez les adolescents, comme en témoignent les jeunes interrogés par l’AFP.”C’est aux fruits, ça sent bon”, contrairement aux cigarettes, explique Clara. “Ca a pas l’air très dangereux”, estime la lycéenne, pourtant consciente de leur nocivité.

Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d’action

Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d’une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu’ils posent et des menaces de censure.Tous les dirigeants de gauche – à l’exception de La France insoumise qui a refusé l’invitation –  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du “socle commun” de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.”Le premier qui doit bouger, c’est le gouvernement”, a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que “le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027”.François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un “conclave” sur la réforme des retraites, qui s’est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.Mercredi, “ça va être un round d’observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n’est pas au premier chef un sujet budgétaire”, mais un “sujet démocratique” car ce sont les “battus qui gouvernent”, anticipe un responsable socialiste.- Gestes -Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu’une mobilisation massive est attendue jeudi, de l’ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires “brutales” de François Bayrou.Avant d’entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l’opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l’accès aux soins, avant d’annoncer la suppression très symbolique, dès l’an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.Ils considèrent que le plan Bayrou “ne doit pas servir de base de discussion”, alors que Sébastien Lecornu a l’intention d’en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l’amender.- “Rupture” -Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS. Parmi elles, la création d’une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros – la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire – à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient “des questions de justice fiscale”.La taxe Zucman, “c’est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d’obtenir un accord de non-censure” avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés. “Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c’est contraire à l’aspiration majoritaire du pays”, a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant “la pression du PS”, craignant qu’il “n’y ait plus rien sur l’immigration, la sécurité ou l’assistanat” dans le budget.Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour “de 35 à 36 milliards” d’euros d’économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.”Les socialistes donnent l’air d’être déterminés et de poser des conditions mais c’est un moyen de rentrer dans les négociations”, estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des “petits pas” du PS, au détriment des “grands soirs”.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Pour “un futur meilleur”, des jeunes défient Trump au tribunal

Décrivant la manière dont le changement climatique bouleverse leur quotidien, de jeunes Américains ont assuré mardi que l’administration Trump bafouait leurs droits fondamentaux en promouvant le pétrole et le gaz.”Je ne sais pas si je serai le prochain”, a témoigné à la barre Joseph Lee, dont la maison d’un proche a été dévorée l’an passé par les feux de forêts en Californie.Le jeune homme de 19 ans, qui subi aussi une hospitalisation liée à une grave insolation, a expliqué se mobiliser pour empêcher que le changement climatique ne s’aggrave encore: “un futur meilleur est possible”, a-t-il lancé.L’affaire, qui oppose 22 jeunes Américains, pour certains mineurs, au gouvernement fédéral, est examinée mardi et mercredi dans un tribunal du Montana, Etat du nord-ouest du pays.Citant des répercussions sur leur santé, ces jeunes attaquent en justice des décrets pris par Donald Trump pour faciliter la production de pétrole et de gaz, entraver celle d’énergies renouvelables et occulter le suivi des effets du changement climatique.Cette bataille judiciaire illustre le déplacement croissant du combat climatique dans les tribunaux, souvent à l’initiative de jeunes. Cet été, ce sont des étudiants de l’archipel du Vanuatu qui ont obtenu une victoire retentissante devant la Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l’ONU.- “Déchirant” -Pour Julia Olson, avocate principale des jeunes Américains, il s’agit ici d’une question constitutionnelle. “La Constitution des États-Unis protège-t-elle contre les abus de pouvoir de l’exécutif (…) qui privent les enfants et les jeunes de leurs droits inaliénables à la vie et à leurs libertés?”, a-t-elle lancé à la cour mardi.Un argumentaire qu’a balayé la défense du gouvernement américain. Dénonçant une “action en justice antidémocratique”, Me Michael Sawyer a accusé les jeunes de tenter d’inverser les résultats de la dernière élection présidentielle, à l’issue de laquelle Donald Trump a été élu avec un programme ouvertement favorable aux énergies fossiles.Les plaignants ont eux témoigné de la manière dont le changement climatique et les décisions politiques affectent leur vie, avant d’être vivement questionnés par la défense.Une jeune fille mineure originaire du Montana a ainsi raconté avoir dû petite évacuer sa maison avec sa famille en raison d’incendies, disant avoir emporté dans la hâte ses peluches et s’être inquiétée pour les chevaux et chiens que possédaient ses parents.”Ce serait déchirant de voir mon Montana brûler”, a-t-elle assuré à la cour, qui l’interrogeait sur la possibilité que le changement climatique s’intensifie.- Cour suprême conservatrice -Cette audience n’est pour l’instant que procédure et vise à obtenir du juge qu’il ordonne la tenue d’un procès. Le gouvernement fédéral, qui a été notamment rejoint par 19 Etats conservateurs, réclame lui un classement sans suite.Bien que le juge soit connu pour des décisions en faveur de l’environnement, les observateurs ne sont pas optimistes. Car même en cas de procès, la procédure risque de finir devant la Cour suprême, dominée par les conservateurs.”Cette Cour suprême est plutôt encline à retirer des droits qu’à en accorder, à moins que vous n’ayez une arme à feu”, juge auprès de l’AFP Michael Gerrard, professeur de droit environnemental à l’université Columbia.L’équipe juridique garde néanmoins espoir, après de récentes victoires au niveau des Etats.En 2023, un juge du Montana a donné raison à de jeunes plaignants qui contestaient la non-prise en compte du climat dans la délivrance de permis pétroliers et gaziers, estimant que cela violait leur droit constitutionnel à un environnement sain.Et un an plus tard, de jeunes militants hawaïens ont obtenu un accord obligeant leur Etat à accélérer la décarbonation du secteur des transports.Mais au niveau fédéral, la balance ne penche pas du côté des militants. L’affaire la plus connue, remontant à 2015, a été close en 2023… par la Cour suprême.