AFP Top News

Bardella promet la censure à un gouvernement du bloc central

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a rappelé mardi, au lendemain de la chute du gouvernement de François Bayrou, que le RN censurerait tout Premier ministre qui ne peut pas “rompre avec la politique menée depuis huit ans”.”La question du figurant importe peu, c’est la politique de fond qu’il faut changer”, a balayé le patron du parti d’extrême droite sur RTL, renouvelant son appel à une nouvelle dissolution débouchant sur des législatives anticipées.  “Si (Emmanuel) Macron fait le choix de nommer un nouveau Premier ministre, alors ce Premier ministre n’a aucune autre possibilité que de rompre avec la politique qui est menée depuis huit ans”, a-t-il tancé. “Auquel cas les mêmes causes entraîneront les mêmes conséquences et entraîneront par définition une censure du gouvernement”, a-t-il ajouté. Le Rassemblement national plaide pour “revenir devant les Français” sans quoi, “je ne vois pas comment quelque chose de sain pourrait émerger”, a estimé Jordan Bardella, alors que deux Premiers ministres sont déjà tombés depuis la dissolution de juin 2024.”Si on ne change pas les politiques, si on ne change pas les gens qui sont au pouvoir”, le “quotidien” des Français “ne pourra pas changer”, a-t-il insisté.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Braun-Pivet “évidemment” prête à aller à Matignon

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite prête mardi à aller Matignon pour y mettre en oeuvre un éventuel “pacte de coalition”, promettant si c’était le cas de gouverner sans faire usage du 49.3 et de demander d’emblée un vote de confiance.”Je ne suis pas candidate” pour Matignon, “en revanche je suis disponible pour œuvrer dans l’intérêt de mon pays”, a affirmé sur RTL la députée Renaissance des Yvelines, alors que le Premier ministre François Bayrou doit présenter en fin de matinée sa démission au président de la République.”Si d’aventure, il fallait assumer cette mission-là, évidemment je ne rechignerais pas”, a-t-elle aussi déclaré.Mme Braun-Pivet, qui reçoit à 9H30 les présidents des différents groupes politiques de l’Assemblée, plaide pour la conclusion entre ceux qui le souhaitent, d’un “programme d’action jusqu’en 2027″.”Nous discuterons de cela et du fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il n’y a pas une minute à perdre pour essayer de se mettre d’accord sur ce pacte de responsabilité et de stabilité”, a-t-elle dit, soulignant l’urgence de doter la France d’un budget pour 2026.Si elle était nommée, Mme Braun-Pivet s’engagerait à renoncer à faire usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, qui permet de faire adopter des textes sans vote, et voudrait solliciter un vote de confiance de l’Assemblée.”Il faut le faire d’entrée de jeu sur le pacte de coalition pour que le pacte de coalition soit clair pour les Français, et que l’acceptation de la représentation nationale soit claire”, a-t-elle soutenu.Pour atteindre une majorité absolue, Mme Braun-Pivet souhaite associer “les socialistes”, les “écologistes” à la coalition gouvernementale actuelle. Sur le plan programmatique, la titulaire du perchoir a souligné qu’il faudrait faire des “compromis” et probablement revenir sur le projet de l’actuel gouvernement de réduire le déficit de 44 milliards d’euros en 2026.Elle a prôné l’abandon de la proposition de M. Bayrou de supprimer deux jours fériés, et souhaité l’adoption d’un “budget qui soit juste, équitable”.

Les actionnaires de Kering appelés à valider l’arrivée du nouveau directeur général Luca de Meo

L’assemblée générale des actionnaires de Kering doit valider mardi l’arrivée de l’Italien Luca de Meo, venu de Renault, au poste de directeur général, avec pour mission de redresser le groupe français du luxe en commençant par relancer sa marque phare Gucci.Kering avait officialisé à la mi-juin l’arrivée de Luca de Meo à un poste nouvellement créé de directeur général, l’actuel PDG François-Henri Pinault, 63 ans, conservant la présidence du groupe. Le dirigeant italien de 58 ans, qui a fait toute sa carrière dans l’industrie automobile, était depuis cinq ans à la tête du constructeur français Renault qu’il a contribué à redresser.Lors de l’assemblée générale, les actionnaires de Kering voteront la nomination de Luca de Meo en qualité d’administrateur ainsi que les modalités de sa rémunération en tant que directeur général. Le vote sera sans surprise puisque la famille Pinault, via sa holding Artémis, possède 42,3% du capital de Kering et 59,3% des droits de vote.Lucas de Meo sera ensuite nommé directeur général lors du conseil d’administration tenu à l’issue de l’assemblée générale.Les actionnaires de Kering seront aussi appelés à voter une “indemnité de prise de fonction” de 20 millions d’euros pour Luca de Meo, qui a quitté la tête de Renault un an après le début de son deuxième mandat.”En acceptant les fonctions de directeur général de Kering, Luca de Meo a perdu le bénéfice d’éléments de rémunération variable de long terme qui lui avaient été attribués au titre de ses précédentes fonctions de directeur général de Renault”, est-il écrit dans l’avis de convocation de l’assemblée générale de Kering.Estimant à 20 millions d’euros ces éléments de rémunération perdus par Luca de Meo, “le conseil d’administration a décidé de lui attribuer une indemnité de prise de fonctions d’un montant équivalent”, est-il précisé.Cette indemnité sera versée pour 75% en numéraire et 25% en actions Kering. – Prise de fonction le 15 septembre -Les actionnaires devront également se prononcer sur une prolongation de la limite d’âge du président de 65 à 80 ans et du directeur général de 65 à 70 ans.Luca de Meo, qui prendra ses fonctions le 15 septembre, devra redresser Kering. Le groupe a annoncé en juillet une chute de 46% de son bénéfice net au premier semestre, à 474 millions d’euros, et un plongeon de 16% de son chiffre d’affaires, à 7,6 milliards d’euros. Il lui faudra donner un second souffle au mastodonte Gucci, qui représente 44% du chiffre d’affaires du groupe et un peu moins des deux tiers de sa rentabilité opérationnelle. Les ventes annuelles de la marque ont fortement reculé entre 2022 et 2024, passant de 10,5 milliards d’euros à 7,65 milliards d’euros. Le premier semestre 2025 n’a pas été meilleur: le chiffre d’affaires s’est effondré de 27%, à 1,46 milliard d’euros.Sabato de Sarno, qui avait pris la tête de la direction de la création de Gucci après le départ fin 2022 d’Alessandro Michele, a été remplacé en mars par Demna qui a quitté Balenciaga, autre marque du groupe.Dans un marché du luxe chahuté par une conjoncture défavorable, les autres marques de Kering sont aussi à la peine. Les ventes d’Yves Saint Laurent ont reculé de 11% au premier semestre et celles des “autres maisons”, section qui comprend Balenciaga, de 15%. Seules Bottega Veneta et Kering Eyewear, la branche lunetterie et beauté, connaissent une très légère hausse des ventes, de 1% et 2%.Le groupe va devoir également alléger sa dette financière, qui est passée d’un niveau proche de zéro en 2021 à 9,5 milliards au premier semestre 2025, en raison notamment de l’acquisition de la marque de parfums Creed, de 30% de Valentino et de biens immobiliers.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

L’ex-anesthésiste de Besançon face aux cas qui ont précipité sa chute

Huit ans après les faits, la cour d’assises du Doubs se penche mardi sur les empoisonnements de deux patients qui ont déclenché l’enquête préliminaire ayant conduit à la mise en examen de l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier.Le 11 janvier 2017, Sandra Simard, 36 ans, fait un arrêt cardiaque lors d’une opération du dos. Le Dr Péchier vient aider ses collègues à la réanimer, et préconise de lui administrer du gluconate de calcium, une solution inhabituelle dans de telles circonstances.Ne comprenant pas pourquoi sa patiente, jeune et en bonne santé, a été victime d’un arrêt cardiaque, la médecin qui l’avait anesthésiée fait saisir, à des fins d’analyse, les poches de soluté utilisées lors de l’opération. Certaines sont même récupérées dans les poubelles.Dans une poche de réhydratation est découverte une concentration de potassium 100 fois supérieure à celle attendue. La direction de la clinique Saint-Vincent alerte alors le parquet de Besançon.Le 20 janvier, alors que des enquêteurs de la police judiciaire se trouvent dans l’établissement, Jean-Claude Gandon, 70 ans, fait à son tour un arrêt cardiaque au cours d’une opération dont l’anesthésie était cette fois confiée au Dr Péchier. Les investigations révèlent une intoxication à la mépivacaïne, un anesthésique local.C’est la première et seule fois qu’un patient du Dr Péchier est victime d’un arrêt cardiaque suspect. Il survivra.L’anesthésiste, qui avait signalé la présence de poches de paracétamol étrangement percées dans la salle d’opération, s’estime victime d’un acte malveillant. “Ça y est, je m’en suis pris un !” dit-il à un collègue.- Malveillance ou alibi ? -Mais les enquêteurs le soupçonnent au contraire d’avoir sciemment empoisonné son propre patient afin de se forger un alibi.  Ces deux “événements indésirables graves” (EIG) seront les premiers évoqués lors du procès de Frédéric Péchier qui s’est ouvert lundi à Besançon et doit s’achever le 19 décembre.”On attend ses arguments avant tout”, a déclaré lundi à la presse Sandra Simard, qui a survécu à l’opération et est aujourd’hui coprésidente de l’association des victimes. Elle se félicite “que la justice ait mis les moyens pour ce procès” hors-normes, qui doit durer jusqu’au 19 décembre et où Frédéric Péchier fait face à plus de 150 parties civiles.Au total, l’ex-anesthésiste est accusé d’avoir provoqué un arrêt cardiaque chez 30 patients, âgés de quatre à 89 ans (dont 12 sont morts), en polluant volontairement des poches de solutés ou de paracétamol. Dans cette affaire “sans équivalent dans les annales judiciaires françaises”, il s’en serait pris à “des patients en bonne santé, pour nuire à des collègues avec lesquels il était en conflit” et démontrer ensuite ses qualités de réanimateur, avait soutenu l’ancien procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux.- “Jamais empoisonné” personne -Devant la cour, Frédéric Péchier a réaffirmé lundi ce qu’il dit depuis le début, qu’il n’a “jamais empoisonné” personne.Après huit ans d’enquête, il comparaît libre mais risque gros: la réclusion criminelle à perpétuité. Jadis décrit comme star des anesthésistes de Besançon, ce père de trois enfants a tout perdu: il a divorcé, ne travaille plus et vit désormais du RSA.”C’est quelqu’un qui est acculé depuis huit ans sans que réellement il lui ait été donné la parole pour s’exprimer”, a déploré devant les journalistes Me Lee Takhedmit, un de ses avocats.”Ce n’est pas à Frédéric Péchier de prouver son innocence, c’est au ministère public, à l’accusation, de prouver sa culpabilité”, a insisté Me Randall Schwerdorffer, son autre défenseur.Le procès doit durer jusqu’au 19 décembre. “Si dans trois mois et demi, il m’a convaincu, je serai le premier à demander son acquittement”, confie Me Frédéric Berna, qui défend plusieurs parties civiles. “Mais pour l’instant, pour moi, sa culpabilité ne fait aucun doute.”

“Pots de départ” pour fêter la chute du gouvernement Bayrou et préparer le 10-Septembre

Des milliers de manifestants ont fêté lundi soir la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement “Bloquons tout” le 10 septembre.De source policière, 200 mobilisations ont fédéré “11.000 personnes”.”Les actions les plus significatives” ont été observées à Rennes (750 personnes), Lyon (500 personnes), Brest (400 personnes), Grenoble (250 personnes) et le Havre (220 personnes) dans une ambiance “globalement festive”, a-t-on ajouté de même source.”Des déambulations sauvages” ont été constatées à Rennes, Toulouse et Grenoble, a souligné la source policière. “A Lyon, des protestataires ont procédé à des tirs de mortiers d’artifice, ce qui a engendré un mouvement de foule”, mais le calme est revenu après l’intervention des forces de l’ordre, a-t-elle précisé.A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées “Bye bye Bayrou” et “le 10/09 on bloque tout”, quelques confettis survolant le regroupement.”On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent”, rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi.A Rennes, des centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis.Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre-ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise.”On est au bout du système” avec “une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer”, assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant.A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant.”C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage” à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans.Selon Marius, 25 ans, “il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise” en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que “le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus”.A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare.”Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron”, lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne.Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont François Bayrou est le maire.Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre “dans les tout prochains jours”.kal-ld-laf-cg-boc-mk/ito/bfa/dsa

Entre rancoeur, lassitude et soulagement, les députés face au crépuscule Bayrou

Journée crépusculaire au palais Bourbon: totalement dénuée de suspense, la chute de François Bayrou a plongé les députés dans la circonspection, attisant lassitude et amertume chez les uns, soulagement chez les autres. Avec en toile de fond, l’ombre tenace d’une nouvelle dissolution.Cette issue, à laquelle pousse Marine Le Pen, a été écartée au moins à court terme par l’Elysée, qui a annoncé lundi soir la nomination rapide d’un nouveau Premier ministre.194 votes pour, 364 votes contre. En début de soirée, le couperet est tombé, implacable. La donne était jouée d’avance pour François Bayrou, qui devient le premier à perdre un vote de confiance sollicité au Parlement sous la Ve République, après neuf mois en poste.Dans l’hémicycle, un silence se fait au moment de l’annonce du résultat, mais il est de courte durée, rompu par les applaudissements de députés La France insoumise (LFI), debout.François Bayrou reste impassible, et après une accolade à deux de ses ministres, quitte les lieux. Mais malgré le moment historique, le palais Bourbon n’a guère semblé traversé par la solennité: ni les journalistes venus de nombreux pays, ni les invectives des chefs de groupe parlementaire dans l’hémicycle n’ont effacé l’ambiance de fin de règne… Une atmosphère bien éloignée des frissons qui avaient parcouru l’Assemblée nationale lors de la censure du gouvernement Barnier, le 4 décembre 2024.Ainsi le discours de François Bayrou, d’ordinaire enclin à s’épancher, n’aura duré qu’une quarantaine de minutes, sans susciter plus d’agitation que d’ordinaire dans l’hémicycle, sous l’oeil attentif de Jean-Luc Mélenchon et Marine Tondelier, assis dans la tribune des visiteurs.L’ambiance a même parfois pris des airs de drôle de rentrée scolaire, avec des députés ravis de se retrouver après plus d’un mois et demi de suspension des travaux parlementaires.- “Gâchis” – Les mêmes sourires ont accompagné à la mi-journée l’arrivée des Insoumis au palais Bourbon. Pour LFI, c’est “le soulagement” qui prédomine, s’enthousiasme la députée Aurélie Trouvé, non sans appeler au “départ du président de la République”.”Cette journée est un crépuscule qui n’en finit pas”, se désespère l’écologiste Sabrina Sebaihi, qui souligne elle aussi le “soulagement de repartir d’une page blanche” après “une agonie très longue”.Des mines satisfaites se lisent également sur les visages des élus du Rassemblement national (RN): “Nous n’avons qu’une envie, c’est retourner aux urnes”, glisse la députée Laure Lavalette.Les troupes de la coalition gouvernementale, elles, oscillent entre rancoeur et lassitude. “Je ne peux pas imaginer qu’il ait pensé que le coup de bluff pouvait passer”, s’agace un député Les Républicains (LR). “Il se protège mais il nous met tous dans une espèce de nasse.” Le député Renaissance Jean-René Cazeneuve glisse lui aussi que François Bayrou aurait dû “commencer par la négociation”. Et fait part d'”une sensation profonde de tristesse, de gâchis, face aux postures des oppositions”.Avec une inquiétude majeure, l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée si le blocage institutionnel persiste. “Quand bien même personne ne le souhaite, on ne peut pas ignorer que cette option existe”, affirme une source du groupe Renaissance.”Nous sommes dans une impasse dont personne ne pense que nous soyons la solution”, se désole un député du même groupe.- “A quoi on sert ?” -Dans les couloirs, la valse des candidats à Matignon reprend de plus belle: Catherine Vautrin ? Sébastien Lecornu ? Bernard Cazeneuve ? Olivier Faure ? A moins qu’un profil technique n’émerge, ou qu’un médiateur ne soit nommé pour aboutir à un accord de gouvernement ?Rumeurs pour Matignon, rumeurs de dissolution… L’impuissance en guette certains. “On a l’impression de faire et défaire. Faire et défaire c’est toujours travailler, mais espérons qu’on finisse par faire quelque chose quand même”, s’alarme le socialiste Philippe Brun. “On participe un peu aussi à ce manège malgré nous, mais nous sommes obligés de censurer François Bayrou.””Beaucoup de jeunes députés se posent la question: +A quoi on sert ?+”, admet son collègue centriste Charles De Courson. “Il faut avoir le cuir épais et savoir gérer le temps”, philosophe le plus ancien des députés.

L’Assemblée renverse Bayrou, Macron nommera son successeur dans les “tout prochains jours”

L’Assemblée a renversé lundi François Bayrou, qui a échoué à obtenir la confiance des députés. Les regards sont désormais tournés vers Emmanuel Macron, qui nommera un nouveau Premier ministre “dans les tout prochains jours”, en dépit des appels à la dissolution ou à sa démission.Une demi-heure après le vote, l’Elysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron recevrait mardi le chef du gouvernement pour “accepter la démission de son gouvernement”.Quant à François Bayrou, il souhaite “une passation la plus fluide possible pour que très rapidement, la prochaine équipe puisse se mettre au travail”, a expliqué Matignon. Des réponses, indirectes, à ceux qui réclament le départ du chef de l’Etat ou une dissolution.”Nous avons besoin, à la suite d’un mouvement dégagiste, d’un moment refondateur. Seule l’élection présidentielle” le permet, a réaffirmé Jean-Luc Mélenchon sur France 2.”Un nouveau gouvernement, au vu de l’équation politique, ne passera probablement pas la discussion budgétaire”, a affirmé Marine Le Pen, martelant que “la dissolution n’est pas pour (Emmanuel Macron) une option, mais une obligation”.La cheffe de file de l’extrême droite, qui a appris lundi la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants d’eurodéputés, lui ayant valu une inéligibilité (13 janvier au 12 février 2026), se dit prête à “sacrifier” son mandat de députée pour porter son parti à Matignon.La patronne des Ecologistes Marine Tondelier a, elle, appelé le chef de l’Etat à recevoir les chefs des partis de gauche avant de nommer le prochain Premier ministre.- Pression budgétaire et sociale -Plus tôt dans l’après-midi, François Bayrou avait défendu devant les députés son diagnostic sur l’état des finances publiques, qui engage “le pronostic vital” du pays, selon lui.Sans conjurer le sort promis depuis quinze jours. Au terme d’un débat marqué par un sévère réquisitoire des oppositions, seuls 194 députés (macronistes, MoDem, Horizons et Républicains) ont voté pur la confiance.Largement insuffisant face aux 364 voix conjuguées de ses opposants, allant du Rassemblement national à La France insoumise. Plus dommageable pour la coalition gouvernementale, 27 députés LR ont voté pour la confiance mais 13 ont voté contre, et 9 se sont abstenus.Et si le résultat était attendu, il n’en reste pas moins historique: François Bayrou devient le Premier chef de gouvernement de la Ve République à échouer sur tel vote de confiance qu’il n’était pas obligé de solliciter, moins d’un an après la censure du gouvernement de Michel Barnier.Plusieurs “pots de départ” ont été organisés en France pour fêter la future démission du M. Bayrou. “On voit passer les gouvernements successifs, mais au-delà des gouvernants c’est un changement de politique qu’il faut aujourd’hui”, a relevé à Nantes Léo Sanson, 30 ans.Les tractations pour remplacer le patron du MoDem sont déjà bien entamées, pressées par l’impératif du budget 2026.Plusieurs dates plaident aussi pour une vacance courte: les mobilisations “Bloquons tout” le 10 septembre, syndicales le 18, ou la décision vendredi de l’agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française.- “Qu’il vienne nous chercher” -Le Parti socialiste s’est de nouveau placé au centre du jeu. “Les socialistes sont prêts”, a martelé à la tribune le chef de leur groupe, apostrophant Emmanuel Macron : “qu’il vienne nous chercher”.Mais dans l’entourage du Président, peu voient Emmanuel Macron nommer le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui rejette lui-même l’idée d’un gouvernement “commun” avec des macronistes. Sur TF1, il a indiqué ne pas avoir été contacté par le président.Le patron des Républicains Bruno Retailleau a prévenu: “hors de question” d’accepter un Premier ministre socialiste. Sur France 2, le ministre de l’Intérieur a assuré ne pas être “sur les rangs” pour Matignon.Plus probable: la négociation d’un accord de non-censure par une personnalité de droite ou du centre. “Le plus stable, c’est le socle commun qui dialogue avec les socialistes”, estime un proche du président.Pour obtenir cet accord, Emmanuel Macron doit accepter “qu’il n’a plus de majorité” et qu’il “doit revoir ses politiques fiscales pour permettre la stabilité”, a estimé sur LCI le leader de Place Publique, Raphaël Glucksmann.Plusieurs noms circulent : les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Éric Lombard (Économie), le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, l’ancien chef de la diplomatie et ex-socialiste Jean-Yves Le Drian…Autre solution proposée dans les couloirs du Palais Bourbon lundi, un négociateur chargé de trouver un accord budgétaire. Le président de Renaissance Gabriel Attal a notamment plaidé pour un “accord d’intérêt général” de dix-huit mois jusqu’à la présidentielle.

Assistants parlementaires du FN: Marine Le Pen jugée en appel du 13 janvier au 12 février 2026

Marine Le Pen sera jugée en appel du 13 janvier au 12 février 2026 dans l’affaire des assistants parlementaires européens du FN, une échéance judiciaire et politique cruciale avant la présidentielle de 2027 pour la patronne de l’extrême droite, actuellement inéligible.Le Rassemblement national (ex-FN), Marine Le Pen ainsi que onze autres personnes, soit la moitié des condamnés en première instance, seront rejugés cet hiver au cours de cinq semaines de débats pour détournement de fonds publics au préjudice du Parlement européen, selon le calendrier fixé lundi par la cour d’appel de Paris lors d’une audience d’organisation.Le 31 mars, le tribunal correctionnel de Paris a condamné la cheffe des députés du Rassemblement national (ex-Front national, FN) à quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme, 100.000 euros d’amende et, surtout, une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate.La justice l’a reconnue coupable, ainsi que 24 anciens eurodéputés, assistants, expert-comptable et le parti d’extrême droite en tant que personne morale, d’avoir mis en place un “système” entre 2004 et 2016 pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen pour un préjudice économique évalué au final à 3,2 millions d’euros.Seules douze des personnes condamnées ainsi que le parti ont fait appel, notamment le maire de Perpignan Louis Aliot, le député Julien Odoul, l’eurodéputé Nicolas Bay, Wallerand de Saint-Just et Bruno Gollnisch, deux cadres historiques du RN.Malgré les stocks vertigineux de dossiers en attente de traitement à la cour d’appel de Paris, celle-ci a accéléré son calendrier pour ce dossier afin d’être en mesure de rendre son arrêt à l’été 2026.Lors de l’audience de fixation lundi, l’avocat de Marine Le Pen, Me Rodolphe Bosselut, s’est fait le porte-parole des prévenus pour demander une tenue de l’audience après les élections municipales des 15 et 22 mars 2026 afin que “les calendriers judiciaires et politiques ne se parasitent pas mutuellement”.Mais pour sa part, le parquet général souhaitait audiencer le dossier dès début 2026, avant les élections locales, afin “de tenir le plus à distance possible le délibéré, le débat judiciaire, de l’échéance électorale cardinale”, soit le scrutin présidentiel du printemps 2027.Le délibéré devrait être rendu quatre mois après la fin du procès, soit vers le début de l’été, selon le calendrier indicatif proposé à l’audience par le parquet général.”On a créé un sort procédural très spécifique pour Marine Le Pen puisque les délais d’audience sont entre deux et trois ans. (Les prévenus) ont voulu accélérer, je ne vois pas pourquoi ils viendraient aujourd’hui s’en plaindre”, a réagi à l’issue de l’audience Me Patrick Maisonneuve, avocat du Parlement européen.- Recours devant le Conseil d’Etat -Dans l’attente de son procès d’appel, Marine Le Pen multiplie les recours pour tenter de faire déclarer inconstitutionnel le caractère immédiat de son inéligibilité.En juillet, l’ancienne avocate a formulé deux requêtes distinctes au Conseil d’Etat.La première, contre un jugement du tribunal administratif de Lille du 4 juin qui confirme sa démission d’office de son siège de conseillère départementale du Pas-de-Calais prononcée deux mois plus tôt par le préfet de ce département.La seconde, contre la décision du Premier ministre de ne pas accéder à sa demande d’abroger des dispositions du Code électoral qui prévoient sa radiation des listes électorales, précisément en raison de l'”exécution provisoire” de sa condamnation pénale.A l’appui de chacun de ces recours, la triple candidate malheureuse à la présidentielle a également déposé auprès du Conseil d’Etat une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), en vue ensuite d’une éventuelle transmission au Conseil constitutionnel, estimant que son inéligibilité immédiate est notamment contraire à “la liberté de candidature” et “la liberté des électeurs”, selon elle protégées par le texte fondamental.Elle a pourtant déjà connu un revers: lors de l’audience devant le tribunal administratif de Lille, une première QPC a été rejetée, les magistrats ayant relevé que les articles de loi qui ont permis sa condamnation à l’inéligibilité immédiate ont déjà été reconnus conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel dans de précédentes décisions.

Santé mentale, capacités cognitives: un temps d’écran excessif pourrait coûter 2,3 points de PIB à l’horizon 2060

Le temps excessif passé sur les réseaux sociaux et certaines plateformes pourrait, en dégradant la santé mentale et les capacités cognitives des enfants, coûter jusqu’à 2,3 points de PIB par an à la France à l’horizon 2060, selon une récente étude.Mis en ligne sur le site de ministère de l’Economie, ces travaux de l’économiste Solal Chardon-Boucaud s’efforcent, au vu d’une analyse des études scientifiques existantes, de chiffrer le coût socio-économique des effets négatifs de “L’économie de l’attention à l’ère du numérique”.L’expression désigne le modèle des réseaux sociaux et de certaines plateformes numériques, conçu pour maximiser le temps passé en ligne par leurs utilisateurs, et donc les profits tirés de la publicité et la collecte de données. “Une surexposition aux écrans et l’utilisation de médias sociaux peuvent être associées à une détérioration de la qualité du sommeil et à une plus forte prévalence de troubles psychologiques” -dépression, anxiété, stress chronique-, aux impacts économiques déjà observables, rappelle l’étude.Ils proviennent “d’un effet +direct+ lié à la sollicitation numérique -génération d’hormones du stress- et des fonctionnalités de certains outils, comme les comparaisons sociales sur les réseaux sociaux”, résume-t-elle. Selon l’Insee, 57% des moins de 20 ans déclarent ainsi ressentir au moins l’un des effets néfastes des écrans (réduction du temps de sommeil…).Cet impact sur la santé mentale, additionné à la perte de temps productif liée aux usages numériques (interruptions fréquentes, exécution ralentie…), coûterait déjà aujourd’hui “0,6 point de PIB”, estime l’économiste.Cela pourrait grimper à 2,3 points de PIB par an en diminuant, à l’horizon 2060, la productivité française: les enfants aujourd’hui surexposés aux écrans – les 30% des 12-17 ans qui passent plus de 35 heures par semaine devant un écran, selon le Crédoc – entreront alors sur le marché du travail.Nombre d’études montrent déjà qu’une “forte exposition aux écrans dès le plus jeune âge, et en particulier l’utilisation des réseaux sociaux et du smartphone, a un impact particulièrement fort sur les capacités d’attention, de mémorisation et les compétences langagières”, rappelle l’expert.Les élèves utilisant “le smartphone à l’école plus de 3 heures par jour ont des scores en mathématiques entre 30 et 50 points inférieurs” à ceux l’utilisant moins de 2h quotidiennes, selon l’étude PISA 2022, relève-t-elle.Et les effets potentiels de l’IA générative ne sont pas encore intégrés: en demandant un effort moindre, son utilisation pourrait à long terme entraîner une “dette cognitive” (esprit critique et créativité moindres), selon une étude.

“Je suis innocent”: l’ex-anesthésiste de Besançon campe sur sa position

“Je n’ai jamais empoisonné quelqu’un. Je suis innocent”, a assuré l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier, tendu mais déterminé, lundi au premier jour de son procès à Besançon pour trente empoisonnements de patients, dont douze mortels. L’homme à la stature de colosse s’est avancé sans trembler devant la cour, pour la première fois de la journée lundi soir. “Je réfute tous les faits qui me sont reprochés”, a-t-il lancé d’une voix claire et posée.La présidente de la cour d’assises du Doubs, Delphine Thibierge, venait d’énumérer pendant plusieurs heures la litanie de cas reprochés à l’accusé de 53 ans, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.L’ancien médecin “reste serein, il s’est exprimé en disant qu’il maintenait ce qu’il avait toujours dit depuis le début: qu’il était innocent”, a affirmé devant la presse son avocat Me Randall Schwerdorffer, qui plaidera l’acquittement.”Ce n’est pas à Frédéric Péchier de prouver son innocence, c’est au ministère public, à l’accusation, de prouver sa culpabilité”, a-t-il souligné.Après huit ans d’enquête, l’ancien anesthésiste-réanimateur, qui comparaît libre, a pris place dans le box des accusés en jean et chemise bleu clair, soutenu par sa famille. Il fait face à plus de 150 parties civiles.Parmi elles, Amandine Iehlen, dont le père Damien est mort en 2008 d’un arrêt cardiaque lors d’une opération du rein. Il avait reçu une dose de lidocaïne, un anesthésique local, dix fois supérieure à la normale.Dix-sept ans après, Mme Iehlen, aujourd’hui présidente de l’association de victimes, a confié aux journalistes, en début d’après-midi, avoir “hâte d’entendre la voix” de l’ex-anesthésiste, et d’obtenir “des réponses”.Dans cette affaire vertigineuse, Frédéric Péchier est accusé d’avoir, entre 2008 et 2017, sciemment empoisonné 30 patients âgés de 4 à 89 ans, dans deux cliniques privées de Besançon. Douze sont morts.- Jamais incarcéré -“Dénominateur commun” de ces empoisonnements, accablé par “un faisceau d’éléments concordants” selon l’accusation, l’ancien médecin n’a jamais été incarcéré depuis le début de l’enquête, les juges ayant choisi de le laisser libre, sous contrôle judiciaire. Pour son deuxième avocat, Lee Takehdmit, Frédéric Péchier “est un homme qui a consacré sa vie à la médecine et qui, jusqu’à ce qu’il soit prouvé qu’il peut lui être reproché tous ces crimes, est quelqu’un de très respectable, qui a toujours œuvré au bénéfice commun”. “Lui coller une étiquette d’empoisonneur”, c’est “aller un peu vite en besogne”, fustige le conseil.Avant l’ouverture des débats, l’ancien anesthésiste avait affirmé sur RTL avoir “quand même des arguments forts”. “Donc je n’y vais pas en reculant”, avait-il dit.A l’inverse, pour Frédéric Berna, qui défend plusieurs parties civiles, “sa culpabilité ne fait aucun doute”.”Péchier, personne ne le connaît, tout le monde s’en fiche. Si ce n’est pas lui, on n’a aucune raison de vouloir le faire condamner pour rien”, a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant que le dossier lui semble “extrêmement étayé”.- “Marathon judiciaire” -Dans cette affaire “sans équivalent dans les annales judiciaires françaises”, l’anesthésiste est soupçonné “d’avoir empoisonné des patients en bonne santé, pour nuire à des collègues avec lesquels il était en conflit” et démontrer ensuite ses qualités de réanimateur, avait relevé l’ancien procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.A partir de mardi et pour deux semaines, la cour se penchera sur les cas les plus récents, ceux qui ont éveillé les soupçons des enquêteurs et abouti à la mise en examen de l’anesthésiste en mars 2017.Ensuite, au fil des semaines, seront examinés chacun des empoisonnements reprochés au médecin.”Ça va être un marathon judiciaire, mais on est prêts”, a déclaré à l’AFP Stéphane Giuranna, avocat de plusieurs parties civiles. Le verdict est attendu le 19 décembre.