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Face au changement climatique, méditez! L’appel d’une des responsables de l’accord de Paris

Il y a dix ans, Christiana Figueres fut l’une des architectes de l’accord de Paris. Pour gérer le stress des négociations climatiques et l’anxiété liée au réchauffement de la planète, elle a une recommandation: la méditation.Alors à la tête de l’agence ONU Climat, cette native du Costa Rica joua en 2015 un rôle-clé dans l’élaboration de l’accord historique conclu dans la capitale française, où la communauté internationale s’est engagée à prendre des mesures pour limiter le réchauffement.Dix ans plus tard, elle était la semaine dernière dans la ville amazonienne de Belem, au Brésil, pour la COP30, où les négociations battent leur plein pour tenter d’atteindre un nouveau consensus face à l’urgence climatique.Dans un entretien à l’AFP, Christiana Figueres prône la “résilience personnelle” face aux circonstances “sans précédent” que traverse l’humanité.À ce titre, elle organise des retraites de méditation auxquelles participent, entre autres, des négociateurs des conférences de l’ONU sur le climat, pour y apprendre notamment des techniques de respiration afin de réduire le stress.QUESTION: Quel est le rapport entre la méditation et le changement climatique?RÉPONSE: “Au fil des années, nous avons constaté que les mesures pour faire face au changement climatique n’ont pas été à la hauteur, ni à la vitesse ni de l’ampleur souhaitées, selon les scientifiques. Beaucoup de personnes, en particulier les jeunes qui travaillent sur ce sujet, ont commencé à se sentir de plus en plus anxieux. Cela me fait beaucoup de peine de voir que beaucoup de jeunes ont décidé de ne pas avoir d’enfants, par exemple, parce qu’ils ne veulent pas les voir vivre sur une planète dans cet état.Beaucoup de personnes qui se consacrent à ce sujet depuis des années ressentent que leur impact a été minime ou insignifiant, et tombent dans un gouffre de désespoir, de frustration. Cela nuit à leur santé mentale. La méditation aide à renforcer la résilience personnelle. Et je suis convaincue que, bien que nous travaillions tous pour la résilience planétaire, il est très difficile de le faire sans cette résilience personnelle.”Q: Et pour vous, à titre personnel, quelle a été l’importance de la méditation dans votre combat contre le changement climatique?R: “Je ne sais pas si j’aurais pu supporter de travailler dans ce domaine tout au long de ces décennies sans la méditation, sans me connecter à la nature, aux autres personnes. Je n’aurais pas pu y faire face aussi longtemps, et avec autant d’efforts.”Q: Cette pratique trouve-t-elle un écho parmi les négociateurs de la COP30 ?R: “Nous avons organisé des retraites avec 800 personnes à travers le monde. Il y a parmi eux des négociateurs ou leurs collaborateurs, qui apprennent ces techniques (de méditation) et les mettent en pratique à la COP. Mais on ne peut pas dire qu’on va concevoir le programme quotidien de la COP autour de cela. C’est une décision personnelle de chacun.”Q: En quoi cela peut-il faciliter les négociations?R: “Cela les facilite dans le sens où, quand on apprend à écouter, on devient un meilleur négociateur.”Q: Qu’attendez-vous de la COP30?R: “Je pense que ce qui va ressortir de cette COP, c’est qu’on va se rendre compte que, bien que l’aspect politique demeure important, la réalité économique face au changement climatique prend de plus en plus d’ampleur. C’est le fait de savoir que toutes ces technologies (propres) sont tout simplement supérieures et très compétitives par rapport aux technologies polluantes. Et ce progrès de ces technologies est visible dans tous les secteurs, dans tous les pays. C’est un progrès qui ne s’arrêtera pas.”

Santé: un vaste appel à accélérer la lutte contre les aliments ultra-transformés

Les aliments ultra-transformés constituent une réelle menace pour la santé, selon un vaste collectif de chercheurs qui publient ce mercredi une série d’études dans le Lancet, accusant en outre l’industrie agrolimentaire de semer le doute sur le sujet.Les industriels appliquent “des tactiques dignes de l’industrie du tabac” pour décrédibiliser les recherches sur les aliments ultra-transformés, a estimé, lors d’une conférence de presse organisée par le Lancet, Chris van Tulleken, l’un des principaux auteurs de l’une de ces études, publiées par la grande revue médicale avec l’ambition de dresser un panorama de référence sur le sujet.Ces trois études s’inscrivent dans un contexte où les inquiétudes sanitaires s’accroissent autour des aliments ultra-transformés, mais où de vives controverses scientifiques demeurent autour de l’ampleur des risques.Selon certains scientifiques, le terme d’aliments ultra-transformés, qui s’applique en gros à des produits résultant de processus industriels complexes et recombinant des ingrédients variés, recouvre une réalité trop floue, au risque d’un certain alarmisme.Selon d’autres chercheurs, ces doutes sont illégitimes en l’état des connaissances et sont instrumentalisés par l’industrie agro-alimentaire afin de bloquer toute mesure visant à réduire la consommation d’aliments ultra-transformés.Les auteurs des études du Lancet s’inscrivent clairement dans ce second camp. Parmi eux figure l’épidémiologiste Carlos Monteiro, créateur d’un système dit Nova pour déterminer si un aliment est ultra-transformé. Cette classification sert largement de référence, mais sa méthodologie ne fait pas l’unanimité.Les critiques pointent notamment le fait que, selon les définitions de Nova, des produits comme des laits végétaux ou du pain pourraient être classés comme ultra-transformés, alors qu’ils sont largement considérés comme sains.M. Monteiro est le principal auteur de la première étude du Lancet, qui compile une centaine de travaux scientifiques pour établir l’état des connaissances sur les risques des aliments ultra-transformés. Elle conclut que leur consommation est associée à de multiples pathologies, comme l’obésité et le diabète, ainsi plus largement qu’une mort prématurée.- Interdire la publicité -Il existe des “critiques scientifiques valables” de Nova, admettent les auteurs, mais celles-ci sont sans commune mesure avec l’entreprise de déstabilisation menée par l’industrie. Ils appellent à des études plus poussées pour distinguer l’effet de certains processus industriels, comme par exemple ceux qui aromatisent artificiellement les yaourts.La seconde étude fait le point sur la consommation d’aliments ultra-transformés et conclut qu’elle représente déjà plus de la moitié des calories absorbées dans des pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.La troisième étude se penche sur les stratégies des grands groupes de l’agroalimentaire – les huit principaux étant Nestlé, PepsiCo, Unilver, Coca-Cola, Danone, Fomento, Economico Mexicano, Mondelez et Kraft Heinz -, les accusant d’avoir agressivement promu depuis plusieurs décennies des produits fabriqués à partir d’ingrédients de médiocre qualité. A l’issue de ce panorama global, les chercheurs concluent tous à l’urgence d’agir contre la consommation d’aliments ultra-transformés, notamment en interdisant les publicités visant les enfants, ou en taxant certains de ces produits. L’argent récupéré pourrait, selon les chercheurs, financer des programmes facilitant l’accès à des produits frais pour les ménages aux plus faibles revenus.Ce vaste dossier a été plutôt salué par des chercheurs n’y ayant pas participé et gardant des réticences quant à certains points méthodologiques.”C’est sûr que les auteurs de ces études sont biaisés en faveur de Nova puisqu’ils l’ont créé”, a jugé Hilda Mulrooney, nutritionniste à l’université Kingston de Londres, soulignant que l’on ignorait encore largement par quels mécanismes précis les aliments ultra-transformés pourraient nuire à la santé.Mais “il est largement temps d’agir” face à ces produits, a-t-elle reconnu, citant leur coût élevé “pour les individus, les systèmes de santé et les finances publiques”, tout en soulignant que les milieux les plus pauvres sont les plus frappés avec un risque “disproportionné” de maladies chroniques.

Trump says Saudi prince ‘knew nothing’ about journalist’s murder

US President Donald Trump fiercely defended Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman Tuesday over the 2018 killing of journalist Jamal Khashoggi, insisting the kingdom’s de facto ruler “knew nothing” about the murder as he wooed him at the White House.Trump sought to brush the gruesome murder of the Washington Post columnist under the red carpet, …

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Assassinat Mehdi Kessaci: son frère Amine appelle à “la révolte face au narcotrafic”

“Levons-nous ensemble”: au lendemain des obsèques de son frère Mehdi à Marseille, Amine Kessaci a appelé mercredi à ce que “la révolte face au narcotrafic soit durable” avant une marche blanche prévue samedi pour dire “stop”.”On ne peut pas tuer tout un peuple”, a clamé le militant écologiste des quartiers Nord de Marseille dans une tribune au journal Le Monde, réaffirmant sa volonté de ne pas se taire. Amine Kessaci, 22 ans, ne s’était pas exprimé depuis le meurtre de son petit frère de 20 ans, abattu par deux hommes à moto sur un parking en plein jour jeudi, à quelques mètres de l’Hôtel du département des Bouches-du-Rhône.”Hier j’ai enterré mon frère”, commence le jeune militant de 22 ans dans son texte. “Mon cœur n’est que blessure. La douleur m’éparpille. Mais elle n’effrite pas ma lucidité”.Lors des obsèques du jeune Mehdi, encadrés un important dispositif policier, Amine Kessaci, menacé depuis des mois, portait un gilet pare-balles, a indiqué une source policière à l’AFP.- Descendre dans la rue -“Voici ce que font les trafiquants: ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies”, dénonce Amine Kessaci.L’association qu’il a fondée, Conscience, pour venir en aide aux familles de victimes de narchomicides, a appelé à les rejoindre pour “une marche blanche silencieuse” samedi à 15h00 pour soutenir la famille.”Je serais fier que les Marseillais descendent dans la rue, disent non au narcotrafic”, a déclaré le maire divers gauche de Marseille Benoît Payan à La Provence. La présidente divers droite de la métropole Aix-Marseille a indiqué à l’AFP qu’elle serait présente au rassemblement et a salué le “courage” d’Amine Kessaci.Près d’une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci, la lutte contre le narcotrafic, et ses manquements, domine le débat public. Le président Emmanuel Macron a fustigé mercredi les “bourgeois des centres-villes” qui financent “parfois” le narcotrafic, selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, et son homologue de la Justice, Gérald Darmanin, se rendront jeudi à Marseille, sur demande du chef de l’Etat.Emmanuel Macron avait appelé mardi à “amplifier” la lutte contre le narcotrafic en adoptant la même approche que pour “le terrorisme”, à l’issue d’une réunion d’urgence à l’Elysée sur le sujet.Amine Kessaci a été obligé par la police à quitter Marseille en août, raconte-t-il encore dans Le Monde, tout en regrettant que la protection policière qui lui a été accordée n’ait pas été étendue à ses proches. “Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée?”, s’interroge-t-il.Une allusion directe à l’assassinat de son frère Brahim en 2020, alors âgé de 22 ans, dans un règlement de comptes lié au trafic de drogue.Son frère Mehdi, qui voulait devenir policier, était totalement étranger aux trafics. – “l’Etat doit répondre”-“Je pense que la doctrine d’emploi des forces de l’ordre depuis un an n’a pas été la bonne. Je pense qu’il y a eu un relâchement sur la question du narcotrafic”, a de son côté dénoncé Benoît Payan, interrogé mercredi matin sur RTL.L’élu divers gauche a notamment regretté la suppression du préfet de police dans sa ville où il a dit observer “une forme de reprise, des coups de pression, des tirs… depuis six semaines, je sens que les choses ne vont pas”.Comme Amine Kessaci, Benoit Payan a estimé que les narcotrafiquants “cherchent à nous faire taire”. “C’est un défi à l’Etat et l’Etat doit répondre (…) quand on prend un coup de la mafia, on doit en rendre dix”, a-t-il martelé.Mardi, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a assuré “la solidarité de l’ensemble de la Nation” avec la famille Kessaci.Après la mort de son frère Brahim, Amine Kessaci a fait de la lutte contre le narcotrafic dans les cités son combat, avant de rejoindre les Ecologistes. Il s’était présenté aux élections européennes sur la liste de Marie Toussaint pour porter la voix de la jeunesse et des quartiers populaires, sans être élu, avant de perdre de peu aux législatives quelques semaines plus tard, face au Rassemblement national (RN).

L’éleveur Bertrand Venteau élu président de la Coordination rurale

L’éleveur Bertrand Venteau a été élu mercredi président de la Coordination rurale, avec le soutien de l’aile dure du syndicat agricole contestataire, battant la sortante Véronique Le Floc’h.”Le plus dur est devant nous. Il faut continuer à construire la CR”, a-t-il dit, prévenant qu’il ne voulait “plus voir de querelles” de personnes.Alors qu’il tançait encore mardi soir une équipe sortante accusée de “se complaire dans la bobosphère parisienne” au lieu “de donner des moyens aux départements”, il a appelé à l’unité du syndicat.Après une campagne dure, il l’a emporté dans un scrutin assez serré, à 74 voix contre 68, selon les résultats proclamés mercredi, au 32e congrès du syndicat à Auch (Gers).Président de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne depuis 2019, il a mis en avant son expérience de terrain et promu un syndicat “au service des équipes départementales dans la défense des paysans”. Comme la sortante Véronique Le Floc’h, il a posé le diagnostic de la “crise de croissance” d’un syndicat qui a gonflé d’un coup, raflant notamment des voix à la puissante FNSEA.Mais il a vertement critiqué la gestion de l’équipe sortante. “Aujourd’hui, vous avez les chambres, les départements, le national et entre eux, y’a rien qui circule”, a-t-il dénoncé quelques minutes avant le vote, appelant à “former les cadres” qui structureront le syndicat.A l’adresse de ses soutiens, la frange dure et puissante du syndicat dans le Sud-Ouest, il a promis de continuer la mobilisation sur le terrain et de “combattre” les écologistes.”Les écolos, la décroissance, veulent nous crever, nous devons leur faire la peau”, a-t-il lancé, déclenchant des applaudissements nourris dans la salle.Dès le début, sa candidature a été soutenue par les dirigeants des places fortes du syndicat aux bonnets jaunes, du Gers au Lot-et-Garonne: les “sudistes” estiment que la percée aux élections leur est largement attribuable, portée par des actions musclées, comme la tentative de blocage de Paris en janvier ou le saccage de bureaux de l’Office français de la biodiversité.En janvier, à l’issue d’une campagne de “dégagisme” qui a ébranlé l’alliance historique FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale a obtenu près de 30% des voix des agriculteurs (contre 20% six ans auparavant).Elle s’est retrouvée à la tête de 11 chambres d’agriculture et dispose désormais de confortables subventions publiques (4,02 millions d’euros), dépassant celles de la FNSEA (3,7 millions) et des JA (3,8 millions) séparément.

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Prolongation du glyphosate: la justice européenne donne raison aux ONG sur une “erreur de droit” de Bruxelles

La justice européenne a estimé mercredi que la Commission européenne avait commis une “erreur de droit” lors d’une prolongation de l’autorisation du glyphosate, un herbicide combattu par les associations environnementales.Selon la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), Bruxelles aurait dû donner suite aux demandes des ONG de réexaminer un “règlement d’exécution” européen de 2022 prolongeant d’un an l’autorisation du glyphosate.Cet herbicide très contesté a depuis été autorisé par Bruxelles jusqu’en 2033.La décision de la Cour mercredi concerne aussi le boscalid, un fongicide très utilisé en agriculture et dont les effets potentiels sur l’homme inquiètent certains scientifiques.”La prolongation temporaire d’approbation des substances actives ne peut être appliquée de manière automatique ou systématique”, tranche la CJUE, qui critique les prolongations annuelles “courtes” et “répétées”, plutôt que les autorisations plus longues avec une évaluation des risques.Trois associations avaient saisi la justice européenne sur le sujet: le collectif Pesticide Action Network (PAN) Europe, ainsi que l’organisation française Pollinis et allemande, l’Aurelia Stiftung.- “Victoire importante” -Pollinis a salué une “victoire importante pour la protection de la biodiversité”.La justice européenne “sanctionne le système de prolongations automatiques accordées par la Commission européenne aux industriels de l’agrochimie”, considère cette association.”Cette pratique abusive permet à de nombreux tueurs d’abeilles, comme le boscalid, de continuer à être commercialisés plusieurs années après l’expiration de leur autorisation de mise sur le marché”, dénonce-t-elle.Ces arrêts peuvent faire l’objet d’un recours dans un délai de deux mois.Des ONG dont PAN Europe ont également saisi beaucoup plus largement la justice européenne pour contester l’autorisation du glyphosate jusqu’en 2033.Elles accusent la Commission d’avoir “manqué à son devoir de protection de la santé publique”.La procédure pourrait être plus longue sur ce volet.A la suite d’un vote des Etats membres qui n’avait pas permis de dégager de majorité, la Commission européenne avait pris l’initiative en novembre 2023 de renouveler l’autorisation du glyphosate pour dix ans.Elle s’était appuyée sur un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d’interdiction.Le glyphosate, substance active de plusieurs herbicides très courants, avait été classé en 2015 comme “cancérogène probable” par un centre de recherche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – conclusion confirmée en 2021 par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), organisme français de recherche scientifique.

Assassinat Mehdi Kessaci: son frère Amine s’attend à “une lutte à mort” contre le narcotrafic

“Non, je ne me tairai pas”: au lendemain des obsèques de son frère Mehdi à Marseille, Amine Kessaci a réaffirmé dans une tribune au journal Le Monde sa volonté d'”agir” face au narcobanditisme, estimant qu’une “lutte à mort est engagée”.Le militant écologiste originaire des quartiers Nord, engagé dans la lutte contre les trafiquants de drogue, ne s’était pas exprimé depuis le meurtre de son petit frère de 20 ans, abattu par deux hommes à moto sur un parking en plein jour jeudi, à quelques mètres de l’Hôtel du département.A la mosquée et au cimetière mardi, les obsèques du jeune Mehdi ont été protégées par un important dispositif policier, et Amine Kessaci, menacé depuis des mois, portait un gilet pare-balles, a indiqué une source policière à l’AFP.”Hier j’ai enterré mon frère”, commence le jeune militant de 22 ans dans sa tribune au quotidien Le Monde. “Mon coeur n’est que blessure. La douleur m’éparpille. Mais elle n’effrite pas ma lucidité”.”Voici ce que font les trafiquants: ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies”, dénonce Amine Kessaci.- Protection policière -“Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu’il se passe et comprendre qu’une lutte à mort est engagée”, prévient-il encore.”Je dirai les carences de l’État, les failles de la République, les territoires abandonnés et les populations oblitérées”, martèle le jeune homme en direction du gouvernement.Près d’une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci, la lutte contre le narcotrafic, et ses manquements, domine le débat public. Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, et son homologue de la Justice, Gérald Darmanin, se rendront jeudi à Marseille, sur demande du chef de l’Etat.Emmanuel Macron avait appelé mardi à “amplifier” la lutte contre le narcotrafic en adoptant la même approche que pour “le terrorisme”, à l’issue d’une réunion d’urgence à l’Elysée sur le sujet.Amine Kessaci a été obligé par la police à quitter Marseille en août, raconte-t-il encore dans Le Monde, tout en regrettant que la protection policière qui lui a été accordée ne l’a pas été à ses proches. “Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée?”, s’interroge-t-il.Une allusion directe à l’assassinat de son frère Brahim en 2020, alors âgé de 22 ans, dans un règlement de comptes lié au trafic de drogue.Son frère Mehdi, qui voulait devenir policier, était totalement étranger aux trafics. Samedi, en fin d’après-midi, une marche blanche sera organisée dans la cité phocéenne en son hommage.”Je pense que la doctrine d’emploi des forces de l’ordre depuis un an n’a pas été la bonne. Je pense qu’il y a eu un relâchement sur la question du narcotrafic”, a de son côté dénoncé Benoît Payan, le maire de Marseille, interrogé mercredi matin sur RTL.- “Rendre” les coups -L’élu divers gauche a notamment regretté la suppression du préfet de police dans sa ville où il a assuré observer “une forme de reprise, des coups de pression, des tirs… depuis six semaines, je sens que les choses ne vont pas”.Comme Amine Kessaci, Benoit Payan a estimé que les narcotrafiquants “cherchent à nous faire taire”. “C’est un défi à l’État et l’État doit répondre (…) quand on prend un coup de la mafia, on doit en rendre dix”, a-t-il toutefois martelé.Mardi, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a assuré “la solidarité de l’ensemble de la Nation” avec la famille Kessaci.Après la mort de Brahim, Amine Kessaci avait fondé l’association Conscience, pour venir en aide aux familles de victimes de narchomicides, avant de rejoindre les Ecologistes. Il s’était présenté aux élections européennes sur la liste de Marie Toussaint pour porter la voix de la jeunesse et des quartiers populaires, sans être élu, avant de perdre de peu aux législatives quelques semaines plus tard, face au Rassemblement national (RN).

BD: les grands éditeurs estiment que l’édition 2026 du festival d’Angoulême “ne pourra plus se tenir”

Les principales maisons d’édition de BD estiment que le prochain festival d’Angoulême, prévu fin janvier mais traversé par la plus grave crise de son histoire, “ne pourra plus se tenir” en raison de la volonté des auteurs de boycotter cette édition, a indiqué mercredi leur syndicat.”Compte tenu de ce mouvement de grande ampleur qu’ils comprennent, les éditeurs estiment que l’édition 2026 ne pourra plus se tenir”, indique dans un communiqué le Syndicat national de l’édition (SNE), qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard. Ces grands éditeurs disent également espérer “un apaisement” afin de “construire le festival de demain dès 2027”.La réaction de 9e Art+, société très contestée qui organise le festival international de la BD depuis 2007, n’était pas connue dans l’immédiat.L’Etat et les collectivités locales qui financent en partie le festival, plus grand rendez-vous mondial de la BD, devaient se réunir en urgence à mercredi à 11H00. Toutefois, la région Nouvelle-Aquitaine, principal financeur public de l’évènement, a déjà dit à l’AFP vouloir maintenir la prochaine édition.”On maintient notre volonté d’avoir une édition en 2026″, a déclaré Frédéric Vilcocq, conseiller culture de la collectivité dirigée par le socialiste Alain Rousset. Une année blanche pourrait, selon lui, être “fatale pour le festival”.Depuis la dernière édition du festival fin janvier, la société 9e Art+ est critiquée de toutes parts pour son manque de transparence, de supposées dérives commerciales et le limogeage, en 2024, d’une salariée après son dépôt d’une plainte pour viol.Une récente reconduction de 9e Art+ pour organiser le festival après 2027, à l’échéance de son contrat actuel, a été annulée face au tollé des auteurs et éditeurs, et les pouvoirs publics ont tenté, depuis, de trouver une sortie de crise pour que la prochaine édition ait lieu fin janvier.Malgré ces tentatives, 285 autrices, dont Anouk Ricard lauréate du Grand prix de la BD en 2025, ont maintenu cette semaine leur appel au boycott du festival en 2026, appelant à une “nouvelle gouvernance” et à repenser cet évènement pour “promouvoir la diversité de la création”. 

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Négociations nocturnes à la COP30 avant le retour de Lula à Belem

Le Brésil veut que sa COP, la première en Amazonie, soit un succès, et ses diplomates font désormais travailler les négociateurs nuit et jour dans l’espoir – jugé optimiste – d’un premier consensus dès mercredi en présence du président Lula.Il est rare que les chefs d’Etat, après avoir ouvert les COP, reviennent dans la dernière ligne droite de la conférence. François Hollande en 2015 pour l’accord de Paris et Boris Johnson en 2021 à Glasgow étaient revenus ajouter de la pression sur les délégués dans les derniers jours. La COP30 est censée se terminer vendredi soir après deux semaines.Mais Luiz Inacio Lula da Silva a investi un capital politique important pour la réussite de cette 30e conférence de l’ONU sur le changement climatique, avec un objectif: “infliger une nouvelle défaite aux négationnistes” du climat, et démontrer en Amazonie que le monde n’a pas abandonné la coopération climatique, malgré les turbulences géopolitiques et économiques.Il rencontrera les groupes de négociation mercredi, a confirmé le diplomate brésilien qui préside la conférence, André Correa do Lago.Les pays, aussi désireux soit-ils de lui offrir un succès, n’en ont cependant pas abandonné leurs lignes rouges. Les portes ne claquent pas encore, mais les ministres restent loin du consensus.Une tentative assez avancée de compromis par la présidence brésilienne de la COP30 a été publiée à la surprise générale dès mardi matin. Elle ne tranche pas entre des options extrêmes sur les engagements financiers des pays développés, les “mesures commerciales unilatérales” et la sortie des énergies fossiles.Un front de dizaines de pays européens, latino-américains et insulaires réclament une décision qui engagerait les pays à réellement mettre en place la sortie progressive des énergies fossiles adoptée sur le principe à Dubaï en 2023. Il s’oppose aux pays producteurs de pétrole, largement silencieux à Belem.Une nouvelle version du texte est attendue mercredi et le diplomate brésilien qui préside la conférence, André Correa do Lago, a prévenu dans un sourire qu’en cas de séance plénière mercredi, “cela pourrait finir tard”.- L’UE se fait entendre -“Comme toujours à ce stade des négociations, c’est mitigé”, a déclaré à l’AFP le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.”Ce n’est pas particulièrement équilibré mais c’est une première ébauche”, a dit à des journalistes l’émissaire pour le climat du Royaume-Uni, Rachel Kyte. “Les Brésiliens ont un calendrier très ambitieux. Je pense que ça met beaucoup de pression aux délégués mais il y a une alchimie propre à chaque COP”, a-t-elle ajouté.Wopke Hoekstra a prévenu qu’il n’était pas question de “rouvrir les compromis atteints difficilement l’an dernier en termes de financement” des pays riches en direction des pays en développement, et a aussi dénoncé tout entraînement “dans une conversation artificielle sur les mesures commerciales”.M. Hoekstra réagissait à l’inclusion d’options, dans le projet de texte, faisant allusion aux mesures commerciales unilatérales, ce qui vise implicitement la taxe carbone aux frontières que l’UE va mettre en place en janvier et qui est critiquée comme protectionniste par la Chine et d’autres pays exportateurs.- “Mutirão” -Le texte brésilien est baptisé “Mutirão mondiale”, en référence à un mot autochtone désignant une communauté qui se rassemble pour travailler ensemble sur une tâche commune.Selon les règles de la convention de l’ONU sur le climat, le consensus entre les 194 pays membres de l’accord de Paris, et l’Union européenne, est nécessaire pour l’adoption de toute décision.Le texte suggère aussi de tripler les financements des pays riches vers les plus pauvres pour leur adaptation au changement climatique, d’ici 2030 ou 2035, ce qui correspond à une demande des pays du Sud – un objectif totalement irréaliste, répondent les Européens en privé.Sans décision financière sur l’adaptation “tout ce dont on discute ici n’est que symbolique”, juge Lina Yassin, chercheuse et déléguée du Soudan. “On repartira à la maison et demain rien n’aura changé.”L’habileté brésilienne permettra-t-elle de dégager un point d’équilibre entre les demandes de la Chine, de l’Inde, des Occidentaux, des pays africains…?”Nous devons montrer au monde que le multilatéralisme est vivant”, a déclaré Josephine Moote, représentante de l’archipel de Kiribati dans le Pacifique.

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L’Irlande, pilier européen de l’informatique, face au coût énergétique de l’IA

Avec ses vastes fermes de serveurs, l’Irlande est devenue un pôle mondial de l’informatique en nuage, aujourd’hui en plein boom avec l’intelligence artificielle. Mais cette position-phare en Europe la place aussi au coeur du débat sur les coûts énergétiques et environnementaux du secteur.L’Irlande accueille aujourd’hui plus de 80 centres de données, essentiellement dans de grands entrepôts autour de Dublin, une des plus fortes concentrations au monde, selon le cabinet spécialisé américain Synergy.Au service de géants de la tech dont Meta, Amazon, Google et Microsoft, ils consomment déjà un cinquième de la production électrique nationale, alimentant les craintes pour la stabilité du réseau et pour le respect des objectifs environnementaux du pays, faute d’énergies renouvelables en quantité suffisante.Ces centres, et les investissements et emplois hautement qualifiés qu’ils attirent, contribuent certes à l’économie irlandaise: le secteur numérique dans son ensemble représente 13% du PIB du pays, selon l’organisation patronale irlandaise IBEC. Mais certains se demandent si leur coût environnemental en vaut vraiment la chandelle.Pour Rosi Leonard, porte-parole irlandaise de l’organisation écologiste Friends of the Earth spécialiste de ces centres, ils sont “complètement insoutenables pour nos vies, nos écosystèmes et nos budgets carbone”.Selon les statistiques officielles, la part des centres de données dans la consommation totale d’électricité du pays atteignait 22% en 2024, contre seulement 2 à 3% en moyenne dans l’UE. – Des signes de faiblesse – L’opérateur national du réseau électrique, EirGrid, prévoit qu’elle atteindra 30% d’ici 2030, soit la consommation annuelle des 2 millions de foyers irlandais, indiquait en juillet la société d’analyse énergétique Wood Mackenzie. Le réseau montre déjà des signes de faiblesse, poussant certains centres à recourir en complément à des générateurs — qui fonctionnent habituellement au pétrole ou au gaz. Rosi Leonard accuse les géants de la tech d'”utiliser leur influence pour demander des connexions au réseau gazier et pour augmenter la pollution et les émissions”. Si les données manquent pour évaluer l’impact précis des centres de données sur les émissions, elle prône “un moratoire sur l’extension des centres de données, tant qu’il ne sera pas prouvé qu’ils ne menacent pas le climat et les budgets carbone”. Alors que “nous peinons déjà à réduire les émissions à un rythme correspondant à nos engagements et aux lois que nous avons adoptées, développer un secteur qui va encore substantiellement augmenter nos émissions n’a pas de sens”, souligne aussi Barry McMullin, expert en réduction d’émissions à l’université de Dublin City. La compatibilité des centres de données avec les objectifs d’émissions “est peu probable avant dix ans,” selon lui.Certains responsables locaux ont déjà mis le holà.L’an dernier, un conseil municipal de Dublin a bloqué l’extension d’un centre de Google, invoquant “une capacité insuffisante” du réseau et “le manque de (production) d’énergie renouvelable substantielle sur le site”.  Dès 2022, le gouvernement appelait les centres de données à montrer “la voie vers la décarbonisation” et à concevoir à l’avenir des centres avec “un bilan net zéro” en matière d’émissions. – “Frustrations” –   Pour les industriels et investisseurs, en revanche, la priorité est d’augmenter la capacité du réseau, dont les problèmes créent des “frustrations”, déplore Maurice Mortell, responsable de Digital Infrastructure Ireland (DII), groupement professionnel qui défend les entreprises du secteur numérique.L'”avance irlandaise” dans l’informatique en nuage “est en danger, les investissements se dirigent ailleurs”, avertit-il.  Le réseau national EirGrid prévoit des mises à niveau de capacité et une diversification régionale pour mieux répartir la demande des centres de données à l’échelle nationale. Mais les experts doutent que ces plans soient réalisés à temps pour répondre à la demande des investisseurs. En attendant, quelques solutions ponctuelles pour limiter l’impact négatif des centres de données ont vu le jour. Ainsi, un projet pilote lancé en 2023 en partenariat avec les autorités de Dublin permet d’utiliser la chaleur résiduelle générée par un centre de données d’Amazon pour chauffer et fournir en eau chaude des bureaux et une bibliothèque. Des centaines de foyers et un hôpital pourraient suivre. “D’autres centres de données pourraient faire de même, c’est une situation gagnant-gagnant”, affirme Admir Shala, l’ingénieur qui coordonne le projet. Le professeur McMullin est plus sceptique: “le projet reste limité, nous n’avons pas de réseaux de chauffage auxquels raccorder cette chaleur perdue et les centres tournent toute l’année, alors qu’on a besoin de chauffage que six mois par an”, dit-il.