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Les nations s’opposent sur les énergies fossiles à la COP30 en Amazonie

Une incursion, des protestations indigènes, un incendie et désormais un affrontement sur le pétrole: les chaotiques négociations climatiques de la COP30 entre près de 200 pays achoppent vendredi, au dernier jour, sur la question de pointer du doigt ou non les énergies fossiles.Au point que l’Union européenne évoque ouvertement la perspective d’une COP30 “sans accord”, ce qui serait un échec humiliant pour le Brésil et cette première conférence climatique de l’ONU en Amazonie.La présidence brésilienne du sommet, qui se tient à Belem depuis la semaine dernière, a mis un projet de texte sur la table avec une grande omission: il ne contient pas le mot “fossiles”, et encore moins la création de la “feuille de route” réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires.Protestation immédiate des Européens et de leurs alliés, dont la Colombie, qui mène la bataille contre la “prolifération” du pétrole.”Ce qui est actuellement sur la table est inacceptable”, a déclaré le commissaire au climat, Wopke Hoestra, à des journalistes. “C’est malheureux à dire, mais nous sommes vraiment face à un scénario sans accord”.”Le texte ne peut pas rester tel qu’il est”, a relevé le ministre allemand de l’Environnement, Carsten Schneider.Qui s’oppose? L’Inde, l’Arabie saoudite et la Russie, rejoints par des pays émergents, a déclaré Monique Barbut, ministre française de la Transition écologique, à des journalistes.Pour la ministre colombienne de l’Environnement Irene Velez Torres, la COP30 “ne peut se terminer sans feuille de route pour abandonner les combustibles fossiles”.Le projet a aussi immédiatement été rejeté par des ONG. “C’est comme une page blanche, il y a si peu pour combler le manque d’ambition pour en rester à 1,5°C de réchauffement, ou pousser les pays à accélérer l’action”, a réagi Tracy Carty de Greenpeace. Il est “extrêmement décevant” selon WWF.- Pression de Lula -“Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu’on n’arrive pas à nous mettre d’accord”, a plaidé le président de la COP30, le diplomate André Correa do Lago.Après une nuit de consultations, il va continuer pour une journée qui s’annonce très longue.Il a la lourde tâche de mettre d’accord 194 pays et l’Union européenne, membres de l’accord de Paris, pour une adoption par consensus, comme c’est la règle aux COP.L’idée d’une “feuille de route” pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, largement responsables du réchauffement climatique, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l’engagement à une sortie progressive des énergies fossiles pris à la COP28 il y a deux ans.Dans une année géopolitique mouvementée, avec de nombreux pays occidentaux se détournant politiquement du climat, peu comptaient sur le retour de cette question à l’ordre du jour.Mais le président brésilien Lula l’a relancée au début du sommet de Belem, et encore remise au centre du jeu mercredi lors de sa visite à la COP30, dopant le camp anti-pétrole.Aucune COP n’a terminé à l’heure depuis 2003, et nombre de vétérans de ces négociations jugent probable une prolongation à Belem.- Incendie -Les travaux ont été retardés par un incendie jeudi qui a forcé l’évacuation du site à la mi-journée, privant les délégués de précieuses heures.C’est le troisième incident perturbant la conférence de l’ONU, démarrée la semaine dernière dans cette grande ville emblématique de l’Amazonie urbaine. Une incursion de manifestants indigènes puis le blocage de l’entrée avaient déjà désorganisé les travaux du sommet, organisé par le Brésil avec l’ONU.Le feu a éclaté en plein cœur du site temporaire érigé au Parque da Cidade, constitué d’immenses tentes climatisées. En quelques minutes, de hautes flammes ont consumé une partie du toit dans le secteur des stands nationaux, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le pavillon de la communauté d’Afrique de l’Est est l’un de ceux détruits par le feu. Dix-neuf personnes ont été prises en charge par les secours à cause des fumées, et deux pour des crises d’angoisse, selon le ministère de la Santé.

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Renault ralentit le déploiement de ses bornes de recharge électrique rapide

Le groupe Renault va ralentir le rythme de déploiement de son réseau de stations de recharge électrique rapide en Europe, en raison des lourds investissements nécessités et d’un marché de l’électrique moins dynamique que prévu, a-t-il indiqué vendredi.”Dans un contexte d’ajustement de l’allocation de capital du groupe et dans une dynamique du marché de l’électrique contrastée en Europe, Mobilize (filiale du groupe: NDLR) a prévu d’adapter le plan de déploiement de son réseau de stations de charge”, explique le groupe dans une déclaration, confirmant une information des Echos. En mars dernier, le groupe Renault déclarait avoir pour objectif 650 stations d’ici fin 2028 en Europe, notamment en France, Belgique, Espagne et Italie. L’objectif pour la France n’avait pas été communiqué.Tout en annonçant ce coup de frein, le constructeur ne donne pas de nouvel objectif chiffré à horizon 2028.Il dit vouloir “se concentrer sur la valorisation du réseau existant en France, qui compte plus de 60 stations opérationnelles” et qui devrait s’élever à 95 stations “d’ici fin 2026″.En France, ces bornes de recharge rapide (en 15 ou 20 minutes) se trouvent en grande majorité sur le foncier de concessions Renault situées à quelques minutes des grands axes routiers (ou pour quelques unes d’entre elles sur des parkings d’hôtel). Elles sont au nombre de 61 fin novembre et devraient être 67 en fin d’année. L’infrastructure de bornes de recharge rapide nécessite des investissements lourds et le nombre de recharge par station est inférieur aux attentes. Il s’agit donc, pour Renault, de ralentir le rythme de ce déploiement, mais il n’est pas question de l’arrêter ou de vendre cette infrastructure, indique-t-on chez le constructeur.”Les solutions de recharge, incluant les stations de charge rapide Mobilize Fast Charge, restent une priorité pour Renault Group, au service de l’expérience client et des ventes de véhicules électriques”, souligne le groupe.Concernant l’Italie, Mobilize a investi en janvier dans un réseau de bornes de recharge situées sur les autoroutes en prenant une participation dans Free To X, filiale du réseau Autostrade per l’Italia dédiée à la recharge rapide des voitures électriques (jusqu’à 400 kilowatts). Mobilize “continue d’étoffer le réseau existant de plus de 100 stations sur les autoroutes (italiennes) avec de nouvelles stations hors autoroutes, à un rythme adapté”, indique la filiale de Renault vendredi.Pour l’Espagne et la Belgique, le déploiement n’avait pas commencé en 2025.

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Au moins cinq morts dans un séisme au Bangladesh

Un tremblement de terre de magnitude 5,5 a frappé vendredi le centre du Bangladesh, au nord-est de la capitale Dacca, faisant au moins cinq morts et une centaine de blessés, selon un nouveau bilan du gouvernement.Des reporters de l’AFP ont vu des gens pleurer dans les rues de Dacca tandis que d’autres semblaient sous le choc.Le séisme est survenu à une heure où une part importante de la population se trouvait à son domicile vendredi, jour de congé hebdomadaire dans le pays de 170 millions d’habitants à forte majorité musulmane.Le chef du gouvernement provisoire, Muhammad Yunus, s’est dit “profondément choqué et attristé par les informations faisant état de victimes dans différents districts”.Au moins cinq personnes ont été tuées et environ 100 personnes blessées, parmi eux des étudiants d’une université et des ouvriers travaillant dans une usine, a-t-il déclaré dans un communiqué. Deux enfants figurent parmi les personnes décédées, selon le ministère de la Santé.Trois personnes, dont un enfant, ont été tués par la chute de la balustrade d’un immeuble de huit étages devant une boucherie dans le quartier d’Armanitola, dans les faubourgs de Dacca.”J’étais venu acheter de la viande et je faisais la queue quand le tremblement de terre a frappé. La balustrade s’est effondrée sur quatre ou cinq personnes devant moi. Un enfant, grièvement blessé au cou, est mort sur le coup”, a raconté à l’AFP, Md Sharif, 26 ans.”J’ai vu des véhicules transporter des blessés. J’ai appris plus tard que trois d’entre eux étaient morts de leurs blessures”, a expliqué un voisin, Sakib Hossain, 50 ans, qui a dit s’être précipité dans la rue après avoir entendu un grand bruit.- Jusqu’à Calcutta -La secousse, d’une magnitude de 5,5, s’est produite à 10H38 (04H38 GMT) et son épicentre a été localisé près de la ville de Narsingdi, selon l’Institut américain d’études géologiques (USGS), qui a évoqué dans son alerte la possibilité d’un “nombre significatif de victimes et de dégâts”.Les services bangladais de météorologie ont pour leur part fait état d’un séisme d’une magnitude de 5,7 avec pour épicentre la ville de Mabhabdi, dans le district de Narsingdi, ajoutant que la secousse avait été ressentie pendant 26 secondes.Elle a été fortement ressentie dans les rues de Dacca, ont rapporté des journalistes de l’AFP.M. Yunus a indiqué que “toutes les mesures nécessaires (étaient) prises” pour assurer la sécurité de la population, ajoutant qu’il était “conscient de l’anxiété et la panique” causées par l’événement.La secousse a été perçue jusque dans la mégapole indienne de Calcutta, à quelque 300 km à l’ouest de Dacca, a indiqué à l’AFP le directeur du centre indien de sismologie, OP Mishra.Dans le quartier de Salt Lake City, qui accueille de nombreuses entreprises de la “tech” locale, de nombreux habitants ont évacué rapidement bureaux et domiciles, a rapporté un correspondant de l’AFP.”J’ai senti des secousses et des secousses et mon lit a tremblé”, a témoigné l’un d’eux, Sumit Dutta, 66 ans: “je suis sorti en trombe de ma chambre”.Les autorités de Calcutta n’ont fait état d’aucune victime ni dégât dans l’immédiat.Le Bangladesh est souvent le théâtre de secousses telluriques, mais le dernier tremblement de terre en date important survenu sur son sol remonte à 1896.

Un avocat lyonnais mis en examen pour viols et agressions sexuelles

Un avocat lyonnais spécialisé dans les dossiers de banditisme, David Metaxas, a été mis en examen pour des viols en série et des agressions sexuelles, commis en position d’autorité, a indiqué vendredi le procureur de Chambéry.Six “possibles victimes” sont “visées dans le cadre de l’instruction”, précise le magistrat Xavier Sicot dans un communiqué. Selon le quotidien régional Le Progrès, il s’agirait pour certaines d’anciennes stagiaires de son cabinet.David Metaxas, avocat pénaliste au barreau de Lyon, avait été placé en garde à vue lundi dans le cadre d’une enquête délocalisée à Chambéry. Après plusieurs prolongations de cette mesure, il a été mis en examen pour “viol par personne ayant autorité sur la victime et en concours”, ce qui implique plusieurs victimes, mais aussi tentative de viol, agressions sexuelles et harcèlement sexuel, selon le magistrat.Il a été placé sous contrôle judiciaire, “conformément aux réquisitions du parquet” et l’information judiciaire se poursuit, indique encore M. Sicot.Contacté par l’AFP, son avocat Me Alain Jakubowicz n’a pas souhaité s’exprimer. Âgé de 49 ans, Me Metaxas est une figure connue du barreau lyonnais pour son style parfois provocateur et son goût des médias. A la tête d’un cabinet baptisé “The Firm” en référence au célèbre polar de John Grisham et au film éponyme de Sydney Pollack, il a gagné le surnom d'”avocat des voyous” pour sa défense de plusieurs membres du grand banditisme.Il est le conseil notamment d’un membre présumé de la mafia calabraise, Edgardo Greco, 65 ans, interpellé à Saint-Etienne en février 2023 après 17 ans de cavale et pour qui il multiplie les demandes de remise en liberté.     Ce n’est pas la première fois que Me Metaxas à affaire à la justice. Mis en examen en 2012 pour recel de violation du secret professionnel dans l’affaire de corruption de l’ex-numéro deux de la police judiciaire de Lyon, Michel Neyret, Me Metaxas avait été relaxé lors du procès en 2016.

Après l’île Maurice, Macron met le cap sur l’Afrique du Sud

“La France n’entend pas dominer”, “elle veut coopérer” : Emmanuel Macron a plaidé vendredi à Port-Louis pour un renforcement de la coopération régionale au sein de l’océan Indien, avant de mettre le cap sur l’Afrique du Sud, deuxième étape de sa tournée africaine.”La France n’entend pas dominer, elle n’entend en rien imposer, elle veut coopérer face à toutes les tentations parfois hégémoniques dans un monde de désordres où vous voyez comme moi le retour des impéralismes. La région n’y échappe pas”, a déclaré le président sur le site de la future ambassade de France à l’issue d’une visite d’Etat de 24 heures à l’île Maurice.Au premier jour de sa visite jeudi, il a convenu avec le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam d’accroître la coopération en matière de sécurité maritime pour lutter contre les narcotrafics et la pêche illégale dans la zone.”La France est par sa géographie à La Réunion, Mayotte, par ses ressortissants établis à Maurice, aux Seychelles, à Madagascar, aux Comores, par ces familles mêlées et ses liens humains une des puissances dans l’océan Indien”, a-t-il dit.”Mais nous l’abordons aussi avec aussi humilité et une volonté de travailler en partenariat”, a-t-il insisté. La France concentre 1.600 militaires entre ses deux territoires ultramarins dans la zone.Emmanuel Maceron entend aussi réaffirmer la présence française dans le sud-ouest de l’océan Indien face aux ambitions croissantes de la Chine, la Russie et l’Inde.L’île Maurice, ex-colonie française puis britannique de 1,2 million d’habitants, occupe une position stratégique dans ce carrefour maritime riche en ressources qui attise les convoitises. Le chef de l’Etat a évoqué les “menaces qui pèsent sur la stabilité de l’océan Indien, traversé par des roues maritimes clés pour l’économie mondiale et maintenant le trafic qui descend depuis l’Asie”.La France et Maurice vont “organiser davantage de patrouilles et d’exercices” communs et procéder à un “échange de bonnes pratiques” en matière de sécurité, a-t-il pointé. Le président s’est auparavant rendu sur un bâtiment de la Marine nationale, Le Champlain, mouillant à Port-Louis et qui participe avec les garde-côtes mauriciens à la surveillance des côtes et la lutte contre les trafics, notamment de drogue venant de la zone Inde/Parkistan.Le Premier ministre mauricien, en poste depuis 2024, avait relevé la veille que les relations bilatérales avaient été “quelque peu négligées” ces dix dernières années mais souligné une volonté de les “redynamiser”.- “Amitié” -Le président français s’est envolé vers 13H30 (9H30 GMT) pour Pretoria où il rencontrera dans l’après-midi son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, avec lequel il a noué selon son entourage “une relation d’amitié, d’estime très proche”, à la veille du sommet du G20.Il doit se rendre dans un centre de formation de la compagnie nationale d’électricité Eskom, qui a bénéficié d’un soutien financier français en matière de transition énergétique, l’un des sujets du G20.Il effectuera aussi une visite hautement symbolique au mémorial de la lutte contre l’apartheid à Pretoria. Quinze noms de Français seront dévoilés à cette occasion sur le mur des héros du monument.Parmi eux les écrivains Jean-Paul Sartre et Aimé Césaire, Frantz Fanon, figure de l’anticolonialisme, l’avocat Paul Vergès, le philosophe Paul Ricoeur et le rugbyman international François Moncla, marqué à vie par l’apartheid lors d’une tournée du XV de France en Afrique du Sud en 1958.”La France était à travers ses artistes, ses figures culturelles, intellectuelles, politiques, en soutien de la lutte contre l’apartheid. Et c’est ça que l’on aura à coeur de démontrer lors de la visite”, relève l’Elysée.Le chef de l’Etat français, déterminé à accroître les liens économiques avec l’Afrique anglophone, assistera par ailleurs au lancement d’un conseil d’affaires franco-sud-africain sur le modèle de celui qui existe déjà au Nigeria, avant de rejoindre Johannesburg pour le sommet du G20 samedi et dimanche. Il poursuivra ensuite sa tournée africaine au Gabon et en Angola.Le président algérien Abdelmadjid Tebboune ne se rendra finalement pas au G20, a annoncé jeudi la télévision algérienne, coupant court à toute possibilité de rencontre avec Emmanuel Macron pour tenter d’apaiser une relation des plus tendues entre France et Algérie, après le signal positif envoyé par Alger, qui a récemment libéré l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

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Japon: les autorités locales approuvent le redémarrage de la plus grande centrale nucléaire au monde

La plus grande centrale nucléaire au monde a obtenu vendredi le feu vert d’autorités locales japonaises pour son redémarrage, une étape cruciale pour la remise en service du site après la catastrophe de Fukushima en 2011 et la fermeture de tous les réacteurs japonais. Hideyo Hanazumi, le gouverneur du département de Niigata (centre-ouest) où se trouve la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il “approuverait” la reprise des activités, qui devra encore recevoir l’aval final du régulateur nucléaire du pays. Le Japon avait fermé tous ses réacteurs nucléaires après le triple désastre – séisme, tsunami et catastrophe nucléaire – de Fukushima en 2011, alors que la population exprimait son inquiétude face à cette source d’énergie. Mais le pays, pauvre en ressources, veut réduire sa forte dépendance aux combustibles fossiles, atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et répondre à la demande croissante d’électricité liée à l’intelligence artificielle.Au total, 14 réacteurs – principalement situés dans l’ouest et le sud du pays – ont ainsi déjà été remis en service après la mise en place de normes de sécurité strictes. La centrale de Kashiwazaki-Kariwa, qui s’étend sur 400 hectares sur la côte de la mer du Japon face à la péninsule coréenne, serait le premier redémarrage d’une centrale nucléaire par Tepco, l’opérateur de celle de Fukushima Daiichi, depuis la catastrophe.Le vaste complexe a été équipé d’une digue de 15 mètres de haut contre les tsunamis, de nouveaux systèmes de secours électriques installés en hauteur, ainsi que d’autres dispositifs de sécurité.- Durée de vie des réacteurs allongée -Avant le séisme et le tsunami de 2011, qui ont fait environ 18.000 morts, l’énergie nucléaire représentait environ un tiers de la production d’électricité du Japon, le reste provenant principalement des énergies fossiles. En juillet, la compagnie d’électricité Kansai Electric a annoncé avoir franchi une première étape vers la construction du premier nouveau réacteur nucléaire du pays depuis la catastrophe de Fukushima. Le Japon est le cinquième émetteur mondial de dioxyde de carbone derrière la Chine, les États-Unis, l’Inde et la Russie, et dépend fortement des combustibles fossiles importés. Près de 70% des besoins en électricité du Japon étaient couverts en 2023 par des centrales thermiques fonctionnant au charbon et aux hydrocarbures.Le pays s’est fixé pour objectif de réduire l’apport des centrales thermiques à 30 à 40% de son mix électrique d’ici 2040.En juin, le Japon a adopté une loi permettant d’allonger la durée de vie des réacteurs nucléaires au-delà de 60 ans afin de compenser les arrêts liés à des “circonstances imprévisibles”. L’archipel veut faire des renouvelables sa principale source d’électricité avant 2040. Dans le cadre de cet objectif, le nucléaire devrait représenter environ 20% de la production électrique du pays à l’horizon 2040, contre 5,6% en 2022.

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Les derniers chasseurs-cueilleurs de Thaïlande revendiquent leur droit aux terres

Au coeur d’une forêt du sud de la Thaïlande, un jeune homme court, sarbacane en main, avant de décocher une flèche empoisonnée sur un singe.Le groupe qui l’accompagne s’approche en criant avant que l’animal ne tombe au sol.Cette chasse traditionnelle est toujours pratiquée par les Maniqs, l’un des plus petits groupes ethniques de Thaïlande et les derniers chasseurs-cueilleurs du pays.En voie de sédentarisation, les Maniqs réclament que leur droit de propriété soit reconnu sur les territoires qu’ils occupent depuis des générations mais qui sont à présent régis par les lois de protection de la nature.A 18 ans, Dan Rakpabon est le plus jeune chasseur des Maniqs. Il rapporte son trophée au thap, un abri de bambou au toit de feuilles, dans une clairière de Pa Bon. Il dépèce l’animal au dessus d’un feu pour brûler sa fourrure, puis le découpe avec soin pour répartir la viande en fonction de la taille de chaque famille.”Je suis très heureux à chaque fois que je pars en chasse. C’est notre nourriture”, dit-il.Pourtant, dans cette zone protégée de la forêt thaïlandaise, la chasse est illégale. Un défi que rencontrent de nombreux peuples autochtones dans le monde, sommés d’abandonner leur mode de vie traditionnel et qui doivent se battre pour des terres qu’ils ont toujours occupées.Ils se retrouvent fréquemment victimes des politiques de protection de la nature, même si plusieurs études montrent que leur usage limité des ressources contribue à la préservation de la biodiversité.”Le mode de vie traditionnel des Maniqs n’est pas une inquiétude”, reconnaît Chutiphong Phonwat, qui dirige le centre de protection de la faune sauvage de Banthat. “Ils ne détruisent pas la forêt”. – “Je peux écrire mon nom” -Pendant des siècles, les Maniqs, qui font partie de la branche de population plus large désignée sous le nom de Negritos, ont vécu comme des chasseurs-cueilleurs dans les forêts tropicales de la péninsule malaise, se déplaçant au gré des saisons pour se fournir en nourriture.Ils ne sont plus que 415, dispersés dans les montagnes du sud de la Thaïlande, selon les données de la Fondation pour l’éducation et l’environnement des peuples autochtones.La plupart sont sédentarisés en bordure de forêt, attirés par l’accès aux soins et à l’éducation pour leurs enfants, comme à Pa Bon, dans la province de Phattalung.Mais la vie moderne requiert de l’argent, contraignant les hommes à travailler sur des plantations d’hévéa pour trois à huit dollars par jour, tandis que les femmes confectionnent des sacs avec des feuilles de pandan pour les vendre.Certains ont des smartphones et les enfants vivent dans un village à 10 kilomètres de l’école.”Un jour mon enfant est venu me voir et m’a dit +Aujourd’hui je peux écrire mon nom+. Entendre cela m’a rendue fière”, indique sa mère, Jeab Rakpabon, qui gagne sa vie en tissant.Pour ces communautés, la chasse est devenue une activité occasionnelle plus qu’un moyen de subsistance.”J’ai grandi en suivant mon père dans la forêt pour chasser et chercher de la nourriture”, indique Tom Rakpabon, chef de la communauté de 40 personnes dont tous les membres se sont vu attribuer le même nom de famille par les autorités.”A présent nous devons acheter du riz, de la viande, des légumes au marché”.Tiraillés entre leurs traditions et le mode de vie moderne, les Maniqs revendiquent des droits de propriété à demeure sur les forêts protégées.”Nous voulons de vraies maisons, des terres pour cultiver les légumes”, dit Jeab Rakpabon. “Les abris de feuilles comme ceux-ci ne sont que temporaires”.- Situation précaire -La forêt est désormais classée comme une zone protégée où la loi thaïlandaise interdit la propriété privée des terres et restreint l’utilisation des ressources. “Les Maniqs, comme tout le monde, doivent respecter la loi de manière égale”, déclare Chalerm Phummai, directeur de l’Office de protection de la Faune de Thaïlande. Selon la réglementation, les communautés autochtones peuvent demander des permis d’utilisation des terres de 20 ans, et plusieurs ont été délivrés. Mais ce processus réduit les groupes autochtones à des occupants temporaires de leurs forêts ancestrales, soulignent les détracteurs. Une communauté Maniq vit depuis plus de 30 ans à Plai Khlong Tong, dans la province de Trang, où elle a établi ses propres plantations d’hévéas et des maisons en bois et en béton sommaires au milieu des arbres imposants.”C’est frustrant de vivre ainsi”, note cependant Thawatchai Paksi, dont la mère a épousé un planteur d’hévéa, impulsant le changement de mode de vie. “Nous avons besoin de permission pour presque tout, même pour couper un arbre ou construire une maison.Vivre sans titre de propriété place les habitants dans une situation précaire, explique le chef du village Sakda Paksi.”Si les Maniq possédaient des terres, on pourrait marcher sur nos deux pieds”.- “Plus rien dans la forêt” –Un groupe de la province de Satun a été réduit à mendier en bord de route, faute de trouver du travail. “Si personne ne nous donne à manger, c’est difficile”, dit leur cheffe, Jin Sri Thung Wa.”Il ne reste plus rien dans la forêt ici, et il n’y a aucun travail”, dit-elle.Les Maniqs se heurtent aussi à des discriminations de la part des Thaïlandais, notamment dans la façon dont ils sont désignés.”Les Maniqs ne sont pas des sauvages,” souligne Tao Khai, un autre chef communautaire. “Nous sommes un peuple de la forêt”.Les propriétaires d’une plantation de caoutchouc et site touristique permettent à son groupe de vivre sur leur territoire, mais ils n’ont pas de champs à cultiver et subsistent grâce à des travaux journaliers dans la région, complétés par la chasse. Chaque matin, un employé de la plantation conduit Duan Srimanang, 13 ans, et des dizaines d’autres enfants à l’école. En raison de ses faibles connaissances, elle étudie avec des enfants de sept ans, mais elle peut maintenant écrire son nom et apprend à lire. “Quand je serai grande, je veux avoir un travail et gagner de l’argent pour pouvoir m’occuper de ma mère et lui rendre la vie confortable et heureuse”, dit-elle.- Droits permanents -En septembre, une nouvelle loi thaïlandaise a créé des “zones ethniques protégées” pour les populations autochtones avec un régime plus flexible.”Les Maniqs n’obtiendront pas la propriété foncière, mais ils auront des droits d’utilisation des terres conformément à leur mode de vie traditionnel”, assure l’anthropologue Apinan Thammasena. “La sécurité foncière ne passe pas forcément par un droit de propriété. Elle peut prendre la forme de droits d’utilisation garantis et permanents des terres”, ajoute-t-il.Mais pour le député Laufang Bandittheodsakul, un membre des tribus Hmong, qui a participé à l’élaboration de la réglementation, les règles environnementales restent en place, ce qui peut potentiellement saper l’impact de ces mesures. “La législation foncière reste largement inchangée”, dit-il, soulignant que le service des forêts devait toujours autoriser l’accès à l’eau, l’électricité et la construction des routes.Tao Khai rentre de la chasse à la plantation d’hévéa, où Duan et ses amis font leurs devoirs éclairés par une lampe torche.”Cette terre nous a été donnée temporairement”, dit-il. “Les Maniqs veulent une maison où ils peuvent vivre pour toujours”.str/sah/slb/ane/lgo/gmo/ptCe reportage est une collaboration entre l’AFP et HaRDstories, avec le soutien du Centre Pulitzer.

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L’anguille, tradition gastronomique japonaise au menu d’un débat mondial sur sa préservation

Attablées dans un restaurant d’anguilles près de Tokyo, quatre amies s’apprêtent à déguster ce plat particulièrement prisé des Japonais, un poisson menacé dont la conservation doit faire l’objet d’un débat international à partir de lundi.”C’est un mets de luxe, qu’on mange pour se faire plaisir ou célébrer une occasion”, explique Yukiko Takahashi, une commerciale de 52 ans.Jusqu’à 85% de la consommation mondiale d’anguille se fait en Asie de l’Est, et notamment au Japon, qui pour répondre à la demande importe massivement: 73% des 61.000 tonnes consommées dans le pays en 2024 venaient de l’étranger.Tokyo voit donc d’un mauvais oeil une proposition de l’Union européenne, du Honduras et du Panama d’inscrire les 17 espèces d’anguille du monde à la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites), qui s’ouvre lundi à Samarcande (Ouzbékistan).En cas d’adoption, le commerce de l’anguille serait plus strictement réglementé.- Cycle de vie encore mystérieux -Le déclin mondial des populations d’anguilles est attribué par les scientifiques à une conjonction de facteurs: pollution des cours d’eau, destruction des zones humides, barrages hydroélectriques et pêche.L’estimation des populations est rendue difficile par le cycle de vie complexe de ce poisson, qui rend aussi sa conservation ardue.L’anguille du Japon, espèce commune à l’Asie de l’Est, se reproduit à l’ouest des îles Mariannes, à 2.000 à 3.000 km des côtes nippones. Ses larves évoluent en civelles (alevins) à l’approche des côtes, puis vivent en eau douce 5 à 15 ans avant de retourner pondre dans l’océan, et mourir.Dans l’archipel, les prises de civelles ont chuté à moins de 10% de leur niveau des années 1960.L’anguille du Japon et les variétés américaine et européenne du poisson -inscrites depuis 2014 sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)- représentent la quasi-totalité de la consommation mondiale.- Mets de luxe -L’anguille, appellée “unagi” au Japon, y est dégustée depuis des millénaires. Elle est généralement consommée en kabayaki, des brochettes grillées et trempées dans une sauce à base de soja et de mirin (alcool de riz).Pour perpétuer cette tradition, les Japonais sont prêts à mettre le prix.”Les clients comprennent que c’est un mets de luxe”, commente derrière les fourneaux le chef Tomoyuki Takashino, avant d’embrocher une anguille qu’il vient de tuer et de découper en filet. Le plat d’unaju, une anguille sur du riz servie dans une boîte en laque, est facturé 5.250 yens (29 euros au cours actuel). M. Takashino dit avoir vu le prix plus que doubler en quinze ans.La quasi-totalité des anguilles consommées au Japon viennent de l’élevage en aquaculture, qui repose entièrement sur la pêche ou l’importation de civelles, le poisson ne se reproduisant pas en captivité.- Impact “considérable” sur la filière -“Nous achetons les civelles, que nous élevons dans ces six bassins”, explique Takayuki Hiranuma, qui dirige la ferme d’aquaculture attenante au restaurant. Derrière lui ondulent 80.000 anguilles, dans une eau maintenue à 30°C et filtrée en permanence. En dix mois d’élevage, leur poids sera multiplié par 1.000, avant qu’elle soient vendues ou cuisinées sur place. Si la proposition d’inscription des anguilles était adoptée, “on dit que le commerce international ne serait plus aussi fluide. C’est un point qui nous inquiète énormément”, admet M. Hiranuma, jugeant que l’impact sur la filière serait “considérable”.Pour cette raison, le gouvernement japonais refuse la proposition de l’UE, s’appuyant notamment sur une étude de l’Université océanographique de Tokyo selon laquelle la population d’anguille du Japon a triplé depuis 1990.Le Japon a également mis en place des systèmes de quotas de pêche et de permis d’élevage, souligne auprès de l’AFP Tetsuya Kawashima, un responsable de l’Agence japonaise de la pêche. “Et nous coopérons avec la Chine, la Corée du Sud et Taïwan, territoires où vit l’anguille du Japon, pour limiter les quantités de civelles capturées et améliorer la gestion des stocks”, ajoute-t-il.Tokyo cite également l’avis d’un groupe d’experts de la FAO  – organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – jugeant “faible” le risque d’extinction des anguilles japonaise et américaine.- “Plus grand crime contre la faune” -Mais pour Andrew Kerr, de l’organisation Sustainable Eel Group (SEG), ces constats ignorent le trafic d’anguilles, qu’il qualifie de “plus grand crime contre la faune” de la planète.”Toutes sortes de stratagèmes sont utilisés pour faire passer une espèce pour une autre. Et ainsi, le trafic peut prospérer”, explique-t-il.L’approvisionnement asiatique a recours à la contrebande de civelles depuis l’UE, qui en a interdit l’exportation en 2010. Quelque 100 tonnes de civelles transiteraient ainsi chaque année, selon Europol.Mais “avec les nombreuses arrestations et démantèlements de chaînes d’approvisionnement illégales, l’arrivage européen a diminué et nous voyons l’essor des expéditions d’anguilles depuis les Caraïbes”, note M. Kerr.L’anguille américaine est “désormais menacée”, souligne-t-il.S'”il ne s’agit pas de leur risque imminent d’extinction”, M. Kerr insiste sur l’enjeu “de créer un sorte d’ordre mondial dans le commerce de l’anguille”. 

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En Guyane, les acteurs publics s’organisent face à l’érosion et la montée des eaux

Alors que la COP30 continue à Belem, les effets du réchauffement climatique sont déjà visibles en Guyane, à quelques centaines de kilomètres de là, le littoral s’effrite, grignoté par une érosion chronique et menacé par la montée de l’océan Atlantique.”L’océan était beaucoup plus loin avant, à 100 mètres de la maison. Aujourd’hui, l’eau est à moins de 20 mètres”, montre Endrick Behary-Laul-Sirder.Cet habitant de Kourou a vu son quartier de l’Anse se transformer sous l’effet de l’érosion côtière et de plusieurs épisodes de submersions marines survenus entre 2016 et 2019. “Les vagues tapaient contre le portail”, se souvient ce trentenaire, employé du centre spatial.La rue où il habite depuis dix ans n’a plus qu’une seule voie: l’autre a été remplacée par une dune de deux mètres, érigée dans l’urgence par la municipalité.À Kourou, ville sans relief bâtie sur douze kilomètres de littoral, plusieurs quartiers sont directement menacés. “Que le trait de côte soit mouvant, ce n’est pas un problème car c’est endémique à la Guyane, contrairement à la montée de l’eau. On ne lutte pas contre l’océan”, souligne Jean-Paul Malaganne, directeur général adjoint de la ville, chargé de l’urbanisme.Les Guyanais sont habitués à vivre sur l’un des littoraux les plus dynamiques du monde. En cause les centaines de millions de tonnes de sédiments charriés chaque année par l’Amazone.Ces bancs de vase, larges de plusieurs kilomètres, remontent le long du plateau des Guyanes sous l’effet de la houle et du vent. Véritables boucliers naturels, ils amortissent la houle, puis se déplacent de près de 2,5 km par an, laissant parfois les plages à nu.”Dans l’Hexagone, l’érosion est suffisamment lente pour être anticipée”, explique Guillaume Brunier, chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). “En Guyane, les échelles sont beaucoup plus rapides. On peut perdre ou gagner plusieurs dizaines de mètres par an.”- Relocaliser des quartiers – Un phénomène qui pourrait s’amplifier, selon le rapport GuyaClimat publié en 2022. Il formule plusieurs scénarios à partir des données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), allant d’une hausse du niveau de l’océan Atlantique de 46 cm d’ici à 2100 dans le scénario faible, à jusqu’à 84 cm dans le scénario fort. “Cela générera un plus fort risque de submersion, car la taille et la force des vagues rétractent les vasières (…) In fine, il y aura moins d’espaces tampons”, poursuit Guillaume Brunier.À Kourou, le banc de vase qui amortit les vagues “se sera déplacé d’ici un an et demi à deux ans”, anticipe le BRGM, menaçant à nouveau le front de mer.Dès 2016, la Ville a engagé une stratégie d’adaptation. La première phase, prévue pour septembre 2026, consiste à poser des épis en bois pour casser les vagues “afin de donner une marge de 20-30 ans aux riverains”, détaille Jean-Paul Malaganne.Mais la seconde phase sera plus radicale: la relocalisation. Environ 400 familles, soit 10% de la population kouroucienne, devront déménager, estime la mairie. À l’extrême nord-ouest de la Guyane, la commune amérindienne d’Awala-Yalimapo a, dès 2019, inscrit dans ses documents d’urbanisme la relocalisation d’une partie des habitations, en sanctuarisant du foncier pour les futurs déplacés climatiques.Outre Kourou et Awala-Yalimapo, la Collectivité territoriale de Guyane élabore un plan d’adaptation au changement climatique, prévoyant des zones de repli dans son schéma d’aménagement régional révisé.Mais les élus disent se heurter à un cadre souvent inadapté. La loi Littoral interdit par exemple toute construction en continuité interrompue de l’urbanisation.”Quand il va falloir recomposer les communes exposées, un enjeu très important sera de pouvoir construire sans continuité de l’urbanisation”, souligne pourtant Juliette Guirado, directrice de l’Agence d’urbanisme de la Guyane.S’y ajoutent des contraintes budgétaires. Prévu dans le projet de loi de finances de 2025, le fonds national pour l’adaptation des communes littorales à l’accélération de l’érosion n’a finalement pas vu le jour. Pas plus qu’une taxe additionnelle sur les locations saisonnières de bord de mer, qui aurait pu rapporter annuellement 180 millions d’euros.Pourtant, l’enjeu est colossal. En effet, selon une étude présentée en juin lors d’un séminaire sur le changement climatique, le coût national de l’adaptation est évalué à 2,3 milliards d’euros par an, contre cinq milliards pour les dommages.

En Guyane, les acteurs publics s’organisent face à l’érosion et la montée des eaux

Alors que la COP30 continue à Belem, les effets du réchauffement climatique sont déjà visibles en Guyane, à quelques centaines de kilomètres de là, le littoral s’effrite, grignoté par une érosion chronique et menacé par la montée de l’océan Atlantique.”L’océan était beaucoup plus loin avant, à 100 mètres de la maison. Aujourd’hui, l’eau est à moins de 20 mètres”, montre Endrick Behary-Laul-Sirder.Cet habitant de Kourou a vu son quartier de l’Anse se transformer sous l’effet de l’érosion côtière et de plusieurs épisodes de submersions marines survenus entre 2016 et 2019. “Les vagues tapaient contre le portail”, se souvient ce trentenaire, employé du centre spatial.La rue où il habite depuis dix ans n’a plus qu’une seule voie: l’autre a été remplacée par une dune de deux mètres, érigée dans l’urgence par la municipalité.À Kourou, ville sans relief bâtie sur douze kilomètres de littoral, plusieurs quartiers sont directement menacés. “Que le trait de côte soit mouvant, ce n’est pas un problème car c’est endémique à la Guyane, contrairement à la montée de l’eau. On ne lutte pas contre l’océan”, souligne Jean-Paul Malaganne, directeur général adjoint de la ville, chargé de l’urbanisme.Les Guyanais sont habitués à vivre sur l’un des littoraux les plus dynamiques du monde. En cause les centaines de millions de tonnes de sédiments charriés chaque année par l’Amazone.Ces bancs de vase, larges de plusieurs kilomètres, remontent le long du plateau des Guyanes sous l’effet de la houle et du vent. Véritables boucliers naturels, ils amortissent la houle, puis se déplacent de près de 2,5 km par an, laissant parfois les plages à nu.”Dans l’Hexagone, l’érosion est suffisamment lente pour être anticipée”, explique Guillaume Brunier, chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). “En Guyane, les échelles sont beaucoup plus rapides. On peut perdre ou gagner plusieurs dizaines de mètres par an.”- Relocaliser des quartiers – Un phénomène qui pourrait s’amplifier, selon le rapport GuyaClimat publié en 2022. Il formule plusieurs scénarios à partir des données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), allant d’une hausse du niveau de l’océan Atlantique de 46 cm d’ici à 2100 dans le scénario faible, à jusqu’à 84 cm dans le scénario fort. “Cela générera un plus fort risque de submersion, car la taille et la force des vagues rétractent les vasières (…) In fine, il y aura moins d’espaces tampons”, poursuit Guillaume Brunier.À Kourou, le banc de vase qui amortit les vagues “se sera déplacé d’ici un an et demi à deux ans”, anticipe le BRGM, menaçant à nouveau le front de mer.Dès 2016, la Ville a engagé une stratégie d’adaptation. La première phase, prévue pour septembre 2026, consiste à poser des épis en bois pour casser les vagues “afin de donner une marge de 20-30 ans aux riverains”, détaille Jean-Paul Malaganne.Mais la seconde phase sera plus radicale: la relocalisation. Environ 400 familles, soit 10% de la population kouroucienne, devront déménager, estime la mairie. À l’extrême nord-ouest de la Guyane, la commune amérindienne d’Awala-Yalimapo a, dès 2019, inscrit dans ses documents d’urbanisme la relocalisation d’une partie des habitations, en sanctuarisant du foncier pour les futurs déplacés climatiques.Outre Kourou et Awala-Yalimapo, la Collectivité territoriale de Guyane élabore un plan d’adaptation au changement climatique, prévoyant des zones de repli dans son schéma d’aménagement régional révisé.Mais les élus disent se heurter à un cadre souvent inadapté. La loi Littoral interdit par exemple toute construction en continuité interrompue de l’urbanisation.”Quand il va falloir recomposer les communes exposées, un enjeu très important sera de pouvoir construire sans continuité de l’urbanisation”, souligne pourtant Juliette Guirado, directrice de l’Agence d’urbanisme de la Guyane.S’y ajoutent des contraintes budgétaires. Prévu dans le projet de loi de finances de 2025, le fonds national pour l’adaptation des communes littorales à l’accélération de l’érosion n’a finalement pas vu le jour. Pas plus qu’une taxe additionnelle sur les locations saisonnières de bord de mer, qui aurait pu rapporter annuellement 180 millions d’euros.Pourtant, l’enjeu est colossal. En effet, selon une étude présentée en juin lors d’un séminaire sur le changement climatique, le coût national de l’adaptation est évalué à 2,3 milliards d’euros par an, contre cinq milliards pour les dommages.