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Affaire Kohler: la Cour de cassation renvoie le dossier à la cour d’appel

La Cour de cassation a demandé mercredi à la cour d’appel de Paris de réexaminer l’éventuelle prescription des faits reprochés à Alexis Kohler, l’ex-bras droit d’Emmanuel Macron, dans l’enquête sur ses liens familiaux avec l’armateur MSC qui lui vaut une mise en examen pour prise illégale d’intérêts.En novembre 2024, la cour d’appel de Paris a rejeté la prescription des faits que réclamait Alexis Kohler dans ce dossier à l’instruction depuis juin 2020.Estimant que la cour d’appel n’a pas suffisamment motivé sa décision, la Cour de Cassation a annulé mercredi cet arrêt, et demandé à la chambre de l’instruction, “autrement composée”, de se pencher de nouveau sur ce dossier.M. Kohler, 52 ans, est mis en cause pour avoir participé comme haut fonctionnaire à plusieurs décisions relatives au groupe franco-italien MSC, dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.D’abord entre 2009 et 2012, lorsqu’il représentait l’Agence des participations de l’Etat (APE) aux conseils d’administration de STX France (devenu Chantiers de l’Atlantique) et du Grand port maritime du Havre (GPMH), deux entreprises ayant des liens commerciaux avec MSC.Puis entre 2012 et 2016, lorsqu’il était à Bercy au cabinet de Pierre Moscovici puis d’Emmanuel Macron.- Pas de “concert frauduleux” -Au cœur de la problématique juridique figure l’éventuelle dissimulation par M. Kohler de ces liens familiaux, ce qui rend l’infraction “occulte” jusqu’à sa révélation publique, empêche de considérer les faits comme prescrits et permet d’en poursuivre l’intégralité, soutiennent l’association Anticor, qui a déposé plainte, les juges d’instruction et la cour d’appel.Mais, pour les avocats de l’ex-secrétaire général de l’Elysée (mai 2017-avril 2025), le délai de prescription n’a pas débuté en 2018 avec des articles de Mediapart comme le soutiennent les juges d’instruction, mais a au contraire expiré en 2014.Le ministère public a toujours défendu lui aussi cette large prescription.La Cour de Cassation estime que “le silence gardé par M. Kohler, au surplus à l’égard de seulement certains des dirigeants des entités au conseil d’administration desquelles il siégeait, n’est pas à lui seul de nature à caractériser un acte positif constitutif d’une manoeuvre caractérisée de dissimulation”.Par ailleurs, “si la chambre de l’instruction a relevé le silence gardé par ses supérieurs hiérarchiques, informés de sa situation, vis-à-vis d’interlocuteurs institutionnels (…), elle n’a pas caractérisé de concert frauduleux destiné à empêcher la découverte de l’infraction”, souligne-t-elle encore.Pour la Cour, “l’absence d’information écrite ou de mise en place d’un dispositif précis de déport à une époque où la loi ne le prévoyait pas n’est pas de nature à établir une manoeuvre de dissimulation, a fortiori lorsque les juges constatent que les supérieurs hiérarchiques de M. Kohler avaient été eux-mêmes informés oralement de sa situation”.- Intérêts publics “lésés” -En novembre 2024, la cour d’appel, en écartant la prescription, avait estimé que si M. Kohler avait informé son entourage professionnel de son lien de parenté, il s’agissait d’une “révélation parcellaire (…) à certains initiés et notamment à sa hiérarchie directe” à l’APE comme à Bercy. Comme les juges d’instruction, elle avait évoqué un “pacte de silence” entre M. Kohler et ses collaborateurs directs de l’époque.”La Cour de Cassation confirme ce qu’Alexis Kohler n’a cessé d’indiquer depuis le début, à savoir qu’il n’a jamais dissimulé à sa hiérarchie ou à son entourage professionnel les liens personnels qu’il avait avec les actionnaires de MSC, bien au contraire, allant même au-delà des obligations légales en vigueur à l’époque”, a indiqué à l’AFP l’entourage de M. Kohler.”Nous nous réjouissons de voir que la Cour de cassation suit aujourd’hui l’argumentation qui a toujours été la nôtre: Bruno Bézard n’a jamais commis une quelconque infraction”, ont commenté de leur côté Mes Kyum Lee, Patrick Klugman et Rémi Lorrain, les avocats de ce haut fonctionnaire mis en examen pour complicité de prise illégale d’intérêts. Un autre fonctionnaire, Jean-Dominique Comolli, est poursuivi du même chef.Cette décision “est extrêmement décevante mais ce n’est qu’une étape de plus dans un dossier qu’une partie de la justice préférerait peut-être ne pas avoir à traiter”, a souligné pour sa part Jean-Baptiste Soufron, avocat d’Anticor.Il l’a jugée “inquiétante car elle marque un recul de la lutte contre la corruption en décidant un contrôle tellement poussé et détaillé qui ne relève normalement pas du rôle de la juridiction suprême”. 

“Bloquons tout”: des manifestants par milliers, des tensions mais pas de paralysie

Pas de pays à l’arrêt mais la France connaît un 10 septembre sous tensions avec des centaines de blocages ou de tentatives, contrées par des forces de l’ordre en nombre, et des dizaines de milliers de manifestants contre l’austérité budgétaire, les inégalités et un “déni” démocratique.Après les actions et rassemblements de la matinée – 430 actions ayant regroupé jusqu’à 29.000 participants selon les autorités -, plusieurs manifestations se sont déroulées dans l’après-midi dans le cadre de cet appel à la mobilisation atypique, né sur les messageries et les réseaux sociaux et aux revendications très variées.A Paris, ils sont encore des milliers place de la République et place des Fêtes en milieu d’après-midi, ont constaté des journalistes de l’AFP. “Je voudrais qu’il y ait une meilleure répartition de l’argent et aussi que les politiques donnent une meilleure image, surtout sur leurs dépenses qui semblent parfois indécentes”, a expliqué à La Rochelle Christian, 59 ans et travailleur dans le service enfance-jeunesse d’une collectivité locale.Outre le volet social, les manifestants pointaient également un déni démocratique: “Les politiques n’écoutent pas les urnes”, a déploré Bastien, étudiant de 23 ans, qui a défilé à Rennes au milieu de 10.400 personnes, selon la préfecture.Les manifestants étaient 6.000 à Bordeaux, un chiffre plutôt conséquent pour cette ville, 5.000 à Brest, 4.900 à Strasbourg, 2.200 à Lorient, 2.000 à Orléans, selon les préfectures.- Immeuble en flammes -A Paris, des rassemblements et tentatives de blocages ont été recensés dans différents points de la capitale, ponctués de face à face parfois tendus avec les forces de l’ordre, avant que les manifestants ne convergent vers Châtelet et la République. Dans le centre de la capitale, un incendie a endommagé la façade d’un immeuble, peut-être provoqué involontairement par une intervention policière, selon le parquet. Cette mobilisation, lancée par des citoyens sur les réseaux sociaux et qui rappelle le mouvement des “Gilets jaunes” il y a sept ans, survient au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon.”Je n’en attends rien: c’est le même bord politique, la succession”, a déploré à Nantes, Mahault, une éducatrice spécialisée de 52 ans en grève.”La nomination de Sébastien Lecornu est un mauvais signal qui risque de reproduire les mêmes causes produisant les mêmes effet (et) conduire à une nouvelle dissolution”, a redouté en manifestation la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. M. Lecornu a lui promis “des ruptures sur le fond” et “pas que sur la forme”.   Quelques incidents ont émaillé sporadiquement les rassemblements comme sur la rocade de Rennes où un bus a été saccagé et incendié par des manifestants, a rapporté Star, le réseau de transports en commun de la ville.A Toulouse, une confrontation a éclaté entre de jeunes manifestants, parfois équipés de masques à gaz, lunettes de ski ou de natation, et les forces de l’ordre.- Centre commercial fermé -En milieu d’après-midi, 203 personnes avaient été interpellées en agglomération parisienne. Au niveau national, le ministère de l’Intérieur a fait état de 295 interpellations à 13H00. Dans un communiqué, le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, a regretté “depuis ce matin d’apparents actes de brutalité commis des forces de l’ordre contre les journalistes qui couvrent les mouvements sociaux” et invité les journalistes “violentés” à se faire connaître.En raison de “mesures de sécurité demandées par la préfecture de police”, aucun métro ni train ne marquait l’arrêt dans les stations de Châtelet-les-Halles, et son centre commercial – le plus fréquenté d’Europe selon la direction du site – a fermé ses portes après des appels aux pillages sur les réseaux sociaux.Côté transports, la circulation des trains a été coupée par des occupations de voies à Cherbourg et Valence, selon la SNCF. A Paris et en Ile-de-France, les transports en commun connaissent quelques perturbations. Au musée du Louvre à Paris, seules quelques salles étaient ouvertes tandis que le musée d’Orsay restait lui complètement fermé.Une centaine de lycées étaient perturbés et 27 bloqués, selon le ministère de l’Education nationale, notamment à Paris, à Montpellier, Rennes et Lille. Des mobilisations étudiantes ont été recensées dans plusieurs villes.Après cette première journée de mobilisations citoyennes, soutenue seulement par la CGT et FO, l’intersyndicale appelle à son tour les salariés à la grève le 18 septembre.

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Des milliers de morts après les incendies géants au Canada en 2023, jusqu’en Europe

Les incendies géants qui ont touché les forêts canadiennes en 2023 ont contribué à des dizaines de milliers de morts, essentiellement en Amérique du Nord, mais aussi en Europe, selon des estimations publiées mercredi.Ces feux de forêts ont touché tout le pays, aussi bien le Québec que les Territoires du Nord-Ouest, entre mai et septembre cette année-là, ravageant quelque 17,3 millions d’hectares de végétation.Une étude de la revue Nature estime à 354 millions le nombre de personnes, en Amérique du Nord et en Europe, exposées, en raison de ces incendies, à des niveaux de particules fines en suspension (PM2,5) supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.Les retombées de ces sinistres ont contribué à près de 70.000 morts prématurées sur les deux continents. La plupart étaient dues à la pollution atmosphérique et une minorité à l’exposition directe aux fumées.”Même si nous anticipions de fortes conséquences des incendies record de 2023, l’ampleur de l’exposition pour les populations et la mortalité qui leur est attribuable sont plus élevées qu’attendu”, a déclaré à l’AFP l’un des auteurs de l’étude, Qiang Zhang, de l’université Tsinghua à Pékin.”Ces résultats soulignent que des feux de forêt aussi extrêmes ne sont plus seulement une question environnementale régionale, mais qu’ils sont devenus une préoccupation de santé publique mondiale”, a-t-il ajouté.Les particules fines pénètrent dans le système sanguin via la respiration, et font partie des causes des bronchites chroniques, cancers du poumon et maladies cardiovasculaires.L’exposition directe aux fumées toxiques a paradoxalement davantage touché les États-Unis (4.100 morts) que le Canada (1.300 morts).À plus long terme, les chercheurs estiment les morts dues à la pollution produite par ces feux à 41.900 en Amérique du Nord, et à 22.400 en Europe. L’Espagne, la France et l’Italie ont été les pays européens les plus touchés.Ces estimations sont les premières de leur genre, selon Qiang Zhang. Les chercheurs se sont heurtés à l’absence de références antérieures, et ont bâti un modèle informatique à partir d’observations satellite.D’après eux, cela n’a pas permis de déterminer les effets sur la santé des polluants pris séparément. La recherche sur le sujet devient pourtant cruciale avec des incendies rendus encore plus grands, fréquents et intenses par le changement climatique.

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Climat: une étude lie producteurs d’énergies fossiles et augmentation des canicules

Le changement climatique a rendu les vagues de chaleur de ces deux dernières décennies plus probables et plus intenses, et les producteurs d’énergies fossiles et de ciment ont “significativement” contribué à cette tendance, conclut une étude publiée mercredi dans Nature.Ses auteurs, une équipe internationale, ont innové en se penchant sur une série de 213 canicules dans le monde durant la période 2000-2023.Ils ont aussi voulu s’intéresser plus particulièrement au rôle des grandes entreprises de production d’énergies fossiles et de ciment, émettrices de gaz à effet de serre.Les études d’attribution consistent généralement à mesurer le degré d’influence du changement climatique sur un événement météorologique extrême particulier. La singularité de cette étude est de passer en revue plusieurs épisodes.- “Plus intenses et probables” -“Cet article montre que le changement climatique a rendu plus de 200 vagues de chaleur plus intenses et plus probables, et que cette influence augmente”, explique à l’AFP Yann Quilcaille, de l’ETH Zurich, auteur principal de l’étude. “Ensuite, nous montrons que les émissions associées aux plus gros producteurs d’énergies fossiles et de ciment contribuent significativement aux vagues de chaleur”, souligne-t-il.Le changement climatique d’origine humaine a non seulement rendu les canicules plus probables mais, pour un quart d’entre elles (55 sur 213), cette probabilité a été augmentée d’au moins 10.000 fois. Autrement dit, elles auraient été quasiment impossibles sans le réchauffement du climat.L’influence de ce changement du climat se renforce fortement avec le temps: il a rendu les canicules 20 fois plus probables entre 2000 et 2009, et 200 fois plus probables entre 2010 et 2019. Les scientifiques ont ensuite voulu comprendre le rôle des 180 plus grosses entreprises productrices d’énergies fossiles et de ciment dans cette tendance. Pour leurs calculs, ils ont pris en compte toute la chaîne de valeur des entreprises et l’utilisation par les clients des produits qu’elles  commercialisent. Ils ont par exemple attribué à chaque groupe pétrolier les émissions associées à l’essence qu’il a vendue, lorsqu’elle a ensuite été utilisée dans les voitures.  – Litiges en plein essor -Résultat: les émissions liées à ces grandes entreprises ont contribué pour moitié à l’augmentation de l’intensité des canicules par rapport à l’ère pré-industrielle et ont aussi augmenté leur probabilité.Le rôle des 14 plus grosses “majors” (dont Saudi Aramco, Gazprom, Chevron ou BP) apparaît comme très important, pesant autant que les 166 autres entreprises étudiées, dont le rôle n’est pas négligeable pour autant.”Chaque producteur peut être suffisant à lui seul pour rendre possible des vagues de chaleur qui auraient été quasiment impossibles sans changement climatique”, souligne Yann Quilcaille.Pascal Yiou, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui n’a pas participé à l’étude, y voit “un résumé de l’état de l’art actuel sur l’attribution des vagues de chaleur”, relativisant auprès de l’AFP sa dimension innovante.Karsten Haustein, de l’université de Leipzig, juge pour sa part, dans un commentaire publié par Nature, qu’il s’agit d’un “bond en avant” qui peut être utile pour la justice et la diplomatie climatiques. Les auteurs concluent que l’étude pourrait “renforcer” le rôle de la science de l’attribution devant les tribunaux, alors que le nombre de litiges augmente.Dans un dossier emblématique, un paysan péruvien avait par exemple poursuivi l’énergéticien allemand RWE, l’accusant d’être indirectement responsable de la fonte d’un glacier proche de sa maison. La justice allemande a reconnu fin mai le principe d’une responsabilité mondiale des énergéticiens dans les dommages liés au changement climatique.Ces poursuites “visant des entreprises sont en plein essor, avec des procès contre RWE, Exxon, Shell, Chevron, Holcim, etc. Ces procès se basent souvent sur des résultats scientifiques dépassés, sans les derniers progrès, mais c’est en train de changer”, juge Yann Quilcaille.”Le but de notre (étude) est scientifique” mais “nous sommes conscients de son potentiel” pour éclairer ces dossiers, indique le chercheur.

Lecornu promet des “ruptures” en arrivant à Matignon

Des “ruptures” dans “la méthode” mais aussi sur “le fond”: le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a lancé un message aux Français et aux oppositions lors de sa prise de fonction à Matignon pour trouver un compromis permettant la formation d’un gouvernement et l’adoption d’un budget.”Il va falloir des ruptures, et pas que sur la forme, et pas que dans la méthode, des ruptures aussi sur le fond”, a déclaré M. Lecornu depuis le perron de Matignon lors d’une brève déclaration après la passation de pouvoirs avec François Bayrou, renversé lundi soir par les députés.Il s’est ensuite attardé pour saluer les invités et les ministres démissionnaires présents.Pour la traduction concrète de ces “ruptures”, M. Lecornu a indiqué qu’il s’exprimerait prochainement, après avoir lancé mercredi après-midi des consultations politiques puis syndicales.La passation de pouvoir dans la cour de Matignon a eu lieu le jour même d’une mobilisation pour “bloquer” le pays, symbolisée sur les chaînes d’informations par les écrans divisés en deux, montrant à la fois le tapis rouge ministériel et les tensions dans les rues.Sans y faire référence directement, M. Lecornu a dit se fixer comme objectif de mettre fin “au décalage entre la vie politique du pays et la vie réelle” qui devient “préoccupant”.Privé de majorité à l’Assemblée, il a promis d’être “plus créatif”, “plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions”. “On va y arriver (…), il n’y a pas de chemin impossible”, a-t-il plaidé. Quelques instants plus tôt, François Bayrou l’avait assuré que son “aide” lui était “acquise à tout instant”.- Des consultations…Troisième chef du gouvernement nommé depuis la dissolution de l’Assemblée, cinquième depuis le début du second quinquennat Macron, Sébastien Lecornu, 39 ans, est peu connu des Français malgré son long mandat aux Armées depuis 2022.Première tâche confiée par le président à ce fidèle compagnon venu de la droite, ministre de tous ses gouvernements depuis 2017: “consulter” les forces politiques en vue de trouver des “accords” pour préserver la “stabilité institutionnelle” du pays, alors qu’il ne dispose à l’Assemblée nationale d’aucune majorité.Il a reçu dès 14H30 un prédécesseur devenu président du parti présidentiel Renaissance Gabriel Attal, qu’il a raccompagné jusqu’à sa voiture garée dans la cour de Matignon.Le patron des Républicains, ancien parti de M. Lecornu, Bruno Retailleau, également ministre de l’Intérieur démissionnaire, est arrivé à son tour à 15H30 avec le chef de file des députés LR Laurent Wauquiez et son homologue du Sénat Mathieu Darnaud. Edouard Philippe, président d’Horizons, sera reçu à 17H30.Concernant les oppositions, le PS, les écologistes et le PCF ont été contactés par Matignon pour être conviés dans un second temps. La France insoumise, qui réclame le départ d’Emmanuel Macron, compte d’ailleurs déposer une motion de censure spontanée dès la reprise de la session parlementaire, si Sébastien Lecornu ne demande pas la confiance.Enfin, au Rassemblement national, on assure qu’une invitation devrait parvenir prochainement. “Soit il y a rupture, soit il y aura censure”, a grondé le président du RN Jordan Bardella depuis le Parlement européen, en prédisant un “bail très précaire” au Premier ministre.La mission de Sébastien Lecornu, qui arrive auréolé d’une réputation d’habile négociateur, est à haut risque dans un paysage politique éclaté et au vu des réactions très fraîches voire hostiles des oppositions à l’annonce de sa nomination.-… pour quelles concessions ? -Pour tenir, le futur gouvernement devra obtenir a minima une non-censure du PS, indispensable pour doter la France d’un budget pour 2026, dont la préparation vient de faire tomber le gouvernement sortant qui avait présenté un effort de 44 milliards d’euros.Mais “sans justice fiscale, sociale, écologique, sans mesure pour le pouvoir d’achat, sans mise à contribution des très gros patrimoines, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets”, à savoir la censure, a prévenu le patron des députés socialistes Boris Vallaud sur RTL.Selon un interlocuteur régulier de M. Macron, le président pourrait cette fois accepter de réelles concessions aux socialistes, par exemple sur la taxation des plus riches, jusqu’ici un tabou pour lui.Comme preuve de “changement de méthode”, le patron du PS Olivier Faure a demandé mercredi qu’il s’engage à ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution, utilisé pour faire adopter sans vote tous les budgets depuis 2022. 

Un salarié malade pendant ses congés payés peut les reporter, selon la Cour de cassation

Un salarié qui tombe malade pendant ses vacances a “le droit de voir son congé payé reporté”, selon un communiqué publié mercredi par la Cour de cassation.L’arrêt de la plus haute juridiction était attendu pour mettre le droit français en conformité avec le droit européen, qui prévaudra donc, pourvu que “l’arrêt maladie soit notifié par le salarié à son employeur”.En droit de l’Union européenne, “l’objectif du congé payé est de permettre aux salariés non seulement de se reposer, mais aussi de profiter d’une période de détente et de loisirs”, explique la Cour de cassation.L’objectif du congé de maladie est différent: il doit “permettre aux salariés de se rétablir d’un problème de santé”, poursuit le communiqué qui explique que “ces deux droits n’ont donc pas la même finalité”.Dans un autre arrêt publié mercredi, la Cour de cassation a décidé, à la suite d’un pourvoi de trois salariés, le droit au paiement d’heures supplémentaires pour un salarié au décompte horaire, y compris “sur la semaine au cours de laquelle il a posé un jour de congé payé et n’a donc pas réalisé 35 heures de travail effectif”.Là aussi, le raisonnement est fondé sur le droit européen qui veut que “toute mesure pouvant dissuader un salarié de prendre ses congés payés est interdite”.Or “un calcul des heures supplémentaires qui ne tient pas compte des jours de congé payé fait perdre au salarié un avantage financier qui peut le dissuader de se reposer”.

Migrants: trois morts et trois disparus dans deux drames distincts dans la Manche

“Une nuit comme on n’en avait pas vécu depuis plusieurs mois”: trois migrants sont morts et trois autres ont “vraisemblablement” disparu lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche entre mardi et mercredi, selon un bilan toujours provisoire.Tôt mercredi matin, le remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage Abeille Normandie a ramené au port de Boulogne-sur-Mer un groupe de 44 migrants, dont trois personnes inanimées, déclarées décédées peu après.Ces trois victimes ont “vraisemblablement” été “écrasées au fond” d’une embarcation partie de Sangatte, près de Calais, a déclaré le préfet du Pas-de-Calais Laurent Touvet lors d’un point presse à Boulogne-sur-Mer.Selon les premiers éléments à sa disposition, deux des personnes décédées seraient originaire de l’Asie du sud-est et la troisième “serait plutôt égyptienne, et ce sont des personnes jeunes (…) peut-être deux mineurs”. Il s’agirait d’une femme et de deux hommes, a ajouté M. Touvet.Trois autres personnes qui étaient à bord de la même embarcation ont été hospitalisées à Boulogne-sur-Mer, et les 38 autres personnes secourues ont été débarquées dans la même ville.Malgré ce drame, l’embarcation a poursuivi sa route, 28 autres de ses occupants ayant “refusé l’assistance proposée” par les moyens français, selon un communiqué de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar) diffusé ultérieurement.- Recherches en cours -Lors d’un autre incident mardi soir, trois personnes ont “vraisemblablement” disparu en mer lors du départ chaotique d’une autre embarcation près de Neufchâtel-Hardelot, au sud de Boulogne-sur-Mer, toujours selon le préfet.”Une personne a pu être réanimée par les gendarmes alors qu’elle était en train de se noyer”, mais “un peu plus tard, on a entendu des cris dans la mer de personnes plus éloignées”, selon M. Touvet.Les recherches menées par des moyens nautiques et aériens n’ont pas permis “de nouvelle détection de naufragé”, selon le communiqué de la Prémar. Mais des opérations de recherches étaient “toujours en cours” mercredi après-midi, a précisé un porte-parole de la Prémar à l’AFP.Deux enquêtes distinctes ont été ouvertes sur ces deux affaires, a déclaré à l’AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer Cécile Gressier. Dans celle de Neufchâtel-Hardelot, quatre naufragés doivent être entendus, dont la personne ayant été sauvée de la noyade, a-t-elle précisé.Cela porte à au moins 23 le nombre de décès survenus lors de tentatives de traversées clandestines de la frontière franco-britannique depuis le début de l’année, selon un comptage de l’AFP à partir de données françaises officielles.- Bateau surchargé record -C’est “une nuit comme on n’en avait pas vécu depuis plusieurs mois”, a résumé M. Touvet.”Le bilan aurait pu être beaucoup, beaucoup plus lourd” a-t-il toutefois souligné: un troisième bateau en difficulté a été secouru avec 115 personnes à bord, probablement un “record” pour une embarcation clandestine dans la région, selon le préfet.Cette embarcation partie de Dieppe comptait même 125 passagers initialement, dix ayant été secourus à bord quelques heures plus tôt, selon la Prémar.Ces traversées périlleuses se font avec des canots pneumatiques de quelques mètres de long surnommés “small boats”, souvent surchargés et dont peu de passagers ont des gilets de sauvetage.Plus de 30.000 personnes sont arrivées de la sorte sur les côtes anglaises depuis janvier selon le ministère de l’Intérieur britannique, un chiffre record à ce stade de l’année. La seule journée de samedi a vu 17 embarcations et plus de 1.000 migrants réussir la traversée, toujours selon les autorités britanniques.Mardi, une femme migrante a été déclarée décédée sur le rivage britannique à l’issue d’une tentative de traversée.Depuis son élection en juillet 2024, le gouvernement du travailliste Keir Starmer a multiplié les initiatives pour tenter de limiter les arrivées au Royaume-Uni, mais il peine à endiguer ce phénomène.Sa nouvelle ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood, nommée vendredi, a promis que des expulsions de migrants vers la France, prévues dans le cadre d’un accord bilatéral entré en vigueur en août et censé avoir un effet dissuasif sur les traversées clandestines, débuteront “de manière imminente”.Londres a assuré début août avoir commencé à placer en détention des migrants arrivés par “small boats” dans le cadre de cet accord aux contours encore flous, régulièrement dénoncé par les associations.

“Bloquons tout”: de la Rochelle à Valenciennes, paroles de manifestants

Ils exigent de “taxer les ultra-riches”, ressentent la nomination à Matignon de Sébastien Lecornu comme “une provocation” ou veulent “vivre dignement”: quelques paroles recueillies par l’AFP parmi les quelques dizaines de milliers de manifestants qui ont participé mercredi au mouvement national “Bloquons tout”. – “Ultra-riches, mangeons-les!””Il faut arrêter le mépris de classes, on ne veut plus que les 500 familles les plus riches de France amassent tout l’argent”, clame Marion, 43 ans, employée au port de commerce de La Rochelle en brandissant une pancarte “Ultra-riches, taxons-les, mangeons-les”. Comme beaucoup de manifestants, elle ne souhaite pas donner son nom de famille.”On en a marre que les gros s’engraissent depuis des années, que nos tout petits salaires n’augmentent jamais”, lance Karine, 52 ans, auxiliaire de vie sociale, dans la même ville. Egalement croisé à la Rochelle, Christian, 59 ans, travaille dans le service enfance-jeunesse d’une collectivité locale. En 40 ans de travail, c’est son troisième jour de grève: “Je veux exprimer un ras-le-bol, sans violence et sans haine. Je voudrais qu’il y ait une meilleure répartition de l’argent.” “Ce que je voudrais, c’est une fiscalisation juste”, renchérit Thérèse, 75 ans, à Nantes. “D’en haut, de Matignon, on parle des “boomers”, on oppose les générations. Mais il peut y avoir des jeunes très riches et des vieux très pauvres. Ce qu’il faut avant tout pour réduire les inégalités, c’est une fiscalisation plus juste, qui ne favorise pas les ultra-riches.”- Lecornu, “une provocation””La nomination de Lecornu a fini de nous énerver!”, s’agace une manifestante sur un rond-point à Guéret, dans la Creuse. “C’est un doigt d’honneur et ça nous mobilise encore plus.””Mettre un ministre des Armées à la tête du gouvernement, ça peut nous faire rigoler, c’est attention on va sortir les armes!”, affirme Jérôme Guilain, délégué syndical Sud chez Amazon Lauwin-Planque, près de Douai (Nord). “C’est de la provocation”, renchérit Marc Lambert secrétaire général SUD-Rail Lille. A Nantes, Mendoff, un agriculteur de 26 ans, manifeste: “La nomination de Lecornu, c’est un statu quo. Et surtout, c’est une couche de mépris supplémentaire. Les dernières législatives ont montré qu’on ne voulait pas de cette ligne-là. Ça suffit.” Warren, à Lyon, est “venu pour manifester et bloquer contre Macron et son monde. Tout simplement parce que même s’il a fait sauter Bayrou, il nous a mis Lecornu et c’est Macron qui continue à faire du Macron”.- “Vivre dignement”Evelyne Bazin, retraitée de 67 ans, ancienne factrice, manifeste à Bordeaux: “J’ai travaillé toute ma vie, dur, et aujourd’hui ma retraite de misère ne me suffit pas à vivre dignement. Je dois tout calculer, si j’achète de la viande aujourd’hui, je me prive d’un truc demain.”Eloïse Jacquet, 20 ans, étudiante dans la même ville pour devenir assistante sociale, parle d’une “accumulation de colère”: “mon diplôme est supposé me garantir un avenir mais aujourd’hui je ne sais pas si j’aurai un emploi ou s’il me permettra de vivre. Il y a un grand mépris de la part du gouvernement. On met beaucoup d’argent dans la défense, l’armement mais la santé et les services publics dépérissent”.”On en a marre parce que on a l’impression d’être de la génération sacrifiée parce que par exemple au lycée, il n’y a plus de moyens pour l’éducation, on a envie que ça change”, déclare Yonah, 17 ans, devant le lycée Lavoisier à Paris. – “Plus de révolutionnaires sur Facebook”Ils voulaient bloquer un dépôt pétrolier au sud de Valenciennes (Nord) mais les forces de l’ordre les ont devancés. Parmi eux, Cédric Brun, 46 ans, tourneur-fraiseur et secrétaire CGT chez PSA Valenciennes, 46 ans, s’est replié sur un rond-point à Petite Forêt. “On pensait être plus nombreux”, regrette-t-il. “Ce qui est malheureux c’est qu’il y a plus de révolutionnaires sur Facebook que dans la réalité”.

“Bloquons tout”: pas de pays à l’arrêt mais une profusion d’actions et des manifestants par milliers

Pas de pays à l’arrêt, mais la France connaît un 10 septembre sous tension mercredi avec des centaines de blocages ou de tentatives, contrées par les forces de l’ordre, et des dizaines de milliers de manifestants défilant contre l’austérité budgétaire et les inégalités.A 11H00, le ministère de l’Intérieur a recensé 29.000 participants sur 430 actions, dont 273 rassemblements et 157 blocages lors d’une journée de mobilisation atypique, née d’appels hétéroclites sur les messageries et les réseaux sociaux et centrée sur les efforts budgétaires envisagés par le gouvernement.”C’est vraiment un ras-le-bol global sur ce qui se passe en France, sur le fait que les politiques n’écoutent pas les urnes”, a déclaré à l’AFP Bastien, un étudiant de 23 ans, qui a défilé à Rennes au milieu de 10.400 personnes, selon la préfecture.”Il y a un budget de l’Etat qui a été mal géré et on nous accuse d’être à l’origine de cette dette, et c’est à nous de travailler plus pour rembourser”, a déclaré à l’AFP Juliette, travailleuse sociale à Clermont-Ferrand âgée de 30 ans, qui n’a “pas l’habitude” de manifester et n’est pas syndiquée.A Brest, les manifestants étaient 5.000, 2.200 à Lorient, 2.000 à Orléans et autant à Bordeaux, selon les préfectures.A Paris, où plusieurs centaines d’étudiants s’étaient rassemblés le matin devant la Sorbonne, plusieurs milliers de manifestants, dont beaucoup de jeunes, étaient réunis en début d’après-midi place du Châtelet dans une ambiance d’abord festive puis un peu plus tendue.- “même bord politique” -A Nantes, Mahault, une éducatrice spécialisée de 52 ans en grève estimait que “les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Le changement de Premier ministre n’y changera rien, je n’en attends rien: c’est le même bord politique, la succession”.Le nouveau chef du gouvernement Sébastien Lecornu, qui a pris ses fonctions à l’hôtel de Matignon peu avant 13H00, a lui promis “des ruptures sur le fond” et “pas que sur la forme”.   Pour la plupart, les actions matinales se sont déroulées dans un calme relatif mais il y a eu quelques débordements comme sur la rocade de Rennes où un bus a été saccagé et incendié par des manifestants, a rapporté Star, le réseau de transports en commun de la ville.Les tentatives de blocage se sont souvent heurtées à l’action préventive de forces de l’ordre en nombre, comme à Marseille, où, prépositionnées à l’avance, elles ont empêché 200 personnes d’accéder à l’autoroute venant de Toulon.Le ministre de l’Intérieur démissionnaire et président Les Républicains (LR) Bruno Retailleau a dénoncé cette action et a de nouveau accusé “la mouvance de l’extrême gauche” d’avoir “confisqué” cette mobilisation née sur les réseaux sociaux et soutenue par la gauche, de LFI au PS.A 14H30, 183 personnes avaient été interpellées en agglomération parisienne. Au niveau national, le ministère de l’Intérieur a fait état de 295 interpellations à 13h00. Une centaine de lycées étaient perturbés et 27 bloqués, selon le ministère de l’Education nationale, notamment à Paris, à Montpellier, Rennes et Lille. Des mobilisations étudiantes ont été recensées à Paris, Rennes, Grenoble, Montpellier, Toulouse, Lyon, Mulhouse et Nice, selon l’Union étudiante et l’Unef.- Louvre et Orsay touchés -Cette journée d’actions disparates est soutenu par certains syndicats. La CGT et Solidaires ont appelé à s’y joindre quand la CFDT et FO, notamment, ont préféré se concentrer sur la journée intersyndicale du 18.Côté transports, la circulation des trains a été coupée par des occupations de voies à Cherbourg et Valence, selon la SNCF. A Paris et en Ile-de-France, les transports en commun connaissent quelques perturbations, “conformes aux prévisions” selon les opérateurs de transport. A la gare du Nord, à Paris, où le trafic a été très brièvement interrompu, la situation s’était également tendue en fin de matinée avec les forces de l’ordre qui filtraient les entrées.Au musée du Louvre à Paris, seules quelques salles étaient ouvertes. Le musée d’Orsay restait lui complètement fermé. Sur décision préfectorale, une étape du Tour de l’Ardèche féminin a par ailleurs été annulée par mesure de sécurité.Dans les raffineries TotalEnergies, où la CGT avait appelé à faire grève, la mobilisation était “très faible”, selon un responsable syndical à l’AFP.La convergence des colères se fait aussi, partiellement, avec celle du monde agricole. La Confédération paysanne, 3e syndicat agricole français, a annoncé sa participation. Ce mouvement horizontal, sans chef de file identifié, rappelle celui des Gilets jaunes, il y a sept ans, mais rassemble des personnes plus jeunes et plus politisées, selon une récente enquête de la fondation Jean Jaurès.