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Location-gérance: la stratégie de Carrefour confortée par la justice

Carrefour va continuer à transférer des magasins en location-gérance après avoir gagné en justice vendredi contre la CFDT, pour qui cette stratégie s’apparente à un “plan social déguisé”.Vent debout contre un “modèle socialement dangereux”, la fédération des services CFDT, qui avait attaqué le géant de la distribution en mars 2024, a annoncé qu’elle ferait appel.Le syndicat, qui réclamait 23 millions d’euros d’indemnisation pour les salariés, selon lui lésés, et l’arrêt des transferts en location-gérance, a été débouté vendredi de l’ensemble de ses demandes, selon le jugement consulté par l’AFP. D’après le tribunal judiciaire d’Evry, duquel dépend le siège de Carrefour à Massy (Essonne), la CFDT n’a pas démontré “de manière suffisamment probante l’existence d’un abus de droit à la liberté d’entreprendre du groupe Carrefour”.”Nous contestons cette appréciation des faits”, a répondu le syndicat dans un communiqué. “Bien évidemment, on aurait préféré gagner, mais ce n’est qu’une première instance”, a déclaré à l’AFP Erwanig Le Roux, délégué CFDT du groupe Carrefour. – “Risques psychosociaux” -Depuis l’arrivée à sa tête d’Alexandre Bompard, en 2017, Carrefour fait évoluer son modèle vers de plus en plus de magasins en franchise et location-gérance – variante de la franchise où le distributeur reste propriétaire du fonds de commerce.Le groupe peut ainsi conserver sa part de marché commerciale et sortir de ses comptes des magasins déficitaires, tout en léguant certains coûts, comme les salaires, à un commerçant indépendant.Les salariés concernés gardent eux leur tenue aux couleurs de Carrefour, mais perdent certains avantages sociaux, passé un délai de 15 mois durant lequel peut être négocié un accord de substitution. Depuis 2018, 344 supermarchés et hypermarchés sont ainsi passés en location-gérance, concernant plus de 27.000 salariés, selon la CFDT.De son côté, le groupe Carrefour fait valoir que ce modèle a permis de sauver des magasins et des emplois dans un contexte fortement concurrentiel, comme l’avait dit en mai Alexandre Bompard.Dans son jugement, le tribunal a souligné “l’existence de négociations qui ont précédé puis accompagné ces passages en location-gérance et en franchise”. Il a également estimé que le lien, dénoncé par la CFDT, entre ces changements et “la dégradation de conditions de travail ou le développement de risques psychosociaux”, n’était pas démontré “de manière circonstanciée et objective”.- “Souffrance” -“Les entreprises en location-gérance et en franchise présentent une dépendance économique manifeste à l’égard du groupe Carrefour”, a redit la CFDT dans son communiqué.”Les conditions de travail y sont fortement dégradées, comme en atteste la mise en demeure toute récente de l’inspection du travail visant le magasin d’Etampes” (Essonne), a-t-elle insisté.De son côté, Carrefour a salué une décision judiciaire confirmant “la légalité du recours à la location-gérance et à la franchise, aussi bien dans son principe que dans ses modalités”.”Les passages en location-gérance et en franchise pourront se poursuivre en 2026″, s’est félicité le groupe.Cette année, 15 hypermarchés et 24 supermarchés sont passés en location-gérance, a rappelé Erwanig Le Roux, anticipant un “périmètre” similaire pour l’an prochain. La “souffrance” toujours rapportée par des salariés passés sous ce modèle “nécessite qu’on continue le combat”, a-t-il insisté. Si le jugement a de quoi soulager Carrefour, le litige avec la CFDT n’est pas son seul souci. L’Association des franchisés Carrefour (AFC), qui dit représenter 260 magasins, l’a assigné fin 2023 devant le tribunal de commerce de Rennes, dénonçant une relation commerciale déséquilibrée. Avec le soutien du ministère de l’Economie, qui a préconisé d’infliger à Carrefour une amende de 200 millions d’euros.Pour rassurer les marchés sur la stabilité de son actionnariat, le groupe vient d’annoncer l’entrée à son capital, à hauteur de 4%, de la famille Saadé, propriétaire de l’armateur marseillais CMA CGM et devenue son deuxième actionnaire. 

Prisons: Darmanin présente un plan “zéro portable”

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé vendredi le lancement d’un plan “zéro portable”, visant à rendre six établissements pénitentiaires “complètement étanches” aux mobiles.Le plan d’expérimentation démarre “dès aujourd’hui”, vendredi, a précisé le garde des Sceaux lors d’une visite de la prison de la Santé, à Paris. Une enveloppe de 29 millions d’euros y est consacrée, a précisé le directeur de l’administration pénitentiaire, Sébastien Cauwel.”Ce seront plus de 5.500 détenus qui seront concernés”, selon ce dernier.Les six prisons choisies sont les maisons d’arrêt de la Santé, Arras, Dijon, Toulouse, Toulon et Rennes. Dans certaines d’entre elles, l’envoi de téléphones ou de drogue est “un sport quotidien”, a déclaré M. Darmanin, qui a souligné que “80.000” téléphones portables avaient été saisis dans les établissements pénitentiaires en 2024.Les travaux de sécurisation seront réalisés “en moins de six à sept mois”, a précisé le ministre.Pour assurer cette étanchéité, des scanners seront installés pour les paquetages des détenus, ainsi que des portiques à ondes millimétriques car, selon lui, “il était plus compliqué de prendre l’avion que de rentrer dans une prison”.Le coût des systèmes de brouillage de téléphone, “extrêmement efficaces”, est chiffré “entre quatre et cinq millions d’euros par établissement”.La couverture des cours de promenade sera faite en 2026 pour empêcher les “projections” de téléphones dans les enceintes de ces prisons.L’objectif est ensuite de généraliser le dispositif à l’ensemble des établissements pénitentiaires en France.Le “réarmement de la sécurité” s’inscrit dans la continuité de réformes inspirées de la “loi anti-mafia italienne” pour “lutter contre la récidive” et doit notamment “empêcher des chefs de réseau de commander des assassinats” depuis leur cellule, a expliqué M. Darmanin.”Tant mieux pour ces établissements et oui, le renforcement des dispositifs sécuritaires est indispensable. Mais pour les 180 autres, on fait quoi ? (…) Un plan de sécurisation global, avec une harmonisation sur l’ensemble du territoire hexagonal et d’Outre-mer aurait été une réponse claire et sans ambiguïté”, a réagi dans un communiqué le syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa Justice.”Au-delà du matériel indispensable, nous avons besoin de renforcer l’arsenal législatif et surtout d’un apport massif d’agents pour combattre efficacement ce fléau”, a poursuivi le syndicat.Sur ce point, le ministre Darmanin a également annoncé le recrutement de 1.000 agents pénitentiaires supplémentaires l’année prochaine, précisant que c’était “le plus fort recrutement de toutes les administrations”.

Budgets: Lecornu veut parvenir à un compromis, exclut à ce stade une loi spéciale

Le camp gouvernemental reste déterminé à parvenir à un compromis sur les budgets et à éviter le vote d’ici à la fin de l’année d’une loi spéciale destinée à assurer la continuité des finances publiques, a fait savoir vendredi Matignon.”Tous les participants veulent parvenir à un compromis”, a fait savoir l’entourage du Premier ministre Sébastien Lecornu à l’issue d’une réunion des groupes parlementaires soutenant le gouvernement, et des ministres chargés des budgets de l’Etat (PLF) et de la Sécurité sociale (PLFSS).”Il faut que cela fonctionne. Il faut parvenir à sortir des coups tactiques des extrêmes qui rendent la copie insincère”, a-t-on ajouté à quelques heures d’un rejet probable du projet de budget de l’Etat en première lecture à l’Assemblée.Toujours en cours d’examen, ce projet de budget de l’État pour 2026 risque de ne pas pouvoir être soumis à un vote définitif avant Noël, en raison d’un calendrier surchargé et de désaccords persistants.Vendredi après-midi les députés ont commencé à débattre du financement des collectivités locales, entrevoyant à peine le bout de la première partie du texte, consacré aux “recettes”. Ne convenant à personne, elle sera presque assurément rejetée, emportant ainsi tout le texte dont la partie “dépenses”, sans qu’elle soit examinée. Le vote est attendu dans la nuit ou samedi. L’ensemble du texte initial serait envoyé au Sénat, qui devrait s’en saisir le 27 novembre dans l’hémicycle.Une source gouvernementale suggère de regarder les “explications de vote” à l’Assemblée, anticipant “plusieurs nuances de +non+” entre “+je censure, c’est la destitution ou rien+ et +je vote contre mais je considère telle ou telle mesure+”.A la première lecture “les députés se comptent”, mais la deuxième lecture “sera le juge de paix et l’heure des compromis”, ajoute cette source, qui espère une adoption du PLFSS pour envoyer “un signal positif” sur les débats concernant le PLF.- Rendez-vous “précipité” -A la “mi-temps du processus budgétaire”, la réunion à Matignon qui a duré près de deux heures visait, selon l’entourage du Premier ministre, à “articuler le travail entre les députés et les sénateurs” et à “préparer les nouvelles et prochaines lectures”.Mais le chef de file des députés LR Laurent Wauquiez n’était pas présent ni représenté. Son homologue au Sénat Mathieu Darnaud était représenté par Frédérique Puissat.Le rendez-vous a été “précipité, on a bien compris que ça allait finir en loi spéciale”, résume un cadre du socle, qui a séché le déjeuner rue de Varenne.La veille, le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, avait annoncé que le gouvernement présenterait un projet de loi spéciale si les parlementaires ne parvenaient pas à terminer l’examen des budgets “avant le 31 décembre”.La loi spéciale, qui permet à l’Etat de continuer à percevoir les impôts existants, accompagnée d’un décret gelant les dépenses, a été utilisée fin 2024 après la chute du gouvernement de Michel Barnier.Ce qui écarte le scénario d’un recours à des ordonnances pour faire passer le budget. Sébastien Lecornu “ne (le) souhaite pas”, a déclaré le ministre à propos de ces textes qui permettent au gouvernement d’adopter des mesures sans passer par la procédure législative ordinaire.La présentation d’un projet de loi spéciale, qui doit survenir en théorie avant le 19 décembre, entraînerait la reprise des débats pour un véritable budget “au début de l’année prochaine”, avait précisé M. Panifous, dans des propos lors d’une conférence des présidents du Sénat et confirmés par son entourage.Un autre scénario, mis en avant par le rapporteur général du budget Philippe Juvin dans une interview au Figaro, serait que le gouvernement revienne sur sa décision de ne pas utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, et tente de faire passer avant la fin de l’année son budget par ce moyen, en escomptant la non-censure du PS. Quant au budget de la Sécurité sociale, il est en cours de profonde réécriture au Sénat. La chambre haute, dominée par la droite, continuait vendredi de remanier la copie, rejetant les concessions du gouvernement au PS.bur-parl-are/hr/bow

Prévert détrôné par Mistinguett ? L’appartement du poète menacé par un projet d’expansion du Moulin Rouge

L’appartement parisien de Jacques Prévert tombera-t-il aux oubliettes ? Un projet d’expansion du Moulin Rouge destiné à ressusciter la scène de la légendaire Mistinguett des années folles menace l’ancienne demeure du poète, au coeur de Montmartre.Le Conseil de Paris réuni cette semaine a adopté un voeu demandant à l’Etat d’intervenir “rapidement” pour sauver ce patrimoine “unique”, témoin de l’histoire culturelle et littéraire de la capitale.Jacques Prévert vécut plus de 20 ans Cité Véron, une étroite impasse bordée de vignes située derrière les ailes du cabaret du boulevard de Clichy, avant de s’installer en Normandie peu avant sa mort en 1977.Son appartement ouvre sur une terrasse qu’il partageait avec Boris Vian et sa seconde épouse, Ursula Vian-Kübler, où se déroulaient les fêtes du Collège de Pataphysique, la société savante parodique inventée par Alfred Jarry.Mais il fait aussi partie d’un site emblématique de l’histoire du spectacle vivant, celui où la légende du music-hall, Mistinguett, s’est produite pendant plus de dix ans, jusqu’au début des années 1930.Ses grandes revues hissèrent le temple du “french cancan” au sommet de sa gloire, lui qui avait été entièrement détruit par un incendie en 1915.”La +salle Mistinguett+, c’est la salle historique du Moulin Rouge”, explique à l’AFP son directeur général, Jean-Victor Clérico.Le réhabilitation du site, à l’origine un théâtre à l’italienne, offrirait aux futures revues un “cadre scénique plus fort” que la salle accueillant aujourd’hui le public – entre 550.000 et 600.000 visiteurs par an – jugée “en bout de course”.Le cabaret parisien a donc décidé en septembre dernier de ne pas renouveler les baux des appartements de Jacques Prévert et Boris Vian, dont il est propriétaire depuis 2009, et que la salle Mistinguett englobait.”On a jusqu’à mars 2026 pour partir”, se désole auprès de l’AFP Eugénie Bachelot-Prévert, la petite-fille du poète et scénariste. Siège de l’association “Chez Jacques Prévert”, l’appartement est aussi un petit musée qu’on peut visiter, seulement certains jours et sur demande.- “Toute la mémoire de mon grand-père” -Il contient le bureau de l’écrivain, son vieux téléphone, sa salle à manger, ses petites toiles et la chambre de sa fille Michèle, meublée du lit à baldaquin qui servit de décor au film Notre-Dame de Paris (1956) avec Gina Lollobrigida.”Toute la mémoire de mon grand-père est là”, résume l’héritière. Elle fait aussi valoir l’architecture si particulière à l’appartement que l’écrivain fit aménager par Jacques Couëlle, réputé pour ses maisons aux formes organiques et sculpturales.Avec ses murs creusés de niches et blanchis à la chaux, c’est aussi “cet esprit méditerranéen en plein Paris qui sera détruit par le projet de transformation du Moulin Rouge”, s’inquiète Eugénie Bachelot-Prévert. Le Moulin Rouge lui a suggéré de relocaliser l’appartement ailleurs, emportant son mobilier.Mais “une reconstitution ailleurs ne saurait restituer l’esprit et l’énergie du quartier Montmartre, inscrit dans la mémoire collective et dans l’histoire artistique du XXe siècle”, selon la mairie de Paris.Le voeu émanant des élus communistes demande à l’Etat de “reconnaître et protéger sans délai” le site “in situ”, “dans le respect de sa mémoire”. L’héritière de Prévert, qui projette d’en faire un musée permanent, est en discussions avec la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). “Le ministère de la Culture suit avec attention ce dossier” et “échange actuellement” avec les parties concernées pour trouver une solution, a-t-il répondu à l’AFP. Le maire du 18e arrondissement, Eric Lejoindre, a proposé de son côté une médiation pour “regarder les solutions qui garantissent l’histoire du site tout en respectant les droits de propriété du Moulin Rouge”. Sans retour pour l’instant, a-t-il précisé à l’AFP.”Nos élus ont voulu prendre un coup de projecteur en amont des municipales. A aucun moment ils ne sont intéressés à notre projet, alors qu’ils sont bien contents de prendre la lumière du Moulin Rouge quand il faut”, s’agace pour sa part Jean-Victor Clérico.Il précise vouloir “laisser le temps de la discussion” avec les ayants droit de Jacques Prévert et Boris Vian, au-delà de mars 2026, sachant que la réhabilitation de la salle Mistinguett “s’étendra sur plusieurs années d’ici 2030”.Interrogée par l’AFP, Nicole Bertolt, mandataire du patrimoine de Boris Vian, a dit observer avec le petit-fils de l’écrivain “un temps de réflexion”, et qu’ils essayaient de “trouver une voie de conciliation avec le Moulin Rouge”.  

Viols sur de jeunes patients: 12 ans de prison pour un médecin

Un médecin jugé depuis lundi à Montpellier a été condamné vendredi à 12 ans de prison pour viols et agressions sexuelles de 13 jeunes patients, dont certains porteurs de handicap, avec interdiction d’exercer la profession de médecin.Ses gestes “n’avaient aucun intérêt d’un point de vue médical” mais sont bien “des attouchements, des masturbations” et des viols sur de jeunes patients, avait dénoncé l’avocat général, qui avait requis plus tôt vendredi 15 ans de prison.Pour ses derniers mots devant la cour criminelle de l’Hérault, le praticien s’est à nouveau excusé, confiant même sa “honte”. “Pour moi la médecine c’est fini, c’est terminé et c’est bien. Je me suis complètement aveuglé, tout seul”, “je me suis emballé en oubliant les valeurs mêmes de la médecine et du respect d’autrui.”Agé de 54 ans, il a également été condamné à une interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs, à une interdiction de séjour dans l’Hérault pendant 10 ans et à l’inscription au fichier des auteurs d’infractions à caractère sexuel.”Il nous faut, dans cette affaire, sortir du piège du tout médical qui apparait comme un écran de fumée tendu par l’accusé”, a déclaré lors de son réquisitoire l’avocat général, Jean-Luc Beck s’adressant ensuite à l’accusé: “vous n’êtes pas coupable d’erreur médicale comme vous semblez le comprendre mais bien de viols et d’agressions sexuelles” sur 13 jeunes patients.”Les faits reprochés sont des attouchements, des masturbations avec ses mains, sans gant, et avec des objets de pénétration par toucher rectal qui sont constitutifs de viols. Le docteur Philippe Moulin se défend en affirmant que tous ces gestes ont été commis sous couvert de sa fonction. Son argumentaire est-il acceptable? La réponse est non”, a martelé l’avocat général. “Si monsieur Moulin n’a pas pris suffisamment de précautions et a fait fi du cadre et des règles, c’est aussi parce que la santé sexuelle des adolescents en France est totalement méconnue”, a plaidé son avocate, Me Aude Widuch, estimant que c’est ce qui pousse certains parents à consulter.- “immonde et aberrant” -Au cours des débats, des victimes ont livré des témoignages accablants. Comme ce jeune homme de 21 ans, âgé de 14 ans au moment des faits reprochés. Atteint de troubles du spectre de l’autisme, il a détaillé le contenu “immonde et aberrant” des 37 séances subies avec lui durant trois ans.”Le Dr Philippe Moulin appliquait de la pommade sur mon gland car il disait que j’avais un problème de décalottage”. “Puis, il m’a astiqué et m’a demandé de mettre un chronomètre sur son téléphone. Au début, ça durait cinq minutes puis c’est passé à dix minutes vers les dernières séances”, a-t-il raconté.Le jeune homme avait “confiance” dans le médecin qui le ramenait d’ailleurs chez lui après chaque consultation. “Tous les experts ont déclaré que la plupart des gestes et actes commis ne se pratiquent pas sur des mineurs, voire non plus sur des majeurs, et n’avaient aucun intérêt d’un point de vue médical”, a redit vendredi l’avocat général, pour qui l’accusé est “complètement hors sol”. L’accusé avait exercé dans plusieurs établissements de la région de Montpellier et à son domicile et avait été interpellé en octobre 2021, après des plaintes de parents. Diplômé en 2000, le Dr Moulin, après avoir exercé une quinzaine d’années en gériatrie, s’était tourné vers la santé sexuelle des adolescents et se prétendait “andrologue pédiatrique”, une spécialité qui n’existe pas en France.Le médecin intervenait parallèlement comme conférencier auprès d’associations s’occupant d’enfants autistes ou handicapés, parvenant ainsi à gagner la confiance des parents et créant des liens avec certains jeunes en prétendant par exemple partager leur passion pour les jeux vidéo.Lors des dizaines de consultations qui ont suivi, dont certaines à son domicile ou dans sa voiture, il prenait systématiquement les mesures des testicules et du sexe des adolescents, au repos et en érection. Il leur demandait aussi de se masturber devant lui ou les masturbait lui-même, et recueillait leur sperme.

“La lumière n’est jamais venue”: au procès Lafarge, une cimenterie dans le chaos syrien

Pour la première semaine de débats au fond du procès à Paris de Lafarge pour financement du terrorisme, les ex-responsables de la multinationale ont cherché à justifier le maintien, pour “un peu trop longtemps”, de leur cimenterie dans les tourbillons de la Syrie en guerre.Le groupe français et d’anciens responsables sont jugés pour le versement en 2013-2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), de plusieurs millions d’euros à des groupes jihadistes armés afin de maintenir l’activité d’une cimenterie à Jalabiya, dans le nord de la Syrie.”Il y avait cette conviction que (la guerre) n’allait pas durer. Si on ne comprend pas ça, on ne comprend pas certaines décisions qui ont été prises”, explique vendredi au tribunal Bruno Pescheux, l’un des protagonistes du dossier en tant que directeur de la filiale syrienne de Lafarge de 2008 à l’été 2014.”Cette crise était un tunnel. Tout le monde nous disait que cette crise serait courte, qu’on allait voir la lumière. Mais en fait, la lumière n’est jamais venue.”Se succédant à la barre, les prévenus cherchent à casser le narratif selon lequel la cimenterie de Jalabiya, un investissement flambant neuf de 680 millions d’euros, a été maintenue en activité pour des raisons purement financières, au détriment de la sécurité de son millier de salariés. Les autres entreprises étrangères avaient plié bagage de longue date.”Quand j’ai pris la décision de fermer l’usine (en septembre 2014), je n’ai pas pensé une minute aux conséquences financières”, affirme mercredi à la barre l’ex-PDG de Lafarge, Bruno Lafont, tout en reconnaissant que l’infrastructure est restée opérationnelle “un peu trop longtemps”.Passé de puissant patron à la tête d’une entreprise de 65.000 salariés à simple prévenu devant la justice, Bruno Lafont relativise le poids de la Syrie pour une multinationale opérant dans une soixantaine de pays dans le monde.”Maintenir la Syrie n’était pas forcément bon pour le groupe du point de vue résultats. Mais c’était tout petit, donc ça ne pesait pas beaucoup”, balaie-t-il.- “Obligation” envers les salariés -Créée ex-nihilo après le rachat du cimentier égyptien Orascom en 2008, la filiale LCS était devenue pleinement opérationnelle avec l’entrée en service de la cimenterie en 2010.”C’était une équipe qui avait été formée, qui était capable de faire tourner une des cimenteries les plus modernes du Moyen-Orient, et une équipe qui, si on partait, n’avait plus rien”, déclare vendredi Bruno Pescheux, qui dit avoir ressenti “une obligation, un devoir” envers ses effectifs.Mais face aux questions d’avocats de parties civiles les interrogeant sur des kidnappings d’employés de l’usine à l’époque, les prévenus font valoir leur droit au silence.Fatigué par des années d’un “régime de tension permanente” – “quand le téléphone sonne, vous avez neuf chances sur dix que ça soit pour une mauvaise nouvelle” -, Bruno Pescheux obtient de sa hiérarchie d’être remplacé à l’été 2014 par Frédéric Jolibois, un cadre en provenance de Chine.Au tribunal, ce dernier soutient être tombé dans un “piège managérial” avec cette nomination. Devant ses juges, il évoque longuement les modalités de l’installation en Jordanie de sa famille pour son bien-être, “condition première d’une bonne expatriation”.Par contre, la guerre en Syrie, les versements de la multinationale à des groupes armés locaux, il soutient n’en avoir jamais entendu parler avant de prendre ses fonctions. Après coup, “on me parle d’un système de racket, on doit payer pour laisser notre marchandise passer. Étonnement. Je me dis +tiens, Lafarge fait ça ?+”.Son ignorance de l’affaire à l’époque semble telle que les procureurs du parquet national antiterroriste font mine de s’étonner qu’il soit arrivé “les mains dans les poches” à la tête de la branche d’un pays en guerre civile. Le prévenu s’agace, parle d’avoir pris à l’époque des vacances en France “bien méritées”.”Gardez-en sous la pédale, M. Jolibois”, le calme la présidente Isabelle Prévost-Desprez, “parce que ça va être compliqué pour vous. Très compliqué.”Mi-septembre 2014, la cimenterie de Jalabiya, tout juste évacuée, tombe aux mains des jihadistes de l’État islamique.Le procès est prévu jusqu’au 19 décembre. 

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Séisme au Bangladesh: neuf morts, plus de 300 blessés

Un puissant tremblement de terre de magnitude 5,5 a frappé vendredi le centre du Bangladesh, au nord-est de la capitale Dacca, faisant au moins neuf morts et plus de 300 blessés, selon un nouveau bilan du gouvernement.Des reporters de l’AFP ont vu des gens pleurer dans les rues de Dacca tandis que d’autres semblaient sous le choc.Le séisme est survenu à une heure où une part importante de la population se trouvait à son domicile vendredi, jour de congé hebdomadaire dans le pays de 170 millions d’habitants à forte majorité musulmane.Au moins neuf personnes ont été tuées et plus de 300 blessées, notamment des étudiants d’une université et des ouvriers d’usine, a déclaré la service de presse du gouvernement provisoire qui a détaillé le nombre de victimes par district. Au moins 14 bâtiments ont été endommagés et un incendie s’est déclaré dans une centrale électrique, avant d’être maîtrisé. Le chef du gouvernement provisoire, Muhammad Yunus, s’est dit “profondément choqué et attristé par les informations faisant état de victimes dans différents districts”.Trois personnes, dont un enfant, ont été tués par la chute de la balustrade d’un immeuble de huit étages devant une boucherie dans le quartier d’Armanitola, dans les faubourgs de Dacca.”J’étais venu acheter de la viande et je faisais la queue quand le tremblement de terre a frappé. La balustrade s’est effondrée sur quatre ou cinq personnes devant moi. Un enfant, grièvement blessé au cou, est mort sur le coup”, a raconté à l’AFP, Md Sharif, 26 ans.”J’ai vu des véhicules transporter des blessés. J’ai appris plus tard que trois d’entre eux avaient succombé à leurs blessures”, a expliqué un voisin, Sakib Hossain, 50 ans, qui a dit s’être précipité dans la rue après avoir entendu un grand bruit.- Jusqu’à Calcutta -La secousse s’est produite à 10H38 (04H38 GMT) et son épicentre a été localisé près de la ville de Narsingdi, selon l’Institut américain d’études géologiques (USGS), qui a évoqué dans son alerte la possibilité d’un “nombre significatif de victimes et de dégâts”.Les services bangladais de météorologie ont pour leur part fait état d’un séisme d’une magnitude de 5,7 avec pour épicentre la ville de Mabhabdi, dans le district de Narsingdi, ajoutant que la secousse avait été ressentie pendant 26 secondes.Elle a été fortement ressentie dans les rues de Dacca, ont rapporté des journalistes de l’AFP.M. Yunus a indiqué que “toutes les mesures nécessaires (étaient) prises” pour assurer la sécurité de la population, ajoutant qu’il était “conscient de l’anxiété et la panique” causées par l’événement.La secousse a été perçue jusque dans la mégapole indienne de Calcutta, à quelque 300 km à l’ouest de Dacca, a indiqué à l’AFP le directeur du centre indien de sismologie, OP Mishra.Dans le quartier de Salt Lake City, qui accueille de nombreuses entreprises de la “tech” locale, de nombreux habitants ont évacué rapidement bureaux et domiciles, a rapporté un correspondant de l’AFP.”J’ai senti des secousses et des secousses et mon lit a tremblé”, a témoigné l’un d’eux, Sumit Dutta, 66 ans: “je suis sorti en trombe de ma chambre”.Les autorités de Calcutta n’ont fait état d’aucune victime ni dégât dans l’immédiat.

Rennes: rassemblement de soutien à un enseignant de maternelle menacé

Un rassemblement de soutien d’environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle dont un enseignant a été menacé par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.Cet enseignant, également directeur de l’école maternelle publique Clôteaux, dans le sud de Rennes, a porté plainte le 14 octobre “pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre”, a indiqué jeudi le procureur de la République, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.Selon des sources syndicales, la famille n’aurait pas toléré que l’instituteur accompagne la fillette aux toilettes.”On reproche simplement au collègue d’être un homme et d’encadrer des jeunes enfants”, a déploré Mickaël Bézard, secrétaire départemental du syndicat Force ouvrière des écoles en Ille-et-Vilaine, présent devant l’école.”Il n’y a pas d’aspect religieux derrière tout ça” a insisté Fabrice Lerestif, secrétaire général FO d’Ille-et-Vilaine, reprenant les termes du ministre de l’Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement jeudi à Villeurbanne (Rhône).Environ 150 personnes, dont des enseignants d’écoles voisines et une trentaine de parents d’élèves, étaient présents devant l’école, fermée pour la journée. “Soutien à notre collègue”, “Parents unis ! Respect et soutien total à nos enseignants”, clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.Parmi les parents d’élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l’équipe éducative “en qui on a pleinement confiance”. Concernant le directeur, “on n’a jamais eu de retour négatif”, a-t-il dit.Choqué, l’enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est “meurtri par la situation” qui a “eu un impact fort sur l’ensemble de l’école”, “une école où tout se passe bien”, a précisé Mickaël Bézard.Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d’établissement, “pour retrouver aussi un climat serein”, a-t-il poursuivi.”Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs”, a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l’éducation à la ville de Rennes. “Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille”, a-t-elle ajouté.

“Le journal d’un prisonnier”: Sarkozy va publier un livre sur ses trois semaines de détention

Moins de deux semaines après sa sortie de prison, Nicolas Sarkozy annonce vendredi la sortie le 10 décembre d’un livre sur son incarcération dans le cadre du procès libyen, “Le journal d’un prisonnier”, publié aux éditions Fayard, contrôlées par Vincent Bolloré.”En prison, il n’y a rien à voir, et rien à faire. J’oublie le silence qui n’existe pas à la Santé où il y a beaucoup à entendre. Le bruit y est hélas constant. A l’image du désert, la vie intérieure se fortifie en prison”, écrit sur le réseau social X l’ancien président, incarcéré trois semaines suite à sa condamnation dans le procès libyen.Long de 216 pages, l’ouvrage sera commercialisé au prix de 20,90 euros, ont précisé dans un communiqué les éditions Fayard.Le 25 septembre, l’ancien chef de l’État, aujourd’hui âgé de 70 ans, a été condamné en première instance à cinq ans de prison avec mandat de dépôt assorti d’une exécution provisoire pour association de malfaiteurs, et à une amende de 100.000 euros.- Officiers de sécurité -Il a aussitôt fait appel et jouera son avenir lors d’un nouveau procès, prévu du 16 mars au 3 juin à la cour d’appel de Paris.En détention à l’isolement, et protégé par deux officiers de sécurité, ce qui a ulcéré les syndicats pénitentiaires, l’ancien président était “dans une cellule de 9 m2, il y a du bruit tout le temps”, avait commenté au début de sa détention son avocat et ami Jean-Michel Darrois, après son premier entretien au parloir avec Nicolas Sarkozy.”Il envisage de passer son temps en écrivant, en faisant le plus de sport possible, en recevant les visites de sa famille et de ses avocats”, avait décrit son conseil, précisant qu’il avait “commencé à écrire son livre” dès le premier jour de détention.  Le tribunal correctionnel de Paris l’a reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye du dictateur Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.Celui qui clame son innocence depuis le début de l’affaire a vécu une détention inédite pour un ex-président dans l’histoire de la République française et qui a suscité de vifs débats.Pour les juges, le mandat de dépôt prononcé était justifié par la “gravité exceptionnelle” des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par “la haine”.Écroué le 21 octobre, Nicolas Sarkozy a été libéré de prison le 10 novembre par la cour d’appel de Paris, qui a estimé qu’il ne présentait pas de risque de fuite et l’a placé sous contrôle judiciaire.La justice lui a toutefois imposé une interdiction de quitter la France, d’entrer en contact avec les autres prévenus et un certain nombre de personnes, dont le ministre de la Justice Gérald Darmanin, qui lui avait rendu visite en prison le 29 octobre, ou tout membre de son cabinet ou cadre judiciaire susceptible de bénéficier d’informations sur les procédures.- Dix prévenus rejugés -Neuf autres personnes seront rejugées à partir de mi-mars aux côtés de Nicolas Sarkozy.Parmi les prévenus figurent deux anciens proches collaborateurs de M. Sarkozy, Claude Guéant – condamné à six ans de prison mais sans mandat de dépôt – et Brice Hortefeux – qui a écopé pour sa part de deux ans de prison, une peine à effectuer sous bracelet à domicile assortie de l’exécution provisoire.Autre prévenu à être rejugé, l’intermédiaire Alexandre Djouhri, condamné à six ans de prison et trois millions d’euros d’amende en première instance, et incarcéré depuis.D’ici là, une autre échéance judiciaire capitale attend Nicolas Sarkozy.Déjà condamné définitivement dans l’affaire des écoutes, l’ancien président saura le 26 novembre si la Cour de cassation valide ou non sa condamnation en appel dans l’affaire Bygmalion, à un an d’emprisonnement dont six mois ferme aménageables, pour le financement illégal de sa campagne présidentielle perdue de 2012.

Le narcotrafic vient percuter la campagne des municipales à Marseille

À quatre mois des municipales, le narcotrafic, étonnement peu présent dans la campagne marseillaise jusqu’à présent, est venu percuter le débat avec l’assassinat de Mehdi Kessaci, la plupart appelant à l’unité, sauf l’extrême droite.L’insécurité due au narcotrafic s’impose comme un thème de campagne dans de nombreuses villes et même dans des villages. À Marseille, épicentre du narcobanditisme en France, les passes d’arme se concentraient jusqu’à présent plus sur la sécurité du quotidien, la saleté ou l’immigration.Taxé de “maire laxiste” par l’ex-ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR), Benoit Payan, le maire sortant de Marseille divers-gauche, se présente comme garant de “l’unité”. “Ça veut dire que tout le monde s’y met, c’est-à-dire que celles et ceux qui ont été absents, je parle des politiques, des élus et des institutions pendant des années doivent réinvestir ces quartiers”, plaide-t-il dans une interview à l’AFP. Il revendique l’installation de caméras de vidéoprotection, d’avoir “doublé la police municipale” mais défend aussi une approche globale pour lutter contre ce fléau: “j’ai aussi fait des écoles, des centres sociaux, des stades et c’est toute la rénovation urbaine et c’est toute la question des transports en commun qui désormais se pose”.Pas encore officiellement candidat, il tacle les “discours martiaux” de certains à droite et à l’extrême droite notamment sur l’immigration qui “n’ont eu aucun effet”.- “Protéger les Marseillais” -Pour Franck Allisio, candidat Rassemblement national à la mairie, c’est pourtant de sa faute si Marseille, un port qui déjà au siècle dernier a connu les ravages de l’héroïne, est devenue “la capitale de la drogue” selon lui. “Le maire découvre la sécurité”, ironise le député auprès de l’AFP. Il assure que Marseille comptera, s’il est élu, sur “la première police municipale de France”. Il a demandé au gouvernement de décréter l'”état d’urgence” et un couvre-feu pour les mineurs, bien que les trois derniers meurtres par balles ont eu lieu en plein jour.Comme le maire, Martine Vassal, candidate de la droite et du centre et actuelle présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole appelle à la “concorde”.Elle veut engager “un choc d’autorité” mais “tout ça ne pourra pas s’envisager non plus sans une véritable politique sociale au sens très large du terme”, relève son directeur de campagne Romain Simmarano, dans une approche qui tranche avec le discours très droitier employé par la candidate jusqu’ici.Sébastien Delogu, candidat LFI, qui part en solo en marge de la coalition du Printemps marseillais à la tête de la ville depuis 2020, a appelé à cesser les “petites disputes” auprès de l’AFP: “Aujourd’hui, il est temps que le peuple de Marseille se réunisse” pour “dire stop à ce qu’il se passe dans notre ville”.- Aucune défection -Samedi, lors de la marche blanche en hommage à Mehdi Kessaci, Benoît Payan, Martine Vassal, Sébastien Delogu mais aussi les chefs des Écologistes, des socialistes, des communistes ont déjà annoncé leur présence.Au-delà des divergences politiques, cet assassinat a par ailleurs ravivé les craintes de pressions, voire des menaces en période électorale. Il y a un mois, le procureur Nicolas Bessone a annoncé la création d’une cellule anticorruption et dit craindre que pendant cette campagne des élus puissent “subir les mêmes assauts”, que des greffiers ou employés de prison de la part de narcotrafiquants. Mi-septembre, le président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, Christian Charpy, avait interpellé dans un entretien au Monde sur “les risques d’ingérence liée au narcotrafic” pour les municipales, notamment via des tentatives de corruption en dons liquide ou en paiement en cryptomonnaies.Malgré ce contexte et les doutes soulevés par cet assassinat chez tous ceux qui combattent et commentent ce narcobanditisme, les élus et candidats contactés par l’AFP ont unanimement assuré n’avoir subi aucune défection.  Benoît Payan a répété qu’il ne “faut pas avoir peur”. Le maire de Marseille a évoqué, auprès de l’AFP, le témoignage sur RTL d’une élue qui, sous couvert d’anonymat, a confié ne pas vouloir se représenter parce qu’elle craignait pour sa vie.”Ça, ça veut dire que c’est la mafia qui a gagné. Et je ne l’accepterai pas en fait”, a-t-il asséné. Son entourage nuance: “on comprend la peur des élus, des militants, des journalistes, des magistrats, mais il faut se relever, exiger la fin de ces violences”.