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Dans un village alsacien, le bistrot entre à l’Ehpad pour créer du lien

Dans le village alsacien de Kunheim, la maison de retraite a acquis une licence IV et ouvre régulièrement un bar au public, une initiative originale visant à créer des échanges entre générations et apporter un “supplément d’âme” aux résidents.Un samedi de novembre, peu avant le déjeuner. C’est l’heure de l’apéro au bar du centre d’accueil des personnes âgées de la Roselière, dans cette commune du Haut-Rhin de quelque 1.800 habitants.Dans la salle comble règne un brouhaha de conversations animées et de rires mêlés aux chansons de variété française diffusées par un DJ. Attablées devant un kir au vin blanc, des résidentes en fauteuil roulant papotent. “Regardez, ça fonctionne, elles discutent”, se réjouit Robert Kohler, le directeur de cet Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).Il y a quelques mois, cet homme de 69 ans, également maire du village voisin de Urschenheim, a racheté une licence IV, qui autorise à vendre des alcools forts, à l’occasion de la fermeture d’un restaurant dans sa commune.Son idée: “dynamiser” la table d’hôte existante de son établissement, qui compte 127 résidents, et créer un bar ouvert au public tous les 15 jours.Aucune intention mercantile, assure-t-il, comme le laissent supposer les prix modiques pratiqués: 2 euros pour la plupart des consommations, du verre de crémant à la bière ou aux boissons non alcoolisées.”L’objectif principal, c’est de faire venir un maximum de monde, de l’extérieur vers l’intérieur, pour qu’il y ait une vie qui puisse, tout simplement, continuer pour nos résidents”, souligne-t-il alors qu’un nombre croissant d’entre eux perdent leur autonomie et ne peuvent plus sortir au restaurant.”Il y a des contacts qui se créent, et c’est cette vie qu’on recherche, ce supplément d’âme qu’on souhaite apporter à nos résidents”.- “Partager un moment” – Samedi, sur les dizaines de visiteurs venus pour l’occasion, la plupart ont des liens familiaux avec les résidents, comme Véronique Gerhard, 57 ans.”Maman est en fauteuil, on ne peut plus la sortir pour aller boire un verre. Alors moi, je trouve ça génial que nous, on puisse venir ici chez elle pour le faire”, témoigne-t-elleNicolas Bacher, 37 ans, dont la grand-mère a été résidente, est venu avec son frère, sa belle-sœur et des amis, pour “partager ce moment avec les personnes âgées” qui souvent “sont seules ici”.”C’est notre village et c’est notre histoire aussi quelque part. Peut-être un jour ce sera nous qui viendrons ici”, dit-il.La plupart des aînés, pour beaucoup nonagénaires, se laissent prendre au jeu, même si certains, comme Colette Knoery, constatent qu’avec ce bruit, “on peut moins bien discuter”.Mais c’est “très sympa”, dit-elle. “Les gens se voient, et ils boivent ensemble. C’est important”, sourit doucement cette femme de 96 ans qui passera son deuxième Noël au centre, mais sans son mari décédé à la fin de l’an passé.- “Porteur d’avenir” -Le projet n’en reste pas moins ambitieux. Il y a toujours quelque appréhension à entrer dans un Ehpad, reconnaît M. Kohler, mais “à travers cette licence IV, ce bar, c’est à nous de transformer l’image de nos établissements” et “convaincre l’ensemble de la population de toutes les belles choses qui se passent en maison de retraite”. D’ailleurs, l’idée séduit selon lui. À Barr, une autre ville alsacienne, un projet identique est en train de se monter, dit-il.Face au vieillissement accru de la population et dans le cadre des réflexions pour mieux accompagner les aînés, le concept d’ouvrir les maisons de retraite est définitivement “porteur d’avenir”, juge la maire de Kunheim, Jill Köppe-Ritzenthaler, également venue trinquer samedi.Ce bar peut faciliter le “lien social entre les résidents des Ehpad et les personnes âgées qui habitent encore chez elles, mais qui sont peut-être un peu isolées”, pointe-t-elle.”On essaie vraiment d’enlever les barrières entre la société plus jeune et vieillissante”, souligne l’édile, et ainsi “créer des concepts de vieillissement qui sont plus inclusifs”.

Don du sang: entre animaux domestiques, ça marche aussi

“Allez Serge, tout va bien se passer”. Sur la table d’une clinique vétérinaire strasbourgeoise, Serge, un chat tigré de 3 ans et 6,2 kilos, groggy, attend que son sang soit prélevé par l’équipe de la doctoresse Roxane Lebel.Depuis l’été, la clinique Agoravet a lancé une campagne de dons du sang chez les chiens et les chats pour créer sa propre banque de stockage, une première dans le Grand Est.”Nous avons lancé cette campagne car nous avons un réel besoin de sang pour faire des transfusions, nous en manquons. Tout comme chez les humains, chez les animaux c’est la même chose”, explique Roxane Lebel, qui dirige l’équipe chargée des prises de sang.Les transfusions sanguines animales sont utilisées en cas d’hémorragie, le plus souvent suite à des accidents, d’anémie ou encore d’intoxication.”Avant, on demandait aux propriétaires de trouver des chiens autour d’eux, on travaillait dans l’urgence, ce n’est jamais l’idéal”, précise-t-elle.Désormais, une fois par mois, les propriétaires de chiens et de chats peuvent amener leur animal pour donner son sang. La clinique communique sur les réseaux, les propriétaires remplissent un formulaire avant de convenir d’un rendez-vous.Lucas Lo Pinto, 25 ans, propriétaire de Serge, est heureux que la clinique dispose du sang de son chat: “Je pense que si les animaux pouvaient parler ils nous diraient qu’ils ont envie de le faire, donc je pense que c’est vraiment un geste important.”- Critères stricts -L’opération ne va pas de soi. Après avoir sédaté Serge et lui avoir rasé les poils du cou, l’équipe vétérinaire engage une longue bataille de 45 minutes avant de trouver sa veine jugulaire. Enfin, 60 millilitres sont récoltés. “On préfère les gros chats, on peut leur prendre un volume plus conséquent et les veines sont plus visibles”, sourit le Dr Lebel. Le donneur doit respecter des critères stricts. “L’animal doit avoir entre 1 et 8 ans”, le chat, de préférence d’intérieur “doit peser plus de quatre kilos, le chien plus de 20 kilos” et évidemment, ils doivent être en bonne santé, détaille-t-elle. Flavie Wiotte, étudiante de 24 ans, dit avoir vu passer l’annonce sur les réseaux sociaux. “Je me suis dit que c’était l’occasion d’amener mon chat”, prénommé Panique, 2 ans, félin noir très sociable.Mais c’est raté pour Panique. Son taux de globule blanc n’est pas assez élevé pour qu’on puisse prélever son sang.- Forte demande – En France, le don de sang vétérinaire est organisé via des hôpitaux vétérinaires universitaires, certaines cliniques et des banques de sang, au nombre de cinq seulement actuellement, y compris celle de Strasbourg.Outre un paquet de croquettes après leur don, les animaux reçoivent en général un suivi médical régulier et gratuit, afin de s’assurer aussi qu’ils restent aptes à être donneurs.Comme les humains, chiens et chats ont des groupes sanguins.Les canidés peuvent recevoir une première transfusion sans typage. Mais pour les suivantes, il faudra s’assurer de la compatibilité sanguine.Les chats sont eux très vulnérables aux incompatibilités. A et B ne sont pas interchangeables, et en cas de mélange, l’animal a de forte chance de ne pas y survivre.”Nous essayons d’avoir toujours du stock de sang pour les chats et les chiens de groupes les plus fréquents (A et DEA+). Le sang ayant une date de péremption, nous n’avons pas de stock fixe”, souligne le Dr Lebel.La clinique peut extraire du plasma de chien et de chat, qui peut se garder au frais jusqu’à un an.Les dons varient d’un mois à l’autre et la clinique reste confrontée à une forte demande, souligne-t-elle, espérant que la mobilisation des gens – et de leur compagnon à quatre pattes – se maintienne dans l’avenir. Car avoir une banque de sang fait une différence.”Nous nous en servons de jour comme de nuit et cela nous permet d’apporter une qualité de soins et une rapidité plus importantes qu’auparavant”, dit-elle. Après quelques mois de mise en service, le projet “a permis de sauver plusieurs vies”.

Les associations de soutien aux migrants ne font plus recette

Les associations d’aide aux migrants, attaquées de toutes parts et fragilisées par des baisses de subventions, doivent redoubler d’efforts pour convaincre leurs mécènes de continuer à soutenir une cause jugée “trop polarisante”.  “On est dans une situation financière totalement inédite”, observe Benoit Hamon, à la tête de Singa. En quelques semaines, l’association de soutien à l’insertion des réfugiés a perdu 40% de ses ressources avec une baisse des subventions publiques, mais aussi le départ de deux partenaires privés.”Des fondations américaines nous ont dit que nos sujets étaient trop polarisants aux Etats-Unis et qu’elles ne voulaient pas s’exposer à des risques de sanctions ainsi qu’à une mauvaise publicité”, confie l’ex-responsable socialiste dont l’organisation compte quelque 80.000 membres en Europe et Amérique du Nord.Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a démantelé l’agence américaine pour le développement international (USAID) et bloqué des milliards de dollars permettant de soutenir des programmes humanitaires à travers le monde tout en menant une politique anti-migrants.”Les ONG qui, il y a 20 ans, étaient considérées comme des organisations de solidarité et des sujets de fierté sont désormais jugées comme complices de passeurs et criminelles”, se désole le directeur général de Singa.- “Trop casse-gueule” -Associations changeant de nom pour bannir le mot “migrant”, fondations poussant pour que les programmes soient orientés vers des aides “aux Français”, mécènes “historiques” reportant leurs priorités vers d’autres causes, les ONG d’aide aux étrangers dans la précarité peinent de plus en plus à convaincre, affirment plusieurs d’entre elles à l’AFP.”Il y a plein d’argent dans les fondations privées, mais elles préfèrent les redéployer vers des sujets plus neutres: elles veulent du retour sur investissement et jugent le sujet trop +casse gueule+ pour y associer leur marque”, constate, amer, un responsable associatif sous couvert d’anonymat.”Elles veulent investir sur les bonnes écuries, les bons chevaux, pas les crevards”, poursuit-il, en craignant en révélant son identité d’aggraver encore la situation.Seule organisation privée à avoir accepté de répondre aux questions de l’AFP, la Fondation BNP Paribas, assure maintenir ses financements.”Plus que jamais, il faut soutenir les réfugiés face aux baisses des subventions publiques et la crise des associations historiquement graves en France comme aux États-Unis”, défend sa déléguée générale, Isabelle Giordano. Ces dix dernières années, la fondation bancaire a versé 41 millions d’euros de dons dans des programmes développés à travers douze pays européens. Dernièrement aux Pays-Bas, où, à l’instar d’autres Etats du continent, l’immigration électrise les débats politiques sous l’influence grandissante de l’extrême droite.- “Peu importe d’où ils viennent” -“On doit réaffirmer nos engagements et nos convictions”, ainsi que “changer le regard sur les réfugiés”, insiste Mme Giordano.L’association SOS Méditerranée, qui porte secours à des migrants en mer, a aussi fait les frais de cette “instrumentalisation”, même si elle est parvenue à maintenir à flot son budget “grâce à des donateurs fidèles”, décrit-elle. “Nos subventions publiques ont été attaquées par des militants d’extrême droite. Nous avons gagné devant le Conseil d’État qui a réaffirmé la légalité de ces aides, mais cela crée un climat de suspicion”, déplore l’ONG internationale, régulièrement accusée d’être “complice des passeurs”.Une inquiétude partagée par le Centre Primo Levi, qui fait pourtant référence dans le soutien aux personnes torturées et a perdu un quart de son budget. Pour la première fois en 30 ans d’existence, cet organisme basé à Paris doit procéder à une réduction des effectifs.”Nous ne sommes pas une association militante, nous ne faisons que soigner nos semblables psychotraumatisés, peu importe d’où ils viennent”, défend, de guerre lasse, sa directrice Tatiana Theys, constatant le “recul” de cette cause.La noyade du petit Alan Kurdi, trois ans, sur une plage turque lors du naufrage de son embarcation il y a dix ans, “n’émeut plus: le petit Alan, il a disparu, on n’en fait plus grand cas aujourd’hui”, regrette avec émotion la directrice.

Les droits des enfants bafoués par une justice inadaptée, selon la Défenseure des droits

Manque de moyens, conditions de vie “indignes”, absence de cadre éducatif solide : la Défenseure des droits dénonce, dans un rapport publié mercredi, une série d’entorses aux droits des enfants tout au long de leur parcours judiciaire. “Le fondement du droit des mineurs à une justice adaptée est simple : un enfant, ou un adolescent, n’est pas un adulte”, martèle Claire Hédon, d’une même voix avec le Défenseur des enfants Éric Delemar, dans le rapport annuel de l’autorité indépendante sur les droits des enfants. En parallèle de la sanction, “la justice des mineurs doit éduquer, protéger, prévenir la récidive, au risque de reproduire ce qu’elle entend combattre : l’exclusion, la défiance et, in fine, la délinquance”, ajoutent-ils. “Or les dispositifs qui visent à accompagner les mineurs fragiles – protection judiciaire de la jeunesse et protection de l’enfance en premier lieu – souffrent d’un grave manque de moyens”, relèvent-ils.Dans le cadre de la détention, “les conditions indignes de vie et l’absence de cadre éducatif solide, avec notamment un nombre d’heures de cours insuffisant, témoignent de ce que la privation de liberté ne permet pas de garantir leur réinsertion dans la société.”Les mineurs, ajoutent les deux Défenseurs, manquent d’information sur leurs droits et leur “particulière vulnérabilité” n’est pas prise en considération tout au long de leur parcours pénal. Le rapport s’inquiète également de la “remise en cause” récente de la nécessité d’un traitement spécifique des mineurs délinquants, inscrite dans l’ordonnance du 2 février 1945 et réaffirmée dans le code de la justice pénale des mineurs (CJPM) de 2021. Adoptée au Parlement en mai dernier, la loi Attal qui visait à durcir la justice des mineurs a vu plusieurs de ses articles retoqués par le Conseil constitutionnel. La priorité devrait être de “répondre à la délinquance des mineurs par l’éducation et la prévention, par une sanction adaptée et accompagnée et non par la peur ou l’instrumentalisation”, écrivent Claire Hédon et Eric Delemar. Pour son rapport, l’autorité indépendante a consulté plus de 80 structures, institutions, associations et professionnels et a recueilli la parole de plus de 1.600 enfants et jeunes de 6 à 25 ans. Elle émet 25 recommandations, parmi lesquelles l’inscription dans la loi du principe de non-responsabilité pénale des mineurs de moins de 13 ans ou encore la création d’un code de l’enfance. L’institution appelle également à renforcer la prévention du décrochage scolaire, le soutien à la parentalité et à assurer l’effectivité des cours d’enseignement moral et civique. 

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Au Kenya, des milliers de déplacés par la montée des eaux du célèbre lac Naivasha

Généralement occupés par les touristes, des bateaux du célèbre lac Naivasha, dans le centre du Kenya, voguent cette fois entre des maisons englouties, remplis de mobilier sauvé des inondations qui ont ces dernières semaines déplacé des milliers d’habitants de ses rives.Pourtant au fait des humeurs de cette vaste étendue d’eau située dans la vallée du Rift et dont le niveau augmente depuis plus d’une décennie, les habitants restés dans le modeste quartier Kihoto, aux trois quarts submergé ces dernières semaines, sont abasourdis.”Ca n’avait jamais été à ce point”, raconte à l’AFP Rose Alero, une habitante, évoquant l’eau montant d’abord lentement avant d’accélérer, précipitant des enfants hors des écoles, certains sur des radeaux de fortune, d’autres bravant l’eau à pied. “Tant de gens ont été touchés (…) Les gens souffrent” et “beaucoup sont malades”, soupire cette grand-mère de 51 ans. Chez elle, l’eau arrive au-dessus de la taille et partout dans le quartier, les toilettes débordent. “Ce n’est pas vraiment un endroit où rester, c’est juste que les gens n’ont pas le choix.”Assis sur son lit à moitié immergé, bottes en caoutchouc aux pieds, Stanley Ng’ang’a raconte lui aussi “la vie difficile”, au milieu des eaux usées “pas bonnes pour la santé”.D’autres ont tout perdu. En témoignent des centaines de maisons du quartier entièrement immergées, des églises en ruines, des écoles et un poste de police sous l’eau, entourés d’herbes flottantes.- “Rythme alarmant” -Joyce Cheche, cheffe de gestion des risques de catastrophes du comté de Nakuru, estime que 7.000 personnes vivant autour du lac ont été déplacées par la montée des eaux qui a également impacté la faune sauvage et menace de nombreuses activités touristiques et économiques.Le comté a aidé au transports de nombreuses victimes et mis en place des mesures sanitaires, assure-t-elle. Mais personne n’a encore reçu de compensation financière.De nombreux salariés des entreprises d’horticulture de la zone ont toutefois refusé de partir, s’inquiète la fonctionnaire, évoquant le risque d’épidémie de choléra et d’effondrements. Mais aussi de rencontres dangereuses avec des hippopotames, très nombreux dans le lac.”En une semaine, la situation s’est dégradée à un rythme alarmant, nous ne l’avons pas vu venir”, admet Joyce Cheche. Lors de ces crues, le lac a “gagné un kilomètre, peut-être 1,5km” à l’intérieur des terres, note Joyce Cheche, un phénomène selon elle inédit.”Chaque jour, l’eau progresse d’environ un mètre” sur les rives, s’effraie Peter Mwaura, un entrepreneur de 45 ans de Kihoto, tout en soulignant que l’eau est un “défi majeur” depuis deux décennies.Sur les bords du lac, les troncs nus d’acacias autrefois verdoyants baignent dans une eau qui ne cesse de s’étendre, année après année, sur le rivage.Ce phénomène est observé dans les autres lacs de la vallée du Rift et a déplacé des centaines de milliers de personnes. De nombreuses études l’expliquent principalement par l’augmentation des précipitations dues au changement climatique.- Tectonique -Mais pour d’autres, dont le géologue kényan John Lagat, gestionnaire régional à la Société de développement géothermique publique, “la cause principale est la tectonique”, la chaîne de ces lacs s’étendant le long d’une longue faille géologique.A l’arrivée des colons anglais à la fin du XIXe siècle, le lac était encore plus large qu’aujourd’hui, note-t-il auprès de l’AFP, avant de régresser en raison de mouvements des plaques tectoniques. En 1921, le lac ne faisait qu’un kilomètre de diamètre, indique-t-il également.Aujourd’hui, la majeure partie de la zone, au lieu d’avoir des écoulements souterrains, est scellée en profondeur et par conséquent, “il y a plus d’eau retenue que d’eau s’écoulant des lacs”, poursuit-il.L’augmentation des précipitations et la dégradation des terres qui s’est accélérée avec l’augmentation de la population, jouent également un rôle “substantiel”, concède-t-il.Joyce Cheche avance elle aussi le changement climatique et la dégradation des terres parmi d’autres facteurs et pronostique que le lac Naivasha “ne régressera pas”.”Nous sommes très inquiets”, souffle Rose Alero qui craint déjà les pluies à venir. “Nous ne pouvons pas prévoir ce qui se passera”. 

Viol sur mineurs: une proposition de loi au Sénat pour abolir la prescription

Mettre fin à la prescription qui empêche les victimes de viol sur mineurs d’accéder à la justice: une proposition de loi est déposée mercredi au Sénat pour franchir ce pas et élargir la définition de l’inceste aux cousins germains.Proposé à la veille de la journée internationale des droits de l’enfant, ce texte reprend trois des 82 préconisations formulées en novembre 2023 par la Commission sur les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), créée par le président Emmanuel Macron pour lutter contre la pédocriminalité.Quelque 160.000 enfants sont victimes de viols ou d’agressions sexuelles chaque année, selon la Ciivise.Portée par la sénatrice centriste Annick Billon, la proposition entend “reconnaître l’inceste comme un crime spécifique”. “Un viol incestueux ne peut plus être appréhendé de la même manière qu’un autre crime de viol”, plaide-t-elle.”L’inceste est spécifique car il se déroule dans un cadre familial censé être protecteur. Il est plus facile de dénoncer un inconnu que son père”, explique-t-elle à l’AFP. “En raison du lien de confiance et d’autorité, l’enfant, isolé, manipulé, trahi, souvent réduit au silence, ne parle pas, pris dans un conflit de loyauté”.Le texte prévoit aussi d’élargir aux “cousins germains” la définition du viol et agression sexuelle incestueux. Selon l’association Face à l’Inceste, un auteur d’agression sexuelle et viol sur mineur sur cinq est un cousin de la victime. La proposition la plus controversée est de rendre imprescriptibles les viols sur mineurs, qui divise juristes et associations de victimes.Depuis 2018, une victime de viol survenu dans l’enfance peut déposer plainte jusqu’à 48 ans. Mais abolir totalement la prescription divise, alors qu’en droit pénal français, seul le crime contre l’humanité est imprescriptible.Les violences sexuelles subies dans l’enfance entraînent des conséquences psychologiques profondes et durables, qui empêchent souvent les victimes de porter plainte, souligne la sénatrice.- “La loi ferme la porte” -“Le poids du tabou, les pressions de l’entourage, le conflit de loyauté face au parent qui l’a élevée et la peur de détruire la famille poussent la victime à se taire”, abonde Solène Podevin Favre, de Face à l’Inceste.”Il faut être suffisamment armé dans la vie pour aller déposer plainte et se retrouver seul car c’est tout le système familial qui a couvert le crime”, poursuit la présidente de l’association qui a coopéré avec la sénatrice pour cette proposition de loi.En outre, 50% des victimes d’inceste souffrent d’amnésie dissociative, selon l’association: pour survivre, le cerveau enterre des souvenirs insupportables, qui ressurgissent parfois des décennies plus tard.”Le temps qu’un enfant mette des mots sur la violence qu’il a subie et qu’il ait le courage de déposer plainte, la loi lui ferme la porte”, observe Solène Podevin. “C’est vécu comme une injustice alors que les conséquences de l’inceste sont durables: plus d’une victime sur deux tente de mettre fin à ses jours au cours de sa vie”.”Il est important de dire aux agresseurs potentiels qu’il ne seront jamais tranquilles, que ce crime ne sera jamais impuni”, souligne l’avocat Pascal Cussigh, président de CDP-Enfance, consulté pour l’élaboration du texte.La Ciivise en novembre 2023 l’avait “prudemment” préconisée tout en soulignant que ses membres n’étaient pas “unanimes”. Ses membres actuels restent profondément divisés sur le sujet.Les opposants à l’imprescriptibilité jugent eux que le temps rend les preuves plus dures à obtenir, les témoignages moins fiables, risquant d’aboutir à des classements sans suite ou acquittement. Les enquêteurs déjà débordés devront faire face à un afflux d’affaires. Or, note Mme Billon, moins de 1% des plaintes pour viol ou agression sexuelle incestueux aboutissent à une condamnation. La sénatrice espère voir ce texte inscrit à l’ordre du jour du Sénat ou ses dispositions intégrées dans la loi-cadre contre les violences sexuelles, promise par la ministre chargé de l’égalité Femmes Hommes Aurore Bergé.

UK spy agency warns MPs over Chinese ‘headhunters’

Britain’s domestic intelligence agency MI5 warned on Tuesday that China was using spies disguised as headhunters to recruit parliamentarians, amid concern over Beijing’s activities in the UK.The allegations were promptly denied by a spokesperson at the Chinese embassy in London who said they were “pure fabrication and malicious slander”, adding Beijing had “lodged stern representations” with …

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US Congress orders Epstein files release after Trump U-turn

US lawmakers voted overwhelmingly Tuesday for releasing government files on sex offender Jeffrey Epstein, after President Donald Trump dropped his opposition to opening the books on a scandal that has roiled politics, law enforcement and the country’s elite.The president had put allies in Congress under intense pressure not to make the material public, but the …

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Médecin jugé pour viols sur de jeunes patients: à la barre, des témoignages accablants

Jugé pour viols et agressions sexuelles sur 13 jeunes patients, dont certains porteurs de handicaps, le médecin qui se prétendait spécialiste de la sexualité des adolescents a présenté ses excuses mardi à la cour, après des témoignages accablants de ses victimes.”Je présente mes excuses, mais à l’époque je passais par un moment compliqué avec mon compagnon”, a affirmé le quinquagénaire qui encourt jusqu’à 20 ans de prison, s’exprimant d’une voix aussi monacale que la veille à l’ouverture du procès devant la cour criminelle de l’Hérault.À la barre, l’une des 13 victimes, un garçon âgé de 14 ans lors des premiers faits, atteint d’autisme, a détaillé le contenu “immonde et aberrant” des 37 séances subies durant trois années.”Le dr. Philippe Moulin appliquait de la pommade sur mon gland car il disait que j’avais un problème de décalottage”, témoigne le jeune homme aujourd’hui âgé de 21 ans, qui avait consulté le médecin lorsqu’il fréquentait un établissement spécialisé.”Puis, il m’a astiqué et m’a demandé de mettre un chronomètre sur son téléphone. Au début, ça durait cinq minutes puis c’est passé à dix minutes vers les dernières séances. À chaque séance, c’était pareil”, a-t-il détaillé, relatant une “confiance” installée par le médecin, qui le ramenait chez lui après chaque consultation.- “Obstination, inapproprié” -Dans son expertise détaillée devant la cour, le docteur Antoine Faix, chirurgien urologue, andrologue et sexologue, s’est montré catégorique: “la masturbation n’est pas un acte médical. Il n’y a aucune justification à faire ces examens répétés”, a-t-il insisté, parlant d’une “obstination” du dr Moulin.”C’est inapproprié”, a-t-il insisté. Des propos confortés plus tard par une pédiatre, spécialisée en gynécologie adolescente, rappelant que “le toucher rectal n’est pas indiqué” avant l’âge adulte.Face à la cour, cette pédiatre en activité, intervenant en tant que témoin, a révélé avoir refusé en 2020 que le dr. Moulin s’installe dans son cabinet “car il n’avait pas la compétence pédiatrique”. L’accusé avait lui affirmé, lors de l’enquête, avoir obtenu son accord.Avant de prendre la parole au micro, la mère d’une autre victime, s’est effondrée. “Excusez-moi”, a-t-elle prononcé dans un sanglot, sous le regard impassible de l’accusé.Sur les conseils d’une association, elle avait consulté le docteur Moulin pour ses enfants dont l’un d’eux, autiste, avait selon elle des “comportements problématiques vis-à-vis de sa sexualité”.”Il était hors de question que notre enfant reste seul avec le médecin. Mais il nous a mis dans une situation de dissonance cognitive. Il nous a mis en confiance. J’ai honte”, a-t-elle témoigné.Dans le box des accusés, Philippe Moulin n’a cessé de prendre des notes durant toute l’audience. À toutes les questions d’ordre sexuel posées par la cour, il a répondu par l’explication de protocoles médicaux, tous contredits plus tôt par les experts.Il a affirmé ne pas avoir “d’attirance physique” pour ses patients.”Avez-vous obtenu le consentement du patient?”, a demandé une magistrate. “Je n’ai peut-être pas eu de discernement à ce moment-là”, a-t-il concédé, avant de justifier le caractère “novateur” de ses pratiques.Le Dr Moulin, après avoir exercé une quinzaine d’années en gériatrie, s’était tourné vers la santé sexuelle des adolescents. Il se prétendait “andrologue pédiatrique”, une spécialité qui n’existe pas en France.Lors de dizaines de consultations, dont certaines à son domicile ou dans sa voiture, le médecin demandait à ses patients de se masturber devant lui, les masturbait lui-même avec ses mains non-gantées, et recueillait leur sperme.Parmi ces patients, au moins trois ont été diagnostiqués comme atteints de troubles du spectre de l’autisme et d’autres sont en situation de handicap.Le verdict est attendu vendredi, après l’audition prévue de 11 autres victimes présumées ou de leurs parents.